Rivabella

Nous allions parfois chez mon oncle et ma tante, institutrice rigide, et leurs deux enfants : une fille de trois ans de plus que moi, opérée très jeune du cœur, ce qui avait entravé sa croissance (adulte, elle était devenue un petit tonneau arrogant avec des ongles qu’elle taillait en pointe pour nous piquer les fesses) et un garçon de mon âge, au physique tout aussi ingrat, totalement inhibé voire castré par sa mère et de plus, sourdingue. Comme son père. Y en a qui ont des cousins géniaux avec lesquels ils apprennent à jouer au docteur. Raté pour nous, il fut notre unique cousin.
Sur la plage de Rivabella qu’on appelle aujourd’hui Ouistreham, ce n’était pas la grande déconnade. Sur l’image, ma grande sœur est à droite, ma petite au milieu en jaune et moi à gauche. N’empêche que bien plus tard, ma tante et mon oncle accueillirent ma fille plusieurs étés à Saint-Michel-Chef-Chef et elle, ça lui plaisait bien car ma tante faisait tout au ralenti : éplucher les légumes, essuyer la vaisselle, faire le jardin, parler… Ça la changeait de moi, la pressant de folie comme font tous les parents qui bossent et n’ont jamais une minute à eux. Avec elle, elle apprenait les plantes, les animaux, allait à la plage. Et m’envoyait des cartes postales « corrigées ».
Sinon, je n’ai aucun souvenir de cette scène banale et fade. Ces personnes sont toutes mortes en nous ayant épargné les regrets de rigueur. Un peu tristes, parfois, les souvenirs de famille.

Texte et image © dominique cozette

Sweet little sixteen

Elle a quoi cette nénette
un p’tit quinze ans ou seize peut-être
jouant dans sa chambrette une partoche bien fastoche
ah oui ça me revient c’est du Eddy Vartan et sa Poupée Brisée
elle s’applique elle joue mal enfin médiocrement
ses dessins vous voyez c’est pas du Leonard
mais elle fait ce qu’elle peut
dans cette chambrette à deux car il y a sa sister
elle affiche ses amours ses Johnny ses Jimmy
ses Gene Vincent Craddock c’est son nom
et celle qui lui ressemble la demoiselle Hardy
la chambre de cette nénette est rose
un rose un rien pâlot faut pas exagérer
elle n’a pas encore mis de photos d’amoureux
car rien n’est officiel quelques baisers bâclés
quelques mains très timides pas grand chose à vrai dire
ses émois ils sont dans la télé sur les papiers glacés
dans ses rêves de gamine car le reste du temps
c’st fou ce qu’elle s’emmerde dans sa banlieue jolie
pas le droit de sortir pas d’amis pas de boîte
alors chanter rêver écrire des poésies
se battre avec ses soeurs et lire du Frison-Roche.

Texte et image © dominique cozette

Quatorze ans

Ce portrait de moi est très moche, il n’est pas de Sam Lévin.
J’ai quatorze ans, mon premier blue-jeans
et des sabots en bois rapportés de Senigallia,
qui font un bruit d’enfer sur le bord de l’Adriatique.
A quatorze ans, je mesure comme ma sœur de onze.
Ma sœur de seize est une grande perche.
Plus tard, on aura la même taille.
J’ai enfin mes règles et ma mère claironne la Marseillaise
à l’adresse de mon père qui plante ses œillets d’Inde et s’en fout.
Ma mère adore Enrico Macias que je déteste
mais elle aime aussi Paul Anka qu’on est allées voir à l’Olympia
parce qu’il y avait Colette Renard en vedette
et Maurice Baquet en attraction.
Ma mère est insomniaque et fait cuire ses ragouts à six heures du matin
dans l’odeur du café en écoutant Maurice Biraud, son Bibi.
Je n’ai pas encore embrassé de garçon,
ça ne m’a pas traversé l’esprit
mes glandes sont de grandes feignasses
je suis amoureuse de tous les beaux mecs célèbres,
Invahoé, Johnny, Bob Asklof, Captain Troy…
Mon père est conseiller fiscal, je ne sais pas ce que c’est,
et ma mère agent immobilier dans le Sentier
elle a trouvé le premier bureau à Gilbert Trigano.
On habite dans une maison zarbi entourée de troènes et fleurie de lilas.
Le dimanche dans la rue, les hommes bichonnent leurs voitures
qu’ils font reluire à la nénette
la rénette c’est un manche en bois avec des poils au bout
quand t’as une voiture t’as une nénette
rien à voir avec cette pub qui disait
il a la voiture il aura la femme…
En ce temps-là les hommes savent mieux
ce qu’il y a sous les capots
que sous les jupes de leurs femmes.
je ne sais pas si ça a beaucoup changé.
C’est pas bien grave puisque BB aime Charrier
elle a eu son bébé elle pose pour Jours de France
et la France est heureuse.

