Les Fessebouqueries #683

Chic chic chic, la France a un nouveau premier sinistre. Son Maître l’a trouvé dans un chenil de vieilles badernes. Attendri par son regard larmoyant, il a demandé au gardien comment il s’appelait : Merdepot. Drôle de nom, quand même… Il a dit, je vais faire un tour, voir les autres quand même. Il a fait plein de tours, de détours, sortant une croquette de sous sa moumoute par ci, un sucre du sac de Bribri par là, puis revenant, tergiversant, tatillonnant, ergotant, chipotant, et s’en retourna vers Cocornnunu, plus espiègle. Ecumant de rag, Merdepot a escaladé son grillage, a agrippé la moumoute de Macron en disant : je te l’arrache si tu me sors pas d’ici. Bribri a dit : ça va, sors-le d’ici, sinon tu vas être encore humilié. Tu te vois chauve à la une des journaux ? Cet argument a eu raison de tout. Merdepot a été adopté et rebaptisé Bailleroux, qu’on appellera tendrement prochainement Baillebaille. Ça vaut bien un petit tchin tchin, dear friends !

  • RS : « Vous êtes devenu la pom-pom girl de Macron, Monsieur Bayrou ? »
  • BG : Cazeneuve c’est moins marrant que Bayrou. Fais pas le salaud Manu, foutu pour foutu, nomme Bayrou, au moins on rigolera pendant trois mois.
  • US : Quand une « surprise » se nomme François Bayrou à Noël, tu préfères encore recevoir une caisse de Mon Chéri et du mousseux tiède dans un gobelet plastique.
  • MN : N’empêche, la tronche de la surprise, on est gâté. Bayrou est à la politique ce que le coffret Scorpio édition Noël est au parfum.
  • WL : Lucie Castets et ses 192 députés, c’est non. Mais François Bayrou et ses 36 députés, c’est oui.
  • MB : Monsieur Barnier venait d’un groupe de 47 députés. Le groupe de Monsieur Bayrou en comprend 36. Record battu !
  • MA : Ça pue la naphtaline même à travers l’écran.
  • CC : « Nous ne sommes ni de gauche, ni de droite. Les trous du c** c’est toujours pile au centre. »
  • NP : Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte, mais les deux derniers premiers ministres de Macron sont tellement détestés que la prochaine fois on va être soulagés quand il va nous sortir Manuel Valls.
  • GD : « Bienvenue à cette réunion. Je rappelle l’ordre du jour : ne pas toucher d’un iota ma politique désastreuse qui envoie le pays dans le mur depuis sept ans. « 
  • TP : Ségolène Royal se déclare à l’instant prête à prendre la tête de la Syrie, dans une volonté de mettre au service l’expérience du pouvoir qui est la sienne, acquise en région Poitou-Charentes.
  • HD : Ça ne vous emmerde pas vous ? Qu’un ordinateur vous demande si vous êtes un robot et vous fait défiler des images de camions ou d’oiseaux pour le cas où vous confondriez avec un vélo ?
  • NP : Poke plein de gens qui m’expliquent depuis hier que « OK, Assad il était peut-être un petit peu dictateur sur les bords, mais au moins il n’était pas barbu. »
  • PA : Ce soir, je suis invité à dîner chez un pote pour son anniversaire. Il bosse chez Chronopost. Je vais aller lui déposer un avis de passage et j’irai demain.
  • SG : Par quel mystère Louis Sarkozy a-t-il été recruté par LCI pour se lancer en politique ? Ah, on me dit que la chaîne appartient au groupe TF1 du milliardaire Martin Bouygues, témoin de mariage de Nicolas Sarkozy, mais aussi parrain de son fils Louis. Voilà, vous pouvez éteindre.
  • NP : Imagine : tu te lances dans la politique en prétendant incarner le dynamisme, le renouveau et la modernité… Et tu finis avec François Bayrou comme Premier ministre. Nan, je déconne. Mais imagine quand même.
  • BG : Macron appelle Bayrou pour lui dire « c’est pas toi ». L’autre lui répond que si c’est pas lui, il se tire avec ses députés et le lâche. Macron se couche. Je sais pas si on réalise : le président vient de se prendre un coup de pression de Bayrou !? Wow.
  • GB : From le « nouveau monde » to « se faire tordre le bras par un centriste qui fait de la politique depuis 1970 » assez quickly.
  • US : Bonjour, vous vous réveillez dans un pays gouverné par François Bayrou. Aucune vanne. Je veux juste juste voir cette phrase écrite pour savoir si on mesure bien le grotesque.
  • CL : Je connais tout son passé et ses trahisons successives. Il faut savoir choisir, et Bayrou, c’est pire que tout. (Simone Veil)
  • IB : Je pose la question. Macron : a-t-il introduit en loucedé un article de la Constitution qui interdit à la gauche de gouverner même quand elle arrive en tête des élections ?
  • TH : Si Bayrou est nommé Premier Ministre, qui occupera l’emploi fictif de Commissaire au Plan ?
  • GL : Si Bayrou est nommé premier ministre et qu’une censure le dépose, il n’y aura plus que Bernadette pour le miracle. Bernadette sous Bayrou.
  • NP : Si Bayrou est nommé Premier Ministre demain, je pose une option sur « Bayrou de secours. »
  • OC : Macron a fait l’aller-retour en jet en Pologne hier pour échanger avec son homologue polonais.. Avec un coup de fil on aurait pu économiser 100 000€…
  • NMB : Nommer un Premier Ministre un vendredi 13, ce mec ne recule devant rien…

