Encore un grand pas pour l’humanité

Jeudi dernier, je vais dans un cinoche vers la gare de Lyon, un UGC, pour « Ma mère, Dieu, Sylvie Vartan et moi ». Je demande au type à la caisse un ticket. Il me répond : A quelle place en me tendant un plan de la très grande salle. Je lui dis : je n’en sais rien, mettez-moi au milieu. Il insiste : non, il faut choisir sa place. Je lui réponds, certes pas très gentiment : mais c’est idiot ! Pourquoi il faut choisir sa place ? Parlez-moi correctement, rétorque-t-il. Alors moi : j’ai été correcte, et je ne vous ai pas traité d’idiot. Vexé : Oui, alors, jouez le jeu, s’il vous plaît ! Mais quel jeu, demandé-je, donnez-moi mon billet, c’est trop bête tout ça !
Vous me blessez, madame.
Quoi, je vous blesse ? Oh mais je vous présente mes excuse du fond de mon cœur, je ne veux blesser personne.
En plus vous êtes sarcastique, siffle-t-il entre ses dents. !
Pas du tout, je suis sincère. Et merci pour le billet.
Je me dirige vers la salle quasi déserte, très grande, occupée par une petite vingtaine de retraité.es essaimé.es ça et là. J’avise une rangée vide dans le premier tiers de la salle et … tac, un couple de vieux (comme moi) m’emboîte le pas en me disant : ah tiens, vous prenez la même rangée que nous…
Je les regarde d’un air hébété, et m’assoit au milieu de rang. Il n’y a strictement personne autour. Alors le pépé me dit, avec un sourire connivent : ah, mais vous vous mettez à notre place !
Je n’en crois pas mes oreilles.
Comment ça, à votre place ? Il me montre son ticket et effectivement j’occupe la G64. Mince, lui-dis, mais c’est vraiment votre place ? Vous réservez vraiment cette place-là ?
Oui, oui, on vient très souvent dans cette salle et on prend ces deux places. Ah bon, qu’à cela ne tienne, lui dis-je sur un ton non sarcastique, je vais bouger, y a aucun problème. Je vais même aller sur un autre rang, tiens.
Mais non, madame, restez-là, il n’y a aucun problème, on va changer de place pour une fois. Sourires réciproques, voisins calmes et tranquilles, film super.
Je ne peux que réfléchir à ce foutu progrès, mon cher Ubu… J’imagine toujours des petits technocrottes à souliers pointus, style Darmanin, leur petite bouche en cul de poule, fiers de trouver ce genre de bonne idée dans une réunion hyper importante dont le thème serait : quoi pour faire avancer la France et changer la farce du monde ?
Quels abrutis !

Les secrets de la femme de ménage

Voici une nouvelle histoire de Millie, femme de ménage inventée par Freida McFadden, les secrets de la femme de ménage.
Ça commence tragiquement puisque notre héroïne sent qu’elle va mourir assassinée dans les minutes qui suivent. Elle se trouve dans une situation dramatique et on prie de toutes nos forces pour que l’histoire ne s’arrête pas là.
Donc Millie, dont vous avez peut-être lu le premier tome (mais ce n’est pas obligatoire) retrouve un boulot de femme de ménage, ce qui n’est pas facile car elle ne peut jouir d’aucune référence sérieuse et que d’autre part, elle a un passé qui va ressurgir si l’employeur tente des recherches sur elle.
Mais là, miracle, quelqu’un l’appelle pour s’occuper d’un super immense duplex sur Central Park, mais tellement propre qu’elle n’y a pas grand chose à faire, sauf trier du linge, faire quelques courses (ingrédients compliqués à trouver) et préparer le dîner pour un couple dont un mari milliardaire, charmant, et une femme malade qui s’enferme dans sa chambre et qu’il ne faut absolument pas déranger.
En même temps, Millie a une belle histoire avec un avocat beau garçon, bien éduqué, amoureux, qui la supplie de venir vivre chez lui. Mais impossible, elle préfère rester dans sa piaule pourrie du Bronx de peur qu’il découvre son passé pourri et le quitte. En plus, un voisin taré l’agresse et c’est lui qui devient la victime.
Peu à peu, chez l’employeur qui la paie très bien, l’ambiance devient louche. Elle entend parfois des cris de disputes provenant de la chambre de l’épouse, repère des taches de sang sur du linge et dans la salle de bain. Plus elle essaie de lui porter secours, plus la femme refuse son aide bien qu’un jour, son visage affreusement tuméfié montre ce qu’elle endure…
C’est très inquiétant tout ça et nous n’en sommes qu’au début !

