Les Fessebouqueries #293

 

Désolée pour ces mini Fessebouqueries aussi rikiki que le micropénis du Führer ! Ça sent les vacances, tout ça ! Même pas un trait d’humour sur les César, ça roupille, ça roupille ! Trump pète mou, les mises en exam traînassent, le code du Travail se délite lentement, Lemaire sort vaguement de sa torpeur.  Heureusement que Tapie accélère un chouïa pour nous réveiller tout ça. Allez, hop hop hop, on s’y remet !
– OK : En France, les milliardaires ont leurs pantins politiques. Aux USA, les milliardaires se font élire directement.
– EM : Mars s’excuse pour le plastique retrouvé dans ses barres chocolatées, normalement ça aurait dû être de la viande de cheval.
– FIA : Je ne comprends pas ce rappel, le plastique étant l’ingrédient le plus sain que l’on puisse trouver dans un Mars.
– JS : Faire la leçon aux Américains qui votent Trump quand on voit des centaines de milliers d’abrutis en extase devant Hanouna
– OM Un livre révèle qu’Adolf Hitler avait un micropénis. On comprend mieux pourquoi le mec avait la haine contre ceux qui s’en coupent délibérément un bout…
– RR : J’attends avec impatience les propositions des verts pour remplacer les protections féminines toxiques.
– JH : – Allo, François ? C’est quoi le code du travail déjà ? Je suis coincée devant la porte. – 49.3
– JS : Optimisation fiscale : nom donné à la fraude fiscale quand elle dépasse plusieurs millions
– HDD : Hollande fait du Sarkozy. Mais rassurez vous, Juppé fera du Hollande.
– VS : Ne pas trop moquer les agriculteurs, comme eux, nous sommes des lapins qui votons systématiquement pour les chasseurs.
– DS : « Un lycéen tente de faire les poches d’un conseiller d’orientation et se voit proposer l’ENA après le bac »
– CC : Loi Travail Bonjour Twitter :  je cherche des esclaves pour travailler en France pour le SMIC du Bangladesh sous contrat de travail Chinois
– NP : C’est bizarre : personne dans l’entourage de Sarkozy n’a été mis en examen aujourd’hui… Il y a une grève des juges d’instruction ?
– CD : Je voudrais bien comprendre pourquoi les fabricants mettent de l’herbicide dans la composition des tampons hygiéniques. Le premier qui répond par « gazon maudit  » se verra transformé en suppo.
– HDD : Bravo à Claude Guéant, qui, avec sa mise en examen, peut désormais légitimement se présenter aux primaires de la droite.
– CC : Si à 50 ans, tu n’as pas été mis en examen, c’est que tu n’es pas à l’UMP !
– AB : Contrôlé à 185 Km/h sur l’autoroute, Nanard  Tapie demande un arbitrage pour ramener sa vitesse à 130.
– LM : « Adolf Hitler avait un micropénis. » Apparemment, ses parties génitales sont tombées dans le domaine public en même temps que « Mein Kampf ».
– FIA : C’est marrant qu’un « avant-projet de loi » s’appelle déjà « loi » sur Twitter. Tu la sens l’odeur âcre du 49-3 ?
– JPT : Bruno Lemaire vient à son tour de se déclarer candidat aux primaires de la droite. L’excitation est à son comble.
– DS : Végan : tuer les animaux, c’est mal. Moi : c’est quoi ton blouson ? Végan : du cuir. Moi : ??? Végan : DU CUIR DE SOJA, OK ?
– LG : France, pays des Lum… France, pays des Droits de l’Homm… France, terre d’acc… France, pays des libert… Merde.
– SI : Salon de l’agriculture : Il faudrait une loi pour que les agriculteurs puissent licencier facilement leur vaches et leur poules
– ZJ : Il n’y a qu’Areva pour perdre plus d’argent en un an que Bernard Tapie.
– HDD : [EXCLUSIF] L’étudiante qui harcelait sexuellement Emmanuel Macron serait en fait Pierre Gattaz

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Les Fessebouqueries #292

L’actualité de la semaine 7, Coco, c’est que du co, du co, du ko et du kho. J’ai nommé Copé, el Khomri, Code (du travail), SarKozy, Eco et leurs cortèges cocasses de codétenus, cossards, cocus, coroners, colistiers, dans le coaltar pour certains, la coke pour d’autres et le manque de kopeks pour la majorité… Cocorico à l’envers, coâ.

