Au fou !

Joy Sorman a passé tous les mercredis pendant un an dans deux unités de soins psychiatriques qu’elle a appelés, dans son livre A la folie, le pavillon 4B d’un hôpital psychiatrique (HP). Elle a donc côtoyé « les fous », schizophrènes, psychotiques, bipolaires, suicidaires et autres inadaptés de la vie courante d’aujourd’hui. Car avant, l’idiot du village ou le crétin des Alpes  étaient non seulement tolérés mais souvent fréquentés avec bienveillance. Ce n’est d’autant plus le cas que maintenant, on te les fiche en tôle pour cause de diminution drastique de chambres dans les HP et surtout de personnel, remplacé par d’impossibles et inhumains protocoles administratifs, comme partout dans les services publics. Mais ici, c’est encore plus cruel car chaque patient a une histoire. Chaque patient a une demande. Chaque patient est atypique. Mais tant pis pour lui, pour eux. On préfère les calmer, c’est tellement facile avec la panoplie de médocs sur lesquels les labos se font du blé : ici, le « soin » est dicté par la toute-puissante « gorgone administrative ».
Mais le livre de Joy Sorman n’est pas, au premier chef, un essai critique, c’est un reportage sur ce qui se passe derrières les portes closes des HP. Ce n’est pas réconfortant, on s’en doutait un peu. D’abord, on est accueilli par cette odeur de collectivité et de macération, de légume bouilli et de détergent, de sauce refroidie et d’inquiétude. Puis très vite, on croise cette société non désirée qui se manifeste comme elle peut, faute d’avoir les mots, le vocabulaire, la distance, le recul pour pouvoir en parler comme un malade à son médecin. Chaque résident.e est un personnage, avec son mode d’emploi (le transgresser peut être extrêmement déstabilisant, voire dangereux). Toucher, ne pas toucher, répondre, ne pas répondre, ne pas demander comment ça va, ne pas entrer dans son jeu, il faut être très attentif aux codes.
Les aides-soignant.e.s sont ceux qui les connaissent le mieux mais qui, paradoxalement, ne sont pas décisionnaires. Alors qu’avant il était simple d’autoriser un malade à faire ci ou ça, une pause cigarette, sortir en ville, choses anodines, il faut maintenant demander l’autorisation en haut lieu sans garantie de réponse. Déstabilisant et contre-productif.
Il existe aussi, dans cet HP comme certainement dans les autres, une chambre d’isolement. Il accueille les personnes trop violentes, trop dissidentes, qu’on n’arrive pas à raisonner ou à calmer. Il arrive que des malades réclament d’y être enfermés pour échapper à l’ambiance trop sonore du lieu : cris, appels, phrases hurlées en boucle, choses qu’on cogne sur les murs etc.
Il arrive aussi que des malades, en général chroniques, refusent de sortir. Certains, dès qu’ils vont mieux et qu’ils sentent qu’on va les envoyer en MAS, maisons d’accueil spécialisées, structures alternatives où en principe on vit mieux, se remettent à faire une grosse bêtise pour rester au 4B. Car la force de la routine, ce n’est pas rien. Ces malades qui ont une telle demande de sécurité, ne supportent pas d’être envoyés dans un endroit où ils ne connaissent rien ni personne.
Joy Sorman nous raconte tous ces gens, envoyés parfois ici contre leur gré (je me souviens que ça s’est fait sous Sarkozy : une horreur) ou parce qu’il n’y a ni famille ni solution. Leurs grigris, leur façon de la séduire, leurs comédies, leurs caprices, leur douleur, leur mal-être. Les soignants y sont aussi décrits, métier difficile, prenant, épuisant et sans logique depuis que leur humanité ne sert à rien face au protocole. Ils font ce qu’ils peuvent, avec sincérité.
Très instructif si on aime le sujet et plutôt déprimant sur le rôle des pouvoirs sur cette partie sombre de notre société.

A la folie de Joy Sorman. 2021 aux Editions Flammarion. 280 pages, 19€.

Texte © dominique cozette

 

Les Fessebouqueries #549

Encore une semaine de grosse rigolade ! Heureusement que Coluche a vendu son âme au diable sinon ça serait trop ! Donc l’humoriste Bigard, excusez-moi mais je dis encore Bigeard, qui a commencé sa campagne pour devenir le ministre de la santé de la peut-être première femme présidente de France, puis le vainqueur de l’Eurovision qui, voulant ramasser un verre, a accidentellement reçu une dose de farine dans le pif, les tests sont formels… Continuons avec  les deux rigolos, Carlito et Mac Bidule qui essaient de gagner au concours de bobards avec Macron, les pôvres !, et puis et puis… Dard-manin, bien sûr, qui sort ses petits biscottos vénères pour jouer au bras de fer avec mâme Pulvar, sur un sujet glaçant paraît-il. Et pi et pi, devinez ? Manuel Vals, bien sûr, qui nous revient car les Espagnols sont vraiment trop gnols pour lui (mais c’est qui, le guignol ?). Pour finir avec un autre grand comique, Lucas Chenko, çui qu’a coulé une bielle aux Russes, qui fait mumuse avec l’espace aérien des Européens. Nan mais des fois ! Toute honte bue pour nous être tant marré.e.s, ressortons nos verres pour trinquer au beau temps, à la fiesta et à ce dimanche de la fête aux mômans qui ont tant souffert et sacrifié pour vous rendre heureuses, petites pourritures de mômes ! Tchin tchin !