les secrets de la femme de ménage de Freida McFadden, 2023. Traduit par Karine Forestier. Chez j’ai lu. 408 pages, 8,60 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #695

Ah que c’est moche ! Je me sens écartelée, même pas écarlate de honte, entre deux affaires qui font le miel des gros niqueurs et autre bavassons des machines à café / soupes de tomates. La première est celle qu’un gros dédé-gueulasse qui se sent lui-même écartelé entre mettre ses mains dans la culotte des filles ou continuer à gégé-rer son talent hors normes sans grogner. De l’autre, celle d’un arnaqueur lui-même écartelé entre son besoin de didi-gnité républicaine et son attiti-rance pour le poucoir qui l’entraîne dans des concon-promissions hors normes. Mais y en a d’autres qui ne sont pas du tout écartelés bien qu’appartenanr au grand cartel du pou-pouvoir avec des caca-deaux hors normes concon-sentis par le gougou-vernement qui n’est pas à ça près, de filer tous nos ronds aux riri-ches. Ben oui, j’en bébé-gaie mais ça me passera quand on voit de qui nous zaza-tend outre-Atlantitique, bien qu’il y ait plus urgent : le caca-stête de l’horloge ce soir avec le changement d’heure.Ça ne change rien à l’apéro alors tchin-tchin, dear friends

  • PA : Ma femme m’a demandé pourquoi je chuchotais dans la maison. J’ai dit que c’était parce que j’avais peur que Mark Zuckerberg nous écoute. Ma femme a éclaté de rire. Moi aussi. Siri aussi. Alexa aussi. ChatGPT aussi. Google aussi. Microsoft aussi. Le robot-cuiseur de Lidl aussi.
  • LO : 7 ANS de PRISON FERME sont requis contre Nicolas Sarkozy . Ce sera sûrement et de loin son meilleur septennat.
  • NMB : — Chéri, ce week-end, c’est changement d’heure — Et alors ? — Ben t’oublieras pas d’avancer ta Rolex de 7 ans.
  • UQ : Tu peux écouter h24 France Info depuis une semaine et ne pas savoir que Sarkozy est en passe d’être à nouveau condamné pour corruption… Sidérant.
  • MA : C’est normal qu’on ne nous parle que du voile et de l’Algérie alors que Sarkozy passe en procès pour l’affaire la plus grave de la Vème République ?
  • NP : Pour la première fois, un foie de cochon a été implanté sur un humain. C’est peut-être une première pour le foie, par contre il est assez courant de croiser des hommes équipés d’un cerveau de gros porc.
  • CND : On résume : Vivendi, propriété de Bolloré, a triché pour alléger ses impôts de 800 millions d’euros. Le FISC décide d’un redressement fiscal avec une pénalité de 320 millions d’euros. Le ministère de l’économie décide d’annuler cette pénalité ! Elle est pas belle la vie des milliardaires racistes sous Macron ??
  • FJ : 320 millions d’euros, de quoi payer plus de 6000 professeurs quand même..
  • FLG : Les juifs qui ont invité Marion Maréchal sont-ils masochistes ?
  • PA : L’école m’a appelé pour me dire que mon fils ne se comporte pas bien. Je leur ai répondu « À la maison non plus, mais je ne vous appelle pas, moi ! ».
  • LB : Quand une caissière fait une erreur de 0,85 centimes elle est licenciée. Quand Bolloré omet volontairement de payer 800 millions d’euros d’impôts, l’Etat lui fait un cadeau de 320 millions d’euros.
  • US : T’es allocataire RSA tu oublies une formation : on te sucre tes 600€/mois pour survivre. T’es le gouvernement, tu oublies 60 milliards dans ton budget : rien.
  • NP : Confronté à un manque de travailleurs maintenant que les immigrés ont été virés, la Floride s’apprête à autoriser le travail des enfants à partir de 14 ans, y compris la nuit. Bref, le futur des USA, c’est le 19e siècle.
  • PA : Si vous aviez le choix entre la fortune de Bettencourt et la paix dans le monde, de quelle couleur serait votre Ferrari ?
  • LC : J’ai réussi à ouvrir mon yaourt sans que ça colle à l’étiquette. Croyez en vos rêves.
  • NP : Donc, soit les femmes sont forcées de porter un foulard pour les protéger des hommes, soit on leur interdit de porter un foulard pour les protéger des hommes… On pourrait (presque) en déduire que le VRAI problème ce n’est pas le foulard, mais les hommes.
  • PA : Nous vivons à une époque où les personnes intelligentes sont réduites au silence pour que les personnes stupides ne soient pas offensées.
  • MB : Hey Gérard Depardieu, tu as des nouvelles de Gérard Miller ???
  • RR : Le Pape qui ressuscite avant Jésus à Pâques. Y a plus de respect.
  • NP : Les racistes en PLS quand ils découvrent que leurs ancêtres venaient d’Afrique et avaient la peau sombre.
  • AP : Les œufs se font de plus en plus rares dans les rayons des supermarchés. Heureusement, cette année on a de la moutarde !
  • JM : On a même pas réussi à récupérer l’argent de François Fillon, alors la Statue de la Liberté…
  • MA : Bernard Monteil à propos de l’Eurovision :  » il y a quand même eu 16 milliards de téléspectateurs c’est beaucoup. » Oui , effectivement c’est beaucoup sachant que nous sommes environ 8 milliards sur terre.
  • GP : Cyril Hanouna et Tiphaine Auzière (la fille de Brigitte Macron) seraient en couple. Tiphaine Auzière était monitrice d’auto-école quand elle a rencontré Cyril Hanouna. Elle avait 39 ans et lui 15 quand elle lui a fait passer la conduite accompagnée. On sait tous ça, nous à la DGSI.
  • RR : Au lieu de se reposer le 7e jour, Dieu aurait mieux fait de terminer la configuration de son système.
  • NP : Un chercheur français refoulé à l’entrée de la Corée du Nord parce que les douaniers ont trouvé des messages critiques envers le Grand Dirigeant Adoré sur son ordi. Attendez… J’ai dit Corée du Nord ? Mes excuses, c’était aux USA. Faut dire que ça se ressemble de plus en plus.
  • JM : « C’est un vrai scandale » : un médecin sanctionné pour avoir traité Francis Lalanne d’« abruti ». Ah, on punit les médecins quand ils font des diagnostics maintenant?
  • PA : Les gars, il faut arrêter de demander aux filles ce qu’elles recherchent sur les sites de rencontres ! Ce serait surprenant qu’elles répondent « Des jantes de Clio ! ».
  • JG : Mon fils qui rentre du collège : « Le prof de techno démissionne pour aller faire chef de rayon chez Leroy merlin car c’est mieux payé que prof »
  • PA : L’animal terrestre le plus rapide, ce n’est pas le guépard. C’est le mec qui s’aperçoit qu’il a laissé son téléphone déverrouillé sur la table de la cuisine.