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Brigitte Fontaine décortiquée

Un sacré mouchard que Benoît Mouchart (oui, c’est peu facile) mais avant de se lancer dans cette monographie magistrale sur Brigitte Fontaine, la poétesse qu’il admire le plus, et il a des arguments, il a déjà participé à la réalisation de deux films sur elle, qu’il a rencontrée et qu’il fréquente assidument depuis vingt ans. Son gros livre à écriture serrée le prouve. Il y a décortiqué la carrière entière, pratiquement, de la chanteuse, musicienne, actrice, romancière, dramaturge, poétesse… et l’a fait commenter, œuvre par œuvre, par Brigitte Fontaine qui revient sur soixante ans d’une carrière riche, féconde, incroyable, éblouissante parfois mise à bas aussi. Et c’est passionnant pour qui aime cette artiste de voir retracé son chemin, de l’entendre parler de ses textes (chansons, poèmes, romans ou théâtre) dont de nombreux extraits sont cités ici, ce qui nous permet à nous béotiens (je parle pour moi qqui ne la connais qu’un peu), d’appréhender son esprit profond ou rigolo, violent ou soyeux, provoquant ou rond, révolté ou… non pas d’antonyme.
Brigitte Fontaine n’a peur de rien, elle se fout de son image, elle dit tout haut ce qu’elle ne pense jamais tout bas, elle écrit tout, sans arrêt, c’est de la lave qui sort de sa plume, de son cœur ou de son cerveau.
Elle a côtoyé un nombre impressionnant de musiciens, écrivains, chanteurs/euses, artistes de tout poil, tous éblouis par sa verdeur, sa modernité, sa force, son talent… n’en jetez plus. Beaucoup est dit aussi sur son époux, compositeur, compagnon, l’inénarrable Areski avec qui elle mène une barque parfois fracassée mais jamais submergée. Beaucoup des personnalités qui ont œuvré avec elle donnent aussi leur commentaire sur leur complicité.
Ce livre foisonne non pas d’anecdotes à la Voici mais de propos ou explications sur les multiples facettes de cette étonnante créatrice dont jaillissent éternellement les flots d’écrits : une trentaine d’œuvres écrites publiées, une dizaine de pièces de théâtre et un nombre effarant de disques, spectacles, émissions de radio à son actif. Oui, effarant.
Le travail de Benoît Mouchard n’est pas sans rappeler celui qui a contribué à écrire le fabuleux Gainsbook qui disséquait tout l’œuvre de Serge.
Au fait, celui sur Brigitte s’appelle tout simplement Brigitte Fontaine.

