Les Fessebouqueries #258

Si je m’écoutais — mais Obama le fait pour moi — je dirais qu’on a vu mieux mais c’est vrai que c’est la fin des programmes scolaires, télévisuels, radiophoniques, le début de la cellulite étalée et des bedaines triomphales, que les taxis font chier les gens qui partent ou qui arrivent et que ce ne sont pas les activistes de Daesh qui vont nous rendre le sourire. Même Sarkozy ne nous fait plus rire, il a épuisé son stock de blagouses. Alors, les people, qu’est-ce que vous attendez pour des infos juteuses ?
– DP : Les taxis , cette merveilleuse corporation que le monde nous envie , aimables, galants, délicats , raffinés , poètes et philosophes à leurs heures ont des nouveaux concurrents. Pourquoi ne suis-je pas triste?
– EP : – Papa, quels sont ces animaux dans le pré à la sortie du village ? 
- Des méduses, mon enfant, des méduses que l’on élève pour leur laine chaude et souple.
– HPE : Suite à la tuerie de Charleston, plutôt que d’interdire les armes, les américains vont arrêter de vendre … des drapeaux confédérés.
 Ils sont forts les communicants des marchands d’armes.
– PE : A DSK qui débarque sur Twitter longtemps après tout le monde, j’ai envie de dire :
Hey, Jack, u late !
– DC : Tiens, je reprendrais bien une tranche de cet agneau génétiquement modifié par une protéine de méduse. Il est dé-li-cieux !
– CM : Plus les sondages de Sarkozy baissent, plus il devient agressif ; plus il est agressif, plus les sondages baissent. Perseverare diabolicum
– EP : – Tu feras attention en te baignant, j’ai peur qu’il n’y ait des agneaux urticants en cette saison.
– DP  : Exclusif : Agnès Saal devient Chauffeur Uber
– PM : Sarko et Hollande écoutés par les États-Unis… suis étonné, parce qu’ici, il y a longtemps que plus personne les écoute!
– EN : Une bonne femme dans le bus : « Ça a changé, l’éducation, c’est plus ce que c’était ! Franchement, ça me révolutionne ! »
– DP : Les taxis veulent le beurre et l’argent d’Uber.
– JC : « Sarkozy se voyait comme le seul homme capable de résoudre la crise financière mondiale »
Oui, il avait un plan génial : confier la gestion de la crise à Bygmalion. Et s’il restait un résidu de dette mondiale à payer, il faisait appel à la générosité des adhérents UMP. 
On a loupé une occasion historique de restructurer fondamentalement le monde de l’économie et de la finance…
– DC : « Je mens moins qu’avant » dit Sarkozy. Mais comme il est probablement en train de mentir en disant cela, cette phrase s’annule d’elle même !
– OK : Une légende raconte qu’un jour un taxi s’est arrêté au passage clouté pour laisser passer les piétons.
– CC : Franchement, Courtney Love a raison. Les US sont vachement plus sûr que la France. … Bon, sauf si t’es noir.
– PX : Finalement, elle n’avait pas toute fait tort, Courtney, de comparer la France à Bagdad hier.
– SP : La NSA a commencé ses écoutes pour comprendre comment des magouilleurs comme les Balkany arrivaient à se faire reelire !
– CL : au point où on en est : si les USA pouvaient nous donner 2 ou 3 tuyaux sur les affaires de Sarkozy ça nous arrangerait
– NP : L’existence des jobs d’appoints comme UBER Pop prouve surtout que la France est devenu un pays sous-développé comme les autres.
– FIA : Après avoir tout cassé et atteint des sommets d’impopularité, les taxis n’auront d’autres choix que de se rebaptiser les Républicains.
– PX : J’espère au moins que la NSA n’a pas découvert nos moyens secrets de lutte contre le chômage.
– ML : Les djihadistes sont si cons qu’ils croient qu’Israël s’écrit Isère.
– NP : L’intersyndicale des taxis refuse « à l’unanimité » de se rendre à Matignon – C’est pas sur leur route et ils ont presque fini leur journée.
– FIA : Aujourd’hui, on peut affirmer plus que jamais que le choix de Samy Nacéri s’imposait pour incarner un chauffeur de taxi.
– NP : Le terroriste était un voisin sympa et sans histoires. Du coup je me dis que j’ai de la chance de n’avoir que des gros cons comme voisins.
– LP : Donc un homme surveillé pour son lien avec la mouvance salafiste peut livrer des entreprises classées Seveso
– OV : Je rappelle juste que l’idée d’UBER est née à Paris en 2008 parce que son fondateur n’arrivait pas à se trouver un taxi. Voilà.
– OK : Il fait chaud alors, par pitié, ne courez pas pour prendre le train ! Après, vous dégoulinez et vous en mettez partout ! Merci.

Illustration © dominique cozette.

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Elysée-moi… et vous verrez !

