Les Fessebouqueries #649

Bon alors, par quel drame humain commencer ? Mais quelle actu épouvantable, cette semaine, en plus Macron qui squatte la télé, nous empêchant de voir Demain nous appartient, mais pour qui qui s’prend, crotte ! Alors bien sûr, il faut continuer à vivre, à respirer, à conspuer BHL (ce verbe lui va si bien), à dire quelques conneries qui ne font ni avancer le débat ni reculer le début de la fin du débit de laideur mais la ménopause de cette dame qui photographie son radiateur n’est-elle pas finalement plus importante que tout le reste ? Je gage que non, mais on ne sait pas… Alors tchin-tchin dear friends.

  • NMB : J’évite au maximum de m’engueuler avec les gens, j’ai toujours peur de voir débouler Bernard-Henri Lévy avec son photographe en plein milieu de l’embrouille.
  • SA : Je crois qu’il serait temps de créer des cours d’empathie pour adultes.
  • NMB : J’ai demandé à mon patron s’il n’était pas plus prudent d’évacuer les bureaux plus tôt en cas d’alerte à la bombe, il m’a dit « c’est pas Versailles ici »
  • SA : Le problème quant tu regardes Ruquier sur BFMTV, c’est que t’as peur qu’il finisse par craquer et qu’il te sorte un « pierre qui roule n’Hamas pas mousse » en secouant les épaules.
  • PA : Les médias Français, tu leur retires l’islam et le voile, il ne leur reste plus que la météo. Et encore, ils seraient capables de dire que le ciel est voilé.
  • GP : Après les femmes afghanes, les Ukrainiens, les Arméniens, les familles des enseignants et maintenant les Juifs et les Palestiniens , j’ai l’impression que mon stock de compassion est en train de s’épuiser et ça me rends triste.
  • AP : Je ne comprends pas pourquoi rêver de Koh Lanta alors qu’il suffit d’un changement RER A- RER B à Châtelet pour connaître le grand frisson.
  • FC : Je ne connais pas très bien le rugby mais si je comprends bien, c’est un sport de gentleman et de fairplay où quand la France perd c’est de la faute de l’arbitre.
  • LO : Ça me rassure tellement de savoir que si je me fais buter dans mon établissement, on allumera des lumières de couleur au rectorat, si vous saviez.
  • DT : EELV a lancé sa mue en « Les Ecologistes ». Ce n’est pas parce qu’on change le bocal que ça change les cornichons.
  • PA : C’est l’histoire d’un mec tellement malchanceux en amour, qu’un jour, à la montagne, il a crié « Je t’aime ! » et l’écho lui a répondu « Je préfère qu’on reste amis ».
  • NP : La vidéo de la sœur plaquant un militant écolo est rigolote… jusqu’au moment où tu apprends qu’elle fait partie d’une congrégation sectaire surveillée par la Miviludes (et le Vatican) et que même l’évêque du coin ne veut pas de cette église de 3500 places.
  • CEMT : Emmanuel Macron : « Mes chers compatriotes, moi aussi j’ai vu les images provenant d’Israël et de Gaza, c’est terrible, il n’y a plus une seule bagnole intacte. »
  • OM : Je pense que la seule façon de se débarrasser définitivement de Bernard-Henri Lévy est de lui dire qu’il y a un conflit armé sur Mars.
  • GD : Et dans le fracas du monde, il y a ces petites capsules rassérénantes, comme ma mère qui m’envoie des photos de ses nouveaux radiateurs.
  • RP : Il y a deux ou trois indices qui laissent penser que les JO peuvent moyennement se passer.
  • OK : Je tombe sur Cnews, et je vois sur le plateau de Praud sept vieux mâles parler de … la ménopause.
  • MK : L’avantage, quand tu vas voir le dernier Scorsese qui dure 3h26, c’est que tu peux sous-louer ton appartement. Faire offre en MP.
  • NMB : « J’essaye d’arrêter mais à chaque vote à l’Assemblée, c’est plus fort que moi, je replonge » Elisabeth B., droguée au 49.3, nous livre un témoignage bouleversant.
  • JLL : Je n’ai jamais compris le délire de la face été/hiver sur les matelas. Parce que tu crois que là, si je retourne mon matelas sur la face hiver, les acariens et les punaises de lit vont ranger leurs tongs et serviettes pour sortir le bonnet et la doudoune !!
  • PA : Cécile de France est belge. François Hollande est français. Eric Blanc est noir. Michel Noir est blanc. Catherine Deneuve ne l’est plus… Et j’écoute Véronique Sanson… Quel monde de fous !
  • NMB : Parfois, je me sens inutile. Et puis je pense à l’Organisation des Nations-Unies à chaque fois qu’il y a un conflit dans le monde. Et ça va mieux.
  • SR : Je propose que l’on échange nos otages contre Karim Benzema. Il tire bien, il devrait pouvoir lancer les roquettes correctement.
  • SF : Peut-on revenir à il y a douze jours SVP, quand le principal sujet d’actualité était les punaises de lit ? Merci.