Image et texte © dominique cozette

Nos hivers aglagla

A cette époque, je parle de mon enfance, on n’avait pas le chauffage central. On vivait autour d’un petit poêle à bois dans la salle à manger ou la chaleur de la cuisinière à charbon où on faisait chauffer l’eau, le café et le ragoût. Nos chambres à l’étage n’étaient pas chauffées, les vitres étaient fines et sans volets. Nous montions avec nos bouillottes en forme de chat ou de nounours, nous étions habituées à cette rigueur. Je ne me souviens même pas d’édredon. Il faisait beaucoup plus froid qu’aujourd’hui, les rues étaient souvent verglacées et les conducteurs s’en sortaient très mal. Il neigeait tous les hivers. Le matin, les vitres de la maison étaient givrées. Aglagla. On faisait notre toilette dans une cuvette sur l’évier, on se lavait quand même la lune, et chaque samedi, nous (les filles) prenions un bain dans le tambour de la machine semi-automatique Sibir, après l’époque de la lessiveuse en acier galvanisé qui remplaçait celle du demi-tonneau.
Les gens ne se lavaient pas souvent les cheveux (ça les abîmait), ils devenaient gras. Ça sentait le cheveu dans le métro, vieille odeur de renfermé et de suint à laquelle on était accoutumé. Parfois, nous demandions à quelqu’un ce qui avait changé dans son visage et il répondait : je me suis lavé la tête. On utilisait des petit shampooings Dop en unidose de toutes les couleurs, les produits chics entraient triomphalement dans les foyers.
Pour parler encore du froid, les filles ne portaient pas de pantalons et les collants n’existaient pas. On avait des robes ou des jupes (je dis « des » mais on n’en avait qu’une) au-dessous des genoux et je me souviens comme les miens me démangeaient quand j’arrivais dans un lieu chauffé après une longue course dans les morsures glaçantes de l’hiver. J’avais aussi très souvent des dartres sur le visage que je tentais d’assécher avec de l’eau de Dalibour. Très glamour. J’en ai encore l’odeur en tête. Cette photo de moi est triste comme ces hivers. Il n’y avait pas tous ces magasins bon marché qu’on connait, le tissu coûtait cher, on usait nos fringues jusqu’à la corde, ourlets rallongés sans arrêt, avant de les refiler au petit frère ou à la petite soeur. Les parents préféraient acheter nos chaussures un peu grandes pour qu’elles durent. Quand on ne connaît rien d’autre, on n’est pas si malheureux. A Joinville, on était tous au même niveau, y avait pas de honte. La France se reconstruisait.

Image et texte © dominique cozette

SLC ou Intervilles ?

A la station Franklin-Roosevelt de la ligne n°1, Vincennes-Neuilly en 1963, j’attendais avec ma copine. J’avais confectionné une sorte de palmier sur la tête à force de crêpage et de pinces. On sortait de Salut les Copains où nous avions réussi à nous introduire grâce à notre culot, à nos physiques plutôt agréables et le goût de Daniel F. pour les jeunes filles qui nous fit monter au studio pour assister à l’émission. C’était très excitant. J’y revenais très souvent, les parents ne rentraient jamais avant vingt heures à la maison. J’ai vu défiler un paquet de vedettes, j’ai assisté au lancement de Cloclo quand il a été chouchou, j’ai été assise près de Gene Vincent (le seul à qui j’ai demandé un autographe) et vécu plein d’autres choses assez rigolotes.