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Tuil toujours haletante

La guerre par d’autres moyens est le nouvel opus de l’excellente Karine Tuil qui nous embarque toujours dans des histoires qui questionnent et qui passionnent. Ici, à moins de vivre dans une caverne, on connaît les ressorts des siuations en cours, le pouvoir de l’homme alpha blanc cinquantenaire hétéro, la violence sur les femme, le milieu délétère du cinéma, l’attrait du fric et les addictions.
Le personnage principal est l’ancien président de la république, Dan Lehman, juif et de gauche, supplanté par une femme (qui n’apparaîtra pas) et se retrouve du jour au lendemain privé de ce pouvoir enivrant qui permet tout. Bien sûr, il n’a pas à se plaindre, il a ses privilèges, plus un superbe appartement, une très jeune et désirable femme pour laquelle il a planté celle d’avant, Marianne, qui lui a donné trois enfants, adultes aujourd’hui, pleine de qualités, cultivée, complice, idéale donc alors que la jeune, Hilda, est une actrice capricieuse avec qui il a eu une fillette handicapée qu’il adore. Il se trouve qu’Hilda est choisie pour un premier rôle sur les violences faites aux femmes, réalisé par un grand metteur en scène, intello pénible et dur. Mais surtout, le scenario est tiré du livre de sa première femme, Marianne donc, qui est déjà un succès de librairie.
Voilà ce pauvre Dan sans fonction importante, entre ses deux femmes qui montent qui montent alors que son livre à lui n’intéresse plus. Beaucoup de relations vont se nouer entre ces protagonistes dont l’acmé est le festival de Cannes, véritable panier de crabes où vont encore se dévoiler des choses pas très jolies comme autant de pièges pour les un.es et les autres. Le plus important étant l’alcool dans lequel a sombré Dan Lehman et qui entache sérieusement sa vie. La fin est carrément passionnante et inattendue.

