Bon alors, moi ce bouquin d’Ovidie, La Chair est triste hélas m’a fait beaucoup rire, du moins la première partie. Le même rire goguenard qu’ont les hommes pour se moquer des femmes, même s’ils les aiment. Car tous les travers de nos chers mâles et ce que nous leur sacrifions pour leur plaire, parce qu’ils dominent tout, sont rassemblés de façon ironique et irrésistible. Qu’on est connes, faut dire. Si, si, j’insiste. Voici d’ailleurs la 4ème de couv : « J’ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m’étais forcée par politesse, pour ne pas froisser les ego fragiles. À toutes les fois où mon plaisir était optionnel, où je n’avais pas joui. À tous ces coïts où j’avais eu mal avant, pendant, après. Aux préparatifs douloureux à coups d’épilateur, aux pénétrations à rallonge, aux positions inconfortables, aux cystites du lendemain. À tous ces sacrifices pour rester cotée à l’argus sur le grand marché de la baisabilité. »
Bon, ceux et celles qui ne le savent pas, Ovidie a arrêté tout rapport sexuel depuis quatre ans (sauf avec elle-même) par lassitude. Marre d’être mal baisée (oui, on est toutes des mal baisées et ce n’est pas une insulte aux femmes, en fait) malgré tous les efforts qu’il faut faire pour leur faire plaisir. Comme sa copine obligée de faire une pipe à son mec TOUS les matins sinon il ne lui cause plus. On sait que c’est un système vénal où les femmes se vendent plus ou moins contre quelque chose, sécurité, valorisation, situation, etc, que les femmes ne baisent jamais gratuitement avec les hommes pour une simple raison : ils baisent mal. Ovidie est très drôle aussi sur le cunni car ils ne savent même pas où est le clito et s’activent vaillamment sur les poils. Plus loin : et tous ces mecs de gauche qui baisent comme des mecs de droite sans jamais politiser l’intime… Bon, tout ça quoi.
Puis la deuxième partie qui est plus une bio explicative, psy : elle voit d’ailleurs une psy et semble se justifier de certaines pensées par ce livre. Elle explique ce qu’elle voudrait pour améliorer les relations hétéro mais c’est impossible finit-elle pas conclure. Partie un peu moins inspirante, mais ça se lit vite. Comme c’est écrit car dit-elle dans l’avant-propos, ce n’est ni un essai, ni un manifeste, tout au plus un exutoire, un texte cathartique en écriture automatique. Un livre qui fera rire toutes les femmes et hurler leurs mecs. Enfin, je n’en sais rien…
La Chair est triste hélas par Ovidie, 2023 aux Editions Julliard, sous-édition fauteuse de trouble initiée par Vanessa Springora. 156 pages, 18 €.
Texte © dominique cozette