Les Fessebouqueries #520

C’est sûr qu’on peut légitimement se demander c’est quand le bonheur, les perspectives ne sont pas au mieux, des gens qui n’ont jamais mis les pieds dans une librairie coupent des têtes, ou au mieux (et on préfère) font provise de nouilles et de PQ, des chefs d’état chelous posent une fatwa sur notre bonne vieille vache qui rit, un chef d’état relou en met une sur nos chers bouquins et nos petits cordonniers — personne n’en parle mais ont-ils le droit de rester ouverts pour recoller nos vieilles semelles ou restaurer nos stilettos — tout ça pour préserver nos bonnes vieilles traditions comme s’en mettre plein la lampe (amish) à noël et s’en rouler quelques-unes (galoche) à zéro heure de l’année prochaine et nous intime derechef l’ordre de s’auto-autoriser à circuler même si y a rien à voir. Enfin si, y aura à voir pour qui ont voté nos amis américains, encore un sujet de consternation, ou pas, espérons… Bon week-end, confit d’Halloween au menu, on en n’a pas fini avec les casse-bonbons !

– LO : J’ai imaginé la pensée complexe de Macron quand on lui a dit que les commerçants râlent : « Les petits commerces, les bars, les librairies, les artisans…C’est tellement Amish tout ça… »
– CC : On parle de reconfiner les Français alors qu’il suffit juste de nous dire qu’il y a une nouvelle série Netflix pour qu’on reste à la maison.
– SC : 2020 ne s’arrange pas !!! La Vache qui rit menace la liberté d’expression.
– KO : Des Kiri et des Babybel, si c’est ça l’image de la France à l’étranger, vaut mieux les retirer des supermarchés effectivement.
– GD : Il y a donc des gens au Qatar et au Koweït qui pensent réellement qu’on va renoncer à la liberté d’expression en France parce qu’ils ne mangent plus de Vache qui rit et des Kiri ? Ce monde est chaque jour plus drôle.
– JPT : Macron tête de Turc d’Erdogan, c’est un peu bizarre,non ?
– MH : Si jamais le pays est encore conduit à un confinement2, Emmanuel Macron va devenir le président de l’arrêt public.
– AR : Une étude a démontré qu’il y avait plus de bactéries dans une barbe de hipster que dans la fourrure d’un chien.
– CH : Il paraît que se pose la question d’un reconfinement pour « sauver Noël » … !?!? Naïvement, moi je pensais que c’était pour sauver des vies …
– JT : Toussaint au postillon, Noël en réanimation.
– ES : Boycottée au Moyen-Orient, la Vache qui rit devient la Vache qu’est naze. (Humour juif)
– DSF : «  Gueux, gueuses , ce confinement2 sera différent du premier pour être plus efficace. En mars, vous ne pouviez pas quitter votre domicile. C’était trop dur. Donc, demain, vous ne pourrez plus quitter votre lieu de travail. Et nous fournirons des brosses à dents! »
– DSF :  Christophe Castaner testé positif. La première fois qu’il réussit un test.
– NMB : Arrivé à ce moment de l’année, quand j’entends les scientifiques nous dire que le pire reste à venir, je me demande s’ils parlent du virus ou de la traditionnelle chanson de Noël de Mariah Carey.
– OB : Arrêtez de répondre des trucs philosophiques quand on vous demande ce que vous emporteriez sur une île déserte. On sait tous que vous prendriez des pâtes et du PQ.
– MK : Castex a l’élasticité du latex : chargé du déconfinement, il reconfine !
– CC : Chez Panzani, ils sont déjà en train de s’offrir des colliers de nouilles en diamants.
– MK : Disquaires et libraires ne sont pas des commerces essentiels ! Daesh applaudit.
– PR : Vous pouvez vous rendre dans un bureau de tabac pour acheter des cigarettes, alors qu’il est très dangereux d’aller dans une librairie pour y acheter un livre. D’autant plus que les livres sont cancérigènes !
– RR : Les gens se promènent parfois sans masque, il y a du monde un peu partout… Je la sens bien la 3ème vague.
– CC : Le seul journal de confinement qu’on a envie de lire, c’est celui de Dupont de Ligonnès, les autres ne vous fatiguez pas, merci.
– JPT : Mort d’Alain Rey : les deux Robert perdent leur principal soutien.
– PA : Nous avons 10 enfants. Nous leur avons dit qu’on ne pouvait plus être que 6 à la maison et qu’on ne garderait que ceux qui s’impliqueront dans les tâches ménagères. Ça fait une heure qu’ils nettoient la maison. Y’en a même deux qui se sont battus pour passer l’aspirateur !
– AR : Trois trucs qui ne nous mentent jamais : – les très jeunes enfants – les gens bourrés – les leggings.
– FT : Pour les livres, bien sûr que si, il faut utiliser Amazon, le moteur de recommandations est top. Et une fois que tu as trouvé ce que tu cherches, tu le commandes à la librairie du coin.
– NP : Il a rien dit pour les applaudissements à 20h. Du coup on fait quoi ?
– ES : On est donc reconfinés jusqu’au 1er décembre. J’espère que le monde d’après l’Avent sera meilleur que le monde d’avant l’Avent.
– CC : Mais alors, vous fermez aussi les rayons vêtements, chaussures, linge de maison des grandes surfaces ? Ah ben non.
– RR : Impossible de trouver l’attestation pour pouvoir sortir du lit. C’est pénible.
– DA : Premier jour de confinement chez ma grand-mère, j’ai déjà retrouvé une enveloppe de 500 balles en liquide planquée dans une soupière dans l’armoire des porcelaines. À ce rythme, d’ici le déconfinement je ferme mon compte Twitter et me casse aux Îles Caïmans, bisous bisous.
– JB : J’espère qu’on pourra passer les fêtes de fin du monde en famille !
– OB : Les magasins de bricolage sont ouverts mais pas les librairies. On fait quoi du coup ? On lit les notices de perceuse pour se distraire ?
– NMB : J’avoue ne pas avoir tout compris aux nouvelles règles mais apparemment, à 20h, on applaudit les libraires maintenant.
– GB : Non cette fois j’applaudis pas. Cette fois je réclame la réouverture des 13000 lits fermés depuis 6 ans. Tous les soirs. A 20h
– SF : Cette pandémie aura au moins eu le mérite de nous apprendre que les sachants ne savent pas grand chose.
– TC : Étonnant, l’effet confinement. Retire leur liberté aux gens et ils se mettent à lire et à courir, bref tous les trucs qu’ils ne faisaient pas libres !
– LC :—  Les libraires : c’est injuste, la FNAC et les grandes surfaces peuvent vendre des livres et pas nous ! — Le gouvernement : Ok, rétablissons les choses. Personnes ne vend de livres. —  Le président d’Amazon : Fascinant, je trouve ces Français aussi cons que je les aime.
– RA : Bon, en résumé, vous êtes confinés pendant tout le mois de novembre mais vous pouvez quand même aller bosser et faire les courses. Moi, là d’où je viens, on appelle ça le mois de novembre.
– CC : Menace terroriste : ce que disent les services de renseignement à Macron : Qu’on intérêt à porter des écharpes en Téflon cet hiver.
– JB : Je revends une attestation de sortie de chien de 18h à 19h du 05 avril, c’est une première édition datée et signée. Faire offre.

