Nous allions parfois chez mon oncle et ma tante, institutrice rigide, et leurs deux enfants : une fille de trois ans de plus que moi, opérée très jeune du cœur, ce qui avait entravé sa croissance (adulte, elle était devenue un petit tonneau arrogant avec des ongles qu’elle taillait en pointe pour nous piquer les fesses) et un garçon de mon âge, au physique tout aussi ingrat, totalement inhibé voire castré par sa mère et de plus, sourdingue. Comme son père. Y en a qui ont des cousins géniaux avec lesquels ils apprennent à jouer au docteur. Raté pour nous, il fut notre unique cousin. Sur la plage de Rivabella qu’on appelle aujourd’hui Ouistreham, ce n’était pas la grande déconnade. Sur l’image, ma grande sœur est à droite, ma petite au milieu en jaune et moi à gauche. N’empêche que bien plus tard, ma tante et mon oncle accueillirent ma fille plusieurs étés à Saint-Michel-Chef-Chef et elle, ça lui plaisait bien car ma tante faisait tout au ralenti : éplucher les légumes, essuyer la vaisselle, faire le jardin, parler… Ça la changeait de moi, la pressant de folie comme font tous les parents qui bossent et n’ont jamais une minute à eux. Avec elle, elle apprenait les plantes, les animaux, allait à la plage. Et m’envoyait des cartes postales « corrigées ». Sinon, je n’ai aucun souvenir de cette scène banale et fade. Ces personnes sont toutes mortes en nous ayant épargné les regrets de rigueur. Un peu tristes, parfois, les souvenirs de famille.
Après avoir fait un malheur avec Petit Pays, l’auteur-compositeur-interprète Gaël Faye nous régale avec Jacaranda, son deuxième roman tout aussi passionnant, couronné par le prix Renaudot. Comme vous le savez peut-être, Gaël Faye est fils d’une Rwandaise et d’un Français, c’est un métis, ce qui a de l’importance dans ce livre où il est considéré comme un petit blanc lorsqu’il est au Rwanda. Difficile de s’intégrer. D’autant plus qu’il est né en France où sa mère s’est réfugiée en 1973, quand sévissaient déjà de sordides émeutes entre les différentes populations. L’histoire commence lorsque Milan a douze ans, il est en sixième, il ne connaît rien de ses origines car sa mère n’en parle jamais, mais là, en 1994, le génocide explose dans tous les médias et le gamin, malgré toutes ses questions, n’aura aucune réponse concernant son pays d’origine, la vie de sa mère et même sa famille restée là-bas . Arrive alors chez eux, sans qu’il y soit préparé, Claude, un gamin, il a le même âge mais est tout petit, il porte un gros pansement sur le crâne, il est effrayé et n’arrête pas de pleurer. Milan le prend sous son aile, il est trop heureux d’avoir comme un petit frère dont il faut s’occuper attentivement, d’autant plus qu’il ne parle que sa langue. Mais un autre jour, toujours sans qu’on l’ait prévenu, Claude n’est plus là. La mère dit qu’il a dû rentrer au pays pour être auprès de sa famille. Sans autre explication. Milan est dévasté. Puis les parents divorcent. Milan a alors seize ans et sa mère a décidé d’aller enfin au Rwanda avec lui visiter sa famille (dont elle se garde bien de parler). Sur place, Milan revoit Claude qui est devenu jeune homme, plutôt bien dans sa peau et qui parle français. Comme la mère est partie voir sa grand-mère et son arrière grand-mère pendant toutes les vacances, Milan vit assez librement avec trois lascars qui boivent de la bière, stockent des disques et des livres au « Palais », endroit où l’un d’eux, Sartre, recueillait les orphelins. Ce lieu est toujours très vivant, plein de jeunes qui aiment faire la fête et s’enivrer. Milan commence a tisser des liens forts avec toutes ses rencontres et la tante chez qui il dort. Elle vient d’avoir un bébé, une petite fille qui aura de l’importance dans sa vie. L’histoire nous entraîne dans la suite de la vie de Milan qui devient un homme. On commence à apprendre en même temps que lui l’histoire du pays colonisé, la cause des massacres, et la difficulté de vivre pour ses habitants, tueurs, victimes ou rescapés, condamnés à se réconcilier dans une paix de façade. Quatre générations joueront un rôle dans la construction mentale de la mythologie de notre héros. Dès de début on s’attache aux personnages, sauf à la mère qui reste fermée pratiquement jusqu’au bout. On se réjouit des liens entre Milan et les jeunes Rwandais mais on se remémore forcément la terrible cruauté des tueries passées. Au fait, le jacaranda est un arbre puissant, flamboyant, qui tient une belle place dans cette histoire.
