Les Fessebouqueries #672

Ah, ça commence à être raclette cette actu qui nous fait tourner en bourrique à cause d’un petit monsieur dont l’acte de courage a été de niquer avec sa prof. Pour me consoler, je suis allée dîner dans le nouveau resto en bas de chez moi. Drôle de carte. J’ai longtemps hésité entre deux plats et le serveur, un grand type orange à la mèche blondasse, m’a conseillé le chien à la sauce haïtienne ( y a plus de chair que sur les chats). Accompagné de légumes anciens calcinés et de vieux croûtons façon Matignon, vous verrez, très old school. Et comme dessert, je vous conseille une crêpe flambée au gland Barnier… Il a sorti de sa cave une vieille piquette jadis très appréciée de René Coty. Je ne dirais pas que je me suis régalée, tout ça avait le vieux goût de rance des mets oubliés au frigo entre un demi melon et un trognon d’époisses. Mais que cela ne nous empêche pas de trinquer à ce bel été indien, tchin tchin dear friends !

  • MM : Michel Barnier 1er ministre, Michel Sardou qui remonte sur scène , Intervilles qui revient sur France 2 …J’ai l’impression de vivre dans un vieux Télé 7 jours…
  • CEMT : On a commencé par Philippe Katerine nu et on finit par Michel Barnier en costume, ce coup-ci c’est sûr, l’été est terminé.
  • SG : J’entends partout que Bruno Le Maire s’en va en Suisse. Le spécialiste du « renflement brun » partirait-il dans le trou de Bâle ?
  • JMC : Ces tristes révélations sur l’abbé Pierre nous confirment une fois de plus que l’habite ne fait pas le moine.
  • NMB : Quitte à se foutre de notre gueule, Michel Barnier n’a qu’à nommer Jérôme Cahuzac ministre des finances et Patrick Balkany ministre de la justice, au moins le message serait parfaitement clair.
  • SG : Wauquiez, Larcher, Braun-Pivet, Castex, Borne, Philippe, Bayrou… Alors ? Vous en pensez quoi du monde d’après ?
  • RDB : C’est plus un gouvernement, c’est une soupe de légumes.
  • RT : A 28 ans, Bardella se trouve enfin son premier vrai boulot : cireur de pompes du gouvernement de Macron.
  • NMB : Ma politique a toujours été celle du « en même temps ». Par exemple vous votez, et en même temps, je vous emmerde et je fais ce que je veux.
  • FT : Seule question pour les historiens : est-ce que Macron est la pute du RN ou est-ce que c’est le RN qui est la pute de Macron?
  • OF : Jean-Pierre Raffarin affirme qu’il « y aura des gens de gauche » dans le gouvernement de Michel Barnier. Impatient de voir à quoi ressemble la gauche selon Raffarin.
  • CD : Ce monde de fou où Dominique de Villepin est invité a la fête de l’huma.
  • VE : Michel Barnier annonce que le gouvernement sera nommé la « semaine prochaine ». Le temps de vérifier la validité des mises en examen de chacun.
  • AL : Qui dit encore « Merci mon chien » quand quelqu’un ne dit pas « Merci ». Vraie question.
  • CA : Valérie Pécresse pourrait entrer dans le prochain gouvernement. Finalement, Michel Barnier est réellement un écologiste : il va recycler tous les déchets politiques de ces vingt dernières années.
  • NP : La différence entre la France et les USA, c’est que chez nous, quand Papy commence à délirer sur les immigrés qui mangent les chiens, on l’envoie à l’EHPAD, alors qu’aux USA, ils veulent l’envoyer à la Maison Blanche.
  • OV : Emmanuel Macron estime que « le peuple souverain qui s’exprime au suffrage doit toujours être pris en compte ». Il parle de quel pays ?
  • G : Les adieux de Bruno le Maire. On ne lui dit pas Bercy.
  • NA : Comme on va tous crier d’horreur quand la composition du nouveau gouvernement sera annoncée, je propose que ça se fasse le jour d’Halloween.
  • RDB : Hé, vous vous rappelez des 100 jours d’apaisement ?
  • PO : Prochaine étape : Michel Barnier réfléchit au retour de la peine de mort. Ne riez pas, tout est possible maintenant.
  • SA : On peut reprocher beaucoup de choses à Jordan Bardella, mais au moins lui il sait qui est Pétain.
  • GD : « Emmanuel Macron propose d’instaurer une fête nationale du hold-up démocratique tous les 7 juillet. »
  • JA : Les violeurs sont : des amis, des amants, des maris, des frères, des oncles, des parrains, des cousins, des grands-pères, des « chéri », des « papounet », des « tonton », des « couzzz », des « poto », des « papydamour », des « fraté », des « grand-frère », des « pépé », des « papa », des « mon amour ».
  • PA : Avec cette nuit qui tombe de plus en plus tôt, si on n’a pas un minimum de vigilance, on peut vite se retrouver à l’apéro à 17 heures !
  • DC : Le nouveau Premier ministre Michel Barnier touchera une retraite de plus de 28 000 euros brut par mois. C’est pas mal pour être obligé d’avaler des couleuvres. Assaisonnées comme il faut, il paraît que ça rappelle les anguilles.
  • OK : Trump refuse un second débat. En effet, concernant Kamala Harris, il aurait dit  » j’aimerais trop bouffer sa chatte. »
  • NP : (Pendant ce temps, chez Nestlé) : — Chef ! Si on ne fraude pas, on va perdre 3 milliards d’euros de revenus ! — Et si on fraude ? — On va niquer les nappes phréatiques, arnaquer nos clients, être condamnés et gagner deux milliards neuf cent quatre-vingt-dix huit millions d’euros. — … — … — … — Ok, on y va.

