Trois sœurs en quête de justice

Trois sœurs est un récit fait par Laura Poggioli qu’on est en droit de penser véridique, malgré le terme de roman sur la couv. Il se joue à Moscou où la police découvre trois jeunes filles près du corps sanglant de leur père. Les trois filles, de belles brunettes qui n’ont même pas un an d’écart, viennent de tuer celui qui a pourri toute leur vie, celle de leur frère et celle de leur mère. Celle-ci a rencontré son bourreau à l’âge de 17 ans, lui en avait plus. Elle venait de sa cambrousse, ne savait rien faire, il l’a prise en commençant par la violer, l’a épousée et lui a fait quatre enfants dans la foulée. Lui, c’est un ogre, un homme d’une violence inouïe qui fait peur à tous, qui boit mais qui s’occupe de la messe et de l’église tous les dimanches. C’est pour ça qu’il est bien vu de beaucoup de monde.
Laura Poggioli, l’autrice, est une amoureuse de la Russie, elle s’y sent chez elle, y a beaucoup vécue et y a même rencontré son grand amour, un étudiant comme elle, beau, éduqué, cultivé. Mais qui, très vite, a dérapé dans la violence, l’humiliant devant ses amis, la dévalorisant constamment, la battant. Pourquoi reste-t-elle avec lui, alors ? Parce qu’elle a peut-être des restes de maltraitance d’un prof durant son adolescence, ou parce qu’elle croit qu’il va redevenir gentil… C’est peut-être cela qui l’a conduite à s’intéresser au sort des trois jeunes filles.
Donc un père qui a d’abord violenté sa femme, puis durant la période conjugale, se défoulant sur elle comme il l’a fait aussi sur ses enfants qui ne pouvaient plus sortir à cause des marques. Il qui a chassé la mère et s’est rabattu sur ses filles, des coups, des coups, de la peur, toujours, et puis les viols. Et la suppression de l’école. Les filles ont tout fait pour attirer l’attention sur leur maltraitance mais aucune des institutions concernées, scolaires, policières ou sociales, ne s’en sont émues.
Il se trouve qu’en Russie, et c’est là où le livre est très intéressant, les violences domestiques ne doivent absolument pas sortir de la maison. Cela ne regarde personne hors les protagonistes. Le proverbe qu’on renvoie aux plaignantes est « s’il te bat, c’est qu’il t’aime ». C’est pour cela que les sœurs n’ont pas trouvé d’aide lors du vivant de leur père, c’est pourquoi elles sont considérées comme des meurtrières par beaucoup car la légitime défense n’existe pas. De plus, une loi contre la dépénalisation des violences domestiques a été votée en 2017, un an avant les faits. #Metoo n’a pas trouvé place en Russie car l’explosion des mouvements féministes est, pour les Russes, synonyme de décadence.
Leur sort n’est pas encore réglé mais elles se disent mieux en prison que chez elles avec leur père.

Trois sœurs de Laura Poggioli, 2022, aux Editions l’Iconoclaste. 260 pages, 20 €

Texte © dominique cozette

Sauras-tu ne pas t’énerver en lisant cette BD ?