Brigitte Fontaine par Benoît Mouchart aux éditins Hoëbeke 2024. 416 pages,
27 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #682

Heureux les simples d’esprit qui n’ont pas compris notre cher Sauveur mais pourront le célébrer sur leur écran dans son écrin cathédralesque où comme un bon Ouvrier de France, il a bossé tel un esclave pour redonner du lustre à nos âmes déchues pendues aux orgues de l’édifice (qui a dit de pute ?) pour notre plus grand salut, cherchant « en même temps » dans sa tête de génie celui de ses apôtres qui répandra bientôt sa parole mielleuse, je voulais dire de miel, sur nos graciles cervelles baignant dans leur jus menacé de fermentation par une gauche intention de nuire. Mais tout est bien qui finit bien, l’argent ruissellera sur les Grands de ce Monde dans une Cène élyséenne digne d’un tableau de Léconard devint si… si quoi ? Heu, j’en sais rien, sauf que c’est une belle occasion de trinquer. Tchin tchin dearest friends !

  • PA : Après avoir bossé, fait les courses, préparé le dîner, fait la vaisselle, le ménage et aidé aux devoirs des enfants, une femme a encore l’énergie pour t’engueuler. C’est admirable !
  • MG : Et moi qui pensais que la dissolution de l’Assemblée avait été une énorme connerie. Heureusement, j’ai appris à 20h que je n’avais pas compris et que c’était moi le con. Merci.
  • IR : Faut quand même avoir des nerfs d’acier et être un brin masochiste pour allumer la télé a 20h juste pour se faire traiter de con. La prochaine fois je mettrai « scènes de ménages »
  • RR : On est tous méchants. On comprend rien. On sait pas compter. Vive les JO. Vive Notre-Dame. Vive la France.
  • OM : Et dire que pendant ce temps-là, Emmanuel Macron se creuse les méninges pour savoir comment il peut encore plus nous décevoir…
  • CH : Une pensée à Michel Barnier qui va bénéficier de tous les avantages d’un ex premier ministre en étant resté moins longtemps qu’une période d’essai en entreprise.
  • SJ : – Bonjour je voudrais acheter un socialiste – Désolé, ils sont déjà tous vendus.
  • MM : Si vous ne voulez pas perdre quinze minutes, un résumé du Macron 20h : « – Je ne partirai pas ; – Je suis trop fort ; – Les autres sont tous nuls ». Ne me remerciez pas.
  • CA : On a eu le siècle des lumières, puis un con a dû éteindre.
  • GD : Prévenez moi quand le petit manager toxique a terminé sa présentation PowerPoint d’autosatisfaction.
  • PO : « Je vous rappelle que le vote d’une motion de censure provoquera le retour de la peste noire, l’annulation des fêtes de Noël et la dictature du prolétariat ».
  • RR : Michel Sapin et Noël Mamère pressentis dans le potentiel nouveau gouvernement.
  • AP : « Rarement, sans doute, notre pays n’aura eu autant besoin de stabilité.» (Gabriel Attal). C’est drôle cet argument de la STA-BI-LI-TÉ. En 7 ans, Macron c’est : – 5 premiers ministres (bientôt 6) – 8 ministres de la santé – 6 ministres de l’EN – 4 ministres de la justice – 4 ministres de l’intérieur – 6 ministres de l’agriculture Etc, etc, etc…
  • PR : On se rappelle que l’argument pour ne pas nommer Lucie Castets c’était : – ça sera pas stable – elle va se faire censurer – le pays va être en déficit. En tout cas c’est super qu’on ait évité tout ça.
  • EC : Blanquer : 5 ans à l’Education nationale. Ndiaye : 14 mois. Puis : Attal : 6 mois. Oudéa-Castéra : 1 mois. Belloubet : 7 mois. Genetet : 2 mois (?) C’est plus une fonction ministérielle c’est un stage de troisième, le truc.
  • PA : En octobre, on change d’heure pour faire des économies d’énergie. En novembre, les maires installent des décos de Noël visibles depuis l’espace.
  • CV : – Mamaaan ? Tu préférerais un million de dollars ou – Oui ! – …
  • FIS : Brigitte Macron s’exprime sur le procès Mazan. Je ne suis pas sûr que l’avis d’une femme qui a séduit un adolescent de 15 ans soit essentiel.
  • OB : J’invite les parents qui ont peur de l’éducation sexuelle à l’école à venir compter eux-mêmes le nombre de bites gravées sur les tables dans les classes par leurs chérubins.
  • ML : « On risque le décès d’un enfant »: les urgences pédiatriques saturées en pleine épidémie de bronchiolite ». Oui mais on a une super belle cathédrale toute neuve.
  • MI : Brigitte Macron affirme que « les Français ne méritent pas Emmanuel Macron ». On mérite mieux en effet.
  • SO : Vous aussi vous vous demandez comment on peut entretenir un gouvernement de quarante ministres alors que les caisses sont paraît-il vides ?
  • DO : La France va mal avec une dette à plus de 3 000 milliards d’euros. Brigitte Macron qui déclare «les Français ne méritent pas mon époux», on est dans la catégorie du grotesque ou du sordide de la part de quelqu’un qui prend 400 000 euros par an en coiffeur, maquillage et dressing ?
  • PA : J’ai vu un gars qui roulait à moto. Sur sa veste, dans son dos, étaient écrits ces mots : « Si vous pouvez lire ceci, c’est que ma femme est tombée ».
  • JM : Il faut absolument améliorer le niveau des élèves en maths si on ne veut pas qu’ils finissent Ministre de l’Economie
  • GD : « Voter la motion de censure » is the new « les chars russes vont défiler sur les Champs-Élysées ».
  • RD : On ne dit plus « j’ai fait une sieste ». On dit désormais « j’ai dormi le temps d’un coup d’Etat en Corée du Sud ».
  • SJ : Aujourd’hui la république trouvera une censure dans la case 4 de son calendrier de lavement.
  • SG : – « Pitié, Marine, oubliez la censure et je nommerai comme ministre de l’intérieur un sale type intolérant, réactionnaire, raciste et xénophobe ! » – « Bah, t’es gentil Michel, mais on a déjà Retailleau ! »
  • PE : ALERTE INFO – Elisabeth Borne et Michel Barnier unissent leurs forces et déclenchent le 98.6 pour annuler la motion de censure.

