Manifesto ou tard

Ce n’est certes pas le meilleur jeu de mot de la semaine, c’est juste pour appuyer le fait que cette grande écrivaine et poétesse britannique, Bernardine Evaristo, a obtenu le Booker Prize 2019 à l’âge de soixante ans. Evidemment, ça donne des ailes, d’être reconnue et c’est à la suite des nombreuses interviews dans le monde entier, où on l’incitait à raconter son parcours, qu’elle a eu l’idée de le coucher dans un livre, Manisfesto.
Ce livre est construit par chapitres thématiques, c’est pratique d’une certaine façon. Ça commence forcément par sa famille et ses origines dont on n’est pas surpris d’apprendre qu’elle est métissée. D’un côté, une mère britannique et de l’autre un père nigérian. Ils font huit enfants et assez tôt, elle en a marre des frangins qui occupent la place. Elle sera heureuse de dégager à dix-huit ans dans un lieu à elle. Un bien grand mot car elle n’a eu de cesse d’emménager dans des squatts et des colocs sans aucun confort mais lui offrant une totale indépendance, sa chère liberté.
Très tôt, elle écrit des poèmes puis rencontre le théâtre et fonde à 23 ans le Théâtre des Femmes Noires. Ses écrits, beaucoup de poèmes, des livres, ne seront publiés qu’à l’âge de 35 ans, et en attendant elle bouillonne, vibre, bouge, se heurte bien sûr au racisme (l’incrédulité récurrente des gens lorsqu’elle leur annonçait qu’elle était écrivaine), déménage sans arrêt, mène une vie de rebelle, se vêt de façon voyante.
Un chapitre est consacré à ses amours, parfois anodines, elle a oublié les prénoms de ses liaisons de jeunesses, parfois tumultueuses, notamment celles avec une lesbienne dominante perverse narcissique qui lui a coûté plusieurs années. Et explique comment elle est passé de l’hétérosexualité du début à l’homosexualité pour revenir ensuite à l’amour pour les hommes. Elle en a d’ailleurs épousé un avec qui elle vit toujours, épanouie, dans sa chère banlieue sud de Londres.
Et puis elle explique son processus créatif dans le détail, son parcours sinueux fait de hauts et surtout de très bas et nous démontre sa hargne à ne jamais rien lâcher. Le sous-titre du livre est N’abandonnez jamais. C’est ainsi qu’elle est, femme énergique, enthousiaste, positive et joyeuse.

Manifesto N’abandonnez jamais de Bernardine Evaristo, 2023, traduit par Françoise Adelstain (Manifesto or never giving up) aux Editions Globe. 272 pages, 19,90 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #617

La semaine se termine par la cérémonie des César dont l’acmé juvénile nous est coupé au montage (car ce n’est pas un vrai direct) à cause d’une écervelée qui vient foutre son nez dans nos problèmes climatiques, nan mais des fois ! Heureusement que Bolloré et ses sbires étaient là pour la foutre dehors, cette dangereuse illuminée éliminée. Qui s’en soucie du climat à part Béchu, le ministre aux bras toujours croisés. Ah et puis Bézos merdaillé par notre président pour sévices rendus au petit commerce, nan mais des fois (bis repetita placent), on n’est pas bien, décontractés du grand capitalisme ? Sinon Palmade qui suit son parcours du con battant et notre Borne austère qui suit le sien, chacun sa came. Aors bon repos ou courage, tchin tchin dearest friends !

