Deux autres Aki Shimakazi super

Dans ce roman Fuki-no-tô de Aki Shimazaki, on retrouve le couple formé par Atsuko et Mitsui qu’on a connus dans Azami. Cette fois, ils sont installés à la campagne pour une vie harmonieuse. Ils ont de nouveau une activité intime, lui a rompu avec sa maîtresse et a suivi sa femme, amoureuse des plantes et de la campagne, dont l’entreprise potagère commence à bien marcher. Avec ce développement, elle a besoin de quelqu’un pour l’assister, à qui faire confiance. Son mari lui conseille alors une femme qui a fait sa demande par téléphone.
Il se trouve que cette femme est une ancienne et très chère amie de classe d’Atsuko, elles s’étaient perdues de vue depuis le mariage de celle-ci. C’est une très belle femme, très féminine, et la mère d’Atsuko demande à sa fille de se méfier de cette femme sur laquelle convergent tous les regards masculins quand ils sont en public. Mais ce n’est peut-être pas là que le bât blesse…

Fuki-no-tô de Aki Shimazaki, 2018, chez Babel. 132 pages, 7,30 €

Cet opus, Suisen, de la série l’Ombre du Chardon, m’a moins intéressée que les autres. Ici, l’autrice nous parle d’un riche possesseur d’un commerce d’alcool qu’on a entrevu aussi dans Azami. C’est lui qui a entraîné Mitsuo dans les bars sexuels où il a revu cette amie de classe qui allait devenir sa maîtresse. Cet homme parvenu se partage entre sa femme (peu), ses enfants (peu) et ses maîtresses dont une actrice en vogue qui l’envoie paître au début du roman, et une autre très gentille qui se fout de l’argent sans compter les dîners qu’il fait dans le cadre de son entreprise, où il se goberge abondamment alors que c’est sa belle-mère qui fait marcher l’affaire, lui n’est qu’un profiteur feignasse. Il pense que sa vie est passionnante et réussie et lorsque belle-mère le convoque à une réunion importante, il imagine qu’elle va enfin lui céder ses actions et qu’il sera le seul décisionnaire de la boîte. Mais mais mais…

NB : le premier que j’ai lu, Hozuki, est celui que je préfère mais je l’ai lu il y a quelques temps et n’ai pas écrit d’article.

Suisen de Aki Shimazaki, 2017, chez Babel. 128 pages, 7,30 €

Texte © dominique cozette

Deux Aki Shimazaki extras

Aki Shimazaki est une écrivaine née au Japon et qui vit à Montréal depuis 1991. Elle écrit en français mais dans le plus pur style japonais, concis, lumineux, poétique et très factuel. Son originalité est qu’elle crée des cycles romanesques dans chacun desquels elle plusieurs romans.
Ici, je vous parle du cycle L’Ombre du Chardon. J’avais lu un premier roman intitulé Hozuki. En lisant Maïmaï, je crois que je relis le même livre car j’y reconnais Tarô, le héros devenu jeune homme qui était un enfant sourd-muet, ainsi que certaines autres personnes. Mais c’est bien un nouveau roman qui raconte, cette fois, une suite mais sous un autre prisme, un autre point de vue, un autre moment, avec quelques autres intervenants.
Tarô apprend la mort de sa mère et découvre surtout bien des secrets sur sa vie qu’elle ne voulait pas faire connaître. Sa grand-mère, mère de la mère, lui propose d’habiter avec elle, ce qui lui plaît beaucoup car ils ont une grande affection l’un pour l’autre. Ils liquident la librairie de livres rares et recherchés que tenait la mère, très réputée par les hommes de culture, pour permettre à Tarô d’y faire son atelier de peinture-galerie. On reparle de ses origines : un père espagnol disparu dans un accident, ce qui explique qu’il est métis, guère apprécié dans la petite bourgeoisie. Il fréquente une jeune femme qui aimerait l’épouser mais il n’est pas très chaud pour vivre avec elle. De plus, elle ne parle pas le langage des signes.
Et voici, surprise !, la petite fille avec qui il jouait et dessinait quand il était gosse. Ils s’entendaient tellement …Hélas, ils avaient été séparés car le père de la fillette, ambassadeur, avait été nommé en Europe. Elle l’a retrouvé malgré toutes ces années et des ondes très fortes se développent tout de suite entre eux deux. Elle vient dormir avec lui, elle est vierge, ils se fiancent et elle décide de le présenter à ses parents. Le père apprécie l’esprit du garçon mais la mère va tout faire pour empêcher ce mariage, ce qui étonnant vu qu’elle adorait ce petit garçon.
Ce livre est le dernier du cycle mais tous peuvent se lire indépendamment.