Jacaranda de Gaël Faye, 2024, aux éditions Grasset, 228 pages, 20,90 €
On arrête de se plaindre, hein ? Qu’est-ce que c’est que ce peuple qui ne comprend pas les obligations financièro-mondaines de ses dirigeants, des courtisans de ses dirigeants, des proches de ses dirigeants, des conseils de ses dirigeants et des opposants qui espèrent devenir dirigeants ? Vous croyez que c’est drôle d’être toujours en représentation avec des paparazzi aux fesses, de dîner de plats en sauce tous les jours, d’avoir toujours une forêt de micros sous le nez, de ne pas pouvoir, tiens un exemple, roter sans que le monde entier en soit immédiatement informé ? Bah non, c’est pas drôle, alors piquer dans l’argent public, ça va quoi, si c’est public, c’est à tout le monde… c’est comme le déficit qu’ils ont créé, il est aussi à nous, alors stop à nos susceptibilités, nos ressentiments, notre exaspération et notre hargne, c’est très mauvais pour l’ulcère ! Trinquons plutôt à ce beau week-end trempé de neige fondue, tchin tchin dear friends !
MBC : Emmanuel Macron se dit « choqué » par la dégradation des comptes publics et convoque l’ensemble des ministres à un dîner à Versailles pour envisager les mesures d’économie à prendre.
CA : Les agriculteurs devraient bloquer l’approvisionnement de la cantine du sénat, ça ferait réagir rapidement. C’est juste une idée comme ça.
MBC : Élisabeth Borne : « Je n’ai rien à voir avec cette histoire de déficit public, à vrai dire je ne me rappelle même pas avoir été Première ministre. »
MBC : Emmanuel Macron : « Je comprends la colère des agriculteurs sur le Mercosur, c’est pourquoi je vais aller faire semblant de négocier en Argentine alors que tout est déjà ficelé. »
SG : Essayez donc de lire ces deux informations à la suite sans vous énerver. Dérapage du déficit : le Sénat pointe les responsabilités de Bruno Le Maire, Elisabeth Borme et Emmanuel Macron. Elisabeth Borne va recevoir la médaille de commandeur de la Légion d’Honneur.
MBC : Marine Le Pen : « Un simple SMS à Michel Barnier devrait m’éviter d’être inéligible. »
MBC : Gérald Darmanin : « Si on ne peut même plus voler d’argent public, j’arrête la politique. »
WC : Les mecs ils sont quand même en train de faire des grands discours sur Marine Le Pen comme si ça faisait dix ans qu’elle était torturée en prison alors qu’elle a juste piqué dans les caisses. Le niveau de la dinguerie.
MN : Est-ce que quand on a un tonton raciste on peut l’appeler mein führoncle ?
AT : Imagine tes prochains bourguignons : tu les feras au bœuf brésilien nourri avec des hormones pour que l’Europe puisse vendre des Mercedes là-bas. Non mais imagine quand même…
GL : On parle du décès imminent de Jean-Marie le Pen. Mon oeil.