Un jour de juillet, ma copine vient dormir à la maison. Nous avons l’autorisation, chose rare, d’assister à Intervilles qui opposait Nogent à St Maur. Ça se passait en fait à la Varenne, très loin de Joinville donc. Nous avons pu nous repaître de ce spectacle imbécile, Léon Zitrone et Guy Lux, des noms qui font rêver ! mais qui nous offrait l’occasion d’une escapade. Nous rentrâmes à pied, on n’était pas motorisées, refusant de monter dans les Dauphine, R8 et autres Simca 1000 qui s’arrêtaient pour nous emmener, nous savions que c’était risqué et interdit, et nous arrivâmes chez moi bien après minuit. 

Mon père était dans une colère noire. On eut beau lui expliquer que nous serions rentrées plus tôt si nous avions désobéi, rien n’y fit. Nous fûmes sévèrement punies pour le lendemain : interdiction de sortir du jardin, d’aller draguer du côté des baignades ou faire du shopping au Prisunic de Champigny.
 Nous restâmes sur la pelouse où nous eûmes la brillante idée de broder la mascotte Chouchou sur nos tee-shirts, un blanc et un noir, et ainsi de faire sensation à l’émission avec cette innovation.

Texte et image © dominique cozette

La fête du père

Mon père, bel homme dégarni précocement, blond aux yeux bleus, aux lèvres pulpeuses, avec une profonde fossette au menton, nous a légué, à ma petite sœur et à moi, sa longueur étonnante de poils sur les bras. Ses parents picards, gens stricts et de devoir, ayant toujours pris la vie au sérieux, pas méchants néanmoins, refilèrent ces qualidéfauts à mon père qui toujours manqua de fantaisie, de bagage artistique, de sens créatif. Il avait fait “son” droit, travaillé aux impôts. Il inspirait confiance. J’ignorais ce que voulait dire : conseil fiscal lorsqu’il fallait inscrire la profession du père sur les fiches de rentrée. Ça me provoquait même une forme de répulsion pour ce monde de l’argent, de son vocabulaire, des déclarations, les trucs de ce gros un nuage administratif qui persécutait ceux qui n’étaient pas en règle.
Avec ses associés, c’était la bringue le dimanche dans notre banlieue des bords de Marne mais leurs femmes lui faisaient les yeux doux, un peu trop, d’où de sales histoires, puis des ruptures définitives. Pour finir, mon père se réfugia dans une sorte de vie privée dont il nous priva définitivement.
Ces joyeux drilles du dimanche équipés d’enfants de nos âges disparurent de notre vie, nous laissant orpheline d’ami.es. Nous n’eûmes plus que Mimi, le petit rachtèque de la voisine, coupeur de vers de terre en rondelles, pour nous distraire à travers le grillage.

