J’ai entendu bien souvent dire que l’homme est persuadé qu’il sait tout faire, au moins qu’il y arrivera, qu’il n’a surtout pas besoin de conseils, qu’il ne va pas se mettre en position d’infériorité (un ex à moi qui était médecin n’allait jamais chez un médecin pour cette raison), ni s’infliger le regard railleur de celui ou celle qui sait (alors que non, nous on aime juste rendre service. On n’appelle ça ni rendre sévice, ni rendre ses vices).
C’est ainsi que les hommes provoquent plus d’accidents graves parce qu’ils sont persuadés d’avoir leurs outils bien en mains, qu’ils n’ont pas besoin de respecter les distances de sécurité sur l’autoroute, les ralentissements (récemment, un type a failli m’emplafonner à la sortie d’un virage pour cause de travaux par ailleurs très bien indiqués, il s’est carrément mis en travers de la route, quel con), qu’ils peuvent envoyer des SMS en doublant un camion.
C’est ainsi aussi qu’ils préfèrent tourner et retourner dans les rues plutôt que de demander leur chemin.
c’est ainsi que le clito ou le point G, non je m’égare…
Ce matin, je faisais sécher mon linge dans un Lavomatic. Un type bien mis, masqué, d’une soixantaine bien entretenue, est entré, a posé son sac de linge, a commencé par tout examiner, machines et poste de paiement. Il allait de l’une à l’autre, perplexe, mais quoi, ça ne doit pas être si compliqué…
[trois minutes passent].
Mais quoi, bordel, je suis un homme, j’ai un cerveau, je ne vais pas m’abaisser à demander à cette bonne femme (moi, qui continuais à faire mon scrabble sur mon Iphone, faisant mine de l’ignorer)…
Pathétique.
D’habitude, je renseigne, mais cette fois, j’avais envie de savoir s’il s’en sortirait tout seul.
Ça a duré réellement dix minutes. Il a même changé son linge (une couette) de machine. IL A CHANGÉ SON LINGE DE MACHINE ! Pour le mettre dans la machine d’à côté, strictement la même. Puis se perdant de nouveau en conjectures muettes. Dix minutes à se demander si cette putain de poudre se déversait directement dans la machine ou autre possibilité.
Il a fini par me le demander, d’un air détaché. Manque de pot, je ne viens que sécher, alors la poudre…
Ce qui l’a probablement conforté dans sa position de monsieur-je-sais-tout-puisque-les-autres-ne-savent-rien.
Ce qui explique peut-être aussi la complexité des appareils ménagers à 150 programmes alors qu’on n’en utilise que deux. Et celle des modes d’emploi, par le fait.
Juste comme je sortais en lui souhaitant bonne journée, il m’a demandé si le chiffre affiché indiquait le temps mais a poursuivi immédiatement car les 30 s’étant changé en 29, il m’a dit : ah oui, bien sûr.
… Le cerveau des hommes ! Je comprends qu’ils ne comprennent rien aux femmes, ils n’en sont pas les fabricants et n’osent jamais nous demander.
(PS : l’image n’illustre absolument en rien la maigre relation que j’ai eu peine à entretenir avec le monsieur).
La lectrice disparue de Sigridur Hagalin Björnsdottir (à vos souhaits) m’a régalée. Déjà que pour une fois, à lire les prénoms biscornus d’Islande, on sait à quel genre ils appartiennent, ça facilite. L’histoire de cette lectrice commence de façon originale : sa mère, rebelle, s’est barrée de chez elle, est tombée raide dingue d’un dandy prétentieux et imbu de sa personne qui l’a laissée s’installer dans un appartement-cagibi pourri et qui n’a pas voulu assumer sa grossesse, pas concerné, sa vie est ailleurs… Une jeune nana lui fait savoir qu’elle aussi est enceinte du bonhomme, elle décide alors qu’il sera mieux pour tout le monde que les deux filles vivent ensemble pour élever leurs bambins sans ce boulet de mec.
Les deux mamans se complètent bien, les deux mômes aussi : Adda est une surdouée tandis que son frère Einar peine à l’école. Ce petit monde grandit. Adda, après des années de solitude (impossible de créer des liens) et un traumatisme pendant son adolescence, devient blogueuse réputée et son frère guide de pêche pour touristes. Julia, la maman d’Adda, s’occupe de tout, d’autant plus que celle d’Einar a été victime d’un AVC et est clouée, mutique, sur un fauteuil.
Adda s’est mise à la colle avec un type un peu mou, elle vient d’accoucher et trois jour plus tard, disparaît corps et biens, laissant son bébé, sans explication. Les recherches la situent aux Etats-Unis et en l’absence d’indices, Julia oblige son frère a partir à sa recherche. Ils étaient tellement complices, comme des jumeaux, qu’il est le seul à pouvoir se mettre à sa place ou trouver une piste…
Ce n’est pas que ça, l’histoire. Le livre ouvre sur une citation de Claude Levi-Strauss dans Tristes Tropiques : « la fonction primaire de la communication écrite est la facilitation de l’asservissement » (Quoi ? Qu’est-ce à dire ?). C’est donc dans ce New-York trip qu’on en aura l’explication. Adda a appris toute seule à lire, très tôt et elle retient tout. Cela s’appelle l’hyperlexie (le frère, lui, est dyslexique). Elle a intégré un groupe de savant limite secte selon laquelle il faudrait bannir l’écrit, revenir à la tradition orale, naturelle, car l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, longue et pénible, occupe trop de place dans le cerveau — aucune zone cérébrale ne lui étant dévolue — au détriment d’activité d’analyse des infos visuelles, de l’écoute et du langage. J’apprends que Socrate avait peur de l’écriture qui détruisait la faculté de penser de manière indépendante et de se souvenir (cf ce qu’on pense aujourd’hui avec l’arrivée d’Internet). Cette théorie est développée dans le roman par Adda elle-même qui a entrepris de désapprendre la lecture. J’y apprends aussi que les premiers écrits étaient un instrument de l’élite pour asservir les peuples, leur faire payer les impôts, et pour produire des louanges et promouvoir les prouesses des rois (je résume). « L’être humain aurait continué à vivre en harmonie avec son environnement, sans histoire, sans passé ni futur ». Il se passe des tas d’aventures dans ce livre étonnant et franchement, c’est un régal que d’avancer dans les méandres de ces vies originales.
