Les Fessebouqueries #650

Tandis que certains se frottent les mains — je parle des fabricants de bombes, vous savez, celles qui ruissellent sur les peuples du monde — que d’autres petits farceurs lancent des alertes imbéciles, d’aucuns se réjouissent de pouvoir assoir leur renflement brun sur leur poney sellé vu que ça ne coûtera plus la peau des croupes ! Et disons-le tout net, on peut se féliciter d’avoir une première ministre qui s’applique à ce que son chiffre fétiche n’augmente pas. Il est et restera le 49,3. Sinon, peu de grévistes de X, alias Twitter, vendredi, le Muské peut poursuivre son petit bonhomme de chemin mais gaffe aux joueurs de pétanque poivrots qui risquent de le confondre avec leur cochonnet. Tchin à eux donc et à nous, zut alors !

  • NMB : — Bon sinon, vous avez fait quoi pendant ma tournée au Proche-Orient ? — Ben moi, comme d’habitude, un petit 49.3 — Et moi j’ai réduit la TVA sur les cours de poneys…
  • PI : Après, est-on bien sûr que les poneys ne vont pas s’acheter des écrans plats avec ce cadeau fiscal ?
  • RP : « Paris 2024 : les étudiants dont le logement est réquisitionné pour les JO recevront 100 euros et deux places pour des épreuves olympiques ». C’est gagnant-gagnant parce que si les étudiants revendent leurs places pour la demi-finale d’aviron, ils peuvent s’offrir un T3 rue de Rivoli.
  • NMB : Macron : Je serai demain en Israël pour proposer des solutions simples et efficaces qui ont fait leur preuves : cent jours d’apaisement, quelques flyers et un numéro vert.
  • PAG : Il serait peut-être temps que tous les athées du monde se lèvent et manifestent pour que toutes les religions arrêtent de nous faire chier avec leurs conneries datées et dépassées, non ?
  • CV : Dans ce climat mondial épouvantable, j’essaie tant bien que mal de m’attacher aux jolies choses de la vie, aux petits moments qui valent le coup d’être vécus. Mais comment faire quand on a mis un collant qui descend tout seul ?
  • JPT : « Killers of the flower moon« , 3h36 : Scorcese prend nos vessies pour des citernes.
  • SA : « A 50 ans, Janet Jackson est enceinte pour la première fois ». C’est un peu vieux pour avoir un enfant, mais c’était plus prudent d’attendre la mort de son frère.
  • OK : Aucune alerte à la bombe au château de Versailles aujourd’hui. (C’est fermé le lundi).
  • CEMT : Elisabeth Borne : « Et en vertu de l’article 49 alinéa 3 de la constitution, j’ai décidé de dissoudre le Hamas. »
  • RP : Les grévistes de Twitter ne peuvent plus continuer à paralyser le pays.
  • PI : Y’a la queue aux restos du cœur, une grande partie de la population ne s’en sort plus et le Victor Hugo du trou de balle* fait quoi ? Il détaxe les poneys, mdr celle-là, on te la raconte y’a quelques années, jamais t’y crois. On vit vraiment une époque de débiles c’est dingue.
  • OM : « Proche-Orient : Christine Lagarde estime que le conflit pourrait « faire grimper à court terme » les prix de l’énergie ». On s’en fout, on peut faire du poney moins cher.
  • RP : Le cortège des grévistes de Twitter vient de partir de Linkedin à l’instant. Arrivée prévu sur Mastodon en fin de journée. Déjà quatre consultants en communication et deux fact-checkeurs e-borgnés…
  • RR : Tout plaquer et ouvrir un service de taxis-poneys-parisiens.
  • SA : Les arbitres des compétitions de pétanque se plaignent du trop grand nombre de joueurs alcoolisés. En même temps, la sobriété à la pétanque n’est-elle pas une forme de dopage ?
  • HD : Thème du jour-Demain à 1h du matin, il sera hier!!!
    *(vous avez tous reconnu le ministre qui écrit des beaux livres)