– CC : top 2 des gens que je ne comprendrais jamais : ceux qui votent FN
. Ceux qui regardent dans leur mouchoir quand ils viennent de s’y vider le nez
– HD : Au fil de l’actualité apprendre que le montage financier d’IKEA est beaucoup plus facile que le montage de ses meubles. J’appelle tous les Français a telephoner à IKEA pour demander une ristourne de 10 % prière de se munir de son avis d’imposition
– PC : Copé imagine sérieusement que des français ont envie de le voir diriger notre République ? Décidément avec les Ripouxblicains on ne s’ennuie jamais
– OM : Je ne veux pas défendre Serge Aurier, mais traiter un footeux de « fiotte », au rugby on appelle ça du bon sens.
– LC : Sarkozy, c’est le mec qui fait des fausses factures pour se payer des meetings et qui t’explique qu’il faut contrôler les chômeurs.
– RR : Si le travail est une drogue, la Gauche est en train de la légaliser.
‏- KB : L’avantage d’écrire des livres avant ta mise en examen c’est que tu peux avoir du temps libre pour le lire.
– JS : Elle a eu chaud Fleur Pellerin, à quelques jours près, elle devait se taper les 600 pages du « Nom de la Rose » dans la journée.
– JC : Copé candidat à la primaire à droite. Il compte sur les électeurs de Wallis et Futuna pour l’amener au plus haut.
– LC : Laurent Blanc ne porte pas de jogging et fait des phrases avec Sujet/Verbe/Complément. Et ça, dans le milieu du foot, ça fait vite tarlouze.
– DS : Ça va, remettez-vous, Umberto Eco, c’est pas Alexandre Jardin non plus…
– RR : Ne faites pas semblant de pleurer Eco, alors que vous ne connaissez que son parfum « Le nom de la rose. »
– OV : Il y a au moins un point sur lequel les trafiquants de drogue sont totalement en accord avec le gouvernement : il ne faut pas légaliser le cannabis.
– HD : On annonce une réforme du vocabulaire dans le milieu du football..Fiotte sera un mot d’encouragement
– BF : Non, Marguerite Duras n’a pas écrit « Le Ravissement de PTDR V. Stein », mais de « Lol V. Stein ». Ne pas confondre.
– JNP : Avec la sortie de son nouveau livre, appelé « Mein Kamphre » par ses chers amis, Copé marque sa sortie de la naphtaline politique. Il ne lui manque que la bénédiction de Bernadette
– OM : « People : Cyril Lignac et Sophie Marceau, c’est officiel ! » « Ce soir, je vous propose de revisiter la saucisse de Marceau. »
– NP : Je rappelle juste que le type dont la campagne présidentielle a couté 52 millions d’euros au lieu des 22 autorisés a été ministre. Du budget.
– PK : Echange nationalité française contre…un souffle de liberté !
– PM : Sarkozy mis en en examen…il a tellement révisé, j’espère qu’il va le réussir
– HDD : Je vous rappelle qu’à l’heure qu’il est, Nicolas Sarkozy est toujours présumé candidat.
– OK : Il est mort cette semaine. Si je vous dis : « Le Nom de la rose », À qui pensez-vous ? 1) Umberto Eco 2) Le Parti Socialiste
– JNP : Deuxième mise en examen de Sarko.
Il est maintenant doublement présumé innocent, selon la loi, c’est mieux, quand même.
– OM : Ça va un peu loin la réforme de l’orthographe : voilà que maintenant Parti Socialiste ça s’écrit M.E.D.E.F.
– HDD : En fait l’ami noir de Nadine Morano je crois que c’est Pascal Nègre.
– AB : Qui peut citer un autre dirigeant ou Président deux fois mis en examen dont 32 personnes de l’entourage sont soupçonnés par la Justice ?
– PM : Dans la nouvelle réforme du travail, les temps d’habillage et de deshabillage ne seront plus pris en compte… une pensée pour les strip-teaseuses qui deviennent bénévoles
– OK : Affaire des comptes de campagne : c’est quand même surprenant d’accuser Sarkozy de dépasser un plafond.
– EM : Sarkozy mis en examen, le siège du FN perquisitionné et une plainte contre Hanouna, quel est le con qui a mis Noël en février ?
– OM : Le XXIème siècle aussi sera le Siècle des Lumières. Mais dans les baskets.
– DJ : Droit du travail : Sarkozy en a rêvé, Hollande l’a fait. Mon analyse.
– VS : Reforme de l’orthographe : « Parti socialiste » est désormais remplacé par « patronat ».