Maïmaï par Aki Shimazaki, 2019, chez Actes Sud puis Babel. 160 pages, 7,30 €

Azami est le premier roman du cycle. Mitsuo est rédacteur culturel, marié par mariage arrangé, deux enfants. Il s’entend très bien avec sa femme mais depuis la naissance des enfants, ils sont devenus sexless. Ça ne le dérange pas tant que ça, il va faire exulter son corps dans des pink-salons. Un soir, il est accosté par un copain d’école qui s’est enrichi dans une grosse boîte qui produit de l’alcool. Cet homme a l’habitude de passer ses soirées au bar X, un endroit pour hommes où les belles entraîneuses sont hors de prix. Mitsuo est éberlué lorsqu’il voit la superbe Mitsuki, maquillée comme un passeport volé exercer son talent auprès de messieurs importants. Elle fut, sans le savoir, son grand amour d’adolescence. Elle est aussi barmaid ordinaire, nature, dans un petit établissement où il fait mine de la retrouver par hasard. Une relation ne noue entre eux, clandestinement. Il est de plus en plus amoureux d’elle. De son côté, sa femme s’est installée à la campagne où ils ont une maison et a monté une petite entreprise de plantes qu’elle cultive elle-même et qui commence à marcher.
Mais un grain de sable grippe la machine d’amour de Mitsuo. Il se voit contraint de quitter Mitsuko et son travail. On apprend alors que Mitsuko est la maman d’un petit garçon métis sourd-muet, qu’elle était d’une rare culture, collectionneuse de livres scientifiques et rares.

Azami par Aki Shimazaki, 2015 chez Actes Sud puis Babel. 120 pages, 7,30 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #657

Ça y est, le problème paysan d’affamer les Parigots est réglé : on va bouffer du glyphosate à gogo dans les prochaines années. Ça un petit goût de noisette paraît-il, mais qui n’a pas un petit goût de noisette ?, ça file vaguement le cancer mais on aura tous un cancer un jour ou un autre, on n’a qu’à pas vieillir, qu’ils disent. Soit tumeur jeune et en bonne santé, soit tumeur vieux et tu fais bosser le personnel hospitalier sous-payé. Et n’oublie pas, avant tout ça, de t’armer pour faire des lardons : ils en auront besoin pour plus tard, on appelle ça de la chair à canon. Mais ça c’est rien, le plus important, c’est le sort de la poésie, cette pauvre fille fragile sous la tutelle de l’horrible Sylvain Tesson…Encore plus père-turban que ce qui se passe à l’est de notre beau pays, tandis qu’à l’ouest, rien de nouveau sauf l’envie de tchin-tchiner pour oublier tout ça. A la vôtre, dearest friends !

  • RR : Note à moi-même : Ne JAMAIS parler des manifestants ni des travaux ni de la mairie de Paris à la coiffeuse quand elle est en train de vous couper la frange.
  • RS : J’ai un copain dans les forces de l’ordre qui m’a expliqué qu’à priori ils ont placé 6 blindés autour de Rungis et 52 blindés autour de la cantine du Sénat.
  • RR : Au céréalier qui veut affamer les Parisiens : Mec… Les Parisiens ont vécu des confinements dans 30m2, croisent des rats tous les jours, affrontent la ligne 13 et tu voudrais leur faire peur ?
  • NP : Petit message aux agriculteurs qui veulent venir bloquer Paris avec leurs tracteurs : réfléchissez bien les gars. Vous ne savez pas ce que les automobilistes parisiens sont capables de faire pour gagner deux secondes sur la route. Vous êtes pas prêts.
  • RR : Coucou les Parisiens ! On doit s’habiller comment pour le siège de Paris ?
  • CEMT : Gabriel Attal : « Bien sûr que je m’y connais en agriculture, tout petit déjà je faisais des sillons dans ma purée. »
  • IB : Assumer de vieillir, c’est ne pas avoir honte d’avouer en public qu’on a un compte facebook
  • OM : Je respecterai les haltérophiles le jour où ils réaliseront des épaulés-jetés avec le cartable de ma fille qui est en 6ème.
  • TA : Pour le « réarmement démographique », l’Élysée envisage un bilan de fertilité remboursé à 25 ans . Selon mes calculs, la prochaine étape, c’est qu’ils viennent nous regarder baiser pour nous mettre une note technique.
  • FT : Demain on apprend qu’Amélie Oudéa-Castéra paie trois nains pour faire semblant d’être ses enfants afin de toucher les allocs.
  • MBC : Gérard Larcher : « Il y a une ligne rouge à ne pas franchir, à savoir la fermeture des restaurants parisiens. »
  • RP : A partir d’aujourd’hui la France a consommé l’intégralité de ses ressources en encre pour publier des tribunes sur Sylvain Tesson et le Printemps des poètes.
  • CEMT : C’est quand même terrible ces agriculteurs qui veulent bloquer Paris alors que normalement c’est le boulot des Parisiens.
  • OK : Hier, à Narbonne, un camion transportant de la marchandise étrangère a été vidé, retourné et incendié par des agriculteurs. Les racailles de banlieue remercient ces agriculteurs pour toutes ces leçons.
  • OM : Les agriculteurs qui veulent « bloquer » Paris demain matin, vous êtes au courant que Paris est déjà bloqué tous les matins ?
  • PA : Je viens de bousculer une nana dans un couloir et tous ses papiers se sont renversés. On s’est baissés pour les ramasser ensemble et au lieu de tomber immédiatement amoureuse de moi, la nana m’engueule ! Le cinéma vous ment, sachez-le !
  • GD : « Et maintenant, les enfants, écoutez la formidable histoire de cet homme que les grands médias présentèrent en boucle comme le politicien préféré des Français et qui devint, comme par magie, un beau matin dans les sondages, le politicien préféré des Français. »
  • JD : Donc on résume : Nestlé a empoisonné : — du lait maternel — des pizzas — des nouilles en Inde — l’eau minérale. Voilà voilà.
  • IB : Gerald Darmanin : comment aurions nous pu prévoir que, dans leur volonté de rejoindre Paris, les agriculteurs en tracteurs couperaient à travers champs ?
  • PA : Il y a fort longtemps circulait une rumeur dans les maisons de retraite. Un être mi-homme, mi-animal, passait la nuit et volait les dentiers. Ainsi est née la légende de la bête du jaivosdents.
  • SG : Macron, élève du PRIVÉ, marié à une professeure du PRIVÉ, a confié l’Education à : —Blanquer, élève du PRIVÉ à Stanislas — Ndiaye, enfants dans le PRIVÉ à l’Alsacienne — Attal, élève du PRIVÉ à l’Alsacienne — Oudéa-Castera, enfants dans le PRIVÉ à Stanislas. Vive l’école publique !
  • NP : Sur CNews, à chaque fois qu’ils interviewent un agriculteur lambda, ils tombent sur un militant d’extrême-droite. C’est quand même pas de bol.
  • ALD : Macron n’est pas ni droite, ni gauche, il est réversible.
  • MBC : Remaniement ministériel : Un bidon de glyphosate est nommé ministre de l’agriculture et de la transition écologique.
  • NMB : Et pour chaque agriculteur qui retourne dans son exploitation, nous offrons un fût de 200 litres de glyphosate et un abonnement d’un an à Monsanto Magazine.
  • AP : Les agriculteurs : « on crève sous les normes, on veut être payés pour notre travail » Le gouvernement : « tiens, voilà un baril de pesticides. » La FNSEA : « la colère a été entendue, rangez vos tracteurs. »
  • GD : Où l’on découvre que la chanson antifasciste « Bella ciao » est devenue la musique d’une pub d’alarme pour maison..
  • EFI : Leclerc rappelle dans toute la France des pesticides contenant trop de légumes.
  • MN : Belle victoire de la FNSEA. Tu as maintenant le choix entre acheter cher un produit bourré de pesticides français ou acheter moins cher un produit bourré de pesticides étranger. À toi de voir
  • OVH : J’apprends que Michel Jazy a été hospitalisé et qu’il est mort dans la foulée.
  • JF : Gérard Miller aurait dû faire gaffe aux afreudisiaques…
  • DC : N’oublie pas de déclarer à la Sacem ce que tu chantes sous ta douche et aux wawas.