Mediator, un crime chimiquement pur est toute l’histoire de ce médicament, un coupe-faim, et de ses dérivés (et dérives) qui font la fortune du laboratoire Servier et continuent à semer la mort auprès de milliers de victimes qui voulaient juste perdre quelques kilos. Qui en ont rendu d’autres gravement handicapés, ou tellement souffrantes qu’elles ont été poussées au suicide.
La lanceuse d’alerte, Irène Frachon, n’est pas la première a avoir soupçonné le rôle mortifère de la molécule mais ceux d’avant elle ont eu moins de colère, moins d’endurance qu’elle pour oser se battre contre un aussi grand magnat du médicament pour lequel les portes du pouvoir s’ouvraient sans problème. Servier, certes, est mort, mais ses cadres ont perpétué son « œuvre » en s’opposant à ses détracteurs par tous les moyens (chantage, fric, mensonges, armadas d’avocats, appui des puissants — c’est le cabinet de Sarkozy qui a commencé à le défendre, et plus tard, alors que l’affaire était en cours, c’est encore Sarkozy qui lui a remis la plus haute distinction de la république, la Grande Croix de la Légion d’Honneur).
Les auteurs de cette BD sont Irène Frachon, Eric Giacometti et François Duprat. Ce n’est pas toujours simple à lire car il y a des embrouilles très techniques créées par le labo pour empêcher la molécule d’être interdite en France, alors qu’elle l’a été très tôt dans la plupart des pays. Ils ont aussi procédé à des transformations, changement de noms, masquage de la présence  de la tueuse. Et ce livre illustre clairement le fait que la justice, les pouvoirs publiques et les institutions médicales ont fermé les yeux si longtemps en toute connaissance de cause.
Ça va vous énerver de constater à quel point on peut nous rouler dans la farine quand on est riche, puissant et qu’on a des amis dans tous les ministères. Une partie du  scandale est que Servier a roulé la Sécu en lui faisant rembourser le poison, que l’agence du médicament a fermé les yeux, a donc été complice, que le labo et son armada d’avocats, journalistes médicaux ou médecins véreux, ont tout fait pour « gagner du temps », d’infernales années pour les victimes qui continuaient à tomber.
Les procès intentés contre le laboratoire ont tous été gagnés, mais de façon minimaliste, les indemnisations comme les peines et amendes infligées sont dérisoires et surtout, tous les accusés ont été relaxés. Pire :   le délit d’escroquerie a été carrément oblitéré.
Tout cela est très énervant, l’indépendance de la médecine est mise à mal et après on s’étonne que beaucoup doutent de sa probité et refusent les vaccins. Devant un tel scandale, le plus grand avec celui du sang contaminé, comment rester de marbre. Il y a encore bien d’autres mesures très énervantes qui ont été prises en faveur du gros labo (un beau cadeau fiscal au labo pour qu’il puisse construire une nouvelle usine à poison…)
Cette affaire n’est pas finie puisque que le procès en appel doit se tenir prochainement. On en espère beaucoup.
Lisez ce livre dont je parle très mal, allez voir les interviews d’Irène Frachon, toujours aussi déterminée à ne rien lâcher. Une femme formidable.

NB : un film avait déjà été réalisé sur cette affaire, La Fille de Brest par Emmanuelle Bercot.

Mediator, un crime chimiquement pur BD par Irène Frachon, Eric Giacometti et François Duprat. 2023 aux Editions Delcourt. 200 pages, 23,95 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #613

Comme c’est la journée internationale du câlin ce samedi, on ne va pas se taper dessus, non ? Que Brigitte aille ramasser ses pièces jaunes en Louboutine, que Macron aille danser joue contre joue avec le premier ministre espagnol, que Borne continue à passer sa réforme tout en douceur, que Bernard-le-plus-riche-Arnault n’ait pas encore déclenché son terrible ruissellement, que Gina reste éternellement près de nous, que LePen aille faire des gros bisous aux Sénégalais, qu’au PS on se fasse des politesses pour laisser passer l’autre, que la douce neige nous recouvre tout ça d’un blanc manteau ultra-doux et le week-end sera peut-être idyllique. Peut-être. Levons notre verre de dry-quelque-chose-january à cette belle ambiance bourrée d’amour. Love, friends !