– MP : Concernant les vaccins on ne sait plus qui croire : comment savoir qui a raison entre, d’un côté les virologues du monde entier et, de l’autre, Jean-Marie Bigard ?
– OB : « Entre ici, j’en moule un ! » La résistance selon Jean-Marie Bigard.
– AR : Je sais pas si vous vous rendez compte, mais à ce rythme, on va être obligés de voter Hanouna pour faire barrage à Bigard.
– OVH : Darmanin va se faire pulvariser.
– NMB : Je suis persuadé que, si on organise l’Eurovision avec un seul pays dont la France, on est encore capable de ne pas gagner.
– OB : Août 1963, Martin Luther King : « I have a dream ». Mai 2021, Emmanuel Macron : « J’ai fait un concours d’anecdotes avec Mc Fly et Carlito. » Voilà voilà.
– OM : Ok, l’italien s’est peut-être drogué mais certainement moins que les millions de téléspectateurs qui ont regardé l’Eurovision jusqu’au bout…
– PM : Oh quel dommage, quelle tristesse, on a perdu l’Eurovision, j’ai envie de dire snif
– PM : — Maman ?  — Oui mon poussin ?  — Tu veux pas attendre que je sois couché pour te démaquiller, parce que ça me fait un peu peur sinon.
– MP : Le pass sanitaire c’est la dictature. Si ça continue, bientôt il faudra un papier pour conduire, un petit carnet brun pour quitter le territoire… Pourquoi pas même une carte avec notre photo et notre identité à porter sur soi en permanence ??
– BG : Si Darmanin savait ce que je pense de lui, il pourrait sans problème déposer plainte pour injure, diffamation, appel à la violence, apologie d’acte de barbarie et plein d’aut’trucs. Mais on ne peut pas attaquer une pensée en justice, je crois, fils de ta mère.
– MP : En fait en France, tu peux leur foutre une pandémie, un crash boursier ou un réchauffement climatique, la présidentielle se jouera toujours sur l’immigration, le voile et la sécurité.
– CEMT : Gérald Darmanin : « Et je porte plainte contre Audrey Pulvar parce qu’elle a refusé de coucher avec les idées du Rassemblement National. »
– MK : Quelqu’un peut dire à Madame Taubira que je l’attends en mai 2022 à l’Elysée, en lieu et place de tous ces charlots qui guignent le poste ?
– CV : Aujourd’hui, j’ai oublié mes lunettes, mais je suis quand même allée faire des courses. J’ai acheté, je crois, du camembert à 9€99, 4 yaourts nature à 9€99, un dentifrice à 9€99 et du savon au même prix. Sous vos applaudissements, surtout que là, j’écris sans mes lunettes. Je me demande de quoi ça parle.
– CC : Je regarde les offres d’emplois sur LinkedIn. Maintenant il faudrait que j’aie fait une école d’ingénieur + une grande école pour faire le métier que je fais depuis 25 ans, en espérant toucher 60% de mon salaire actuel.  Oui je sais, c’est le monde de LinkedIn.
– LU : J’ai acheté une boîte de sel de l’Himalaya sur laquelle il est écrit que le sel s’est formé il y a 250 millions d’années, mais il expire en 2022.
– ES : En mai, fais ce qu’il te pleut.
– RU : Je trouve que les femmes aiment trop le sexe alors que nous, les hommes, on est plus concentrés sur l’art et la géopolitique.
– OB : Perso je suis vaccinée contre Jean-Marie Bigard et ça se passe très bien. Aucun effet secondaire.
– CEMT : Gérald Darmanin : « Et j’ai décidé de porter plainte contre Evelyne Dhéliat car depuis quelques temps, je trouve sa météo glaçante. »
– CV : En signe d’apaisement, les autorités biélorusses proposent à la France de détourner l’avion qui doit ramener Manuel Valls à Paris.
– PA : Un scientifique lira des centaines de livres dans sa vie, mais sera toujours persuadé qu’il lui reste beaucoup à apprendre. Un fanatique religieux n’en lira qu’un et sera persuadé d’avoir tout compris.
– GD : Le verbe « assumer » pour un politicien, c’est comme les warnings pour un automobiliste mal garé « pour 5 minutes » : une façon commode de se dédouaner de faire n’importe quoi.
– MK : Un concert test, c’est bien. Mais pourquoi au stress ajouter la torture d’Indochine ?
– RT : Blague de prof :  —  Tu vas faire quoi avec l’augmentation que Blanquer t’a donnée ?
– PP : Un jour faudra m’expliquer pourquoi on fait un signe de main aux voitures qui s’arrêtent à un passage piéton. Ce signe veut littéralement dire « Merci de ne pas m’avoir renversé, quelle gentillesse incroyable ».
– NP : Ok sex is cool mais avez-vous essayé « Pouvoir enfin manger sur la terrasse que tu t’es fait chier à construire il y a un mois mais depuis il a fait une météo de merde » ?
– DSF : Dans le fond Manuel Valls est le seul à pouvoir unifier l’Europe. Contre lui.

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Les folies 80's

Robert Goolrick, dont je suis devenue fana tout récemment,raconte, dans La Chute des Princes, la vie de folie, fric, alcool, drogues, sexe, puis la chute, dans les années 80, ces fameuses années déjà racontées et filmées par d’autres, mais c’est pas parce que Roméo et Juliette a déjà été narré  qu’on ne doit plus parler d’amours contrariées. Ici, l’important c’est le style, formidable, et la qualité des anecdotes, incroyables. Je les ai un peu évoquées dans le dernier livre  Ainsi passe la gloire du monde (voir ici), qu’il faudrait lire après celui-ci, mais peu importe. Quand on aime un auteur pour sa qualité d’écriture, rien n’est grave.
Ce qu’il raconte, c’est la gloire d’un trader, ces mecs qui faisaient des fortunes colossales sur le marché des bourse. Mais pour lui, l’auteur, c’était en fait d’âge d’or des années fric de la pub. Pareil, des monceaux de pognon qu’on claque pour rien, juste parce qu’on l’a gagné en travaillant parfois trois jours sans nuit, avec la coke of course, et surtout la fierté de surenchérir, d’en faire encore plus que les collègues. Le plus est le mieux. Les vanités de cette époque.
Evidemment, il y a des dommages collatéraux. Il tire avec brio le portrait d’un richissime collègue, fortune de famille gigantesque, indépensable, un type formidable aimé de tous, des délires de vacances, etc puis un jour, après un coup de fil personnel, au bureau, après avoir brisé la vitre avec un extincteur, ce qui a tué deux personnes en bas, il retire ses chaussures (les chaussures sont toujours de marque et hyper précieuses) puis saute du gratte-ciel, et s’écrase sur une voiture. Il venait d’apprendre qu’il était atteint de cette terrible maladie appelée sida, ce qui était moins grave que la honte insurmontable qui éclabousserait ses parents, homophobes pure souche. Ils l’ont d’ailleurs effacé de tous les documents familiaux, photos, souvenirs. L’auteur s’inquiète vaguement pour lui-même car il baise tout ce qui bouge, hommes et femmes. Mais il s’en sort sans une égratignure.
Il parle aussi de cette pute, un travelo magnifique, avec qui il est devenu ami, car, malgré un loft magnifique créé par le plus grand décorateur, il a gardé son taudis infesté de bestioles, dans le quartier pourri où sévissent tous les crimes. Donc les prostitués, dealers et clients. Sa femme, il l’aime toujours bien qu’elle l’ait quitté le jour où il a perdu son job. Il lui a tout laissé sans discuter, sauf le taudis.
Il raconte beaucoup d’excès, avec humour et non sans cynisme. Comment il a eu son job juteux : le patron de la Firme recrutait ses traders au poker. Une seule et courte partie. Car dans ce type de boulot, il faut savoir prendre des risques énormes. Il dit comment ça a fini, piteusement, violemment, et comment, quand on est viré, personne n’est plus censé vous parler, vous téléphoner, vous connaître. Monde impitoyable.
Et là, comme dans le dernier livre, il se retrouve à claquer ses derniers deniers, avec panache, avant de se fondre dans une solitude plutôt bien subie. Je pourrais en dire plus mais ça me fatigue et puis je suppose que vous voyez le genre de livre que c’est. Brillantissime. C’est dit.