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Aimez Gil

Drôle de trio, ces trois-là, dans Aimez Gil, un roman de Shane Haadad. Ils sont jeunes, dans les vingt-cinq, et totalement désabusés. Ça commence par l’enterrement de l’un d’eux, Mathias. L’autre garçon s’appelle Mathieu, c’est le copain, l’ami, le confident, enfin je n’y ai rien vu de sexuel, de Gil, la fille.
Deuxième scène, elle descend l’escalier abrupt d’une boîte moite et blindée de fêtards, y cherche son pote M et c’est là qu’elle rencontre l’autre M… La soirée se déroule normalement, c’est à dire qu’elle se bourre tellement la gueule qu’elle n’est plus capable de se relever et c’est Mathias — dont elle se méfie — qui la raccompagne, gentiment. Il va plaire à Mathieu, ce gars-là, et tous trois vont se fréquenter tellement assidûment qu’ils forment un vrai bloc, dormant les uns chez les autres sans arrire-pensées. Ils boivent et fument énormément, ils n’aiment pas leurs jobs, elle est vendeuse dans une boutique d’objets, les deux autres, je ne sais plus. Toujours est-il qu’ils décident d’aller dans le midi à bord de la petite caisse pourrie de Mathieu qui risque la panne à chaque cahot. Ils dorment un peu n’importe où, mangent n’importe quoi et boivent.
Finalement ils arrivent chez Marguerite, la tante adorée de Mathias, une femme libre et superbe, mais elle n’est pas là, au grand dam du neveu qui se sent trahi… Plus tard, Mathias apprendra d’elle un secret de famille. Dans ce livre, il y a beaucoup de mouvement d’humeurs, de non-dits, de conflits larvés. Il est écrit comme pense le cerveau de Gil, c’est à dire dans un flux de ressentis sans filtre, c’est pas toujours simple à comprendre mais on y arrive. On peine néanmoins à savoir ce qu’il se trame entre les deux garçons, quelque chose d’un peu louche qui trouble Gil de manière peu agréable.
Puis ils prennent encore plus de congés pour un road trip. C’est assez désespérant, voiture cassée, froid dans une vieille maison, sentiments compliqués… Etrange livre, écriture dérangeante mais on avance parce qu’on s’attache aux personnages et on cherche à en savoir plus…

Aimez Gil de Shane Haddad aux éditions P.O.L. 2024, 366 pages, 21 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #671

