Les Fessebouqueries #540

La semaine est passée plus facilement qu’un chameau (non, je n’évoque pas Roselyne) dans le chas d’une aiguille ou que l’Evergreen dans le canal de Suez mais pas que Tavernier dans l’œilleton d’une caméra ou que Menès dans l’élastique d’une petite culotte, mais mieux qu’une goutte d’Astra-Pfizer dans l’orifice d’une seringue chez un vétérinaire qui ne saura confondre notre fessier avec celui d’une vache… bref, tout cela s’enchaîne et nous enchaîne dans le maintenant traditionnel bordel (pardon Pierre-Arnaud) des annonces de nos grands fantaisistes avec passage en direct de leur soliste à 22h30, nous laissant aussi perplexes devant la conduite à tenir que Xavier Bertrand devant une injonction à une primaire. Bref, on continue d’avancer tel des non-voyants dans le dédale du merdier mais comme c’est le week-end, on se console dans les bras du sommier, du sommelier ou de some-like-it-hot pourvu que cela nous mène à un moment de bonheur ! Happy day, dear friends !
(photo © Bruce Gilden).

– PF : Si on avait envoyé ma belle-mère au Canal de Suez plutôt que des ingénieurs, ça ferait longtemps que le bateau serait coupé en petites parts égales rangées dans des Tupperware.
– CEMT : Jean Castex : Bonne nouvelle, on a retrouvé les vaccins pour la France. Mauvaise nouvelle, ils sont sur un bateau dans le canal de Suez !
– OM : Et dire que Roselyne Bachelot pourra peut-être se vanter un jour d’avoir été la seule Ministre de la culture qui a fermé tous les lieux de culture et qui a tué Michel Sardou…
– CC : Un jour Bertrand Tavernier est monté dans un bus où je me trouvais. Il est venu s’asseoir devant moi, je voyais ainsi l’arrière de son crâne que je n’ai pas quitté des yeux pendant tout le trajet, en me disant que celui-ci contenait plusieurs cinémathèques.
– NG : Apéro avec Véran, brossage de dents avec Macron. C’est quoi cette soirée de merde? Y a Castex qui ronfle dans mon lit après ? Wo !
– RR : Et puis un direct à 22h30 sans prévenir ! on dirait le voisin qui débarque pour te demander si tu as une cigarette à lui passer. Pour notre santé mentale il faudrait songer à un couvre-feu des interventions politiciennes.
– CEMT : Attention, dimanche heure d’été, à 2 heures il sera 3 heures et Macron va réussir à caser un discours entre 2 heures 01 et 2 heures 59.
– CEMT : — J’arrive pas à dormir ! —  Ça suffit, Manu, il est l’heure, dors. —  Mais j’arrive pas à dormiiiiir ! —  Ok, une dernière intervention sur BFM et après tu vas te coucher. —  Oh merci Brigitte, je vais dire que j’ai tout bien fait et que les Français c’est des méchants.
– JDF : Si vous êtes vacciné par un vétérinaire et que ça s’est bien passé, inutile de manifester votre joie en remuant la queue
– LS : Pour Pâques, les messes sont autorisées mais la chasse aux œufs est déconseillée par Jean Castex. « Il sera possible de se contaminer en famille à l’église mais pas dans le jardin. »
– MH : Non, Bertrand Tavernier n’est pas mort, il est juste parti pour « une semaine de vacances » ou « un dimanche a la campagne.»
– NP : De toutes façons, Emmanuel Macron a eu raison, il a raison et il aura raison. Sur tous les sujets. Et si la réalité dit le contraire, c’est que la réalité se trompe parce que Emmanuel Macron a raison. Point final.
– JB : Stratégiquement je ne parlerais pas de « confinement le week-end » pour les Parisiens, mais d’une « offre découverte des week-ends façon province, entre courses au supermarché et soirée télé ».
– JT : Vous aussi avant de vous coucher, vous regardez sous le lit pour vérifier qu’il n’y a pas Pierre Ménès ?
– MK : Roselyne Bachelot placée sous oxygénothérapie… Pourtant, en temps normal, elle ne manque pas d’air !
– TI : Pierre Mènes ne sera pas sur FIFA 22. Au moins le jeu pèsera moins lourd pour le télécharger.
– PD : « Cas contact de Roselyne Bachelot, Michel Sardou testé négatif au coronavirus ».  C’est officiel, Roselyne Bachelot n’aura vraiment rien fait pour la culture française.
– PB : Les vétérinaires qui vaccinent vous prennent la peau du cou pour vous piquer, puis vous font une petite gratouille sous le menton, en vous disant que vous êtes un gentil pépère.
– OV : URGENT : Emmanuel Macron prendra la parole dans la nuit de samedi à dimanche pour se féliciter de la réussite du changement d’heure.
– OK : Je me sens un peu comme le Canal de Suez ! Un bon pet, ça ira mieux.
– LS : Selon Jean-Yves LeDrian, le vaccin russe Sputnik n’aurait rien à voir avec le nom d’un satellite spatial. « Il apparait clairement que c’est une contraction de la locution « Ce Poutine nique » répétée en boucle et très vite. »
– JB : Touchée par le coronavirus, Roselyne Bachelot assure qu’elle continuera tout de même à ne pas faire avancer les dossiers du secteur culturel.
– BLM : L’avantage avec le variant français c’est que dans même pas deux semaines il va se mettre en grève.
– IBP : NIQUE TA MERE SUR CANEBIÈRE. NIQUE TES MORTS SUR LE VIEUX PORT.
– ES : —  J’ai perdu 4 kilos en 15 jours sans me priver  —  Et comment t’as fait? — J’ai un super métabolisme… Toi aussi fais des réponses de connasse. Ça fait tellement du bien.
– RR : La cohabitation a l’air de bien se passer à l’ouest avec les Parisiens. Si ça se trouve, dans un mois, tous les Bretons seront végans, se déplaceront en trottinette et voudront Hidalgo comme présidente.
– CEMT : Bon ben pour Pâques, y’a plus qu’à faire des chasses aux œufs dans le métro ou à l’école vu que ce sont des lieux sûrs contrairement aux jardins.
– RR : Le monde s’écroule, les magasins de sous-vêtements sont fermés, il faut se taire dans le métro, les enfants sont des bombes à retardement virales, on se parle tout seul tellement on ne voit plus personne…Mais Xavier Bertrand fait son petit bonhomme de chemin. On va craquer.
– JC : J’explique à ma fille que les maths lui serviront toute sa vie… et dans l’exercice suivant on pèse des girafes.
– MH : Le Carnaval sauvage à Marseille va remplir les hôpitaux.  En voiture Timone !
– OM : Avant, te comporter vraiment mal t’ouvrait les portes de l’enfer, aujourd’hui ça t’ouvre les portes de Hanouna.
– MK : Xavier Bertrand se déclare candidat et déjà la France va mieux. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent, ça baise de partout, l’argent des riches ruisselle sur les pauvres, la Covid se casse et Pascal Obispo renonce à la chanson.
– DC : Non seulement Macron ne s’excuse pas de ne pas avoir reconfiné fin janvier, mais il ne s’excuse même pas de ne pas s’excuser !
– PA : J’ai toujours été fier de mon fils qui avait de très bonnes notes à l’école… Jusqu’au jour où je me suis aperçu qu’il avait écrit sur les fiches remises à ses profs : — Profession du père : Inspecteur académique. —  Profession de la mère : Contrôleuse fiscale.
– AC : Je suis allée chez le véto pour aller me faire vacciner, il en profité pour me couper les griffes.
– CL : Dans le métro, un mec subtilise mon téléphone placé dans ma poche de manteau, sauf que le dit téléphone a l’âge de Michel Sardou et la vitre est cassée. Déçu, il décide donc de me le rendre illico. Voilà, si vous cherchez d’autres avantages à la vie de pigiste précaire, n’hésitez pas.
– ES : Roselyne Bachelot positive au Covid, ça prouve bien que c’est pas dans les théâtres et les salles de concert qu’on l’attrape.
– OB : Tu sais qu’on vit une époque de merde quand tu te réjouis d’avoir la permission de 19h.
– OK : Vivement que les bars rouvrent, que je me prenne un Castex on the Twitch, avec une rondelle de citron, et quelques cacahuètes.
– JS : Vous avez remarqué le nombre de personnes qui baissent leur masque pour éternuer ? Quel est leur projet ?.
– LS : INFO : Jean-Marie Le Pen se déclare opposé au remplacement des chiffres romains par des chiffres arabes.
– FP : On n’est pas sérieux quand on a XVII ans.
– DC : C’était mieux avant. Souvenez-vous de mai LXVIII !
– NP : Après les disquaires et les cordonniers, le gouvernement annonce que les maréchaux-ferrants sont autorisés à rester ouverts dans les régions sous confinement.
– JPT : La France est une dictature où l’on a le droit de dire: « On a le droit de rien dire! »
– BE : Le problème quand on a le cul entre deux chaises, c’est les accoudoirs.
– LL : Quitter Twitter, d’accord, mais pour râler où ?