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Alain Pacadis Face B ça défonce !

Alain Pacadis Face b est un roman, pas une bio, écrit par Charles Salles qui en connaît un bout sur Alain Pacadis, ce chroniqueur punk de Libé devenu iconique tendance gonzo, au penchant plus que net pour toutes les addictions, drogues, sexe, alcool, clubs, nuit, déglingues diverses…
L’auteur s’attarde avec gourmandise sur la façon de vivre du mec, souvent de survivre, après le suicide de sa mère qui ne supportait pas qu’il trace à Katmandou, donc il le fera et ça ouvrira grave les pores de sa peau à tous les plaisirs (et douleurs) qu’apporte la défonce. On va suivre, non sans quelques hauts le cœur dûs à une large pratique du vomissement consécutif à ses ivresses récurrentes et trips insalubres, son parcours cahotique de mec moche amoureux des trans et autres travelos, qui tente tout et réussit à s’introduire dans les folles nuits parisiennes des années Palace, années de liberté totale où tout était non seulement permis, mais encouragé.
Trash et passionnant, du moins pour les nostalgiques de l’époque qui adorèrent les excès portés au pinacle, le glam, le sulfureux, l’outrancier, le pailleté, ça se dévore comme un mauvais plat savamment cuisiné par un chef habile en revenez-y. Car l’écriture de Charles Salles y est pour quelque chose. C’est brillant. Mêm si l’on se doute qu’il invente les détails car il ne vit pas dans le fute en cuir sale du héros qui n’a que faire de se laver, qui pue donc, qui s’oublie un peu partout et comble du comble, qui découvre un matin l’appartement où il a toujours vécu ravagé par un incendie. Et bien sûr, il n’était pas assuré. Il a tout perdu. Alors il ira de squatt en squatt, beaucoup de people à la dérive accueilleront cette épave tanguant au bout des nuit parce qu’on l’aime et qu’on ne le laisse pas par terre.
Pour en revenir au style, il faut lire comment il décrit la façon de chanter de Nico, son idole absolue, lors d’un concert mythique avec Jim Morrison. Enormément de name dropping aussi dans ce livre, on s’y croirait. Ne manque que le mien, ah ah ah ! Quelques mésaventures assez hard comme cette sale overdose accompagnée d’un suicide loupé. Et puis aussi la recherche de quelques ascendants juifs ou presque, émigrés ayant fait leur trou un peu partout dans le monde.
Certes il aura aussi des histoires d’amour, la plus violente étant la dernière où il demande à son amant d’être son bourreau, de l’étrangler. Ce que l’amant fait. Exit définitivement une icône, un héros, assassiné jeune avec amour entre adultes consentants. Drôle d’histoire.