Bonus de FT sur les pubs calamiteuses du matin de France Inter :
Entendu que Radio France a obtenu l’ouverture à de vraies publicités (pas de l’institutionnel) pour 20 millions d’euros et peut-être même plus. Espérons qu’après l’utérus en charpie, la retraite complémentaire pour les fonctionnaires, le cancer du sein, les pompes funèbres, la vieille qui veut faire un legs, les aides aux associations de handicapés, les enfants qui meurent, les autres qui vont faire des cures thermales pour soulager leurs rhumatismes ou leurs articulations en capilotade, on va avoir des annonceurs un peu rockn’ roll et enfin se marrer.

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Les Fessebouqueries #291

Déçus, déchus, Cahu, Starbu, tout ça rime à quoi ? Ah, j’oublie le cul, alias la St Valentin devenue la fête du slip, bonjour les sentiments, … à laquelle la femme est vivement priée d’assister, merci le ministère du minou et du plumeau. C’est pas avec ça que le bonheur est de retour mais comme disait Cioran : » c’est le bonheur, le bonheur insolent, il est vrai, qui conduit à l’aigreur et au sarcasme ». Gardons-nous, mes ami(e)s, de ce poison, essayons-nous à la joie ! Bon week-end donc…
– OM : « Un Starbucks interdit aux femmes à Ryad. » Bah chez nous ils sont bien interdits aux inspecteurs des impôts.
– CC : je vois pas pourquoi on interdit l’epo aux cyclistes alors que les écrivains ont droit au dico des synonymes
– NP : Il faut combien d’années d’école de journalisme pour s’apercevoir qu’il y a des tempêtes en Bretagne au mois de février
– CC : quand t’es jeune et que tu sèches les cours, on t’appelle délinquant
quand t’es vieux, on t’appelle député (c’est bien foutu hein ?)
– PM : le PS s’est déchiré hier soir sur le vote à l’assemblée, moi aussi, ça nous fait au moins un point commun, mais moi, c’était au bistrot
– PD : – Tu vas voir, les terroristes, ils vont pas être déchu du voyage.
– OM : – Qui on est ? – Des Députés ? – Qu’est ce qu’on veut ? – Légiférer ! – Quand ça ? – Pas demain, on a piscine.
– CV : Scoop : À Corbeil-Essonnes, l’avenue Serge-Dassault remplace le boulevard Jean-Jaurès. Fier de ce coup de neuf, et pour rester dans le même esprit, le maire envisage déjà de rebaptiser sa ville Corbeil-Est-Conne.
– PD : Affaire Cahuzac : Concernant les questions de Constitutionnalité, il y aurait 6 gars contre et Singapour. Ça Suisse son cours.
– DS : Le général Piquemal en train de manger un couscous en djellaba avec les migrants de Calais : « je ne savais pas que c’était des bougnoules ».
– PD : Déchéance de nationalité : Les terroristes qui voyageaient avec de faux passeports vont désormais devoir voyager avec de faux passeports.
– ZJ : J’espère que Laurent Fabius n’a pas quitté le gouvernement sur un coup de sang.
– MM : Donc l’ex-femme de J.-M. Baylet, par ailleurs compagne de Fabius, prend la tête de la Dépêche du Midi. Petit monde.
– DJ : Un patron de presse ministre, il n’y a pas que dans la Pologne ultraréac ou dans la Turquie d’Erdogan qu’on voit ça. Et aussi en France.
– DS : J’apprends, stupéfait, que Jean-Luc Mélenchon est candidat au 1% pour 2017…
– RR : Je serai pour le bénévolat des bénéficiaires du RSA quand on cessera de verser aux ex ministres des indemnités de cessation de fonction.
– DT : On a retrouvé Jean-Marc Ayrault ! Logiquement on ne devrait pas tarder à retrouver le vol MH370 de la Malaysia Airlines.
– JMC : Oh Oh, ça va barder avec J.M Ayrault au quai d’Orsay. il va pouvoir enfin construire sa bouse de N.Dames des Landes en lui attribuant le sobriquet d’ « aéroport stratégique » d’où s’envoleront les cerfs- volants qui écraseront l’état islamique. Glück, intrépide diplomate!
– CC : (la st-valentin tombe en même temps que la suppression de la loi sur le harcèlement sexiste dans les transports, enjoy)
– DC : Remaniement largement applaudi par un patron de presse devenu ministre, ah non c’est sa femme qui le remplace, ah non c’est son ex-femme, qui est la compagne de F., ministre des affaires étranges qui lui, part dans une retraite en or mais garde un pied à terre dans son ex-ministère, où l’ex-femme du nouveau ministre, la patronne de presse donc, compagne de F donc, a aussi un bureau relatif à un job sur le patrimoine. Oilà.
– RR : Vu les réactions agressivement négatives à droite on peut penser que le remaniement est réussi
– PD : Jean-Vincent Placé s’est retranché dans le bureau de son secrétariat d’état toutes portes closes, et refuse désormais d’en sortir.
– FIA : Le procès de Cahuzac, chirurgien spécialiste des implants capillaires, est repoussé.
– ZJ : Ministère de la Famille, de l’Enfance, et des Droits des femmes de ménage.
– VDD : « Ministère des règles douloureuses, des petits plats maison et un mars et une pipe aussi »
– JB : Dans le Calvados, les gens du cru font des vidéos au milieu du repas, pour digérer. C’est ce qu’on appelle le « trou Norman ».
– FIA : Il est bien ce rmenaminent.
– RR : Il pleut, ça mouille. Ça tombe bien pour la Saint Valentin.
– JB : Victoire de la musique : aucune femme nominée dans la catégorie « artiste masculin de l’année », et ça semble normal. Le sexisme ne concerne pas que la BD apparemment.
– AB : Le chasseur Giscard (90 ans) fait son coming out : « Par éthique, je ne tire pas les animaux femelles. »
– OM : Quand Christiane Taubira a quitté le gouvernement elle a écrit un livre. Gageons que quand Fleur Pellerin va le quitter, elle va en lire un.
– FIA : Le remaniement de Hollande, on dirait les recettes des gens sur Marmiton : « J’avais plus d’oranges, j’ai mis des fraises avec mon canard ».
– RP : la chute des cours du pétrole ralentit l’économie alors que je peux enfin faire le plein de ma Cadillac pour aller chez Auchan. Bizarre…
– OV : Après les départs de ces derniers mois et l’entrée d’Emmanuelle Cosse au gouvernement Europe Écologie a fini d’exister en tant que parti politique. Il n’y a plus que des verts solitaires.
– FIA : Dans la tête de Hollande : Ayrault > camping-car > voyages > étranger > Quai d’Orsay
– NP : Les Victoires de la musique ont 31 ans. Donc c’est normal qu’elle soient sobres, chiantes et te parlent de leurs enfants.