– EE : Peut-on dire que le sexe en EHPAD se pratique entre adultes qu’ont cent ans ?
– SA : Il neige tellement à Bordeaux qu’on se croirait dans le nez de Kate Moss.
– GE : Son mari détruit l’hôpital et elle demande des pièces jaunes….pour sauver les hôpitaux…
– LC : Ma fille de 3 ans : j’ai nettoyé le chat avec ma bave, il est tout propre.
– SY : Brigitte Macron qui donne son avis sur ce qui devrait être interdit ou autorisé dans les écoles alors qu’elle même s’est tapé son élève ??? Wow je ne sais pas si je dois en rire finalement.
– PA : – Quel est le pays le plus puissant après les USA ? – Euhh… Les USB ?
– PA : En Iran, des femmes sont torturées et tuées parce qu’elles refusent de porter le voile. Chez Hanouna, des femmes sont invitées parce qu’elles veulent porter le voile, je propose en conséquence que Hanouna fasse son émission en Iran.
– PA : Les transports en communs permettent de constater que beaucoup de foyers ne sont pas encore équipés de lave-aisselles.
– GM : Ils ont baptisé du nom de Gérard la tempête qui continue de souffler ce matin et qui a provoqué de nombreux incidents sur les lignes électriques de la Sarthe. Les prénoms « Emmanuel » et « Elisabeth » n’étaient pas libres ?
– CEMT : Le dernier mec qui a eu peur en entendant « Gérard va souffler fort » c’est le flic qui a fait passer un alcootest à Depardieu.
– EE : Me vient une question existentielle… Maintenant que tous les mecs sont barbus , est-il réellement utile de s’épiler le maillot ?
– DC : 97 ans. On peut dire que Gina Lollobrigida aura eu une vie bien remplie. Aussi bien remplie que son soutien-gorge… RIP ma très belle.
– EG : Je ne sais pas si vous avez vu mais Bruno Le Maire brigue la présidence du FMI. Question: La France peut-elle se permettre une telle fuite des cerveaux alors que notre économie requière toutes les forces vives?
– LM : Les gens qui pensent que la Terre est ronde, j’aimerais bien les voir m’expliquer comment l’eau ne coule pas dans l’espace.
– AN : Un député macronard qui dit être  » sur le terrain  », on est d’accord qu’il est juste sorti de l’Assemblée Nationale en fait ?
– FM : Commentaire lu après une émission du Media : »Pour le vaccin tu es vieux et fragile  et pour la retraite tu es jeune et en bonne santé… » CQFD
– CEMT : 2 millions de manifestants, 50 000 éditorialistes de droite pour nous expliquer que c’est pas si important que ça.
– OM : On est tous le pauvre de quelqu’un. Sauf Bernard Arnault.
– PI : je suis allé à une pharmacie qui avait du stock, il y avait une queue ! Au début je pensais que c’était une boutique Apple ou un stand de délivrance d’eau douce en temps de guerre.
– ES : Marine Le Pen au Sénégal en pleine réforme des retraites : elle se tire ailleurs !
– CEMT : Elisabeth Borne : « Est-ce que vous savez qu’au Guatemala occidental personne ne prend sa retraite avant 93 ans ? Ce qu’ils peuvent faire on peut le faire non ? »
– GE : Alors comme ça, grève générale en France, et Macron se barre en Espagne avec onze ministres dont Darmanin? C’est un gag ?
– LL : Du coup pour le 31 janvier, on sait déjà dans quel pays Macron à prévu de passer sa journée ?
– CE : Violée par 3 curés durant toute son enfance, Nanou Couturier s’est vue proposer le remboursement des soins vétérinaires de son chien, en guise de réparation.
– GD : Si j’ai bien saisi, l’argent magique qu’on n’avait pas pour les retraites sera multiplié par cinq ou six pour aller directement dans les poches de l’armée ?
– RR : Pour rappel, le seul otage français en ce jour de grève est le journaliste  Olivier Dubois.
– PI :  Si des gens te demandent c’est quoi un connard de droite, fais-leur écouter Sardou qui chante et s’ils n’ont pas compris fais-leur écouter Sardou qui parle.
– GD : – Éditorialistes joufflus, à chaque élection : « Où sont les jeunes ? » – Et aussi éditorialistes joufflus, à chaque manifestation : « De quoi se mêlent les jeunes ? »
– RDB : Dans mon ancien taf, tous les mecs de la boîte ont charrié une responsable de service parce qu’elle avait recruté « une mémé ». La meuf avait 40 ans.
– CV : On vient de passer un stade critique en humour politique, celui où on peut dire : « Il y a plus de premiers secrétaires du PS que d’adhérents ».
– CD : Il paraît que Penelope Fillon était pour la retraite à 75 ans.
– PA : J’essaie de relativiser la réforme des retraites en me disant que Michel Drucker a déjà cotisé 2547 trimestres…

NB : Tous les PA de cette semaine ne sont pas une même personne mais trois.
Crédit photo vieille dame Bruce Guilden.

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Les Fessebouqueries #612

On n’en a pas fini avec la retraite des vaches. Et Borne par ci, et Borne par là, franchement, je préfèrerais voir Sharon Stone décroiser ses jambes, au moins, il y a de la profondeur, du glamour, je ne dis pas que ça ne serait pas lassant au bout du bout de voir qu’un clou chasse l’autre. A propos de chasse, tirons la chasse (oh, qu’elle est bien bonne !) sur des dimanches sans fusil, désalcoolisons juste les tireurs, mais comme faisait dire un dessin d’humour à des bêtes : flûte, ils vont viser plus juste … Impunité, de toute façon pour ces lobbistes. Et le foot ? Bah, ça m’en touche même pas une car je n’en ai pas, de boule, et ce genre d’étoupe pour remplir l’actualité, ça me gave. Mais ce soir, j’ai des rondelles d’andouille à l’apéro, c’est la plus importante nouvelle de la journée… Tchin, amigas/gos, et bon ouiquande.