La Chute des Princes ( The fall of princes, 2014) de Robert Goolrick chez 10/18. 240 pages.

Les Fessebouqueries #548

Pendant que vous étiez tous en terrasse en train de vous murger dans le vent et la tempête, d’autres défendaient leurs droits à taper sur les manifestants en manifestant justement avec leur petit chef qui appuyait leurs revendications auprès de lui-même. Que d’autres, chefs de nous-mêmes mais que c’est nous qu’on les paie grassement, se délectaient à une terrasse d’où avaient été interdits nuages et autres désagréments climatiques, et qu’un autre, ex-chef de nous-mêmes, avait choisi de ne pas aller bygmalier au tribunal où il encourt quand même 3750 euros d’amende (3750 euros !!!) et un an de prison qu’ils ne font jamais. Autre bonne nouvelle : la fusion de deux gros cacas de la télé pour n’en faire qu’un. Mais un énorme. Couvrez-vous, dear friends, pulls, masques et capotes sauf si vous allez dans un club libertin, of course, où là, vous ne risquez rien, selon nos instances qui y trouvent certainement leur compte. Allez, tchin tchin  !

– BM : On fête la réouverture des terrasses comme si on avait battu l’Allemagne. Dans le doute j’ai tondu ma voisine.
– BM : Juste pour remettre en perspective… Darmanin, ministre de l’intérieur, va manifester avec la police pour que le gouvernement agisse en leur faveur. Voilà.
– PA : J’en connais qui se plaignent qu’avec le masque, l’oxygène n’arrive pas à leur cerveau… Comme si avant il y arrivait !
– OK : Je vais stopper la recherche d’un créneau de vaccination pour les moins de 50 ans non prioritaires. Je préfère tenter de régler le conflit israélo-palestinien, ce sera peut-être moins compliqué.
– FB : On me dit à l’oreillette qu’après la manifestation des policiers, Darmanin va manifester avec les femmes victimes de viol.
– IS : En plus, demain, il semblerait qu’on déconfine et qu’on va pouvoir retourner au bistrot, au cinéma et chez H&M en présentiel s’acheter des tas de fringues de merde fabriquées par nos nouveaux esclaves que nous prions expressément de bien vouloir rester dans leur pays et à leur place.  Elle est pas belle la vie ?
– PA : YOUPIIIIII ! La météo annonce 30 degrés pour le week-end ! —  14 degrés samedi, —  16 degrés dimanche !
– NP : Juste une question : Demain, en province, les bars ils sont OBLIGÉS de rester ouverts jusqu’à 21 heures ou ils peuvent fermer à 19 heures comme avant ?
– DC : Darmanin qui défile avec les flics. On l’a même entendu crier : Darmanin, démission !
– NP : Pour des raisons de décence, les images des politiques en train de défiler avec les policiers ne sont pas diffusées à la télé mais sur Pornhub.
– OM : Tiens, mon envie de ne pas regarder TF1 et mon envie de ne pas regarder M6 viennent de fusionner.
– NP : Tellement hâte de voir les programmes qu’ils vont lancer ensemble pour contrer Netflix : « Danse avec les chefs », « Scènes de Joséphine » ou « L’amour est dans Miss France »…
– JT : Sinon j’avais une blague sur Michel Fourniret mais impossible de retrouver où je l’ai enterrée.
– CC : Yann Moix continue à préférer les femmes de 25 ans de moins que lui. Aucun problème : de mon côté, je persiste bien à préférer les hommes gentils, drôles et intelligents.
– LM : Les barmen en ce moment : « non la pinte a toujours été à 14 euros dans notre établissement, vous avez dû oublier »
– OB : Vous croyez que notre maillot de bain va nous reconnaître après six mois de confinement ?
– OVH : Tu cherches désespérément tes somnifères ? Un tuyau infaillible : la boîte est tombée derrière les wawas.
– OK : La tête du cafetier quand, en terrasse, j’ai commandé un demi Pfizer.
– LS : Gérald Darmanin va participer à la manifestation des policiers prévue ce mercredi. « Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, en tant que dégueul… que délégué de la ligue anti-alcoolique, je me défil… je défilerai marcreudi contre moi-même. »
– NP : — Je te parie que dans une semaine les parisiens se reconfinent et qu’il n’y a plus personne en terrasse. — À cause du COVID ?  —  Non à cause du prix des consommations en terrasse ! Il va vite falloir choisir entre sortir et manger.
– PI : Manifestation des policiers : Gérald Darmanin se joindra à la mobilisation organisée ce mercredi. Le sketch du patron qui manifeste pour l’augmentation et la protection de ses salariés. C’est un stand-up, ce quinquennat.
– LS : Selon Nicolas Sarkozy et François Coppé, aucun membre de l’UMP était au courant des surfacturations de Bygmalion. « Nous pensons que c’est une mauvaise blague faite par un livreur de pizza, nous ne voyons pas d’autre explication. »
– ES : Si un jour on m’avait dit qu’un mec avec l’accent du sud me dirait quand j’ai le droit de sortir de chez moi, de voir mes amis, ma famille ou simplement d’aller faire des courses, j’aurais tout de suite imaginé être prisonnière du chef d’un gang toulousain. Pas citoyenne française majeure et presque vaccinée. Castex girl.
– MZ : Je fais partie des personnes de moins de 55 ans ayant survécu à une injection d’AstraZeneca. Retrouvez mon histoire dans un livre à paraître prochainement au prix de 16,90 euros.
– LD : C’est le 21ème jour de la 21ème semaine de la 21ème année du 21ème siècle.
– JB : Forte augmentation du nombre de cas contacts de gueules de bois.
– OV : Dans la série, je refuse de parler plouc : « Bonjour Monsieur le cafetier sur la terrasse duquel je viens me geler les miches pour vous faire retrouver un peu d’espoir, pourrais-je avoir un Spritz s’il vous plaît, sans glaçon ? » et qu’on me répond : « Ça marche ou pas de souci » au lieu de : « Certainement, Madame, je vous apporte ça tout de suite », j’ai une sorte de haut le coeur. Et si, lorsqu’on me sert un plat accompagné d’un tonitruant : « Bonne fin d’appétit », je vomis mon quatre heures, séance tenante. S’il y en a que ça tente …
– GDV* : Afin de rassurer les conducteurs hésitants, nous vous confirmons que les clignotants ne contiennent ni lactose, ni gluten, ni huile de palme et ne sont pas alcoolisés. Vous pouvez donc les consommer sans modération . Si ça c’est pas une bonne nouvelle ! (* Gendarmerie des Vosges)
– BS : Je soussigné : Moi-Même, certifie sur l’honneur que je ne diffuserai pas de photo, ni de ma première injection, ni de ma première terrasse, ni de ma première séance de cinéma, ni de mon premier musée, ni sur Facebook, ni sur Instagram. A la limite je m’auto-autorise à poster mes pieds au bord d’une piscine cet été, mais uniquement si ceux-ci sont masqués et à plus de 10 kms. Bisous les loulous et vivement demain.