La guerre par d’autres moyens par Karine Tuil, 2025, aux Editions Gallimard. 384 pages, 22€.

Texte © dominique cozette

Christine Angot chez Pinault

La nuit sur commande, dernier (petit) livre de Christine Angot est assez drôle. Evidemment, on ne se bidonne pas mais son point de vue sur le petite monde de l’art contemporain qu’elle a eu l’heur de fréquenter à ses débuts d’autrice est plutôt jouissif. Elle en garde un souvenir totalement désenchanté sur ce quant à soi dont elle n’a pas su ou voulu s’intégrer. Le fric c’était chic, voilà. Elle a été la meilleure toquade de Sophie Calle pendant un temps, qui l’a introduite un peu partout, ses dîners mondains, les sauteries et qui lui a fait connaître aussi des personnes qu’elle continue à apprécier.
Ce musée, la Fondation Pinault dans laquelle est est invitée à passr une nuit avec toutes les commodités mises à son service, lit de camp, nourriture, entrée au restau etc ne sera pas le sujet principal du livre. Elle y a amené sa fille qui travaille dans l’art, mais alors que Léonore l’y invite, elle ne visite aucune des salles, ne nous révèle rien sur les œuvres à part les pigeons de la rambarde (photo) et reste collée à son ordi, sa vie réelle. Il n’y a plus que ça qui l’intéresse : écrire, écrire.
Elle revient, lors de cette très courte nuit, sur sa vie, son père, l’inceste, le film sur la femme de son père qu’elle a fait après la mort de celui-ci, elle y parle aussi de ses visites, petite, au musée municipal de sa ville, Châteauroux, puis raconte quelques anecdotes navrantes avec des amants qui ne lui ont pas fait que du bien. Elle a profité du resto (chic) du musée puis, à une heure et quart, elle a décidé que ça suffisait et a demandé à partir. Sous l’œil très étonné du vigile.
C’est juste un petit récit de quelqu’un qui raconte bien, parfois avec une certaine acrimonie, quelques épisodes marquants de sa vie et c’est très distrayant.

La nuit sur commande de Christine Angot, 2025, aux Editions Stock. 166 pages, 19 €

Texte © dominique cozette

Quatre d’un coup, diantre !

En ce moment, j’ai une flemmingite aigüe, je lis, je lis et puis au moment de vous en parler, y a plus personne. Alors cette fois, j’en prends quatre à la fois, ce ne sont pas des livres qui m’ont attrapée par le cœur ou les tripes mais que j’ai eu plaisir à compulser. Et comme j’ai la mémoire courte, je ne m’appesantirai point sur les détails.
J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop.

Toilettes pour femmes de Marilyn French est un livre culte féministe paru en 1977, qui fit scandale car pour une fois, la charmante épouse américaine bien coiffée et laquée Elnett Satin attendant son mari bienfaiteur sur le pas de sa cuisine, les enfants couchés et le glaçon prêt à tomber dans le verre a whisky va se transformer sous nos yeux ébahis non seulement en épouse trompée mais en femme libérée d’icelui, décidée à vivre pour elle-même, comme ses nouvelles copines conquérantes rencontrées sur le campus de l’université où elle reprend ses études et découvre… l’orgasme ! Passionnant comme une série malgré les pages du début un peu chiantes…
700 pages écrites petit pour 13,50 € en poche, c’est donné !

L’accident de Jean-Paul Kauffmann est sorti en février 2025, c’est dire s’il est frais ! Une chroniqueuse d’Inter nous en touche un mot : enfin un livre sur une enfance heureuse. Bon, je veux bien, je trouve que c’est une enfance chez les cathos, ça grouille de souvenirs de curés et d’églises et de son tout petit village. Il y parle principalement d’un accident de car advenu durant son enfance, qui provoqua la mort d’une jeune équipe de foot du village et mit tout le monde en deuil. Il évoque aussi by the way son enlèvement au Liban lorsqu’il était journaliste et explique comment ces souvenirs reconstitués à grand peine lors de ses trois ans de captivité l’ont sauvé. On peut dire que c’est bien écrit, joliment brodé, opiniâtrement narré bien que rien sur sa fratrie, beaucoup sur son père taiseux et sa mère « poker face » (c’est moi qui dis ça). Ça ne m’a pas réellement passionnée mais ça peut plaire.
340 pages chez Equateur, 22 €