– DC : De Quatennens au Prince Harry, on peut dire qu’aujourd’hui les roux pètent chaud !
– NMB : Il paraît que si tu dis cinq fois de suite « grève générale », y’a Elisabeth Borne qui apparaît en doudoune de ski pour déclencher un 49.3
– PE : La mesure principale maintient le droit de chasser le dimanche, mais interdit aux animaux sauvages de sortir de chez eux. Les récalcitrants seront abattus sans sommation.
– OM : Chasse: le gouvernement interdit la pratique sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue. La surprise des mecs quand ils vont se rendre compte que les sangliers ne font pas de VTT…
– GL : Je préférerais qu’on mette d’office à la retraite la plupart des éditorialistes de ce pays, et sans condition d’âge.
– OR : “Si tu ne veux pas bosser jusqu’à 64 ans, t’as qu’à crever.” C’était un message du Ministère de la réforme des retraites.
– DC : Question de Paul McC. à Elisabeth Borne :  Auras-tu encore besoin de moi, me feras-tu encore à manger Quand j’aurai 64 ans ?
– HD : Je viens de téléphoner à une amie heureuse de récupérer son mari volage. Elle m’a dit que les hommes sont comme les girouettes, ils se fixent dès qu’ils se rouillent !!!!
– OM : Rapide petit comparatif de palmarès : Zinédine Zidane : 31 buts en Équipe de France. Noël Le Graet : 3 putes à l’Ibis de Porte d’Orléans
– CEMT : Bon, j’ai un peu décroché de l’actualité quelques heures mais apparemment Zidane est devenu le nouveau président Brésilien, bravo à lui.
– NMB : On voit bien ce que ça donne de travailler trop longtemps, on devient tout gâteux et après on se met à insulter Zidane, c’est pas acceptable cette réforme des retraites.
– JD : On est pas bien là, tous et toutes, à se demander si c’est notre boulot ou l’effondrement climatique qui nous tuera avant 67 ans ?
– EL : Vous allez faire quoi quand vous serez au chômage entre 60 et 67 ans ? Ah non pardon y aura pas de chômage non plus.
– MM : Le vrai scandale de ce livre, Prince  Harry, c’est que la personne en charge de la traduction française a vu cette couverture et a jugé bon de traduire « Spare » par « Le Suppléant » quand la seule traduction acceptable était « Le roux de secours ».
– OM : N’empêche, avec cette réforme des retraites, le taux d’absentéisme pour cause de décès va vachement augmenter…
– SF : En anglais, « Great » veut dire « Génial ». Ne pas confondre avec « Graët » qui veut dire « Gros con ».
– GD : Je rêve d’un monde où le système de retraites et les droits des chômeurs seraient défendus comme les vedettes de football.
– CEMT : Bruno Le Maire : « Et comment vous voulez que les actionnaires continuent à se gaver si vous ne bossez pas jusqu’à la mort, hein ? »
– CEMT : Elisabeth Borne : « L’avantage de cette réforme des retraites, c’est qu’on aura plein de gens qui travailleront dans les EHPAD tout en y résidant, gain de temps sur les transports. »
– PI : Si ça se trouve, avec l’interdiction de la picole à la chasse, on va voir émerger une nouvelle fédération où les mecs n’ont pas de fusils, ils se saoulent juste dans les bois et font des grimaces aux animaux. On sait pas.
– YG : Dans ce pays, si vous voulez tuer quelqu’un en toute impunité, prenez un permis de chasse.
– CF : Brigitte macron, en Vuitton ou Dior à chaque apparition, veut lutter contre la dictature des marques et des logos en imposant l’uniforme à l’école. Savoureux.
– BR : Si on taxe les superprofits (7 milliards), qu’on rétablit l’ISF (3 milliards), qu’on récupère la fraude fiscale (100 milliards) et qu’on utilise les recettes pour les retraites, à mon avis on peut tous partir à la retraite à 45 ans. Qui est pour ?
– CR : Depuis le temps qu’il marche seul, Jean Jacques Goldman, c’est quand même étonnant qu’il n’ait jamais croisé Gérald de Palmas qui est sur la route toute la sainte journée….
– EL : Ça file chaque année 157 milliards d’aide à des entreprises qui en reversent 80 à leurs actionnaires spéculateurs. Mais c’est pas foutu de trouver 10 milliards pour qu’on puisse arrêter de bosser avant de mourir.
– PA : Après les jeux d’hiver en Arabie Saoudite, les Pays-Bas accueilleront les championnats du monde d’alpinisme.
– TV : J’ai un ami anglais dont la mère appelle la nourriture au micro-onde la « PING FOOD », juste parce qu’à la fin de la cuisson, on entend « PING » and I think it’s beautiful.
– CEMT. Quatennens de retour à l’assemblée. Faut le comprendre, il lui reste 127 trimestres de baffes à distribuer avant de prendre sa retraite.
– RP : Passionnante interview de Brigitte Macron dans le magazine de Sophie Davant où l’on apprend que chaque matin, la première dame presse un citron dans le thé du président de la République. On peut parler de quatrième pouvoir sans sourciller.
– EM : « Franchement ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal de départ en retraite. Quand on est soi-même en difficulté, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ! Et alors on va dire : « non, non, faut maintenant aller à 64 ans… » » (Emmanuel Macron, avril 2019)

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Quelle histoire biscornue !