Bref, on l’a élu et on le voit dans son château. Hollande est donc à l’Elysée, un président sympa, normal, accorte, et il autorise Mathieu Sapin à y passer un an pour croquer les coulisses de ce que les usagers appellent le château. On ne peut pas dire que ça soit tellement palpitant et c’est normal : le dessinateur se dépeint comme un tout petit bonhomme un peu chauve et qui ne veut pas déranger — qui insiste juste un peu pour pouvoir monter dans l’avion présidentiel. Et il observe un autre petit bonhomme un peu chauve qui ne se la pète pas, le président, qui n’a aucun sens de la dramaturgie. Le troisième personnage étant l’ensemble des coulisses qui se laissent visiter, enfin pas tout, afin de montrer au petit peuple ce qu’on fait de son argent.
L’auteur n’est ni cruel ni indiscret, on sent bien que, devenu transparent aux yeux des autres et des journalistes attitrés, il a dû en voir et en entendre plus que ce qu’il nous montre. Aquilino Morelle, Valerie T. et bien d’autres dégagent pendant cette période, un nouveau gouvernement est formé, quelques voyages qui auraient pu être des curiosités se déroulent mais dans une routine assez déroutante. Le président normal montre bien qu’il l’est, d’humeur égale, poli, sans rien dévoiler de ses affects même auprès des proches.
Des pages ont été ajoutées après la fin programmée : celles des attentats de Charlie et de la marche du 11 janvier.
C’est assez sympa malgré tout de visiter le Château, ça nous évite de faire sept heures de queue lors des journées du patrimoine et nous permet de savoir ce qu’a mangé la reine d’Angleterre quand elle a été reçue… après six mois de préparation d’un côté comme de l’autre de la Manche. Tout ça pour ça ? Eh oui…

Le Château, une année dans les coulisses de l’Elysée, par Mathieu Sapin chez Dargaud 2015. 144 pages, 19,99 €.

Texte © dominique cozette

Vernon Subutex 2 : accro, oui.

Voici la suite attendue avec force trépignements comme un shoot bien chargé des (més)aventures du héros littéraire le plus en vogue : Vernon Subutex. Après le tome 1 dont je vous ai parlé (voir ici) avec un enthousiasme débordant, nous retrouvons Vernon se clodo-ifiant gaiment aux Buttes Chaumont. Son cerveau décolle parfois et même souvent, mais rien de grave, c’est ça le bonheur. On savait qu’il était recherché pour possession de documents explosifs, à savoir des confessions enregistrées que lui avait confiées son pote, l’icône du rock Alex Bleach juste avant de claquer d’OD. On ne sait toujours pas ce qu’elles révèlent au début du livre mais une journaliste, ou plutôt une pourrisseuse de réputation très active sur le Web, grassement payée pour ses talents et appelée la Hyène, a mis la main dessus, cachées sous le lit d’une copine de Vernon qui le recherche elle aussi pour trahison d’amitié.
Sans spoiler l’affaire, il se trouve que les enregistrements accusent un puissant d’avoir abusé puis achevé une femme. Une hardeuse junkie. Il se trouve aussi que la Hyène, au lieu de filer ces bandes à ce client, préfère réunir tous les intéressés par l’affaire. Dont Vernon. Il se trouve que la fille de la morte, élevée tendrement et librement par son père mais devenue pieuse sous foulard, poussée par d’autres vengeresses, décide de faire payer chèrement le bonhomme. Il se trouve tout un tas d’événements qui font qu’une bande improbable de personnages pas faits pour s’entendre a priori se regroupent autour de Vernon Subutex, au Rosa Bonheur où il se remet aux platines et réinvente des moments de grâce, planants, ensorcelants.
Il y aura la mort de l’un d’eux, facho sur les bords, assassiné par des brutes, pour redonner du lien et du sens à cette bande naissante, des buts de regroupement dans des endroits secrets, sans réseau et pleins d’empathie où chaque personnage trouve un rôle à sa mesure : trouver le lieu, organiser la fête, décorer l’endroit etc.
Le plaisir principal que je retire de ces livres réside dans la dissection de la vie des gens, ce qui s’est tramé dans leur tête, ce qui fait qu’ils s’acceptent ou se détruisent, ce qui les a modelés ou flingués. C’est l’immense talent de l’écrivaine qui sait créer des personnages sans une once de vide, des gens vrais, denses, dont les méandres psychologiques sont passés au crible de son humanisme et qui fourmillent page après page pour notre plus grande curiosité. Mais surtout qui reflètent l’instant T de notre société avec ses violences et ses frustrations. Cerise on the cake :  Virginie Despentes a pris soin d’inclure au tout début du livre un bref résumé des personnages pour éviter qu’on galère en se demandant mais qui c’est déjà celui-là. Grand merci Virginie.

Vernon Subutex 2 par Virginie Despentes, 2015 aux éditions Grasset. 384 pages, 19,90 €. Le mien est dédicacé pour le même prix !

Mon article sur Teen spirit
Texte © dominique cozette

Neal Cassady : dingue !

