Arrête de lire, Henry, s’il te plaît !

Et si tu allais jouer au cerceau ? Ton grand-père a fabriqué ce beau cerceau dans un fût, regarde comme il est rond…
Oh, j’ai une idée ! Si tu jouais à cache-tampon avec tes cousins ? Vous êtes tous tellement joyeux lorsque vous jouez ensemble !
Amuse-toi avec cette grosse toupie… Non, tu ne veux pas ? C’est amusant, pourtant !
Jouez à la grenouille, ou au pousse- billes, ou au remonte-balle, non ?
Oh, Henry, regarde ça, c’est un jeu de puces, va chercher ton frère, je vais vous apprendre… Si, je t’assure, c’est trop drôle !
Ou encore la longue paume, la patate, les petits chevaux, le jacquet, colin-maillard, je ne sais pas, moi, joue à ce que tu veux, tiens, masturbe-toi même,
MAIS ARRÊTE DE LIRE, HENRY, ARRÊTE DE LIRE !!!

Je viens de finir l’enfant rieur de Henry Bauchau, très beau récit de ses trente premières années, vraiment très très bien. Je ne vais pas vous en faire une tartine, c’est juste pour vous dire que ce qui m’a énormément étonnée, c’est la réaction de sa mère au fait qu’il se gave de lecture. Sa mère, figurez-vous, considérait les livres comme des objets diaboliques et dangereux parce qu’on ne sait pas ce qu’il y a dedans. Et elle essayait par tous les moyens de détourner son fils de cette coupable activité. Rassurez-vous, c’est moi qui ai tout inventé, bien sûr qu’elle ne va pas l’inciter à l’onanisme, d’ailleurs, est-ce que seulement elle imaginait que cela pût exister ?
Bref, elle ne parvint heureusement pas à détourner Henry Bauchau de la littérature et c’est tant mieux pour nous !
Bon alors vous aussi, parents responsables, n’empêchez pas vos enfants de lire, de dévorer … comment ça, ils ne lisent pas ? Quoi, les jeux vidéos, les écrans, le web, les Ipad, les téléchargements mais… mais… essayez de les intéresser à d’autres choses ! Les billes, le bowling, le hoola hoop, le skate, le monopoly, si, si, ouais bon, ben quoi, pfff, c’est vendredi en même temps, on peut pas être caustique toute la semaine, non ?

Texte calamiteux et dessin © dominique cozette (qui irait me piquer ça, hein ?)

Pauline Klein, faussaire de faux airs

En quatrième de couv, il y a juste une chiure de mouche :  Qu’est-ce qu’on y peut. Pauline Klein.
Pauline Klein s’affranchit d’une ponctuation bien pensante qui appellerait des guillemets et au moins un point d’interrogation. Bon début.
Alice Kahn, titre de ce livre, est son premier roman. J’avais adoré (et partagé récemment sur ce blog) son second ouvrage d’où intérêt vers le premier. Hé bien je ne suis pas déçue. Pauline Klein est une écrivaine du vide à remplir, de la transparence à révéler, de l’identité à réinventer, de l’art conceptuel à appliquer. C’est de la dentelle de cerveau qu’elle nous envoie phrase après phrase, du bizarre, de l’incongru, de l’inventif, du réjouissif.
Quand ça commence, elle est au bistro d’en bas, en short, en rien. Un type s’approche d’elle en disant Anna ? Elle dit oui. Et s’empare de cette vie de faussaire à créer, de faux airs à ajuster, à construire en fonction des attentes du  jeune homme, photographe, en tentant de deviner ce qu’il sait déjà et ce qu’elle peut façonner. Tout ce petit monde gravite dans l’artistique. Ce qui permet à la fausse Anna de lancer sa fausse Alice Kahn, une artiste qu’elle invente chaque fois qu’on lui pose des questions sur ses préférences artistiques.
Un jour, elle décide de rendre sa liberté à Anna, après que William lui ait donné une photo d’elle, d’Anna en fait. Elle l’encadre la place subrepticement dans une galerie. Puis va l’acheter (cher). Puis reprendre sa vie transparente, sans relief, sans intérêt et constater que c’est le moment que choisit William pour enfin la prendre en photo.
Il y a toutes sortes de niveaux de lecture dans ce petit livre très riche, plein de signifiants, de tiroirs, d’entrelacs. C’est un réel plaisir que de les déchiffrer  !