La réalité dépasse la fiction dans l’histoire et la généalogie de Maria Larrea dans son récit Les gens de Bilbao naissent où ils veulent. Au début, on a du mal à y croire, mais pourtant si, tout est vrai. Ça se passe à Bilbao, comme le dit le titre. Sa grand-mère paternelle est une prostituée obèse qui, enceinte d’un client et très pieuse, garde le bébé, un garçon, et confie son éducation aux Jésuites. Il est le père de la narratrice. Mais plus tard, ado, quand il va voir sa mère sur le trottoir, son monde s’écroule.
De l’autre côté, sa grand-mère maternelle ne veut surtout pas de cette petite fille qui s’est nichée en douce dans son ventre, elle accouche vite fait et va déposer la môme dans un couvent. La fillette est sage, travaille bien et surtout, elle est ravissante, bien que petite. Mais un jour, quand elle a dix ans, sa mère la reprend pour qu’elle s’occupe des petits qui sont nés entre temps, et puis qu’elle soulage les excès sexuels de son père, violent.
Chacun des deux vit sa vie de façon assez improbable vu leur passif mais lorsqu’ils se rencontrent, très jeunes, ils sont submergés par un coup de foudre réciproque. Ils fuiront le régime franquiste et s’installeront à Paris. Elle devient femme de ménage et lui, gardien du théâtre de la Michodière. Mais lui aussi est violent et il boit. Leur fille, la narratrice, quant à elle, se rend bien compte qu’il y a décalage entre sa vie et celle de ses amis de classes, des bourgeois en fait. Il lui faut se montrer à la hauteur, être soignée, polie. Elle est admise à la Fémis. Et là, elle rencontre Jodorowski, le réalisateur barré, fondu de tarot. Subjuguée, elle s’y met, rencontre une tireuse de cartes qui lui fait une double annonce qui va bouleverser sa vie. Dès lors, elle se met en quête du passé de ses ascendants, fait tout ce qui est possible pour connaître le secret de sa naissance.
C’est passionnant, cette histoire qui a existé et enflammé les faits divers ibériques. Bilbao devient l’endroit où elle sent qu’il s’est passé quelque chose de déterminant dans sa vie et celle d’autres personnes. Une histoire qui nous tient en haleine !

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent de Maria Larrea. 2022 aux éditions Grasset. 224 pages, 20 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #611

Je ne sais pas trop de quelle côté la saisir, cette nouvelle année encore toute gluante des humeurs de sa mère, la 22, les tests n’ont pas été faits par manque de soignants, comme c’est bizarre, mais elle s’avère déjà grosse gloutonne et ses premiers mots ont été : par ici la galette ! Force est de constater qu’il y a à boire et à bâfrer à sa table avec ses commensaux, les chasseurs, des papes même pas appelés araignée, des Pelé, des footeux, quel beau monde… Mais arrêtons de chlordéconer, de polluer Mickey avec Omar ci, Omar ça, les pro-Pantine, les ciao Poutin, les voyous en col blanc décorés de la légion d’horreur et arrêtons-nous sur la décision complètement timbrée de la Poste ou sur le coup de gueule grotiscognesque de Macron sur des numéros verts qu’il avait pourtant appelés de ses vœux. Les vœux, justement, faites-en tant et plus, on verra ce qui se passera. Rien que du beau, du bon, du bonnet blanc et blanc bonnet. En attendant, tchin tchin, dearest friends et à pluche.