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Comment être veuve

On ne peut pas dire que ce livre de Joyce Carol Oates, Respire, soit d’une gaité folle. J’avais beaucoup aimé son roman Les Chutes, j’ai pris celui-ci chez mon libraire parmi les poches, je dois dire que le sujet, bien qu’universel, le fait de perdre son mari et de survivre sans lui, n’est pas des plus joyeux.
Gerard, le mari est invité au Nouveau-Mexique, pour une mission scientifique, avec elle bien sûr, pour plusieurs mois. Elle est enseignante. Hélas, à peine installé, il chope un virus ou autre chose que les médecins n’identifient pas assez vite et il s’enfonce peu à peu dans une agonie insurmontable.
Sa femme, qui a organisé un atelier d’écriture, est terriblement affectée par le déclin de celui qu’elle aime et qui est sensé la protéger de tout. Elle l’assiste constamment, dort avec lui à l’hôpital, l’enveloppe de ses bras pour l’empêcher de disparaître et l’enjoint de respirer.
Dans la première partie du livre, elle se remémore leurs joies, leur rencontre, leurs passions, leur vie. Parallèlement, elle en veut à beaucoup de cette situation dramatique, notamment aux petits dieux hopis qui décorent la maison, auxquels elle prête des pouvoirs sorciers. Elle lutte comme elle peut, elle en veut aussi à son mari mourant de partir, elle s’en veut à elle-même de ne pas avoir pu, ou eu le courage d’avaler des comprimés pour partir avec lui. Elle le garde contre lui et rien que pour elle, raconte aux proches et amis qu’il ne veut pas qu’on le voie ainsi, elle ne veut personne près de lui. Et il meurt.
La deuxième partie, qui est parfois longue, nous fait entrer dans son déni, sa folie, ses fantasmes insensés. Elle sait que Gerard est là, pas mort, qu’il la regarde. Elle confond des hommes avec lui, elle n’arrive à rien. Elle ne peut plus s’occuper des affaires courantes, même de la cérémonie, il n’y en aura pas, elle récupèrera juste l’urne et les restes de son amour. Elle ne sait que faire avec ça car ce n’est pas lui. Elle ne veut ni quitter cette maison prêtée avec son trop plein de vent brûlant, de soleil assassin, ni retourner chez eux dans le Massachusetts, elle ne pourra pas affronter cette demeure sans lui. Elle envisage différente forme de suicide car elle en est sûre, Gerard l’appelle et elle veut le rejoindre.
La seconde partie est redondante, la narratrice radote quelque peu mais c’est un effet du veuvage qu’elle tente de repousser, deux chapitres sont particulièrement fournis quand elle visite les endroits que Gerard avait décidé de voir… on n’est pas obligé de les lire en entier.
Très riche récit sur la douleur de la perte, ce livre lui a été inspiré par sa vie personnelle et la perte de son second époux — elle avait déjà écrit sur celle du premier — mais il est assez dur, un peu long bien que le temps soit la mesure du chagrin de cette femme.

Respire par Joyce Carol Oates, 2021, traduit par Claude Seban. 400 pages aux éditions Points.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #649

Bon alors, par quel drame humain commencer ? Mais quelle actu épouvantable, cette semaine, en plus Macron qui squatte la télé, nous empêchant de voir Demain nous appartient, mais pour qui qui s’prend, crotte ! Alors bien sûr, il faut continuer à vivre, à respirer, à conspuer BHL (ce verbe lui va si bien), à dire quelques conneries qui ne font ni avancer le débat ni reculer le début de la fin du débit de laideur mais la ménopause de cette dame qui photographie son radiateur n’est-elle pas finalement plus importante que tout le reste ? Je gage que non, mais on ne sait pas… Alors tchin-tchin dear friends.