MBC : Annie Genevard : « Je ne veux pas de crise agricole, j’ai accepté le poste de ministre de l’agriculture uniquement pour le salaire et la voiture de fonction. »
GE : Le Sénat reconnaît la responsabilité de Borne, Attal, LeMaire, Cazenave et Macron dans le dérapage des finances ! Et après, il se passe quoi ? Ils conservent titres, mandats et pensions. Aucune déchéance, cool tranquille, un élu peut ruiner une nation sans aucun risque pénal.
GD : C’était dans quel programme électoral déjà, la baisse du remboursement des médicaments ?
RP : « Les soirées chemsex durent trois à quatre jours, on continue jusqu’à l’évanouissement, argue Pierre Palmade, pour expliquer sa prise de cocaïne, le troisième jour. »… Pendant que je tiens péniblement dix minutes de sexe tout court.
SV : « Chutes de neige : à quoi faut-il s’attendre en Normandie? » — À des chutes de neige.
FT : Alors je ne sais pas ce qu’est le « wokisme », mais à en juger par ceux qui le combattent, j’ai une furieuse envie d’être woke jusqu’à la fin de mes jours.
TM : Je ne veux pas jouer le rabat-joie mais quand on proclame « œuvre d’art » une banane et qu’elle se vend aux enchères plus de six millions de dollars, il est légitime de penser que l’humanité est en soin palliatif, au stade terminal de son cancer
DSC : A cause de toutes ces feuilles mortes à Paris, on ne sait pas où on met les pieds. J’ai encore écrasé un SDF ce matin, c’est dégueulasse.
US : Pour la première fois un dirigeant d’un pays démocratique est poursuivi pour crimes de guerre. Les chaînes d’infos en continu devraient être en boucle sur la décision de la CPI contre Netanyahou. Mais bon il a neigé dix centimètres et c’est quand même bien plus grave.
MBC : Michel Barnier : « En obligeant tous les salariés à travailler sept heures gratuitement par an, ça nous éviterait de taxer les sept plus gros milliardaires français. »
MN : Vous croyez que votre chat vous voit comme sa maman humaine mais vous vous fourrez le coussinet dans l’œil. Votre chat vous voit comme la grosse dame de la cantine, rien de plus.
OK : Alors BFMTV, on a sorti ses petits journalistes dans la neige ? Tremble Albert Londres ! Trrrreeeeeemble !!!
En quatrième de couverture, le dernier livre de Douglas Kennedy, Ailleurs chez moi, est présenté ainsi (extrait) : Lors d’un salon littéraire en France, alors qu’il déjeune avec quelques écrivains locaux, Douglas Kennedy est apostrophé par l’une des convives qui lui lance qu’elle le trouve » plutôt raffiné pour un Américain « . Piqué au vif par ce qui n’était en somme qu’une flatterie maladroite, Douglas s’interroge : être américain, c’est quoi ? Le début d’une quête sincère à la poursuite du grand mystère de l’âme américaine. Du New York d’après-guerre à une petite ville texane trumpiste, de souvenirs d’enfance en réflexions politiques, d’anecdotes hilarantes en citations littéraires, de notes de jazz en films inoubliables, un voyage étourdissant, passionnant, édifiant, drôle, émouvant, avec un guide de luxe : Douglas Kennedy himself… Et c’est vrai que ce livre est passionnant, Kennedy raconte bien son pays d’origine dans le prisme d’anecdotes plus ou moins personnelles. Puisqu’il vit souvent ailleurs qu’à New-York, principalement en France, en Grande-Bretagne ou a Berlin, son regard est affuté par cet éloignement, cette distance qui lui permet un meilleur aperçu des sujets qu’il traite ici par thématiques : le New-York de son enfance, l’université, le jazz dont il est un vrai spécialiste, la religion, le puritanisme, la politique bien sûr et la crainte du retour de Trump (ça y est), le conformisme, les deux grands partis qui s’imbriquent souvent l’un dans l’autre. Et puis il nous conte ses visites dans des petites villes qu’il a choisies pour leur « bas coût » et où l’on peut acheter une maison à 30 000 dollars, ou leur folklore comme la Nouvelle Orléans d’où tout est parti, le jazz, la fantaisie, la tolérance envers les gays… Je ne me sens pas apte à développer plus avant ce voyage très varié que j’ai entrepris avec lui et qui m’a donné beaucoup de plaisir. C’est un peu court comme critique me direz-vous mais il y a des jours où la paresse me terrasse, et qu’y puis-je.