  • DP : Avant, aux César, on laissait parler les militants. C’était parfois drôle, parfois gênant, souvent dérangeant mais c’était le but. Dans le Canal+ de Bolloré, on coupe le direct et on envoie deux brutes pour dégager une gamine de 45 kg.
  • NRM : Tu sais que tu es sur le Canal+ version Bolloré quand la cérémonie des César 2023 est interrompue juste parce qu’une activiste climat est intervenue sur scène. Pitoyable.
  • SR : Elisabeth Borne obtient le César de la meilleure actrice pour sa prestation dans le remake de  » la vérité si j’mens. »
  • OR : C’est dingue qu’il n’y ait pas une seule bonne femme metteur en scène assez douée pour être proposée aux César, avec toute l’indulgence dont elles bénéficient pourtant dans les métiers d’hommes de nos jours…
  • CJK : déjà, César c’est un prénom d’homme et c’est discriminant.
  • MA : Malgré la promo intensive, les films de BHL à la gloire de BHL ne font pas un strapontin mais ils grattent quand même un max de subventions. Ça c’est de l’argent public bien employé…
  • JMR : Vous remarquerez que les femmes gagnantes saluent toujours leurs concurrentes. Les hommes, jamais…
  • PI : « Qu’est-ce que c’est agréable cette météo » plaît beaucoup à la rédaction de Bunker Magazine pour illustrer l’article « j’ai connu quelqu’un dont le grand-père avait touché de la pluie ».
  • EB : « Nous allons créer une médaille du travail posthume pour les salariés qui décèderont avant 64 ans », explique Emmanuel Macron devant les salariés de Rungis
  • CD : Muriel Pénicaud chez Danone ! Salariés de Danone, je serais vous, je me préparerait au pire…….
  • JD : Dix millions de personnes peuvent prétendre aux cent euros de carburant. Six millions ne l’ont pas demandé. Mais sinon la France est un pays de feignasses et les pauvres veulent pas s’en sortir parce qu’on est un pays d’assistés.
  • PJ : 100% d’absence pour Jordan Bardella au conseil régional d’IdF. Le RN est le moins assidu de l’hémicycle francilien à égalité avec le groupe macroniste. La présidente, Valérie Pécresse, cumule 40% d’absence ! Les Français, ces fainéants…
  • MPG : Christophe Béchu : « En reculant l’âge de la retraite, on limitera le nombre de retraités qui connaîtront un réchauffement de +4 °C. »
  • OM : À force de fouiller dans les poubelles de Pierre Palmade, les journalistes vont bien finir par y retrouver leur carte de presse.
  • OM : Mise à jour linguistique : dorénavant on ne doit plus dire « je suis dans la panade » mais « je suis dans la Palmade ».
  • MN : Le juge a dit qu’il allait prendre en compte tous vos avis concernant Pierre Palmade sauf pour la peine de mort parce qu’il a dit qu’on n’était plus au moyen-âge. Il vous remercie de votre participation. Vous pouvez arrêter maintenant. Ça suffit.
  • OM : J’espère que, malgré les charges qui pèsent contre lui, on se souviendra que Pierre Palmade a redonné du travail à des centaines de journalistes qui ne savaient plus de quoi parler…
  • NP : Avant tu ne pouvais rester au gouvernement si tu étais mis en examen, mais ça c’était avant. Maintenant c’est l’inverse : tu ne peux être membre du gouvernement si tu n’es pas mis en examen. (cf Lecornu, ministre des armées)
  • RR : La meilleure façon de participer aux JO paralympiques reste quand même d’acheter des places. Tu y laisses tes deux bras.
  • CMCT : Gérald Darmanin : « Et je vous annonce que suite au drame de Saint-Jean de Luz, j’ai décidé d’interdire les écoles privées catholiques. »
  • HD : Pierre Palmade remplace Jubilar qui a fait l’intérim dans l’actu judiciaire de Nordah Lelandais qui lui même remplaçait Jonathan Daval …il ne nous reste plus qu’à retrouver Dupont de Ligonnès.
  • JD : Je résume. On veut la retraite à 60 ans, la semaine de 4 jours, le smic à 2000, les protections périodiques gratuites, l’interdiction des golfs, piscines privées, méga bassines, canons à neige, SUV et jets privés, le plafonnement de patrimoine à un million d’euros, la fin du patriarcat.
  • PR : Quand j’ai demandé à Henriette pourquoi elle a donné à ses sept garçons le même prénom, elle m’a répondu : parce que c’était plus facile à retenir. Et quand je lui ai demandé mais comment elle les différenciait, elle m’a fièrement répondu : par le nom de leur sept pères respectifs.
  • FS : Jean-Pierre Raffarin chez nos confrères de RTL ce matin :  » Faut pas toucher à notre régime spécial de retraites des sénateurs, sinon on bloque le pays ! »
  • PM : J’ai d’abord cru à un le Gorafi mais non ! Le 16 février, Emmanuel Macron a bien remis la légion d’honneur à Jeff Bezos (quatrième fortune mondiale qui a largement contribué au désastre écologique et social) alors que plus d’un million de français manifestaient.
  • HD : Biden zigzague en marchant…il s’entraîne pour le slalom géant ..je dirais plutôt qu’il fait du zèle en ski .
  • TW : Pour avoir été un peu trop philanthrope avec Pénélope Fillon (135000 euros pour deux notes de lecture) Marc Ladreit de Lacharrière a été condamné pour abus de biens sociaux. Aujourd’hui le milliardaire assure que ce n’était pas un “emploi fictif” mais un “placard”.
  • MPG : Christophe Béchu : « J’assume complétement de raconter n’importe quoi en matière d’écologie. »
  • SM : Jeff Bezos fait chevalier de la légion d’honneur en toute discrétion. Un mec qui fait fortune en exploitant des gens, en ruinant les petits commerces et en échappant à l’impôt, ça mérite bien une médaille.
  • DC : La remise de merdaille à Bezos n’était pas notifiée dans l’agenda du président. C’est vrai que quand tu vas faire popo, tu ne le mets pas dans le tien non plus.
  • En bonus, texte d’une écrivaine rigolote :
    CC : Je suis dans un train retour de Bordeaux – j’ai payé une blinde un ticket en première classe et les prises ne marchent pas et les enfants crient aussi fort qu’en seconde vraiment le capitalisme ça a vachement changé – je vois que la chaussure de ville pour homme à bouts carrés existe toujours – c’est lundi le train est blindé de gens en doudounes sans manches bleues ET sacs à dos déperlants on dirait qu’on va tous à un concert d’Alain Souchon – J’ai personne à côté de moi je crois que ça signifie que j’ai réussi ma vie ou au moins ma journée – à Bordeaux même les bébés ont l’air riches – le type qui a laissé sonner son téléphone pendant qu’il allait chercher un cookie Michel et Augustin est sans doute en train de boire l’eau des toilettes en guise de punition – j’ai faim mais le gars a pris le dernier cookie dont le prix ressemble plus à celui d’une place de cinéma quand t’es pas étudiant – on arrive à paris dans une heure mais quelqu’un mange un truc au thon et j’ai l’impression de vivre dans un sandwich subway – est ce que les gens qui regardent une série sans écouteurs ont le droit de vote ?