  • NMB : J’évite au maximum de m’engueuler avec les gens, j’ai toujours peur de voir débouler Bernard-Henri Lévy avec son photographe en plein milieu de l’embrouille.
  • SA : Je crois qu’il serait temps de créer des cours d’empathie pour adultes.
  • NMB : J’ai demandé à mon patron s’il n’était pas plus prudent d’évacuer les bureaux plus tôt en cas d’alerte à la bombe, il m’a dit « c’est pas Versailles ici »
  • SA : Le problème quant tu regardes Ruquier sur BFMTV, c’est que t’as peur qu’il finisse par craquer et qu’il te sorte un « pierre qui roule n’Hamas pas mousse » en secouant les épaules.
  • PA : Les médias Français, tu leur retires l’islam et le voile, il ne leur reste plus que la météo. Et encore, ils seraient capables de dire que le ciel est voilé.
  • GP : Après les femmes afghanes, les Ukrainiens, les Arméniens, les familles des enseignants et maintenant les Juifs et les Palestiniens , j’ai l’impression que mon stock de compassion est en train de s’épuiser et ça me rends triste.
  • AP : Je ne comprends pas pourquoi rêver de Koh Lanta alors qu’il suffit d’un changement RER A- RER B à Châtelet pour connaître le grand frisson.
  • FC : Je ne connais pas très bien le rugby mais si je comprends bien, c’est un sport de gentleman et de fairplay où quand la France perd c’est de la faute de l’arbitre.
  • LO : Ça me rassure tellement de savoir que si je me fais buter dans mon établissement, on allumera des lumières de couleur au rectorat, si vous saviez.
  • DT : EELV a lancé sa mue en « Les Ecologistes ». Ce n’est pas parce qu’on change le bocal que ça change les cornichons.
  • PA : C’est l’histoire d’un mec tellement malchanceux en amour, qu’un jour, à la montagne, il a crié « Je t’aime ! » et l’écho lui a répondu « Je préfère qu’on reste amis ».
  • NP : La vidéo de la sœur plaquant un militant écolo est rigolote… jusqu’au moment où tu apprends qu’elle fait partie d’une congrégation sectaire surveillée par la Miviludes (et le Vatican) et que même l’évêque du coin ne veut pas de cette église de 3500 places.
  • CEMT : Emmanuel Macron : « Mes chers compatriotes, moi aussi j’ai vu les images provenant d’Israël et de Gaza, c’est terrible, il n’y a plus une seule bagnole intacte. »
  • OM : Je pense que la seule façon de se débarrasser définitivement de Bernard-Henri Lévy est de lui dire qu’il y a un conflit armé sur Mars.
  • GD : Et dans le fracas du monde, il y a ces petites capsules rassérénantes, comme ma mère qui m’envoie des photos de ses nouveaux radiateurs.
  • RP : Il y a deux ou trois indices qui laissent penser que les JO peuvent moyennement se passer.
  • OK : Je tombe sur Cnews, et je vois sur le plateau de Praud sept vieux mâles parler de … la ménopause.
  • MK : L’avantage, quand tu vas voir le dernier Scorsese qui dure 3h26, c’est que tu peux sous-louer ton appartement. Faire offre en MP.
  • NMB : « J’essaye d’arrêter mais à chaque vote à l’Assemblée, c’est plus fort que moi, je replonge » Elisabeth B., droguée au 49.3, nous livre un témoignage bouleversant.
  • JLL : Je n’ai jamais compris le délire de la face été/hiver sur les matelas. Parce que tu crois que là, si je retourne mon matelas sur la face hiver, les acariens et les punaises de lit vont ranger leurs tongs et serviettes pour sortir le bonnet et la doudoune !!
  • PA : Cécile de France est belge. François Hollande est français. Eric Blanc est noir. Michel Noir est blanc. Catherine Deneuve ne l’est plus… Et j’écoute Véronique Sanson… Quel monde de fous !
  • NMB : Parfois, je me sens inutile. Et puis je pense à l’Organisation des Nations-Unies à chaque fois qu’il y a un conflit dans le monde. Et ça va mieux.
  • SR : Je propose que l’on échange nos otages contre Karim Benzema. Il tire bien, il devrait pouvoir lancer les roquettes correctement.
  • SF : Peut-on revenir à il y a douze jours SVP, quand le principal sujet d’actualité était les punaises de lit ? Merci.

(Photo Bruce Gilden)