MERCI À VOUS « : »  QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Le génial frappadingue d'Hérouville.


Dans les années 70, Michel Magne a créé, dans son chateau d’Hérouville, un somptueux studio d’enregistrement où les plus grands de la pop et du rock sont venus en résidence pour y graver d’inoubliables œuvres.
Mais qui est Michel Magne ? C’est un créateur génial, excessif, exubérant qui a commencé, dans les années cinquante, par composer des opéras expérimentaux et a été le premier a monter un ensemble de musique électronique. Il devient pote avec les plus en vue, Jacques Prévert, Vian avec qui il bosse, entre autres. Ses œuvres sont jouées dans des salles mythiques mais font scandales tellement c’est parfois inaudible. Il lui arrive de diriger son orchestre suspendu, la tête en bas (il est acrobate, aussi). Son talent va l’amener à composer des musiques de films — plus d’une centaine – dans les années soixante avec les plus grands (Magne vient du latin Magnus qui veut dire le plus grand) Gavras, Verneuil, Yanne… le cultissime Tontons flingueurs, c’est lui.
Avec l’argent pas dépensé (parce qu’il investit presque tout dans de grandioses fêtes) il achète le Château d’Hérouville dans l’Oise où il installe son premier studio, l’endroit où il rassemble tout. Il travaille comme une bête parce qu’il adore ça, fait la fête la nuit, bosse le jour et bouffe des pilules pour se tenir en forme.
Hélas en 1969, on ne saura jamais pourquoi, la partie du château où se trouve son studio flambe complètement. Ses bandes, ses partitions, ses disques, ses notes, ses archives, tout part en fumée. Il n’existe pas de sauvegarde à cette époque. Il a tout perdu, il est démoli. Peu à peu, comme il gagne de l’argent, il le réinvestit dans ce beau lieu et crée ce fameux complexe de résidence pour artistes qui viennent y concocter leurs albums. Il aménage de nombreuses chambres tout confort, prend un super cuisinier, monte une cave de luxe, fait construire une piscine et que la fête commence ! Pink Flyod, Bee-Gees, Grateful Dead, Higelin (qui vivra dans la bergerie par la suite), Elton John, Bowie, et beaucoup de groupe Français s’y donneront à cœur joie parce que les studios ont réellement le matos de pointe, et que surtout, travailler plus faire la fête au même endroit, quoi de mieux ?

Il épouse le jeune fille qui était venue comme fille au pair pour ses deux gamins, ils ont un garçon, c’est formidable cette vie de dingue. Formidable mais ruineux. Magne n’est pas gestionnaire. Acculé par les dettes, il confie la gestion du château à un pro qui hélas, serre la vis au maximum. Ça ne marchera pas, les artistes sont frustrés, la récré est finie, les dettes sont trop énormes, le château est mis en vente, ses droits d’auteur sont saisis. Comme il n’a plus rien à lui, il prend les milliers de bandes magnétiques pour les tisser, composer d’étonnantes œuvres plastiques qu’il expose.
Une descente aux enfers qu’il endure comme il peut. Mal. Beaucoup des gens sur qui il comptait lui tournent le dos, et bien qu’il travaille encore, il sombre dans la mélancolie. Il devient invivable, sa femme s’éloigne, bref, tout s’écroule autour de lui, il n’a plus de jus pour renaître une troisième fois. Alors il se suicide. Il a 54 ans. La légende, elle, restera inscrite dans la grande histoire de la pop et ses musiques continueront à tourner. Michel Magne est devenu un mythe.
Les amours d’Hérouville est un splendide roman graphique, riche, dense, un collage palpitant où, parmi les planches de BD, s’intercalent de nombreuses photos de l’époque, articles de journaux, bouts de partoches, témoignages… Récemment, à l’occasion de cet album, sa femme est revenue sur les lieux abandonnés. Elle envisagea d’exposer tout ce qui prolonge la mémoire de ce génie incroyable. Petite vidéo ici.

Les amours d’Hérouville, une histoire vraie, de Yann le Quellec et Romain Ronzeau. 2020 aux éditions Delcourt. 256 pages,

Grandeur et décadence d'un prince

Robert Goolrick dont j’ai adoré Féroces (voir ici) nous raconte ici, dans Ainsi passe la gloire du monde (sic transit gloria mundi), la fin de sa vie, une vraie ruine, une déchéance totale. Après une vie de patachon où il était le prince des nuits, le roi des festivités, l’homme que femmes et hommes s’arrachaient, il se retrouve laminé, dans un cabanon sommaire, perclus de douleur, addict aux médocs, avec son amour de chien et se perd dans le dédale de ses souvenirs les plus fous. Rooney, le double de l’auteur, nous entraîne dans une profonde et douloureuse nostalgie avec un brio étonnant. Rien de ce qu’il écrit n’est inventé, tout a été vécu par lui ou ses proche, dit-il dans un article, et il fait bien de nous en avertir car il a passé des moments insensés avec des personnages incroyables.
Le pire et le nœud du livre, c’est sa haine pour Trump, face de citrouille et autres comparaisons orangeasses, et ce qu’il fait de son cher pays. Sa vulgarité, son absence de savoir-vivre et de la moindre culture, fric et sexe étant ses seuls obsessions. Rooney relate une soirée avec lui, avant qu’il soit élu. C’est Trump qui l’a invité et celui-ci ne s’attendait pas à de telles grossièretés d’un homme pété de fric, avec ses deux petites vierges issues d’un trafic connu des puissants, relookées, pomponnées, envisonnées, bijoutées pour faire joli, puis le mépris de Trump pour les serveurs qu’il humilie rien que pour montrer comme il est dominant. Edifiant.
Dans cet ouvrage à l’écriture brillantissime, il revient sur ses parents, riches bourgeois alcoolos (voir Féroces) qui lui ont volé son enfance et sa vie même, par le viol de son père sous les yeux de sa mère quand il était tout petit. Il s’en confesse à un curé qui, bouleversé, lui conseille d’aller détruire le lit du crime, ce qu’il fera, enfouissant les restes maudits dans la forêt puis se saoulant avec le fond de whisky de son père, mort depuis longtemps.
Il se souvient sans trêve de ses amours, sa femme qu’il aime toujours bien qu’elle l’ait quitté lorsqu’il a perdu son job si rémunérateur, et tous les garçons et les femmes qu’il a adorés, les soirées insensées de ces années-là… Sa femme de ménage amidonnait et repassait ses caleçons et il était fier de penser qu’à 27 ans, il faisait face à des pontes qui portaient des caleçons froissés. Il repense à l’hôtel, un palace, auquel il a confié des verres en cristal à utiliser à chacun de ses passage, les limousines qui attendent, tout ce qu’il a consommé de plus luxueux. Un aller et retour dans l’avion privé pour déguster des shoot à l’huître à L.A., son portrait par Mapplethorpe… Et, à côté de ces rêves enfuis, les massacres des gosses dans les écoles, les petits Mexicains que Trump enferme, le pays qui fout le camp, qui ne ressemble plus à rien.
A la fin, un de ses meilleurs amis meurt, un ami qui a tout prévu pour non seulement de grandioses fêtes de funérailles tous frais payés pour les participants dans les plus grands hôtels, avions, chauffeurs, mais cadeaux insensés aux invités. En particulier pour Rooney qui figure en bonne place sur le testament. Ah, enfin, il va pouvoir remonter la pente. Mais est-ce réel, est-ce que les médocs ne lui font pas tourner la tête ? Ne vaudrait-il pas mieux mettre fin à tout, en finir avec ce pays qui a élu un orange à sa tête, mettre un terme à ses souffrance indicibles et partir avec son chien chéri vers d’autres cieux ? Âpre et déchirant, pour ne pas dire bouleversant.