Ainsi donc, le couperet est tombé : MAM, qui entrera peut-être au gouvernement Barnier (rien ne pourra plus nous étonner) a chopé six mois de zonzon pas ferme pour avoir escroqué notre fric. Un autre couperet que l’on attendait moins : la guêpière, heu, pardon, l’abbé Pierre — alias l’abbé quéquette blues Pierre — ne sera plus le nom de sa fondation, j’allais écrire de son fondement, nan mais des fois, ça va donner du grain à moudre aux chercheurs d’acronymes spirituels. Ah oui, ah zut, j’allais oublier la meilleure : la nomination du Grand Loser Moumou (mon correcteur écrit moumoute ! Hé, je ne parle pas de Macron) qui va gouverner notre beau pays d’une main (droite) de fer dans un gant de v… (mon correcteur reste coi) …de vomi, imbécile, le vomi de tous les écœurés qui ont voté à gauche. Ah bon, y a eu un vote ? Pourquoi il a pas choisi ce vieux chantre mou directement en mai ? Pour s’amuser, mec, nous humilier, augmenter le PIB, va savoir, Grégoire. Bon, alors, tchin, il est encore temps de nous enivrer, dear friends !

  • DC : Cherchez l’erreur sur cette image. (Réponse : le gilet du petit chat).
  • DSC : Je suis dans la rue et l’ambiance est indescriptible ! Concert de klaxons, « Michel ! Michel !  » hurlent les passant, on sent un énorme soulagement et une joie émouvante à l’annonce de la nomination de Michel Barnier à Matignon. Incroyable !!
  • XY : C’est quand même la première fois que la Droite cohabite avec la Droite.
  • NMB : — Que pensez-vous de la réforme des retraites ? — J’ai 73 ans… — Bienvenue à Matignon Monsieur Barnier.
  • JM : Me souviens pas d’avoir voté RPR début juillet, sûrement une erreur
  • TP : Michel Barnier : un homme qui n’a pas changé de coupe de cheveux depuis soixante ans a forcément un sens aigu de la constance.
  • GM : « Je fais le pari de l’audace, de la modernité, et du renouvellement ». Emmanuel Macron/2017
  • GD : Jupiter réalise enfin son rêve le plus mouillé : gouverner avec l’extrême droite.
  • CA : Emmanuel Macron a dissout… le résultat des urnes !
  • IR : Première mesure de Michel Barnier : relancer l’économie française en investissant massivement dans les nouvelles technologies telles que le Minitel et le Bi-Bop.
  • LO : Oula, j’ai dû dormir trop fort. Je me réveille en 1986 avec un Premier ministre RPR et Sardou qui monte sur scène.
  • PT : il a choisi Barnier parce qu’il avait déjà commencé à se tatouer Bardella sur le biceps le 7 juillet et a arrêté en catastrophe à 20h.
  • GD : Nommer quelqu’un qui a perdu face à Valérie Pécresse et Éric Ciotti, il fallait oser.
  • LTS : Bravo Macron qui vient de donner raison à tous les gens de notre génération qui ont pour argument que voter ça sert à rien.
  • WD : Quand il va proposer Sarkozy ministre de l’intérieur, ça va être quelque chose.
  • JLL : Il va être vachement emmerdé Michel Barnier quand il va devoir brancher la prise péritel de son magnétoscope sur l’écran plat de son bureau à Matignon pour regarder l’intégrale de Thierry la fronde !
  • SG : J’ai souvent rappelé qu’un des nombreux risques avec l’extrême droite, c’est qu’elle a du mal à rendre le pouvoir une fois qu’elle l’a pris. C’est donc aussi vrai désormais de la droite française.
  • OK : Ça va nous faire bizarre quand Hortefeux, Longuet, Madelin, Pasqua et Pandraud vont faire leur entrée dans le gouvernement de Michel Barnier.
  • FT : Alliot-Marie, elle a eu chaud : elle aurait volé une pomme, elle aurait pris de la prison ferme, mais là ça va, c’est juste de l’argent public.
  • OR : Vingt après sa mort, on comprend enfin pourquoi l’Abbé Pierre continuait à porter la soutane, c’est quand même plus pratique pour…
  • SA : Après la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, je n’ose imaginer la déception d’Edouard Balladur.
  • CC : Ça commençait à ressembler au dîner de con cette histoire !
  • ED : Petits, nous nous imaginions explorateurs ou aventuriers, défendant la veuve et l’orphelin au mépris du danger. Quelques décennies plus tard, nous nous entassons dans une rame surpeuplée pour aller sauver le monde en remplissant des tableaux Excel. Bonne rentrée les enfants…
  • DE : Édouard Philippe annonce être candidat à la prochaine élection présidentielle. C’est dans trois ans. On dirait les vieilles qui se lèvent dans le train à Angers pour sortir à Paris.
  • SG : Si ça se trouve, on est dans le tournage d’une caméra cachée où Macron veut voir jusqu’à quel point il peut se foutre de notre gueule !
  • LP : Beaucoup disent ne pas aimer Twitter alors que, sans les fachos, sans les racistes, sans les macronistes, sans Wauquiez, sans les trolls, sans les conspis, sans les antivax, sans les pro-Trump, sans les anti-tout, sans les voleurs d’argent public, c’est largement fréquentable…
  • FC : Juste pour vous dire que mon porte-chéquier est à base de PVC recyclé et sans phtalates, tellement content c’est juste énorme, j’ai envie de chanter dans la rue putain !