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Pas fou l’amour mais mieux

L’amour de François Bégaudeau m’a régalée. Pas dès le début, un peu plus tard. Ça raconte tout une vie conjugale entre deux êtres pas exceptionnels, qui ne font rien de faramineux mais vivent comme tout le monde, de petites choses très quotidiennes mais que le talent de l’auteur met en relief. « Du coup », moi qui suis visuelle, je vois toutes les saynètes qu’ils déroulent comme des cases de BD, ligne claire, sans chichi mais expressives comme du Margerin, dans Ricky Banlieue ou Lucien par exemple, avec tous les petits objets et marqueurs d’époque. Et il se trouve que ce couple est de ma génération, celle de l’après guerre qui a inventé le yéyé, les robes longues à fleurs, les posters de Johnny et les slows de l’été.
Alors évidemment, la façon de décrire très simplement toutes les époques que Jeanne et Jacques traversent, ça me rappelle des tas de choses à moi aussi, ça m’émeut. Et je trouve que c’est un vrai tour de force que de raconter une histoire aussi banale de façon aussi bien illustrée.
Ça peut rappeler beaucoup de sketches sur les Français moyens qui faisaient rire les petits bourgeois mais c’est plus fin, sans cynisme, sincère et c’est ça qui est touchant.
C’est très court, c’est vite lu mais on en redemande. J’aimerais bien que Bégaudeau écrive la même chose sur un autre couple très différent. Ben oui, je suis fan.

L’amour de François Bégaudeau, 2023 aux éditions Verticales. 94 pages, 14,50 €

Texte © dominique cozette

L’euphorie de Sylvia Plath

L’Euphorie est écrit par une autrice suédoise, Elin Cullhed, couronnée par le prestigieux prix August pour cet ouvrage, qui imagine la dernière année de Sylvia Plath avec avertissement en début d’ouvrage qui nous prévient bien qu’il s’agit d’une fiction bien que tous les personnages soient réels. Sylvia Plath est considérée comme une des plus grandes poétesses américaines.
Elle est mariée à un homme qu’elle adore, Ted Hugues, poète lui-même, anglais, et elle quitte son Amérique chérie pour vivre la Grande Passion consacrée par la naissance d’une fillette adorable puis la conception de leur petit garçon.
Tous deux décident de quitter Londres pour s’épanouir dans le Devon, un trou perdu et rustique mais si romantique, les fruits et légumes du jardin, le feu, la nature. Elle se consacre avec opiniâtreté au bonheur de sa famille, laissant Ted lui piquer sa place d’écriture dans le grenier et même sa place de notoriété puisqu’il en profite pour écrire des textes qu’il va lire à la BBC, prétexte pour lui de se dégager de la passion étouffante et exagérée de sa femme. Elle n’écrit plus, se force à inviter des voisins ploucs puis un jour, des gens plus illustres venus de Londres. Elle a commis l’erreur d’introduire le loup dans la bergerie, le loup étant une jeune femme snob et sophistiquée devant laquelle va baver Ted. Et plus que baver.
Peu à peu, le bonheur qu’elle voulait parfait se dégrade, les tâches ménagères lui paraissent écrasantes, elle en veut au monde entier d’en être là, à son père mort quand elle avait huit ans, à sa mère qui ne l’a jamais aimée et surtout à Ted.
Raconté comme ça, c’est banal, mais n’en croyez rien. L’écriture d’Elin mêlée au talent de la traductrice en fait un livre à déguster avec force gourmandise même si parfois le gâteau est trop crémeux, mais tout ce qu’elle nous raconte nous laisse entrevoir les affres de la condition féminine lorsqu’elle se soumet à un amour qu’elle croit immarcescible. Elle y met aussi pas mal de suspense, ce qui est étonnant vu la platitude de la réalité vécue par Sylvia. L’important ici n’étant pas ca qu’elle vie, mais les pensées qui l’assaillent, le rôle excessif qu’elle attribut à l’amour et qui lui fait exiger l’impossible de son mari. C’est une sacrée chieuse en fait, le contraire de cool.
Moi, ça m’a passionnée.
Une citation rigolote : Il était neutre comme un jambon de comptoir.
(J’apprends en off que Sylvia Plath s’est suicidée au bout de cette histoire, à 31 nas, malgré l’amour démesuré qu’elle portait à ses deux petits dont elle fait deux très jeunes orphelins.)

L’Euphorie par Elin Cullhed, 2021, traduit du suédois par Anna Gibson. Chez 10/18.