Ainsi passe la gloire du monde de Robert Goolrick (titre original : Prisoner) 2019. Chez 10/18. Traduit par Marie de Prémonville. 192 pages

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #547

Une tuerie, ces Fessebouqueries de la semaine ! Jugez-en : des tueurs, des tueurs, encore des tueurs ! Y en a un qui vient de claquer, gentiment, aux bons soins de nos services palliatifs. Y en un qui vient de se rendre comme on se vomit, dont on ne connaît pas encore grand chose à l’heure ou je tente ces lignes.  Y en a un qui confine tous frais payés par l’état et l’état c’est moi (aussi), qui vient de se prendre 20 ans. Et puis y en a un que celui qui va mettre la main dessus on pourra dire qu’il a gagné le cocotier. Ou le caquetier, avec ce que ça va générer de blablas dans les médias. Ah mais c’est pas tout. Y en a un, on l’appelle le branleur de la république, qui a contribué un chouïa à tuer nos valeurs (et qui vous a bien inspirés, petits rigolos… dès qu’on parle de sexe, hein !), et un, surtout, qui tue encore et encore, qu’on croyait que c’était une femelle et que non, c’est un mâle a dit le dico, c’est LE covid. On reste terrassé par cette avalanche de vilenies avant que de se faire une terrasse tout bientôt dans le vent et la tempête de ce beau printemps capricieux. Oualà. Bon, c’est pas tout, c’est encore week-end férié, on a la route de retour à se taper mais que ne ferait-on pour un grand bol d’air ! Courage, on y est presque !

– NP : L’auteur présumé du double meurtre des Cévennes s’est rendu. Xavier Dupont De Ligonnès garde donc la tête du championnat de France de cache-cache.
– BK : On peut faire beaucoup de reproches à la France dans cette gestion de crise Covid. Mais que ce soit pour se faire tester ou se faire vacciner, à aucun moment on ne te demande ta carte bancaire. Rien que pour ça, merci !
– MA : Les infirmières qui doivent aller dans la chambre de Michel Fourniret pour tenter de le soigner, ça doit être bizarre quand même …
– MK : J’ai dans l’idée que l’ensemble des médias va nous fournir en Fourniret…
– PO : Michel Fourniret est mort, sa femme déclare qu’elle sait où il est enterré.
– SG : Ca me fait doucement rigoler, les posts du genre « tu sais que tu es vieux quand tu te souviens des prénoms de tous les acteurs de Friends ». En vrai, tu sais que tu es vieux quand le matin, tu cherches tes lunettes pour trouver tes dents.
– BR : Vous aurez le droit d’aller boire en terrasse. Mais pas d’aller aux toilettes !
– PV : Cyril Hanouna invite le fils de Fourniret et espère des anecdotes bien croustillantes, mêlant rires, humour et émotion, pour le grand bonheur de ses adeptes.
– DA : On peut se fournir en matériel de bricolage chez Leroy Merlin partout en France, sauf en Bretagne où il faut se rendre chez Nolwenn Leroy Merlin.
– YP : A un militant RN, catholique intégriste :  ton Christ est juif, ta pizza est italienne, ton café est brésilien ou colombien, ta voiture est japonaise, ton écriture est latine, tes vacances en Turquie, tes chiffres sont arabes et… tu reproche à ton voisin d’être un étranger.
– MD : Ouverture des terrasses des restaurants mais interdiction d’aller aux toilettes ! Ils vont nous faire chier jusqu’aux chiottes !
– OM : Ça fait un an qu’on porte des masques, je pense que pour boire un coup en terrasse, on est tous prêts à porter des couches…
– MK : Avec Blanquer, la société avance : « La taille de la médaille du grade de chevalier des palmes académiques est portée à 35 mm au lieu de 30. La taille du ruban est, quant à elle, portée à 37 mm au lieu de 11 pour les chevaliers et 22 mm pour les officiers ». Pour être ministre de l’éducation nationale, il faut faire combien en taille de slip ?
– EM : Le 1er juillet, l’allocation chômage d’une personne anciennement au SMIC passera de 985€ à 667€. Selon Emmanuelle Borne, le pouvoir LREM fait du social. Selon Luc ferry, il est impossible de vivre avec seulement 3000 € par mois. Le macronistan, 1er pays consommateur de vaseline.
– PA : J’ai fait un cauchemar cette nuit. Les bars rouvraient et on y rentrait par ordre alphabétique… et j’étais Zinedine Zidane.
– SF : Heureusement qu’il a commis d’autres meurtres, Nordahl Lelandais, sinon dans quatorze ans, il était dehors avec les félicitations du jury.
– OVH : Condamné hier, Fourniret a été exécuté aujourd’hui. Parfois la mort se donne de la peine.
– LH : Nous avons eu une Boutin toute en croix, une LREM voilée : à quand un candidat avec la kippa dans un pays laïque ?
– EN : « Benjamin Griveaux quitte son mandat de député « . C’est une contrepèterie ?
– OB : Quand on parle de la vaccination pour tous, j’imagine le vaccin qui se balade en mocassins à glands avec une pancarte « Un papa, une maman ». Je vous demande de vous arrêter.
– LJ : —  Monsieur Griveaux, pourquoi quittez-vous la politique ?  —  Parce-queue …
– PB : Donc Benjamin Griveaux se barre tranquilou de la députation et s’en va créer un cabinet de conseil en stratégie dédié aux dirigeants d’entreprises. Croyez-vous qu’il y aura la queue pour y entrer ?
– DSF : On dit que Griveaux exercera principalement en visioconférence.
– OM :   Benjamin Griveaux arrête la politique. Apparemment ça ne le fait plus bander.
– FT : Quitter un mandat de branleur pour rejoindre un métier de branleur, c’est la vie de la classe dominante : ne rien foutre de son existence, jamais, et vivre en traitant les travailleurs de feignants qui devraient en faire plus pour moins cher. La droite, quoi.
– LM : Est-ce qu’on peut dire que Griveaux part la queue entre les jambes ?
– DC : Griveaux arrête la politique. Il s’est trouvé une nouvelle bite d’amarrage.
– FC : S’il suffit de voir la bite d’un homme politique pour qu’il arrête la politique et fasse autre chose, je suis prêt à voir celle de Manuel Valls
– FC : « J’allais pas rester à rien branler. » (Griveaux)
– TC : Quand tu repars à zéro avec ta bite et ton couteau.
– RR : Mes cuisses ne peuvent pas accueillir toute la cellulite du monde et ne veulent même pas prendre leur part de cette misère.
– OM : J’ai vu l’effet de la réouverture des terrasses en Israël. Pas convaincu…
– NP : – Papa, c’est quoi un travailleur essentiel ? —  Facile, un travailleur essentiel c’est quelqu’un à qui on demande de travailler pendant les jours fériés. Si son travail n’était pas essentiel, il pourrait rester chez lui à se reposer comme les autres.
– LS : Si ça se trouve Emmanuel Macron entrera dans l’histoire comme le président qui a amené les militaires à faire un coup d’Etat, alors que c’est quand même le premier chef d’état qui a épousé sa prof de français.
– JB : Moi l’ouverture des terrasses, ça me rappelle la sombre histoire Dupont de Ligonnès.
– RR : J’ai l’étrange et terrible sensation que l’été sera indien.
– OM : Il fait un temps à pas mettre un anti-vax dedans.
– BI : Ca fait trois jours qu’un mec armé jusqu’aux dents a abattu froidement son patron et son collègue avant de se cacher dans les Cévennes et on nous a toujours pas annoncé une loi en réaction. Franchement les temps changent, dites donc.
– AS : L’auteur des meurtres des Cévennes s’est rendu. « Petit joueur » a déclaré Xavier Dupont de Ligonnes.
– PA : A la place d’utiliser nos mains pour faire des cœurs, on ferait mieux d’utiliser nos cœurs pour faire demain.
– BR : N’oubliez jamais qu’Hitler était végétarien !
– NMB : Je ne dis pas que les deux événements sont liés, je dis juste que plus les gens se font vacciner, et plus il pleut.