Avant, je disais Cassidy, je confondais Neal avec Butch. Mais Neal Cassady n’est pas Butch, c’est le pivot sur lequel s’est fixée la beat generation car il était intime avec Kerouac, et Kerouac l’a pris comme modèle pour en faire le héros de sur la route, sous le nom de Dean Moriarty (les vrais noms sont repris dans la nouvelle édition de Sur la route, le rouleau original).
Dingue de la vie & de toi & de tout est un recueil juste sorti du four qui réunit la correspondance de Neal de 1951 à 1968, année de sa mort. C’est le deuxième tome, je n’ai pas (encore) lu le premier. Ils s’écrivent tous, Kerouac, Ginsberg, Burrough etc à la machine avec épaisseurs de carbone, font circuler leurs écrits, se renseignent les uns les autres sur les uns les autres. Car ils sont éparpillés dans le vaste pays, jusqu’au Mexique quand ce n’est pas au Maroc. Souvent pour des raisons de justice.
Neal est serre-freins, c’est son boulot, un boulot très répandu à l’époque car il fallait bien que les trains s’arrêtassent avant l’invention des techniques hydrauliques. Ils devaient ralentir de très loin, et il est arrivé que Neal ait loupé quelques freinages pour raison d’imprégnation illicite. C’était un métier difficile qui recrutait beaucoup, je suppose qu’ils étaient nombreux par train, Neal ayant réussi à faire engager Kerouac quand il était fauché, mais qui disparut aussitôt avec sa paie pour aller aux putes et aux dealers. N’empêche, Neal bossait énormément, il avait trois enfants officiels, plus un, une maison et un amour irraisonné pour les voitures, les expériences planantes et le sexe. Il a d’ailleurs était l’amant de Ginsberg et d’innombrables femmes.
A cette époque, tout le monde couchait avec tout le monde, il n’en voulait pas à Kerouac et sa femme d’être amants, ni à sa petite amie de coucher avec tout le monde, même s’il aurait préféré qu’elle ne couchât pas avec tout le monde mais avec « presque » tout le monde. Donc il bossait 16 heures par jour, parfois loin de son domicile, il dormait souvent dans sa voiture mais c’était un coriace, il était capable de conduire non-stop de San-Francisco à NYC sauf pour faire le plein.

En fait, il était toujours sous l’emprise des drogues, dures, molles, qui s’avalent, se fument, avec ou sans alcool. Il adorait perdre la boule et n’arrêtait pas de tester de nouveaux mélanges. Il n’a apparemment jamais eu d’accident de voiture alors qu’il conduisait défoncé pied au plancher.
Il est devenu célèbre, non pas en écrivant, (il a juste écrit le début de sa bio sous forme de court roman), mais en étant le héros de sur la route. Il est devenu une icône et du coup, ses lettres sont devenues son œuvre. Et il y a de quoi ! On se régale en lisant sa façon d’exister, d’aimer ses amis, sa femme, ses enfants, de vivre d’une façon aussi dingue. C’était un clown, il amusait la galerie en scattant à une allure démente des tas de trucs rigolos, il séduisait toutes les femmes, il embobinait qui il voulait.
Il est mort connement, à la suite d’une soirée d’où, défoncé, il est reparti à pied pour rentrer chez lui, loin. Il est mort à moitié de froid, à moitié d’OD. Et il n’avait que 42 ans.
Ce livre est bien fichu parce qu’entre les lettres s’intercalent de nombreux éléments biographiques qui permettent de cerner le contexte. C’est passionnant. Du coup, j’ai acheté sur la route, l’original édité récemment d’après le rouleau. Et puis j’achèterai aussi le tome 1 de la correspondance  de Neal de 1944 à 1950, un truc très beau qui contient tout. Plaisir en perspective !

Dingue de la vie & de toi & de tout, lettres 1951-1968 par Neal Cassady chez Finitude, 2015. Traduit par Fanny Wallendorf. 254 pages, 22 €. Ce qui ne fait pas cher la lettre !