Ailleurs chez moi de Douglas Kennedy, 2024 aux Editions Belfond, traduit par Chloé Royer. 260 Pages, 22 €
Elle a quoi cette nénette un p’tit quinze ans ou seize peut-être jouant dans sa chambrette une partoche bien fastoche ah oui ça me revient c’est du Eddy Vartan et sa Poupée Brisée elle s’applique elle joue mal enfin médiocrement ses dessins vous voyez c’est pas du Leonard mais elle fait ce qu’elle peut dans cette chambrette à deux car il y a sa sister elle affiche ses amours ses Johnny ses Jimmy ses Gene Vincent Craddock c’est son nom et celle qui lui ressemble la demoiselle Hardy la chambre de cette nénette est rose un rose un rien pâlot faut pas exagérer elle n’a pas encore mis de photos d’amoureux car rien n’est officiel quelques baisers bâclés quelques mains très timides pas grand chose à vrai dire ses émois ils sont dans la télé sur les papiers glacés dans ses rêves de gamine car le reste du temps c’st fou ce qu’elle s’emmerde dans sa banlieue jolie pas le droit de sortir pas d’amis pas de boîte alors chanter rêver écrire des poésies se battre avec ses soeurs et lire du Frison-Roche.
Y en a qui paient une fortune pour éviter le tribunal, y en a qui réussissent à aller partout malgré leur bracelet électronique, y en a plein qui restent au pouvoir malgré des condamnations mais je n’ai pas la place pour les citer ici, y en a qui organisent une manif pour influencer les juges… Mais ces pauvres chéris, ils n’y sont pour rien, c’est la faute au pouvoir et à la célébrité, ces saletés qui te saccagent un désir de probité comme un rien. Qui est-on pour les fustiger ? Des jaloux ! On n’a même pas réussi à être chef de classe, représentante du personnel ou champion de Savoie de la blague. On est nuls, mauvais, pleutres alors qu’eux, ils vivent dans la lumière, ils s’octroient de magnifiques privilèges, ils nous ch… à la raie. Oui madame ! Alors contentons-nous de suivre leurs (més)aventures avec bonhommie et concupiscence. Et levons notre verre à cette belle nature humaine si distrayante, tchin, dear friends.
DSC : A mon époque, on pouvait siphonner l’argent du Parlement européen pour payer ses potes. C’était juste normal. Et puis le wokisme est arrivé
OM : « le Parquet requiert un procès pour corruption contre Rachida Dati et Carlos Ghosn » . Après je pose la question, est-ce qu’il faut mettre Rachida Dati et Carlos Ghosn dans la même valise ?
PM : « Nous n’avons pas les moyens d’avoir un million d’enseignants » clame Nicolas Sarkozy. Nous n’avons pas les moyens de payer un salaire à vie aux anciens présidents. Ni aux anciens ministres.
FC : Tout président condamné par la justice devrait perdre ses droits à être entretenu aux frais des Français.
HP : Le prochain millionnaire c’est le mec qui invente l’appareil à raclette avec un fil assez long pour se passer de rallonge.
FT : « Le problème des Français est très simple, on ne travaille pas assez” estime Nicolas Sarkozy. Le problème des Français est très simple : Sarkozy ne passe pas assez de temps en taule.
OVH : Stephen King a été interdit de X ex Twitter pour avoir surnommé Elon Musk « La première dame ».
LC : « Première séance de dédicaces de Jordan Bardella à Tonneins aujourd’hui, plus de 4h30 et près d’un millier de signatures ». Il a jamais autant bossé, ça doit lui faire bizarre.