Alice Kahn par Pauline Klein, chez Allia. 2010. 126 pages

Texte © dominique cozette

 

Un peu de Duchamp dans ce monde d’art brut

C’est un livre de Serge Bramly qui raconte un épisode de la vie de Marcel, à partir de 1942, lorsqu’il s’évade du pays en guerre pour se poser un moment à Casablanca avant de se fixer aux Etats-Unis où ses oeuvres ont connu un vif succès. Le livre n’est pas un fragment de biographie, c’est biaisé.
Alors je recommence. C’est l’histoire d’un monsieur qui tient un bar au Maroc où ses amis, juifs marocains, jouent aux cartes tous les jours. Cet homme affable et élégant accueille Duchamp dont il ne connaît pas la réputation d’artiste, dans une grande salle de bain inoccupée où Marcel va entasser des choses dans la baignoire pour y dormir. En même temps,  ce lieu est un QG de résistance où se trament quelques actions secrètes que personne ne doit connaître. Ce sera l’occasion pour Duchamp d’aller voir ailleurs s’il y est, notamment au bordel d’où il tirera de nouvelles inspiration. Le jeune homme qui l’y emmène est le fils du propriétaire du café.
Mais un tiroir s’ouvre dans le livre. C’est encore une autre histoire : celle de la petite-fille du jeune-homme devenu vieux, auquel un biographe de Duchamp essaie de tirer les souvenirs de ses trois semaines marocaines. Et voilà-t-il pas que la petite-fille, une jeune femme, que cette histoire n’intéressait pas, apprend que son grand-père possède quelque chose de Duchamp. De plus, elle s’éprend du biographe et sait qu’ils auront une belle histoire ensemble.
C’est un roman très alerte, original, dépaysant, on apprend pas mal de choses sur l’artiste lui-même et on voit du pays. Quoi de plus pour passe un excellent moment?

Orchidée fixe de Serge Bramly chez JC Lattès, 2012, 286 pages.

Texte © dominique cozette

 