Alain Pacadis Face b de Charles Salles, 2023 aux éditions de la Table Ronde. Prix du premier roman. 270 pages, 22 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #656

Le monsieur qui a couché avec sa prof sans lui faire d’enfants parce qu’elle en avait déjà des tout faits s’aperçoit que flûte, y aura pas assez de chair à missile plus tard alors il nous enjoint de mettre au plus vite papa dans maman, et s’il vous plaît, dans le bon orifice et sans capote, de lâcher les chiens à flagelle et qu’ça saute, c’est le cas de le dire ! Faudrait p’têt’ voir à arrêter de fermer les maternités, mon bon monsieur, à faire des crèches, à fournir des profs, des médecins, du boulot, des salaires et quelques améliorations dans la vie des gens qui ne sont pas vos amis milliardaires. Non ? Et mettre des ministres un peu plus empathiques, ou représentatifs du peuple, ou qui s’y connaissent en conditions de vie ordinaire… Heureusement, les repris de justice s’y mettent avec entrain et sans vergogne. Vive les bébés et tchin dear friends à cette mauvaise bonne idée.

  • LF : Natalité en France : vite, un numér’ovaire !
  • BJ : Macron a réussi à motiver toutes les meufs qui veulent pas d’enfants à se faire stériliser définitivement plus vite que prévu.
  • OM : En tous les cas, ce qu’il y a de sûr, c’est que le réarmement démographique d’Emmanuel Macron porte à droite…
  • OVH : La natalité baisse en France, heureusement Nordhal Lelandais s’est dévoué pour la cause.
  • FT : « Faites des gosses, les pondeuses », ordonne le maquereau en chef. Il n’y aura pas de maternités pour les mettre au monde, pas d’école pour les éduquer, pas d’hôpitaux pour les soigner, mais Foutriquet veut sa piétaille pour les guerres qu’il mène en rêve, alors pondez.
  • SA : « Nordhal Lelandais est devenu papa en prison. » La jeune maman a du trouver qu’il avait une qualité essentielle pour un père : une situation stable pour au moins 25 ans.
  • RR : Il fait un froid à congeler ses ovocytes.
  • HD : Nos parents faisaient comment sans Facebook ?…J’ai posé la question à mes douze frères et sœurs. Ils n’en ont aucune idée !
  • EF : Rachida Dati a fait le choix d’entrer au gouvernement. Elle ne fait désormais plus partie des Républicains. Ciotti est heureux, c’est la première fois qu’il peut expulser une arabe.
  • TV : « Je crois en l’école publique »: Oudéa-Castera. … « mais pas au point d’y mettre mes gosses, faut pas déconner non plus hein! »
  • MBC : Télévision : Rendez-vous en terre inconnue avec Amélie Oudéa-Castéra dans une école publique jeudi prochain sur France 2.
  • DM Un ministre de l’Économie qui ne sait pas à quoi correspond un hectare. Un ministre des Affaires étrangères qui ne sait pas parler français. Une ministre de l’Éducation nationale qui ne sait pas ce qu’est l’école publique. Macron tient ses promesses : fiers d’être amateurs.
  • BVA : J’aurais au moins appris que l’école Alsacienne n’est pas en Alsace et que Stanislas n’est pas à Nancy. C’est fou comme on nous ment.
  • MBA : Amélie Oudéa-Castéra : « Je tiens à féliciter les professeurs du public qui, malgré leur fainéantise légendaire, arrivent à inculquer quelques notions aux enfants de pauvres. »
  • CC : « Que les enseignants se rassurent, la ministre de l’éducation aime l’école, son souhait est de faire de toutes les écoles de France des écoles Stanislas. Reste à savoir si les Français auront les moyens d’y inscrire leurs enfants. »
  • HD : Chaque fois que je remplis un formulaire je tape mon nom…arrivé à DE ça me met Delon ou Depardieu… il faudrait que tout ce cinéma s’arrête
  • SG : L »entourage d’Amélie Oudéa-Castéra explique maintenant qu’elle « n’a pas menti » mais « s’appuie (…) sur le souvenir et le ressenti que cette période lui a laissés ». Mince alors, c’est le souvenir qui s’est trompé ! À l’insu de son plein gré ?
  • CF : « Je veux appuyer sur l’accélérateur » dit Attal alors que sa ministre de l’éducation est elle, en plein rétropédalage. C’est un bordel sans nom dans ce gouvernement.
  • GD : Réussir à se faire huer dans une école du 6e arrondissement, j’avoue, la barre est assez haut placée.
  • DE : Y’a une passante ce soir qui m’a dit que l’argent que je venais de donner à un SDF, il allait le dépenser en alcool. (Mais de quoi je me mêle..?!!) Je lui ai répondu que de toute façon, c’est aussi comme ça que je l’aurais utilisé. Elle a bien fermé sa gueule !!!.
  • MBC : Stéphane Séjourné : « Si j’aurais su, j’aurais pas devenu ministre. »
  • RR : Je n’ai jamais tant bu de champagne que depuis le Dry January. Vivement le No Sexe February.
  • BG : Je suis contre la démission de ma ministre des JO. Si elle est aussi bonne en organisation du désastre olympique qu’en défense de l’éducation publique, on va bien se marrer. Manu garde la, c’est une perle.
  • OM : Après perso je comprends Amélie Oudéa-Castéra, moi aussi si mon fils de 2 ans et demi avait raté un jour d’atelier gouache à cause de l’absentéisme, j’aurais opté direct pour le privé.
  • MK : Malgré tous mes efforts, la natalité a encore baissé l’an passé. Je vais me reprendre
  • GL : Retenez bien cette expression : « un continuum de responsabilités aux synergies nombreuses. » c’est ainsi que la ministre de l’éducation définit son action.
  • MH : Chez la majorité des personnes, c’est souvent le pessimisme qui prend le déçu….
  • FR (François Ruffin) : Blanchi par la justice, Olivier Dussopt est contraint de quitter le gouvernement qui n’accepte que les mis en examen.
  • YJ : Notre stagiaire de troisième ne sait pas qui est Alain Delon. Ca remue un peu quand même. Tous voués à devenir des dinosaures.
  • GL : « Réarmement démographique » fallait le trouver. C’est ce qu’on appelle « tirer un coup », non ?
  • MK : Pour le réarmement démographique, veuillez patienter, je suis à court de munitions
  • OM : Le roi Charles III sera hospitalisé la semaine prochaine pour un problème de prostate. God save the King. (Mais en lui mettant un doigt dans le cul quand même).
  • RS : J’ai entendu ce matin à la radio que c’était vraiment la galère sur Paris a cause de la neige, qu’il y avait des centaines de kilomètres de bouchon, des métros saturés et des gens furieux. Du coup j’ai pas trop compris ce qui avait changé par rapport à un jour normal.