NOTA :  Mon tout nouveau livre « La fois où j’ai failli tuer la reine des yéyés » est donc à commander, avec vos autres livres,  chez votre libraire.

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Je suis sur les notules*

L’année du singe, de Patti Smith. Ceux qui aime l’artiste ne pourront qu’être sensibles à ses divagations, prises dans leur bon sens de mobilité, balades, errances, l’année de ses 70 ans, année du singe donc et vaguement d’un bilan. Beaucoup de ses chers proches sont morts, ses amis sont souvent lointains géographiquement mais elle n’hésite jamais à visiter lorsqu’ils lui demandent. Alors elle fait son sac, toujours le même rituel : six tee-shirts Electric Lady, six petites culottes, six paires de chaussette abeille (sic), deux carnets, des remèdes à base de plantes contre la toux,  son appareil photo (un très vieux polaroïd), les derniers paquets de pellicules légèrement périmées, et un livre, ici les poésies complètes d’Allen Ginsberg (Patti était amie avec les grandes figures de la beat generation).
Dans ce livre de voyage, plein de ses pola, on la suit dans des hôtels pas vraiment luxueux, on dort sur le sol chez un vieux pote, on va de cafés en diners et on prend des trains, on fait du stop avec des mecs qui, le temps qu’elle fasse pipi, se font la malle, on prend des avions pour circuler dans le grand monde où elle donne ou pas des conférences.
Si on ne sait pas de quoi elle vit, on n’en apprend pas plus. Etant très frugale, se contentant d’un rien, elle ne dépense pas grand chose, achète quelques fringues dans des friperies et des livres dans des boutiques style bouquinistes. Mais surtout, elle est extrêmement cultivée et éprise de s’enrichir encore, en visitant, en lisant, en discutant. Fidèle en amitié, elle retrouve les uns et les autres, s’ils sont morts, elle les convoque mentalement, comme son ami Sam Shepard, tellement amoindri par la maladie qu’il ne pouvait plus écrire. Contemplative, elle plane un peu, se repaît de paysages aussi bien immenses qu’urbains, petites ruelles délabrées etc… Je ne crois pas qu’elle use des technologies actuelles, sauf de son téléphone portable bien souvent déchargé. C’est une femme libre, une sorte de vagabonde du monde qu’elle nous donne à voir, une poétesse errante qui se nourrit de tout ce qui passe et bien souvent aussi de ses propres rêves éveillés, fantasmes ou vécus, on ne sait pas trop. Une sacrée escapade dans son esprit si vous aimez le personnage.

* Pourquoi des notules, d’ailleurs : parce que l’autrice a toujours un petit carnet pour y écrire notes, notules et impressions. Moi, je n’en ai pas, c’est pour ça que mes livres restent confidentiels.

L’année du singe par Patti Smith, 2019. 2020 aux éditions Gallimard. Traduit pas Nicolas Richard. 184 pages, 18 €

Texte © dominique cozette

Attention les misos, la misandrie déboule !

« L’absurdité se porte bien. Un fonctionnaire zélé a menacé de censure un essai jugé « misandre ». Et pourquoi pas interdire Houellebecq pour sa misogynie tant qu’on y est. » (L’Obs).
Ce mince ouvrage est devenu best-seller grâce à la connerie masculine d’un élu qui estime qu’il entache le principe de l’égalité-homme femme. Quelle égalité, au fait ? L’égalité de salaire, l’égalité d’éducation, l’égalité de circuler dans la rue le soir, l’égalité de se vêtir comme on veut, l’égalité de faire le métier qu’on souhaite, l’égalité d’être un objet sexuel, l’égalité que ses idées soient prises au sérieux, l’égalité d’être élue aux plus hautes fonctions, l’égalité de pouvoir l’ouvrir sans être menacée, l’égalité de se faire harceler ou violer ou tuer par un proche, l’égalité de participer aux affaires de l’état, de la finance, de l’économie, de décider, de partager le pouvoir, et j’en passe. Ce n’est pas l’autrice du texte qui parle ainsi. C’est ce qu’elle sous-entend.
« Moi les hommes, je les déteste ». Un titre génial qui a semé la zizanie dans les glandes de certains et a mené Pauline Harmange vers la reconnaissance et le succès. Elle a 25 ans, elle est mariée avec un amour de mec. Mais elle dérange. Qui ? C’est drôle parce que le portrait de ceux qui ne supportent pas les féministes de son acabit est celui d’un pauvre boomer blanc cisgenre qui l’ouvre actuellement de façon imbécile sur les plateaux cons-plaisants. Je parle de Brückner. Coïncidence de date. On pourrait citer aussi celui qui commence par Z, pas Zorro, non.
Cette jeune femme veut permettre aux autres, dans un élan de sororité, de s’allier contre la misogynie ambiante et ancestrale qui nous intime, à nous les meufs, de rester douces, discrètes, obéissantes, aux petits soins sinon bang ! les hommes ne nous aimeront plus. Et alors ? Mais rends-toi compte, Ginette, tu resteras seule toute ta vie ! Et alors ? Mais c’est pas sain, et puis c’est mal vu (j’allais écrire : c’est mâle vu), même par les autres femmes, il faut vivre avec un homme. Sinon. Sinon, quoi ?
Le monde est ainsi fait, et si les hommes se mettent en colère, notamment contre les femmes, c’est parce qu’ils y ont été encouragés petits (sinon tu n’es pas un homme, mon fils). Mais les femmes, non. Pas le droit. Elles ont leur défenseur, celui qui les protège alors camembert, besoin de rien d’autre. La confiance en elle ? Mais pourquoi faire ? (C’est vrai qu’elle font tout le reste, les choses sans valeur, t’ois quoi, oui, la charge mentale, encore une invention récente des féministes !).
Ce petit opus nous montre que la misandrie (ah oui, j’avais oublié, c’est le mot principal de l’ouvrage) n’est pas le revers de la misogynie car contrairement à cette dernière, la misandrie ne tue pas, ne harcèle pas, ne fait aucun mal (sauf aux pauvres petits Brückner et consorts), mais juste montre toutes les raisons pour lesquelles les femmes sont en droit de ne pas se prosterner devant le testostéroné.
Ah oui, un autre truc rigolo qu’elle conseille aux femmes qui manquent de confiance en elles-mêmes, c’est de s’équiper de l’autoconfiance de l’homme médiocre. Elle a raison. L’homme médiocre (et dieu sait que j’en ai côtoyé dans ma vie) ne doute pas un instant de lui, il se croit tout permis, se la pète même, tandis que la femme se demande toujours si elle est taillée pour le job. Donc, chères amies les femmes, se demander toujours : comment ferait un homme médiocre ?
NB : Bien sûr, tous les hommes ne sont pas détestables ni toutes les femmes des victimes. Ha ha ha…

