Couchée, sultane !

Tous les jours se faire la plus belle, passer des heures à s’émollier dans le bain chaud, à s’extraire les sucs impurs, à étriller sa surface, à y faire circuler la vie, à extraire les pilosités dans les moindres recoins, à oindre la masse capillaire, la faire reluire aux huiles parfumées, idem pour les ongles qui se doivent d’être rigides et épais, nacrés et parfaitement ovalés, puis ensuite le maquillage, les pigments, les khôls, les onguents, les préparations karitéennes, des heures tous les jours pour se faire la plus belle dans ce palais mirifique aux trente femmes. Et encore des heures à s’assortir au temps, aux lumières, aux états d’âme par des étoffes somptueuses, soyeuses, mouvantes, crisseuses ou voileuses afin d’apparaître comme la plus belle des belles lorsque le sultan vient y choisir son plaisir du soir et de la nuit.
Eh bien, sans moi. Et puis quoi ? Il n’a qu’à me prendre comme je suis. Et de toute façon, je n’aime pas qu’il me prenne, je n’aime pas ses bras grassouillets, son corps rebondi, son torse moelleux et glabre, quasi eunuquéen. Je n’aime pas qu’il prenne son plaisir sans me donner le mien avec son petit sexe impatient et ses grognements puérils. Moins je le vois et mieux je me porte. Si je m’ennuie ? L’ennui n’existe pas dans une tête de femme. Une femme, c’est comme un chien ou une chatte, ça accompagne le temps qui coule, ça pépie joyeusement ou ça somnole passivement à l’endroit où elle s’est posée en attendant la suite des événements.

Texte  et dessin © dominiquecozette

Kennedy-le-bon-fusil

« John Kennedy possédait un rapport étrange à son corps. Ce type ne tenait jamais plus de deux minutes au lit, le type même de l’éjaculateur précoce. Je ne le surnomme d’ailleurs pas « Deux-minutes-Jack » pour des prunes. Avec son minuscule engin, un tout petit bout ridicule, Kennedy ne risquait pas de faire du mal à qui que soit. mais il a quand même couché avec toutes les stars hollywoodiennes possibles. Mes informations sont très fiables, je les tiens d’un détective privé qui avait placé des micros dans la maison de l’acteur Peter Lawford, où Kennedy avait pas mal batifolé. Il ne prenait pas les femmes au sérieux. Il recherchait le pouvoir et tout ce qui allait avec. Il fumait beaucoup de marijuana, se bourrait d’amphétamines ».

James Ellroy balance ça dans son dernier bouquin. Bon, avec les micros en place, on peut effectivement savoir combien de temps dure une relation sexuelle. A la décharge du Président, si je puis dire, c’était un homme très occupé qui devait satisfaire beaucoup de femmes chaque jour, il avait donc choisi la stratégie du lion : baiser vite pour baiser plus. Quant à la taille de son engin, on peut quand même se demander quels sont les indices qui ont permis à l’écrivain de faire ces déductions. La jalousie  parce qu’il a eu plus de stars planétaires que lui ? Allez James, dis-nous tout !

Texte © James Ellroy & Dominiquecozette. Dessin © dominiquecozette

Mister Boltanski speaking…

Quelques bribes de l’entretien de Boltanski par Vincent Noce, Libé d’hier, dans son atelier de Malakoff, autour de deux bouteilles de vodka cerise.
« Avez-vous déjà dit : « Il faut tuer tous les Juifs et tous les coiffeurs », on vous répond : « Pourquoi les coiffeurs ? » Moi, je vois plein de raisons, ils ne sont pas propres, ils sont bavards, il y en a qui sont gays. Mais pour les Juifs, c’est évident, n’est-ce pas ? » …
Pourquoi raconter qu’il a des origines corses ? « Ah, cela c’est un journaliste américain qui m’a dit : vous êtes un artiste juif ! cela m’a tellement énervé. « Mais pas du tout« , ai-je rétorqué, « je suis corse ». Vous avez raison, je suis un menteur.
Kundera disait : « Que les vieux morts laissent la place aux jeunes morts ».
J’aime beaucoup le bricolage, j’ai fait au moins 3000 cadres. J’y prends beaucoup de joie. j’écoute France Culture toute la journée, mais je suis occupé. C’est mon grand problème. Je passe ma vie à ne rien faire. J’aime cuisiner, là, au moins, on fait quelque chose, et c’est utile. On fait attention, c’est important… les vernissages, les cocktails, passer son temps à voir des gens, il faut le faire mais c’est extrêmement négatif. je suis un si jeune retraité, quelle vacuité ! Je reste des heures dans cet atelier, à ne rien faire, face à un mur. …
Au musée tout est sacré. Chez moi, il n’y a rien de sacré. Pour rouiller mes boîtes, je pissais dessus. Après, je les ai arrosées de Coca. Un conservateur pour une exposition les faisait installer avec des gants blancs. Cela n’a aucun sens. »