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La suite palpitante d’un roman palpitant

L’héroïne de Colm Toibin s’appelle Eilis Lacey, elle est irlandaise et vit dans un bled de l’île où tout se sait et où rien ne se passe. Dans son premier livre, Brooklin, écrit il y a vingt ans, Colm Toibin décide de l’envoyer faire sa vie à Brooklin, chaperonnée par un prêtre. Elle est comptable. Et là-bas, elle rencontre son mari au bal, Tony, plombier italien affublé d’une grande famille unie. Italienne quoi.
Vingt ans plus tard, le romancier nous raconte la suite dans Long Island. Tous les membres de la famille sont maintenant regroupés dans quatre maisons sur la même aire, les enfants y sont nés et y grandissent. Oui, la vie pourrait être sympa si un jour, un bonhomme n’était venu frapper à la maison de la belle-mère italienne en lui annonçant que Tony, le beau plomber, avait collé sa femme en cloque et que dès que le bébé sera né, il viendrait le déposer chez elle ou sa belle-fille, car lui n’en veut pas.
Eilis, quand elle apprend ça, fait savoir qu’il n’est absolument pas question que ce bébé entre dans la famille, elle ne le supportera, et s’y tient malgré la vague tolérance de la belle-mère pour qui de bébé est un nouveau petit-fils. Evidemment, une crise s’instaure dans le couple car Tony, lâchement, ne peut pas vraiment prendre position contre sa mère. Alors, comme la mère d’Eilis va fêter ses 80 ans, Eilis décide d’aller la voir en Irlande, ce n’est pas du luxe après vingt ans. Car alors, elle était revenue pour enterrer sa sœur adorée. Et elle avait rencontré le beau Bill. Mais pour Tony , elle s’était enfuie comme une voleuse pour retrouver Brooklin. Sans rien expliquer.
Son retour est évidemment le prétexte à ce que se rouvre la blessure du beau Bill, jamais refermée, qui vient de s’engager très discrètement avec Nancy, la vieille amie d’Eilis. Eilis n’est pas mise au courant, elle revoit Bill elle aussi en secret. Tout est fait pour qu’un drôle de méli-mélo amoureux se tricote entre les protagonistes.
C’est évidemment passionnant, belle écriture, fine analyse de ce qu’ils ont tous dans la caboche et toujours des faits inattendus qui vont faire basculer les choses, bref, on ne sait jamais où l’on va. Mais on y va avec un réel plaisir et on en redemande. On aimerait bien une suite, quand même, cher Colm !