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Le malheur des épouses

Les Impatientes de Djaïli Amamdou Amal a reçu, entre autres récompenses, le prix Goncourt des lycéens 2020, c’est un très bon baromètre qui révèle toujours d’excellents ouvrages. C’est le cas ici avec ce roman, sorte de document qui décrit le malheur de beaucoup de femmes du Sahel, élevées dans la tradition du respect absolu de l’homme, qu’il soit époux, oncle ou père. Une fille ne décide de rien. Si un de ses oncles a besoin de s’allier à une famille de commerçants pour faire ses affaires, il donne sa nièce à l’homme qui la réclame. Peu importe l’âge, le physique, la moralité de l’homme, la jeune fille lui doit obéissance quoiqu’il arrive. Ici, la polygamie y est banale, les familles sont sans cesse ramifiées par l’arrivée de co-épouses jeunes qui vont elles aussi procréer. De ce fait, les enfants ont des dizaines de cousins et cousines qu’ils peuvent épouser.
Dans ce livre, l’autrice qui fut mariée de force à 17 ans, répudiée et remariée, sait de quoi elle parle. Dans le livre de fiction, elle conte le sort de trois femmes proches.
Ramla a dix-sept ans, elle est amoureuse d’un ami de son frère et c’est réciproque, ils savent qu’ils vivront ensemble. Sa famille est d’accord. Mais voilà qu’un riche négociant, monogame convaincu et marié, est tombé fou amoureux d’elle en la voyant et l’a demandé en mariage. C’est un tellement beau parti qu’il serait fou de le refuser. Mais l’homme de cinquante ans, aussi riche soit-il, dégoûte la jeune fille. Elle sera cependant obligée de se soumettre et d’entrer dans la vie de cet homme en qualité de seconde épouse.
Ça se passera très mal avec la première épouse, Safira, qui a vécu confortablement une vingtaine d’année avec cet homme aimant qui a su la couvrir de cadeaux et l’emmener parfois en voyage. Safira ne supporte pas l’idée d’être supplantée dans le cœur de son époux, ne tolère pas que ses enfants, dont la fille aînée est plus âgée que Ramla, puissent un jour être spoliés de l’héritage à cause d’autres enfants. Elle est tellement malheureuse qu’elle en devient haineuse, cruelle, et fera tout pour éliminer la rivale. On découvre ici l’importance des marabouts et des remèdes magiques, des sorts jetés aux ennemis, de tout ce qui se trame pour obtenir ce qu’on veut.
La troisième,Hindou, est la demi-sœur de Ramla, elle aussi était amoureuse d’un garçon de son âge quand son oncle et son père l’ont poussée de force dans les bras du cousin le plus toxique de la famille. Il est jeune mais c’est un voyou qui fume, boit, se drogue et passe toutes ses nuits dehors. Incapable de travailler, rebelle et violent. Le mariage a lieu en même temps que celui de Ramla. La première nuit, la nuit de noce, est une épreuve terrible pour la jeune fille. Comme elle avait refusé ses avances, il se venge cruellement, il la frappe, la violente, la viole, la dézingue. Dans cette société, personne de lui sera d’aucun secours car ça ne se fait pas de se refuser à son mari. Elle a semé la honte en criant toute la nuit et ses blessures qui la contraignent à aller à l’hôpital n’émeuvent personne. Comme toutes les femmes musulmanes, elle doit faire preuve de patience. Patience est le conseil le plus courant qu’on leur assène au moindre problème comme au plus grave. Elle ne s’y fera pas, sera de plus malheureuse, son mari l’humiliera et continuera à la maltraiter, à tel point que sa grossesse et son bébé ne lui seront d’aucun réconfort. Elle sombre dans la léthargie.
Très émouvantes descriptions et analyses de ces vies de soumission vécues par des êtres qu’on infériorise, sans aucun droit sauf celui de la fermer. Si je puis dire.