Dessin © dominiquecozette d’après une photo de Libé avec le labre à tête de mouton (du film de J. Perrin) en transparence sur la page précédente.

Au s’cours, de la littérature !!! C’est du Bove…

« Quand je m’éveille, ma bouche est ouverte. Mes dents sont grasses : les brosser le soir serait mieux mais je n’en ai jamais le courage. Des larmes ont séché au coin de mes paupières. Mes épaules ne me font plus mal. Des cheveux raides couvrent mon front. De mes doigts écratés je les rejette en arrière. C’est inutile : comme les pages d’un livre neuf, ils se dressent et retombent sur mes yeux. »

© Emmanuel Bove (Mes amis) né Bobovnikoff d’un père russe qui ne travaille pas et se partage entre la mère  de ses fils et une Anglaise très bourge. Léon, le cadet et leur mère, ne cesseront de vivre aux crochets de l’écrivain. Léon, terriblement jaloux et amer se demande pourquoi Emmanuel s’est marié puisqu’il les avait, eux. A 80 ans, ce frère ingrat cherchera encore pourquoi Bove les a abandonnés (il est mort depuis belle lurette, en 45).

On fait souvent l’amalgame entre Bove et Henri Calet, de son vrai nom Raymond-Théodore Barthelmess, né le 3 mars 1904 à Paris et décédé le 14 juillet 1956. C’est lui a écrit « ne me secouez pas, je suis plein de larmes ». Voici le contexte de cette jolie citation : « C’est sur la peau de mon cœur que l’on trouverait des rides. Je suis déjà un peu parti, absent. Faites comme si je n’étais pas là. Ma voix ne porte plus très loin. Mourir sans savoir ce qu’est la mort, ni la vie. Il faut se quitter déjà ? Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes. »

Dessin © dominiquecozette

Un Président très irrité…

– Dis-moi MAM, tu sais pourquoi je t’ai fait appeler ?
– Oui, monsieur le Président !
– Je suis très … étonné de l’issue de cette affaire, tu t’en doutes !
– Oui, monsieur le Président !
– A quoi que ça sert que je t’ai mis (sic) à la Justice à la place de l’autre écervelée, t’as une idée ?
– Oui, monsieur le Président !
– Et pourquoi aujourd’hui l’autre con est relaxé ? hein, tu peux m’espliquer (sic) ?
– Oui, monsieur le Président !
– Alors ?
– Eh bien, il est innocent, monsieur le Président !
– Tu te fous de ma gueule, MAM ! Personne est innocent si je ne l’ai pas décidé ! A quoi que ça sert d’être Président de la République et d’avoir mis des gens de confiance à la Justice, à la Police, à la Presse, à l’Immigration, à la télé si c’est pour que l’autre connard soit relaxé !!! HEIN ???? Tu crois que j’ai fait tout ça, TOUT ÇA, POUR QUE LE BELLATRE VIENNE FOUTRE SA MERDE EN 2012 ???
– Heu, oui Monsieur …heu non, Monsieur le Président. Je suis navrée, Monsieur le Président !
– Fous-moi le camp, maintenant, je veux plus te voir. Tu sais quoi ? Je vais te faire faire un stage chez Besson.
– Comme il vous plaît, Monsieur le Président…
– Avec Besson à ta place, il serait en cabane l’autre imbécile ! Mais pourquoi j’ai pas mis Besson garde des Sceaux ? Je suis con, mais je suis con !
– Mais non, Monsieur le Président !
– Comment ça, non ? Je te dis qu’ j’suis con, j’suis trop con, et trop gentil. Je devrais te décapiter, et pendre tes couilles à un croc de boucher !!!  Allez, casse-toi !!!.