Texte et image © dominique cozette

La première de la classe

C’était en 61 dans la cour du lycée Hélène Boucher, porte de Vincennes à Paris. Le genre de lycée décrit dans Diabolo Menthe de Diane Kurys, sévère, rien que des filles, blouses beiges ou bleues, tenues super correctes, vieilles pies de surveillantes, punitions récurrentes, aucune tolérance aux retards, aux cheveux crêpés, aux jupons gonflants, au maquillage, aux jambes nues, aux pantalons, aux disques qui dépassent du classeur … Cauchemar. Mais lycée super coté grâce à son taux de réussite au bac. Pour auquel on m’a fait redoubler ma troisième parce que j’étais un peu dissipée (insolente / indolente, c’était selon) pourtant j’avais une super moyenne, la preuve : à la rentrée de mon redoublement, la prof nous rend une première copie. Version latine, j’ai la meilleure note. Puis thème latin, idem. Puis, dissertation, pareil… Soudain, énorme sanglot dans la salle de classe. Il provenait de cette fille brune, Jacqueline E., dont d’un seul coup, j’avais arraché la couronne d’excellence ! La pauvre ! Elle était toujours la meilleure partout … même en gym. Et voici cette blondasse, moi, qui lui ravit « sa » place, les doigts dans le nez (oui, je ne m’étais pas cassé la nénette). Alors quand j’ai pu l’approcher, malgré le mépris que je ressentais pour la catégorie première de la classe, je lui ai dit de ne pas s’inquiéter, ça n’allait pas durer. Effectivement, je suis vite retombée dans une bonne moyenne supérieure bien morne qui correspondait tout à fait à mes ambitions de ne pas me fouler. Nous voici en photo, à droite Chantal devenue Carole que je continue à voir parfois, puis Catherine, la fille au nystagmus dont je ne sais plus rien, Jacqueline E. pareil, et moi-même qui ai tellement détesté ce lycée dont le seul avantage était l’installation de la Foire du Trône juste devant, au printemps, pour un bon mois de drague, d’odeurs de guimauve, de manèges clinquants, de rigolade.

Image et texte © dominique cozette

Les trois sœurs

Bien sûr que ce n’est pas drôle pour un père de n’avoir que des filles, même si elles sont adorables comme nous trois (!!!). Comme je vous l’ai dit, le p’tit gars n’a pas fait ses neuf mois, il est sorti avant, donc nous voilà les trois guenons comme nous aimions à nous appeler ou encore les gueuses, livrées à nos jeux de filles dans notre magnifique jardin de Joinville le Pont, appuyées contre la fenêtre du sous-sol où se trouvait la machine à laver semi-automatique (Sibir ou Connor, je ne sais plus) dans laquelle maman chauffait l’eau pour notre bain. Ce n’était pas tous les jours, non. Quant aux cheveux, à cette époque, ils n’étaient pas non plus lavés très souvent. D’ailleurs, les gens sentaient le cheveu si vous vous souvenez, les cheveux étaient souvent très très gras, pas besoin de brillantine pour les hommes, et parsemés de pelloches. Beurk. C’était dans les années 50, les fameuses glorieuses, hum.
Mon père travaillait aux Contributions Directes et ma mère dans un cabinet immobilier, dans le Sentier. Elle avait forcément demandé l’agrément de son époux car elle n’avait droit à rien sans son aval, ni même de chéquier, cela viendra en 1965. C’est peut-être en rétorsion qu’elle n’a jamais payé ses contredanses quand elle a eu sa voiture. Mon père avait une 4CV Renault, la seule petite auto qu’il conduira avant de passer aux grands modèles qui, comme chacun sait, ne servent jamais à transporter les enfants à l’école, mais juste la serviette et le parapluie du chef de famille. Prestige. Et faut que ça brille, les chromes !
J’étais la fille du milieu. Ce qui est loin d’être confortable. Car au moment des corvées ménagères, c’était souvent : Les deux grandes, venez mettre le couvert ! Les deux petites, venez essuyer les verres ! Les deux grandes, aidez à passer la paille de fer ! etc… Ah oui, la paille de fer, un des nombreux loisirs du week-end car dans ces temps bénis, les parquets de chêne, dont notre living-room était équipé (le seul luxe de cette maison), n’étant pas traité, tout tachait. Avec trois gosses sales comme des cochons, vous pensez bien que taches de graisse ou de confiture décoraient joliment notre intérieur. Une fois nettoyé, le parquet était nu, il fallait donc le cirer (huuum, la bonne odeur d’encaustique), laisser sécher puis faire briller le tout avec un chiffon sec sur lequel on glissait et … le balai O’Cedar. On avait de l’huile de coude et de genou à revendre, je ne vous dis que ça !
(Comme vous pouvez le voir sur la photo, ma petite sœur avait déjà anticipé l’arrivée du smartphone !)
(Comme vous pouvez aussi le constater, ma grande sœur et moi-même avions revêtu les astucieux robes-tabliers, des deux-en-un si utiles pour aller en classe à l’école de filles de la rue Oudinot*).