Moi les hommes, je les déteste par Pauline Harmange, 2020 aux éditions du Seuil (qui ont pris le relai de Coline Pierré et Martin Page débordés par les commandes). 90 pages, 12 €

Texte © dominique cozette

Betty la Cherokee

Betty est le nom de l’héroïne et narratrice dans le roman éponyme, écrit par Tiffany McDaniel (qui mit plus de quinze ans à trouver un éditeur). Comme quoi, bon. Aujourd’hui, c’est un succès international et vous le verrez en piles chez votre libraire. Car c’est une histoire aussi attachante qu’originale. Betty, nous allons d’abord suivre ses parents avant de la connaître. Lui, c’est un indien cherokee, autant dire un mulâtre en butte au racisme et au mépris de classe. Sa mère est blanche. Ils ont tiré un coup, elle s’est retrouvée enceinte et comme elle détestait ses parents, elle s’enfuit avec cet homme bon et droit après avoir corrigé le père pour lui apprendre à frapper sa fille. Ils deviennent des itinérants, précaires, adeptes de petits boulots et à chaque état traversé, font un nouvel enfant. L’aîné s’en tire bien, mais deux autres petits ne vivent pas longtemps. Viennent ensuite trois sœurs qui s’entendent  et qui s’aiment, puis des petits frères, mignons. Entre temps, la famille s’est établie dans une grande vieille maison vétuste qu’on dit maudite. Pour nourrir (mal) sa famille, le père fait ce que ses ancêtres lui ont appris : tout. Des médecines à base de plantes, des boissons alcoolisées, des meubles, des sculptures. Mais surtout, des légendes qu’il invente ou transmet, on ne sait pas. Tout lui inspire de belles histoires qui enjolivent leur vie assez rude, qui consolent de bien des tracas, qui donnent force à ses petits, surtout à sa « petite indienne », Betty, qui lui ressemble tellement. Il veut lui rendre ce qu’on a pris à leur culture : la puissance féminine. Car chez eux, jadis, ce sont les femmes qui dominaient tout. C’était une société matriarcale.
Donc, de bien avant sa naissance jusqu’à ses 19 ans, Betty raconte leur vie, raconte ses complexes liés à sa couleur de peau, alors que ses sœurs sont plus blanches, le harcèlement dont tous les enfants de sa classe font preuve à son égard, même les enseignants qui n’ont aucune pitié. Elle raconte aussi comment la nature lui donne du plaisir. Mais tout n’est pas rose. La vie de la famille est semée de drames, il y aura des violences innommables, des morts dont celui de son petit frère par sa faute.
Et pourtant ce livre est d’une grande tendresse et d’une grande poésie. Le mérite en revient à cet homme, ce père aimant et tellement à l’écoute de tous, un homme qui gomme le mal de toute chose, qui sait toujours ce qu’il faut faire pour atténuer le moindre problème, comme les grands drames. Il nous parle du secret des plantes, des oiseaux, des insectes, des étoiles : la seule chose qu’il a su compter dans sa vie c’est le nombre exact d’étoiles à la naissance de chacun de ses enfants.
Parfois, j’avoue que j’ai lu un peu en diagonale quand les herbes et les arbres prenaient leur temps pour exister dans le livre, j’avais juste envie de savoir ce qui allait arriver à nos personnages. Peut-être ne suis-je pas toujours assez fleur bleue ! Mais une fois le livre fini, sur un dénouement aussi profond qu’inattendu , on a peine à se séparer de la petite Betty à laquelle on ne peut s’empêcher de s’attacher.
A noter que Betty est le nom de la mère de l’autrice qui était elle-même fille d’une mère blanche et d’un père cherokee.

Betty de Tiffany McDaniel, 2020, aux éditions Gallmeister. Traduit par François Happe. 720 pages, 20,40 €

Texte © dominique cozette.