MERCI À VOUS « TOUSTES »  QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Un sacré cas de conscience !

Auto-portrait avec garçon est le premier livre (et quel livre !) de Rachel Lyon. On est dans les années 90 à New-York. Lu Rile est une jeune photographe sans argent et squatte, comme quelques autres artistes, un ancien entrepôt complètement pourri qui deviendra, plus tard avec la gentrification, un superbe loft. En attendant, il y fait très froid, on dort couvert de plusieurs couches de vêtements, ça pue, il y a des rats, pas souvent de l’eau chaude et il semble qu’un acheteur fasse tout pour virer les occupants, même s’ils paient un loyer. Les photos de Lu sont celles qu’elle glane en se promenant, son précieux Rollei autour du cou mais elle réalise aussi une série d’autoportraits dans des mises en scène imaginatives. Le dernier va changer sa vie : elle se photographie en petite tenue en train de sauter devant la baie de son loft. Le résultat ne sera visible qu’au tirage. En fait, en fond, derrière la vitre, un enfant tombe du ciel. Il s’agit du fils des voisins du quatrième, tombé accidentellement du toit terrasse lors d’une fête. C’est une photo extraordinaire, tétanisante. Un chef d’œuvre. Mais faut-il exposer une telle photo face à la douleur des parents endeuillés de leur enfant, qui plus est voisins et dont la femme deviendra son amie ? Peut-on devenir une artiste reconnue en trahissant les siens ? Rester dans l’ombre en détruisant ce cliché ? C’est tout le dilemme de Lu.
En dehors de cette question cruciale qui tient en haleine, Lu nous entraîne dans la visite de la vie à New-York quand on est complètement fauché, quand personne ne peut vous aider, quand il faut exercer trois boulots de merde pour subvenir à peine à ses besoins. Lu est une jeune femme assez insignifiante, petite, avec de grosses lunettes, n’imprimant pas les esprits, se sentant mal à l’aise dans les groupes de gens, les expos.
Pour aller aider son père en train de devenir aveugle, elle emprunte la bagnole pourrie de potes. Il vit sur la côte dans un coin médiocre et une maison inconfortable. Elle cherche (comme dans les derniers livres américains que j’ai lus, bizarrement) des traces de sa mère dans le fourbi du garage où son père a accumulé des tas de saletés, mais rien. Une opération est nécessaire sur les yeux de son père mais il n’a pas un radis et elle encore obligée de s’y coller…
Voir cette petite bonne femme naïve et frêle se débattre dans un bain de problèmes n’est pas d’une gaité folle mais c’est un super bon livre. D’ailleurs, quand je vois la liste des personnes remerciées à la fin, je trouve que les nouveaux livres ressemblent plus à des entreprises de travaux publiques que l’œuvre en solitaire d’un auteur. Mais qu’importe, le résultat en vaut la peine. Un pavé bien construit qu’on a du mal à interrompre.

Autoportrait avec garçon (Self-portrait with boy 2018) de Rachel Lyon. Traduit par Jérôme Schmidt.  2019 aux éditions Plon. 450 pages, 23 €.

Marina Abramovic, Eric Fottorino et Covid 19

Eric Fottorino, écrivain, journaliste, ne connaissait pas Marina Abramovic* avant d’écrire ce livre, Marina A. C’est sa rencontre avec elle, virtuelle, dans une grande expo de Florence et sur des affiches partout dans la ville qu’il l’a rencontrée. Ce fut un choc terrible !
Dans ce livre à elle dédiée, il se glisse dans la peau d’un chirurgien orthopédiste, Paul Gachet (tiens donc) qui va passer quelques jours à Florence avec sa femme et sa fille ado. Après les visites convenues, il ne peut s’empêcher d’aller voir cette Marina qui le provoque de son regard presque insoutenable sur les affiches, les flancs de bus etc. L’artiste n’est pas là, mais il y a beaucoup de vidéos de ses performances ou des performances rejouées par des figurants, beaucoup de photos, documents… Son mode d’expression : le body art. Et c’est énorme ! Elle passe sont temps depuis les années 70 à triturer son corps, à le faire saigner, à l’affamer, à le frapper, à l’asphyxier, à le congeler, à le mutiler, très souvent nu. Rien de cela n’est gratuit. Une fois, elle s’est postée assise sur une table et a disposé 72 objets autour d’elle : les visiteurs devaient la considérer comme un objet et faire TOUT ce qu’ils voulaient avec ou sans les objets. Il y avait de jolies choses, fleurs, plumes, et des armes, objets tranchants et un pistolet chargé d’une balle. Timide au départ, le public a montré de plus en plus d’audace puis de cruauté. Ils l’ont déshabillée, maltraitée, blessée à plusieurs endroits (elle a beaucoup saigné), sans les femmes, ils l’auraient violée, voire tuée. Il y en eu beaucoup d’autres où elle ne devait pas bouger d’un centimètre des journées entières, des choses effrayantes et insupportables. Elle a rencontré un homme, qu’elle a chéri, avec lequel elle a réalisé d’autres performances très dangereuses, ou improbables.
Fottorino en cite de nombreuses. Le narrateur, tout comme l’auteur, a été terriblement déstabilisé par cette artiste, il en a fait des rêves ou des cauchemars, elle l’a proprement hantée. Alors que sa femme l’oubliait une fois revenue à la maison, il écumait secrètement Internet. Puis quelques temps après … le confinement. A ce moment-là, l’œuvre de Marina A. a pris un relief troublant, comme si elle avait été lanceuse d’alerte sur ce que nous vivions : l’enfermement, la douleur, l’impossibilité de se toucher et puis l’injonction fréquente de l’artiste à prendre soin de nous. Le héros se dessille : a-t-il pris soin de sa femme, de sa fille ? Non, pas vraiment, il a vécu machinalement, sans passer plus de temps que ça à partager de l’amour avec elles. Alors qu’il souffre d’un trouble de l’équilibre l’obligeant à rester allongé, sa femme s’occupe de lui, mais puisque c’est le confinement, chacun est dans sa bulle, les casques sur les oreilles, dans une solitude aveuglante. Il va comprendre ce que l’artiste lui a transmis, comment il fallait vivre sans se cacher de soi-même, prendre l’existence devenue incertaine comme une aventure et s’occuper mieux des autres.
Livre riche par les réflexions qu’il suscite et l’épaisseur du propos sur la puissance d’une artiste hors normes.