Long Island de Colm Toibin, 2024, traduit pas Anna Gibson, aux éditions Grasset. 396 pages, 24 €.

Texte © dominique cozette

Le frère d’Edouard

L’effondrement est le dernier opus d’Edouard Louis confronté à la mort de son demi-frère, de même mère que lui, retrouvé un jour par terre, chez lui, terrassé par les abus de toutes sortes qu’il a pratiqués pour oublier qu’il était un raté et le serait toujours. Edouard Louis n’aime pas ce grand frère depuis longtemps, mais ce n’est pas réciproque. Le frère sans nom de cette histoire a toujours protégé Edouard, mal souvent, et a toujours admiré son opiniâtreté à faire des études puis sa réussite. Mais lui n’a pas su. Ses rêves étaient trop grands pour lui : il voulait briller, être célèbre. Il a quand même tenté de pratiquer des métiers qui l’auraient sorti de sa misère mentale : boucher, compagnon du devoir … Mais non seulement, il était moqué par sa famille mais surtout, il ratait. Alors forcément, il retombait dans l’alcool, le clope à outrance, la précarité.
Un homme a cru en lui mais là encore, ses retards, ses absences, ses addictions ont découragé ce chef d’entreprise qui lui a quand même offert un local pour y vivre, vous savez, les bureaux vitrés qu’il y a dans les garages. Treize mètres carrés, froid, puant l’huile de moteur puis bientôt la clope, les relents d’alcool, la mauvaise hygiène.
Contrairement à ses autres livres, Louis n’explique pas cette déchéance par un phénomène de classe mais par le rejet de ses parents et probablement la Blessure (dont il ignore tout mais qu’il subodore) qui l’a marqué à tout jamais. Pour appuyer ses tentatives d’analyse du frère, l’auteur s’est penché sur les études de psychanalystes renommés, d’où il présume de l’échec de la vie du personnage par son vécu familial.
Pour raconter ce frère qu’il n’a plus voulu voir durant des années, E. Louis a contacté ses proches notamment les femmes avec qui il a eu des histoires suivies. Oui, quand il buvait, il devenait très violent, raison pour laquelle elles l’ont fui. Mais la dernière femme parle au contraire de sa gentillesse, de sa tendresse, ce qui confère au personnage une mosaïque de sentiments.
Et puis on voit l’auteur dans sa famille, pour l’enterrement, chez la mère dans la Somme avec ses frères et sœurs et leurs dissensions, leurs réactions, leurs liens en fait.
Une sale histoire narrée qui commence ainsi : « Je n’ai rien ressenti à l’annonce de la mort de mon frère; ni tristesse, ni désespoir, ni joie, ni plaisir. » Tout est dit, sauf que c’est encore mieux dit dans le livre.

L’effondrement par Edouard Louis, 2024 aux éditions du Seuil. 240 pages, 20 €.

Texte © dominique cozette

Rivabella

Nous allions parfois chez mon oncle et ma tante, institutrice rigide, et leurs deux enfants : une fille de trois ans de plus que moi, opérée très jeune du cœur, ce qui avait entravé sa croissance (adulte, elle était devenue un petit tonneau arrogant avec des ongles qu’elle taillait en pointe pour nous piquer les fesses) et un garçon de mon âge, au physique tout aussi ingrat, totalement inhibé voire castré par sa mère et de plus, sourdingue. Comme son père. Y en a qui ont des cousins géniaux avec lesquels ils apprennent à jouer au docteur. Raté pour nous, il fut notre unique cousin.
Sur la plage de Rivabella qu’on appelle aujourd’hui Ouistreham, ce n’était pas la grande déconnade. Sur l’image, ma grande sœur est à droite, ma petite au milieu en jaune et moi à gauche. N’empêche que bien plus tard, ma tante et mon oncle accueillirent ma fille plusieurs étés à Saint-Michel-Chef-Chef et elle, ça lui plaisait bien car ma tante faisait tout au ralenti : éplucher les légumes, essuyer la vaisselle, faire le jardin, parler… Ça la changeait de moi, la pressant de folie comme font tous les parents qui bossent et n’ont jamais une minute à eux. Avec elle, elle apprenait les plantes, les animaux, allait à la plage. Et m’envoyait des cartes postales « corrigées ».
Sinon, je n’ai aucun souvenir de cette scène banale et fade. Ces personnes sont toutes mortes en nous ayant épargné les regrets de rigueur. Un peu tristes, parfois, les souvenirs de famille.