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Delphine de Vigan nous mène en (beau) bateau

Le titre D’après une histoire vraie est le début de l’arnaque — une arnaque consentie et très plaisante — car en nous racontant brillamment sa prise en otage par une amie, c’est nous, la lectrice et le lecteur, qu’elle prend en otage. Car tout semble vrai, elle utilise son nom, sa vie, son compagnon François Busnel, évoque son métier d’écrivain qui est le motif central du livre, quelques écrivains réels, son succès en librairie  Rien ne s’oppose à la nuit qui l’a complètement asséchée et lui vaut d’infâmes lettres anonymes, menaçantes, lui reprochant d’avoir dévoilé les horreurs de sa famille.
Dans une soirée, elle rencontre L., une femme qui lui plaît bien, même âge, même profil, beaucoup de goûts communs. Delphine est dans une phase d’impossibilité d’écrire, tétanisée par l’écran blanc de l’ordinateur. L., qui est nègre pour de grandes personnalités, tente de la ramener à l’écriture, non d’une fiction, mais d’un livre encore plus intime. Peu à peu, cette femme courtoise, ouverte, douce, qui sait s’y prendre avec le blues de l’écrivain, entre dans l’intimité de Delphine. Elle se fait aussi inviter à vivre avec elle quelques temps mais refuse de rencontrer ses grands enfants partis faire leurs études ailleurs, ou François ou d’autres amis. Plus ça va, moins ça va, Delphine est atteinte d’une grave dépression, ne peut plus ouvrir son ordinateur, son courrier, sa porte. C’est L. qui s’occupe de tout, ses mails, ses contacts professionnels (mais aussi personnels), ses courses, elle va même jusqu’à la remplacer pour une rencontre dans un lycée impossible à annuler. L. s’est emparée de tous les outils de Delphine.
Mais l’écrivaine semble parfois se poser des questions. Jusqu’à entraîner une brouille. Mais L. revient le jour où Delphine se casse le pied et ne peut plus rien faire seule. François tourne ses reportages littéraires aux Etats-Unis et ses amies sont en province. Elles décident d’aller dans la maison de campagne de François, seules toutes les deux pour travailler. L. a un livre top secret à écrire et alors, Delphine a une idée. Une bonne idée ?
En tout cas le suspense est mené jusqu’au bout. C’est une écriture classique et efficace, avec suffisamment de détails personnels (ou pas, on ne sait pas) pour qu’on y croie. C’est aussi un livre sur la difficulté d’écrire autre chose quand on a l’impression d’avoir enfin écrit LE livre, dans la douleur et la transgression et qu’on sait qu’on n’a rien de plus fort à dire. Jusqu’au bout, Delphine de Vigan sait nous tenir en haleine, chapeau ! Elle cite volontiers Misery de Stephen King où, là aussi, un écrivain est pris en otage par une déséquilibrée hyper dangereuse.
Ce livre a obtenu le prix Renaudot.