Ces réflexions sur le procès Pélicot ouvre sur le fait que la philosophe Manon Garcia, avec son Vivre avec les hommes, a du mal à se dire que les mecs sont des mecs bien. Il ouvre sur la phrase bien connue de Marguerite Duras « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter« . Puis elle écrit « c’est procès qui montre que les procès ne suffiront jamais : si un homme seul dans une bourgade comme Mazan parvient à faire venir chez lui au moins soixante-dix hommes habitant dans un rayon de moins de cinquante kilomètres de chez lui [•••] combien y a t-il d’hommes en France prêts à violer une femme inconsciente si l’occasion se présente ? » (p.17). Et p. 60 : « Comment comprendre le mal dont il est question dans ce procès si ces hommes pensent n’avoir rien à se reprocher, si leurs compagnes restent à leurs côtés, si leurs avocats plaident si bien l’absence d’intention criminelle ? » Les réponses sont multiformes et argumentées côté philo et je n’y pige pas grand chose. Trop fort pour moi. Dommage, car en interview, je comprends bien. (La vieillesse, mes ami.e.s)
2025 chez Climats, 230 pages, 21 €.

Trouvé en soldes ce vieil Echenoz, Envoyée spéciale, datant de 2016. Aussi farfelu dès le début que le dernier dont j’ai récemment vanté le talent, Bristol. Celui-ci est plus long, plus fourni, tout aussi intrigant. Mais arrivée vers le troisième tiers où je subodorais un dénouement explicatif, je suis abasourdie par le trajet que l’imagination de l’écrivain me fait prendre, d’une absurdité encore plus folle que dans Bristol et qui m’entraîne dans des histoires géopolitico-saugrenues démarrant dans le splendide pays de Kim Jong Un, pour ne pas dire en Corée du Nord, début d’un périple auquel mes pénates ne m’avaient pas préparées. Donc oui, si vous aimez ce type complètement largué d’une histoire excessive. Moi moins, mais une écriture toujours plaisante.
2016 chez Minuit, 240 pages. Peut-être en poche ?

Les Fessbouqueries #694

Cette semaine comme la précédente, l’humour s’est arrogé des vacances sans les avoir posées et moi, comme une pomme, je n’ai pu que constater le vide abyssal que son absence représentait. Vous le verrez de vos yeux, il n’y a pas grand chose à tirer des quelques remplaçants et stagiaires encore présents même si je leur en suis reconnaissante. Qu’est-ce à dire ? Que l’esprit dévastateur de Trumpette a fini par casser le mécanisme du rire ? Qu’aucun humoriste ne peut rivaliser avec son sens de la punch line ? Que même le Gorafi fuit devant ce qui paraît être une incroyable aberration et se trouve bien fade avec celui qui interdit, entre autres, le mot femme dans les articles scientifiques ? Je ne sais pas mais je me sens désemparée devant l’arrogance obscène de ce type dont le cerveau présente une enflure élucubrationniste défiant les lois de toute construction imaginative. Sur ce, dear friends, tchin, et comme disait un jeune commercial de mon passé : c’est le printemps, les chiens marchent sur les pattes de derrière.