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Les trois sœurs

Bien sûr que ce n’est pas drôle pour un père de n’avoir que des filles, même si elles sont adorables comme nous trois (!!!). Comme je vous l’ai dit, le p’tit gars n’a pas fait ses neuf mois, il est sorti avant, donc nous voilà les trois guenons comme nous aimions à nous appeler ou encore les gueuses, livrées à nos jeux de filles dans notre magnifique jardin de Joinville le Pont, appuyées contre la fenêtre du sous-sol où se trouvait la machine à laver semi-automatique (Sibir ou Connor, je ne sais plus) dans laquelle maman chauffait l’eau pour notre bain. Ce n’était pas tous les jours, non. Quant aux cheveux, à cette époque, ils n’étaient pas non plus lavés très souvent. D’ailleurs, les gens sentaient le cheveu si vous vous souvenez, les cheveux étaient souvent très très gras, pas besoin de brillantine pour les hommes, et parsemés de pelloches. Beurk. C’était dans les années 50, les fameuses glorieuses, hum.
Mon père travaillait aux Contributions Directes et ma mère dans un cabinet immobilier, dans le Sentier. Elle avait forcément demandé l’agrément de son époux car elle n’avait droit à rien sans son aval, ni même de chéquier, cela viendra en 1965. C’est peut-être en rétorsion qu’elle n’a jamais payé ses contredanses quand elle a eu sa voiture. Mon père avait une 4CV Renault, la seule petite auto qu’il conduira avant de passer aux grands modèles qui, comme chacun sait, ne servent jamais à transporter les enfants à l’école, mais juste la serviette et le parapluie du chef de famille. Prestige. Et faut que ça brille, les chromes !
J’étais la fille du milieu. Ce qui est loin d’être confortable. Car au moment des corvées ménagères, c’était souvent : Les deux grandes, venez mettre le couvert ! Les deux petites, venez essuyer les verres ! Les deux grandes, aidez à passer la paille de fer ! etc… Ah oui, la paille de fer, un des nombreux loisirs du week-end car dans ces temps bénis, les parquets de chêne, dont notre living-room était équipé (le seul luxe de cette maison), n’étant pas traité, tout tachait. Avec trois gosses sales comme des cochons, vous pensez bien que taches de graisse ou de confiture décoraient joliment notre intérieur. Une fois nettoyé, le parquet était nu, il fallait donc le cirer (huuum, la bonne odeur d’encaustique), laisser sécher puis faire briller le tout avec un chiffon sec sur lequel on glissait et … le balai O’Cedar. On avait de l’huile de coude et de genou à revendre, je ne vous dis que ça !
(Comme vous pouvez le voir sur la photo, ma petite sœur avait déjà anticipé l’arrivée du smartphone !)
(Comme vous pouvez aussi le constater, ma grande sœur et moi-même avions revêtu les astucieux robes-tabliers, des deux-en-un si utiles pour aller en classe à l’école de filles de la rue Oudinot*).

  • Maréchal de France truffé de blessures de guerre mais mort dans son lit. Qui s’en souvient ?