… Et Carla, qu’est-ce qu’elle fout, Carla ??? A Cotonou, encore, elle y était déjà hier ??? Jamais là quand j’ai besoin d’elle !!! Heu… appelez-moi mon ex-femme… N’importe laquelle, j’m’en fous… Quoi, elles sont occupées, mais c’est quoi !!! Et Rama, et Rachida ???  Pas une pour rattraper l’autre, putain, ça sert à quoi d’être Président ??? Ah, non, pas Bachelot, non, merci… Pffff… Comment y faisait Kennedy ???

Ecrivain, métier à risques selon Beig-BD

« Il est certain que la Quête de Plaisir Fugace diminue l’espérance de vie chez l’écrivain. Jacques Vaché est mort à 23 ans d’une overdose d’opium, Jean de Tinan à 24 de rhumatismes aggravés par une consommation d’alcools frelatés, Georg Trakl à 27 ans d’une overdose de cocaïne, Hervé Guibert à 36 ans du sida, Roger Nimier à 36 ans dans un accident d’Aston Martin, Boris Vian à 39 ans d’excès festifs sur cœur fragile, Guillaume Dustan à 40 ans d’une intoxication médicamenteuse, Guy de Maupassant à 43 ans de la syphilis, Scott Fitzgerald à 44 ans d’alcoolisme, Charles Beaudelaire à 46 ans de la syphilis, Alfred de Musset à 46 ans d’alcoolisme, Albert Camus à 46 ans dans un accident de Facel Vega, Jack Kerouac à 47 ans de cirrhose, Malcolm Lowry à 47 ans d’une overdose de somnifères, Frédéric Berthet à 49 ans d’alcoolisme, Jean Lorrain à 50 ans d’une péritonite consécutive à l’abus d’éther, Hans Fallada à 53 ans d’une dose de morphine, jean-Paul Toulet à 53 ans d’une overdose de laudanum… »
C’est dans le dernier bouquin de Beig-BD, là ousqu’il raconte sa gardav après ligne de coke sur capot. Des écrivains morts tôt d’excès (d’excès de morteaux parfois), il y en a un paquet qu’il a oublié* dans sa liste,  je n’ai pas le temps de chercher. Mais de mineurs, de couvreurs, de rockers disparus prématurément dans des accidents de bibine, substances illicites et dommages collatéraux, pas un mot ! Ah bon ? Il y aurait d’autres métiers à risques en dehors du sien ? Ben oui Fred ! Y a des gens qui vivent des choses aussi atroces que tes 30 heures au dépôt, y a des gens qui travaillent dans des conditions aussi épouvantables que les tiennes et qui ont aussi autant besoin de remontants que toi. Alors tu vois, Fredo, t’es pas tout seul, Fredounet, y en a aussi des palanquées  qui ont subi l’inénarrable choc du divorce parental, et aussi le départ irrémédiable du frère aîné vers sa vie d’homme et puis, Fréfré, qui n’arrivent pas à rester longtemps avec la même femme ô que c’est triste tout ça et aussi… quoi ? Qui ont ton nez et ton menton ? Non, Frédéric, tu es seul dans ce cas, faut assumer mon vieux, tout le monde peut pas avoir en plus un physique traumatisant…

Dessin et fin de texte © dominiquecozette

* Ça fait bizarre de ne pas mettre au pluriel mais il s’agit d’un paquet, n’est-ce pas, comme le paquet fiscal ou le paquet de l’ami du président, Bigard…

Projet pour réchauffer la terre, François Beaune

« En 1912, l’ingénieur new-yorkais Riker suggéra de construire une jetée de 300 km de long au large de Terre-Neuve, afin de modifier la dérive du Gulf Stream. “Les bénéfices de ceci seraient énormes, écrit-il. Toute la glace de l’Antarctique fondrait, ce qui améliorerait le climat mondial de deux façons. L’Europe et l’Amérique du Nord seraient libérées des tempêtes et des courants océaniques glaciaux. Et sans la glace du pôle Nord, le pack de glace du pôle Sud deviendrait la partie la plus lourde de notre planète. La force centrifuge redresserait alors la terre. Avec l’hémisphère Nord dirigé vers le soleil, l’Europe et l’Amérique du Nord pourraient espérer un climat plus doux.” »

Un homme louche. François Beaune (Verticales 2009)
Dessin © dominiquecozette

(J’ai cherché Riker sur Google, sans acharnement, et je n’ai rien vu là-dessus. Encore une invention fumeuse de cet écrivain).