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Une drôle de façon de parler du négus

Turco. Voici un livre follement drôle et attachant de Sylvain Chantal, un type super sympa qui vit sur une pénichette sans aucun confort, sur l’Erdre, à Nantes. Quelques temps avant de mourir, vla-ty pas que sa grand-mère lui apprend que son oncle à elle, donc le grand-oncle de l’auteur, était le chauffeur de Hailé Selassié. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il s’agit du négus, le roi des rois, empereur d’Ethiopie qui fut considéré par les rastafari jamaïcains comme le messie envoyé de Dieu .
Cette nouvelle est fantastique pour le petit-fils qui ne connaissait rien à cette partie de la famille de sa grand-mère qu’il visitait souvent. Notre auteur, devant le rôti-patates de mémé, n’en revient pas et, après quelques clics sur Internet, il retrouve le fil de cette lignée dont le fameux « chauffeur » (en fait bien plus important que ça puisqu’il sera nommé chef de la garde impériale de Sélassié) Francesco de Martini.
De fil en aiguille, il va faire la connaissance de plusieurs personnes de la famille de mémé, au Liban, puis à Rome où son cousin Antonio de Martini le reçoit avec un faste complice et lui confie beaucoup de documents, dont les photos de quatrième de couv qui confirment son récit. C’est bien lui, ce grand-oncle, qui a sauvé le négus d’un coup d’état en défonçant avec son char la barrière de la résidence impériale pour l’embarquer loin des tracas.
Néanmoins, Turco n’est pas un manuel historique, ni un biopic . Bien sûr, Sylvain Chantal y relate tout ce qu’il sait sur ce grand-oncle farfelu, espion, aventurier pour le moins, et qui a longtemps côtoyé Sélassié mais il y glisse d’abondantes anecdotes sur sa famille, ses rencontres, sa grand-mère, son ex, ses essais infructueux sur Tinder pour un hypothétique câlin, ses misères, et toutes sortes de gags qu’il subit dans son petit logement fluvial.
Les jeux de mots abondent, les détails de la vie courante ne nous sont pas épargnés et la franche rigolade nous guette dès les premières pages. Juste une petite citation : » […] tonton se trouve Grande-Giovani come di Fronte, que je traduirais approximativement par Gros-Jean comme devant. J’ai tapé Grande-Giovani come di Fronte en italique; je ne sais pas si à Rome ils l’auraient écrit de la sorte, mais à Pise, c’est certain. » Moi, cet humour m’éclate. Bref, un livre qui déridera les plus ronchons d’entre vous.

Turco de Sylvain Chantal. 2022 au Dilettante. 220 pages, 18 €.

Texte © dominique cozette

Prêts pour un petit suicide en douceur ?