Les Fessebouqueries #519

Cette semaine, nous sommes ravis de savoir que sa sainteté le pape lancera la gay-pride 2250. Ah, il ne manque pas d’air ! Pas comme nous, pauvres masqués, suppliciés du Covid, couvant le feu de la vengeance en choisissant un bon couscous merguez pour faire la nique à Darmanin — comme s’il avait besoin de nous pour niquer soit dit en passant — mais au moins, contrairement à certains, son discours est clair en plus d’être con, il y a concurrence avec celui de Brückner, ce pauvre petit hétéro  blanc mal dominant mais miné (alors que plus minet du tout) mais craignant le minou de la femme par où Trump aime l’attraper, donc voilà, bientôt Halloween avec ou sans masque on ne sait pas, et arrêtez de toussaint là-bas, on n’entend plus Carla chanter et son mari va s’en assombrir… Alors couvrir le feu ou la bouche, quelle question, c’est qu’on n’a pas le choix ! Couvrez-vous bien quand même, c’est l’heure d’hiver et variée, dear friends et bon week-end !
– LG : Le pape il va faire son coming-out, ça va valser chez les obtus.
– CEMT : Jean Castex : « Le couvre-feu sera à 21 heures pour les gens normaux et à 19 heures pour les islamo-gauchistes. »
– NP : Comment voulez vous avoir confiance dans le gouvernement quand on voit qu’il nous dit qu’il faut qu’on porte des masques mais EN MÊME TEMPS il nous empêche de fêter Halloween, qui est une fête OÙ ON PORTE DES MASQUES !
– OVH : Mon mari a mal compris le sens de l’expression « Couvre-feu ». Avant, il se couchait à 21h30, maintenant, il se couche à 21h.
– MC : Apparemment on se dirige vers une interdiction du couscous. Je crois qu’il est temps d’aller se coucher. PS: Darmanin démission
– CEMT : Vous pensez que Gérald Darmanin va interdire le poulet Tandoori dans les supermarchés, ou là ça compte pas ?
– CC : Ce midi c’est couscous : du coup j’attends la police.
– RR : Profitons du délire alimentaire de Darmanin pour ordonner la suppression du beurre salé.
– CEMT : « Charles Martel avait arrêté les arabes à Poitiers, moi je repousserai le couscous hors des rayons du Franprix ! »
– AC : Allez on respire un grand coup et on se détend ! Ce n’est pas parce que nous serons confinés jusqu’en 2078 minuit, que l’on doit désespérer !
– DA : Darmanin il voit du communautarisme partout jusque dans les tagliatelles allah carbonara.
– PI : Ça doit être horrible la retraite quand t’es tailleur, les gens te demandent ce que tu faisais avant, tu réponds « j’étais tailleur », on te demande où, tu réponds  : ici, bref.
– NP : Arrêtez de râler les provinciaux qui allez vous retrouver avec un couvre-feu : vous allez pouvoir vivre comme à Paris sans bouger de chez vous.
– OM : Couvre-feu en Lozère. Fin de la vanne.
– NP : Pas de chalets au marché de Noël de Strasbourg ? Sale coup pour les producteurs de produits artisanaux typiques d’Asie du Sud Est vendus là bas.
– NMB : N’empêche, si on doit vivre avec jusqu’au milieu de l’année prochaine, la Covid va devenir ma deuxième relation la plus sérieuse de ma vie.
– NMB : Le couvre-feu, c’est comme les films au cinéma. Les avant-premières sont toujours pour les grandes villes, et les autres doivent attendre une semaine pour en profiter.
– SD : Je n’avais jamais mangé Burger King. On peut dire que dans le domaine, j’étais un néofrite.
– GB : Comment la principale a pu recevoir un parent accompagné d’un imam? Aurait-elle reçu un parent avec le curé de la paroisse ?
– JB : Il y a tellement de mauvaises nouvelles et si peu d’occasions de faire la fête en ce moment que je pense qu’il y aura pas mal de teufeurs à assister aux vêpres de la Toussaint.
– ES : Caricatures de Mahomet : non au couvre-feutre.
– PD : C’est tellement calme dans ma rue qu’on pourrait entendre Carla Bruni chanter.
– SF : Pascal Bruckner expliquant partout à la radio et à la télévision qu’il lui serait tellement plus facile de passer partout à la radio et à la télévision s’il était «une femme, musulmane et noire».
– CC : Nicolas Sarkozy: « Il faut garantir aux Français que nous ne sommes pas décidés à tolérer sur le sol de la République des gens qui, manifestement, ne partagent aucune de nos valeurs ». Ouais parce que si on est trop gentil, ils viennent planter leur tente sur les jardins de l’Elysée, ils achètent nos avions et mettent de l’argent sale sur des comptes de campagne.
– FC : On vit quand même dans un pays où l’épidémie, c’est parce qu’on s’embrasse en famille, et le terrorisme c’est à cause des profs de fac. Je ne sais pas pourquoi on finance un ministère de la Santé et un ministère de l’Intérieur, franchement. Alors que tout ça relève de nous.
– OB : Interdiction de la position statique dans les parcs et jardins dans toute la Côte-d’Or. C’est le Covid ou 123 Soleil là ? Je suis perdue.
– PI : « Bloque ta projection de particules en suspension dans l’air, stp » is the new and polite « ferme bien ta gueule ».
– JM : L’Académie Française est en train de débattre pour savoir si pour qualifier l’époque qu’on vit il faut dire que c’est la « mégamerde » ou l' »ultrachiasse »
– JT : Danser la chenille me manque.
– NMB : J’espère que les anti-masques iront au bout de leurs convictions pour libérer quelques lits en réa.
– RR : L’humour noir c’est placer Orléans, ville de Jeanne d’Arc, en zone couvre-feu.
– NP : Heureusement que Johnny est mort, parce que sinon voir tous ces gens qui couvrent le feu ça l’aurait tué.
– DSF : Valls se réinstalle en France. C’est le cœur serré que je vous dis qu’il faut accepter de proposer à l’Espagne de lui rendre le Roussillon si elle accepte de reprendre Manuel Valls.
– ES : Pour lutter contre la propagation du virus de l’islam radical, Darmanin multiplie les gesticulations barrières et recommande aux Français de se laver régulièrement les mains avec du gel hydrohallalcoolique.
– DA : J’ai dosé mon adoucissant Cajoline « Douceur d’Ylang Ylang » comme un barbare, toutes mes fringues puent le pastis à 500m et vu qu’en plus je boîte parce que j’ai oublié mes semelles orthopédiques, tout le monde me dévisage comme si j’étais la pochtronne du quartier, c’est fabuleux.
– JT : Si Trump est réélu, je vous préviens, je quitte l’Amérique en ne remettant plus les pieds au Buffalo Grill.
– CEMT : Roselyne Bachelot : « Les films doivent continuer à sortir, sauf ceux avec Kev Adams, on est pas masochistes non plus. »
– JB : Je tiens ici à préciser que j’encule toutes les religions et leurs prophètes, en toute bienveillance, pour le simple plaisir de l’enculage; l’enculage n’ayant jamais tué personne. Aimez-vous les uns les autres. J’espère avoir bien utilisé le point virgule pour ne choquer personne.
– OVH : Demain avec l’horaire d’hiver, on va rester devant un bon couvre-feu.
– MK : Toux, fièvre, plus le goût, ça y est, je l’ai… la nouvelle version de facebook !

