En ce moment, j’ai une flemmingite aigüe, je lis, je lis et puis au moment de vous en parler, y a plus personne. Alors cette fois, j’en prends quatre à la fois, ce ne sont pas des livres qui m’ont attrapée par le cœur ou les tripes mais que j’ai eu plaisir à compulser. Et comme j’ai la mémoire courte, je ne m’appesantirai point sur les détails.
J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop.

Toilettes pour femmes de Marilyn French est un livre culte féministe paru en 1977, qui fit scandale car pour une fois, la charmante épouse américaine bien coiffée et laquée Elnett Satin attendant son mari bienfaiteur sur le pas de sa cuisine, les enfants couchés et le glaçon prêt à tomber dans le verre a whisky va se transformer sous nos yeux ébahis non seulement en épouse trompée mais en femme libérée d’icelui, décidée à vivre pour elle-même, comme ses nouvelles copines conquérantes rencontrées sur le campus de l’université où elle reprend ses études et découvre… l’orgasme ! Passionnant comme une série malgré les pages du début un peu chiantes…
700 pages écrites petit pour 13,50 € en poche, c’est donné !

L’accident de Jean-Paul Kauffmann est sorti en février 2025, c’est dire s’il est frais ! Une chroniqueuse d’Inter nous en touche un mot : enfin un livre sur une enfance heureuse. Bon, je veux bien, je trouve que c’est une enfance chez les cathos, ça grouille de souvenirs de curés et d’églises et de son tout petit village. Il y parle principalement d’un accident de car advenu durant son enfance, qui provoqua la mort d’une jeune équipe de foot du village et mit tout le monde en deuil. Il évoque aussi by the way son enlèvement au Liban lorsqu’il était journaliste et explique comment ces souvenirs reconstitués à grand peine lors de ses trois ans de captivité l’ont sauvé. On peut dire que c’est bien écrit, joliment brodé, opiniâtrement narré bien que rien sur sa fratrie, beaucoup sur son père taiseux et sa mère « poker face » (c’est moi qui dis ça). Ça ne m’a pas réellement passionnée mais ça peut plaire.
340 pages chez Equateur, 22 €

Ces réflexions sur le procès Pélicot ouvre sur le fait que la philosophe Manon Garcia, avec son Vivre avec les hommes, a du mal à se dire que les mecs sont des mecs bien. Il ouvre sur la phrase bien connue de Marguerite Duras « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter« . Puis elle écrit « c’est procès qui montre que les procès ne suffiront jamais : si un homme seul dans une bourgade comme Mazan parvient à faire venir chez lui au moins soixante-dix hommes habitant dans un rayon de moins de cinquante kilomètres de chez lui [•••] combien y a t-il d’hommes en France prêts à violer une femme inconsciente si l’occasion se présente ? » (p.17). Et p. 60 : « Comment comprendre le mal dont il est question dans ce procès si ces hommes pensent n’avoir rien à se reprocher, si leurs compagnes restent à leurs côtés, si leurs avocats plaident si bien l’absence d’intention criminelle ? » Les réponses sont multiformes et argumentées côté philo et je n’y pige pas grand chose. Trop fort pour moi. Dommage, car en interview, je comprends bien. (La vieillesse, mes ami.e.s)
2025 chez Climats, 230 pages, 21 €.

Trouvé en soldes ce vieil Echenoz, Envoyée spéciale, datant de 2016. Aussi farfelu dès le début que le dernier dont j’ai récemment vanté le talent, Bristol. Celui-ci est plus long, plus fourni, tout aussi intrigant. Mais arrivée vers le troisième tiers où je subodorais un dénouement explicatif, je suis abasourdie par le trajet que l’imagination de l’écrivain me fait prendre, d’une absurdité encore plus folle que dans Bristol et qui m’entraîne dans des histoires géopolitico-saugrenues démarrant dans le splendide pays de Kim Jong Un, pour ne pas dire en Corée du Nord, début d’un périple auquel mes pénates ne m’avaient pas préparées. Donc oui, si vous aimez ce type complètement largué d’une histoire excessive. Moi moins, mais une écriture toujours plaisante.
2016 chez Minuit, 240 pages. Peut-être en poche ?