* Marina Abramovic a écrit sa bio, un livre impressionnant comme elle-même, a lire absolument, dont j’ai fait un billet plus qu’enthousiaste. Ici sur mon blog.

Marina A par Eric Fottorino, 2020 aux éditions Gallimard. 170 pages, 16 €.

Texte © dominique cozette

 

 

Où est passée la mère de Rose ?

Les secrets de ma mère est le troisième roman de Jessie Burton, autrice britannique populaire experte en tricotage de grand romanesque. Et ce n’est pas peu dire. On est pris très vite dans cette quête désespérée de Rose, jeune femme abandonnée par sa mère tout bébé. Sa mère qui a disparu sans laisser aucune trace mais dont certains indices laissent à penser qu’elle ne s’est pas suicidée. Un des côtés plaisants de ce livre est de nous balancer de l’année 1982 à l’année 2017, un coup à Los Angeles, l’autre coup à Londres. Et d’y dessiner le parallèle des vies de deux femmes qui se sont si peu connues.
Ça commence, en 1982 à Londres, avec Elise, 23 ans, plutôt effacée, qui tombe sous le charme de Constance Holden, alias Connie, une écrivaine déjà connue sauf d’Elise. Elise, dont on peut penser qu’elle n’est pas vraiment homosexuelle, se laisse porter par cette vague d’amour que lui prodige cette femme sûre d’elle, élégante, séduisante. Elle vient vivre chez elle jusqu’à ce qu’on apprenne à Connie que son premier roman va être adapté par une grosse production d’Hollywood, avec un casting d’enfer. Et qu’on lui offre de venir s’y installer le temps du tournage. Ni une ni deux, elle saute dans l’avion avec sa jeune amie, ravie de la tournure que prend sa vie. Et là, dans la magnifique villa avec piscine qu’on leur a prêtée, c’est la fiesta, le défilé des people, le bling-bling tonitruant. Qu’est loin d’apprécier Elise, timide, jalouse, voyant son amoureuse s’éprendre de cette vie clinquante et surtout de la magnifique actrice qui joue le premier rôle.
Alors, pour faire diversion, elle pose pour une artiste, qu’elle aime beaucoup, amie de Connie, et dont le mari, Matt, ne fait pas grand chose d’autre que du surf. Elle va donc apprendre aussi le surf avec lui. Elle aimerait pourtant tellement rentrer à Londres avec Connie ! Comme celle-ci ne semble pas s’y préparer, Elise va commettre un acte qui va changer le cours de la vie de toutes ces personnes.
En 2017, Rose s’apprête à quitter son père Matt, qui l’a élevée seul après la disparition d’Elise et qui vit maintenant en couple. Ils se sont installés en Bretagne, elle doit retourner à Londres. Le dernier jour, Matt lui donne deux vieux livres, en fait ce sont les deux seuls romans écrits par Constance, puis lui apprend que cette femme a bien connu sa mère. Sauf qu’il ne veut pas en dire plus, il se refuse à parler de leur histoire, trop pénible, jamais digérée. A partir de cette information, Rose se met en quête de rencontrer Connie, femme âgée maintenant, plus ou moins recluse, refusant le contact. Cependant, suite à un subterfuge hasardeux, Rose sera engagée chez elle sous un faux nom, comme femme de compagnie, dactylo, aide diverse. Elle vit alors avec un type sympa vaguement hippy qui ne réalise jamais son projet un peu stupide de food-truck tandis que son camion rouille. Rien ne se construit entre eux deux, elle gagne un peu d’argent en tenant un bar de copains et lui écrit quelques scenarios. Plus le temps passe, plus les deux femmes s’apprécient — Rose s’installe chez Connie —  mais moins Rose trouve le cran de l’interroger sur sa mère, subodorant par quelques vagues apartés que Connie ne supportera pas cette intrusion.
On voit donc d’un côté se développer la genèse de toute l’affaire, les relations entre Connie, Elise, Matt et sa femme, puis la petite graine du bébé, et de l’autre, c’est une enquête à la première personne où l’on accède juste par la vision de Rose. A la fin, on apprendra pourquoi et comment ces amours et amitiés ont explosé. La fin est impressionnante. C’est palpitant, c’est foisonnant, c’est un bain d’émotions que nous offre ce livre magnifiquement romanesque.

Les secrets de ma mère de Jessie Burton, (The confession 2019), 2020 pour la traduction de Laura Derajinski, aux éditions Gallimard. 508 pages, 23 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #539

Oh, une femme à poil ! Si encore elle était belle ! Rendez-vous compte qu’elle est ménopausée ! Ben ça alors ! Bon, c’est la fin de la semaine, les gens sont confinés, épuisés, abrutis devant la télé et ils croient voir une meuf à poil. Hé, les aminches, c’était juste une revendication ! Pas la peine de se scandaliser pour une chatte et une paire de nichons ! Y a des choses plus graves, des lieux de culture fermés, des cinés clos, des intermittents, précaires et mi-temps à bout de souffle, voilà…Merci Masiero pour le ramdam, ça réveille ! Autre chose qui réveille : un clito géant en plein Paris (mais elles vont arrêter, les nanas avec leur sexe ?) et côté virilitude, un gynéco (au secours, lâchez-nous), je voulais dire Doc Gyneco qui se réveille entre deux vaps pour taper sa meuf, un Pépé le Putois viré pour harcèlement sexuel sur les chattes (ho, hé, on arrête ces allusions ?), OK. Alors le Pape, Fukushima… heu mouais. Alors bonne fin de semaine entre potes au soleil ou sous la pluie mais avec le verre à moitié plein !