– NMB : Gérard Larcher : « mon astuce pour tomber sur la fève à chaque fois, c’est de manger toute la galette »
– MPG : Cette année, comme les années précédentes, Emmanuel Macron partagera la galette avec les représentants du Medef.
– PI : Nouvelle année ou pas je souhaite à tout le monde d’aller bien parce que j’ai remarqué que les gens qui vont bien foutent la paix aux autres.
– CEMT : Alors le nouveau timbre rouge de la Poste, c’est très simple, vous allez à la Poste, vous faites scanner votre lettre, ils l’envoient à une autre Poste à l’autre bout de la France par mail, là-bas ils l’impriment et ils l’envoient comme un courrier normal, logique !
– OM : BREAKING : le Qatar se serait officiellement positionné pour racheter les cendres de Pelé.
– LE : J’ai autant envie d’aller bosser demain que de sauter du 20ème étage en string léopard avec une coupe mulet, dans une piscine de fumier à 40°, après avoir ingéré pour dernier repas une quiche aux tripes accompagnée de haricots verts plein de fils noyés de sauce au cheddar vegan.
– RV : Nouveau drame de la chasse. Un chasseur qui visait un collègue a abattu par erreur un sanglier.
– IP : Si des fonctionnaires peuvent conduire des cars scolaires, je ne vois pas ce qui empêche un ministre d’aller faire la plonge dans un restaurant qui ne trouve pas de personnel.
– RV : Christano Ronaldo, lors de son discours d’arrivée en Arabie Saoudite, s’est bien emmêlé les crayons: « pour moi ce n’est pas une fin de carrière de venir jouer en Afrique du Sud ! » J’imagine qu’il a aussi demandé à être présenté à Nelson Mandela
– MK : Vu son aversion du préservatif, le corps de Benoit XVI sera transporté en décapotable.
– FC : PARDON D’ÊTRE DESOLER MAIS LES BOULANGERS SAVA AU BOUDIN MOMENT ILS PEUVENT BOSSER AUX URGENCES ET CONDUIRE DES BUS SCOLAIRES EN PLUSSE IL EST OÙ LE PROBLÈME ON VEUX PAS TRAVAILLEZ DANS CE PAYS.
– GM : Omar Sy est injuste. Bolloré, par exemple, s’est beaucoup intéressé à l’Afrique. Ok, pas aux conflits qui la déchirent, mais à ses forêts et à quelques autres richesses locales qui lui ont permis de bâtir sa fortune sur le dos des Africains. Même Hanouna le sait, c’est dire…
– CJ : Incompétence + servilité + déshonneur = légion d’honneur. « La légion d’honneur ce n’est pas la recevoir qui importe, c’est de ne surtout pas la mériter ».
– MVR : La bêtise conjuguée au snobisme et à la lâcheté face aux idées woke en vogue, ça donne un maire qui se ridiculise et ridiculise le féminisme. Pantin devient Pantine – pour la “cause des femmes”, dit-il. Continuons dans le débile: Juan les pines, Issy les Moulinettes. Et Mâcon?
– LE : A Pantin, il n’y a que des maris honnêtes !
– JD : On me dit que le maire de Mâcon est plus réservé que celui de Pantin quant à l’ajout du e en finale.
– AP : Et Bourg-la-Reine, chaud ou pas pour devenir Bourg-le-Roi ? La Queue-en-Brie, changez rien.
– ES : Si ça se trouve, Poutine s’appelait au départ Vladimir Poutin et il a changé de nom par souci d’égalité entre hommes et femmes.
– PV : Dans le même esprit, l’hôpital Bichat se nommera désormais « Bite-chatte », et se spécialisera sur les maladies vénériennes.
– LA : On va faire court : QU’EST-CE QUI FONCTIONNE EN FRANCE ?
– OM : Et à Pantine, on mange des « chocolatins » ou des « pines au chocolat » ?
– CO : Deux anciens ministres de la Justice viennent d’être élevés au grade d’officier de la Légion d’honneur : Michelle Alliot-Marie & François Bayrou. La première est mise en examen pour prise illégale d’intérêts et le second pour complicité de détournement de fonds publics…
– CC : Vacherie de Gala qui rappelle opportunément que Brigitte Macron a pris sa retraite à 62 ans en ayant commencé à bosser seulement à 30.
– CEMT : Si Benoît XVI est mort, ça veut dire qu’on a plus de sous-pape de sécurité ?
– DC : Les zobs secs d’un Pelé et d’un tondu.  Les foules à Rome pour voir celles d’un pape. Et au Brésil pour voir celles d’un roi.
– PA : Dis que la terre tourne à 29,8 km/s, et on te croit. Dis que la peinture n’est pas sèche et y’a toujours un con pour toucher…
– DF : Je viens d’endormir le bébé en lui lisant mes mails de boulot, écoutez ça fonctionne.
– RDB : Je sais pas si on a encore vraiment réalisé que, dans la même journée, Macron avait affirmé que les numéros verts c’était nul et que les profits c’était injuste.
– GD : Le monsieur qui a érigé les numéros verts en véritable système politique nous explique qu’il en a un peu marre des numéros verts.
– CEMT : Christophe Béchu : « Pour ne pas se faire tirer dessus par les chasseurs, les promeneurs devront émettre un son spécifique, par exemple le cri du pigeon ramier. »
– SA : Une question très conne : si payer un salaire décent à une caissière fait monter les prix, alors pourquoi son remplacement par une caisse automatique ne fait pas baisser les prix ?
– MFE : Je ne sais pas si les jeunes se rendent bien compte que nous sommes peut-être en train de dire adieu à notre dernier Pape ayant été membre des Jeunesses Hitlériennes.
– BL : Chlordécone. On apprend que la justice a prononcé un non lieu inique, vous me direz, on s’en fout, c’est pas « chez nous ». Heureusement, en compensation on apprend que le ministre du désenvironnement a ré-autorisé les insecticides qui tuent les abeilles, ça compense.
– DP : Le seul truc qui pourrait faire descendre les gens dans la rue, ce serait de couper Netflix et de bloquer les livreurs de bouffe.
– CEMT : Emmanuel Macron : « Qui aurait pu prévoir qu’en supprimant des lits d’hôpitaux on aurait eu moins de lits d’hôpitaux ? »
– MK : Trois cercueils pour le pape défunt. Le premier en cyprès, lui qui était si loin. Le second en plomb comme la chape qui cachait les crimes pédophiles de ses prêtres et évêques. Le troisième en chêne : pour les glands, je suppose.
– SA : J’attends les obsèques avec tout le peuple brésilien si pauvre. Il y aura un Pelé et des millions de tondus.