MBC : Geneviève Darrieussecq : « J’ai entendu la colère des malades qui n’ont pas de lit à l’hôpital public, c’est pourquoi nous allons ouvrir plusieurs garages à malades en partenariat public-privé avec Speedy. »
CV : Les feuilles mortes se ramassent à la pelle. Les souvenirs et les canettes de coca aplaties aussi.
JM : Darmanin : » Il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et, ainsi, ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français. » Lui, la seule fois où il prend la défense d’une femme, il faut que ça tombe sur Marine Le Pen.
SG : Le bourrin de Tourcoing Darmanin crache à nouveau sur la justice et vole au secours de Le Pen, jugeant « profondément choquant » qu’elle puisse être inéligible et non son détournement de millions d’argent public. Ah, les sarkozistes, contre la racaille… tout contre.
JD : Quand on pense qu’on se tape le gouvernement le plus antisocial et le plus raciste de la cinquième république et que personne n’a voté pour eux. C’est chaud quand même.
LO : Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Rodolphe Saadé, les Dassault, Pierre Gattaz et le groupe Bayard s’allient pour racheter et relancer l’Ecole de Journalisme fondée en 1899. Quoi de mieux que de formater les journalistes dès l’Ecole de Journalisme quand on est milliardaire ?
NP : Le ministre de la Santé des USA est un complotiste antivax dont une partie du cerveau a été mangée par un ver. « Idiocracy » ne doit plus être rangé parmi les comédies, mais avec les documentaires.
JD : D’où la principale accusée d’un procès EN COURS peut squatter le 20h de la première chaine de France pour dire que c’est un acharnement judiciaire ? Imagine t-on les violeurs de Mazan, en plein procès, venir au 20h dire « Nan mais je croyais qu’elle dormait cé pas ma faute ! » ?
MBC : Manuel Valls : « Je suis disponible pour tout emploi temporaire de figurant dans les stades. »
Oser sortir et crier est un roman bouleversant de Fabienne Périneau. Il est catégorisé roman mais en fait c’est sa vie d’actrice en gros mais pas que, qui naît de sa rencontre avec une pièce de Marguerite, Agatha, jamais jouée car MD ne veut pas. A dix-huit ans, Fabienne force pour rencontrer MD et la convaincre qu’elle est Agatha. Et elle a même le jeune comédien avec qui elle va former le couple frère-sœur. Tellement convaincante que MD leur ouvre la voie. La pièce va se jouer avec succès. Et la vie continue. Après des amours heureuses ou moins, lui revient en mémoire, comme débloqué, l’inceste que lui a fait subir son frère du milieu. Et c’est exactement l’histoire de la pièce qu’elle n’avait pas comprise ainsi : elle n’y avait vu qu’un amour impossible. Alors elle se met à détester Duras, la pièce… Une rencontre qui semble formidable se fait : un homme attentionné, certes qui vit un peu à ses crochets et a des goûts de luxe, mais très amoureux d’elle. C’est en fait un pervers jaloux qui la met sous son emprise, lui prend son argent, l’emprisonne. Période très noire. Je ne m’étalerai pas sur tout ce qu’elle dit dans ce livre (qu’on peut écouter dans le blog En marge de France Inter avec Giulia Foïs. Mais quand un autre homme entre dans sa vie, un homme qui la convainc de porter plainte contre ce frère qui a brisé la petite fille qu’elle était, le chemin se fait dans sa tête. Elle commence à en parler dans sa famille, ses frères et sa mère, mais ça ne passe pas du tout : on ne gâche pas une famille ainsi, c’est une vieille histoire etc… Le garçon reste le chouchou de la mère et plus personne ne veut recevoir cette fille qui raconte des choses qui fâchent. Ce qui ne l’empêche de porter plainte et se brouiller définitivement avec les siens. Le livre n’est pas pleurnichard, il parle beaucoup de théâtre, de personnes avec le prénom et l’initiale du nom (faciles à retrouver), il est bourré d’anecdotes, il est passionnant. (Fabienne a depuis rejoint des assos sur le défense des femmes…)
Oser sortir et crier de Fabienne Périneau, 2024 aux éditions Récamier. 224 pages, 20€.