– OM : C’est pas pour dire, mais Corinne Masiero avait les dessous de bras épilés. Si ça c’est pas un signe de soumission au diktat de la beauté du patriarcat blanc occidental hétéro-normé !
– MR : Rappelons que parmi les disparu.e.s de cette année figure la seule femme qui, à ce jour, à reçu le César de la meilleur réalisatrice : Tonie Marshall. La seule. En 46 cérémonies.
– OM : Et cette tête de cochon de Bacri qui ne vient même pas récupérer son César d’honneur…
– NP : Les gens m’étonneront toujours : à l’heure de Netflix, Amazon, Disney et autres, il y en a quand même pour s’infliger les César 2021 et se plaindre que c’est chiant. Vous vous attendiez à quoi ? Ça fait un an qu’il n’y a pas de cinéma ! Il y a 12 films qui sont sortis en 2020 !
– DC : Je veux être CORINNE MASIERO ! GROSSE PAIRE D’OVAIRES, LA MEUF.
– NPW : Ce matin au boulot, pour demander une augmentation, je suis rentré à poil en réunion avec marqué « + de € » sur la teub (pas la place pour écrire plus ). Ben on m’a pas applaudi, j’ai été mis à pied et je suis en garde à vue pour exhibition sexuelle. Pas merci Corinne Masiero.
– DC : Imagine-t-on Yvonne de Gaulle à poil sur la scène des César ?
– OI : Hé, que la militante vous énerve, je veux bien mais ceux qui ne s’en remettent pas d’avoir vu une nana de 57 piges à poil dix secondes à la télé, franchement, allez sucer votre pouce dans un coin et essayez de vous détendre hein… c’est plus possible le tribunal pour les corps à chaque fois là.
– FR : Scandale aux César : aucune femme n’a été nommée pour recevoir le prix du meilleur acteur masculin.
– MK : C’est les César ou un meeting Front de gauche ?
– EV : Je vois bien Corinne Masiero revenir sur scène en Peau d’Ane pour récompenser Patrick, l’âne d’Antoinette dans les Cévennes…… Ah non c’est encore Dupontel
– ON : Ni Simone Signoret ni Michèle Morgan se seraient mises nues pour les César. C’est vraiment la décadence ! La laideur au plus haut point ! Un ramassis de dépravés !
– TO : Vous ne m’empêcherez pas de penser que les gens qui portent leur masque sous le nez sont ceux qui ne mettent pas leur clignotant dans les ronds-points.
– CEMT : Jean Castex : « Je crois que le plus simple, c’est de mettre les hôpitaux parisiens sur roulettes et de les déplacer dans des zones moins contaminées. »
– BR : Elle a pris quel vaccin Corinne Masiero ? C’est pour un ami.
– JPT : Dans un état d’esprit inclusif, pourquoi ne pas réserver le César aux hommes et attribuer aux femmes une Césarienne?
– CEMT : Le dixième anniversaire de Fukushima, à mon avis les habitants de la région s’en battent les 5 couilles.
– MC : Je précise que mon compte Twitter c’est pour rigoler. Pour pleurer j’ai mon compte bancaire.
– FG : Le virus a bientôt 1 an, il fait ses nuits de 18h à 6h, il va à l’école et parle déjà couramment l’anglais, le brésilien et le sud-africain, il fait aussi du rugby de haut niveau. Ça grandit tellement vite à cet âge là…
– CO : « Peut-être que si nous disons aux gens que leur cerveau est une application, ils commenceront à s’en servir… » Morgan Freeman.
– FPB : On peut légitimement critiquer les pédophiles. Mais force est de constater que eux, au moins, roulent doucement en passant devant les écoles.
– JNP : Un de mes copains a acheté un pack de cinq tests PCR rapides. Il a essayé les cinq tests en même temps. Les résultats sont : – deux fois positif.  – deux fois négatif.  – une fois enceinte.
– MBW : Corinne Masiero, t’as définitivement du clito !
– BVA : O. Dassault, mort pour ne pas avoir voulu se mouiller les pieds. Ça mérite un bon classement aux morts les plus connes.
– SV : Ce matin, chez le boulanger, je me trouvais derrière un client centriste. Il a commandé trois pains aux chocolatines.
– ES : Parmi les partisans de Daesh, la venue du Pape en Irak provoque un véritable Ayatollé.
– CL : Les mecs ça leur pose aucun problème de te proposer des trucs par tous les orifices mais quand ils doivent passer un test PCR – donc un grand coton tige dans le nez … c’est panique à bord.
– CH : Les gauchistes vouent une haine sans bornes aux riches, détestent le monde de l’entreprise, méprisent la compétence, ignorent la méritocratie, jalousent la beauté et le raffinement, cultivent l’entre soi car ils sont hypocrites, mondains, lâches et médiocres
– BVA : Les lanceurs de fléchettes bientôt autorisés à vacciner.
– OM : C’est bon messieurs, on peut arrêter de chercher le clitoris, il est sous la tour Eiffel.
– DC : On ne dira plus je vais aller voir la tour Eiffel « dard-dard », mais « clito-clito » !
– NP : C’est pas pour excuser des générations de mecs mais honnêtement, quand tu habites en province et que le clitoris est au Trocadéro, c’est pas évident de le trouver !
– RR : Nous avons connu des jours meilleurs, mais je me rassure en me disant que nous en connaîtrons des pires.
– CEMT : Olivier Véran : « Le vaccin & vaccin Johnson & Johnson est très efficace & efficace, j’en suis certain & certain. »
– FPB : Doc Gynéco en garde à vue pour violences conjugales  Ah. C’est donc ça, les fameuses violences obstétriques ?
– FPB : Accusé de participer à la culture du viol, le personnage de Pépé le Putois est supprimé des productions Warner. Je comprends. Sans Pépé le putois, jamais Patrice Allègre, Emile Louis ou Guy Georges ne seraient passés à l’acte.
– LS : Accusée de contribuer à la mauvaise répartition des tâches ménagères, Blanche Neige disparait des productions Disney.
– CC : C8 va relancer « La maison France 5 » (en changeant le nom évidemment). Nous retrouverons Stéphane Thébaut pour de « nouveaux Prieurés du XVIeme siècle entièrement recouvert de béton ciré par Marie-Clémentine, merveilleuse architecte qui nous accueille au Touquet ».
– XY : Bientôt un an, on va fêter le confinement de coton.
– RR : A force de rendre la Justice, elle a fini par disparaître.
– TP : Le cloud n’existe pas. Quand un data-center brûle, on perd ses données. Internet, c’est donc nul. En tous cas, ça ne vaut pas le 3615 Géraldine.
– NP : Ça fait plus d’un mois qu’on est au-dessus de l’objectif du nombre de malades en réa et ça empire toutes les semaines. Le gouvernement a donc décidé qu’il est urgent de ne rien faire.
– NA : La situation est très préoccupante, du coup on se donne une semaine pour réfléchir.
– PA : Vous savez pourquoi les banquiers n’épousent jamais leur maîtresse ? Pour ne pas transformer une action en obligation.