La lectrice disparue par Sigridur Hagalin Björnsdottir 2018. 2020 aux éditions Gaïa, traduit par Eric Boury. 324 pages, 22,50€
Ave Mariah, la fête est finie, c’est la dernière semaine de l’annus horribilis et la mutation s’annonce avec un réveillon à fêter sous les meilleurs hospices, les hospices ehpadants avec garde-barrières, tintouin et zizi-panpan pour les vilains. D’accord, nous irons tous au paradis en se trempant le cul dans une bassine, mais le plus tard sera le mieux car rien n’est encore joué en ce bas-monde. On a des complots à décomploter, des vaccins à planter dans le gras du bras, des macronades à essuyer, des belles choses à rouvrir, des gueules à fermer, des larmes pour pleurer et des rires pour s’exploser en prenant soin de ne pas postillonner dans la vie des autres. Réveillonner ? Même pas en rave, regarder juste le bêtisier pour ne pas dire le merdier de l’année qui s’enfuit sans demander son reste in pisse. Bon dernier week-end, je le solde pour rien, il ne vaut plus un pet… Et bananée quand même, dearest friends, faites au mieux-mieux !
– CC : C’est vrai que les chants de noël avec un masque, ça ressemble plus à un chien qui a la queue prise dans la porte du frigo qu’à Mariah Carey.
– PC : Les végans à Noël c’est sans foie ni l’oie.
– PA : Je me souviendrai longtemps de l’année 2020. C’est l’année où ma poubelle est sortie plus souvent que moi !
– NMB : Le teaser de dingue du virus : on n’a même pas fini la saison 1, il se pointe du haut de ses petites antennes de protéines en gueulant : « j’ai muté bande de cons, vous allez adorer la saison 2″.
– MK : Brasseur mis en bière.
– ES : Mine de rien, les gars qui vont devoir faire la mise en bière de Claude Brasseur, ils vont avoir la pression.
– JH : Faites très attention si vous vous faites vacciner. J’ai un pote anglais, il vient de le faire et du coup, il va pouvoir passer les fêtes avec sa belle-mère.
– BI : Dupont-Aignan est contre le vaccin de Pfizer mais pour le vaccin Pasteur parce que c’est une méthode traditionnelle… On parle de vaccin ou d’andouillette ?
– OVH : Qui pourra oublier Rika Zaraï ? Cette femme de bon sens qui nous conseillait des bains de siège sans chemise, sans pantalon.
– NS : Tiens, je viens de découvrir qu’il existait des films non pornographiques. Je ne vois pas trop l’intérêt de voir des gens discuter mais bon…
– CT : Bonjour Zara, l’une de vos vendeuses m’a accueilli en étant très aimable et a accepté de me renseigner. Il me semble que c’est strictement interdit par votre règlement. J’aimerais la dénoncer.
– GV : J’espère que toutes les dindes que j’ai la malchance de connaître se feront bien fourrer à Noël, histoire d’avoir un peu la paix en début d’année….
– HD : On est passé de la génération des bovidés à celle des covidés … sûrement une question de mutation … il reste encore des éléments de la génération précédente.
– PV : Le monde se divise en deux catégories : ceux qui sachent et ceux qui croivent sacher.
– TC : Noël comme des cons, Pâques aux écouvillons.
– DA : – Enlève tes chaussures mets des pantoufles ! – Tu vas encore fumer ? – Ne fais pas trop de bruit, ton père fait la sieste… – Tu as un peu forci, non ? – Doucement sur le vin, tu bois ça comme de l’eau ! – ENCORE UNE CIGARETTE ?? Bref je suis de retour chez mes parents pour Noël.
– CC : Là où c’est bien foutu, c’est que bûche de noël et gueule de bois vont souvent ensemble en cette période.
– DP : Ha oui je vous ai pas parlé de mes patients trop mignons. Pour leur éviter de sortir de chez eux, on a fait une téléconsultation (une vraie avec la vidéo et tout), et pour me remercier, ils sont venus me déposer des sucreries. Au cabinet. Voilà.
– SDS : Vous vous souvenez de ma mère russe ? Voici comment elle nous accueille pour Noël : Pour la photo, coquette, elle m’a dit : « pas trop près s’il te plaît ! Tu sais bien que tous les dix ans, il faut reculer d’un mètre ». Voilà. Joyeux Noël !
– NMB : Le virus, il a pris tellement de place dans notre vie cette année, je lui ai préparé une petite assiette apéro pour ce soir au cas où il se pointe à l’improviste, j’aime pas qu’on dise que je ne sais pas recevoir.
– PI : The tonton complotiste is the new tonton raciste.
– RDB : En tout cas, ce soir, j’ai mis un soutif et du maquillage et je vais vous dire, finalement je suis bien contente de ne pas pouvoir fêter le 31 parce que que je suis pas prête à recommencer.
– NP : Comme dirait mon ami curé : Noël c’est comme le sexe, c’est mieux quand il y a des enfants.
– MP : À parter du 01/01/2021, conformément à la législation européenne, tous les verbes français apparteneront au premier groupe.
– NMB : On m’as offert un Bescherelle pour Noël, c’est consternant, c’est remplit de faute d’orthographes.
– DS : Macron Pétain câble.
– NP : Je me demande si chez le Le Pen ils ont un tonton anti-raciste qui fait chier tout le monde pendant le repas de Noël avec sa propagande altermondialiste.
– SF : Le Président de la République Française n’est pas obligé de souhaiter un Joyeux Noël à ses concitoyens. Mais, en même temps, ses concitoyens ne sont pas obligés de voter pour lui en 2022.
– HM : C’est violent l’apéro avec les Russes. Tu commences à boire à 19 heures, à 21 heures t’as déjà la gueule de bois, l’envie de te mettre à poil parce que t’as trop chaud, puis de pleurer, puis de vomir, et enfin de comater devant des vidéos de perroquets qui insultent des gens.
– PA : A tous ceux qui pensent que 2020 est une année de merde, je vous signale que 2021 arrive avec 3 dimanches et 2 samedis fériés !
– VO : Pardon mais les gens qui conçoivent/construisent des jouets sonores pour les enfants, et encore plus pour les bébés, ils sont SOURDS ou comment ça se passe ?
– LI : Je ne suis pas spécialement optimiste d’habitude mais on peut imaginer que le virus est comme tout le monde et qu’il mute à la vue de la jelly anglaise. On ne risque rien du coup, personne d’autre sur la planète n’en consomme.