D’après une histoire vraie de Delphine le Vigan aux éditions JCLattès. 2015. 480 pages. 20€.

Texte © dominique cozette

L'attente infinie de Julia W

Julia Wertz est une drôle de petite nana. D’abord oui, elle est petite et elle ne fait pas son âge, ce qui l’emmerde souvent, car on la traite comme une gamine. De plus, elle ne s’est jamais sentie à sa place dans le monde, elle n’aime pas les gens, c’est une sorte de handicapée sociale qui n’est jamais aussi bien que peinarde chez elle à picoler. Seulement il faut gagner sa croûte, il faut se plier à certaines injonctions, il faut parfois faire avec. C’est ce que raconte ce roman graphique, le deuxième paru en France. C’est hilarant, plutôt grinçant, drôle. Singulier.
Julia a d’abord quitté son bled vers Napa Valley pour être dans une grande ville. Le choix se porte alors sur San Francisco, où vit déjà son grand frère avec qui elle est très complice. Mais elle ne va pas habiter chez lui, surtout pas. Elle se trouve une coloc dans une sorte de baraque où sont déjà deux mecs, un commercial pénible et un geek sympa. Elle cherche alors un job et prend le premier qu’elle trouve, dans un resto. C’est toujours dans des restos ou des bars qu’elle va bosser. Julia a besoin de trois choses : la solitude, des tonnes de livres à avaler, de l’alcool. Et puis un jour, badaboum, elle apprend qu’elle a une maladie auto-immune qui peut être très grave : un lupus.

Cette BD raconte les premières années de sa vie « d’adulte » bien qu’elle ne le soit pas vraiment, c’est plutôt une ado attardée qui laisse tout traîner, ne fait aucun effort, aucun projet, se fout de tout. Même de l’amour…
Le dessin est naïf, elle est autodidacte, mais les textes sont cash, saugrenus, drôles.
Bizarrement, le premier tome paru en France est la suite de celui-ci : son départ pour la grosse pomme où elle ne connaît personne. Ça vaut le coup pour voir la vie bohème qu’on y mène quand on ne gagne un cacahuète : Whiskey and New-York.
Elle a d’abord compilé des BD qu’elle a postées sur son  site ici, et qui s’appellent fart party !…Je ne sais pas si on trouve ces parties de prout en France.

L’attente infinie de Julia Wertz aux éditions de l’Agrume 2015, traduit par Aude Pasquier. 2012 pour la VO.  234 pages, 20 €. C’est donné !

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #290

 