MERCI À VOUS « TOUSTES »  QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Bref tour de quelques galeries du Marais

Puisque les musées sont fermés, je vous invite à voir les quelques artistes qui m’ont consolée de ce manque.
La très chic Thaddeus Ropac, rue de Bellême, expose pour la première fois en France Alvaro Barrington, avec, pour titre You don’t do it for the man, men never notice. You just do it for yourself, you’re the fucking coldest. C’est dit ! Ce qui m’a plus, c’est le dépouillement de ses œuvres (je ne parle pas de ses collages et assemblages de récup au sous-sol), des peintures colorées, petites, sur un fond de lin, de moquette ou autre chose qui rappelle son enfance chez sa grand-mère caribéenne mais surtout l’épais encadrement de béton brut qui rend tout cela très actuel et masculin, et qui fait référence à sa toute jeunesse dans les quartiers zones de New-York. Cet artiste est encore jeune et plein de sève.

 

 

Un artiste que vous connaissez tous et qui me rappelle tellement la S de Spontex, mais c’est un haricot paraît-il, Claude Viallat, dont j’avais admiré l’immense rétrospective à Montpellier il y a quelques années, fête ses 85 printemps dans la belle nouvelle galerie de Templon qui est, depuis peu, au 28 rue du Grenier St Lazare. C’est toujours aussi magnifique bien que répétitif dans le concept, dans l’exécution mais pas dans les formes et on ne peut que s’incliner devant la créativité de cet artiste monomaniaque qui fut dans les sixties partie prenante du groupe supports/surfaces. Encore une vaste galerie où les gestes barrières sont inutiles tellement il serait inconvenant de se coller à quelqu’un !

 

La galerie rikiki, Pièce Unique, pour une ou deux personnes, présente sa nouvelle pièce unique, après ses petites figurines scato-bavaroises du mois dernier. Il s’agit d’un très grand tableau de Mc Arthur Binion qui ressemble, de loin derrière la vitre, à une sorte de tapis. Qu’on ne s’y trompe pas, c’est un collage papier sur bois ou sont appliquées les centaines de pages de ses répertoires des années 80, lorsqu’il était musicos à NYC, disposées avec régularité et rehaussées d’un motif géométrique, comme un grillage coloré, pour faire staïle (je dis ça pour faire simple sinon je vous recopie la page entière qui blablate comme d’habitude sur la démarche de l’artiste). C’est au 57 rue de Turenne, on s’arrête si on passe à côté, sinon, bof bof…

Hélas, pas de photo !

A la galerie de Thorigny, 1 place de Thorigny, c’est demain le finissage d ‘Empreinte Voluptueuse de Pauline Angotti, en présence de l’artiste, avec ses sculptures et photos affriolantes, certaines en mousse figurant des corps, rephotographiées ou non, d’autres tendance bondage en toile à matelas, et des photos bustes-lingeries reproduites en 3D.

 

Au cas ou cela vous aurait échappé, il y a aussi cette nouvelle et gigantesque galerie de 800 m2, Galleria Continua, 87 rue du Temple, avec  « Trucs à faire » par le curateur J.R. (voir très nombreuses photos sur le lien ici) : plusieurs niveaux, plusieurs artistes, plusieurs styles, des tas de choses amusantes et/ou étonnantes, une installation de supermarket italien où on peut acheter vin et pâtes, mais surtout le plus beau film artistique que j’aie jamais vu, 40 minutes dans une petite salle un peu confinée pour l’époque mais vous le trouverez sur le web ici, Staging Silence de Hans Op de Beck. C’est plus raisonnable même si ça ne donne pas autant que sur un grand écran… (rien à voir avec les deux photos ci-dessous) ! Attention,  il y a la queue, surtout le week-end !

 

That’s all folks pour aujourd’hui. Je ne vous cache pas que c’est rébarbatif comme exercice, aussi, si vous avez apprécié, merci de liker, j’en ferai d’autres à l’occasion. Sinon, bah ça me fera moins de travail !

Texte et photos © dominique cozette

La fabrique des pervers, glaçant !