Fessebouqueries #122

Cette belle semaine n°47 dans mon agenda Quo Vadis Randonnée aura été illuminée par les (v)agissements de la droite la plus bête du monde, amusants un temps mais le zygomatique fatigue ! On attend des rebondissements, un nez bouffé, un duel au pré, une UMPétée quoi. Du coup, Montebourg pulvarisé est un peu passé à l’as et rien d’autre n’a vraiment jailli de nos cerveaux saturés de matière crasse.
– CR : la politique est l’art d’obtenir de l’argent des riches et les suffrages des pauvres, sous prétexte de les protéger les uns des autres …
– BD : Il n’y a peut être pas de gaz de schiste à Notre Dame des Landes. Mais il y a du gaz lacrymogène, ça c’est sûr…
– OVH : Olivier Delaporte,mon maire, « l’homme qui défiait Guaino » et s’est ensuite désisté en faveur d’icelui en échange d’un job à la Cour des comptes, a été vu, hier, en bonne place dans la manif anti-mariage gay. Venez pas vivre à La Celle Saint Cloud si vous êtes homo. IL est vrai que Versailles et Christine Boutin sont à une jetée de pierre.
– JPT : L’homophobie est un lot de consolation pour les nostalgiques de l’antisémitisme.
– HD : Surpris pour ne pas dire halluciné de voir qu’il y a des mecs qui ont cogné sur des femmes pour défendre les valeurs de la famille…..à ce train..les fachos fâchés ne sont pas à la veille de promouvoir le mariage hétéro
– CV : Cher Facebook, C’est gentil de penser à moi, vraiment, mais pourquoi t’entêtes-tu à me proposer des « Rencontres Musulmanes » ? A moi, qui suis athée comme une tasse, qui bouffe trois curés au petit-déj, un ou deux rabbins en guise de dessert, et au moins autant d’imams avec l’apéro ?
Non mais, sérieusement ? Et je n’ai d’ailleurs pas besoin de ton aide pour faire des « rencontres ».
J’arrête là, je risque d’écrire des gros mots sinon. Bisous
– MC : « Debout les morts ! On va voter ». (Xavière Tibéri)
– PE : Fillon a cru qu’il gagnerait facilement. Pas étonnant, une telle erreur de jugement de la part d’un type qui a cru pendant 5 ans qu’il était premier ministre.
– HDD : Devedjian s’auto-vanne : « le vote par internet à l’UMP, ça n’est pas pratique pour les personnes âgées ».
– FT : Copé légèrement en tête, idem pour Fillon.
– DC : Audrey Pulvar vient de quitter Montebourg. Devant le siège de l’UMP, elle aurait dit : je prends le vainqueur !
– AE : Faut les comprendre à l’UMP, lls n’ont pas été au pouvoir depuis longtemps, émotion
– EB : La droite a réussi l’exploit de perdre une élection interne.
– RC : L’ UMP est en train d’exploser. Et pour une fois, ils auront du mal à rendre un arabe responsable de cette explosion.
– CA : De manière fascinante, les acteurs de cette clownerie seront pris au sérieux à nouveau, et, un jour gouverneront à nouveau.
– SL : Je tiens à féliciter les scénaristes. Cette fin de saison est formidable.
– B : On comprend mieux pourquoi l’UMP croyait avoir un bon bilan avec 600 milliards de dettes en plus… Les chiffres c’est pas leur truc!
– DC : Participation massive au scrutin UMP : 120% de suffrages exprimés !
– CW : Deux hommes et un couffin ! Toujours en avance sur son temps, bravo l’UMP ! 🙂
– PL : Pour départager les deux coqs, à part le combat de catch dans la boue, je ne vois pas.
– JMH : Audrey Pulvar se remet sur le marché, ministre s’abstenir.
– JFL :  Le fric ne rend pas moins con, il permet simplement de clamer plus fort sa connerie…
– PG : Alors que jusqu’ici je ne me sentais pas tellement concerné par ce mariage tout terrain, je me sens obligé, au vu de ce qui s’est passé samedi et surtout hier, de considérer que mes coréligionaires sont quand même un poil gonflés… Car il ne font que suivre les préceptes d’une église infestée de pédophiles à qui ils confient leur descendance et je dois donc me résoudre à constater avec jubilation que les enculés ne sont pas ceux à qui l’on pense de prime abord….
– PD ; Et à Levallois, les Balkany ont tenu à dépouiller eux-mêmes les votes, sans assistance, par sécurité…
– MC : Félicitations à l’UMP qui a réussi à perdre toutes les élections, même celles où elle n’a pas d’adversaire.
– CD : Mon assistante vient d’entrer dans mon bureau avec les mains chargées en disant :  » hier j’ai fait un cheese cake pour toi « . Je la vire ou pas ?
– MK : Nouvelle méthode pour trouver le sommeil en cas d’insomnies : recompter les bulletins de vote de l’UMP ! Quand même, qu’est-ce qu’ils sont cons !
– DC : Pécresse ne sourit pas, elle fait sécher ses dents !
– NP : L’UMP a enfin réussi à identifier les vrais coupables : les chiffres qui donnent les résultats sont d’origine arabe.
– SV : Copé accorde son indépendance à la Nouvelle Calédonie, à Mayotte et à Wallis et Futuna. Rayés de la carte électorale de l’UMP.
– SV : Pour régler un problème de fraude électorale entre Fillon et Copé, on se tourne vers un repris de justice Juppé. Fabulous UMP.
– PG : À l’UMP, on attend les instructions le « doigt sur la hachette »… Bande de cons va !!!
– EN  : 12h que le juge écoute Sarko, à 100000 l’heure ça va lui couter un bras au juge.
– CB : « ni dieu, ni maître » + « ni galeriste, ni collectionner » =
– FM : Au vue de ce qui se passe actuellement en France et en Espagne et ailleurs, j’ai le regret de vous annoncer dorénavant mon désintérêt le plus total envers ces gens, que l’on dit « politiques » et envers ce que l’on nomme « la politique » en général. Je vais à présent me contenter de fomenter une révolution. Décision à effet immédiat.
– EN : Frédéric Lefebvre se demande toujours ce que Bruce Wallis-et Futuna viennent faire dans le décompte des voix.
– MC : Il a pas de chance Sarkozy. Les Bettencourt filent de l’argent à la droite depuis plus d’un demi-siècle siècle, sauf à lui. Non, vraiment il pas de chance.
– FM : n’aurait jamais cru qu’elle aurait pu survivre à plus d’un mois sans connexion internet. A survécu. Mais les dommages collatéraux sont préoccupants.
– ND : J’ai croisé ce matin un unijambiste de très mauvaise humeur. En même temps, il s’était encore levé du pied gauche…
– OK : Arrêtez avec vos manifs anti aéroport de Notre Dame des landes ! Ils sont foutus de le délocaliser en Roumanie ou au Maroc !
– YH : Mais non ! Mais non ma chérie. Je ne me suis pas rendormi debout sur une jambe en enfilant mon slip. Je réfléchissais.