Texte et image © dominique cozette

Pour Britney

Pour Britney est un très petit livre de Louise Chennevière. Celle-ci était une fan absolue de la chanteuse quand elle était petite. Elle voulait être chanteuse comme elle, elle s’entraînait avec acharnement jusqu’elle tombe de son rêve : une tante lui prédit qu’elle ne serait pas chanteuse. D’ailleurs son père partageait peu le goût de la fillette pour le rouge à lèvres et autres attributs féminins.
Des années plus tard, Louise Chennevière a retrouvé une photo d’elle de l’époque et a réalisé que dès l’enfance, le corps des fillettes est modelé pour plaire aux « vieux » mâles. Et d’adjoindre au sort de Britney, confisquée de sa vie par son propre père, un mec avide et odieux qui la tenait sous tutelle, celui de l’écrivaine Nelly Caplan (son ouvrage devenu culte est intitulé Putain), elle aussi tellement soumise au diktat masculin qu’elle finit par se suicider. « La beauté des femmes ne sert à rien si elle n’entre pas dans le goût d’un homme », écrit Caplan.
Ce livre arpente ce douloureux territoire de l’hypersexualisation des petites filles au corps morcelé à l’envi pour le désir des hommes. Je signale que la lecture de cet ouvrage est difficile, fait de très longues phrases avec ponctuation décalée, non conventionnelle voire déstructurée, surtout par un usage original de virgules placées bizarrement, et malgré la force du texte, cela m’a pas mal perturbée.

Pour Britney de Louise Chennevière, 2024 aux éditions P.O.L. 132 pages, 15 €.

Texte © dominique cozette

Un amour hors normes

Dans le gros libre Bouquins intitulé Comme elles sont comprenant plusieurs œuvres de Benoîte Groult, je vous ai déjà parlé de l’admirable Journal à quatre mains. Voici le suivant, c’est un roman intitulé Les Vaisseaux du cœur, l’histoire improbable d’un amour énorme, immarcescible, entre deux êtres qui n’ont de commun qu’une peau, ou des organes, qui s’attirent inexorablement dès qu’ils se voient, qu’ils s’effleurent. Elle, c’est une jeune Parisienne diplômée, cultivée, vivant dans les beaux quartiers, venant chaque été en Bretagne pour les vacances. Lui, c’est un gars du pays, peu scolarisé, peu intéressé par les choses culturelles, passionné de pêche dont il fera son métier. C’est une sorte de colosse, musclé, fort, bien équipé sexuellement si je puis dire. Ils se rencontrent lors du mariage de la sœur de Gauvain, le nom du garçon, le coup de foudre physique est immense, grandiose, irracontable. La passion qui s’ensuivra va les entraîner, en courts épisodes très espacés dans le temps car chacun se marie et ils vivent tous deux aux quatre coins du globe, sur des petites périodes d’une intensité folle qui les laissent dans une grande tristesse lorsqu’ils se séparent pour plusieurs mois ou plusieurs années, aussi.
Au début, il voulait l’épouser, ce garçon qui manque de psychologie mais se soumet aux traditions locales et bien sûr, elle va refuser, sachant pertinemment qu’une telle union, dénuée de toute culture commune, empreinte de tant de différences surtout de classe (il ne parle pas bien, a un goût de ch… etc) n’a aucune chance de durer.
Une sacrée histoire que Benoîte Groult développe avec une liberté peu commune bien que dans son avant-propos, elle avoue ne pas savoir comment parler d’amour sexuel sans tomber dans le convenu, les clichés ou la vulgarité. Elle y arrive cependant mais sans trop de détails. Ce n’est pas un livre « hot ».