Bon, on ne va pas se mentir, c’est la semaine poisseuse qui vient de commencer entraînant à sa suite d’autres semaines poisseuses, de mois et d’années itou, on aura beau s’interroger mais quoi c’est dingue que tous ces gens aient voté pour ce voyou, on a les clones ici chez nous zaussi et ça nous pend au nez comme une vieille cloche morveuse qui tombera un jour — c’est inné, Luctable — dans notre assiette et quand des gens avisés (tous les ex du pouvoir, par exemple) nous demanderont d’arrêter de cracher dans la soupe, on pourra leur rétorquer mais, non, ça vient du nez, c’est pas un crachat, c’est un cracra, une crotte de nase . Bref, on aura nous aussi le cul dans les ronces et la tête dans le cul donc dans les ronces. Mais soyons positifs, les ronces, elles donnent des mûres, alors tchin dear friends, hop hop hope !
AS : Il y a encore 15 jours, il bossait au McDo, et aujourd’hui, il est Président des États Unis : c’est fou à quel point on peut réussir vite en Amérique !
SY : DERNIÈRE MINUTE : On apprend que l’Ocean Viking a appareillé tôt ce matin, direction les États-Unis, afin de « récupérer » des migrants qui souhaitent fuir leur pays. Parmi eux : De Niro, Harrison Ford, Schwarzenegger, Tom Hanks, Beyoncé, Di Caprio, Eminen, Sarah Jessica Parker, Springsteen, Billie Eilish, Taylor Swift, Barbra Streisand, George Clooney… et bien d’autres.
SA : Des gens qui vivent dans des caravanes pour payer leur chimio, qui votent pour des milliardaires par peur des étrangers, des gays et des femmes tueuses de bébé, ce serait drôle si on n’avait pas les mêmes ici.
JSD : La plus grande idiocracy du monde est donc sur le point d’élire le combo parfait de la religiosité évangélique, de la White Supremacy, du kitch vomitif, du capitalisme rapace, de l’inculture triomphante, du climatoscepticisme et du sexisme. Bravo les cons.
SG : « Je me vante d’attraper les femmes ‘par la chatte’, j’ai multiplié fakenews et propos racistes, sexistes et complotistes, tenté d’inverser les élections par la violence et l’abus de pouvoir et même été le premier ex président US condamné au pénal. Je suis, je suis… »
OM : Le retour de Donald Trump à la Maison blanche est sans hésitation le plus beau come back depuis celui de la syphilis !
SG : Sexiste, complotiste, raciste, conspirationniste, xénophobe, climatosceptique, l’éditorialiste américain Tucker Carlson affirme maintenant que les ouragans sont dus aux… avortements ! Voilà, c’est ça le trumpisme.
DSC : Trump, un mâle alpha ? Il n’a pourtant jamais gagné contre un homme lors d’un élection présidentielle… Pour moi ce n’est pas digne d’un chef de meute, mon vote ira donc à François Hollande, le Trump blanc.
NP : Si tu passes une mauvaise journée pense un peu à celle de Melania qui vient d’apprendre qu’elle allait devoir retourner vivre à la Maison Blanche avec Donald pendant quatre ans.
JM : L’Amérique a donc décidé de se remettre avec son ex toxique on peut plus rien pour elle.
MH : Joe Biden s’est déclaré confiant sur l’issue de l’élection : il espère un bon report des voix sur Kamala au deuxième tour !
SC : J’aimerais tellement être de droite et en avoir rien à cirer : bouffer du steak à tous les repas, rouler en 4×4, voter LR/RN sans tiquer, me dire que je suis la meilleure plutôt que de me demander ce que je pourrais mieux faire, quelle putain de tranquillité d’esprit.