Lorsque Camille Kouchner est passée à la Grande Librairie, elle a cité le livre de Sophie Chauveau, la Fabrique des pervers, comme le livre qui l’avait irrémédiablement poussée à écrire la Familia Grande, comme un livre capable de donne les clés pour comprendre l’inceste. Il se trouve que ce livre est effroyable, c’est une caricature de la culture du viol dans toute sa noirceur, sans aucune retenue, sans conscience du mal, sans réflexion, sans pudeur, sans vergogne sans jamais de honte, de regrets ou de remords de la part des dominants et de leurs complices, femmes et mères. Hallucinant !
Sophie Chauveau écrit des livres, dont beaucoup sur les peintres. Un jour, elle reçoit une lettre d’une femme qui  porte le même nom et pense être sa cousine. Oui, elle l’est. Et tout de go, lui annonce que son père l’a violée de ses quatre à quatorze ans. Bienvenue au club, répond Sophie. Elles se retrouvent et le ciel leur tombe sur la tête : pratiquement tous les hommes de la famille sont des violeurs, ils pratiquent l’inceste sur trois générations, sans que jamais cela n’ait fuité. Même une grand-mère, qui dormait toujours avec de jeunes garçons de son clan, a dépucelé son petit-fils.
L’histoire : pendant le siège de Paris, lors de cette immense famine, l’aïeul et un complice ont eu l’idée de vendre la viande des animaux du jardin des plantes. Tuer, voler et transporter l’éléphant ou l’hippopotame était une tâche faramineuse mais ils y sont parvenus. Jusqu’à ce que la ville leur livre les bêtes déjà tuées pour qu’ils la débitent en viande, dans leur « épicerie » , devenue the place to be, où se pressaient les riches. Ils ont fait fortune. L’aïeul, venu d’une campagne profonde, a eu quatre fils et une fille, vite veuve, et tout a été bon pour eux : élevés sans morale ni instruction, sans valeurs bourgeoises,  ils ont vécu comme des princes, se procurant tout ce qu’ils voulaient, en premier les plaisirs sexuels. Tout était à portée de main, en toute impunité, et tous y passaientt : filles, nièces, neveux, belle-filles, belles-sœurs… et ce sur les générations suivantes. Une seule fois, le scandale a failli éclater parce qu’un fils avait violé une voisine (hors de la famille, donc) : le violeur a été envoyé à la légion étrangère et les voisins grassement indemnisés.
Le père de l’autrice, Père, est quelqu’un qui ignore altérité. Tant que quelque chose lui fait plaisir, c’est à lui, il ne voit pas l’autre, le mal que ça peut lui faire, la gêne même. Il est toujours nu chez lui, sa femme, ex-catho convertie au plaisir et au fric, ne se soucie pas qu’il embrasse sa fille « avec la langue » chaque fois qu’ils se croisent, qu’il lui pelote le corps, se frotte à elle, lui demande des privautés, que, lorsqu’elle amène une copine de classe chez eux, qu’il prenne un bain avec comme il le fait avec ses filles. Les mères des copines, horrifiées, leur interdisent de fréquenter Sophie, elle n’aura vite plus d’amies, mais ses parents disent simplement que ce sont des réacs, culs serrés, pas dans leur époque. On est dans années 70, les pédophiles vivent heureux, et dans Libé, la lettre des 69 (sic) sur « la liberté de jouir » est signée d’incroyables personnalités : les attendus Cohn-Bendit, Matzneff, Lang, Sollers, Foucault, Beauvoir, Sartre… mais aussi Dolto, Deleuze, Kouchner… C’est dire que cette époque n’engageait pas à protéger les enfants de la quéquette adulte !
Elle, à part Père, était la proie aussi de son parrain et, après l’avoir refoulé profondément, de son oncle Philippe qu’elle aimait tant. Comme elle aimait ses parents, même si elle n’appréciait pas leurs mœurs. Elle n’avait aucune autre référence puisque tout le monde faisait ça autour d’elle. On baisait devant les enfants, pas grave, on échangeait ses femmes, on faisait un gosse à sa belle-soeur… Donc cet oncle Philippe, il a vécu toute sa vie en hippy séducteur (ils sont très beaux dans cette famille de riches), barbe et cheveux longs, une gandoura et rien dessous pour être toujours prêt à empaler la première nana qui se pointait dans leur maison des Alpilles, et il y avait pléthore. Il a fait beaucoup d’enfants non reconnus, a été toute sa vie entretenus pas ses parents, n’a jamais eu l’idée de penser que c’était mal tout ça.
Le plus hallucinant dans ce livre, sont les réactions de ses parents, âgés, lorsque la thérapie a agi. et qu’elle s’est sentie prête à discuter avec eux sur son ce qu’ils ont fait d’elle. Sa mère, au bord de sa mort, qui a dénié tout abus, ce n’était que des chatouilles, et son père, avec qui elle était fâchée, allant jusqu’à lâcher cette phrase qui l’excusait de tout : bah quoi, je ne t’ai quand même pas enculée. Sidérée, elle a été.  Tous ceux qui se sont exprimés disaient qu’ils donnaient de l’amour, qu’ils adoraient leurs enfants, ce qui est sûrement vrai d’une certaine façon… Ce livre est insensé.
Dans la deuxième partie du livre, Sophie Chauveau décortique tout ce que les victimes ont subi  du point de vue de la psychanalyse et de la psychiatre, du point de vue de l’histoire de la domination patriarcale, de la religion puisqu’ils se prétendaient catholiques, du point de vue de la loi (qui a un peu évolué depuis ces quatre dernières années). On peut comprendre comment cette partie théorique a intéressé Camille Kouchner, friande de toutes données susceptibles d’éclairer ses douloureuses interrogations.
Un livre édifiant dans la monstruosité. (Interview Sophie Chauveau en 2016 ici)

la Fabrique des pervers, Sophie Chauveau, 2016 aux éditions Gallimard. 280 pages, 19,50 €.

Texte © dominique cozette

Encore un sacré Moriarty !

J’adore cette auteure australienne qui nous livre de gros romans dodus pleins d’histoires de familles souvent inextricables, avec des petits ou des gros secrets derrière les portes, des caractères difficiles à dompter, des trahisons, des événements plus ou moins graves difficiles à surmonter, dans des jolies familles vivant au beau soleil de leurs jardins et vérandas, égayées par les rires et les cris d’enfants qui donnent sens à la vie.
A la recherche d’Alice Love ne faillit pas à cette règle. Cette fois, Liane Moriarty a utilisé un ressort dramatique, pas tout neuf, certes, mais extrêmement efficace pour bâtir une intrigue : l’amnésie. Alice Love tombe alors qu’elle fait du step dans sa salle de sport. On l’hospitalise et la voilà revenue dix ans en arrière : elle se croit enceinte, ne reconnaît pas le contenu de son sac avec une robe taille 36 et de la lingerie ultra fine. Lorsque sa sœur arrive (elle apris deix ans !), elle lui demande de prévenir Nick, son adorable mari. Mais elle n’est pas enceinte, elle a trois enfants, et Nick, appelé sur son insistance, lui répond de façon agressive. En fait, elle va apprendre qu’ils ne vivent plus ensemble, qu’ils divorcent et que c’est elle qui l’a viré. Elle ne veut pas le croire, son cœur est plein de lui, c’est impossible.
Prétendant que sa mémoire est revenue, elle quitte l’hôpital, aidée de sa sœur chérie qui, elle aussi, semble quelque peu fâchée. Elle se débat avec les éléments qu’on lui donne, pourquoi sa charmante voisine lui tourne-t-elle le dos, et quel est cet homme, charmant par ailleurs,  dont on dit qu’ils ont entamé une relation agréable.
Sous le prétexte de sa chute, elle donne le change comme elle peut à tous ceux qu’elle rencontre, car, bizarrement, elle est devenue une super woman à l’agenda de ministre, à la tête de diverses activités scolaires ou sociales. Ses enfants, très remuants, ont compris qu’elle ne se souvient de rien, Nick, son mari vient lui donner un coup de main mais rien, dans son attitude malgré la gentillesse de sa femme, ne montre qu’il aurait envie de revenir à la maison. De plus, elle a peine à croire les reproches qu’elle lui a faits pendant ces années où il bossait comme un fou pour sa famille, donc n’était pas vraiment là. Beaucoup lui parlent de Gina et l’importance qu’elle a prise dans leur vie. Elle flaire une liaison avec Nick mais non, en fait elle est morte dans un accident de voiture sous ses yeux et elle n’a pas encore réussi à s’en remettre.
Elle ne comprends pas non plus la froideur de sa sœur, sa sœur qui enchaîne les fausses-couches et s’en détruit la vie. Mais qui écrit une sorte de psychanalyse à l’attention de son médecin, ce qui nous éclaire un peu plus. La mémoire met du temps à revenir, ce ne sont que des parfums et odeurs qui envoient des flashes. En tout cas, elle redevient celle d’avant, plus cool, gourmande, moins exigeante pour les enfants qui apprécient. Nick semble parfois à un millimètre de craquer…
Puis lors de la gigantesque tarte qu’elle avait organisée avec l’école et la ville pour la bonne cause, les souvenirs débarquent en un fatal puzzle. Avec évidemment les ressentiments, surtout ceux concernant Nick dont elle comprend alors pourquoi elle ne veut plus de lui. Mais ce n’est pas si simple, il y a aussi l’autre homme, il y a l’Alice d’avant et celle qu’elle est devenue en dix ans, qu’elle n’aime pas vraiment. Il faut se reconstruire, s’occuper au mieux des enfants et de sa vie à elle, renouer avec sa sœur, faire le deuil de la fameuse Gina…
J’adore les livres fleuves de Liane, bourrés des petites choses de la vie, des travers de chacun, de leurs faiblesses et tentations. Sans oublier le suspense, car jusqu’au bout, on ignore le dénouement. (Trois autres critiques de ses romans sont sur ce blog)