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #257

Le mi-grand malhonnête à talonnettes, montrant le ciel bien dégagé comme ce wek-end, disait fièrement « the time is good ». On aurait bien aimé qu’il s’arrêtât là au niveau des conneries, on le lui a fait savoir, mais sa bouche fuit, voyez-vous, et un flot continu de paroles malodorantes en jaillissent  telles de pestilentielles incontinences. Tartinons-le de Nutella, interdisons-le de micro — oui avec le 49.3 c’est possible — et renvoyons-le en bateau pneumatique vers ses pays sablonneux où il aime donner des leçons déconno-mie.
– CC : alerte canicule : il fait 13° en auvergne
– CL : Jeb Bush annonce qu’il fera campagne avec son coeur. C’est vrai qu’avec son cerveau, on partait de loin.
– OVH : News Actu. Ségolène Royale prend le taureau par les cornes. Le Nutella sera en vente libre dans les jardineries.
– DC : Ségolène s’est entendue avec une clinique du 16ème pour créer un Nutoilla en récupérant la graisse des liposuccions des people.
– EM : – Désolé, mais vu votre moyenne, il n’est pas possible de… – 49.3 ! – Ok, vous avez gagné, voilà votre diplôme du Bac, monsieur Valls.
– PB : Commentez cette citation de David Douillet « C’est quand qu’on mange ? »
– OM : Après Fidel Castro, il rencontre Bouteflika… François Hollande, ce Président-légiste.
– ACD : Julia Roberts est entrée dans le Botox Office.
– NP : Images choquantes de Manuel Valls effectuant un 49.3 sur une République non consentante
– KB : Les USA savent si un paki est armé sur sa 103 SPX à 10km d’altitude depuis un drone mais pas quand un citoyen américain va en buter d’autres?
– EM : Une petite pensée pour les gens qui se sont fait chier à vaincre l’Allemagne nazie pour que les Français aillent voter FN comme des cons.
– ZJ : Courageux, les députés PS frondeurs voteront la motion de censure et appelleront à la dissolution de l’assemblée nationale… Non, je déconne
– NP : On entend plus souvent un ministres s’excuser auprès d’une multinationale qu’une multinationale s’excuser auprès d’un ministre. Bizarre…
– KB : Robert Ménard a décidé d’offrir la cantine à TOUS les élèves de sa commune qui font le ramadan pendant 1 mois. Enfin un geste d’apaisement
– PB : L’huile de palme ne permet pas de nager plus vite.
– HDD : On a donc trouvé encore plus con que les taxis marseillais. Les parents d’élèves corses.
– OV : Les policiers américains sont tellement racistes qu’ils sont capables d’inculper les neufs noirs abattus dans l’église de Charleston de vol de balles appartenant à un blanc.
– EM : Par solidarité avec les gens qui font le Ramadan, je viens d’effacer tous les cookies de mon ordinateur.
– CN : Sarkozy envisage de créer un Ministère du détournement de fonds publics pour y caser tous ses amis ..
– ET : Quand Sarkozy finira par se barrer, on ne parlera pas de la fuite des cerveaux… Plombier de malheur !
– DC : Le seul dégât des zoos, c’est Sarkozy lui-même.
– PB : J’ai lu une partie du programme de Xavier Bertrand, c’est un peu comme Télé Loisirs mais sans les mots fléchés.
– EC : Monsieur Nicolas Sarkozy adresse ses condoléances a la famille de Emmanuel Limido fondateur de Bygmalion
– OA : Sur le site libé, la vidéo de Sarkozy sur les migrants précédée d’une pub Tena sur les fuites urinaires masculines. Si si
– DC : Plus on a de casseroles, moins on craint les fuites d’eau !
– DJ : Les seuls migrants qui franchissent les frontières sans problèmes excessifs s’appellent des exilés fiscaux.
– PI : Les parents qui renient leur enfant parce qu’il est gay, vous pourriez faire un effort. Regardez, lui vous accepte bien que vous soyez cons.
– DJ : En comparant le sort des migrants à une « fuite d’eau », Sarkozy a noyé l’un de ses deux neurones et il rame sec pour retrouver le deuxième.
– DC : Sarkozy est aussi un mi-grand. Mais est-ce encore un humain ?
– JS : Sarko, le comique pétomane lepéniste en tournée dans toute la France, bientôt dans votre ville.
– PB : Il aura fallu moins d’un mois pour que Républicains devienne un synonyme de neuneus.
– NP : Chute mortelle d’une fillette lors d’une émission de France 2 – La compétition avec TF1 devient vraiment nauséabonde.
– FIA : C’est l’histoire d’Isabelle Mergault qui commande un Schweppes.
– PB : Pour comprendre le fond de la pensée des Sarkozystes, il faudrait faire appel à un proctologue.
– SP : Sarkozy le plombier ExUmp continue son opération de vidange des égouts FN …Bon courage il a pas fini de siphonner des grosses merdes !
– HDD : Si les migrants sont la fuite d’eau, les militants UMP sont la fuite urinaire.

Bonus de EM à ne pas faire lire aux futur(e)s bachelier(e)s plein(e)s de courage et de détermination :
Ces petits jeunes qui potassent pour avoir le bac et ensuite des diplômes, qui se battent pour avoir une vision, devenir quelqu’un, changer le monde… Et qui vont arriver droit dans le monde du travail rempli de connards où des gens moins méritants leur donneront des ordres et seront mieux payés qu’eux parce qu’ils ont une grande gueule et que changer le monde ils s’en branlent. Ils se retrouveront alors à l’époque du collège, quand les petits cons étaient craints et admirés et se tapaient les jolies filles. Pendant qu’ils se tripotaient la nouille en rêvant à demain, quand ils deviendraient quelqu’un. A la sortie des écoles, ils se demanderont pourquoi on ne les estime pas à leur juste mesure. Et pourquoi on ne leur livre pas clés en mains le poste auquel ils ont droit. Pendant que leur banquier se frottera les mains en recevant chaque mois les intérêts du prêt qu’ils ont contracté pour vivre leur rêve éveillé d’une société où on a pas à se salir les mains pour payer la crèche du gamin et les vacances en Espagne.
C’est magnifique.

Illustration © dominique cozette.

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L'aventure hippie, du costo !