C’était la semaine de … l’accent circonflexe.
C’est comme le sable quand on revient de la plage, on en a plein les oreilles et les tartines de nut-nut, on a beau secouer, y en a toujours qui restent collés un peu partout. A part ça, le livre de Sarkozy ferait un tabac sous paquet neutre et ça le met en pétard car personne ne veut débattre avec un truc pareil. Les caucus sont de sortie aux EU, Jacqueline Sauvage et Julian Assange attendent qu’on leur ouvre la porte et Elise Lucet joue à cash-cash avec les grands empoisonneurs du monde. Rien sur Raùl, bon, faut croire que c’était pas si drôle…
– PD : N’empêche, Christiane Taubira écrit un livre en moins de temps qu’il n’en faut à Nadine Morano pour comprendre comment fonctionne un stylo.
– OV : J’attends avec impatience les théories expliquant que le gouvernement a fait condamner Jacqueline Sauvage pour que Hollande puisse la gracier et gagner des points dans les sondages.
– IR : Le scandale c’est d’être obligé d’appeler BIO la nourriture normale et pas MERDE tous le reste ! (CashInvestigation)
– OK : Aux USA, les caucus ont lieu avant l’élection présidentielle. Alors qu’en France, les cocus, c’est plutôt après.
– JMC : Oyez braves amis: Sarkozy a déjà vendu 67.725 de sa bouse. En réalité, il est maintenant obligé de garer sa caisse dans la rue car la totalité des bouquins, payés par la chanteuse, sont entassés dans son garage.
– OM : Top 3 des Super-héros qui font le plus flipper les méchants : 3- Batman 2- Wolverine 1- Élise Lucet
– PM : après avoir vu Cash Investigation, la Bordelaise qui veut un cunnilingus a intérêt à prouver qu’elle se lave le minou au vin bio et pas à la flotte.
– LY : Maintenant qu’on a évité qu’un cargo ne s’échoue sur une plage, faudrait penser à éviter que ce soit le cas de corps de gamins.
– OK : – Tu n’aimes pas l’accent circonflêxe ? – Ouais, grave !
– OVH : Réforme de l’orthographe : les voyelles sont chauves.
– CP : – nénufar – Breton ?
– OM : Quand je vois les réactions d’hier, je n’ose imaginer le déferlement de tristesse si l’accent circonflexe s’était noyé dans la mer Égée.
– PM : Après le refus de Nicolas Hulot, Hollande aurait demandé au Géant Vert …pas sûr qu’il accepte
– OM : – Pourquoi tu pleures, t’as épluché un OGNON ? – Non, je l’ai juste vu écrit…
– EM : On ne peut pas dire que Donald Trump ne respecte pas les traditions, pour la Chandeleur il s’est ramassé comme une crêpe.
– XY : – De toute façon l’accent circonflexe il servait à rien. – T’es sur ? – Ben une chaise, pourquoi ?
– RR : L’accent circonflexe aura été le premier à subir la déchéance de nationalité française.
– JS : « Tabac : Sarkozy dénonce le paquet neutre, ennemi des terroirs français » .Il a trouvé des nouveaux mécènes pour sa campagne ? Je demande
– FT : J’ai entendu sur France inter que le livre de Nicolas Sarkozy se serait déjà vendu à plus de 60 000 exemplaires (c’est peut-être pour ça que le gouvernement a envisagé une réforme de l’orthographe).
– MP : L’Etat veut réformer l’orthographe. Je trouve ça scandaleux !
 Désormais on sera obligé d’écrire « fenêtre » à la place du majestueux « fenestre », on sera obligé d’écrire « trône » à la place de « throne » (mais qu’est ce donc que ce chapeau ridicule ? c’est épouvantable), on écrira « enfants » à la place d' »enfans », « poète » à la place de « poëte », « hôpital » à la place d' »ospital ». […]
– OVH : Après Delpech, Galabru, Bowie, Boulez et autres célèbres disparus — je vois déjà la séquence des César où on ne doit pas applaudir — on déplore la disparition de l’accent circonflexe. Série noire.
– GR : Ma femme m’a fait réchauffer une saucisse lentilles, c’est merveilleux, je ne savais pas que je vivais avec une cuisinière.
– FT : J’apprends que pas un seul politique n’a accepté de débattre avec Nicolas Sarkozy ce soir dans des paroles et des actes. Pour animer l’émission, je propose que l’ancien président fasse une lecture à haute voix de son livre accompagné par Carla Bruni à la guitare.
– NP : Quand tu vois toutes les idées de Sarkozy pour la France tu te dis que c’est vraiment dommage qu’il n’ait jamais été président.
– DS : « Je vais vous le dire les yeux dans les yeux, Monsieur Pujadas, j’ai changé » C’est bon, vous pouvez zapper, pardon pour le spoiler.
– OM : – Nespresso, what else ? – Je sais pas, pour le prix vous pouvez me filer aussi 35kg de jambon cru…
– NP : Il n’y a pas de raison que Carla Bruni ne croit pas qu’elle vit avec un écrivain. Sarkozy croit bien qu’il vit avec une chanteuse.
– OM : « Assange crie « victoire » à la suite des conclusions de l’ONU en sa faveur. » On voit que le mec connaît mal le conflit israélo-palestinien.

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Viol d'homme par Edouard Louis