Les Impatientes de Djaïli Amamdou Amal, 2020 aux éditions Emmanuelle Collas. 250 pages, 17 €.

Texte © dominique cozette

 

Les Fessebouqueries #546

Cette semaine, les contes de fées sont venus égayer notre quotidien. Mais faudrait pas confondre Blanche Gardin, Blanche-Neige et les sept mains avec la Belle au Bois Dormant. C’est elle qu’un prince sans gêne est venu réveiller pour assouvir un désir typiquement masculin. Mais c’était courageux, elle ne s’était pas lavé les dents pendant cent ans ! En ce qui concerne feu le prince Chichi, il n’avait peur de rien, sûrement pas des déculottées ! Des fées, oui, mais sans baguette magique puisque Luc Ferry est devenu pauvre, Castex est devenu pénible, ah non, il l’était déjà, les terrasses et le cannabis sont toujours interdits, Napoléon fait poller Mickey, Dupont-Moretti ne se sent plus, et une fusée chinoise menace de nous briser l’os qui pue. Plus le mauvais temps. Arghhh ! Tout ça ne nous empêchera pas de passer un fort joyeux week-end faussement férié. Tchin, dear friends !

– BR : Chirac n’a jamais voulu commémorer Napoléon. Il préférait les culottes de Madonna.
– NP : Je ne dis pas que les contes de fées ont une mauvaise influence sur les enfants, je dis juste qu’ils te font croire que si tu es un vieux célibataire simplet qui vit avec ses 6 frères, un jour une belle princesse va emménager chez vous pour faire le ménage et la vaisselle.
– DM : Hier devant un centre de vaccination, les gens ont dû crier leur IMC devant la porte et le personnel de vaccination a choisi les plus élevés. Devant tout le monde. Tout va bien. Non.
– OB : Sérieusement, Cyril Hanouna me fait penser au bouffon du roi qui copine avec le pouvoir en croyant en avoir et avec lequel le pouvoir copine en croyant que ça le rapprochera du peuple alors que ça l’en éloigne encore plus. J’en peux plus de cette époque.
– CCR : Je viens de voir passer, sur le bon coin, un autographe de Denise Fabre pour 9 €. Je trouvais important de vous faire part de cette information.
– OM : Logiquement, avec le ruissellement, à cette heure là on devrait tous avoir des branchies.
– PA : Une légende raconte qu’un jour, un enfant est venu à table après n’avoir été appelé qu’une seule fois.
– RR : Maintenant que débute le déconfinement, je vais demander à mes kilos superflus de sortir également, dans le calme, et de ne plus jamais revenir, même avec une attestation.
– JM : Si t’as l’impression d’avoir trop de boulot aujourd’hui, pense au notaire qui va s’occuper du divorce de Bill Gates
– GD : Et dire qu’on ne peut même pas profiter de ce sinistre temps glacial pour se mettre en terrasse sous un énergivore chauffage au gaz, à siroter un kir trop sucré et grignoter des cacahuètes salées comme la mer du Nord.
– YC : C’est moi où on a vraiment du mal en France à dire ouvertement que Napoléon était un dictateur ?
– NMB : Je n’ai jamais compris comment on peut boire un café allongé. Moi à chaque fois, j’en fous plein le canapé.
– SN : « Pour les besoins du film, j’ai perdu 27cm » : Jean Dujardin amputé des tibias pour le tournage de « Presidents »
– NP : Vous avez remarqué vous aussi que la plupart des gamins dont les parents disent qu’ils sont à Haut Potentiel Intellectuel sont en fait juste à Haut Potentiel de Casse-Couilles ?
– NP : D’après certaines sources, Bill Gates aurait décidé de divorcer après avoir surpris sa femme au lit avec un iPhone
– ES : Il est gentil Al-Sissi d’acheter 30 nouveaux Rafale pour faire redémarrer l’industrie française. Il a vraiment Le Caire sur la main.
– RR : Avec 3000 euros, je n’arrive évidemment pas à vivre ! » : Luc Ferry .  J’ai failli pleurer. De rire.
– OK : C’est quoi la polémique de merde avec Luc Ferry ? Il a essayé d’embrasser Blanche Neige ? En même temps « Luc Ferry » et « polémique de merde » dans le même tweet… C’est un peu redondant. Désolé.
– PP : Comment appelle t’on la femelle du gnou ? La rtule.
– ET : 119,9 millions de dollars, soit 91 millions d’euros pour la vente d’un des tableaux « Le cri » de Munch. J’ai toujours su que ça rapportait de gueuler .
– CC : Monsieur Benalla, dit le catcheur du mois de mai, sera l’hôte de la Justice du 13 septembre au 1er octobre pour exercice de boxe illégale sur passants sans soucis. Il sera aussi jugé pour l’utilisation frauduleuse de passeports diplomatiques délivrés par le St Esprit via Le Parisien.
– PA : Le corps humain grandit jusqu’à 20 ans, sauf le ventre et les fesses qui font comme ils veulent.
– PR : T’en veut combien des rafales ? Vingt ? Allez, on en met trente pour faire bon poids. Et on met le petit crédit qui va bien. Bon, en échange on se partage la Libye, le pétrole et l’air chaud du désert qui souffle la nuit sur les dunes. Dacodac ?
– ES : Quand, à la pharmacie t’as deux caisses, à droite une nana avec un herpès labial virulent, à gauche un mec qui tousse et qui veut un rendez-vous pour se faire dépister. Et que t’es là, avec ton masque hydratant dans la main à te demander s’il vaut mieux chopper le covid, une MST ou des ridules d’expression. Que tu sais pas, que tu hésites, que les caisses se libèrent et que tu as envie de pleurer en appelant Jean Castex.
– BA : Quelqu’un peut rappeler à Luc Ferry qui dit ne pas pouvoir vivre avec 3000 euros de retraite : 1- Que la retraite moyenne pour une femme est de 850 euros en France. 2- Qu’il a soutenu comme Ministre la réforme Woerth qui dézinguait nos retraites en 2010. 3- Qu’il ferme sa gueule.
– EL : — Macron : Je suis pas pour lever les brevets —  Biden : Moi si. —  M : Ah non, mais en vrai je suis pour aussi haha. —  Biden : poisson d’avril,  je déconnais ! — Macron : LOL, non mais pareil je blaguais ! — Biden : Je déconne… Je suis vraiment pour. — Macron : haha, t’es con, mais moi aussi en fait !
– QR : Je n’aime pas qu’on dise que je suis un « artiste underground ». Je suis tout simplement un artiste inconnu.
– GP : Dupont-Moretti a réglé tous les problèmes de la justice française, il va donc se présenter dans les Hauts-de-France. Je rêve !
– DC : Pas d’union de la gauche encore cette fois. A ce concours de bites, c’est une vulve qui l’emportera !
– MC : Faut vraiment que je change ma TV, elle déconne à plein tube : j’ai des fachos sur toutes les chaines !
– NP : Les États-Unis ont fait la guerre à la drogue pendant 40 ans..Ils ont perdu. Et ils sont en train de légaliser le cannabis, état après état… Mais évidemment, nous on va réussir. Parce que c’est notre projet….
– RR : Si ça se trouve, demain matin on va se réveiller en apprenant que Biden a mis en place un SMIC mensuel de 3000 $.
– OB : Je viens de découvrir la fausse polémique sur Blanche neige. Et sinon, Boucle d’or qui s’introduit chez une famille ours, se sert dans le placard, puis se tape sa meilleure sieste dans leur lit, ça ne choque personne ?
– JT : Être vacciné, c’est aussi devoir le cacher à son entourage pour ne pas refaire la bise.
– RR : Je vous souhaite une nuit aussi silencieuse qu’un colloque des LR.
– DA : Mes parents très droite-catho n’ont jamais été fans de me savoir en couple avec un mec. Ma mère me sachant bisexuel a eu l’air contente au téléphone de mon énigmatique « Y’a du changement tu verras ». Elle devrait être ravie de savoir que je fréquente toujours un homme, mais noir.
– JT : Doucement, svp, avec les vaccinations, il ne faudrait pas qu’on reprenne une vie normale avant l’annulation de la kermesse de l’école de nos gosses.
– DC : Chute d’une fusée: un danger « extrêmement faible » pour la Terre, assure la Chine. Un « pétard mouillé » quoi. Comme la grippette.
– TC : On n’a pas fait exprès pour le virus… On n’a pas fait exprès pour la fusée… Les Chinois sont en train d’inventer la « Oups War »… Quoi, on a envahi votre pays ? Oups désolé…
– JB : Si Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson et AstraZeneca s’allient dans l’entre-deux tours de vaccination, je pense qu’il y a moyen de faire barrage au coronavirus.
– BR : Le monde serait meilleur si la bière gonflait les seins au lieu du ventre