Mes chaussures en peau de schtroumpf

bonpied

Vous les avez vus pour ma bonne année, mais j’aime bien qu’ils re-servent. Ce sont de bons pieds comme on dit à la caserne de Bonneuil (94). Alors voilà, c’est l’histoire d’un gars qui a une superbe paire de pompes en daim bleu, comme ses pieds car c’est un schtroumpf, et il y tient plus qu’à la prunelle de ses vieux (ses vieux fabriquent une liqueur de prunelle extra, c’est son alcool de prédilection). Et y a un de ses potes maladroit, le genre qui renverse son cocktail blue lagoon sur ton smoke, qui fait gicler le jus de sa langoustine sur ta chemise et la goutte de citron dans l’oeil de ta meuf qui est en phase d’adaptation de lentilles de contact. Alors le mec aux pompes bleues le prévient : je te préviens, mec, tu me marches pas sur les pompes, OK ? Tu peux faire tout ce que tu veux, m’envoyer un coup de tatane dans le gueule, écluser mes bouteilles de prunelle de mes vieux, foutre le feu à ma baraque, accrocher une photo de Sarkozy à mon rétro, faire des trucs avec ma meuf, tout, tu m’entends, tu peux tout me faire mais pas touche à mes pompes en daim bleu.
Alors qu’est-ce qu’il a fait le mec ? Il lui a foutu un coup de tatane dans la gueule, après, il s’est soulé avec les bouteilles de prunelles de ses vieux et puis il a niqué sa femme qui ne demandait que ça, il l’a embarquée dans la caisse du mari en accrochant une photo de Sarkozy au rétro (ça aide quand il y a un alcootest), puis il a foutu le feu à la baraque du mec et il s’est cassé. Il a plus jamais entendu un mec le gonfler avec ses pompes en daim de quelle couleur qu’assoient (heu… il sait pas trop si on dit comme ça, mais vous comprenez l’idée).

Dessin et texte © dominiquecozette d’après la chanson Blue Suede Shoes, paroles et musique de Carl Perkins, chantée aussi par Elvis the Pelvis et inspirée sans doute des célèbres Creepers en daim portées par les groupes de rock en costumes satinés ou smokes écossais de cette époque bénie.

Arnaud Fleurent-Didier met Villepin (en musique)

Villepin jeune
Villepin jeune

Arnaud Fleurent-Didier (écouter sa chanson « La reproduction » sur mon blog du 10 janvier, avec pour titre « Une des chansons les plus intelligentes de ces dernières années ») tout le monde en parle comme d’une révélation. Ce qu’il est puisqu’il vient d’être amplement révélé par les medias papier les plus influents. Il est certainement passé à la télé, mais je n’ai pas le nez dessus.
Comme il aime à le raconter, et excusez-moi mais moi ça me fait rire, que voulez-vous, il a mis en musique le discours de Dominique de Villepin contre la guerre en Irak à l’ONU. C’était en 2005.  » J’ai trouvé ce discours gaulliste beau et lyrique. Pour moi, Villepin s’opposait à Colin Powell avec sa grosse voix darth-vaderienne, comme le cinéma d’Yves Robert s’oppose au cinéma hollywoodien. La musique est lyrique, avec des choeurs un peu ridicules; on dirait une pub Ricorée. Pour moi, Villepin, c’est OSS 117, le type du héros français flamboyant et ridicule qui, dans le film, finit par se faire sodomiser sur une plage au Brésil… » Propos recueillis par Fabrice Pliskin dans le Nouvel Obs du 21 janvier 10.

Dessin peint et texte à part la citation © dominiquecozette

Pourquoi un ventre plat à tout prix ? Hein, Beaune ?

« Précision historique : les premiers restes de ventres plats ont été découverts en Egypte et remontent à environ quatre mille ans. Le ventre plat est une conséquence directe  de l’usage du profil dans les représentations picturales égyptiennes. Archéologiquement parlant, un hiéroglyphe à gros ventre signifiait la femme enceinte, et un hiéroglyphe à ventre plat la femme célibataire, en attente de partenaire. Le ventre plat au fil des temps est devenu une sorte de convention de langage, de sorte qu’aujourd’hui tout le monde comprend bien que les femmes qui cherchent à avoir un ventre plat nous signifient qu’elles sont ouvertes comme des huîtres à toute proposition. »

François Beaune. Un homme louche (Verticales 2009)
Dessin © dominiquecozette

(Ce bouquin est plutôt marrant, atypique, plein de théories fumeuses…)

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