JPT : Procès Samuel Paty : le corps enseignant versus le Coran saignant.
PE : Les chasseurs alertent sur la baisse inquiétante de promeneurs en forêt : Bientôt, on va devoir se contenter des animaux.
NP : Je ne dis pas que Canal c’était mieux avant. Je dis juste qu’avant, Canal c’était la chaine des Guignols de l’Info, alors que maintenant c’est le groupe des Guignols de l’Intox. C’est tout.
ES : On ne dit pas « Un cerf piétine un chasseur dans les Ardennes » mais le cerf a régulé la population de chasseurs. Bravo à lui.
MBC : Bruno Retailleau : « Mis à part Nicolas Sarkozy, chaque étranger accueilli en France doit respecter la loi. »
JD : On n’est pas bien là à vivre ce basculement inexorable vers un fascisme écocide engendré par un capitalisme morbide où les minorités seront les boucs émissaires et les uniques victimes ?
NMB : Vladimir Poutine aperçu ce matin entièrement nu sur la Place Rouge en train de faire un hélicobite. Plus de détails dans nos prochaines éditions.
WC : Emmanuel Macron annonce que personne, de Trump ou Harris, n’a gagné, et qu’il devient ainsi officiellement le nouveau président américain.
MBC : Michel Barnier : « Les salariés de Michelin et d’Auchan mis à la porte devront rembourser les aides publiques reçues par leur entreprise. »
TA : Je vais mourir de honte. J’étais chez la dermato, elle me demande si y’a des antécédents de cancer de la peau dans ma famille, spontanément j’ai répondu « MON CHIEN ».
SF : Théorème, vérifiable des deux côtés de l’Atlantique : à chaque fois que la gauche de droite est battue par la droite de droite, elle explique que c’est à cause de la gauche de gauche.
SG : Depuis ce matin, à chaque fois que je vois un message se réjouissant de la victoire de Trump, l’auteur est un gros connard. Vous pensez qu’il y a un lien entre les deux ou bien c’est juste du hasard ?
PA : Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais plus les écrans TV sont plats, plus les émissions sont creuses…
IM : — Hello, where is the tower Eiffel ? — you have a beautiful red casquette… — oh yeah, I’m a Trump fan, I voted for him, a genius ! — so… la Tour Eiffel, you take the RER B, and you stop at « la Courneuve », but go there by night it’s prettier.
NP : « Le PDG de TotalEnergies appelle Trump à lutter contre le réchauffement climatique ». La vodka demande au whisky de lutter contre la cirrhose.
La femme de ménage est un thriller habilement agencé par Freida McFadden. Un sacré thriller. Dès le prologue, on est au courant : il y a du pas beau à voir à l’étage et le narrateur ou la narratrice a du souci à se faire. Puis le roman démarre, trois mois avant cette fâcheuse découverte. Millie réussit un entretien d’embauche pour être femme de ménage chez une femme adorable, Nina, mariée à un riche homme superbe, sympathique et ils ont une fillette, exécrable… très mal élevée, qui fait tourner Millie en bourrique avec des caprices insupportables, sous les yeux indifférents de sa mère. Sa mère qui a aussi des comportements glauques avec « la bonne » alors qu’elle peut être si gentille la plupart du temps. Millie ne peut pas se rebeller. Avant d’être entrée dans cette superbe maison, elle dormait dans sa voiture. Elle était sortie de prison, une peine de dix ans mais on ne sait pas pourquoi, et était sous contrôle judiciaire. Au moindre problème, hop, de nouveau au mitard. Elle n’en mène donc pas large mais est forcée de s’en accommoder même si sa chambre est une sorte de placard au grenier, qui ferme à clé de l’extérieur uniquement et dont la fenêtre ne peut s’ouvrir… A la ville, des rumeurs courent sur cette mère qui serait folle (facile à croire vu son comportement) et aurait tenté de tuer