  • CA : J’admire les gens qui savent se taire. Moi, quand je me tais, des sous-titres apparaissent sur mon visage.
  • PA : Le 8 mars. « Journée internationale des droits des femmes ». -> «Journée des droits de la femme ». -> « Journée de la femme ». -> « Un soutien-gorge acheté, une culotte offerte ».
  • FB : Carla Bruni menace d’arrêter se carrière si son mari n’est pas innocenté. Un bonheur n’arrive jamais seul.
  • NP : Je trouve que mettre Trump dans une Tesla c’est un bon début. Maintenant, foutez-le dans une fusée Starship et envoyez-le sur Mars.
  • CO : De toutes façons les chars russes ne rentreront jamais dans Paris, parce que Anne Hidalgo a mis une ZFE et les chars ne sont pas critair 1.
  • AS : Mick Jagger, 81 ans, aux oscars l’autre nuit : « Les producteurs voulaient que ce soit Bob Dylan qui remette ce prix. Mais Bob leur a dit : trouvez quelqu’un de plus jeune ! Et me voilà. »
  • CL : 4.239. C’est le nombre de livres désormais bannis des écoles américaines sous l’ère Trump, niveau fédéral ou local. Parmi les cibles les plus récurrentes : les écrits d’Orwell, d’Huxley, d’Herbert, d’Atwood, de Picoult, d’Hemingway ou encore le Journal d’Anne Frank.
  • NA : Je suis en train de regarder ma facture d’eau, apparemment c’est moi qui ai éteint l’incendie de Los Angeles.
  • GD : Ma mère dit « Donald Troumpe » et cela contribue quelque peu à faire tomber la pression.
  • PD : J’aimerais féliciter les idiots utiles qui hurlaient à la catastrophe si Kamala Harris était élue.
  • NP : Pour Fillon, « Zelenski n’est pas le héros irréprochable magnifié pat des Européens ». En plus, si ça se trouve, Zelensky n’a même pas détourné de l’argent public pour payer sa femme à ne rien faire !
  • JM : Je sors de chez le psy, il m’a dit de changer de Président.
  • OV : L’avocat de Nicolas Sarkozy appelle à « séparer l’homme du président » en matière de Légion d’honneur. J’ai vraiment cru que c’était Le Gorafi.
  • CND : Plus de 120 termes ont donc été interdits dans les publications scientifiques, sous peine de suppression des financements publics. Parmi eux, des mots tels que « femme », « LGBT », « équité », « polarisation », « oppression » ou encore « ségrégation ».

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Dors de ton sommeil de brute

Dors de ton sommeil de brute est un livre très étrange. Moi qui n’aime pas trop les histoires paranormales, je suis servie, cependant celle-ci m’a passionnée. C’est le cinquième roman de Carole Martinez.
Eva ne voulait pas d’enfant. Mais son mari, à force de persuasion et de chantage, réussit à la faire changer d’avis. La maternité est une révélation pour cette femme. Mais le mari, se sentant délaissé, devient violent. Alors Eva le fuit en ne laissant aucun indice derrière elle, et avec sa fille Lucie, s’installe dans une masure paumée des étangs camarguais, sans réseaux, sans voisinage. Ah si, une espèce de géant qui sauve une oie sauvage blessée et auquel va s’attacher immédiatement la fillette. Ce n’est pas du goût de sa mère mais Lucie est têtue et volontaire, rien ne peut se faire si elle ne l’a pas décidé.
Dans cet environnement où la nature foisonnante se pare de tous ses attraits, la vie pourrait se poursuivre sereinement si une curieuse épidémie ne venait bouleverser toute la surface du globe : les enfants sont pris du même rêve, au fur et à mesure de la rotation de la terre, un rêve dévastateur qu’on ne peut expliquer. Sauf quand on s’y connaît un peu en mythologie comme le géant voisin. Car très vite, d’autres rêves d’enfants vont venir balayer violemment la surface de la terre et peu à peu, on va comprendre ce qu’il se passe. Une intrigue pleine de suspense.

Dors de ton sommeil de brute de Carole Martinez, 2024, aux Editions Gallimard. 400 pages, 22 €

Texte © dominique cozette

J’emporterai le feu

J’emporterai le feu est le troisième tome de l’admirable trilogie Le pays des autres de Leïla Slimani. On peut n’avoir pas lu des deux premiers pour suivre celui-ci qui concerne la troisième génération de la famille mais ce serait dommage de s’en priver.
Slimani a un talent fou pour nous embarquer à chaque chapitre dans une nouvelle aventure de ses personnages qui vont de la première génération, une Alsacienne, Mathilde, ayant épousé un Marocain, Amine, venu avec son bataillon en France pendant la guerre. Puis à leurs enfants, tous élevés au Maroc puisque Mathilde y a suivi son époux, et enfin aux deux filles du héros de ce livre, Mehdi, aussi dissemblables que possible, Mia et Inès.
La réussite improbable de Mehdi dans le domaine bancaire puis sa chute inexplicable, aléas des régimes autocratiques où n’importe qui peut vous envoyer en prison sans un bonne raison, rythme la vie de la famille. L’épouse Mehdi a elle aussi bien réussi puisqu’elle est médecin gynécologue et que c’est elle qui fait bouillir la marmite quand il le faut, ce qui ne l’empêche pas de rester très attachée à son homme même quand celui-ci, dans ses traversées du désert, passe son temps à fumer dans son canapé en regardant la télé et en ne participant en rien à leur vie.
On s’attache particulièrement aux filles, Mia d’abord, très intelligente et mature qui déteste l’assignation au genre féminin, donc vrai garçon manqué et lesbienne, que son père destine à lui succéder à la banque, elle fera mieux que ça. Pas de demi-mesure avec elle, elle est maladivement jalouse de la petite Inès, une beauté, allant jusqu’à une tentative de meurtre sur elle. Les gamines sont douées, ne semblent poser aucune problème bien que le sexe les travaille et que le pays où elle vivent ne les y autorise pas vraiment. La jeune Inès aura d’ailleurs une aventure interdite avec un de ses professeurs.
Comme beaucoup de jeunes, elles finiront par quitter le nid et aller à la rencontre d’autres cultures, l’une à Londres, l’autre à Paris.
Roman très riche, plein de rebondissements et surtout d’enseignements, fluide et de lecture très agréable (oui, bon, je ne sais pas dire mieux)

