Assassiné par le Masque et la Plume, joyeux et entraînant pour Télérama, Personne n’a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé est un livre que j’ai trouvé formidable. La façon de relater l’histoire de cette jeune femme qui fuit brusquement son monde ensoleillé avec ses deux filles qui ne comprennent rien, surtout l’ado qui fait carrément la gueule quand en plus sa mère lui pique son portable pour qu’on ne puisse pas les localiser, est vraiment plaisante. L’héroïne, Gloria, a une une enfance perturbée mais un bon oncle, Gio, s’est superbement occupée d’elle, lui a appris à se méfier de tout. A dix-huit ans, elle a touché un pactole de son père décédé, sa mère ayant fui depuis belle lurette avec un dentiste. Alors, un avocat, Santini, jovial Corse, va prendre soin d’elle. Elle tombe follement amoureuse d’un bad boy, follement filou et il le lui rend bien. Et pof, tombe enceinte. Joie et bonheur partagés. Puis le bad boy, qui continue ses trafics illégaux, meurt dans l’incendie de son hangar le jour où Gloria allait lui annoncer qu’elle attendait un autre bébé. Elle les élève comme elle peut puisque personne ne lui a appris l’élevage d’enfant. Jusqu’au jour où elle fuit, donc, en Alsace, dans une maison isolée près d’un lac, qui a appartenu à sa grand-mère, une femme vraiment pas sympa.
Il lui faut reconstruire sa petite famille : Lou, la petiote, s’accommode de tout, soumet les féroces chiens d’un voisin grincheux, fait des plantations. Sa sœur, Stella, est une ado caricaturale, pénible, elle se fait chier dans ce trou, tout lui manque. Mais Gloria sait qu’elle arrivera à les préserver de la catastrophe qu’elle a fuie.
Ce que j’ai aimé dans ce livre (c’est bête à dire mais je pense que c’est un livre de femmes, forcément, une mère et ses filles…) c’est surtout la façon qu’elle a de raconter tous les trucs farfelus qui se bousculent dans la tête de l’héroïne, des toutes petites choses risibles ou de grosses questions importantes, dans un style très enlevé et, pourrais-je dire, souriant. La lecture m’a paru un enchantement, il est très imagé, vivant, vibrant, positif, avec un côté conte de fées. Et du noir, quand même. Et pas qu’un peu. Bref, un moment très plaisant avec Ovaldé dont je n’avais encore rien lu.
Personne n’a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé aux éditions Flammarion. 2019. 270 pages, 19 €.