  • Maréchal de France truffé de blessures de guerre mais mort dans son lit. Qui s’en souvient ?

Texte et image © dominique cozette

Rue d’Estienne d’Orves

J’avais trois ans. Ma mère enceinte de la petite
me disait que son gros ventre était dû à la bière.
C’est vrai qu’il y avait de la bière Dumesnil sur les tables,
dans des belles bouteilles à bouchons en porcelaine
avec rondelle de caoutchouc, pareil pour la limonade,
de celles qu’on achète aujourd’hui
dans des concept-stores comme Merci
pour en faire des carafe d’eau très chics
avec une tige de menthe ou un zeste de concombre.
On habitait un pavillon parmi d’autres pavillons,
tous très différents, construits à la va-vite sans plan.
Le nôtre avait des créneaux et une terrasse comme toit,
je pourrais dire un rooftop si j’étais snob.
Un peu plus loin étaient les cagnas,
je regarde sur mon moteur de recherche
car je ne l’ai jamais vu écrit,
oui, les cagnas (mon correcteur me refuse ce mot)
définies comme des maisons de pauvres.
C’était juste la place d’un pavillon entre deux pavillons,
ça faisait comme un couloir sur lequel donnaient
les logis de 30 mètres carrés où logeaient
les quelques familles nécessiteuses du quartier.
Une fillette, Martine, était dans la même classe
que ma petite soeur, elle y allait jouer parfois.
Il y avait un poêle à sciure et du lino déchiré sur le sol.
On poussait entre les dalles et les pavés,
on bouffait certes n’importe quoi mais tout était bio.
Le bio d’aujourd’hui est le traditionnel de l’époque,
quand Monsanto, Bayer et les autres
fabriquaient des gaz qui tuent,
des trucs immondes pour supprimer le plus de bouches possibles
qu’ils seraient heureux de gaver de leurs saloperies plus tard,
après mutation de leur saletés de défoliants
en engrais et pesticides douteux.
Bien que mes parents ne roulent pas sur l’or,
—le pavillon était un don de mon grand-père maternel —
on avait une « bonne » pour s’occuper de nous.
L’une d’elles s’appelait Marguerite
et avait souvent les bras en équerre
avec les deux mains qui pendaient mollement, ballantes quoi :
ceci resta une posture de bonne.
Une autre, Jeanne, fit une fausse-couche dans les waters.
Pour s’alléger, ma mère m’envoya chez ses parents
à Rouen. A Bapeaume-lès-Rouen. Pour quelques temps.
Je fus traitée comme une princesse.


(A suivre)
texte et image © dominique cozette

La jupe twist

J’ai seize ans, je passe quelques dimanches chez ma copine Michèle à la caravane, la résidence de campagne de ses darons.
On se balade jusque chez le broc où j’achète des têtes de christ en laiton.
Je porte une jupe twist rouge et des soutifs rembourrés.
La Foire du Trône est juste devant mon lycée Porte de Vincennes.
Je me fais draguer par un joli militaire qui s’appelle Aldo mais passe ton chemin, j’aime pas les troufions.
Mon père ne veut pas qu’on s’achète un hula-hoop alors j’en fais chez les copines.
Il ne veut pas non plus que l’on ait des patins à roulettes, ni des vélos.
Ma petite sœur en a un car son lycée est à Saint-Maur.
Un dimanche je le lui emprunte pour aller chez ma copine à la caravane.
De Joinville à Ozoir, ça fait une bonne trentaine de kilomètres avec de sacrées côtes, le long de nationales super fréquentées.
C’est tout mon père de m’y autoriser.
J’arrive trois heures plus tard, trempée de sueur, fesses en charpie, aucun entraînement bien sûr, mais je ne pourrai pas rentrer en vélo car il fera nuit.
Mon père vient me chercher en voiture.
Il rate son Sport-Dimanche.
Belle réussite.
Avant de me coucher, j’écoute vingt fois Love me do que m’a envoyé ma correspondante anglaise.
Je comprends toutes les paroles.


Texte et image © dominique cozette

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