Ce n’est pas une rigolade pondue en trois coups de cuillère à pot malgré ce que nous inspirerait la couverture rigolote proche de l’escapade de la famille Fenouillard. C’est ce que je croyais quand je l’ai vu sur une table de ma médiathèque. Je l’ouvre et tombe sur un Américain que je connais, Jim Haynes pour avoir fréquenté quelques sunday diners*, à poil couilles à l’air entre deux belles blondes dans le même état. Je rouvre ailleurs et tombe sur un autre que je connais aussi dans une sorte de fête du corps. Autrement dit un mélange sexuel comme on en faisait tant. Intriguée, je feuillette et m’aperçois que ce livre est un bouquin hénaurme et dense dans son grand format original de 1995, abondamment illustré —  je ne sais pas ce que donne la version poche qu’on peut acheter en ligne—  écrit par deux journalistes français, Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Denanoy, deux jeunes zèbres à l’époque qui ont vécu une partie du mouvement et ont ramassé, depuis, une tonne de documents sur ces années bénies dont beaucoup ne connaissent que la partie cliché, la musique planante, les fleurs dans les cheveux longs, la libération sexuelle.
En fait,  il s’agit d’une révolution née aux Etats Unis où l’on assiste, début des années soixante, à l’éclosion de nombreuses tribus, des jeunes qui veulent tuer le vieux système en créant une nouvelle façon de vivre, une vie en communauté où ne règneraient que l’entente, la paix, l’échange.
C’est aussi une réaction à la guerre du Viet-Nam où ces jeunes devraient partir maisprennent le maquis pour échapper à cette guerre vaine.
Avec ces nouvelles aspirations, la musique évolue, se cherchant d’autres voies que celles du rock, le cinéma s’y met avec une immense vague de films marginaux, expérimentaux. La contre-culture naît d’un fourmillement de créations underground que nos deux journalistes ont patiemment récoltées  (et qui représente en fin d’ouvrage une annexe d’une vingtaine de grandes pages sur les bibliographie, films, discographie).
Tout ce que vous savez sur cette période du flower power n’est qu’une mini-parcelle de tout ce qu’on apprend ici,  qui passe par Woodstock, la beat generation, les freaks, la route de Katmandou, Ibiza, la pop culture, les protest songs, avec en France, la naissance d’Actuel, Libé bonne époque et un renouveau du cinéma d’auteur. Il faut lire l’analyse de la société française de l’époque qui, malgré l’appellation de glorieuse, est moisie, policière et beauf.
Tout ce qu’il faut savoir sur les drogues consommées, le sexe libéré, les provocations, l’attitude des pouvoirs publics face à jeunes pacifistes sortis du système, l’aventure psychédélique, le féminisme en fleur, etc… est là, dans un foisonnement de documents qui semble ne rien laisser de côté.
Cette grosse dizaine d’années passées au scanner s’achève avec la crise économique. Le premier choc pétrolier de 73 a brisé le grand rêve capitaliste du tout avoir pour pas cher, le deuxième l’achèvera, qui survient en 77. En même temps, les jeunes ont vieilli, d’autres arrivent avec d’autres idées, les punks notamment (j’apprends que Sid Vicious a été élevé dans une communauté hippie !), le mouvement s’est vidé de sa substance dont il ne reste pour en témoigner que quelques babas déjantés, sales et marginaux qui ne font plus rêver personne. Les drogues dures remplacent les drogues douces. La gentillesse, l’amour et les valeurs de partage sont définitivement has been.
Alors, quand il faut passer à autre chose, on coupe ses cheveux, on se recase comme on peut. Les plus chanceux dans des carrières artistiques, la musique, le cinéma, mais aussi la pub, l’édition, le journalisme. Le fric donc, sur lequel on avait bien craché. Et pourquoi pas devenir yuppie ou politicien. Avec un pétard de temps en temps pour la rebellitude.
Une belle tranche d’histoire à feuilleter et à garder si vous trouvez le livre en édition originale.

L’aventure hippie de Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Denanoy, aux éditions du Lézard, 1995, mais aussi en poche. 290 pages. 195  francs.

Texte © dominique cozette

*http://www.jim-haynes.com/

Les Fessebouqueries #256

 