J’emporterai le feu de Leïla Slimani, tome 3 de la trilogie Le pays des autres, 2025 aux Editions Gallimard, 430 pages, 22,90 €

Texte © dominique cozette

Fracassé

Né en 1954, Hanif Kureishi est un scénariste et écrivain anglais qui s’est fait connaître par le scénario de My beautiful laundrette et ensuite par son roman le Buddha de banlieue. Il écrit de nombreux autres livres.
Dans cet ouvrage bouleversant, Fracassé, il relate son dramatique accident survenu à noël 2022 où, tombé d’une chaise lors d’un malaise, il se réveille à l’hôpital à Rome entièrement paralysé. Entièrement dépendant. Il lui reste la parole. Sa femme, Isabelle, est italienne et elle abandonne un métier passionnant dans une maison d’édition pour rester très de lui toute la journée, lui donner la becquée, rameuter tous les amis afin qu’il ne soit jamais seul. Et surtout recueillir son témoignage, ce qui n’est pas une tâche facile. Il ne parle pas italien, ce qui ne favorise pas l’amitié avec le personnel soignant.
Ce livre est une compilation de « dépêches » sur ses états d’âmes, pensées et autres informations concernant ce qu’il vit dans cet enfer, mêlé à de nombreuses anecdotes et souvenirs de la vie d’avant, celle qu’il ne vivra plus jamais, et ses nombreuses amitiés dont celle avec Salmann Rushdie. Cependant, il ne nous épargne rien de toutes les humiliations corporelles et d’amour-propre qu’il est obligé de subir. Son corps ne marche plus, même les fonctions les moins nobles doivent être vigoureusement exécutées.
Après quelques mois, il n’en peut plus d’être loin de chez lui alors, avec la complicité de sa femme et de son ex, mère de ses grands fils, il est transféré à Londres, dans un autre hôpital. Le plus, c’est qu’il peut se faire toutes sortes de complices parlant la même langue. Et que la plupart de ses relations vivent ici. Mais les progrès de rééducation sont pratiquement nuls. Sauf qu’il peut juste pousser une manette pour conduire un fauteuil électrique, aller dans la salle commune ou dans le parc. Là aussi, Isabella est tenue de faire en sorte qu’il ne passe jamais cinq minutes sans visites, et qu’elle doit superviser les travaux dans leur maison de Londres (cauchemar pour elle) pour qu’il puisse y circuler un jour.
Il est décidé à faire des progrès mais ça se présente très mal, ça n’arrive pas. Finalement, il pourra vivre chez lui dans un contexte médicalisé, avec du personnel soignant, et retrouver le plaisir de ses promenades au bord de l’eau, poussé par l’un ou l’autre de ses proches. Et continuer à distiller les histoires, discussions et pensées sous la dictée de bénévoles.
Ce témoignage est poignant, forcément, terriblement dur mais aussi truffé de piques d’humour et de traits d’espoir bien que les choses ne semblent pas avancer. C’est aussi un bel exemple de patience et d’opiniâtreté, comment faire autrement que de vivre ainsi, coûte que coûte, dépendant de tout mais aidé par tous. Dur.

Fracassé par Hanif Kureishi, 2025 chez Christian Bourgois, traduit par Florence Cabaret.

Texte © dominique cozette

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