Oui, vous avez bien lu. A quatre-vingts ans, Kay et Cyril doivent prendre le fameux médoc qui vous emmène en douceur dans l’au-delà. Ils ont décidé ça à la cinquantaine, lorsque le père de Kay a fini par mourir suite à un interminable Alzheimer bien crade et bien repoussant. C’est le thème du nouveau roman de Lionel Shriver (c’est une écrivaine pour ceux qui l’ignorent qui a commis de nombreux et fort passionnants livres dont Il faut qu’on parle de Kevin). Je l’adore.
Celui s’intitule A prendre ou à laisser. Ils ont trois enfants dont une fille genre pénible, un premier de la classe genre mou-mou et un petit dernier genre glandeur-profiteur. Sinon lui est médecin, il connaît donc bien les médocs et elle infirmière, d’abord, puis a changé pour décoratrice. Chez l’autrice, les caractères et la psychologie sont terriblement fouillés. Pas de raccourcis, pas de travers laissés dans l’ombre. L’humain, elle s’y connaît jusqu’au moindre détail.
Alors donc les années s’écoulent, assez vite, jusqu’au fameux anniversaire des quatre-vingts ans de Cyril, Kay les a déjà eus, date butoir, on n’y coupe pas, alors qu’elle se demande si c’est bien raisonnable d’agir ainsi. Elle n’est pas très convaincue de la décision prise il y a si longtemps. Ils sont en forme même si lui fait semblant d’aller mal et de souffrir de divers troubles du vieillissement, et si elle a quelques trous de mémoire comme tout le monde. Mais les choses sont en route, ils ont dépensé leurs économies et même mis une hypothèque sur leur maison afin que profiter au maximum de leurs dernières décennies. Et ce fameux soir, on y est, ils ont ont mis les petits plats dans les grands, choisi un bon vin et mis de beaux habits.
Mais comme elle a peur de survivre à son mari, des fois qu’elle supporte mieux le médoc que lui, il lui propose de prendre la pilule la première tandis qu’il la tiendra dans ses bras. Et lorsqu’elle sera morte, ce sera à lui de partir.
Mais les choses ne se passent pas vraiment comme ça. D’ailleurs, les choses peuvent aussi arriver autrement, il y a des possibilités à envisager, une douzaine, et c’est ce que nous raconte l’autrice avec tout son talent de dramaturge mâtiné cocasse.

A prendre ou à laisser de Lionel Shriver, traduit par Catherine Gibert (Should we stay or should we go, 2021). 2023 aux Editions Belfond. 286 pages, 22 €.

Texte © dominique cozette

Assemblage

Drôle de livre que ce roman de Natasha Brown, Assemblage, qui, comme son nom l’indique, est une sorte de collage de petits flashes, courts chapitres ou pas, digressions, comme un puzzle si on veut, qui trace la vie de l’héroïne, une jeune femme britannique noire. C’est assez déstabilisant, cette façon peu linéaire de raconter son histoire, parfois même difficile à comprendre, carrément elliptique, il n’en reste pas moins que c’est un livre très intéressant sur le ressenti d’une femme qui, arrivée à de très hautes fonctions à la City, doit continuer à effacer sa couleur pour être acceptée. Et son genre, bien sûr. Car c’est aussi une femme dans un monde d’hommes dont certains lui reprochent d’en être arrivée là pour satisfaire à des quotas de diversité quand eux-mêmes auraient mieux mérité le poste. Toujours, elle doit rester coite, jamais d’agressivité, toujours du contrôle.
Chaque jour une nouvelle opportunité de merder. Chaque décision, chaque réunion, chaque rapport. Il n’y a pas de succès, seulement des échecs évités. L’appréhension […] Un rien pourrait s’avérer la ruine de tout.
Son amant, rencontré dans sa boîte, l’admire, il est blanc et il tient à ce qu’elle vienne avec lui à la très chic garden party que donnent ses parents pour leur trente ans de mariage. Elle hésite, sachant qu’elle n’a pas sa place partout, mais s’y rend néanmoins. Et c’est vrai que quoi qu’elle fasse, quelle que soit la fortune qu’elle amasse avec son job, elle ne sera jamais comme ces Anglais aristocratiques ou grands bourgeois qui possèdent leurs terres depuis si longtemps, qui exhibent leurs lignées par des tableaux solennels accrochés dans leurs superbes demeures, et tout à l’avenant, cette vie qu’ils ont toujours connue, jamais frustrés, jamais privés de quoi que ce soit, en partie grâce à eux, les anciens esclaves dépouillés de leurs terres et de ses richesses, spoliés, dominés depuis si longtemps par leurs prédateurs.
Oui, très intéressant ce court texte morcelé, impressionniste, déconstruit qui donne à réfléchir, et déjà très encensé par la critique internationale.