A la recherche d’Alice Love de Liane Moriarty (What Alice forgot 2009). 2019 chez Albin Michel, traduit par Béatrice Taupeau. 464 pages. Et au Livre de Poche.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #538

 

Ce fut une semaine pleine de brillantine et de Pento, une de celles où les hommes ont étincelé d’éclats plus ou moins répulsifs. Il y eut d’abord un homme dont le pouvoir ex-orbitant (qui sort des orbites) fut de venir à la télé se blanchir des infamies dont il fut accusé et condamné deux jours plus tôt, un coupable présumé innocent qui se transforma en innocent présumé coupable, puis deux autres présumés coupables dont un confirmé — Léotard que jamais — et l’autre Balladurement relaxé comme s’il était viré de la grande  famille des LR et autres droitistes fièrement RDJ (repris de justice), chaleureusement réconfortés par le chef des flics. Néanmoins, Marine le Pen veille au grain, s’efforçant de retenir cette déferlante  d’hommes probes loin de sa frontière, sous l’œil torve d’un premier ministre dont la messe du jeudi soir vient endormir son public d’un coup de piqûre, ou mieux, de seringue tsé-tsé (t’sais quoi ? Bah moi non plus). Le grand chambardement n’est donc pas pour demain alors profitons du soleil, fuyons les cinoches et les terrasses … et gaffe, le cauchemar revient, les mégères féministes sont de sortie lundi, ongles acérés et coups de pied alertes pour faire respecter leurs droits. Capito ? Bon week-end tout de même, dit d’une voix douce et feutrée !

– HI : C’est quand même formidable de se dire qu’on vit dans un pays où, quand un ancien président de la République est condamné à de la prison ferme, la première question légitime à se poser est : « pour lequel de ses procès, déjà ? »
– MZ : Vous avez prévu quoi pour le premier anniversaire du confinement ? Je suis un peu à court d’idées.
– SF : Faire barrage à Le Pen est devenu un programme politique. À mon avis, on va en bouffer de l’abstention.
– NMB : Il y aura forcément des lendemains qui chantent. Et j’irai les applaudir quand ils monteront sur scène.
– DDS : Il semblerait que le groupe d’individus qui a soigneusement savonné les escaliers de l’extrême-droite demande maintenant qu’on empêche qu’ils les dévalent.
– NP : Quand je vois le nombre de crétins qui nous entourent et qui aurait pu mourir de la tuberculose, de la variole, de la polio, de la rage, de la diphtérie, je me dis que c’est finalement vrai : les vaccins n’ont pas que des bons cotés.
– FT : Qui imaginerait le général de Gaulle en prison en train de sodomiser Balkany sous la douche ?
– RP : Recalé à l’entretien d’embauche chez Canal + parce que je ne portais pas une veste de costume avec des New Balance…
– LI : C’est quoi le pire truc de droite que vous faites ? Moi c’est avoir un chat de race et lui payer des sachets fraîcheur.
– TA : Devoir choisir entre Macron et Lepen, ce n’est pas une question pour les gens de gauche. Cette question ne concerne que les gens de droite.
– LO : Quand les terrasses de bar vont rouvrir, y’aura tellement de candidats, faudra réserver sa table genre à Pâques pour un apéro le 15 août.
– OM : La condamnation de Nicolas Sarkozy pose quand même un certain nombre de questions inédites à notre système judiciaire. Comme par exemple de savoir s’il existe des bracelets électroniques taille enfant.
– DC : Sarkozy a pris trois ans. Il a le choix entre faire la gueule et faire appel. Il choisit de faire les deux.
– FT : MAIS PAR PITIE QUE CARLA BRUNI NE CHANTE PAS LES PORTES DU PENITENCIER !!!!
– DDS : Sarkozy super héros de droite : De président en carton, il se transforme en président en taule.
– EM : Si à 66 ans t’as pas un bracelet électronique, t’as raté ta vie.
– PJ : Ouf, la prison ferme retenue contre Nicolas Sarkozy pourra être aménagée. Il devrait donc pouvoir rejoindre Isabelle Balkany dans l’équipe de chroniqueurs de Cyril Hanouna.
– OK : Qui imagine le Général de Gaulle au gnouf pour corruption et trafic d’influence ?
– JH : Le plus triste dans cette histoire, c’est qu’on ne pourra même pas sortir dans un bar pour fêter la condamnation de Sarkozy.
– CC : On est quand même passé d’une Rolex à un bracelet électronique : quelle infamie !
– FL : Christian Jacob passe ses journées à envoyer des messages de soutien indéfectible à tous les LR condamnés par la justice. C’est un boulot à plein temps. Il devrait devenir visiteur de prison, ça lui irait bien…
– PI : Je viens d’imaginer Carla Bruni en survêt’ en pleine nuit, lancer des balles de tennis remplies de shit par dessus le mur de la promenade en gueulant « TIENS BON MON TRITON, POULICE PARTOUT, JOUSTICE NOULLE PART ».
– MK : C’est raide sous la soutane : « Au moins dix mille victimes d’agressions sexuelles dans l’Eglise de France depuis 1950″. A mon avis, il faut interdire l’Eglise !
– JU : Je pense à « après covid ». Quand on se prendra tous dans les bras. Ce sera une nouvelle période de l’histoire. L’étreinte glorieuse.
– LJ : Donc si j’ai bien compris , à chaque fois que notre ami Sarkozy aura une condamnation ou une mise en examen , il aura droit à une 2ème plaidoirie sur une chaine de télé le surlendemain ???
– ES : Le ministre de l’intérieur, en charge de la lutte anti-corruption, apporte publiquement son soutien à un ancien président condamné pour corruption. Continuons à nous poser des questions sur la défiance généralisée après ça.
– DD : Et dire qu’il suffirait d’installer les restaurants, les cinémas et les théâtres dans le métro pour éviter de se contaminer…
– LI : Comme au moment de l’affaire Fillon et de la même manière, le coupable n’est donc pas l’accusé mais bien la justice.
– ES : Sarko ne s’en remet pas : « J’ai pourtant toujours été un talhonnête homme ! »
– GD : Adieu Génération Identitaire, petite vermine partie trop tard.
– RDB : Les gens de droite : « Justice laxiste ! Tolérance zéro ! Pas d’aménagement des peines ! Taubira démission ! Rétablissement de la peine de mort ! » Les gens de droite quand un politicien de droite est condamné : « Complot politique ! Justice trop sévère ! Les juges en prison ! »
– FIL : Le pire dans tout ça, c’est que Sarkozy ne peut pas se faire tatouer un plan de prison en entier.
– RP : J’entends les gens de droite dire partout « la justice est de gauche », donc vous confirmez bien que l’injustice est de droite. Merci.
– EMM : Mauvaise nouvelle pour Macron : son cabinet McKinsey, condamné pour fraude, vient de limoger son PDG !
– NS : Entretenir un repris de justice avec l’argent des contribuables en lui fournissant bureaux, secrétaires et voiture avec chauffeur, c’est possible en France. Pas en Suède.
– DC : Affarire Karachi ! Dur, dur, pour Balladur, vexé d’être relaxé ! Serait-il vraiment un homme de droite ?
– JU : Les gens qui disent « MERKI ». J’ai envie de les défonker.
– CD : J’imagine la tête médusée des journalistes étrangers qui découvrent qu’un condamné à 3 ans de prison débarque au JT de la plus grande chaîne française pour clamer son innocence, le lendemain du jugement…
– TO : —  Chérie, tu veux que je fasse livrer un petit Japonais pour ce soir ? — Je préférerais un grand Sénégalais. —  Je voulais dire pour le repas. — …
– PO : Mes gamins se chamaillent tellement que j’ai dû édicter des règles. Par exemple, quand ma fille casse un jouet de mon fils, ce dernier a le droit d’incinérer une poupée de sa sœur. J’ai appelé ça la « Clause Barbie ».
– SS : Sarkozy : « Je veux dire aux citoyens que ce qui m’arrive pourrait arriver à n’importe lequel d’entre eux ». C’est vrai qu’il est commun d’être mis en cause dans dix affaires pour « corruption », « trafic d’influence », « financement illégal de campagne » et « détournement de fonds publics
– SF : Ça a été galère de trouver un masque et ensuite de se faire tester. Maintenant, c’est la croix et la bannière pour se faire vacciner. Comme j’aurais aimé naître dans un pays développé !
– TP : J’adore les Anglais. Énorme. La journaliste anglaise demande à Véran : « comment vous gérez les fonctionnaires policiers qui se réunissent dans les bars clandestins…?  » Énorme !!!!
– DC : Marine le Pen, la fille qui dépasse les borgnes !
– RR : Patrick Dupont, parti sur la pointe des pieds…
– LF : Je dis pas que ce nouveau week-end de confinement est long mais là, je viens de finir d’écrire un livre sur comment découper un antivax avec un couteau en céramique sans casser le couteau.
– NMB : C’est dommage que Jean Castex ne fasse pas ses conférences de presse le mercredi, ça lui éviterait de perdre son temps à annoncer le jeudi soir des mesures que l’on sait déjà depuis le jeudi matin
– NP : Les conférences de presse de Castex, c’est quand même aussi palpitant qu’un épisode de Derrick où il ferait une course poursuite contre Louis La Brocante en déambulateur. Filmé au ralenti.
– RR : N’oublions pas qu’en un an le Covid a tellement muté qu’il est devenu féminin. Je ne sais ce que l’avenir nous réserve.
– LF : Encore une fois l’effort collectif est compromis par une bande de trous du cul qui réclament des traitements inefficaces ou qui beuglent à la dictature sanitaire. L’histoire vous jugera.
– BG : Un verre après l’hiver ? Véran : « Nous verrons. »
– PI : Vivement que la pandémie se termine pour pouvoir se reconsacrer au dérèglement climatique. Ahah, je déconne, au financement des retraites, aux droits individuels et aux étrangers, oh ça va, on peut encore plaisanter dans ce pays de gauchistes ou ça aussi c’est prohibé ?
– OK :  — 2 fois par semaine je suis réveillé par un con en voiture qui écoute Christophe Maé à fond.  — Mais non c’est le camion poubelle qui recule !