Il y a eu de très belles choses cette semaine, non, franchement, le concepteur capillaire de Mireille Mathieu qui meurt, Guetta qui va nous composer une merveille officielle avec ses petits doigts plein de Coke, le FN qui s’active au renouvellement du parc automobile, DSK relax(é) et recontracté du gland, et les voyages  low cost en Jet privé, nouveau concept de notre démocratie en capilotade.
– PM : Horst Brandstatter, créateur des « Playmobil  » est décédé… Bernard Thibault et Mireille Mathieu vont devoir se trouver un nouveau coiffeur!
– OK : On attend l’hommage de Pujadas au père des Playmobil.
– LS :  Laurent Wauquiez admis aux urgences après avoir manqué de s’étouffer en essayant de gober les testicules de N. Sarkozy.
– PM : après enquête , il est avéré que Cahuzac, Lepen et Balkany soient supporters du Servette Football Club de Genève, alors que tout le monde pensait qu’ils allaient juste planquer de l’oseille … que les journalistes ne vérifient pas leurs sources, passe encore, mais qu’ils s’intéressent pas au sport, je te jure !
– HDD : Cher Netanyahou, si Sarkozy vous demande du fric pour 2017, rappelez vous ce qu’il a fait à Kadhafi.
– PB : Sondage : un con sur deux pense que le con c’est l’autre .
– CD : Sarko reproche à Valls sa légèreté. Faut bien avouer que le Manuel fait de l’amateurisme à côté de lui.
– NR:  Du coup Carla à acheté un kit nain libre
– PC : Donc quand Manuel Valls, Michel Platini et une autre personne papotent 10 mn un verre à la main en attendant le début d’un match de foot c’est une « réunion de travail sur l’Euro 2016 », sérieusement ??
– PM : Scoop : Manuel Valls – pour faire taire les critiques – vient de se jeter à l’eau avec l’objectif de rejoindre le Canada à la nage. Il espère ainsi pouvoir assister à la finale de la coupe du monde de football féminin.
– PB : C’est prêt ! David Guetta a composé la musique de l’ EURO 2016. ce sera un do dièse.
– FR : – C’est qui David Guetta ? – Un tourne-disque. – Et il compose de la musique ? – Non, il raye les 33 tours et patine sur des platines.
– FIA : Bon alors, Valls : simple vol ou simple vol ?
– OM : « Salut les garçons, c’est mort pour les JO à Rio. Bisous. Papa »
– ACD : Hey les gens qui sont au seuil de la pauvreté, jamais vous n’avez pensé à frapper pour qu’on vous ouvre la porte ?
– FZ : Sur l’échelle de la gravité j’aurais placé « détricoter le droit du travail » + haut que « prendre un jet public pour un voyage perso » mais bon
– HDD : Quand le FN brûle des voitures, au moins c’est pas du travail d’arabe
– JS : « primaires ouvertes, il n’y aura pas besoin d’être adhérent à un parti politique pour y voter » On va se marrer.
– CC : « Un matador perd un testicule durant une corrida » Le taureau a essayé de ramener les deux oreilles et la queue.
– NP : Je ne vois pas l’intérêt d’Uber POP. Pour voyager dans une voiture pourrie avec un chauffeur qui n’y connait rien il y a déjà les taxis.
– CDG : Si on accroche David Guetta à une fenêtre, est ce qu’on peut dire que c’est un DJ-rideau ?
– JS : Sarkozy ironise sur les socialistes qui « le logent entre Pétain et Laval ». Je le situe davantage entre Iznogoud et Pinocchio.
– FZ : Pouvoir renouveler les CDD deux fois alors qu’on pourrait les renouveler 457 fois, VOILA LE VRAI VISAGE DE LA GAUCHE SOCIALO-COMMUNISTE.
– JS : Je m’interroge sur la stratégie du gouvernement PS qui consiste à épuiser le programme de la droite avant 2017 juste pour les emmerder.
– PM : Avant, socialiste de gauche était un pléonasme, aujourd’hui, c’est une fiction!
– PB : Ne rêvez pas, dans les prochaines années, seule la réalité sera augmentée.
– ML : Pas de femen cette fois-ci pour accueillir DSK après sa relaxe dans l’affaire du Carlton ?
– PB : ALERTE : Daesh menace de vaporiser du gluten sur les métropoles occidentales.
– PD : DSK n’est plus persona non grata au PS. Un socialiste qui finalement spermait tout et n’importe quoi.
– OVH : Jack Lang fait savoir que DSK est le bienvenu de retour en politique. En échange, DSK propose à Jack de revenir se taper des petits garçons dans son ryad de Marrakkech.

Illustration © dominique cozette.