sa fillette qu’elle adore. Une fillette toujours habillée de superbes robes blanches à fanfreluches sans aucun rapport avec la vie que mènent les autres fillettes. Il y a aussi un jardiner, très bel homme qui ne parle pas anglais et n’a pas le droit d’entrer dans la maison. Encore une fois, bien que séduite, Millie se tient à carreau, malgré l’envie d’un petit câlin après un désert sexuel de dix ans. Quant au mari, il est adorable, même avec elle, même quand sa femme est méchante. Il tente d’arrondir les angles, il la regarde de façon appuyée car oui, elle est jeune et belle même si elle fait attention à ne pas en jouer, à rester transparente. Enfin, il y a cet immense problème : il rêve d’enfants, la petite fille n’étant pas sa fille, mais hélas, sa femme ne peut plus en avoir… La tournure que prend cette histoire, cruelle, est absolument pétrifiante et inattendue. Malgré quelques passages un peu faciles au niveau crédibilité, l’autrice nous emmène dans une aventure implaccable dont il est difficile de s’échapper tant qu’on ne sait pas comment ça va se résoudre. Brrrr…
La femme de ménage de Freida McFadden, 2022. Traduit par Karine Forestier. Aux éditions J’ai Lu. 416 pages, 8,60 €
Brooklyn est le deuxième roman de Colm Toibin, auteur du très prisé Le Magicien. Il raconte une histoire palpitante située dans les années cinquante, qui commence dans un bled irlandais où vit Ellis Lacey, avec sa mère, sa grande sœur Rose, une belle femme qui travaille, joue au golf mais surtout, rapporte l’argent à la maison. Les trois frères sont partis travailler à Londres. La jeune Ellis ne trouvant pas d’emploi, est engagée chez une femme qui tient un commerce, une sale patronne qui profite de la situation de pauvreté de ses employés. L’avenir est peu joyeux quand une de leurs relations, un prêtre qui vit à New-York, propose à la jeune fille de l’y rejoindre car là, il y a du travail pour qui est sérieux. Il connaît une logeuse chez qui elle pourra s’installer en toute sécurité. Entre le désespoir de quitter sa famille et l’espoir de gagner de l’argent pour l’aider, Ellis balance. La traversée en paquebot en troisième classe vaut son pesant de vomi (oui oui). A New-York, elle travaille comme vendeuse dans un grand magasin, souffre du mal du pays, ne se livre pas. S’ennuie le soir car n’aime pas les autres filles qui partagent la pension. Ni la propriétaire qui les surveille toutes d’un peu près. Puis en acceptant d’aider le prêtre à organiser une grande fête de noël pour les pauvres, elle fait des rencontres. Notamment celle d’un jeune homme qui l’invite à danser, un Italien (ce n’est pas très bien vu) qui a « malgré tout » de bonnes manières et sait la charmer en douceur. La relation devient sérieuse alors qu’elle doit retourner en Irlande pour de graves raisons familiales. Avec ce un voyage en bateau d’une semaine, on n’y va pas comme ça ou on en revient pas d’un saut de puce. Elle va devoir rester en Irlande quelques temps pendant lequel il va se passer des événements qui vont orienter le destin de la jeune fille. On se promène dans ce livre à une époque sinistrée où les filles et les femmes commençaient à vouloir s’émanciper. Rien n’était pourtant gagné et l’étau autour d’elles toujours bien serré. Beaucoup de suspense dans cette histoire assez lente, très descriptive mais dont on bout de connaître la suite. Ce livre a été écrit en 2009. Mais une suite vient de sortir, qui s’intitule Long Island et se passe vingt ans plus tard, j’ai hâte de l’acheter, j’attends juste qu’il soit en poche car mon budget bouquins n’est pas illimité.
Brooklyn de Colm Toibim (2009), traduit par Anna Gibson, au Livre de Poche. 380 pages, 8,90 €.