Texte et image © dominique cozette

Jacaranda

Après avoir fait un malheur avec Petit Pays, l’auteur-compositeur-interprète Gaël Faye nous régale avec Jacaranda, son deuxième roman tout aussi passionnant, couronné par le prix Renaudot.
Comme vous le savez peut-être, Gaël Faye est fils d’une Rwandaise et d’un Français, c’est un métis, ce qui a de l’importance dans ce livre où il est considéré comme un petit blanc lorsqu’il est au Rwanda. Difficile de s’intégrer. D’autant plus qu’il est né en France où sa mère s’est réfugiée en 1973, quand sévissaient déjà de sordides émeutes entre les différentes populations.
L’histoire commence lorsque Milan a douze ans, il est en sixième, il ne connaît rien de ses origines car sa mère n’en parle jamais, mais là, en 1994, le génocide explose dans tous les médias et le gamin, malgré toutes ses questions, n’aura aucune réponse concernant son pays d’origine, la vie de sa mère et même sa famille restée là-bas .
Arrive alors chez eux, sans qu’il y soit préparé, Claude, un gamin, il a le même âge mais est tout petit, il porte un gros pansement sur le crâne, il est effrayé et n’arrête pas de pleurer. Milan le prend sous son aile, il est trop heureux d’avoir comme un petit frère dont il faut s’occuper attentivement, d’autant plus qu’il ne parle que sa langue. Mais un autre jour, toujours sans qu’on l’ait prévenu, Claude n’est plus là. La mère dit qu’il a dû rentrer au pays pour être auprès de sa famille. Sans autre explication. Milan est dévasté.
Puis les parents divorcent. Milan a alors seize ans et sa mère a décidé d’aller enfin au Rwanda avec lui visiter sa famille (dont elle se garde bien de parler). Sur place, Milan revoit Claude qui est devenu jeune homme, plutôt bien dans sa peau et qui parle français. Comme la mère est partie voir sa grand-mère et son arrière grand-mère pendant toutes les vacances, Milan vit assez librement avec trois lascars qui boivent de la bière, stockent des disques et des livres au « Palais », endroit où l’un d’eux, Sartre, recueillait les orphelins. Ce lieu est toujours très vivant, plein de jeunes qui aiment faire la fête et s’enivrer. Milan commence a tisser des liens forts avec toutes ses rencontres et la tante chez qui il dort. Elle vient d’avoir un bébé, une petite fille qui aura de l’importance dans sa vie.
L’histoire nous entraîne dans la suite de la vie de Milan qui devient un homme. On commence à apprendre en même temps que lui l’histoire du pays colonisé, la cause des massacres, et la difficulté de vivre pour ses habitants, tueurs, victimes ou rescapés, condamnés à se réconcilier dans une paix de façade. Quatre générations joueront un rôle dans la construction mentale de la mythologie de notre héros.
Dès de début on s’attache aux personnages, sauf à la mère qui reste fermée pratiquement jusqu’au bout. On se réjouit des liens entre Milan et les jeunes Rwandais mais on se remémore forcément la terrible cruauté des tueries passées.
Au fait, le jacaranda est un arbre puissant, flamboyant, qui tient une belle place dans cette histoire.

Jacaranda de Gaël Faye, 2024, aux éditions Grasset, 228 pages, 20,90 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #681

On arrête de se plaindre, hein ? Qu’est-ce que c’est que ce peuple qui ne comprend pas les obligations financièro-mondaines de ses dirigeants, des courtisans de ses dirigeants, des proches de ses dirigeants, des conseils de ses dirigeants et des opposants qui espèrent devenir dirigeants ? Vous croyez que c’est drôle d’être toujours en représentation avec des paparazzi aux fesses, de dîner de plats en sauce tous les jours, d’avoir toujours une forêt de micros sous le nez, de ne pas pouvoir, tiens un exemple, roter sans que le monde entier en soit immédiatement informé ? Bah non, c’est pas drôle, alors piquer dans l’argent public, ça va quoi, si c’est public, c’est à tout le monde… c’est comme le déficit qu’ils ont créé, il est aussi à nous, alors stop à nos susceptibilités, nos ressentiments, notre exaspération et notre hargne, c’est très mauvais pour l’ulcère ! Trinquons plutôt à ce beau week-end trempé de neige fondue, tchin tchin dear friends !