Ce roman fait partie du recueil Bouquins intitulé Comme elles sont, je n’ai pas sa date, son nombre de pages ni son prix…

Texte © dominique cozette

L’amitié pas forcément

Le goût de la trahison, le titre du roman de Stéphanie Chaillou, a des chances de nous emporter sur une fausse piste au sujet de l’amitié, thème du livre. Car il ne s’agit pas de trahison mais plutôt d’un glissement des sentiments.
C’est l’histoire très banale d’une petite famille de classe moyenne, Marc est cadre à Nantes dans une cimenterie, ils ont deux enfants et ils passent la plupart de leurs week-ends et des vacances dans la petite maison de Noirmoutier de son enfance. Rien que du très banal et routinier : les courses, la crêperie, la glande, la plage, l’apéro au bistro du port et, pour lui, le tennis, sa passion. Tout est réglé comme du papier à musique.
Puis un jour, dans sa boîte, débarque un collègue, Paul, en tout point semblable ou presque, qui possède aussi une maison proche de la leur à Noirmoutier, mais plus grande, plus bourgeoise, comme eux. Ceux-là n’ont pas d’enfants. Les deux hommes se rencontrent au club de tennis où ils excellent pareillement. Entre eux vont se tisser des liens de connivence, d’intérêts communs, et aussi d’amitié. Les couples se fréquentent régulièrement, assidument même, tout semble aller pour le mieux. Tout le livre est construit sur cette entente parfaite sans aucun pathos à l’horizon. Hormis le fait que la femme de Marc remarque qu’il passe plus de temps avec Paul qu’avec elle. Et puis, peu à peu, quelque chose va dérailler, les amis de Marc qu’il se fait un plaisir de présenter, détonnent par rapport à Paul, problème de langage, de classe, puis d’autres détails insignifiants mais qui comme on le dit, constituent la présence de diable, vont faire que tout cela va déraper.
C’est super bien écrit, très factuel, sans intention de créer de suspense, très nuancé donc, avec un beau talent pour faire exister Noirmoutier, sa lumière, ses paysages, ses odeurs etc… Le sort leur amitié est d’autant plus dur que l’ambiance de cet endroit est douce. Très beau livre.

Le goût de la trahison par Stéphanie Chaillou, 2024 chez Notabilia. 192 Pages 20,50 €.

Je rajoute un second livre dont je ne sais pas bien parler…
Barbara Cassin est, entre autres, philosophe, écrivaine et académicienne. Le titre étrange de son livre Le bonheur, sa dent douce à la mort est une citation d’Arthur Rimbaud et le sous-titre de cet écrit est autobiographie philosophique. Je nai bien sûr pas compris grand chose quand il a été question de philo, sauf que sa façon d’écrire est formidable, vivante, voire rock’n roll et que j’en ai apprécié un grand nombre de passages. D’ailleurs j’ai noté cette phrase qui me définit bien au sujet de cette lecture (et peut-être même en général) « Je ne sais plus ce que je comprends et je suis submergée, en grande partie, par ma bêtise d’aujourd’hui ».
Comme je ne saurais le faire, je vous copie le résumé fait par Babelio : « Vous avez les plus belles jambes du monde, vous serez ma femme ou ma maîtresse. Voilà ce qu’est devenu l’amour de ma vie. Moi, épouser un Juif, jamais ! Barbara juive ? Tais-toi donc mon garçon, elle est si gentille. Avec un instinct sûr, vous choisirez votre siège. Vous prenez votre petit déjeuner à la table de ce nazi ! Comme c’est gentil de me reconnaître, Jacques Lacan. It’s no greek ! Madame, Madame, j’ai compris l’étymologie de concierge. À partir de combien de livres est-on cultivé ? Que pensez-vous de ce que vous voyez ? J’aime quand tu as le corps gai. Arrêtez de le regarder, laissez-le partir… Ces phrases font passer de l’anecdote à l’idée. Elles sont comme des noms propres qui titrent les souvenirs. Elles fabriquent une autobiographie philosophique, racontée à mon fils Victor et écrite avec lui. En les disant, je comprends pourquoi et comment elles m’ont fait vivre-et-penser. Si dures soient-elles parfois, elles donnent accès à la tonalité du bonheur.Un travail mère-fils qui fait redécouvrir Char, Heidegger, Lacan, la Grèce, l’Afrique du Sud, la Corse, les juifs, les cathos, des Hongrois, des Allemands… Avec Ulysse en figure de proue, l’homme d’Homère qui passe là où il n’y a pas de passage, entre Hélène qui ravit et Barbara bla-bla-bla. »
Ça doit être un régal pour les amateurs de philosophie !

Le bonheur, sa dent douce à la mort de Barbara Cassin, 2020 au livre de poche, 228 pages, 7,40 €

Texte © dominique cozette

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