MERCI À VOUS « TOUSTES »  QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Formidable Aubenas !

L’Inconnu de la Poste, la très longue enquête — sept ans — de Florence Aubenas sur le meurtre sauvage d’une jeune femme enceinte, employée de la mini-poste d’un village, est un livre formidable. On le sait maintenant, le suspect numéro un, un acteur borderline qui fut révélé à 16 ans par Doillon dans Le Petit Criminel, n’est vraisemblablement par l’auteur des vingt-huit coups de couteau pour une petite somme de rien. Alors ? Alors ce que nous conta Aubenas est superbement écrit, campé, détaillé : on voit les places, les ruelles, les personnages, on les entend parler, on entre parfois dans leurs pensées, c’est passionnant, on a l’impression de vivre dans ce village, Montréal-la-Cluse.
Comment se fait-il que le meurtre, qui a eu lieu juste après l’ouverture de la poste, sise au milieu du village, vers 8 h. 30, heure où tout le monde passe par ici, les écoliers, les commerçants, les gens qui font leurs courses, ceux qui travaillent, ceux qui viennent faire un dépôt ou acheter des timbres, comment se fait-il qu’avec toutes les fenêtres qui donnent sur la place, personne n’ait rien vu, pas un suspect, pas une personne avec du sang sur elle ? L’enquête est très longue, le premier suspect, le mari quitté pour un autre, est hors de cause mais le marginal qui habite dans un trou à rat juste en face avec deux autres laissés pour compte, qui fait toujours la manche pour sa bière ou sa dope, quand il a dépensé l’argent de ses cachets, pourquoi pas lui ? Les présomptions de sa culpabilité vont et viennent. Aubenas le questionne, il est d’un abord facile mais parfois il disparaît pour essayer de se rabibocher avec sa nana partie vers Nantes. Puis il revient. Il aime ce village loin des paillettes des tournages qu’il n’apprécient pas vraiment, ici c’est tranquille. Enfin, c’était.
Florence Aubenas s’appesantit sur lui car c’est une figure, il est baratineur, il a eu un oscar, il a joué dans une vingtaine de films, il arbore un look peu ordinaire et puis c’est un enfant de la Ddass, il a été très maltraité par une des familles qui l’a recueilli avec son frère; parfois, il va voir sa mère biologique, c’est intéressant. On y voit aussi le père de la victime, veuf, qui aurait donné sa vie pour elle. Un notable qui prend un sacré coup de vieux durant ces longues années sans résultat.
Il y a surtout l’impensable disparition du comédien, Gérald Thomassin, qui était enthousiaste de participer au procès puisqu’il savait qu’il serait définitivement hors de cause — il a fait quand même deux ans de taule — mais personne ne sait pourquoi il n’était pas au rendez-vous avec Aubenas le jour de l’ouverture du procès alors que son copain de Nantes l’a mis dans le train, après une nuit de muflée. Ce n’était pas un train direct, son portable ne répond plus, le mystère reste encore entier.
Le talent d’écriture de Florence Aubenas s’est considérablement développé. Outre la joliesse des phrases qu’elle tricote, elle concocte des dialogues franchement réjouissants, c’est un pur bonheur que de la lire.

L’Inconnu de la Poste de Florence Aubenas, 2021 aux éditions de l’Olivier. 240 pages, 19 €.

Texte © dominique cozette

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter