Il n’y a pas de fumée sans fric

Un scientifique, Robert Proctor,  vient de sortir un pavé de 750 pages sur l’industrie du tabac, ses scandales, son CA, ses ravages etc… Le livre est remarquable car c’est une étude qui porte sur les « tobacco documents » sortis du secret depuis 1990, soit 13 millions de documents numérisés. Puis épluchés pendant 10 ans. Enorme. Car il met à jour l’énorme complot des puissantes firmes de tabac pour entraver toute mise en garde. On sait depuis 1920 que le tabac est cancérigène. En 53, les dealers de la mort se réunissent pour s’entendre pour ne pas ébruiter l’affaire, qui le sera quand même dix ans plus tard.
Enorme aussi le marché passé grâce au plan Marshall, la fameuse aide à la reconstruction de l’Europe de l’après-guerre, pour rendre accro les Européen, fumeurs de brunes moins nocives parce que plus difficilement inhalables. C’est le sénateur de Virginie, ce bon tabac doux, qui a eu l’idée d’un package où, pour 2 dollars de nourriture, un dollar de tabac était envoyé à l’Europe.
On peaufine la douceur des fumées, on les sucre, on les bidouille pour qu’elles aillent plus vite au plus profond des poumons en accélérant l’addiction. Je ne vous parle du polonium 210 qui, en vingt clopes dans la poche, équivaut à 300 radios thoraciques. Ni du plaisir à fumer qui n’est qu’une pure fabrication marketing contrairement aux drogues ou à l’alcool qui, eux, produisent ivresse ou sensations fortes.
Tout ce qui pourra être tenté pour augmenter l’enrichissement du secteur sera fait. Tout ce qui pourrait éveiller des soupçons de la part des autorités sanitaires, des gouvernements, des fumeurs, sera tu. Beaucoup d’organismes anti-tabac, ou indépendants seront infiltrés ou arrosés. Des experts de l’OMS reconnaissent avoir été roulés dans la farine.
La cigarette est l’invention la plus meurtrière de l’humanité. Elle tue plus que le paludisme, plus que le sida, plus que la guerre, plus que le terrorisme. Et surtout : plus que tous ces éléments réunis. On estime à 100 millions les victimes du XXème siècle. Et peut-être à un milliard pour le siècle actuel (en même temps, on est trop, non ?).
Chaque année, la production de clopes pourrait remplir la pyramide de Khéops et dépose, en se consumant, 60 000 tonnes de goudrons dans nos poumons. Il y a beaucoup d’autres choses à apprendre dans cet article du Monde du 25 février, ici d’où ces infos succinctes  sont tirées. Ça vaut son pesant de mégots.
Une réplique m’avait frappée  dans un film iranien (je crois)  :
– ça ne vous dérange pas si je fume ?
– Non, non,c’est vous que ça dérangera plus tard.
Ah, j’oubliais le titre du bouquin : Golden holocaust (et non pas golden low coast, ou goldo hole low coast)

Texte (d’après le Monde) et peinture © dominique cozette

Pub Chrome : vos enfants vous tueront un jour…

Cher papa, cher con de papa,
ton intention n’était pas méchante mais simplement tu n’as pas réfléchi.  Toi qui montais sur tes grands chevaux du temps de facebook parce que tu craignais pour ta vie privée, tu n’as pas hésité à tenir mon petit journal sur Internet, photo et tout, dès ma naissance.
Tu vas me dire que cette pub (Chrome ?)* était tellement craquante que … tu as craqué, le résultat est là : je suis fichée (donc fichue) sur tous les listings possibles et imaginables. C’est l’enfer. Ils savent tout de moi depuis toujours, mes goûts, mes aptitudes, mes faiblesses psychologiques, mes pathologies, mes tics, mon éthique, mes styles de vêtements, de films, d’entertainement… Ils ont déjà tracé mon avenir, je sais que je serai en couple de 25 à 41 ans, puis de 58 à 87 ans, âge à partir duquel j’affronterai mon veuvage et ma décrépitude. J’aurai un gosse à 45 ans, seule, je me ferai tout refaire l’année suivante.
Mon intellect me portera vers les études de socio ou d’éthnologie.
Le pire, c’est qu’ils ont déterminé avec une prétendue marge d’erreur de 5% mon partenaire idéal. Mon partenaire idéal existe en 490 786 modèles pratiquement identiques de par le monde. De vrais clones qui me bombardent de leur ondes à longueur de temps pour entrer en contact avec moi.
Très cher con de papa, cette lettre que je dépose sous ta porte pour éviter l’ébruitement, est un adieu. Je pars, je vais tout changer, tout brouiller, je ne peux pas te faire confiance, tu le comprends aisément.
Je vais vivre quelque chose de formidable : l’aventure de ma vie. Avec des rencontres improbables, un itinéraire incompréhensible. J’aurai des compagnons imprévisibles, des amis incohérents et des grossesses irraisonnées.
Je ferai le deuil de mes premières années avec toi (et maman) et irai, à ton insu, te regarder vivre sur tes stupides réseaux. Je t’enverrai peut-être un signe, je ne sais pas. Je t’embrasse néanmoins et te dis bonne route pour la suite de ta vie. Fais-en bon usage et, c’est une supplique, laisse ton dernier bébé en dehors de tout ça…
ta grande fille.

*(Nouvelle pub pour le navigateur de Chrome qui met en scène de nombreux outils de Google dans une histoire d’un père qui écrit et communique avec sa fille par mail depuis sa naissance.L’histoire est bien faite et tout cela pourrait être vrai. « Créez un compte mail sur Gmail pour votre enfant et déposez tous les jours, toutes les semaines ou tous les mois un mail, des photos, des vidéos. » )

Texte et illustration © dominique cozette

Fessebouqueries #83

Beaucoup de défoulement suite aux excès de promesses du candidat en titre, quelques borloonades, une timide DSKinerie et quelques fariboles essentielles à la cohésion de notre lien social…
– CFB : Elle me résiste depuis plus d’un mois. J’essaie de l’attaquer par tous les flancs, déploie des trésors d’imagination pour qu’elle fasse ce que je veux. Elle rechigne, hoquette, fume.

Mais je n’ai jamais été très doué avec les imprimantes.
– DT : Le plus triste pour Jeanne d’Arc, c’est de n’avoir jamais réussi à fonder un foyer
– JC/MN: Le nain est vraiment incompréhensible et totalement incohérent.
Pour cette campagne il a choisi de faire peuple, de se rapprocher du peuple, il veut être le candidat du peuple.

Et comme porte parole il choisit une aristo hautaine, mélange de marie-chantal et de marie-antoinette, née une cuillère d’argent dans la bouche
– HPE : Nicolas Sarkozy proclame son « amour de la France ». Je viens d’apprendre un nouveau mot pour dire « argent ».
– JC : Et le nain qui toute honte bue fustigeait hier les élites et l’entre soi
D’un côté ça magouille, ça grenouille, ça combine, ça se refile les postes entre cadre de la mafia UMP, et de l’autre ça vient appeler le peuple à l’aide. « je veux redonner la parole au peuple » (qu’il a confisquée) s’est écrié le l’usurpateur « aidez moi » a éructé le nain singeant De Gaulle.
Mais putain de nom de dieu de bordel de merde, il faut le raccourcir un peu plus, rétablir les tribunaux populaires, ériger la guillotine et l’exécuter en place publique
– OVH : Cougar : comment se faire une meuf avec du vieux
– HAD : Bronzé au vin chaud..les skis fartés au reblochon!!!!
– AL a emmené son oeil au beurre noir voir la campagne
– MB : Quand tu es belle, on te trouve intelligente. Quand tu es intelligente, on te trouve intelligente.
– MB : Quant aux hommes, j’ai capté l’essentiel. Ils ont deux têtes. Une petite et une grande. Et ils pensent avec la petite ….
– SG A passé un excellent lundi, s’apprête à passer un merveilleux mardi et un formidable mercredi. Et cherche d’urgence pour jeudi une jeune prostituée moldave, une philosophe, un pianiste, un cordon bleu, une doctorante en biologie évolutionnaire, un exorciste et un caméraman.
– PLP : petite réflexion du matin, à tous ceux qui vouent littéralement une adoration à leur candidat. Que vous soyez séduit par leur programme, c’est une chose, que vous croyez encore à toutes ses balivernes, ça devient un peu naïf, mais que vous n’usiez même pas de ce que nous possédons tous, à savoir une intuition lorsqu’on les regarde dans les yeux pour s’apercevoir que TOUS, ne cherchent qu’une chose, le pouvoir et l’argent. il y a quoi au dessus de « naïf » non, j’ose pas !!
– JPCM : Bombing for peace is like fucking for virginity (j’aime bien cette phrase)
– HAD : Il suffit que Borloo dise qu’il se met à la flotte on le nomme PDG de Véolia!!! moi je me mets au Ricard!!! alors!!!!!!!ça vient ce poste!!!!
– HPE : Borloo pressenti pour Veolia. Si moi non plus je ne suis pas candidat, je gagne quoi, monsieur Nicolas ?
– HAD : DSK est en plein cadre noir de Saumure…sacrifié sur l’hôtel de la médiatisation..pas de quoi avoir des étoiles dans les yeux!
– MZ : L’Iran et l’Inde, parvenant à contourner le dollar, régleront leurs échanges commerciaux en roupies. L’Inde avait déjà accepté d’acheter le burt iranien en or plutôt qu’en $.
– JPT : Usine en faillite ? Région sinistrée ? Avenir ou évier bouché ? Appelez SOS Sarko. Intervention dans les 24 heures jusqu’en mai 2012.
– PG Voue une grande admiration à Mme Marine Le Pen pour la capacité qu’elle a à foutre le bordel sur les radions et télévisions du matin… en arrivant à faire sortir de leur gonds Pat Cohen et l’irrésistible Bernard Guetta qui officient tous deux sur franceinter…. à tel point que Pat, le dur débonnaire souriant qui tient bien son émission était à deux doigt de foutre sur la gueule à Guétta qu’était lui, sur le point d’éclater les narines à la Marine…. je crois, à la fin, qu’elle est pire que son père….
– OVH : Enfin, ils suppriment l’appellation « Nom de jeune fille », je respire parce que je trouvais jeune fille très légèrement exagéré avec mon âge et mon expérience.
– SG : « Tous les steaks hallal qui n’auront pas leur étiquette de traçabilité seront immédiatement reconduits à la frontière. » Claude Guéant
– EO : DSK est Dodo au mur 

(c’est pourri, approximatif, je l’ai déjà fait mais que voulez vous j’ai une tendresse particulière pour cette vanne, c’est comme ça)
– PG : Puûûûtain ce soir !!! tiercé gagnant !!!!! Rrrrhôôô la joie !!!! Le bon foret, la bonne cheville et la bonne vis….. une de mes rares érections de ces jours derniers….. tout ça pour mettre une jolie accroche pour tenir une passementerie des plus élégantes dans mon entrée…. alors je peux vous dire que les saloperies de notre nain national et sa bande de maffieux, je m’en tamponne le coquillard…………
– JPT : Je ne suis pas chauve : j’ai juste délocalisé mes cheveux.
– JPT : Quand on voit toutes les bonnes mesures courageuses et innovantes que propose Sarkozy, on se prend à regretter qu’il n’ait pas été élu Président dès 2007.
– EN : Dans la rue j’ai cru voir un Anonymous avec son masque qui complotait au téléphone. Mais non, c’était une patiente de la clinique de chirurgie esthétique juste à côté.
– JPT : Cette année, Nicolas Sarkozy a décidé de remplacer les discours politiques par des sketches.
– DC : 5 ans après avoir ingéré un menu, il continue à le garder sur l’estomac. Au Fouquet’s, c’est la première fois que ça arrive, confie son directeur, consterné…
– EL : Ça m€ ra$$ur€ d€ voir qu’il ¥ a €ncor€ d€$ g€n$ qui n€ p€n$€nt pa$ qu’à l’arg€nt.
– JPCM : Meilleur maquillage de son bilan : Nicolas Sarkozy
– AB : Mangés un par un les Paille d’Or n’ont aucun intérêt.
– Didier Porte : Ai vu Sarkozy apporter son soutien à Jean Dujardin l’autre soir dans le Petit journal…
On a vu le résultat hier soir…
– CFB : Rien n’ulcère de courir.
– Didier Porte : Léger regret: qu’Omar Sy ait omis de remercier Claude Guéant en plus de sa famille…
– Didier Porte : Sarko est au cul des vaches Porte de Versailles. Y’a un volontaire pour refuser de lui serrer la main

Tableau © dominique cozette

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Studieuse, l’année, Anne W ?

Je n’en crois pas un mot ! Tu la racontes toi-même, cette année-là, et franchement, tu la passes plus à tes cours d’éducation sexuelle que dans l’amphi de Nanterre. Et tu as bien raison ! A t’en croire, Jean-Luc G., cinéaste en plein boum, est un bon coup puisqu’il te fait oublier les petites coucheries de l’année Bresson où tu n’avais rien senti. Là, c’est du corporel et du sentimental, du charnel et du chaud. Tout pour te faire du bien.
Donc tu as bien raison parce que Jean-Luc G. comme premier mari (en as-tu épousé un autres ?), c’est trop classe ! Il te présente Truffaut, t’amène à la Garde-Freinet pour un séjour ultra-raffiné chez la Moreau, t’offre une Fiat toute neuve que tu n’utiliseras jamais, fais d’innombrables allers-retours dans le midi pour te voir une seconde, t’affrète un  avion, demande ta main à pépé le Mauriac, construit un film autour de toi et ta vie estudiantine, la Chinoise, puisque c’est la grande époque Mao. Ouh la la, quelle histoire !
Il faut dire que comme allumeuse, tu te poses là : quand on a 17 ans, qu’on a joué la nymphette dans un film-culte, qu’on porte encore des soquettes dans sa tête et qu’on envoie une lettre enflammée à un monsieur plus âgé, hé ben, hé ben, hé ben voilà ce qui arrive. Délurée, en fait. Bourgeoise, en plus, ce qui plaît toujours aux rebelles, et rouquine, pourquoi pas…
Mais alors, chère Anne, là où ça fait mal, c’est qu’on se sait pas comment se termine l’histoire. L’as-tu plaqué pour un autre, ce macho jaloux, exclusif et étouffant « parce qu’il t’aime » (tiens, ça me rappelle quelqu’un…) pour un juif errant, un pâtre turc, un pré-geek au torse creux ou un alcoolo couperosé ? Ou est-ce lui qui a fait un extra avec une figurante juste pubère, une boulangère virile, une écrivaine chauve ? On ne le saura pas.
Ce qu’on sait, c’est qu’il y a deux façons de raconter une histoire torride. Une façon torride. Et une façon classique, comme si tout était normal, le verbe juste et  la virgule précise. C’est pour ça qu’il a craqué, le « vieux ». Ton côté bien élevé, tombé dans la litt-bourge, les ongles nickel et le surmoi ferme. Pas une starlette, ni une blondasse qui rêve de faire du cinéma, ni une mauvais genre qui sait déjà tout sur l’anatomie masculine. Une petite presque oie blanche qui s’esclaffe avec ses copines, qui trimballe sa petite chienne, qui ne la ramène pas.
Ça m’a bien plu aussi, ton histoire. Juste une toute minuscule chose : tu dis quelque part « les croulants, pour parler comme dans Salut les Copains que je ne lis pas  » (approx), figure-toi que Salut les Copains était un magazine bien élevé qui parlait sobrement des idoles. C’était la génération de nos aînés qui utilisaient ce mot. Voilà. Tu vois, rien à dire, ma chère Anne… Jute bravo ! On attend la suite. La suite ! La suite ! La suite !!!

Une année studieuse. Anne Wiazemski, Gallimuche 2011, 264 pages super bien imprimées. 18 €

Texte © dominique cozette

Telle mère, pas telle fille… Dominique et Nikita

C’est la très belle idée d’une maman artiste qui, après avoir fait un portrait de sa fille, pensa qu’il serait intéressant de voir quel regard Nikita, 7 ans, pouvait poser sur elle. Le dessin fut fait. Elle décida de poursuivre cette expérience de portraits croisés durant 10 ans, chaque semaine, lors de leurs rencontres. (Je suppose que Nikita ne vivait pas chez Dominique).

La maman s’appelle Dominique Goblet, la fillette Nikita Fossoul. Le livre « chronographie ». Au pif, 3 à 400 pages non numérotées.

Un des premiers portraits de la fillette. Elle est blonde avec des cheveux mi-longs, les yeux légèrement écartés, l’air très doux.

Deux portraits enfantins de la maman. Elle est brune, a des sourcils et des cils bien noirs, des yeux bleus.

Les techniques sont très variées. La maman a utilisé ici des crayons de couleur, parfois, du bic, ou toutes sortes de peintures. Elle fait aussi des monotypes dont elle enseigne la technique à sa fille.

Pas d’explication de texte. Voulait-elle dire à l’envers ?

Notez bien que Nikita ne change pas beaucoup et pourtant, les années passent. Je vous expliquerai pourquoi noter cela.

Nikita fait de beau progrès, elle travaille le détail. Chaque changement de coiffure, voire de style de Dominique est validé par un dessin.

Petit air nostalgique de Nikita

La fillette ne se prive pas de commenter les états d’âme de sa mère tout au long du livre

En novembre 2006, Nikita a déjà 15 ans. Vous trouvez qu’elle a beaucoup changé ?

Quel beau portrait de sa mère !

La jeune fille, au trait, a gardé  sa bouche  et ses yeux enfantins.

Elle se pose des questions techniques. Sa mère a probablement une conjonctivite. Elle porte de superbe boucles d’oreilles.

La maman se transforme. De page en page, elle se fait moins farfelue, plus rangée.

Nikita reste égale à elle-même. Sur certains dessins, on devine des crises d’acné. Mais pas trop de folies adolescentes.

Un exercice de style comme Nikita en fera de nombreux.
Le commentaire à la fin du livre de Dominique est assez drôle car, au vu de ces centaines de dessins, elle estime que Nikita a énormément changé, s’est transformée, « ses traits sont passés de ceux d’une enfant à ceux du jeune femme ». Quant à elle, pas vraiment, croit-elle, « mon physique, en dix ans, n’a pas essentiellemet bougé ».
Or, il se trouve qu’elle dessine sa fille avec un regard de mère qui ne la voit pas grandir, elle la croque en petite fille la plupart du temps et on voit à peine les années passer. C’est assez drôle ce jugement pas du tout objectif.
Le grand intérêt du livre, pour elle, n’était pas de reproduire un visage de façon fidèle, mais de dévoiler le regard qu’elles se portent, sans obligation de  justesse ou de proportions. Dans cet exercice, je trouve que sa fille est beaucoup plus sensible que la mère, elle interprète beaucoup plus des états d’âme et des ambiances.
La mère, quant à elle, tente de percer le lien qui les unit car Dominique l’avoue : l’instinct maternel, elle ne le comprends pas vraiment, elle ne le ressent pas de façon animale comme ses amies, ça l’interroge. Ces dessins l’y aident.

Une interview d’elles récente qui confirment ce que j’ai ressenti en parcourant le livre : ce sont deux femmes totalement différentes dans le physique, l’allure, la façon de se vêtir… c’est ici, (à Angoulême, en fait)

Chronographie de Dominique Goblet et Nikita Fossoul. L’Association 2010.  Trois kilos environ.
texte © dominique cozette

Menteurs ou pas menteurs, les candidats ? Réponse du véritomètre.

Allez sur le site : il est très clair.
Cette application, conçue et réalisée par i>TÉLÉ et OWNI, vise à vérifier le discours politique des six principaux candidats (François Bayrou, François Hollande, Eva Joly, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Sarkozy) durant la campagne présidentielle.
Cette application ne vise pas l’exhaustivité. Nous vérifions les interventions des candidats dans les grands rendez-vous médiatiques ainsi que leurs principaux discours. Certaines interventions ne contiennent parfois aucune citation pouvant être vérifiée : elles ne sont alors pas intégrées dans notre application.
Ça se présente ainsi :
Cliquez sur « données » et vous trouvez une arborescence de thèmes traités qui vous donneront les bons chiffres.

Consultez ce qu’affirment les candidats et en quelles circonstances :


Et d’un coup d’oeil, vous avez le classement pur et simple des candidats. Le plus menteur, le plus sincère. Implacable, madame Cartable !


Classement du lundi 20 février à  14 heures.

Fessebouqueries #82

La Saint Valentin, la Saint Claude, la Sainte Horreur pour un homme politique, la Sainte-Nitouche itou et la Saint Cérité des candidats pour la chose publique, ça se fête, les amis !

– AR : personne n’a rien donné, je n’ai rien donné, au gars qui demande l’aumône dans le métro, pour lui et son fils, d’une voix si nasale que ça vous pince les glandes salivaires … alors en sortant il a dit « faut qu’il fasse moins 20 pour qu »on aie le droit de manger !?! moins VINGT ! »
– EL : “ Je lui ai déclaré ma flamme… et elle avait un extincteur!
– FT : Redoux, drôle de mot je trouve. Est-ce qu’on dit refroid rechaud rebeau?
– JPCM : Fêtera demain soir la plus belle conquête de l’homme après le cheval et la tribune Borelli du Parc des Princes : le divorce.
– CB : trop de travail tue l’envie de travailler 😉
– DB : Plus une place dans les restos à midi … les mecs invitent leurs maitresses pour la st Valentin et le soir c’est pour maman ?
– OVH fait du tri dans ses livres et découvre (avec horreur et stupéfaction) deux livres de Marc Lévy. Une pénitence s’impose.
– OR : St Valentin c’est terminé, aujourd’hui c’est la St Claude 🙂
– SG : Ma Saint-Valentin s’est très mal terminée. Le mari était dans le placard.
– JC : Vanneste, toujours fin et délicat.
Ce n’est qu’un début, ce soir lancer de nain, puis lâcher de salopes; kosiuscot-morizet, rosso-debort, morano, brunet, barèges, boyer, suivi par le déferlement des poids lourds de l’ignominie; guéant, guaino, luca, estrosi, mariani, ciotti, raoult, myard, etc….
On va faire dans la dentelle pendant 3 mois
– Didier Porte : Combien Vanneste a-t-il été payé pour ce superbe suicide qui va faire passer l’UMP pour un parti gay friendly?
– JPCM Profite d’un passage au restaurant d’entreprise pour affirmer sur un ton plombier : Eric Woerth n’était pas dans la baignoire de Whitney Houston !
– SG vous annonce que ce soir à 20h, il postera « Ca a commencé au Fouquet’s, ça finit avec la Ferrari. » #incorrigible
– JPT : Je suis encore sous le choc de l’annonce de la candidature de Sarkozy ! Du diable si je m’attendais à ça ! Du coup, le paysage électoral est totalement changé. Et mon intention de vote bouleversée de fond en comble. Surtout quand je vois Boutin lui apporter son demi pour cent et Morin son soutien personnel indéfectible.
– JC : Plus les vieilles putes sont décaties, plus elles se maquillent. la sarkozie n’échappe pas à la règle
– Didier Porte : C’est vrai, j’y pensais plus…on des infos sur la place d’Eric Woerth dans l’organigramme de campagne?
– MC: J’ai été amené à supprimer hier des interventions (et parfois des intervenants) sur cette page, considérant que ma page facebook n’est pas encore propriété ni du Figaro ni de ce qu’il y a encore plus à droite. Sauf à me tromper lourdement, le petit candidat à talonnettes qui a ruiné toute morale en ce beau pays a suffisamment d’atouts médiatiques pour se passer du mien. J’aime la démocratie, oui, mais pas au point de salir ma page.
– JPT : Guayno n’est plus la « plume » de Sarkozy, il a été remplacé par un Allemand : Alzheimer.
– EO : Le réveil sonne toujours deux fois
– MN : Elle n’y connait rien mais elle trouve tout bien :

 »Comme on lui demande si elle regrette une action entreprise par Nicolas Sarkozy au cours des cinq dernières années, elle répond: « Je ne m’y connais pas tellement mais franchement, je trouve qu’il a tout bien fait ». Et son idée de référendum? « Là encore, je ne m’y connais pas. Généralement, je trouve que ses idées sont fabuleuses », fait valoir Carla Bruni-Sarkozy. »
– JNP : Les politiciens français de tous bords ne rêvent que d’une chose : profiter pleinement et sans contrôle des ors de la République. Et le plus longtemps possible. Je demande un référendum là-dessus.

Dessin © dominique cozette

Ourednik (tes lecteurs), tu vas te foutre longtemps de notre gueule ?

Une copine tchèque m’avait fait acheter le bouquin remarquable de Patrick Ourednik, Europeana, une brève histoire du XXème siècle, petit ouvrage impressionnant qui nous raconte tout ça en raccourcis hilarants. Là-dessus, je tombe sur « Classé sans suite » à l’Arbre à Lettres,  parmi les derniers bons ouvrages, la nana ne l’avait pas lu, j’achète, 9 € c’est pas non plus la fin du monde.
Premier chapitre, des chiffres et des lettres. Je suppose qu’on parle d’échecs.
deuxième chapitre : ça commence très fort dans la descriptions praguoise avec émanations de gaz carbonique, crotte de pigeon, écrasement de coléoptère, nana appétissante pour vieillard concupiscent. Au bout de quelques chapitres, malgré tout, ça se gâte, je ne sais pas trop où P.O. veut en venir, lui non plus puisqu’il m’interpelle : « Vous vous demandez comment cette histoire va tourner ? Voilà, cher lecteur, ce que nous ne pouvons vous dévoiler […] nous ignorons comment il finira, pourquoi même il finirait, nous en sommes au même point que vous, ou presque, puisqu’au moment où vous lisez ces lignes, notre tâche a pris fin, le livre a été publié; »
J’ai bien l’impression de me laisser mener en bateau mais tant pis, j’y reste. La prose est marrante, le narrateur parle de la société tchèque comme le modèle absolu de la connerie humaine bien cernée par lui et dont voici une des nombreuses citations « Najman était un spécimen si accompli de la connerie tchèque qu’on aurait pu l’exhiber dans les Expositions universelles : jovial, trivial, populaire, passablement inculte, imperturbable et agressif. […]  Nejman excellait dans les dicussions, argumentations et opinions, de sorte qu’il jouissait de l’estime et de la considération de ses concitoyens : arriver à exprimer son crétinisme avec toute l’autorité que cela suppose est pour les Tchèques l’ambition suprême, juste après la collaboration fructueuse avec  les puissances du moment et l’entretien des nains de jardin ».
Je pourrais vous citer la moitié du livre sur des phrases empreintes du style goguenard de l’auteur. Ce n’est pas non plus un gros livre et j’arrive sans peine à sa fin, avec le sentiment de m’être fait avoir comme une bleue. Arghhh.
Mais après la fin en queue de boudin, un commentaire érudit sobrement intitulé « libre suite ». C’est une explication de texte extrêmement, clairement et délicatement menée sur tous les chapitres du texte, avec notes et renvois (beurp) où il se fout encore plus de notre gueule de lecteur avide et inconséquent, avec brio, sadisme, talent et causticité. Exemple : « Le tour de force de Classé sans suite est de pousser jusqu’à l’extrême cette imposture en relançant constamment l’intérêt du lecteur par des artifices qui sont autant de promesses déçues « .  S’ensuit une liste de procédés et événements qu’il nous a infligés dans ce but. Plusieurs parties dans cette dizaine de pages avec les titres en latin pour conclure que, tout flaubertien qu’il est, il a juste écrit un texte sur le rien et termine par cette affirmation interrogative : »Après tout, Kant lui-même, n’avait-il pas orné sa célèbre Critique de la raison pure (AKA III, p.233) d’une très sérieuse et, cependant d’un irrésistible effet comique, « table de la division du concept de rien « ?  » Cette partie est signée d’un certain Jean Montenot qui, j’en suis sûre, n’existe même pas en rêve.
Bref, faut être tordu pour lire ce bouquin, sauf si on est dans le train avec rien d’autre qu’un vieille pie poilue en face de soi. Ou encore si on adore les exercices de style. Comme moi. Je vous aurai prévenu.

Patrick Ourednik. Classé sans suite, 2011, édition Allia. Imprimé dans l’union européenne. 176 p. 9 €

Texte © dominique cozette

Pour tout comprendre à la « crise » ou les dessous d’un hold-up historique

Comment a démarré la crise ? Qui sont les responsables ? Que peuvent faire les gouvernements ? Pourquoi  est-il  impossible d’intervenir ? Pourquoi on sait qu’Obama ne passera pas ? I milliard de dollars  de salaire annuel, qui sont-ils ? 45 millions d’Américains à la rue ?
Pourquoi nous ne sommes plus en démocratie ? Comment nous sommes passés du statut de citoyens à celui de simples électeurs ? Qu’ont à voir Pompidou et Giscard dans la crise actuelle ? Pourquoi la constitution française et la constitution européenne nous ont rendus dépendants à la finance ?
Cette double conférence répond —  de façon très pédagogique — à toutes les questions qu’on peut se poser .
Dans la première partie, c’est Myret Zaki, économiste suisse, rédac chef de Bilan, qui expose de façon remarquable le hold-up financier sur l’Europe par une intouchable élite financière, en veine d’idées après avoir siphonné le fric de la middle-class américaine qui engendra la crise des subprimes. Pour elle, il ne s’agit pas d’une crise mais bel et bien d’une stratégie. Passionnant et effrayant. (Environ une demi-heure)
La seconde partie est faite par Etienne Chouard, prof d’économie, blogueur et pourfendeur des constitutionnalistes contemporains qui nous ont confisqué la chose publique au profit d’une élite de plus en plus affamée de richesse. Il démonte les lois et la responsabilité des parlementaires qui nous ont amenés à subir la loi des marchés. Il explique pourquoi la démocratie inventée par les Grecs n’est plus du tout une démocratie de nos jours, nous montre pourquoi le peuple n’a plus aucun pouvoir et que le vote au suffrage universel n’est qu’une mascarade,  et nous donne quelques recettes pour se mettre (très légèrement) à l’abri de l’effondrement général.
Une chose est sûre : le système est volontairement opaque, nous n’y comprenons rien, et rien n’est fait ou dit pour nous sortir de cette ignorance.
Se « taper »  deux heures de conférences me paraissait inhumain. En fait, non. On peut les visionner par séquence. On peut n’en voir qu’une, c’est déjà énorme. Moi-même qui n’y pige que pouic, ai suivi avec passion ce documentaire. J’en sais déjà beaucoup plus. Mais ce n’est pas tout : je vais suivre d’autres vidéos de ces deux économistes, elles fourmillent sur le web. Et comprendre pourquoi on est englué là-dedans, c’est déjà souffrir un peu moins.
La troisième partie est consacrée aux questions. Bon, on n’est pas obligé…

Le lien est ici. Il s’appelle :«L’État et les banques, les dessous d’un hold-up historique» par Myret Zaki et Etienne Chouard

Texte et desssin  © dominique cozette

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