Assemblage de Natasha Brown, 2021, traduit de l’anglais par Jakula Alikavazovic, 2023 aux Editions Grasset. 154 pages, 17 €

Texte © dominique cozette

 

Les Fessebouqueries #616

Il y a des semaines moins drôles que d’autres, que voulez-vous. J’ai fait l’impasse sur Palmade et pour le reste, rien de bien neuf. On n’en est pas plus avancés sur les 1200 des retraites minimales, faut dire que Dussopt préfère les mots croisés pendant les séances que son boulot de ministre, alors du coup, je vous mets un plat à gratin, un bar à coquillettes, un index de senior de quoi de quoi ? et quelques séances gratos pour assister à un spectacle de clowns à l’Assemblée. Excusez-moi du peu, pour une fois cette expression fait sens, et tchin tchin dearest friends !

  • DR : Palmade ne m’a jamais fait rire. Maintenant il fait pleurer.
  • ZT : « Qui aurait pu prévoir  » que la bétonnisation des villes, les flots de pesticides, le labourage constant des sols, l’éclairage nocturne, l’empoisonnement des eaux, & les monocultures industrielles, provoqueraient un effondrement d’une partie entière des biotopes ?!
  • PA : S’il y a un truc que je ne supporte pas, c’est d’être interrompu par les flics quand je suis en pleine conversation téléphonique au volant !
  • GD : On en est donc arrivé à ce moment de l’histoire où même le gouverneur de la Banque de France fait figure de gauchiste par rapport au gouvernement.
  • MN : Bar à coquillettes hier, bar à cordons bleus aujourd’hui, c’est tellement frais toute cette innovation française. De mon côté je travaille sur un concept fou : un bar à boissons. Tu rentres, tu demandes un verre de ce que tu veux et tu l’as. Je sais, c’est dingue.
  • JD : Macron, il préférera mettre le pays à feu et à sang plutôt que de demander un effort solidaire aux plus riches. C’est dingue. Lordon à raison. C’est un forcené.
  • LJ : Le type qui vous a obligé à boire votre café debout , pour motif sanitaire , voudrait vous faire croire que sa réforme des retraites a du sens .
  • CEMT : Olivier Véran : « Nous n’utiliserons pas le 49.3, sauf si des gens ne sont pas d’accord avec nous. »
  • ES : La reine consort Camilla passe la Saint-Valentin avec le Covid… pour la deuxième fois. Du coup c’est plus la reine consort mais la reine qui reste enfermée.
  • GD : Coucou la macronie, juste un petit rappel au passage pour dire qu’associer « travail » et « liberté » pose deux ou trois légers soucis niveau références historiques.
  • DG : J’ai finalement obtenu un rendez-vous chez l’ostéo demain. Il ne sera pas dit qu’un homme ne m’aura pas touché pour cette Saint Valentin.
  • OK : Est-ce que subir Eric Woerth dans les médias, ça compte dans les critères de pénibilité pour partir plus tôt à la retraite ?
  • MPG : Olivier Dussopt : « Si le peuple français bloque le pays le 7 mars, nous changerons de peuple. »
  • CR : Que celui qui n’a jamais laissé tremper son plat à gratin cinq jours dans l’évier en espérant qu’il se lave tout seul me jette la première pierre !
  • US : Maintenant qu’il a été démontré que les 1200 euros étaient du pipeau, les femmes les grandes perdantes, les carrières longues un loto, l’index seniors une fumisterie et la nécessité d’une réforme démontée par le COR, il reste quoi comme argument ? Rien.
  • AD : Que la Présidente de l’Assemblée Nationale ait omis ou non de déclarer n’est pas le principal sujet. Le sujet c’est qu’elle détient un paquet d’actions chez Total énergies, qui a une bonne part de responsabilité dans l’inflation, la crise des PME et bien sûr le changement climatique.
  • DM : On pourrait fermer l’Assemblée nationale, elle ne sert plus à rien. Sans compter que le spectacle qui s’y joue est d’une médiocrité inédite sous la Ve République.
  • RT : Accusé de faire des mots croisés à l’Assemblée, Olivier Dussopt reconnaît une « bêtise ». Normal, difficile de ne pas faire une erreur sur sa grille avec tous ces gens qui font chier à lui parler.
  • JD : Moi, en pause, je consulte mes mails, je remplis le dossier Maison Départementale Adultes Handicapés pour une famille, je finalise des commandes de fournitures, je reçois une mère pour une histoire de lunettes cassées… Pour 1990€. Dussopt, lui, il fait des mots croisés. Pour 6000€. Le mérite sans doute..
  • RR : Si ça se trouve, ce sont les séances de l’Assemblée Nationale qui vont sauver le cinéma français.