– GV : Pour certaines nanas, c’est à qui aura le plus gros décolleté ou le plus gros popotin…. Pour certains mecs, le plus long attribut. À quand la concurrence pour le plus gros cœur ou le plus gros cerveau !? Bizarrement personne ne se concurrence pour le bien.
Il y avait 22000 postes à supprimer pour libérer 7 milliards de cash-flow.
Le livre pétillant d’intelligence de Sandra Lucbert Personne ne sort les fusils sur le procès intenté à Orange à la suite des suicides et maltraitances diverses de son personnel, n’est pas un énième récit des victimes et de ce qu’elles ont enduré — du moins celles qui sont encore en vie pour témoigner (plus de 10 ans après les faits)—, c’est un travail de décryptage de la langue des dominants, inventée par les dominants, pour les dominants, déguisant le sens bien réel des mots pour en faire une idéologie gagnante dans le monde ultra-compétitif de l’ultra-libéralisme. Et pourquoi donc ? Pour que les affaires coulent à flots, que le flow ne s’arrête jamais, comme sur la toile aujourd’hui, qu’il n’y ait ni stock ni rupture de stock, que des stock-options pour ceux qui ont le pot d’être là-haut. L’autrice appelle ça le LCN ou langue du capitalisme néolibéral en référence au LTI, langage du IIIème Reich, soit une langue technique pour déchiqueter. La LCN défait. Notamment le code du travail. Comme par hasard, et soit dit en passant, le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail, CHSCT a été supprimé par Macron et remplacé par un vague CSE : Comité Social et Economique.
Face à face, dans la salle, les éclopés, certains en fauteuils roulants, et les accusés, les Orange, épanouis et loin de tout ça, apparemment peu touchés par ces cas personnels. Eux ont fait leur boulot. Le flow, le flow…, avec leurs têtes refaites selon les dividendes. Oui bien sûr, Orange va indemniser les victimes mais ne reconnaît pas leur souffrance. « Il y a des victimes du harcèlement, mais il n’y pas pas de harcèlement ». (Tiens, ça me rappelle les violences policières).
Dans cette optique (de la LCN), on remplace l’humain par de l’algorithme. L’humain n’existe pas. (Ex : il faut tant de temps pour distribuer le courrier. Peu importe si le terrain est plat, escarpé, s’il y a des escaliers, des embouteillages, de la pluie). Tout ça est appelé « le bruit« . Supprimer le bruit devient un objectif, c’est du travail, ce n’est pas du harcèlement. La poste en est à son 50ème suicide.
Le chapitre 23 tient en deux lignes : « Parfois, Didier Lombard s’endort pendant le récit d’une pendaison. Il digère. »
Lombard, ex PDG d’Orange, digère les milliers de postes supprimés, avec méthode et patience. Attention, il est Grand Prix Manager, commandeur de la Légion d’honneur, commandeur de l’Ordre national du mérite etc… Humiliations, craintes, blessures, tourments, reconversions vexantes, « oubli » de cadres dans les locaux vides, retraits de badges leur interdisant l’entrée, fautes graves etc… Les cinq étapes de la suppression du cadre y est décrite. Odieux.
Et puis l’historique du carnage. L’homme bon, ou Michel Bon, bon chrétien, qui agit en chrétien. Qui laisse en partant de France Télécom un croum de 70 milliards d’euros, 20 milliards de pertes et un dévissage de 90% de l’action. Mais il n’est pas cité au procès. Il est « exfiltré », planqué, placé à la tête d’une banque. Accusé par l’autrice, outre les Chirac, Fillon et Juppé, voici Jospin qui, d’abord contre la privatisation de France Telecom, en ouvrira le capital quand il sera premier ministre. Et puis Thierry Breton avec ses hommes. Pas au procès, il est maintenant commissaire européen.
Face à cette orgie de maltraitance, que risquent les accusés ? Une paille : peine maximale encourue : 15 000 € d’amende (l’argent de poche d’un dirigeant qui gagne 540 000 par an) et une année de prison ferme qu’ils ne feront pas. Lombard a été condamné, il a fait appel de sa condamnation. Voilà.
Un livre bref et virulent qui nous explique, s’il y en avait besoin, la violence du monde libéral que nous ne pouvons plus que subir. Implacable.
Personne ne sort les fusils de Sandra Lucbert aux éditions du Seuil. 2020. 154 pages, 15 €.
Dans cette dernière ligne tordue avant le réveillon où grand-père et grand-mère seront punis en cuisine, voire dehors, comme Brigitte Macron, y a pas de raison — le mari d’icelle ayant perdu la sienne de raison en organisant son dîner de cons, je dirais même de couillons vu le nombre de minous sur les sièges élyséens — ne perdons pas espoir, les surprises sont encore nombreuses à nous tenir en haleine telles des page-turners ultra-haletants ou cliff-hangers hyper-scotchants : est-ce que les écoles sont des clusters oui ou crotte, Blanquer et Castex vont-ils s’y affronter épée en main, est-ce que le vaccin patati-patata et blablabla, y aura-t-il de la neige à sniffer à défaut de la dévaler, Jean-Pierre Pernaut aura-t-il rejoint Mathieu Ricard pour sortir de ce pastis, et Roselyne servira-t-elle à autre chose qu’à pleurer les lieux fermés ? Réponses l’an prochain, après la grand’messe de minuit ouverte à tous les faits tard. Bon week-end, dear friends, les magasins sont ouverts, les narines aussi : couvrez-vous bien le nez, nez en moins.
– PB : « Elysée, 16 décembre au soir : le Dîner de Cons ».
– BR : Le club des mis en examen. Le dîner de la honte.
– NI : Je ne sais pas si c’est l’absence de femmes ou le nombre de gens qui ont (ou ont eu) des casseroles judiciaires qui est le plus frappant à la table du président.
– PI : Imagine : t’as pas fait la vanne sur le fait qu’il y ait enfin quelque chose de positif chez Macron. Non mais juste, imagine.
– PE : Macron positif au Coronavirus : Roselyne Bachelot déclare qu’elle ne peut absolument pas être cas contact, vu qu’elle est au placard depuis des semaines.
– NMB : Petite pensée émue à tous les téléspectateurs du journal de 13h de TF1 qui vont découvrir, dès lundi, qu’au delà du concours international du boudin noir de Mortagne-Au-Perche, le Mur de Berlin est tombé et qu’une pandémie virale hautement contagieuse menace l’économie mondiale
– CC : je ne dis pas que je n’aime pas noël, je dis que j’aimerais bien savoir ce que ça fait de commencer une nouvelle année avec de l’argent sur mon compte.