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Les Fessebouqueries #255

Semaine d’agaceries de tout poil pour qui suit l’actu, entre Sarkozy qui s’est fait entarter, BHL éliminé en quart de finale, le président des Républicains qui démissionne et celui de la Fifa qui continue à s’entraîner pour passer à Bonimo en 2017.
– OV : Je ne trouve pas que ce soit plus débile d’appeler l’UMP « Les républicains » que d’appeler une course qui se passe en Argentine « Le Dakar ». Remarque que je ne trouve pas que ce soit moins débile non plus.
– LR : Nicolas Sarkozy : un jour, je l’espère, tous les français partageront nos voleurs !
– DP :  Tu es né après que j’ai déposé la petite graine Monsanto dans maman, tu vois mon chéri? Quand tu te tiens à table ne mange pas avec tes tentacules et replie tes membranes, mon poussin.
– MC : Les supporters de Sarkozy qui sifflent Juppé et Fillon, il faut les comprendre. C’est très nouveau tout ça, pour eux. Ils n’ont pas encore eu le temps d’apprendre la définition du mot « républicain ».
– LR : @FIFA: de tout cœur avec vous dans ces moments difficiles ! Solidarité républicaine! Nicolas Sarkozy
– JPT : Maintenant, au lieu de dire « Député UMP », on dit « Deputé Les Républicains ». Et moi j’entends : « Des putes et les Républicains ». Et finalement, j’aime bien.
– DT : Tu aimais la lessive « UMP » et ses agents de blanchiment, tu vas adorer la lessive « les républicains » et ses agents anti-redéposition devant un juge.
– PM : Le saviez-vous ? Le plus long anagramme de « républicain » est « inculperai ».
– CL : Je voudrais adhérer à votre parti Les Républicains mais je n’ai jamais rien volé ni escroqué ni trompé personne. Est-ce possible ?
– LG : Les Républicains n’ont rien à voir là dedans. Il s’agit bien sûr de l’UMP dont Sarkozy n’a jamais entendu parler.
– EM : BHL, à nouveau entarté à Namur par Noël Godin, dénonce le régime criminel de Bruxelles et demande le bombardement de la Belgique.
– LG : C’est quoi ces gens sérieux ? Qui se rassemblent autour du chef pour la photo et après 2 sec. sortent les couteaux? Ah oui: des politiques.
– TO : Un républicain gardé à vue ça en fait un Garde Républicain ?
– PB : Je crains que Les Republicains ne soient payés au forfait.
– EM : DSK demande si il peut récupérer les 234 675 cadenas d’amour qu’il avait accroché sur le Pont des Arts.
– NP : C’est quoi exactement un plan canicule de 48 H ? Des journées portes ouvertes chez Picard ? Des visites gratuites des catacombes ?
– PB : Penser à arroser Giscard.
– DS : Faute de budget, le gouvernement annule la canicule.
– PD : Le Président de la FIFA démissionne après avoir découvert qu’il présidait une association à but non lucratif.
– JS : La courbe de l’inversion de la décroissance de l’augmentation de la réduction du nombre des non-chômeurs devrait s’inverser fin 2015.
– LG : – Rafael, vous avez perdu. Vous vous sentez comment ? – Vachement bien ducon.
– CLD : BHL « Mon interdiction de me rendre en Russie est un coup dur pour le peuple russe … »
– CM : Je suis sûre que dans les tribunes de Roland Garros, y’a plein de gens qui trouvent qu’on ne travaille pas assez en France
– NP : Aujourd’hui il fait tellement chaud dans le Nord que les grands parents font connaissance avec leurs petit-enfants dans le congélateur des parents.
– NP : Jean-François Copé insulté par un horodateur… Apparemment les machines se sont réveillées, Terminator ne devrait pas tarder.
– HDD : Après avoir donné son drapeau au FN et sa République à l’UMP, la France serait sur le point de débaptiser Marianne en Nadine Morano.
– RR : Les « Républicains » ne communiqueront pas sur le débat autour de l’Islam. Après le bling-bling et le ni-ni, le chut-chut.
– SP : ExUmp fait sa 1ere réunion sur Islam.Logique,en France tout le monde a du taf, on croule sous le pognon,c’est la religion notre préoccupation
– TB : Sarkozy n’a jamais entendu parler des sondages commandés pour Sarkozy pour la campagne de Sarkozy par l’Elysée sous Sarkozy
– PB: Vous avez aimé « Les Charlots en folie » vous adorerez  » Les Republicains à Levallois »

Illustration © dominique cozette.

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Un livre pour l'été ? Le dernier Delacourt, forcément !

J’ai tendance à le renommer les quatre saisons de l’amour mais non, le titre est les quatre saisons de l’été. Indécrottable romantique, Grégoire Delacourt nous offre une ode à l’amour à travers les âges. Pas forcément joyeux, avec des renoncements, des larmes contenues, des projets contrariés, des absences, des non-dits. Tout ce qui fait que ça passe, ça casse ou ça lasse, mais ça embrasse et embrase aussi. Et trépasse peut-être.
C’est pendant la semaine du 14 juillet 1999 que se situent les histoires, dernière année de notre vie sur terre selon Nostradamus et Paco Rabanne réunis, avec l’énorme bug du millenium à son bout. C’est au Touquet, précisément, la plus grande plage du monde quand la mer se retire à des kilomètres — et dans d’autres endroits où sont advenus certains faits — mais où il pleut souvent. Chance : il fait beau. C’est un bel été de glaces et de gaufres, de sable et de serviettes de bain, de corps offerts au soleil et aux autres, de recherche d’aventure, d’envies de braise.
Quatre histoire se partagent le livre, quatre histoires indépendantes mais qui vont se croiser et s’infléchir, toutes avec un nom de fleur qui est parfois le nom de l’héroïne.
La première a 13 ans et son petit complice de jeux est fou amoureux d’elle, il n’y a qu’elle, c’est sa vie, elle est tout. Mais pour elle, il n’est rien de tout cela, elle voit plus loin, elle voit ailleurs, elle voit du côté de la femme qu’elle sera très vite, sans vergogne, séductrice avant l’âge légal.
La seconde a 35 ans, elle est seule avec son gamin de 9 ans, elle n’a pas de chance avec les hommes, ni avec son premier grand amour, ni avec son mari qui, un jour, part les mains dans les poches en disant c’est fini. Rien d’autre. Qui va t-elle rencontrer pendant cette fête des corps, va-t-elle pouvoir changer le regard qu’elle porte sur les hommes et l’amour ?
La troisième a 55 ans, c’est une belle femme fidèle, 35 ans de conjugo à son actif (et passif), trois garçons partis vivre leur vie, et des belles jambes. Puis d’un seul coup, son corps qui s’éveille, qui ressuscite, désirable, pétillant, magnifique comme son cœur, avide et affamé.
La quatrième, l’histoire particulièrement touchante d’un vieux couple qui s’est juré entre deux bombes, en 44, de rester et mourir ensemble. Un couple accroché par la main, provoquant l’attendrissement de ceux qu’il croise. Comment bien finir une belle histoire d’amour, joliment, modestement, tranquillement et passionnément ?
Un beau et bon livre, absolument pas gnan-gnan, au contraire, nerveux, fiévreux, douloureux parfois, qui rappelle notre vécu, dégage une belle ambiance et nous plante quelques chansons en tête. La plage à portée de main.