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Offenses

Un livre qui pique, le dernier tout petit de Constance Debré. Offenses, donc, c’est bien trouvé. L’histoire est simple : un jeune homme ordinaire d’une cité ordinaire où ne vivent que des mal nés, victimes de la violence, de la laideur, de l’indifférence, de la lose, tue une vieille dame, une voisine assez chiante mais qu’il aidait à l’occasion, lui faisant quelques courses et gardant souvent la menue monnaie, pas grand chose, mais elle s’en est aperçue et ça lui a fait monter le sang. Il a essayé de la calmer mais tout cela a dégénéré et il a attrapé le couteau de cuisine qui traînait là pour la trucider. Puis il est retourné chez lui, son petit frère l’a aidé à se changer, à planquer les fringues, et plus tard, quelques jours aprè, les flics sont venus l’arrêter. Il avait prévu, organisé une petite soirée pour dire au revoir à ses potes.
On apprend qu’il dealait, à l’occasion, mais qu’un de ses frères lui avait volé l’argent. Il a réuni une certaine somme mais il lui manquait juste quelques centaines d’auros pour boucler l’affaire et calmer les fournisseurs qui ne lui voulaient pas de bien. Or, on apprend que la seule personne qui s’occupait plutôt pas trop mal de la vieille c’était lui. Pas ses grands enfants qui l’évitaient, ni personne d’autre. On apprend qu’il a été élevé plutôt d’une drôle de façon par sa mère qui a porté une grave accusation sur lui, plus jeune. On apprend ses galères.
Mais l’intéressant du propos est que ce jeune criminel, c’est nous. Nous tous. Car dans cette société injuste, les nantis ont délégué tout ce qu’ils avaient de pourriture sur les classes inférieures : Contrairement à ce qu’il prétend le capitalisme ne rémunère pas le risque. C’est pour ça qu’il le délègue. Il le délègue à ceux qui sont perdants avant d’être vaincus. Le dealer délègue le risque à la nourrice (NB : celui qui planque la dope), comme le patron à l’ouvrier, comme le général au bidasse. Le système délègue le risque à celui dont la perte ne changera rien. Ceux du dessus ignore le risque, ils vivent dans un monde sans risque. [•••] Le risque n’a rien à voir avec le mal. La prison c’est ça, c’est quand le risque se réalise. Le risque que vous avez créé. Et que vous avez délégué. Même pour vos lignes de coke du samedi soir et vos pétards du dimanche, le risque c’est nous. Vous peut-être que vous irez en cure de désintoxication et nous en prison….
Autre point de vue qui pique : le coupable est aussi une victime. Lui aussi subit un choc post-traumatique, sa propre violence le traumatise. Debré écrit que ce sont les spécialistes qui le disent et que ça ne plaît pas à tout le monde. On préfèrerait que le coupable n’ait pas d’état d’âme.
Lorsqu’il est dans le box, il regarde la façon dont sont vêtus juges, avocats, procureurs. Leurs robes, leur hermine. C’est une farce.
Lui et tous ceux du bas sont l’enfer pour que ceux du haut vivent dans leur paradis. Il se pose des tas de questions pendant qu’on le juge. Mais il sait qu’il paie pour les autres.
Un livre très coup de poing, sec comme son autrice qui, n’oublions pas, a été avocat pénaliste dans une vie antérieure.

Offenses de Constance Debré, 2023, aux éditions Flammarion. 124 pages, 17,50€

Texte © dominique cozette

Offenses, Constance Debré, crime, drogue, société,

Les sources

Le nouveau roman de Marie-Hélène Lafon, les Sources, a pour thème les violences conjugales. Cest un tout petit roman âpre et sec qui conte le mariage raté d’une femme dans les années 60, dans un trou du Cantal, avec un voisin, un homme pas si mal. Mais il se révèle très brutal au fil du récit, elle en prend pour son grade. Et puis, il lui fait gosse sur gosse, ses trois petits lui bouffent le temps, elle n’est pas toujours prête quand ils doivent partir déjeuner chez les parents le dimanche, et la rouste n’est pas loin. Les enfants se tiennent aussi à carreau car le père fait peur. Pourtant ce n’est pas un homme qui boit. Il s’est mis à détester sa femme quand elle a commencé à grossir, trois grossesses coup sur coup avec trois césariennes, ça n’aide pas à rester jeune et belle. C’est un homme qui fait bien le boulot et qui s’acquitte au mieux des tâches professionnelles, paysan et producteur de fromage, et plus tard, des pensions des enfants. Et il en est fier ou plutôt, il se lui viendrait pas à l’esprit de ne pas faire son devoir.
Mais il n’a pas d’état d’âme concernant sa famille. Il agit comme il le sent, point barre. Dans ces années-là, de toute façon, il n’était pas tellement question d’étaler ses histoires conjugales. Ça restait à la maison.
C’est dans la seconde partie du livre qu’on entend la voix de cet homme qui se pense honnête et ne regrette jamais ce qu’il fait. C’est un dur à l’ouvrage, un dur à cuire, un dur du cœur.
Les Sources n’est pas un livre psychologique, tout est factuel, à l’os comme on dit, et pourtant, on voit bien les choses, les gens, la ferme. Sec et concis, rugueux, sans aucun sentimentalisme.

Les Sources de Marie-Hélène Lafon, 2023 aux Editions Buchet Chastel. 120 pages, 16,50 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #615

Des petites Fessebouqueries, certes, mais il y a des choses sur lesquelles il serait mal venu de rigoler. Et d’autres aussi, d’ailleurs, comme la retraite minimale de mille deux cents euros (il faut dire deux cents zeuros, les zami.es) que trois personnes toucheraient éventuellement si… sûrement pas la môman de Darmanin qui trime encore à 67 ans, non mais des fois, que fait le gouvernement ?, ou comme Larcher et le régime spécial sénateurs qu’on pourrait appeler goinfrage, d’autres encore comme le refus des députés du président et de la droite (ah pardon, le gouvernement est de droite, vous dites ?) qui ont refusé le menu étudiants à UN euro. Prostituez-vous, générations futures, si vous voulez bouffer ! Sinon quoi, virer dans le trafic et la délinquance …On en est là et ça me désole, un sérieux prétexte pour m’envoyer un petit remontant ce soir, à l’heure où blanchit la boisson anisée quand on y met de l’eau et même si c’est pas ma came, tchin dearest friends !

  • PO : Darmanin RTL : « ma maman est femme de ménage, elle a une vie difficile, à 67 ans elle bosse toujours ». Le gars est ministre depuis six ans, vit grassement à nos crochets, et il ne peut pas aider financièrement sa maman ???
  • PA : Je viens de finir la lecture du Kamasutra. Je ne veux pas vous décevoir, mais à la fin, les deux finissent chez l’ostéopathe !
  • GB : On essaye d’interdire les grèves pour protéger les vacances qui ont été obtenues grâce aux grèves…
  • MI : Vous vous souvenez quand il fallait bosser 37,5 ans pour toucher la retraite ?
  • MPT : Patrick Pouyanné : « A cause de la grève des raffineries en 2022, les bénéfices de Total ne sont que de 19 milliards d’euros, la CGT devra rendre des comptes. »
  • FR : Patient : Je ne sais plus trop où j’en suis en ce moment, j’ai des angoisses, des insomnies et tout, vous avez un conseil à me donner ? Freud : Va niquer ta mère.
  • JF : Quelqu’un a des nouvelles d’Emmanuel Macron ou bien ? Depuis le début des manifestations, il a pris sa retraite ? Il met en première ligne une première ministre qui a passé l’âge légal de la retraite et un ministre du travail inquiété par la justice et qui devrait prendre la sienne.
  • MA : Aujourd’hui où la France se révolte contre leur pillage, Macron fait un déjeuner de truands avec Sarkozy. Association de malfaiteurs.
  • RP : Suis allé voir Astérix et Obélix uniquement pour financer le porno de Houellebecq.
  • JD : Question à Larcher : — « Pourquoi vous ne touchez pas aux régimes spéciaux des sénateurs ? — On a une caisse autonome ». Comme les notaires, qui se font sabrer leur régime autonome.
  • MPG : Olivier Dussopt : « Après la Covid, la guerre en Ukraine et l’inflation, on a voulu donner un espoir aux Français avec la réforme des retraites. »
  • BN : Si majoritairement dans les couples c’étaient les hommes qui s’occupaient de la lessive, les fabricants auraient inventé une machine avec un seul bouton, un seul programme et un seul produit : tu pourrais tout y fourrer et le linge ressortirait propre, nickel, sec, repassé et plié.
  • NMB : On est bien d’accord pour dire qu’on est dans la force de l’âge parce qu’il faut un peu forcer pour boutonner un jean qui nous allait parfaitement il y a deux ans ? On est bien d’accord ?
  • NP : Si on doit utiliser son compte Ameli pour se connecter aux sites pornos est-ce que ça veut dire que l’abonnement à Pornhub sera remboursé par la sécu ?
  • OK : Souvenez-vous, la bite à Griveaux, 3 ans déjà…
  • JPT : J’ai fait un cauchemar cette nuit : Michel Houellebecq avait fait un enfant à Annie Ernaux et ils m’avaient demandé de l’adopter.
  • PA : La vie c’est ce qui se produit autour de toi pendant que tu regardes ton téléphone.
  • GE : Les macronistes n’aiment pas qu’on partage la liste de ceux d’entre eux qui ont voté contre le repas CROUS à un euro.
  • OM : Je ne vois pas pourquoi les étudiants qui n’ont pas obtenu le repas à 1€ se plaignent alors qu’ils peuvent bouffer les capotes qu’ils obtiennent GRATUITEMENT.
  • GD : Une pensée émue pour tous ces enfants de millionnaires qui ne pourront finalement pas se ruer sur les pâtes froides et le pain sec du Crous à 1 euro.
  • FL : BNP Paribas : profits records. Total : profits records. Vinci : profits records. — Refus des repas étudiants à 1€
  • GD : Alors, précisons : ce sera bien 1200 euros nets de pension minimale de retraite pour une carrière complète à temps plein au Smic, pour les gens nés un jour impair d’une année d’alignement de Mars et Saturne, si bissextile et si une des grands-mères se prénomme Austreberthe.

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Oui, oui, oui ! pour Nein,nein,nein !

Complètement déjanté comme s’il écrivait sous acide avec un cerveau d’une souplesse tortueuse incroyable m’apparaît Jerry Stahl que je découvre à l’occasion de Nein, nein nein, sous-titré la dépression, les tourments de l’âme et la Shoah en autocar. Il ne se drogue plus car son foie est cartonné, fichu, bon à jeter vu qu’il a chopé l’hépatique C au bout d’une piquouze de saleté de shoot, il ne boit plus et suit une hygiène alimentaire exemplaire pour ne pas mourir. Donc végétarien. Il a écrit des livres, des films, a été marié plusieurs fois, et souffre de dépression chronique. C’est pour cette dernière raison qu’il décide de se rendre dans un voyage organisé autour des camps de concentration autrichiens et allemands en autocar. Drôle d’idée pour un asocial comme lui, mais après tout, il est juif (ils sont deux seulement dans le car ) et veut voir de près la tragédie de son peuple élu (ironique, ici).
Pour que vous ayez une idée du style de l’auteur, voici un extrait : Comme chez nombre de femmes quadra ou quinquagénaires que j’ai vues en Pologne, je constate chez les sœurs une ressemblance inquiétante avec Charles Bronson. (Etrangement, j’ai croisé pas mal de jeunes hommes qui pourraient servir de doublure joues à Mélania, bien que, contrairement à Bronson, qui était à moitié polonais, Mme Trump soit 100% slovène). Passé un certain âge, d’après mes observations empiriques menées depuis le trottoir, les Polaks des deux sexes subissent une transition pour se muer en Santa Klaus Kinski. Il y en a des centaines que je pourrais citer car c’est sa façon d’écrire, il n’arrête pas.
Sauf quand il se trouve dans les camps. Là, il devient grave, enfin il essaie mais ne peut éviter les quelques cons qui font leurs malins en disant des inepties. Dur. Ou en s’empiffrant de junk food aux cafeterias ou restos à l’intérieur des camps, comme si on était chez Disney. Et c’est carrément gerbant.
La fête de la bière à Münich, un cauchemar car il est au régime sec parmi les atroces odeurs des buveurs et de leur vomi, des mecs ivres… N’empêche qu’il nous en apprend pas mal en discutant avec Schlomo, son « copain » de car qui porte son pantalon sous les tétons (cf Chirac) avec qui il a des discussions sur pas mal de sujets, politique, religieux. Ils sont très au fait tous les deux de la questions juive et de ses extensions.
Evidemment, le ton change au fur et à mesure de ses haltes, de l’énumération des exactions, des tortures et autres infamies infligées aux condamnés.
C’est un livre qui peut déranger, ça dépend comment c’est pris. Mais je l’ai trouvé très brillant, hormis le fait que beaucoup de ses allusions à la culture américaine, entre autres, m’ont échappé.

Nein, nein nein, sous-titré la dépression, les tourments de l’âme et la Shoah en autocar, 2023 pour la traduction française de Morgane Saysana, aux éditions Rivages. 352 pages, 22 €.

Texte © dominique cozette

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