(Photo Bruce Gilden)

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Apeirogon, quel souffle !

Apeirogon : c’est une figure géométrique au nombre infini de côtés. Apeirogon, c’est aussi le titre du livre incroyable de Colum McCann composé de mille chapitres-paragraphes, la plupart assez courts, pour évoquer son thème central : la mort dans des attentats de deux fillettes, l’une d’Israël, l’autre de Palestine. Et autour, un patchwork d’événements plus ou moins proches, souvent très lointains de ce drame que trame l’auteur pour nous expliquer des centaines de choses qui font que cette horreur improbable ait pu avoir lieu. On en apprend, des choses. En premier lieu sur les oiseaux migrateurs dont le couloir passe par le ciel de ces pays. Plusieurs petits chapitres nous montre le vol de ces animaux, leur façon de se positionner en triangle pour économiser de l’énergie, la chasse que certains leur font, les lance-pierres qui les atteint. Car les pierres font partie de l’arsenal des armes utilisées par les gens d’ici. Et la balle qui a atteint une des fillettes. Ou un éclat d’obus, pour l’autre.
On assiste aussi, bizarrement, au dernier dîner de Mitterrand, celui des ortolans, quelques jours avant sa mort. Puis la visite de la Croix-Rouge dans un camp d’extermination, autorisée par les nazis qui vont le rendre joli et acceptable. Et plus loin, la mort dans les chambres à gaz du musicien qui a merveilleusement joué ce jour là. Il y a aussi cet équilibriste qui tend des fils entre des montagnes et des monuments, qui marche à des hauteurs vertigineuses, qui, un jour, a traversé la vallée entre les deux pays ennemis pour y porter un message de paix, mais il y a eu comme un raté avec la colombe qui ne voulait pas s’envoler, gaguesque. McCann raconte, ailleurs, la composition « muette » de John Cage, un morceau en trois mouvements totalement silencieux. Le rapport avec le livre en est le titre qui est le prénom d’une des deux fillettes disparues.
L’auteur donne des détails sur un nombre incroyable de choses, d’événements, sur des origines, des sources. On a l’impression parfois de scroller un réseau intelligent où chaque anecdote est savoureuse, brillante, instructive. mais toujours revient à la mort des fillettes et surtout à leurs pères, unis plus tard dans un association pour que cessent ces ignominies, ces guerres, les tueries d’innocentes victimes. Les pères portent la bonne parole avec d’autres parents ayant perdu un fils ou une fille, racontant leur cauchemar et tentant d’empêcher des vengeances assassines. Conférences plus ou moins bien acceptées dans certains pays.
Au milieu du livre, au chapitre 500, il existe un long chapitre 1001 où le père d’une fillette explique, lors de sa conférence, son chemin de croix pour savoir où était sa fille, morte ou pas, introuvable, puis l’effondrement. C’est comme un film, on y décrypte toutes les images et sensations terribles du père. De même pour l’autre récit, l’autre père. Ils sont réels, ce qu’on apprend est vrai, la mort des fillettes et tout ce qui contribue à les commémorer pareil. Puis les « petits » chapitre reprennent, avec une numération de 500 à 1.
Moi qui n’y connais pas grand chose dans le conflit israélo-palestinien, j’ai appris énormément de choses, de façon fragmentée et d’autant plus accessible. Chaque épisode est illustrée à hauteur d’homme, de personnes qui souffrent, ou pas, de gens qui vivent. La vie des gens, anecdotique et tellement précieuse. Le cauchemar des check-points où règne l’arbitraire d’une arrestation. Le langage des plantes entre elles pour communiquer, le « cri » des fleurs quand on les coupe, ces recherches acoustiques d’une incroyable finesse utilisée justement dans les check-points pour traquer les moindres sons…
Ce livre est une mine, il m’a passionnée, je l’ai fait durer le plus longtemps possible pour m’en repaître encore et encore. C’est magnifique, ne vous privez pas de cet immense plaisir.

Apeirogon de Colum McCann, 2020. Editions Belfond, traduit par Clément Baude. 510 pages, 23 €.
(Prix du meilleur livre étranger et prix des lectrices de Elle, entre autres.)

Texte © dominique cozette

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