Bonus : « J’en ai, comme vous, assez qu’on ait des gens qui, sur la base de la crise, fassent des profits excessifs. Il n’est pas normal qu’il y ait des gens qui fassent des très gros profits […] » lance Emmanuel Macron à l’occasion de la galette de l’Elysée.

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Un très grand amour

“Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais”. Ainsi commence ce petit livre, Lettre à D. Histoire d’un amour, écrit par un homme qui a aimé et aime encore sa femme qui souffre d’une maladie douloureuse. Il raconte leur histoire et surtout tout ce qu’elle lui a donné, voire sacrifié de façon totalement généreuse, pour qu’il poursuive sa carrière alors qu’elle en avait une plus belle devant elle.
Malgré ses échecs, elle l’a toujours soutenu, et tellement qu’il est parvenu au sommet de ses ambitions.
Mais il regrette. Il regrette énormément. Il regrette de l’avoir, dans un de ses livres, celui qui l’a lancé, de l’avoir plus ou moins humiliée en minimisant son importance, son amour et son rôle, en bon macho qu’il a été.  Il regrette parce qu’elle n’a pas été aimée de lui comme elle l’aurait mérité. Dans cette lettre, il analyse son comportement haïssable, essaie de se souvenir comment il a pu agir ainsi, à cette époque. Pour finir par sa déclaration incandescente. Très beau témoignage.
(J’apprends en faisant quelques recherches qu’ils se sont donné la mort ensemble un an plus tard.)

Lettre à D. Histoire d’un amour, par André Gorz. 2006. 80 pages, est en poche chez Folio,

Texte © dominique cozette

 

Un livre pour rire en ramant

Roman Fleuve est l’excellent titre du livre de Philibert Humm car l’épopée se passe sur un fleuve nommé la Seine. Effectivement, trois copains tendance bras cassés décident de la descendre jusqu’à la mer. C’est l’histoire vraie d’une aventure farfelue contée avec un style quelque peu erroné, je veux dire plein de rodomontades, d’expressions surannées, de passés simples et d’imparfaits de subjconctif servis parfois mal-t-à propos pour ajouter au côté saugrenu de l’affaire.
Acheté sur le Bon Coin (coin) par manque de moyens, voici un canot vieillot, peu avenant, qui aurait appartenu à Véronique Sanson selon le revendeur,  Slim Batteux, musicien que j’ai personnellement approché lors de séances de pub (et dont la femme était à l’agence et la fille portait un nom indien, ce n’est pas dans le livre). Il ne peut transporter que deux personnes mais ils sont trois, il faut dire que le troisième, sorte de grosse feignasse qui prétend souffrir du dos pour éviter toutes les corvées, est assez pénible comme ami et compagnon. Ils ont ajouté à l’embarcation une tringle à rideau comme mât et un rideau de douche comme voile. Ce n’est pas avec ça qu’ils vont battre des records. Sinon, ils sont deux à ramer à tour de rôle.
La descente, en rien comparable à Délivrance, quoique…, ne se passe pas sans heurts. Nos trois jeunes hommes vont devoir faire face à un naufrage avec perte de denrées, d’objets inutiles ou précieux, à des bivouacs dans des conditions pourries, vont faire des rencontres plutôt sympathique mais parfois proches de la garde à vue et surtout, vers la fin et malgré l’interdiction de naviguer sur leur coque de noix qu’ils ont appelée Bateau, cohabiter avec d’effroyables et énormes tankers.
Ce livre est très drôle mais aussi instructif car l’auteur nous y apprend des tas de choses historiques, géographiques, artistiques et autres, nous raconte des anecdotes à se plier, nous parle de Jerome K. Jerome forcément, du mascaret, cette fameuse vague tueuse qui déferlait sur la Seine, des vendeurs du Vieux Campeur, de son aversion pour les cygnes, d’Orphée, d’Icare… En bref, et bien au sec dans notre lit ou notre fauteuil, on ne s’ennuie jamais en lisant cette poilade que je vous recommande chaleureusement. Et ça ne rame pas, je vous assure.