NOTA :  Mon tout nouveau livre « La fois où j’ai failli tuer la reine des yéyés » est toujours à commander chez votre libraire (distribution Hachette).

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Le blouson de Françoise Hardy

Mais que fait ce blouson sur le dos de ces deux filles qui ne se connaissent pas ? N’est-ce pas le blouson que Françoise Hardy arborait sur une célèbre couverture de Mademoiselle Age Tendre, MAT pour les connaisseuses, probablement photographiée par Jean-Marie Périer, alors compagnon de la chanteuse, ou pas car devenue celle de Dutronc mais restée une des meilleures amies du photographe ? On devait être en 65 ou 66, j’étais à la fac de droit, choix de mon paternel — qui peut imaginer une seconde que la fille que j’étais ait eu l’idée sotte et grenue d’entrer dans ce mouroir à créativité qu’était ce bâtiment d’une laideur absolue sis rue d’Assas ? — Là, étudiaient les jeunes minets costumés et cravatés, jetant les juteuses bases d’une carrière prometteuse, dans la politique ou les affaires, quelques futurs maîtres du barreau aussi, ainsi que des jeunes filles bien mises aux cheveux denses retenus par de fiers serre-tête en velours, fouillant de l’œil discrètement maquillé le grand amphi bourré jusqu’à l’estrade les jours où officiait l’icône de l’époque, Maître Maurice Duverger, dans l’espoir d’y repérer celui qui leur ferait plus tard de beaux enfants blonds comme sur les photos de Jours de France et les emmènerait à la Baule ou au Croisic manger des crêpes complètes. Je vous rassure, je n’y ai connu personne et le fait que je suis venue dans cette maudite fac en blouson clouté et  jeans n’a rien changé.
Bon. Donc le blouson.
J’étais encore, malgré ma maturité de bachelière, assez souvent fourrée à MAT, j’aimais ces filles pétillantes, cette ambiance open-spacy rigolote de rédaction où s’accumulaient, fringues, pompes, books de mannequins, où passaient les photographes, où j’aidais parfois à trier des courriers, où je me projetais aussi comme potentielle future journaliste, où arrivaient plis et paquets livrés par un très jeune mec, Yves je crois, un titi parigot souriant, moustache naissante et gouaille d’un Jean-Pierre Léaud fin d’ado, le coursier de Salut les Copains et MAT. Un type adorable. Et c’était son perfecto. Il avait inscrit dessus Françoise Hardy, l’avait customisé, il était unique et avait tapé dans l’œil de je ne sais qui, qui eut l’idée d’une photo avec Françoise dedans. Oui, Yves avait bien entendu : Françoise porterait son blouson. La photo fut faite.
Et comme j’adorais les blousons noirs et les vêtements de cuir, je lui demandais s’il pouvait me le prêter aussi, à moi, pauvre inconnue sans aucune garantie de ne pas me voir disparaître avec. Et vous savez quoi ? Il me l’a prêté quelques jours, le temps de frimer à Assas, sauf que ça ne faisait pas de moi le genre de nana sur lesquels ces minets fantasmaient, et de demander à ma sister de me faire quelques photos avec. Je lui en fis aussi, d’ailleurs. Vous remarquerez que l’une fume et l’autre pas et c’est drôle de penser que nos principales chanteuses de l’époque yéyé étaient tellement sages. Aucune des icônes, Sylvie, Françoise, Sheila, France Gall plus tard, ne fumait, ne faisait de frasques, ne provoquait de mini-scandales mondains ou ne se dopait comme les petites Anglaises d’en face, comme le fera plus tard Jane, drogue exclue. Juste, elles portaient parfois un blouson noir.
Je n’ai pas pu résister à l’envie de le faire figurer sur la couverture de mon livre, recto-verso avec ça. Regardez bien, c’est écrit FIN, au dos, clouté à la main. La fin de quoi ? Sûrement pas la fin des haricots !

Texte © dominique cozette.

Les Fessebouqueries #518

Parmi les événements de la semaine qui ont prêté à sourire ou à rire, il en est un qui donne à pleurer, et dans les chaumières de surcroit, c’est le couvre-feu, je ne parle pas du suaire dont on recouvre les morts, mais enfin si, peut-être, car à cette morte saison des crèves, c’est la mort des fiestas, des beuveries et autres binje drinking entre potes, des rencontres chelous autour de minuit, des danses endiablées de boomers en Doc Martens, des moules-frites-bières avec le chanmé blockbuster amerloque, des partouzes après un bon gueuleton au Fouquet’s, des soirées pyjamas entre puceaux-pucelles que vous croyez, des rodéos à plus d’heures dans des voitures volées, des livraisons de dope en pleine nuit et j’en passe. Y a aussi le couvre-fou, sorte de jeu avec la justice « un coup j’te vois, un coup j’te vois encore » d’un certain Nicolas S., membre actif d’une assoce de mâles fêteurs, et puis, et puis des histoires de fauves, de chats, enfin des faits d’automne d’une langueur monotone. Bon week-end au coin du radiateur, rangez les shorts et le nombril et sortez les moon-boots, dear friends.