– MK : Il serait mort d’alcoolisme : John Le Carré était rond.
– PE : C’est bien la première année où je ne me battrai pas pour le 13e mois.
– NP : Je ne voudrais pas avoir l’air de virer complotiste mais on est VRAIMENT sûrs que Macron est positif ? Ou c’est juste une excuse pour ne pas se taper les courses de Noël avec Brigitte ?
– SF : Brigitte Macron ne présente aucun symptôme. Par contre, Mathieu Gallet a de la fièvre.
– LJ : C’est marrant quand même, quand on se contamine, ils nous disent que c’est de notre faute et quand c’est Macron, c’est la faute du virus.
– DSF : Nous souhaitons bien entendu que le virus s’en remette.
– LO : Donc ça y est ? Castex a bien confirmé que les élèves pouvaient éviter d’aller se contaminer jeudi et vendredi dans les endroits où Blanquer a certifié qu’il n’y avait aucune contamination ?
– PI : Depuis quelques mois, quand j’ouvre mon ordinateur et découvre l’actualité du jour, je me demande si je ne suis pas le héros filmé d’une sorte de « The truman show » mais écrit par Moustic, Kervern et Delépine. Ce pays se transforme en Groland, c’est trop gros pour être vrai.
– NP : La semaine dernière tout le monde disait que Macron, c’était le Giscard des années 2000, on verra la semaine prochaine s’il est aussi devenu le Pompidou du 21e siècle.
– BL : Un président frivole et immature, un premier ministre foutraque à la tête d’un gouvernement évanescent, des députés inconsistants, une police omniprésente et livrée à elle-même. La France de 2020, mesdames-messieurs, sous vos applaudissements !
– JH : Perso, je ne me ferai pas vacciner. Parce que je suis prof. Et que même si on voulait, on passe après : – les personnes à risque – le personnel soignant – les personnes âgées – les gens qui disent chocolatine – les animaux de compagnie – les grille-pains.
– NP : Y en a, ils font pas confiance au vaccin alors qu’ils font confiance au micro-ondes, un truc qui cuit en 2min30 des plats qui cuisent en 45 minutes au four.
– DI : Le CAC40 tient à corriger la déclaration d’Emmanuel Macron : C’est bien la défonce de l’environnement qui sera inscrite dans la Constitution.
– NP : Il vide les rayons des magasins, il provoque des files d’attente, il attaque Trump, Bolsonaro, Johnson et Macron mais pas Xi Jingpin, Poutine ou Mélenchon… Bref le COVID est communiste.
– PVO : In France, we don’t say « bamboche » anymore, we say « dîner de travail » and I think it’s beautiful.
– JL : Onze mecs qui parlent politique autour d’une grande table jusqu’à minuit et demi en plein couvre-feu ? C’était bien une soirée clandestine.
– NP : C’est marrant mais je n’arrive pas à imaginer que dans 6 mois, la crise du COVID sera finie. Alors qu’au mois de juin je n’imaginais pas qu’elle durerait encore 6 mois. Je suis sûr que ça a fait pareil aux gens en 1939 et en 1945…
– NP : Bref : Noël sans précautions, janvier à nouveau enfermés à la maison.
– TH : Je peux ouvrir le restaurant pour des dîners politiques ?
– PV : « Le Smic sera augmenté de 0,99% au 1er janvier annonce la ministre du Travail, Elisabeth Borne ». À 1%, on sombrait dans l’irréaliste.
– OM : Je vous trouve bien détendus pour des gens qui n’auront plus de reportage au 13h sur la foire à la saucisse de foie de Nogent-sur-Mouscre…
– FM : On est d’accord qu’on a tous besoin d’un mois de vacances au bord de la mer sans rien faire, si ce n’est lire en regardant la mer dans un transat, un verre de rosé à la main ?
– DI : Moralité de la contamination de Macron : Quand vous avez terminé de transférer l’argent public dans les poches de vos potes milliardaires et de détruire méticuleusement les services publics, lavez-vous bien les mains, et portez un masque.
– JF : Si macron prenait les transports en commun, mangeait dans une cantine scolaire ou était dans une classe à 35, ça ne lui serait pas arrivé.
– MH : Quand 11 personnes dînent ensemble à l’Élysée, gueule-t-on ?
– MK : On dit que Brigitte s’ennuie. Son sex-toy est resté à La Lanterne.
– DC : Cette année, Brigitte et Emmanuel ne mettront pas le petit Jésus dans la crèche !
– JF : L’argument le plus drôle et le plus pathétique, c’est de dire, pour expliquer le coronavirus de Macron, qu’il est plus exposé, par sa fonction, et qu’il rencontre plus de gens que le commun. C’est totalement faux : n’importe qui prenant la ligne 13 est plus exposé que lui.
– CGT : Transmis aux 300 000 SDF : « Privilégiez les repas à l’extérieur, si vous le pouvez, malgré l’hiver pour les fêtes » (Jérôme Salomom, DG de la santé).
– RC : Dans 20 ans je pense que tout le monde se rappellera où il était pendant le dernier JT de Jean-Pierre Pernaut. Moi par exemple au fond de mon lit en pleine dépression.
– VG : Pour ma fatigue chronique, le médecin m’a dit « À votre âge, le mieux pour savoir si vous avez assez dormi, c’est de repousser le réveil tant que vous n’avez pas une érection matinale ». Ça fait 4 mois que je suis pas sorti du lit.
– GV : Cette fois c’est sûr, Brigitte va passer Noël dans la cuisine….
– JB : Ça aura été une chouette année quand même, si on met de côté la pandémie, la crise économique et sociale, les catastrophes écologiques, la guerre, les attentats, la politique du gouvernement, et les gens dans leur ensemble.
– RR : Quand il était petit, Thomas m’a demandé s’il était adopté. Je lui ai répondu : « Tu crois que c’est toi qu’on aurait choisi ? ». Il s’en souvient encore.
Bonus : Un twitt de Bruno Masure : « Une rare lueur d’espoir en cette annus horribilis : le départ de JP Pernaut après 33 années de lavage de cerveau. Démagogie assumée, populisme frisant parfois le complotisme, clins d’œil à la droite extrême, absence totale de hiérarchie dans l’info, bref la totale ! Sans regret. »
Comme disent certain.e.s, les Jours brûlants, de Laurence Peyrin, n’est pas le genre de littérature que je lis, bon, mais c’est quand même bien écrit et l’histoire est prenante, à lire plutôt allongée sur une plage si vous avez les moyens d’aller dans les îles. Bizarrement, c’est une Française qui écrit ce roman très américain. Il faut dire qu’elle a vécu là-bas et tout ce qu’elle décrit et cite, avec précision semble-t-il, ne sort pas de son imagination.