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

L’effet maternel : une sale affaire ?

Lu après « Une Sale affaire » de Virginie Linhart, L’Effet maternel est le récit que sa mère et son ex, père de sa fille, voulaient censurer et pour cela, avaient traduit l’écrivaine en justice. Ils perdirent le procès et ainsi, je pus lire l’objet du délit.

Si ce livre décrit le mal-être d’une personne soumise toute son enfance aux ravages de la liberté sexuelle de sa mère dans les années 70, il amoindrit ce que la sale affaire raconte. D’une part, que le « compagnon » de Virginie n’en était pas vraiment un puisqu’ils ne vivaient pas ensemble, car lui se démenait pour se séparer d’une compagne et de l’enfant qu’il lui avait faite, et que cela ne faisait que sept mois qu’ils étaient ensemble, alors que dans le dernier livre, j’ai eu l’impression qu’ils étaient réellement installés ensemble depuis longtemps. D’autre part, que ce fameux compagnon, appelé E, était d’abord un ami de la mère et c’est elle qui l’avait présenté à sa fille. Là aussi, j’ai eu l’impression d’une horrible trahison de la mère, à conserver ce « traite » comme ami avant de se rallier à lui pour porter plainte, comme si elle avait sciemment entretenu des relations avec ce pseudo-gendre qui s’était mal comporté. Mais non. Cela n’enlève rien de l’énorme intérêt à lire les démêlés de La Sale affaire.

Pour en revenir à l’Effet maternel qui a donc échappé à raison à la censure, on constate qu’à l’instar de ce qui se passait dans La Familia Grande de Camille Kouchner, voire aussi les allégations de Cohn Bendit et de ses comportements avec les petites filles, la vie de ces années-là était un marigot de coucheries qui n’épargnait, sinon le corps, du moins la pudeur des enfants. C’était ma génération, mais moi je ne vois dans ces débauches que des loisirs de gens riches, médiatiques, puissants car dans mon entourage ou plus largement dans mon milieu, je n’ai pas noté de tels comportements.

Donc la mère, séparée de son cher père tombé malade mais loin d’être mort, décide que rien, même ses deux enfants, ne l’empêchera de faire tout ce que bon lui semble. Sans contrainte. Pur produit des slogans de mai 68, elle est de plus diplômée, intelligente, belle, drôle donc tous les hommes, quel que soit leur âge, sont à ses pieds. Dans les immenses maisons qu’elle loue l’été sur la Côte, c’est la fiesta tous les jours, toutes les nuits. Le trio indestructible que forment la mère, elle et le petit frère, résiste à toutes les tempêtes malgré le malaise.

Virginie raconte ses terreurs nocturnes, quand sa mère les laissait seuls, puis le grand amour qu’elle vécut adolescente avec un garçon de son collège, jusqu’à ce qu’elle fût obligée d’avorter puis qu’il la quitte, chagrin absolu. Puis la relation avec ce fameux E. dont elle attendit, accidentellement un bébé. Lui n’en voulait absolument pas, d’autant plus qu’il s’agissait de jumeaux et qu’il avait peine à s’intéresser à son premier enfant. L’un des jumeaux mourut à six mois de grossesse, et E. reconnut la fillette mais ne voulut jamais la voir. Ce livre commence par une parole de la mère à qui Virginie se plaint de l’attitude de E. « Tu n’avais qu’à avorter : il n’en voulait pas de cette gosse ! ». La fillette, donc la petite-fille en question avait dix-sept ans quand ces paroles furent prononcées. Quelle violence ! Il y en eut d’autres, jusqu’à ce procès. Notamment quand sa mère eut l’envie à quarante ans d’avoir un bébé, pour faire jeune ? La science ne l’aidant pas à réussir à procréer, elle alla chercher un enfant dans un pays étranger. Et à partir de ce moment-là, Virginie ne comptait plus du tout, comme si elle avait compté, d’ailleurs. Seil le bébé avait droit de cité.

Pour pallier la dépression qui l’accompagna régulièrement pendant sa jeunesse, Virginie s’enferma dans la réussite scolaire. Puis dans sa vie professionnelle. Elle rencontra alors Paul, un homme formidable qui l’aidera à se (re)construire. Il s’occupera de la petite, ça sera son père, puis ils auront deux autres enfants.