Texte © dominique cozette

Ecrire c’est mourir un peu

Franck Courtès nous livre un document super intéressant avec A pied d’œuvre, son dernier ouvrage où il raconte ce qu’est devenue sa vie depuis qu’il a décidé de se consacrer à l’écriture. Avant ça, il était un photographe connu et reconnu qui allait partout dans le monde tirer le portrait des people de toutes sortes. C’était un boulot lucratif, mieux que ça, une vraie passion. Et comme souvent la passion, ça s’éteint. les rencontres superficielles lui ont paru tellement vaines ! Lorsqu’il a compris que l’écriture était une vocation à nulle autre pareille, il a tout lâché. Il a même refusé de faire du clic-clac alimentaire. C’eût été facile pourtant. Mais non. Il a préféré trouver des « petits boulots » comme on dit légèrement quand on ne s’y est jamais frotté. Surtout à cinquante balais.
D’abord, il s’est rendu compte qu’il ne savait pas faire grand chose, qu’il était piètre bricoleur et que surtout, personne ne voulait confier de travail à ce mec plus très jeune alors que des précaires étrangers étaient prêts à accepter n’importe quoi à n’importe quel bas prix. Des exploités. Je sais, ça ne se dit plus plus, on dit des auto-entrepreneurs, des mecs qui n’ont aucun recours en cas d’accident, qui ne cotisent rien, qui sont sous-payés et ne sont pas couverts par les conventions et autres codes du travail. Et ne peuvent même pas se grouper car ils sont indépendants, ayant pour seul chef la plateforme malveillante, ogresse avide de fric sans aucune pitié.
Et pourtant, il s’y est mis, il a bousillé son dos, ses doigts, ses genoux, ses relations sociales, ses rêves, ses maigres économies et ses illusions. Il s’est fait payer des misères pour descendre des gravats, monter des frigos, tondre sans tondeuse, bien des choses qu’il a acceptées sans savoir à quoi il s’engageait, le principal étant de coûter moins cher que les jeunes précaires.
Il a perdu aussi l’estime de ses deux enfants partis vivre avec leur mère au Canada, abandonnés donc par ce foutu père incapable de leur payer quoi que soit.
Le plus intéressant dans cette affaire, c’est sa belle écriture qui nous décrit l’enfer de cette nouvelle société qui écrase les petits pour le confort des plus aisés. Les galères. L’infernale chasse au trésor (quel trésor) pour quelques sous qui ne paient que de la merde à manger. Et surtout la peur d’être privé de l’immonde travail qui fait tant de mal. Et l’empêche même parfois d’écrire tellement il est épuisé, rincé, vidé, tellement il pèle de froid, tellement il a faim.
Quelques extraits :
« Achever un texte ne veut pas dire être publié, être publié ne veut pas dire être lu, être lu ne veut pas dire être aimé, être aimé ne veut pas dire avoir du succès, avoir du succès n’augure aucune fortune.« .
« La Plateforme est la réalisation fourbe et géniale d’une logique industrielle : utiliser une masse ouvrière réduite au silence, dont on n’exploite plus le produit du travail mais le droit de travailler lui-même. [•••] J’attends avec les autre ces missions au rabais comme on attend à l’arrière d’un restaurant la sortie des poubelles. [•••] Je passe d’un cocktail dans un hôtel particulier au Lidl de mon quartier, du jacuzzi surchauffé d’un ami à la glaçante température de mon studio, sans qu’à aucun moment on juge déplacée ma présence dans un luxe que je ne pourrais m’offrir. Entre mon métier d’écrivain et celui de manœuvre, je ne suis socialement plus rien de précis« .
Et avant-dernière page, et alors que son nom est inscrit dans la liste d’un des prix Goncourt de printemps « Je vous contacte de la part d’une amie qui m’a dit beaucoup de bien de votre travail. Pourriez-vous venir au 23, rue Jouffroy-d’Abbans ? Chasse d’eau cassée. Et deux ou trois bricoles, une tringle décrochée ». « Je peux être là dans trente minutes; est-ce que vingt-cinq euros vous conviennent ?« 
La dernière page est une sorte de CV de ce qu’il peut faire. Croquignolet. Espérons que le succès de ce livre, qui n’est pas le premier, lui permettra de travailler dans plus de confort. Et d’épater ses enfants.