Court bonus éthique pour ceux qui ont ont vraiment assez des banques :
– CBCC : Non seulement j’ai un compte au crédit coop, mais j’ai mon compte principal à la Nef, banque éthique (si si ça existe) hébergée par le crédit coop. Depuis 2006, les revenus que je leur confie, entre 2 dépenses, ne servent qu’ à financier du bio, du durable, de l’équitable, du sociétal. Tous les ans, je reçois un rapport qui me l’explique et j’y crois. Tous les ans, j’ai le droit d’aller m’exprimer à l’assemblée des actionnaires. (Minuscule actionnaire pourtant) et je ne fais qu’envoyer mon vote. Mais quand même, ça me fait du bien de savoir que je ne participe ps à l’insu de mon plein gré à diverses gabegies.
Je donne à travers eux la moitié de mes revenus d’épargne à des associations éco bio etc. L’autre moitié allant de toute façon à l’état. Quand au corps de l’épargne, il nourri à rythme régulier et croissant les impôts. Mais quand même ce ptit pourcentage automatique, c’est une bonne petite goutte d’eau.

Bonus sociologique rigolo :
– TG : Expérience scientifique amusante: En 2012, dans une famille composée de quatre mâles, plus le chien, et d’une femme moderne.
Tu retires l’élément féminin pendant environ un mois, tu l’occupes à autre chose aux horaires traditionnellement consacrés à la famille.Au préalable, cette femme s’excuse, bien sûr de son manque de disponibilité devant une assemblée nonchalante qui répond par « c’est de la meringue ou de la génoise, maman, dans ce gâteau ». Tu la remets ensuite dans son milieu familial, en pleine période d’ovulation.
Constatations:
– tout le monde est en pleine forme, comme si c’étaient les vacances.
– surtout l’éponge, qui n’a jamais été aussi sèche.
– il n’est absolument pas nécessaire d’essayer de trouver un gilet ou un pantalon propre, ce serait une perte de temps. la machine à laver était en vacances?
– l’aspirateur a certainement eu un grave accident pendant ce mois d’errance. Il doit être mort.
– la larme à l’oeil, le sujet voit son fils sortir lui-même et sans qu’on lui demande le contenu d’une machine à laver. avec, dedans: la serpillère du chien, ses petites culottes, son pull tout doux, et une chemise de nuit dont elle aurait juré qu’elle était blanche, avant…
Conclusion:
un peu comme si, au lieu d’être en pleine période d’ovulation, cette femme était en période prémenstruelle, les choses qui sortent de sa bouche n’ont rien à voir avec ce qu’une mère, une épouse aimante, une gentille maîtresse à son chienchien est censée dire.

Peinture © dominique cozette

Bouffée d’art frais sur Paris : c’est le Mac Paris 2012

Mac Paris édition 2012 est une réussite : 125 artistes dont beaucoup de nouveaux nous présentent ce qu’ils ont de plus intéressant : leur imaginaire. Et c’est passionnant ! A côté de disciplines plus ou moins classiques, vous pourrez vous instruire sur le magnétisme avec des bidules attirés/repoussés les uns par les autres, vous laisser séduire par l’axe fumeux du désir où l’homme de Vitruve se lacanise à travers un trou de serrure, réviser vos cinq sens avec Lavinia Aubry et ses balances, cabinet secret, vidéo kissante, vous projeter dans des sculptures d’écorchés, de peluches zarbis ou de bonnes femmes doudouces, vous émerveiller devant l’incroyable pointillisme de Christophe Mindar*, vous perdre en conjectures au vu d’oeuvres clinquantes ou complexes ou animées ou sonores ou saignantes avec os (Djan Silveberg) mais en aucun cas vous ennuyer. Les artistes sont là, disponibles et il faut leur poser des questions car on en apprend parfois de bien bonnes !
Cette expo hors normes dure jusqu’à dimanche, les enfants adorent, ça ouvre l’esprit, les vieux adorent car ça aère les neurones, et les entre deux-âges itou car ça les détend. La curiosité, c’est le jardin du cerveau et c’est là que ça pousse. Hum… bon. Voici une petite sélection sans a priori.

La première collaboration de Caro Worboys, pour le textile, et Thierry Corrieras, pour la poterie. Le stand est splendide !


