
Sulak, le livre pas très nouveau de Philippe Jaenada, est passionnant. Il retrace l’itinéraire d’un homme irrésistible, bourré de charme, gentil, serviable, cultivé et beau, en plus, recherché par toutes les polices de France dans les années 80. C’est pas qu’il voulait entrer dans la carrière des braqueurs, c’est juste qu’un jour, alors qu’il s’était engagé dans la Légion par amour de l’action, du sport et des poussées d’adrénaline, il a carrément oublié de rentrer à l’heure mais hélas, c’est le jour où tous ses collègues étaient en opération à Kolwezi, en 78. La seule solution qu’il a trouvée pour expier sa honte fut de déserter.
A partir de là, plus de vie « normale » envisageable, il lui fallait trouver de l’argent pour vivre. Et comme ses premiers braquages de supermarchés se sont super bien passés (sa philo : pas de violence, pas de tuerie mais beaucoup de galanterie, un vrai gentleman cambrioleur) il s’associe à son beau-frère et à deux, ils dévalisent sans problème tout ce qu’ils veulent.
Un jour, il rencontre une jeune femme qui prend la décision de le suivre : c’est un amour à vie. De même, il fait évader tous les amis qui se sont fait prendre. Lui-même est connu pour être le roi de l’évasion, rien ne lui résiste, c’est hallucinant de le voir « quitter » ses cellules puis, malgré sa notoriété, mener grande vie dans les endroits les plus in de Paris ou d’ailleurs, boîtes, grands restos… Il a tellement de culot qu’il fait ce qu’il veut, il part même à l’étranger pour passer du bon temps.
Et de fil en aiguille, pour mettre plus de piment dans sa vie, il cambriole les plus grands joailleries de Paris, Monaco, Cannes, toujours sans violence. Extraordinaire.
Jaenada a reconstruit toute son histoire, ses amours, ses amitiés, ses liens familiaux, et même le lien qu’il a créé avec un grand ponte de la police. C’est un livre très détaillé, très dense et toujours plein d’humour et de digressions jamais malvenues. Palpitant jusqu’au bout. Du pur Jaenada.
Sulak de Philippe Jaenada, chez Julliard en 2015. Chez Points. 500 pages, 7,70 €
Texte © dominique cozette