C’est donc un roman qui nous expose — classiquement à l’américaine — le cadre d’une petite bourgade californienne où vit une famille très unie, parfaite, avec un mari super beau qui gagne bien sa vie, une femme très belle qui a fait le choix de s’occuper de son foyer, ils sont toujours très amoureux et épanouis. Leur fille est féministe et engagée, elle fustige sa mère pour sa médiocrité intellectuelle, leur garçon plus jeune et sympa. Tout roule, ils ont des amis, des beaux endroits où passer les vacances, tout est parfait jusqu’au jour où elle est sauvagement agressée par un junkie qui lui pique son sac en l’injuriant.
D’un coup, une porte s’ouvre sur l’enfer, la société hideuse dont elle n’a jamais rien su, la mocheté du monde, et peu à peu, malgré l’aide que lui proposent son mari et son amie, aide qu’elle refuse, tout se déglingue en elle. Elle adopte des comportements plus que bizarres, se sent glisser vers l’abjection jusqu’à devenir une moins que rien.
Alors elle décide, pour le bien de sa famille, de disparaître. Elle laisse tout, même son alliance, son chéquier (en est dans les 70’s, pas de CB ni de portables) et va au hasard à bord de sa petite voiture pourrie. Le hasard l’amène à Las Vegas où, sans le sou, elle commence sa nouvelle vie en dormant dans sa voiture et tentant de rester propre et présentable. Une fois encore, on lui vole son sac et le peu qu’il contenait, les papiers et le permis, surtout. Et alors, miracle de la vie, une gentille main se tend, qui va l’entraîner dans une sorte de refuge pour filles perdues. C’est ici qu’llle entreprend sa reconstruction. Mais est-ce si facile de fermer sa mémoire et de tout laisser derrière soi ?
C’est une histoire bien écrite, bien structurée qui nous attire vers cette drôle de vie que Joanna partage avec des drôles de nanas, strip-teaseuses, junkies, fugitives, dans cet enfer qu’est Las Vegas quand on n’y vient pas pour jouer, se marier ou enterrer sa vie de garçon.
En tout cas, personnellement, ça m’a bien distraite.
les Jours brûlants de Laurence Peyrin, 2020, aux éditions Calmann Lévy. 430 pages, 20,50 €.
Comme tout l’indique, ça pue le sapin. Englobant tout ce qui peut nous distraire, nous faire kiffer, nous soûler, nous abreuver de plaisirs fendus et défendus. Mais ne désespérons pas, la connerie reste en vente libre, le vaccin n’est ni prêt ni à faire, les S.U.V flamberont plus tôt, les petits jésus naîtront dans la misère, la sainte communion sera assurée sur rendez-vous, les comédiens et autres acteurs de la culture pourront aller se re-rhabiller alors qu’ils espéraient se faire voir, et si les grands écrans restent vides, les petits écrins dévoileront les pépites offertes aux jolies femmes qui estiment cette preuve d’amour comme essentielle. Il en faut pour tout le monde comme disait un petit roi en faisant ruisseler un champagne éventé sur son peuple assoiffé. Tandis que les oies gavées et les esturgeonnes éventrées de dire merde, à quoi qu’on sert si y a plus d’agapes ? Bon week-end à vous malgré tout, et gardez le sourire : tôt ou tard, il servira !
– PE : Je prête mon mobile à mes fils. Je checke l’historique. Dans les recherches Google : « femme qui fait du strimtise ». JE PLEURE.
– BVA : Salaud de pauvre devenu un salaud de riche en gagnant 200 millions à l’Euromillions !
– JO : Cuisiner en culotte en écoutant Etienne Daho : je suis définitivement devenue ma mère.
– NA : Le 31 décembre à minuit on va déboucher des bouillottes.
– TA : Avec ces conneries, je sais toujours pas quel pantalon de pyjama je vais mettre pour le réveillon du 31 décembre.
– RR : Arrêtez votre cirque … Le 31 décembre on va le retrouver danser la macarena avec Balkany.
– BI : Si ça se trouve, un Mon Chéri c’est juste une cerise malheureuse qui noie son chagrin dans l’alcool et se réfugie dans le chocolat.
– ADN : Rester cloitré profite à la nature, chevreuils et sangliers dans les villes, écureuils dans les arbres, blaireaux à l’Elysée.
– NP : Il y a plus de chances de voir François Fillon rendre l’argent que de voir les cinémas et les théâtres rouvrir la semaine prochaine.
– GA : Y’a un truc qu’on doit plus subir et c’est tant mieux, c’est les poignées de mains molles.
– DC : Il est drôlement sympa ce Lallement d’accorder un soutien financier aux policiers mis en examen. J’ai juste un doute : c’est lui qui paie avec ses sous ?
– NA : Au moment où tout le monde se serre la ceinture, je suis heureux d’apprendre que nos impôts vont financer la défense de flics violents, menteurs et racistes.
– NP : « Comment je pouvais savoir que c’était interdit de promettre des faveurs à un magistrat en échange de renseignements ? J’ai fait ça toute ma vie… » La défense de Sarkozy à son procès.
– XX : 900 euros pour un migrant. Vu la retraite de ma mère, je lui ai conseillé de partir et de revenir en bateau…
– CV : Si j’ai bien tout suivi, si on veut tuer quelqu’un, un permis de chasse suffit. En revanche, si on veut juste le passer à tabac avec quelques amis et qu’on est filmé en train de le faire, et qu’en plus on a fait de fausses déclarations, si on est flic, on a droit à une indemnité.
– HS : Mais en fait, que demandent exactement les gens qui ne veulent ni du masque, ni du confinement, ni de l’appli, ni du vaccin ? Quelqu’un a-t-il un résumé non-sarcastique ?
– SF : On ne pourra pas brûler de voitures au Nouvel An ?
– OM : En raison du couvre-feu du 31 décembre, les feux de voitures auront cette année lieu le 24 décembre au soir.
– JG : J’ai pas entendu la partie où ils annoncent des moyens supplémentaires pour les hôpitaux.
– DSF : Par décret royal de ce jour, le 1er janvier sera désormais fêté le 32 janvier.
– RP : Jean Castex: « Pour que le 31 décembre reste une fête, une soirée spéciale sera diffusée sur TF1 durant laquelle Jérôme Salomon décernera le prix du plus beau service de réanimation ».
– NI : le 31 on va tous se croiser dans le métro en tenue de soirée avec une attestation « achat de fruits et légumes », il sera 19h55, mais bref.
– NP : Le Maréchal Al Sissi n’est pas un dictateur. Un dictateur c’est quelqu’un qui prend le pouvoir par un coup d’état, qui le garde grâce à des élections truquées, dont le régime viole régulièrement les droits de l’Homme ET qui n’achète pas d’armes à la France. C’est pas compliqué !
– CEMT : « Roselyne Bachelot va bien, elle est juste enfermée au troisième sous-sol de son ministère avec un bâillon sur la bouche pour éviter qu’elle proteste. »
– GV : Si Castex parle à 18h , c est parce qu’il sait qu’à 19h on est tous devant Zemmour !!
– DA : Bon on va pas donner dans l’anti-vaccination primaire hein, mais on va tout de même attendre quelques semaines de voir si les Rosbifs deviennent phosphorescents dans le noir.
– BB : Si vous avez déjà pris une tasse de café SNCF, vous n’avez pas à vous soucier de ce que contient le vaccin COVID.
– NP : En gros tu peux fêter la naissance de Jésus mais pas la mort de 2020.
– GB : C’est l’histoire d’un « pays laïc » qui rouvre ses lieux de culte avant les salles de spectacle et sanctuarise Noël mais pas le 31. Vous la connaissiez déjà je suppose.
– NMB : En fait, pour les artistes, le seul moyen de se produire à Noël et d’être sûr de faire salle comble, c’est de jouer dans un TGV.
– PA : Passer de l’essence à l’électrique pour arrêter de polluer, c’est comme passer du rhum au whisky pour arrêter de boire !
– PI : On va prendre notre temps, fêter le jour de lent, et tout ira bien.
– NMB : L’existence des ouvertures faciles implique celle des ouvertures difficiles qui, par définition, sont plus certainement plus faciles à ouvrir que ces putains de paquets de gruyère râpé de sa mère la péripatéticienne en short sur la Nationale 7 j’suis pas énervé tout va bien.
– DI : Ému par la déclaration du ministre français de l’intérieur sur l’honnêteté de Nicolas Sarkozy, le Père Noël a décidé de livrer lui-même le vaccin contre le COVID en France dans une Tesla volante tirée par des marmottes.
– CC : Affaire Geneviève Legay : Il n’y a pas de violences policières, il y a juste des côtes cassées, une fracture du crâne et un commissaire mis en examen.
– DC : Je lance une nouvelle tendance : le coning out. C’est comme le coming out, mais pour les cons. « Je suis con et je l’assume ».
– GB : J’ai enfin compris la fameuse « exception culturelle française ». Nous sommes donc un « pays laïc » dans lequel la religion pèse beaucoup plus lourd que la culture, puisqu’on a le droit de s’asseoir dans un lieu de culte depuis le 28 novembre, mais pas dans une salle de spectacle.
– CU : Je n’ai pas compris si c’est la partie de la vidéo où Pascal Olmeta abat un éléphant à bout portant qu’il ne veut plus qu’on montre, où bien celle où il fait la danse de la joie avec son ami chasseur.
– DA : CETTE ANNÉE, LA MESSE DE MINUIT ÇA VA ÊTRE UNE PUTAIN DE RAVE PARTY !!!
– MS : Vu l’âge moyen des pratiquants, quinze jours après après, c’est plus une rave party mais une crève party.
– SM : Le vaccin français sera prêt fin 2021. Fin de la blague.
– OVH : On peut le dire, ça fait un an qu’on co-vit.
– LC : Quelqu’un a déjà vécu assez longtemps pour acheter une deuxième bouteille de Tabasco ?
– PA : J’ai attrapé le coronavirus. Si vous souhaitez que je rencontre votre belle-mère, votre ex, votre patron ou autre, c’est 50 euros.
– CC : Changer une housse de couette, cet atelier spéléologie du confinement.
– DB : Couvre feu : le traditionnel brûler de voitures du 31/12 sera interdit après 20H. Encore une tradition qui se perd…
NB : Une super idée de cadeau totalement inédit : mon dernier livre « la fois où j’ai failli tuer la reine des yéyés », la drôle d’histoire de tous mes échecs, à commander chez votre libraire. Figurez-vous qu’il se vend même à la Réunion. Dingue, non ?
L’ami impossible est le titre de ce récit talentueusement écrit par Bruno de Stabenrath. L’ami en question est Xavier (Dupont) de Ligonnès, je mets Dupont entre parenthèses car ce nom n’était jamais utilisé avant « l’affaire ». L’affaire, c’est cette sombre histoire de nettoyage de sa famille, bien préparé et même très bien mis en scène par un homme, le père, arrivé au fond du fond de son ambition, lui qui devait sauver le monde, devenir une sorte de rédempteur selon la secte intégriste ultra-catho que sa mère avait créée, et qui devait régner sur terre après l’Apocalypse.
Mais le livre, ce n’est pas que ça. Le récit, c’est d’abord l’amitié que ces deux nobliaux de la jeunesse dorée, friquée mais pas sans valeurs, partagent dès leur rencontre à l’âge de 16 ans. Ils sont tous deux beaux gosses, pièges à filles, fêtards, mondains. Et c’est une vraie joie de lire la reconstitution de cette « belle » jeunesse des années 80, cette bande de fidèles bien nés, les belles fringues, les filles magnifiques, les virées dans les superbes propriétés à la mer ou ailleurs, les teufs dans les châteaux et demeures désertés par les parents toujours partis, les dragues, la musique surtout, très important ! Ils sont tous les deux bizarrement fanas de Presley (hé oui, en 80) dont ils collectionnent les albums. C’est très jouissif de partager les joyeux moments de cette jeunesse gâtée-pourrie et fort sympathique. Leur premier grand projet est de « faire » la route 66 sur deux grosses motos.
Tous deux ont de l’ambition. Bruno de S. a déjà participé à des tournages, l’Argent de poche de Truffaut, le plus important étant, l’été de ses 17 ans, Hôtel de la Plage de Michel Lang, grosse distribution — vous vous souvenez peut-être de la musique de Mort Schuman (qui a écrit des tubes pour Elvis mais n’a jamais pu le rencontrer). Le meilleur été qu’il ait passé et qui décidera de son avenir : lycéen médiocre, il deviendra comédien, c’est tout vu. Il s’inscrit dans des cours réputés et au Conservatoire. Le destin en décidera autrement. Il ne réussira pas dans cette voie (ça se saurait) mais exercera des métiers créatifs sympas, alors que Xavier de L., qui a passé brillamment son bac et a commencé droit à Assas, sera un grand entrepreneur, un winner qui rêve de se caser très vite avec la femme idéale et leurs enfants. Là aussi, chou blanc. Il ratera ses fiançailles pour cause de négligence puis, plus tard, épousera son ex entachée d’un môme non reconnu, suprême déshonneur dans ce milieu, mais tout en son honneur puisqu’il adoptera l’enfant. Il circule beaucoup, tente l’importation de grosses voitures américaines (il veut concurrencer Jean-Charles, fameux garage de luxe de Neuilly) et pour cela, fait beaucoup de voyages aux Etats-Unis où il s’est construit beaucoup de relations de confiance (hypothèse de planque ?). Il emprunte souvent, à chaque faillite, mais rembourse toujours. Ne pas pouvoir le faire le rend malade. C’est un homme de valeurs, ne l’oublions pas, loin de l’escroc à la petite semaine.
Et la vie continue, ils se voient peu mais restent en contact, l’un est marié et père, l’autre est un mondain bien parisien qui, hélas, sera victime d’un grave accident qui le laisse tétraplégique. Ils se retrouvent parfois, quand ils passent près de chez l’un ou l’autre, lors d’événements familiaux ou amicaux. Puis un jour, plus rien.
La mécanique de la disparition est décrite minutieusement dans la dernière partie du livre, le jeu de piste avec les mails envoyés des téléphones des enfants ou de la femme, tous déjà enterrés sous la terrasse, les fausses pistes etc. Un jeune ami de Bruno, geek, va ressortir, avant la police, une grande part des échanges numériques de toute cette famille et de leurs secrets, l’amant de la femme qui n’était autre que le fidèle ami du tueur, la maîtresse aisée de Xavier qui lui a prêté de l’argent pour monter une affaire foireuse, tellement foireuse qu’il a fini par se persuader qu’il n’y avait plus rien à tirer de cette vie. Ni de la secte puisque le jour prévu de l’Apocalypse, rien ne s’est produit. Et pour ne pas laisser sa famille dans la peine, la pire honte d’un homme probe qui, de plus, est le dernier d’une fière lignée, il a choisi de le faire disparaître.
Un livre extrêmement agréable à lire, passionnant même, car de Stabenrath possède une belle plume, il sait raconter, planter les décors, dépeindre les personnages. Lui est persuadé que son ami est vivant, planqué quelque part ici ou ailleurs, tellement débrouillard, charmeur, parlant couramment plusieurs langues et d’un physique hâlé passe-partout. Par ce livre, il lui demande de revenir et d’assumer ce qu’il a fait, comme un homme digne se doit de le faire.
L’ami impossible de Bruno de Stabenrath, 2020 aux éditions Gallimard. 530 pages, 22 €
Ch’est une chemaine que je ne shouhaite à perchonne car franchement, on che demande touche si on pourra enfourcher le tire-fèches, che déplacher en Chuiche ou en Echpagne pour pratiquer le chtemm ou draguer les monos pour avoir quelqu’un à qui rouler un patin le choir de la Chaint-Sylvechtre, ou devoir se rabattre chur les molles joues de papy-mamy et encore, chi la poliche n’a pas été appelée par des voijins malveillants qui n’iront même pas à la mèche. Heureujement, je dis bien heureujement, Macron monte dans les chondages pour pouvoir mieux redechendre tout chouch, non chans avoir chijelé l’éloge de chon prédechécheur, lequel a chu dire « au revoir » au bon moment, pas comme chertains. Chur che, exchellent week-end, dear friendj, et machquez-vous bien pour chortir !
– PA : Giscard va enfin faire ce qu’il aimait le plus : remplir les urnes
– JMC : Avis aux profanateurs de sépultures : L’accordéoniste ne sera pas inhumé avec les diamants de Bokassa.
– RP : Enchaîné depuis 18 heures aux grilles du Café de Flore pour protester contre l’interdiction de skier en Suisse. Manifestation prévue demain, port d’une parka Canada Goose exigé.
– CEMT : Je ne vois pas comment trois policiers armés peuvent avoir peur d’un producteur de musique. Bon, sauf s’il menace de leur passer du Pascal Obispo bien sûr.
– DSF : En tout cas si ces policiers ont senti comme ils le disent une forte odeur de cannabis à partir de 0,5 gramme, cela veut dire que depuis Paris ils peuvent sentir un chargement de 40 kilos dans une voiture à Perpignan.
– FL : La Suisse n’a pas vocation à accueillir toute la misère skiiesque de l’Europe.
– BLR : La priorité du gouvernement pour lutter contre le virus : interdire aux Français de skier. Je suppose qu’on a découvert un Covid mutant qui marche dans la neige et arrive à traverser une combinaison de ski.
– RR : Ils vont finir par nous déclencher une guerre avec la Suisse.
– FR : Après avoir trahi Flanby, maintenant, il s’en prend aux petits Suisses.
– NMB : Ce qui me fait le plus plaisir aujourd’hui, c’est de savoir que Sarkozy a coché la case « convocation judiciaire ou administrative » sur son attestation de déplacement alors que moi, j’ai juste indiqué que j’étais allé chercher le pain
– CC : Pour la première fois de ma vie, je suis allée à l’épicerie du Bon Marché : pour le prix d’un menu maxi best of supplément diabète, j’ai pu acheter deux chips.
– PI : Je suis au ski, j’ai payé cinq travailleurs pauvres pour me remonter en haut des pistes. Finalement c’est moins cher qu’un forfait.
– RDB : Sinon, juste vous allez pas skier et vous filez le montant du séjour aux Restos du Cœur.
– DA : Actuellement devant l’église de Sainte-Marine-de-la-Nativité, ÉMEUTE EN COURS : les vigiles demandent profession de foi, attestation de baptême, date de dernière confession, les adeptes se tabassent à coup de crucifix, seules 30 personnes pourront rentrer. Seigneur C’EST LE BORDEL.
– FL : Il est certain que l’église a tout intérêt à remplir, afin de favoriser les contaminations et ainsi multiplier les cérémonies d’enterrement.
– JG : Je voulais juste rappeler que pour 10 millions de Français, la question ce n’est pas de savoir s’ils pourront skier à Noël, mais s’ils pourront manger à Noël.
– NMB : Ça fait presque 10 jours qu’il n’y a pas eu de création de numéro vert. Il se trame quelque chose de louche. Soyez vigilants.
– DC : Création d’un numéro vert pour les Jeunes Giscardiens.
– JB : IMMENCHE TRISTECHE
– DSF : Non seulement la mort d’un homme est triste, mais elle va nous apporter un malheur supplémentaire : Un discours d’Emmanuel 1er.
– LO : 8m2 par client. 6m2 par fidèle. 0,97m2 par élève. Ça donne une échelle assez claire de ce qui compte pour le gouvernement Macron.
– OK : Et sinon, elle arrive quand la polémique sur les crèches de Noël ? Parce que là, on commence sérieusement à s’ennuyer.
– NP : Je ne dis pas que l’époque de Giscard, c’était il y a une éternité, je dis juste que quand Giscard est parti de l’Élysée, Emmanuel Macron avait 4 ans.
– JM : Je suis passé devant la librairie de mon quartier juste avant l’ouverture. Une foule immense. Une vieille dame, venue à pied d’Ambert, émue aux larmes. Des familles campent depuis trois jours autour de braseros. Les gens se racontent les romans d’Alexandre Jardin pour patienter.
– ND : On apprend que les remontées mécaniques ouvriront en Autriche, mais que les hôtels resteront fermés. Il suffirait donc de dormir à l’hôtel en France et d’utiliser les remontées mécaniques autrichiennes pour des vacances pleinement réussies.
– MK : Bel hommage à Giscard : « Sarko à la barre » (du tribunal !).
– CC : Avant j’avais envie de frapper ceux qui abusaient des termes de « bienveillance », « résilience », « groupe de travail » et « observatoire ». J’y ajoute « plateforme » et « numéro vert ».
– VC : Emmanuel Macron sur Brut dit que pour lutter contre les violences policières, il faut s’inspirer de ce que fait le gouvernement sur la lutte contre le violences faites aux femmes. Rappel : 80% des plaintes classées sans suite.
– RDB : Il n’y a pas de violences policières mais je vais tout faire pour arrêter les violences policières parce que les violences policières c’est mal et c’est pour ça qu’il n’y en a pas car les gens qui disent qu’il y en a portent atteinte à la République (Macron sur Brut en résumé)
– RS : Le vaccin va être gratuit. C’est à dire financé par les impôts. Du coup les anti vax vont participer financièrement à la campagne de vaccination. C’est un peu ça, la magie de noël.
– PA : Si vous voulez économiser un peu d’argent, c’est peut-être le bon moment pour annoncer à vos enfants que le Père Noël n’a pas survécu à la pandémie !
– LCM : – la fermeture des librairies ? – AH JE SUIS SCANDALISÉ! – L’interdiction de skier à l’étranger ? – AH JE SUIS SCANDALISÉ! – Vous lisez des livres ? – non – Vous skiez ? – non – LOL, bienvenue sur Twitter !!
– JPT : Six autour de la table du réveillon, je trouve ça exigeant : moi, j’ai du mal à trouver les cinq autres.
– NP : Le saviez-vous ? Les Américains ont tellement de cholestérol et de diabète que si tu fais cuire leur sang, tu n’obtiens pas du boudin mais du caramel au beurre salé.
– RV : Dominique Strauss-Kahn va sortir une autobiographie. Je suppose qu’il va raconter son vit.
– RE : Réveillon : pas plus de 6 à table, sauf si vous privatisez une cantine scolaire. « La limite passe alors à 200 », explique Jean-Michel Blanquer.
– CC : Aller courir avec une gueule de bois, c’est comme se masturber avec une éponge en inox : beaucoup de volonté au départ mais ça pique un peu.
NOTE : Une super idée de cadeau totalement inédit : mon dernier livre « la fois où j’ai failli tuer la reine des yéyés », l’histoire drôle de tous mes échecs, non comprise sa parution durant la crise Covid, à commander chez votre libraire.
L’Anomalie et non pas l’âne au Mali quoi que ce roman de Hervé Le Tellier, couronné par le Goncourt, aurait aussi bien pu écrire sur cet animal car son livre se frotte à tous les sujet, le principal étant une faille dans l’espace-temps avec duplication des personnages. Une sorte de thriller-polar-anticipation à plusieurs personnages venus de plusieurs pays et transitant dans le même avion Air-France en mars. Avion qui va être gravement secoué par une méga-tempête non prévisible où chacun y a laissé un bout de son âme tellement c’était rude. Mais le plus pharamineux, c’est qu’ils se sont retrouvés dans ce même appareil en juin, sans raison, avec le même équipage, les mêmes avaries, aux mêmes place. Leur voyage a été dupliqué, eux aussi. Ils se retrouvent tous, les cent et quelques, avec un autre moi parfaitement identique, l’un ayant vécu trois mois de plus.
C’est inexplicable et tous les pouvoirs, toutes les intelligences, tous les cultes, tous les scientifiques sont convoqués en secret pour tenter de trouver une réponse plausible à cette affaire impossible à résoudre.
Les portraits des héros, principaux voyageurs, sont à déguster tellement ils semblent incarnés. Il y a là un tueur à gages, une monteuse de cinéma dont le désamour pour son amant plus âgé est flagrant, un médecin qui doit annoncer à son frangin qu’il va mourir de son cancer, une avocate noire culottée enceinte de son bédéiste adoré, le pilote de l’avion, une pop-star nigériane, une famille idéale si le père ne pratiquait pas des agressions sexuelles sur sa gamine etc.
On s’attache à ces gens tellement leur peinture est précise et donne envie d’en savoir plus. On en saura peut-être un peu plus lorsqu’ils seront confrontés au problème qui nous occupe.
C’est fin, c’est étayé, c’est technique souvent, c’est parfois drôle, c’est bourré de références éclectiques dont beaucoup littéraires (Le Tellier est membre de l’Oulipo), ça se lit avec entrain tellement on a envie de savoir la suite, c’est un super moment qui fait aussi réfléchir lorsqu’on aborde les concepts de réalité, d’identité, de vie et de mort, de rapport intime à soi-même, un peu de métaphysique ne nuit pas ni de questionnement sur le sens de l’existence. Si c’était une série, on attendrait avec impatience la saison suivante. Un très bon Goncourt.
L’anomalie de Hervé Le Tellier aux éditions Gallimard. 2020. 332 pages, 20 €