Anna Boille utilise la technique du fixé sous verre, sur plexi. Une peinture qui se fait à l’envers. Du métier !


L’univers très particulier d’Hubert Tricot où il mixe peau de vache véritable et peinture, d’un côté, et des mains, des mains et des mains de l’autre.


Keroas et sa belle ambiance exotique…


Kristof et son univers émotif vaguement chelou…

Le Joubioux, non sponsoré par Spontex, qui réalise des éponges en terre, en laiton, en bronze mais aussi en 2D qu’il a modélisées avec un talent sûr.


Marie-Hélène Bourdoux, elle, brode, coud, modèle de belles matières textiles pour des oeuvres lumineuses


Myriam Paoli poursuit son travail en finesse sur fil de fer et nous offre une approche très géométrique de son savoir-faire


Matrick Guidot m’a enchantée avec ses baigneurs à la présence délicieuse


Peggy Viallat-Langlois a choisi de s’auto-portraituré et elle a bien raison car le résultat est d’une grande force


Rach’Mell connaît bien l’usage du crayon mais il en invente un autre : le planter de crayon. Avouez que le résultat est sidérant !


Des épines de porcelaine, c’est un des supports de l’art de Samuel Yal, avouez que cette technique a du piquant !


Et les tableaux mêlant (j’allais écrire bêlant) encres, photos anciennes et surtout broderie d’Elisabeth Baillon…

A vous de découvrir tous ces artistes, 125 en tout.  Le site Mac Paris est ici. Vous saurez tout et une invitation téléchargeable vous est offerte.

* Christophe Mindar m’a envoyé une photo pour illustrer mon propos. Ainsi que les coordonnés de son site.

Texte © dominique cozette

 

Jean Feldman et son petit peuple

Jean Feldman, le F de FCA, cette superbe agence de publicité où j’ai eu l’heur de travailler, continue de créer. Comme les grands artistes, il n’en a jamais fini avec une  imagination qui  le taraude. Pourtant, il n’a plus rien à prouver. Il fait partie des plus grands publicitaires français, ses campagnes ont construit de très belles images de marque (c’est quoi, construire une image de marque ?) comme Obao et son univers japonisant, Pacific et sa plantureuse naïade en jaune, Gratounett et son humour décapant, Belle des Champs et sa ritournelle gotainerienne (qui a remis au goût du jour le joli verbe baguenauder), la Woolmark et ses moutons en forme de logo etc.
Jean Feldman, créatif exigeant, continue de bosser. Il dessine, mesure, découpe, maquette, essaie, colle divers matériaux.
Sa toute première expo montrait sur toile des femmes girondes bien alanguies. Et des tableaux-coffrets de plexi où dialoguaient d’amusants personnages découpés dans du carton. Aussi incongrus et naïfs que les petits bonshommes de Sempé. Il ne les a pas mis sur son site mais comme je les  aime énormément, je vous les montre.
Et puis, ça évolue. La peinture est rangée pour un temps. Le carton sert beaucoup pour d’autres originaux ou des maquettes. Le corian s’illumine aux rayons des lumières et l’inox rutile étonnamment. Les personnages en liberté se totémisent,  rivalisent de hauteur et d’éclat tandis que la foule des petites gens s’entassent dans des belles caisses américaines sous plexi. C’est impeccable, nickel mais aussi très touchant. Exactement comme leur créateur.

Fiancée 1

Fiancée 2

Kisses

My sister

We met on the web

You’re talkin’ to me » (détail)

Le site de Jean Feldman est ici.

Texte © dominique cozette

Fermer l’oeil de la nuit ? Jamais, avec Pauline Klein !