  • MBC : Emmanuel Macron se dit « choqué » par la dégradation des comptes publics et convoque l’ensemble des ministres à un dîner à Versailles pour envisager les mesures d’économie à prendre.
  • CA : Les agriculteurs devraient bloquer l’approvisionnement de la cantine du sénat, ça ferait réagir rapidement. C’est juste une idée comme ça.
  • MBC : Élisabeth Borne : « Je n’ai rien à voir avec cette histoire de déficit public, à vrai dire je ne me rappelle même pas avoir été Première ministre. »
  • MBC : Emmanuel Macron : « Je comprends la colère des agriculteurs sur le Mercosur, c’est pourquoi je vais aller faire semblant de négocier en Argentine alors que tout est déjà ficelé. »
  • SG : Essayez donc de lire ces deux informations à la suite sans vous énerver. Dérapage du déficit : le Sénat pointe les responsabilités de Bruno Le Maire, Elisabeth Borme et Emmanuel Macron. Elisabeth Borne va recevoir la médaille de commandeur de la Légion d’Honneur.
  • MBC : Marine Le Pen : « Un simple SMS à Michel Barnier devrait m’éviter d’être inéligible. »
  • MBC : Gérald Darmanin : « Si on ne peut même plus voler d’argent public, j’arrête la politique. »
  • WC : Les mecs ils sont quand même en train de faire des grands discours sur Marine Le Pen comme si ça faisait dix ans qu’elle était torturée en prison alors qu’elle a juste piqué dans les caisses. Le niveau de la dinguerie.
  • MN : Est-ce que quand on a un tonton raciste on peut l’appeler mein führoncle ?
  • AT : Imagine tes prochains bourguignons : tu les feras au bœuf brésilien nourri avec des hormones pour que l’Europe puisse vendre des Mercedes là-bas. Non mais imagine quand même…
  • GL : On parle du décès imminent de Jean-Marie le Pen. Mon oeil.
  • MBC : Annie Genevard : « Je ne veux pas de crise agricole, j’ai accepté le poste de ministre de l’agriculture uniquement pour le salaire et la voiture de fonction. »
  • GE : Le Sénat reconnaît la responsabilité de Borne, Attal, LeMaire, Cazenave et Macron dans le dérapage des finances ! Et après, il se passe quoi ? Ils conservent titres, mandats et pensions. Aucune déchéance, cool tranquille, un élu peut ruiner une nation sans aucun risque pénal.
  • GD : C’était dans quel programme électoral déjà, la baisse du remboursement des médicaments ?
  • RP : « Les soirées chemsex durent trois à quatre jours, on continue jusqu’à l’évanouissement, argue Pierre Palmade, pour expliquer sa prise de cocaïne, le troisième jour. »… Pendant que je tiens péniblement dix minutes de sexe tout court.
  • SV : « Chutes de neige : à quoi faut-il s’attendre en Normandie? » — À des chutes de neige.
  • FT : Alors je ne sais pas ce qu’est le « wokisme », mais à en juger par ceux qui le combattent, j’ai une furieuse envie d’être woke jusqu’à la fin de mes jours.
  • TM : Je ne veux pas jouer le rabat-joie mais quand on proclame « œuvre d’art » une banane et qu’elle se vend aux enchères plus de six millions de dollars, il est légitime de penser que l’humanité est en soin palliatif, au stade terminal de son cancer
  • DSC : A cause de toutes ces feuilles mortes à Paris, on ne sait pas où on met les pieds. J’ai encore écrasé un SDF ce matin, c’est dégueulasse.
  • US : Pour la première fois un dirigeant d’un pays démocratique est poursuivi pour crimes de guerre. Les chaînes d’infos en continu devraient être en boucle sur la décision de la CPI contre Netanyahou. Mais bon il a neigé dix centimètres et c’est quand même bien plus grave.
  • MBC : Michel Barnier : « En obligeant tous les salariés à travailler sept heures gratuitement par an, ça nous éviterait de taxer les sept plus gros milliardaires français. »
  • MN : Vous croyez que votre chat vous voit comme sa maman humaine mais vous vous fourrez le coussinet dans l’œil. Votre chat vous voit comme la grosse dame de la cantine, rien de plus.
  • OK : Alors BFMTV, on a sorti ses petits journalistes dans la neige ? Tremble Albert Londres ! Trrrreeeeeemble !!!