Ce livre dépeint de façon exemplaire certaines mères égoïstes, maladivement jalouses de leurs filles qui risquent de leur voler la vedette en matière de séduction. Alors, la jeune Virginie fait tout ce qu’elle peut pour se gommer face aux amants de sa mère, elle n’existe plus. Et pourtant, elle aime sa mère d’un amour profond ce qui rend sa souffrance d’autant plus douloureuse.

L’Effet maternel de Virginie Linhart, 2020 aux éditions Flammarion. Et en poche aux Points. 192 pages, 6,90 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #655

Pour faire oublier les tristes affaires Depardieu (nous on n’a pas oublié la pathétique tragédie de Brigitte Macron qui ne parvenait pas à l’orgasme dans Les Valseuses) ou Delon (on a encore en mémoire Elisabeth Borne qui roulait de scabreuses pelles humides dans La Piscine), le président n’a rien trouvé de mieux que de remanier son super gouvernement qui pourtant avait passé crème son contrôle technique. Il a donc nommé un enfant à la tête de l’exécutif avec une grosse boite de poupées en lui disant « amuse-toi avec ça, mon Gabrinou » et ce petit premier de la maternelles a sorti une Dati mise en exam pour s’occuper de la culture de perles du langage et une pasionaria de l’école privée pour s’occuper de l’école publique. Et il a dit à papa Macron : on va bien igoler (il ne prononce par encore les r). Bon, igolons donc en tchitchinant gentiment, dearest friends.

  • NMB : Enfin débarrassée de Rachida Dati au Conseil de Paris, Anne Hidalgo vient de plonger nue dans la Seine en hurlant « Vive les Jeux Olympiques »
  • GD : Une pensée pour la famille Delon, désormais coincée entre la neige et l’arrivée du nouveau Playmobil de Matignon.
  • CEMT : Emmanuel Macron : « Pardon pour le retard hein, j’attendais que Gabriel Attal finisse ses devoirs et range sa chambre pour le nommer. »
  • NMB : – J’ai donc décidé de nommer Gabriel Attal comme nouveau Ministre du 49.3, merci et bonne journée.
  • LG : Brigitte Macron assurera la Régence le temps que Gabriel Attal soit en âge de gouverner
  • DS : Macron-Attal, c’est le plus jeune duo de vieux cons de droite au pouvoir de toute la 5ème République.
  • NMB : Il suffit de voir l’âge du nouveau Premier Ministre pour comprendre que l’emploi des séniors n’est pas une priorité pour Macron.
  • GD : « À saisir ! Cause remaniement, donne contre bons soins, honneur et fierté de l’aile gauche de droite de la Macronie. État neuf. Jamais servi même pendant la loi immigration. Venir chercher dans le caniveau politique. »
  • BO : Afin de réduire les coûts des JO, le 100 mètres sera réduit à 20 mètres !!!
  • RR : Mes 30 minutes de sport du jour ont été consacrées à tenter d’enfiler un collant 70 deniers ventre plat.
  • NP : C’est surtout un épisode de « Rendez-vous en terre inconnue. » De toute sa vie Gabriel Attal n’était jamais allé plus au nord que le 8e arrondissement.
  • KO: « La France rime avec sursaut, elle rime avec audace, elle rime avec grandeur. » Gabriel Attal. Bon, déjà il est nul en rimes.
  • CEMT : Gabriel Attal : « Bien sûr que je sais ce que vivent les enfants dans la rue, une fois en sortant de l’Ecole Alsacienne j’ai dû attendre mon chauffeur pendant dix minutes, l’angoisse. »
  • MBC : Gabriel Attal : « Pour composer le futur gouvernement, nous allons revenir aux fondamentaux du macronisme en nommant uniquement des incompétents mis en examen. »
  • OK : Le dernier automobiliste bloqué par 2 cm de neige sur l’autoroute A13 au sud de Paris depuis quatre jours vient d’être libéré par le GIGN.
  • NP : Si ça se trouve ce gouvernement c’est juste une partie de « même pas cap » qui a mal tourné.
  • SA : J’imagine que ce qui a fait la différence sur le CV de Rachida Dati c’est « mise en examen ».
  • MH : Avec Rachida Dati à la Culture, certains artistes craignent que le lac du Connemara ne devienne l’hymne officiel…
  • CEMT : Rachida Dati : « C’est fini tous les bobos gauchistes à la culture, maintenant ça va être Michel Sardou matin midi et soir ! »
  • NR : Avec l’ineffable Rachida Dati, sarkozyste, mise en examen pour corruption passive et trafic d’influence passif, la famille »casseroles au cul » s’agrandit.
  • RDB : Un remaniement de plus et on se récupère Hortefeux et Morano.
  • TH : Ça va les macronistes « de gauche », pas trop le seum ?
  • SG : — Crise du logement ? Eh hop ! Plus de ministre ! — Problème de transports ? Idem ! Plus de ministre ! — Crise de l’éducation ? Je te colle ça avec les Sports ! — Crise de l’hôpital ? Mettez-moi ça avec le Travail. Bah, finalement, c’est fastoche de faire un gouvernement !
  • NP : Je me demande qui va être le Secrétaire d’État aux transports, jokari et cuisine végétarienne ?
  • AP : Il y a presque plus de ministres sarkozystes dans ce gouvernement que sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
  • GD : Alors, rassurés de savoir que la mission de ce nouveau gouvernement composé de soldats de l’an II du quinquennat est d’éviter le grand effacement de la France face au défi d’un monde en proie au tumulte ?
  • CEMT : Bruno Le Maire : « Oui, j’ai décidé en parallèle de ma carrière d’écrivain de continuer à aider au ministère de l’économie, chacun ses bonnes actions. »
  • OM : Et dire que ce pauvre Nicolas Sarkozy est passé à un bracelet électronique de redevenir ministre…
  • MBC : Amélie Oudéa-Castéra : « Je ne comprends pas cette polémique sur mes enfants, je ne vais quand même pas les mettre dans le public qui est destiné aux pauvres. »
  • EF : Si après ces propos là, vous ne vous mettez pas en grève, je crois que le corps professoral deviendra un vaste urinoir où toute la macronie viendra se vider la vessie au frais de la princesse… de Clèves
  • LO : Si ça se trouve, en arrêtant de subventionner le privé, on aurait assez de ronds pour avoir un service public qui fonctionne, on sait pas.
  • PA : Je viens de terminer l’œuvre littéraire la plus flippante au monde. Ça s’appelle « Relevé de carte de crédit de décembre ».
  • NMB : JO de Paris : première médaille pour Amélie Oudéa-Castéra dans l’épreuve brasse-coulée option rétropédalage.
  • SC : Elisabeth Borne officiellement nommée à la tête du Vapostore Kremlin-Bicêtre. Elle entrera en fonction lundi, confirme son entourage.

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Une sale affaire

Ce livre passionnant, récit de Virginie Linhart, porte un titre tellement parlant ! Une sale affaire ! Car il narre le procès intenté par la propre mère de l’autrice et son ex-compagnon, jamais cité, l’homme qui l’a plaquée lorsqu’elle attendait les jumeaux (dont un est mort pendant la grossesse). Cet homme, E, dont on ne saura rien, est resté très ami et complice de la mère de l’autrice tandis que grandissait la fillette dont il était le père génétique. Et c’est parce qu’elle raconte l’histoire de son enfance, son adolescence, sa jeunesse auprès d’une mère explosive de liberté et de sexualité et celle de l’abandon de l’homme qu’elle aimait, qu’elle est assignée. Ils lui reprochent tous les deux une atteinte à la vie privée. Imaginez déjà le traumatisme. Et ceci, à un mois de la parution du fameux livre évoqué tout au long de audience, « l’Effet maternel » (que je suis en train de lire).
Tout long de cette procédure très fournie en exemples de biographies et autres autofictions, de jurisprudence, d’articles de loi, on s’interroge avec l’autrice sur ce qu’on peut ou non écrire sur sa propre histoire. Sachant que sa mère, divorcée de Robert Linhart, ex-militant communiste et grand intellectuel, a déjà abondamment parlé d’elle et de ses excès, que c’est de notoriété publique qu’elle désire vivre sans entraves comme le lui a appris mai 68, sachant aussi que l’ex de Virginie n’est jamais décrit, juste figuré par l’initiale E., que son métier a été changé et qu’il n’y a aucun moyen de savoir de qui il s’agit, c’est très gonflé de leur part d’assigner Virginie en justice et d’exiger qu’elle supprime soixante-dix pages de son récit. Qui ne ressemblera plus à rien.
Et pendant ce temps, à un mois de la parution donc, il lui faut répondre aux interviews comme si de rien n’était, il lui faut garder son sang froid, il lui faut affronter le couple mère/ex-compagnon au tribunal. Cauchemardesque.
Toutes les questions posées par le procès sont pertinentes et les avocats, d’un côté comme de l’autre, ont amassé quantité de documents pour défendre leurs causes, c’est ça qui est passionnant. Même si on sait que livre est paru (il y a quatre ans), on tremble face au couple infernal et déterminé.
« La peur de ne pas savoir se comporter. La peur de ne pas tenir physiquement dans la salle d’audience, face à ma mère et mon ex-compagnon, unis contre moi. La littérature m’a toujours soutenue, guidée, rassurée ; cette histoire-là, je ne l’ai lue nulle part : une mère qui attaque sa fille en justice en pactisant avec l’homme qui l’a fait le plus souffrir et dont elle a un enfant. »
Les belles histoires de famille, on n’en a jamais fini.

Une sale affaire par Virginie Linhart, 2023, aux éditions Flammarion. 180 pages, 21 €.

Texte © dominique cozette

Dingue ce livre !

