Mister Boltanski speaking…

Quelques bribes de l’entretien de Boltanski par Vincent Noce, Libé d’hier, dans son atelier de Malakoff, autour de deux bouteilles de vodka cerise.
« Avez-vous déjà dit : « Il faut tuer tous les Juifs et tous les coiffeurs », on vous répond : « Pourquoi les coiffeurs ? » Moi, je vois plein de raisons, ils ne sont pas propres, ils sont bavards, il y en a qui sont gays. Mais pour les Juifs, c’est évident, n’est-ce pas ? » …
Pourquoi raconter qu’il a des origines corses ? « Ah, cela c’est un journaliste américain qui m’a dit : vous êtes un artiste juif ! cela m’a tellement énervé. « Mais pas du tout« , ai-je rétorqué, « je suis corse ». Vous avez raison, je suis un menteur.
Kundera disait : « Que les vieux morts laissent la place aux jeunes morts ».
J’aime beaucoup le bricolage, j’ai fait au moins 3000 cadres. J’y prends beaucoup de joie. j’écoute France Culture toute la journée, mais je suis occupé. C’est mon grand problème. Je passe ma vie à ne rien faire. J’aime cuisiner, là, au moins, on fait quelque chose, et c’est utile. On fait attention, c’est important… les vernissages, les cocktails, passer son temps à voir des gens, il faut le faire mais c’est extrêmement négatif. je suis un si jeune retraité, quelle vacuité ! Je reste des heures dans cet atelier, à ne rien faire, face à un mur. …
Au musée tout est sacré. Chez moi, il n’y a rien de sacré. Pour rouiller mes boîtes, je pissais dessus. Après, je les ai arrosées de Coca. Un conservateur pour une exposition les faisait installer avec des gants blancs. Cela n’a aucun sens. »

Dessin © dominiquecozette d’après une photo de Libé avec le labre à tête de mouton (du film de J. Perrin) en transparence sur la page précédente.

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