A pied d’œuvre de Franck Courtès, 2023 aux Editions Gallimard. 190 pages, 18,50 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #648

Si ça continue, je vais faire faire mes Fessebouqueries par ChatGPT pour en avoir un peu plus. C’est vrai que l’actu est aussi pauvre en variété que le cerveau de nos dirigeants l’est en humanité. A part les punaises de tribunaux maintes fois justiciables, rien de bien affriolant cette semaine, j’ai pourtant raclé les fonds de tiroir des rubriques lubriques, aucun député à quéquette, Elisabeth Borne toujours pas à poil dans Playboy, Bolloré pas retrouvé bondagé dans un lit clos, Bernard Arnault pas soupçonné de viol en réunion, c’est à désespérer de cet automne fiévreux qui se prend pour un week-end du quinze août chargé des miasmes de merguez des voisins qui n’ont toujours pas rangé les vacances dans des valises à roulettes, merde quoi, coquillages et crustacés aimeraient bien qu’on leur foute un peu la paix. Néanmoins, il est encore temps de mettre des glaçons dans nos verres ballons, alors tchin tchin dear friends !*

  • NMB : J’ai demandé à ChatGPT de me faire un résumé de toutes les affaires Sarkozy, ça fait deux heures que le truc mouline.
  • ES : Sophia Chikirou dans la tourmente. Mélenchon hurle : « Laissez-la tranquille, ne touchez pas à ma Nupaise de lit ! »
  • US : « Si on n’a plus le droit de louer nos taudis passoires thermiques aux pauvres, on va faire comment pour passer nos week-ends à La Baule, hein ? »
  • RR : Si ça se trouve, les punaises de lit c’est juste des coccinelles qui ont reçu trois doses de vaccin ARN.
  • MH : Et puisqu’on parle des punaises de lit, sachez que le 1er octobre est la journée mondiale de l’urticaire. Hélas, je n’y ai pas été invité : je suis persona non grata…
  • CW : Interlude inattendu. Certains rêvaient de la fin de Airbnb. La punaise de lit l’a fait.
  • NP : Vous connaissez la différence entre Katalin Kariko, Drew Weissman et Florian Philippot ? Katalin Kariko et Drew Weissman ont eu un Prix Nobel de médecine alors que Florian Philippot a eu un parrainage à la présidentielle.
  • SP : Au supermarché du coin l’autre jour : — Caissière : Vous voulez le ticket de caisse ? — Non merci, pas la peine. — Caissière imprime ticket de caisse, froisse ticket de caisse, jette ticket de caisse. ÇA Y EST ON A SAUVÉ LA PLANÈTE !
  • Gustave Kervern : On me signale qu’un escroc a ouvert un compte Instagram à mon nom. Ce n’est donc pas moi puisque je n’y comprends rien à Instagram. Je vous rappelle que je suis de l’ancien monde.
  • MBC : Remaniement ministériel : Manuel Valls est nommé ministre des punaises de lit.
  • CEMT : Emmanuel Macron : « Et j’ai décidé d’inscrire le droit à la bagnole dans la Constitution. »
  • SA: Je ne sais pas si c’est un hasard ou une coïncidence, mais il y a une recrudescence des punaises de lit et des mises en examen de Sarkozy.
  • RR : Les garçons touchent plus d’argent de poche que les filles, selon une étude. Normal, ils ont des bourses.
  • NP : — Papa ? C’est quoi du racket ? — C’est très simple, c’est quand tu transformes une route nationale gratuite en autoroute payante, et que du coup tu obliges ceux qui ne veulent pas payer à faire un détour de 12 minutes.
  • SA : Connaissant mal son œuvre, l’attribution du prix Nobel de littérature au norvégien Fosse me laisse sceptique.
  • BA : La France est le pays le plus attractif d’Europe pour les punaises de lit et les cafards de la finance.
  • HD : Une patiente de 26 ans vient d’avoir son sixième enfant. Le gynécologue lui demande si elle utilise un moyen de contraception. Elle lui répond : « J’aime pas prendre des cachets… On préfère faire le coyote impromptu, ça marche bien ! »
  • PA : L’actualité du mois d’octobre résumée en 2 mots : harcèlement, punaises. Remarque, ça permet d’éviter de parler du reste qui, selon moi, tient en 4 mots : urgence sociale, urgence climatique.
  • SA : Pour vous donner une idée de ma mauvaise foi, quand je galère à déplacer un meuble, il m’arrive de croiser le regard impassible de mon chat et de lui dire « surtout ne m’aide pas toi ».

*Image d’après Guillaume TC.

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