Guillermo Arriaga est une sacrée plume, un sacré storyteller. Il a imaginé des scénarios époustouflants pour Alejandro Inarritu comme, entre autres, 21 grammes, Babel ou Les amours chiennes. Ce roman, Sauver le feu, est du même tonneau. Une densité extraordinaire, une inventivité énorme, des situations insensées, des rebondissements incroyables, tout ceci baignant dans la violence terrifiante, explosive, du Mexique, en proie à la guerre des cartels, des combines des prisons et de la corruption politique.
Au milieu de cette pourriture, vibrionnant dans les bas-fonds du pays, une histoire d’amour insensée, totalement taboue, entre un puissant condamné craint de tous, ayant assassiné son père (un sale type) de façon cruelle, d’un charisme au-delà de l’humain et une riche bourgeoise, belle, mariée et mère, cheffe d’un ballet expérimental dont elle va présenter la dernière œuvre à la prison. Où se fera la rencontre improbable mais indéfectible.
Ce qui est passionnant ici, c’est l’alternance entre les différentes voix des narrateurs. Il y a le « je », c’est elle Marina qui raconte sa partie. Il y a les pages en italique qui sont celles du frère de l’assassin : il s’adresse à leur père assassiné, il retrace la cruauté de l’éducation, du dressage plus justement, qu’il a exercé sur eux, comprenant outre la violence physique, le bourrage de crâne car il voulait que ses enfants sachent tout : latin, philo, maths et tout ce qu’il faut connaître pour être les meilleurs. Parce qu’il était descendant des Indiens assassinés par les Espagnols, d’où besoin de vengeance… La troisième voix est celle du narrateur, neutre, informative sur les événements qui se déroulent tambour battant. Et la quatrième, sur le mode typewriter, celle de prisonniers lors des ateliers d’écriture.
Comment vivre des amours interdites et clandestines quand l’un est enfermé sous haute surveillance et l’autre libre mais coincée par ses devoirs maternels et sociaux ? Ils auront des aides, dont le couple gay ami de Marina, mais des ennemis implacables. Les têtes vont tomber autour d’eux, les gangs vont se trahir à tour de bras mais surtout de dollars, ça n’arrête pas, c’est trépidant et je dois dire que, vu le vocabulaire utilisé dans certains groupes, je tire mon chapeau à la traductrice qui a réussi à caser « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre » parmi l’étendue de son vocabulaire déjanté. Chapeau (mexicain) les artistes ! Ce roman qui en contient plusieurs est palpitant, addictif, un des meilleurs que j’aie lu cette année. Un exploit, je dirai, tellement il nous apprend de choses, aussi. Seul petit hic : il est lourd, faut avoir des biscottos ! Bon, on en a, ça tombe bien.

Sauver le feu par Guillermo Arriaga, traduit pas Alexandra Carrasco. 2023 pour la version française aux Editions Fayard. 760 pages, 26 euros.

Texte © dominique cozette

Devenir Carver

Qui n’a pas aimé les nouvelles de Raymond Carver, ce génial écrivain américain qui a su décrire son Amérique de son point de vue, celle des petits, des sans grades, des employés, des chômeurs, des alcooliques, des précaires, des malheurs de vivre ? Il avait de la matière pour cela, mais surtout, une détermination incroyable et une foi inextinguibleen lui comme écrivain.
Rodophe Barry s’est non seulement attelé à la tâche de retrouver le chemin sinueux parcouru par l’écrivain mais il nous a livré sa vie de souffrances sous forme d’un récit extraordinairement vivant, dans Devenir Carver.
Car oui, devenir Carver n’a pas été une mince affaire. Après une enfance moyennement heureuse entre un père taiseux, dépressif et une mère acariâtre qui sera longtemps un poids, il rencontre une jeune femme qu’il met enceinte puis épouse, il deviend père à 19 ans puis à nouveau à 20. Il lui faut alors subvenir aux besoins de cette petite famille qu’il aime mais qui est source de contraintes énormes.
Comment écrire alors quand il faut trouver des petits bouleaux merdeux, bosser comme un fou, déménager sans cesse pour tenter de repartir de zéro, trouver des logements pas trop glauques (mais ils le sont toujours), comment placer ses poèmes dans des revues quand il ne reste que la nuit pour écrire ?
Ce qu’il endure durant vingt ans est tellement difficile qu’il n’y a que l’alcool qui puisse le consoler. Un poison total, une descente aux enfers qu’il essaie souvent d’éradiquer mais n’y arrive pas. Sa femme l’aime, fait tout ce qu’elle peut pour assurer le quotidien, renonçant à ses études de droit, devenant serveuse ici et là.
Il pose néanmoins quelques mini- jalons sur la route du succès grâce à la foi que lui accorde un éditeur ami. Cet éditeur qui réussit à le faire publier en taillant dans ses textes, changeant des titres, des fins, des passages. Couleuvres à avaler. Et alcool, toujours. Mais sa cote monte. Et ses enfants trinquent, en plus, drogue et alcool et compagnon violent pour sa fille.
Un jour, il rencontre une autre femme. Et il arrête de boire. Totalement. Il change de vie. Les choses s’arrangent, sauf pour sa première femme si malheureuse d’être quittée (c’est dur, vu les sacrifices qu’elle a faits pour sauver leur couple et la vocation de son mari). Ils resteront toujours en bons termes.
Dorénavant, il donnera le meilleur de lui-même, non sans continuer à passer d’un état à l’autre, de bouger et de subvenir aux besoins de tous les membres de sa famille qui lui sucent le sang depuis qu’il a accédé à la gloire. Malheureusement, avec tout ce qu’il fume, il se tue à petit feu et mourra à cinquante ans, satisfait d’avoir réussi à mener sa vie d’une bonne façon.
Histoire dure et magnifique qui m’a donné envie de relire ses nouvelles, surtout la réédition de ce qu’il avait écrit à l’origine.

Devenir Carver par Rodolphe Barry, 2014. 304 pages, 21 €

texte © dominique cozette

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