Roman Fleuve de Philibert Humm, 2022 aux éditions Equateurs. 288 pages, 19 €

Texte © dominique cozette

Monsieur Romain Gary passionnant

Monsieur Romain Gary, sous-titré Ecrivain réalisateur, 108 rue du Bac, Paris VIIe Babylone 32-93* est le deuxième tome de la trilogie de Kerwin Spire, spécialiste de l’écrivain qu’il suit à la trace pour nous donner une œuvre extraordinairement vivante. Je n’ai pas lu le premier mais vais me précipiter dessus car l’écriture et la relation des faits sont formidables, comme si on était une petite souris (le rêve de tout le monde) dans le bureau du général de Gaulle ou sur le plateau où il tourne son premier film d’après un de ses textes, avec Jean Seberg dans une scène érotique qui sera en partie censurée. Jean Seberg qu’il est en train de perdre…
Mais d’abord, il y a leur rencontre et le début de leur amour, secret, car ils sont tous deux mariés. La femme de Gary ne lâchera pas facilement le morceau mais avec beaucoup d’argent à la clé, elle finira par accepter que son mari devienne celui d’une autre.
Nous sommes en 1960, Gary revient de L.A où il était consul, situation à laquelle il va renoncer pour se consacrer à l’écriture, sa passion. Sans toutefois quitter les coulisses du pouvoir, passionné qu’il est par de Gaulle, dont il fut Compagnon de la Résistance, et Malraux. Seberg tourne beaucoup et beaucoup à l’étranger. Il voyage énormément pour la rejoindre, il est scotché par sa beauté.
On s’installe dans son bureau où il écrit, il écrit. Sa pièce de théâtre en laquelle il avait mis tous ses espoirs sera descendue en flèche par tous les critiques importants de Paris. Mais il continue à produire, des essais, des romans, c’est une figure de St Germain des Prés, il est admiré, il a eu le prix Goncourt quelques années avant avec Les Racines du ciel. On partagera aussi sa déception cinématographique et assistera à la prise de position de Jean pour la cause des Noirs qui fera d’elle une indésirable surveillée par le FBI et démolie par l’opinion publique.
« Kerwin Spire, pour rendre plus authentique son récit , s’est rendu à L.A pour mettre ses pas dans ceux de Gary, retrouver des témoins de cette époque (notamment son ancienne secrétaire Odette de Bénédétis qu’il courtisa mais celle-ci refusa de lui donner l’enfant qu’il sollicitait ), les lieux où il vécut : il a également consulté les Archives diplomatiques. Il en résulte une narration réaliste, originale, attachante, empreinte d’humour qui met en scène un homme généreux, un fin diplomate, un homme simple, disponible, mais brillant et plein d’aisance, qui révèle aussi un peu plus les tourments de cet homme facétieux, mystificateur, polymorphe dans ses identités . » (note piquée à Babelio).
Chaque chapitre nous réserve des surprises, un peu comme si on partageait son intimité, de Gaulle est drôle, les petits bouts de dialogues sont irrésistibles.Un livre extrêmement plaisant à déguster.
*Babylone 32-93 était son numéro de téléphone, pour les jeunes qui ne savent pas ce que signifie cette expression.

Monsieur Romain Gary, Ecrivain réalisateur, par Kerwin Spire, 2022 aux éditions Gallimard. 230 pages. 20,50 €

Texte © dominique cozette

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