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Quand le corps se souvient.

Oui, c’est le corps qui garde en lui l’histoire de tout ce que nous sommes, même bien avant la conception. Disons le secret de famille. Le corps n’oublie rien, jamais, ou alors il se mutile, pour survivre. Dans ce formidable livre l’Empreinte, Alex Marzano-Lesnevich pose des questions qui vont très loin. C’est un récit qu’elle mène sur deux fronts : celui de la justice et de son combat contre la peine de mort, via l’histoire de Rick, pédophile assumé — il a toujours demandé des soins, jamais été entendu — qui a tué son petit voisin, Jeremy, six ans, blondinet, vivant seul avec sa mère. Et celui de sa propre histoire qui y trouve une résonance obsédante puisqu’elle même fut victime d’un pédophile, son propre grand-père, qui a abusé d’elle de longues années, mais dont la mère n’a rien fait d’autre quand elle l’a su que d’éviter que le grand-père reste dormir chez eux la nuit. Omerta complète. Même auprès de sa soeur, plus tard, violée elle aussi.
Ceci posé, c’est beaucoup plus complexe que ça. Alex Marzano-Lesnevich est d’abord étudiante en droit puis stagiaire dans un cabinet d’avocats et c’est alors qu’elle prend connaissance du dossier. Un dossier de plusieurs milliers de pages, de renvois vers des tas d’articles, de vidéos de procès ou d’aveux ou de témoignages. Là, devant l’assassin du petit garçon dont on ne saura pas s’il l’a abuser avant ou après le le crime, devant l’attitude de ce Rick qui va jusqu’à proposer du café aux équipes qui organisent des battues pour retrouver l’enfant alors que son corps est caché dans le placard de sa chambre que la police a déjà visitée (!), la jeune femme va trouver qu’il mérite bien la peine de mort à laquelle il est d’abord condamné. Elle n’en revient pas d’avoir changé d’opinion. Il lui faut comprendre pourquoi. Lui est dans le couloir de la mort.
Tout va peu à peu changer. Déjà quand elle voit que la propre mère du petit répugne à ce qu’on condamne cet homme à mort. Puis quand elle semble connaître un peu plus le criminel, le comprendre, lui qui a tellement cherché à ce qu’on le soigne, ou qu’on le tue. Sur des aveux qui changent souvent, on se demande parfois s’il n’a pas tué l’enfant pour ne pas à avoir à le maltraiter… Cela va durer des années. Il va y avoir un deuxième procès où la peine sera commuée en perpétuité, puis un troisième. Le passé du jeune homme est démonté : il est né d’une femme gravement accidentée, les hanches pulvérisées, hospitalisée, enfermée dans un corset de plâtre qu’il a fallu ouvrir pour que le ventre pousse car elle voulait garder ce bébé : victime d’un accident qui lui avait volé une fillette et surtout son petit garçon chéri, Oscar, décapité. Elle a été maintenue dans le coma puis assommée de puissants médicaments incompatibles avec une grossesse. Mais il semble normal à la naissance. Cependant, la tête d’Oscar , le petit frère, est récurrent dans ses rêves, toujours, alors que les parents ont gardé le silence et que nul n’en parle jamais.
Ce qui ébranle forcément l’autrice, victime elle aussi de douloureuses résurgences gravées dans le mémoire de son corps.
Ce livre est tellement riche et subtil qu’il est difficile de le réduire à ces quelques lignes. Il est passionnant, il ouvre des portes que j’ignorais, nous emmène dans d’autres champs de réflexion, c’est un puits presque sans fond dans lequel on est aspiré. Si elle-même semble (semble seulement) être apaisée par ce qu’elle a appris sur elle-même et sa famille, si ses lésions physiques et ses blessures mentales se sont partiellement endormies, le livre s’achève alors que tout n’a pas été dit du côté de l’accusé, la préméditation, le viol ou pas, un autre ADN que le sien sur la bouche de l’enfant, etc. Il est encore en prison, occupé à se rendre utile car il adore travailler, ça l’éloigne de toutes ses mauvaises tentations. Ce qui est troublant, c’est qu’on s’intéresse avec empathie au sort de cet homme. Il a maintenant la cinquantaine, elle finit par le rencontrer : le récit s’arrête.
(NB : Le titre originel est plus fort que l’empreinte : «  the fact of a body », « la preuve par le corps ».)

L’empreinte d’Alex Marzano-Lesnevich, 2017. Traduit par Héloïse Esquié. Aux éditions 10/18. 456 pages. Couronné de nombreux prix.

Texte © dominique cozette

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