Vous savez, Edouard Louis c’est cet auteur qui avait fait un tabac avec Eddie Bellegueule, le récit de son enfance pauvre et douloureuse dans le nord de la France, mais que je n’avais pas lu. Je n’avais pas plus envie de lire Histoire de la violence où l’auteur raconte sa nuit de noël à Paris où, ayant fait monter  un inconnu dans son studio, avait passé la nuit avec lui, puis s’était retrouvé victime de violences, viol et tentatives de meurtre. Je craignais que ce soit très cru, très hard, comme les bouquins de Dustan par exemple et ça ne me disait rien.
Comme il n’y avait pas grand chose sur le présentoir de la médiathèque, j’ai fini par le prendre et le lire. Et là, surprise ! Ce livre m’a carrément accrochée. Pas de détails scabreux sur des pratiques intimes, mais la dissection très fine des sentiments que ressent l’auteur (apparemment tout est vrai et même le nom — connu — de ses amis ).
A partir de la rencontre à la République avec Reda, tout y est passé au laser de ses émotions, les réticences à le recevoir chez lui, le désir qui s’éveille, la pudeur des épisodes sexuels, puis le soupçon de vol de son téléphone et le début de la peur, la naissance de la violence, les agressions, la douleur, la honte, la réaction de soumission, puis la fuite. Le réconfort de ses amis, la compréhension des policiers, la crainte d’avoir été contaminé, la honte encore au moment des soins.
Pour parler de ça, Edouard Louis nous donne deux récits : le sien, de longues phrases analytiques, et celui de sa sœur, par la voix de sa sœur à qui il a tout raconté et qui le relate à son mari, sans savoir qu’Edouard entend tout, derrière la porte. Sa sœur, l’aînée de la fratrie, restée pauvre et provinciale, dont le langage basique et populaire manque terriblement de recul et de conceptualisation. Cette sœur, bien qu’elle aime son petit frère suffisamment pour qu’il se confie à elle, est la voix du peuple, elle n’a pas eu la chance ou le courage de partir, d’étudier, d’évoluer, de diversifier les nuances de sa pensée. Son récit est comme une autre violence qui renforce celle qu’il porte en lui, dont on sent qu’il aura du mal à se remettre.
Tout le talent d’Edouard Louis est dans la nuance, dans la précision, dans la recherche de l’exactitude. Parfois, je me disais OK, il s’est fait violer par celui avec qui il a baisé, il a eu très peur que l’autre le tue, ce ne sont que des faits divers comme il en arrive tellement souvent aux femmes, c’est très grave, bien sûr, mais comment peut-il faire tout un livre dessus ? Un récit aussi bouleversant ? Comment peut-il nous intéresser durant 230 pages sur un événement aussi court ?
Il y arrive très bien, c’est tout le talent de l’écrivain. L’écriture est puissante même si on peut  lui reprocher les faiblesses caricaturales du langage populaire, ça tient. On est pris par ce qui se passe dans le cerveau du narrateur, ses réactions, ses réflexions. Du grand art !

Histoire de la violence par Edouard Louis au Seuil. 230 pages. 18 €

Texte © dominique cozette

Oh mon dieu, j'ai des couilles !

Après avoir effectué un acte assez courageux, pas très courageux genre avoir dissuadé un homme de violer une femme enceinte dans le RER B en lui enfonçant mon parapluie dans une de ses narines ou avoir réussi à déloger d’une mairie de Levallois un couple de forcenés cumulards installés là depuis une trentaine d’années, pas jusque là mais un truc que quand même, faut le faire, c’est pas tout le monde qui en a pour faire ce que j’ai fait. Mais le sujet n’est pas là. Le sujet c’est qu’après cet acte, j’ai entendu des gens, des hommes et même des femmes, me dire que : ah la la ! Si tout le monde en avait comme vous !
– Avait quoi, comme moi ?
– Ben, vous savez…
– heu… non !
– du courage, vous voyez, enfin…
– des couilles, madame ! Si tout le monde avait des couilles ! Parce que vous, c’est clair, VOUS avez des couilles ! Bravo, madame ! Permettez qu’entre couillards, on se serre la main !
Et me voilà sans voix, à me faire secouer la main par celle d’un porteur de testicules qui ne se l’était peut-être même pas lavée après avoir manipulé le machin qui va avec, le pénis.
Et c’est comme ça que je suis devenue la femme à couilles dans l’enceinte de mon super marché parce que j’avais empêché une mémère à moustache et forte voix de passer devant tout le monde dans la queue. Quelle gloire !
Le pire, c’est qu’en rentrant chez moi, j’ai vérifié mon anatomie : hé bien croyez-le ou pas, j’avais effectivement deux utricules  en peau de zébi flétrie avec quelques poils dessus, qui avaient sailli au bas de mon mont de vénus. Ouch… c’était pas jojo à voir, je vous le dis tout net ! Ça nuisait fortement à mon image de marque féministe. Et puis même, c’était d’un laid ! Je me suis demandé comment les hommes peuvent être si fiers de deux petits organes aussi vilains, tellement vilains qu’ils n’ont jamais servi d’emblèmes, que je sache, à une quelconque cérémonie virile axée sur la bravitude. Genre le truc qui orne des portails d’administrations guerrières, fleurit sur des banderoles brandies lors de manifs velues ou sur les plastrons des plastronneurs testostéronés. Sorte de balls pride.
En étudiant la question, j’ai noté que beaucoup d’autres femmes avaient des couilles. Des femmes qui avaient fait montre d’une attitude ferme en exécutant un acte exemplaire et peu courant. Exemple : une garde des sceaux démissionnaire d’un gouvernement dit mou. Attention  cependant : une femme exécutant un acte exemplaire et peu courant qui élèverait une voix haut perchée se requalifierait instantanément non pas en personne couillue mais en en hystérique. Gaffe, la membrane est fine.
Voilà. Depuis, j’ai dû faire preuve de diverses lâchetés afin que ces testiculaires extensions se séparent de mon bas-ventre sans faire trop de vagues.
In fine, j’ai lancé une pétition pour que les scientifiques énoncent clairement sur tous les tons et tous les réseaux sociaux que non, définitivement, le courage n’est pas dans les couilles, mais dans le cerveau. Il est vrai que ceux qui n’ont que deux neurones ne peuvent pas comprendre.
Quant à nous les femmes, laissons notre minou vierge de tout pendentif, et cessons de manier la pensée unique et mâle qui, parfois, fait construire des caisses en bois dans les musée pour ne pas choquer certains …mal burnés à qui personne n’a osé dire qu’une femme n’en a pas, que ça ne l’empêche pas d’être courageuse.
Mais qu’eux sont parfois très très cons. Cons comme des bites, tiens, allez hop !