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L’Amérique de Douglas Kennedy

En quatrième de couverture, le dernier livre de Douglas Kennedy, Ailleurs chez moi, est présenté ainsi (extrait) : Lors d’un salon littéraire en France, alors qu’il déjeune avec quelques écrivains locaux, Douglas Kennedy est apostrophé par l’une des convives qui lui lance qu’elle le trouve  » plutôt raffiné pour un Américain « .
Piqué au vif par ce qui n’était en somme qu’une flatterie maladroite, Douglas s’interroge : être américain, c’est quoi ?
Le début d’une quête sincère à la poursuite du grand mystère de l’âme américaine. Du New York d’après-guerre à une petite ville texane trumpiste, de souvenirs d’enfance en réflexions politiques, d’anecdotes hilarantes en citations littéraires, de notes de jazz en films inoubliables, un voyage étourdissant, passionnant, édifiant, drôle, émouvant, avec un guide de luxe : Douglas Kennedy himself…

Et c’est vrai que ce livre est passionnant, Kennedy raconte bien son pays d’origine dans le prisme d’anecdotes plus ou moins personnelles. Puisqu’il vit souvent ailleurs qu’à New-York, principalement en France, en Grande-Bretagne ou a Berlin, son regard est affuté par cet éloignement, cette distance qui lui permet un meilleur aperçu des sujets qu’il traite ici par thématiques : le New-York de son enfance, l’université, le jazz dont il est un vrai spécialiste, la religion, le puritanisme, la politique bien sûr et la crainte du retour de Trump (ça y est), le conformisme, les deux grands partis qui s’imbriquent souvent l’un dans l’autre. Et puis il nous conte ses visites dans des petites villes qu’il a choisies pour leur « bas coût » et où l’on peut acheter une maison à 30 000 dollars, ou leur folklore comme la Nouvelle Orléans d’où tout est parti, le jazz, la fantaisie, la tolérance envers les gays…
Je ne me sens pas apte à développer plus avant ce voyage très varié que j’ai entrepris avec lui et qui m’a donné beaucoup de plaisir. C’est un peu court comme critique me direz-vous mais il y a des jours où la paresse me terrasse, et qu’y puis-je.

Ailleurs chez moi de Douglas Kennedy, 2024 aux Editions Belfond, traduit par Chloé Royer. 260 Pages, 22 €

Texte © dominique cozette

Sweet little sixteen

Elle a quoi cette nénette
un p’tit quinze ans ou seize peut-être
jouant dans sa chambrette une partoche bien fastoche
ah oui ça me revient c’est du Eddy Vartan et sa Poupée Brisée
elle s’applique elle joue mal enfin médiocrement
ses dessins vous voyez c’est pas du Leonard
mais elle fait ce qu’elle peut
dans cette chambrette à deux car il y a sa sister
elle affiche ses amours ses Johnny ses Jimmy
ses Gene Vincent Craddock c’est son nom
et celle qui lui ressemble la demoiselle Hardy
la chambre de cette nénette est rose
un rose un rien pâlot faut pas exagérer
elle n’a pas encore mis de photos d’amoureux
car rien n’est officiel quelques baisers bâclés
quelques mains très timides pas grand chose à vrai dire
ses émois ils sont dans la télé sur les papiers glacés
dans ses rêves de gamine car le reste du temps
c’st fou ce qu’elle s’emmerde dans sa banlieue jolie
pas le droit de sortir pas d’amis pas de boîte
alors chanter rêver écrire des poésies
se battre avec ses soeurs et lire du Frison-Roche.

Texte et image © dominique cozette

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