– DSF : « Je connaissais à peine ce M. Kadhafi. Je l’ai invité à un repas une fois et il a oublié en partant sa mallette avec 70 millions de $. Alors j’ai voulu lui téléphoner mais j’avais perdu son numéro de téléphone. J’ai donc demandé à Paul Bismuth de le faire. Demandez lui. »
– OVH : Aujourd’hui, pour protester contre l’interdiction d’utiliser des animaux sauvages dans les cirques, les forains mènent une opération escargot.
– AR : Ils salissent, détruisent et cassent, refusent de se plier à nos règles et d’apprendre notre langue, séduisent insidieusement les femmes et corrompent les enfants. Les chats, ces êtres fourbes…
– CEMT : Sans doute que le gouvernement laisse massacrer les dauphins dans l’Atlantique pour sauver l’industrie betteravière, on sait pas.
– CC : En fait, les Parisiens, vous allez juste vivre comme des Clermontois pendant six semaines, vous verrez, c’est super.
– LE : Vous vous rappelez de cette époque lointaine où personne ne prenait peur quand on entendait quelqu’un tousser pendant une partouze ?
– IB : Champigny : après enquête, ce qui avait été pris pour une attaque n’était en fait qu’un banal exercice de reconfinement des fonctionnaires de police, sous les encouragements solidaires et certes maladroits du quartier en liesse.
– AR : Au moins, ce qu’il y a de bien cette année, c’est que personne ne commence déjà à nous saouler pour savoir ce qu’on a prévu pour le réveillon.
– FIA : « T’es sûr que tu veux pas rester dormir ? Il est quand même 20h30. »
– MK : Le couvre-feu avant minuit, c’est les carrosses qui se transforment en pantoufles.
– CEMT : « Et pour éviter tout risque de contamination au COVID, les écoles seront fermées la nuit. »
– JT : Vous vous souvenez quand Raoult disait qu’il n’y aurait pas de deuxième vague ? On savait rigoler à l’époque.
– OB : Attention spoiler : après nous avoir privés de sortie, le Covid va bientôt nous demander nos notes en maths et nous priver d’argent de poche.
– DC : Les éditions de Minuit s’appellent dorénavant les éditions de Neuf heures.
– NMB : Le confinement de fin d’année, ça existe déjà. Et ça s’appelle l’hiver.
– ADN : Les consignes gouvernementales, Raoult s’en lave les mains avec tous les savants de Marseille. Et toc.
– HB : Dire que Cendrillon n’a même plus la permission de minuit.
– DB : Allô Roselyne. Vous avez une extinction de voix ? Ou alors vous avez reçu un SMS élyséen vous demandant, comme à Franck Riester, de ne pas vous exprimer sur le sujet à la place du roi pendant le couvre feu ?
– GP : Faudra donc commencer l’apéro à 17 h.
– COP : On était tout de même moins emmerdé en 1986, lorsque le nuage  de Tchernobyl n’osait pas passer au dessus des Vosges, nan ?
– DT : Je trouve Macron très laxiste d’autoriser les gens à rentrer du boulot alors qu’ils pourraient dormir sur place.
– PE : « T’as fait quoi, hier soir? », phrase en voie de disparition…
– NMB : Le couvre-feu comme par hasard dans les grandes villes, c’est juste pour qu’ils aient le temps d’installer la 5G pendant qu’on dort, faut arrêter de nous prendre pour des lapins nés de la dernière averse, on n’est pas dupe hein!
– BI : Non mais c’est surréaliste. La fille Macron invitée sur Europe 1 pour faire le SAV du beau papa. Avec un titre d’éditorialiste. Tout va bien.
– FIA : Mise en examen de Nicolas Sarkozy pour association de malfaiteurs. Tout ne va pas si mal finalement.
– PI : J’espère que Sarkozy a pensé à faire tamponner sa carte de fidélité au parquet national financier, il me semble qu’il n’est pas loin de la mise en examen gratuite.
– DSS : Carla Bruni Sarkozy vient de racheter les droits du Pénitencier de Johnny Hallyday…
– LC : J’ai pas suivi, est-ce que c’est toujours autorisé de convoquer 40 avocats à la même heure pour une audience ? C’est pour un ami.
– DC : Une association de malfaiteurs est-elle une asso sans but lucratif ? Juste pour savoir…
– RDB : Imagine comment ils vont se faire chier à 6 au Puy du Fou maintenant.
– NMB : Bizarrement, je n’avais jamais remarqué que l’anagramme de « couvre-feu », c’était « onvouslaissesortirlajournée-pourallerbosser »
– KF : La finale du championnat du monde de pâté en croûte est annulée.
– CC : « je peux pas y a le couvre-feu » is the new « pas ce soir j’ai la migraine »
– CC : Je signale tout de même qu’en Lozère, à 21h, on est déjà demain matin.
– AD : Le papa qui récupère les enfants en Kangoo devant moi. Trois petites filles, un petit garçon. Je vous laisse deviner qui est monté devant.
– JE : Les cantines et les restaurants universitaires seront limités à 6 élèves simultanément, annonce Jean-Michel Blanquer. « Dans un souci pratique, le service du midi débutera désormais à 8h et s’étendra jusqu’à 18h. »
– AR : Quand tu habites à Saint-Etienne et que tu vas enfin pouvoir te prendre pour un parisien en lançant à tout-va des « je peux pas, j’ai couvre-feu ».
– MST : Vous voulez tuer quelqu’un et vous habitez en France ? Simple : 1/ Prenez votre licence de chasse. 2/ Tuez un humain. 3/ Dites que vous pensiez que c’était un cerf (les différences morphologiques cerf/humain sont subtiles). 4/ Le système judiciaire s’occupe du reste : vous êtes libre.
– EG : J’ai l’impression que depuis l’annonce du couvre-feu dans certaines villes, nous découvrons que des millions de gens passeraient leurs nuits dehors à boire des verres et à faire la fête. Du coup ça me rassure sur le pouvoir d’achat des Français et leur temps libre.
– ZPE : En mars on découvrait que tous les urbains étaient fans de course à pied, en octobre on découvre que ce sont tous des noctambules fêtards. On en apprend tous les jours, c’est bien.
– TC : Au couvre feu, si on fait un enterrement de vie de garçon, on peut être inculpé d’association de mâles fêteurs ?
– DA : Au moins, on est sûrs d’une chose, c’est que le couvre-feu c’est pas une fête commerciale.

NOTA :  Mon tout nouveau livre « La fois où j’ai failli tuer la reine des yéyés » est toujours à commander chez votre libraire (distribution Hachette).

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Réenchanter l'usine ?

Joseph Ponthus, intellectuel de prime abord, doit bouffer. Il vit en Bretagne avec une éducatrice. Ne trouvant pas de job à la hauteur de son expérience, il se rabat sur Pôle-emploi pour le caser. Une usine de poisson, pour commencer, où, avec ses collègues, il trie les arrivages de sardines, emballe, colle des étiquettes sur les boîtes en polystyrène, dans le froid, bien sûr, de la glace pour conserver, une température idoine, triple paire de chaussettes plus un sac de plastique dans les bottes fournies par l’usine, mais une mycose parfois, quand même. Des horaires de l’horreur, en pleine nuit souvent, des pauses courtes pour fumer et avaler le café. Peu de conversations mais des chansons écoutées dans la tête, Trenet, Brel, Piaf, Barbara et d’autres, plus actuels, plus popu, cloclo, Souchon, Cabrel, Doré…
Son livre s’appelle « A la ligne » sous-titré « Feuillets d’usine« , il est écrit en vers libres, c’est plus agréable à lire et donne un côté plus gai et plus musical à la prose.
Puis, d’autres tâches, d’autres bêtes, bulots, langoustines… décartonner des crevettes surgelées pour qu’elles partent à la cuisson et à l’approche des fêtes, des pinces de crabes, de homards et un jour, surprise, il doit égoutter du tofu. C’est con, répétitif et, comme tout le reste, épuisant pour le corps. Mais il prend tout du bon côté, Ponthus, il est de bonne composition. Il en profite pour nous enrichir la tête avec des citations envoyées à bon escient dans son texte poético-iodé, on sent le type qui a fait des études littéraires, hypokhâgnes et tout le tremblement.
Il nous raconte comment il arrive chez lui, parfois tellement épuisé qu’il en pleure, mais il faut sortir le jeune chien. Sa femme vient de se lever, ou est encore endormie ou est partie bosser, il n’a aucun horaire fixe puisqu’il est intérimaire, appelé parfois deux heures avant l’embauche. Il brode sur le terme débauche qui signifie deux choses bien différentes, il râle parfois parce que son binôme travaille mal, que ça fout en l’air le rythme de la chaîne, donc le rendement qui est calculé à la pièce ou au poids, ça dépend, et que ça retarde l’heure de la débauche. Mais il se souvient qu’il a été aussi incompétent au début.
Puis un jour, on l’envoie aux abattoirs (je crains le pire, je ne supporte pas la maltraitance animale et ai peur d’en prendre plein la gueule et les cauchemards, mais dans le livre non, c’est juste ébauché, il n’ira pas tuer les bêtes). Première tâche, nettoyer l’endroit de la découpe, on patauge dans le sang, ça pue le sang et la mort, c’est pas terrible… Il fera plusieurs postes dont l’accompagnement des carcasses de boeufs (vaches) sur les rails de tri. Son squelette et ses muscles en prennent pour leur grade, surtout quand un commercial veut telle carcasse pour son client et qu’il faut la faire revenir sur le rail…
C’est un livre formidable car positif, parfois drôle, toujours fraternel, pas de revendication, pas de plaintes à part des petits coups de gueules tenus secrets sur son carnet, une sorte de poésie qui compense l’horribilité d’un des boulots les plus ingrats, les moins payés, les plus précieux car terriblement nécessaires à la survie de ceux qui les exercent.

« A la ligne » sous-titré « Feuillets d’usine » de Joseph Ponthus, 2019. Grand Prix RTL et Lire. Chez Folio. 276 pages, 7,50 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #517


Aïe, aïe, aïe,aïe,aïe,aïe,aïe ! Cette semaine, je me vois pratiquement obligée  d’illustrer mon article par l’image d’un individu qui me décroche l’estomac… On sait que ce virus est très con, il dézingue les très gentils comme Kenzo mais effleure des monstres sans les endommager ! Heureusement que je suis là pour le faire ! Qu’en disent-ils dans la manif-cluster pour tous ? Savent-ils que le traitement de Trump comporte des petits bouts d’embryons ? Heu. Et pour couronner tout ça, les néonicotrucs font un retour remarqué sur le podium écolo de notre gouvernement ! Bon, tiens, je préfère arrêter là sinon je deviens misandre à force de fustiger tous ces maux dominants. Beurk. Bonne fin de week-end néanmoins, chers vous, moi je vais prendre l’apéro confinée avec mon alterophile. Tchin !
– NP : Zemmour, encore un bon Français agressé par un virus venu de l’étranger !
– CEMT : Zemmour en quarantaine. Bon courage au COVID-19 dans cette épreuve.
– FT : Une femme : « j’aime pas trop les hommes ». Les hommes : « on va raconter de la merde et l’injurier pour lui montrer qu’elle a tort. »
– MQ : Zemmour. Quand le Covid fait le boulot du CSA…
– FIA : Soit Éric Zemmour a attrapé le coronavirus sur un plateau télé, soit il y a des gens qui fréquentent Éric Zemmour.
– PE : On vient d’apprendre que le coronavirus s’est retiré du corps de Donald Trump, en déclarant : « impossible de rester, c’était devenu irrespirable »
– CL : Quand je pense que la collaboratrice qui a transmis le covid à gros Donald s’appelle Hope…
– NP : Le Didier Raoult qui est tous les matins sur CNews avec Laurence Ferrari c’est le même qui n’a pas le temps d’aller dans les médias parce qu’il publie 10 études par mois sur le COVID ou c’est un homonyme ?
– PI : Les enfants ne meurent pas du covid, alors je me demandais si c’était envisageable de les faire travailler à notre place, surtout des tâches simples à l’usine ou dans les champs, je ne sais pas si ça a déjà été fait dans le passé mais je trouve mon idée intéressante.
– LG : Y a quand même un problème structurel de fond dans un pays avec un fort taux de chômage où tu attend 4 mois un rendez-vous chez l’ophtalmo et six mois la venue d’un charpentier.
– NP : Excusez-moi mais je suis un peu perdu avec le décalage horaire. C’est à quelle heure qu’ils annoncent que c’est parce qu’il va de mieux en mieux que Trump a été placé en coma artificiel et intubé ?
– PR : Salut les lobbys. Alors ça néonicotinoïde tranquilo ?
– NP : Il y a les mauvais nicotinoïdes, ce sont des nicotinoïdes et toi tu es écologiste. Et puis il y a les bons nicotinoïdes, ce sont les mêmes nicotinoïdes mais entre temps tu es devenue ministre de l’Ecologie.
– GB : Nous sommes un peuple bien tenu. Subtilement en laisse. La politique de Macron consiste à dire aux Français qu’il rallonge leur laisse de 1m tous les matins, puis, tous les soirs, il éloigne la gamelle de 2. Et ça peut marcher longtemps: tant que la gamelle reste en vue.
– NP : Imagine : tu es un Coronavirus et tu chopes Zemmour parce que tu es rentré dans sa bouche…
– CEMT : « Saint-Etienne sera confinée, personne ne sortira le soir et on s’y fera chier, aucun changement donc. »
– LJ : Les gens sont désespérés, plus de resto, plus de ciné, plus de théâtre et plus de salle de sport .. Bref , ils découvrent la vie d’un français au smic.
– CL : RAPPEL : Porter un masque quand vous êtes seul au volant de votre voiture vous protège uniquement si vous venez de la voler
– FIA : Manif pour tous et rassemblement d’évangélistes autorisés en pleine pandémie. La France, ce beau pays laïc.
– AB : Comment une septuagénaire, Petronin devenue Mariam, fait cocu un pouvoir à la renverse. Prix de l’enfumage : 10 millions d’euros et 200 djihadistes dans la nature. Honni soit qui Mali pense.
– OB : Une manif en plein Covid, la manif pour tousse.
– CI : “Le président Trump a fait l’éloge des traitements qu’il a reçus contre le coronavirus en les décrivant comme des « miracles de Dieu ». Si tel est le cas, Dieu utilise des lignées cellulaires venant de tissu fœtal humain”, s’amuse la MIT Technology Review.
– CC : Même Le Parisien émet un doute sur le ruissellement qui aurait profité aux Français ne s’appelant pas Arnault.
– PR : Si j’étais très riche, je voterai Macron.
– DS : Comment j’ai pu rater l’info que Sarko est en GAV depuis 2 jours ??? C’est devenu tellement banal qu’aucun média ne fait d’alerte push ?

NOTA :  Mon tout nouveau livre « La fois où j’ai failli tuer la reine des yéyés » est toujours à commander chez votre libraire (distribution Hachette).

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Un mariage américain sur fond noir

Un mariage américain de Tayari Jones, est un roman passionnant sur les ressorts d’un couple vivant un drame absolu. On se trouve dans un état du sud des Etats-Unis, les jeunes mariés sont noirs ainsi que la plupart de leurs relations. C’est un mariage heureux bien que les époux viennent de deux horizons différents. Elle, Celestial,  est issus de la bonne petite bourgeoisie et lui, Roy, d’une classe inférieure où ses parents ont dû faire bien des sacrifices pour l’envoyer à l’université. Mais si la famille plus aisée est déçue par ce choix, elle ne le montre pas et traitera toujours le mari avec bienveillance. C’est un ami de Celestial qui les a présentés l’un à l’autre, un très vieil ami avec lequel elle s’entend comme avec un frère. Le couple est promis à un bel avenir, il gagne bien sa vie, il est devenu l’homme d’une seule femme après une jeunesse de drague, et elle-même se lance dans une carrière artistique pleine d’espoir, remettant la fabrique de bébés à plus plus tard.
Mais un jour, patatras, on vient l’arrêter car il est accusé de viol par une voisine, blanche, chez qui il avait fait un peu de bricolage. Il est innocent puisqu’il était avec sa femme à ce moment-là. Mais la justice n’en tient pas compte et l’envoie en tôle pour 12 ans. Sa vie s’arrête là. Il se trouve dans une cellule avec un homme qui se révèlera être … (pas de spoil) et le protègera. En bonne épouse amoureuse, Celestia lui rend visite régulièrement  mais au bout de très longs mois, leur relation va changer. Comment peut-il en être autrement quand l’une rencontre le succès et l’autre stagne entre quatre murs sales ? Ils finissent pas rompre. Néanmoins, elle n’intente pas d’action en divorce, il la considèrera toujours comme sa femme. Elle, entre temps, pour supporter cette lourde charge, s’appuie sur leur ami mais peuvent-ils longtemps rester insensibles l’un à l’autre.
Et coup de tonnerre : on le libère au bout de cinq ans, la justice reconnaissant que le procès a été mal mené. Sans aucune excuse ni indemnité. Ils ne s’y attendent pas, le situation devient très compliquée.
Ce qui est bien dans ce roman, c’est d’avoir choisi le point de vue de chacun. A chaque chapitre, le narrateur est différent, c’est soit le mari, soit la femme ou l’amant. Tout y est confessé, chacun y dévoilant des sentiments ou des secrets inconnus ou pas des deux autres. C’est relaté avec une extrême finesse malgré la complexité des situations. Le suspense n’en est que plus efficace. C’est à chaque fois inattendu. Même le dénouement. J’ai consulté le web pour m’assurer d’une chose : l’autrice, dont ce n’est pas le premier livre, est noire. Elle est bien placée donc pour parler du problème, la place des Noirs dans l’Amérique moyenne, la peur qui les habite face aux jugements arbitraires et aux violences racistes, les efforts qu’ils doivent fournir pour espérer accéder au même niveau social que les Blancs…

Un mariage américain de Tayari Jones, 2019 (titre original ? ) traduit par Karine Lalechère, éditions Pocket. 406 pages. Pas cher.

Texte © dominique cozette

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