Texte et dessin © dominique cozette

Les photos insoutenables

Quand j’étais petite ou jeune, ou les deux, ont commencé à paraître, dans Paris-Match que mon père rapportait à la maison, d’insoutenables photos de petits enfants d’Afrique maigres avec un gros ventre. Des yeux immenses parfois bordés de quelques mouches. Des restes de bave ou de terre séchée aux commissures des lèvres. Et des femmes, tout aussi maigres, essayant d’allaiter de leurs seins secs, des petits corps déjà partis sur l’autre rive.
C’était extrêmement choquant. Nous étions fascinés par ces images tellement elles étaient incroyables.
Nous ne savions pas pourquoi les enfants qui meurent de faim ont un gros ventre. Nous ne comprenions pas pourquoi le photographe ne leur avait pas apporté quelque chose à manger. Nous avions peine à imaginer comment un pays nanti comme la France n’envoyait pas plus de vivres à tous ces pauvres êtres. Oui, bien sûr, on en envoyait. Est-ce qu’ils arrivaient, est-ce qu’ils étaient distribués, est-ce que des vies étaient sauvées ?
Et alors est née une antienne lorsque nous faisions les difficiles, à table. C’était : tu vas me faire le plaisir de finir ton assiette ! Tu as vu tous ces petits enfants qui meurent de faim ? Tu ne crois pas qu’ils aimeraient manger ça ?  On voulait nous faire honte. Comme si le fait de ne pas finir nos épinards ou notre côte de porc avait un quelconque rapport avec le gros ventre de ces pauvres victimes d’un monde déjà bien déréglé. En même temps, je me demandais comment on pouvait envoyer des restes de haricot de mouton ou de blanquette à des petits Africains.
Aujourd’hui où on gaspille autant qu’on achète, ça c’est une vraie honte, d’autres photos insoutenables paraissent aux infos, sur les réseaux sociaux. Dont une, icônique, celle du petit Eylan mort noyé sur une plage avec d’autres réfugiés syriens. Cette photo insoutenable dont on peut se demander pourquoi on en est arrivés là, à laisser chavirer de pauvres embarcations, à laisser se noyer des victimes de guerre qui n’ont plus de maison pour y vivre. Dont la ville est devenue un tas de pierres et de pans de murs parfois traversés par un tir de combattant.
Il y a eu le petit Eylan, il y en a eu tant et plus, et ça continue, c’est l’hiver, la mer est mauvaise et l’eau est froide, mais les réfugiés continuent à risquer leur vie pour ne pas se faire tuer dans leur pays devenu invivable. Et les petits Eylan continuent à accoster, sans vie, sans souffle, sans passé, sans rien.
Oui, c’est insoutenable. Ai Weiwei, artiste chinois a pris la même pose dans son rôle d’artiste engagé —  je ne sais quoi en penser — toujours est-il que  les photos insoutenables, quelles qu’elles soient, deviennent très vite de simples images ordinaires charriées par l’actu insensible et l’inexorable flots des misères du monde.
Quant aux petits enfants à gros ventre et aux mouches autour des yeux, ils n’ont pas disparu. Ils se sont juste banalisés.

Texte et peinture © dominique cozette

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