Les quatre saisons de l’été, de Grégoire Delacourt. Editions JCLattès, 2015. 270 pages, 18,50 €.

Qui connaît Sam Lipsyte ?

C’est un écrivain acide, acerbe et caustique comme je les aime. D’ailleurs, son excellente et  hyper graphique maison d’édition, Monsieur Toussaint Louverture (du nom d’un abolitionniste), ne publie que ce genre de romans. Souvenez-vous de Karoo et Price de Steve Tesich.

La dernière page de l’ouvrage déjà mérite le détour :

LA COUVERTURE
est en carton gris de 400 grammes imprimée
à plusieurs reprises en offset, puis gentiment
claquée pour la secouer un peu.

LE PAPIER INTÉRIEUR
est du Lac 2000 de 80 gr., mais de 1,3 ;
cependant, l’odeur si caractéristique qui
se dégage de ces pages n’est pas la sienne,
mais celle de l’encre et de la colle.

LES POLICES
utilisées sont de Linotype Adobe Garamond
(en majorité) et du Vendetta
(en minorité).

L’OUVRAGE
ne mesure que 144mm de largeur
sur 195 mm de hateur, et son dos, 23 mm.
Les désillusions qu’il renferme, elles,
sont innombrables.

La couverture est très belle et tout ce qui est noir ou rouge est en creux, en quatrième aussi. Le rose de la main est délicat, de la même valeur que le gris. J’adore. La libairie sétoise qui m’a conseillée (en plus de la note posée sur le livre)  est d’une grande fiabilité. Seule ombre au tableau : le titre demande, et tu recevras dont je ne me souviendrai plus à la fin de cet article.

Le héros, contre-héros, est un petit bonhomme fade, insignifiant, bedonnant, la quarantaine, une femme dominante, un fils de quatre ans également dominant qui ne se prive pas de le critiquer et de l’obliger à lui passer d’odieux caprices, ne mangeant que des wraps, un boulot de merde dans une université de merde qui lui demande (titre du livre) de trouver des mécènes pour renflouer quelques disciplines artistiques, plus une amertume légitime à avoir raté une brillante carrière de plasticien malgré un don prometteur. Il se fait virer du job où il passait son temps à s’imaginer éjaculer entre les deux gros seins de sa collègue Vagina, nom donné par ses parents alors sous crack. Puis on le récupère car son vieux copain, devenu richissime, réclame que ce soit lui qui s’occupe personnellement de son don à un possible département cinématographique de l’université. Pour cela, il faut lécher, bien lécher et se faire mettre aussi. Ce qu’il sait faire car il faut bien vivre. Du coup, il rencontre le fils caché du pote mécène, un tout jeune vétéran fielleux aux jambes métalliques suite à son service en Irak.
L’intéressant de ce livre est plus la façon acérée, désabusée, désespérante dont tout cela est raconté, les épisodes secondaires très hauts en couleurs et violemment crachés par l’auteur, et la moindre description souvent prétexte à dézinguer l’Amérique. Ça commence ainsi : « L’Amérique n’était plus qu’une vieille mère maquerelle en fin de vie. Qu’était donc devenue cette grande nation qui avait pris d’assaut les plages de Normandie, fait la nique aux Soviets et inondé les marchés émergents d’une génération pleine de promesse ? A présente cirrhotique et édentée, la grand-mère patrie sifflait sa pinte de Mad Dog seule au fond du bar, fixant le vide de ses yeux jaunâtres et humides — une proie facile pour les jeunes loups aux dents longues. »
C’est donc le roman d’un loser, encore un direz-vous, mais c’est vrai que les winners, c’est moins amusant.

Demande, et tu recevras de Sam Lipsyte, The Ask étant le titre original (2010). Traduit par Martine Céleste Desoille, illustré par Philippe Constantineto. Edition Monsieur Toussaint Louverture, 2015.  412 pages, 23 €.

Texte © dominique cozette

 

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