Une petite merveille de petit livre. Le titre, déjà. La forme ensuite : un petit objet de 128 pages, satiné du dehors et du dedans, couleur crème, avec un visuel de couverture qui montre une scène inquiétante, du moins étrange, sans grand rapport avec l’histoire.
Il s’agit d’une femme poreuse, vide, qui semble très peu exister. Elle emménage dans un immeuble. En sortant du métro, elle suit un homme involontairement. Il habite juste au-dessus de chez elle. Elle découvre qu’il vit avec une femme, enceinte. Elle les entend, elle les guette à son oeilleton (l’oeil de la nuit ?), elle épie l’homme au café qui finit par lui parler. C’est un artiste. Son propos tourne autour de l’art contemporain, il lui décrit des concepts intéressants ou extravagants, dont il ne parle pas à sa femme. Sa femme, il la trouve un peu en-dessous, un peu vulgaire avec ses jupes courtes. Elle est écrivain. Un jour, il emmène notre héroïne dans son atelier. Ça pue grave. Normal, il travaille sur de la viande avariée, des têtes de poulets dressés etc.
Parallèlement, elle a appris sans en être sûre qu’elle a un demi-frère de son père. Son père est mort, sa mère aussi. Elle tente d’en savoir plus par une tante qui ne veut rien lui dire mais elle finit par trouver Denis. Denis est en prison. Elle attend d’être prête pour l’aborder. Puis entame une correspondance assez intello voire philosophique avec lui. Il est boucher…Mais ça marche, ils se comprennent, il va lui apprendre à ne pas vivre au travers des autres, à sortir d’elle-même comme lui s’extrait de son univers carcéral.
C’est un livre bourré de phrases inventives, d’idées suspectes, d’anecdote étranges. Une sorte de petit bijou qui donne envie de connaître l’auteure. L’auteure a écrit un livre avant celui-ci : Alice Kahn.  Avec le même éditeur.

Pauline Klein. Fermer l’oeil de la nuit, chez Allia. 128 pages, août 2012.

Texte © dominique cozette

Fessebouqueries #121

Etant en vadrouille une bonne partie de la semaine, je suis au regret de vous présenter une Fessebouqueries tronquée, mais de qualité tout de même car n’oublions pas que c’est vous qui l’écrivez chaque semaine. Et j’ai dû louper des trucs intéressants concernant Coillon-Fipé dont on attend avec une impatience non contenue le résultats de leur passionnant duel, concernant aussi le pauvre Lagardère qui sombre dans l’Arlequinade la plus ridicule mais aussi le mariage gay et ses détracteurs rétro… Gay gay marions-les fait pourtant partie de notre folklore ou je rêve ?
– EL : L’UMP verse 180 000 € à Christine Boutin pour ne pas s’être présentée en 2012, je ne me suis pas présenté non plus, j’attends le chèque.
– PA : Les hommes sont deux fois plus susceptible d’utiliser Twitter après un rapport sexuel que les femmes” Les femmes c’est pendant
– CH : Je pense que c’est parce que certains hommes aiment tellement leur femme que, pour ne pas l’user, ils se servent de celle des autres…
– HD : Cette odeur d’alcool dans le RER ?! Aurait-on enfin installé un wagon-bar ?
– JPCM se demande quoi faire de tout l’argent qu’il n’a pas.
– HD : Je me pose la question …quelle drogue prend Pujadas pour poser des questions aussi cons que celle -ci: » » Ces manifs en Espagne contre l’austérité sont elles populaires ? »
– OVH : Mon mari n’est pas comme Lionel Jospin, un austère qui se marre, c’est un marrant glacé.
– HD : Comment dire à une personne qu’elle a mauvaise haleine de façon courtoise : « On s’ennuye un peu là non ? Si on allait se brosser les dents ? »
– SG : Pourquoi les hommes aiment les p’tits culs ? (parce que les hommes ont des p’tites bites.)
– LB : La seule fois où je n’ai pas recraché du Beaujolais nouveau, ça devait être du Côte du Rhône.
– AB : Le Beaujolais nouveau arrive. Moi je pars.
– BL : Le parfait exemple de la manipulation des merdias : Le duel fillon/copé, tout le monde s’en fout mais les merdias nous en parlent tous les jours du matin au soir depuis des semaines. Radios, télévisions, presse écrite mobilisées pour pérorer sur un sujet qui intéresse 200.000 militants soit 0.3% de la population. Mais selon les mêmes merdias, 8 millions de pauvres, 4 millions de mal logés, 200.000 sdf (soit autant que de militants ump), ça n’intéresse personne
– JPCM : s’éveille avec le brushing de Mathieu Chédid et la voix de José Dayan
– ACB : J’attends depuis 5H45 que le parc ouvre pour enfin faire mon petit jogging, il n’ouvre q’à 8H00 d’ici là je sens bien que je me serais découragé. Il fait quand même froid ce matin!
– HdD : Je regarde des photos d’israëliens et de palestiniens morts aujourd’hui en cherchant un bon mot à faire. Je galère un peu j’avoue.
– CD : C’est quand même bien la première fois et sans doute la dernière que j’ai un petit soupçon de sympathie pour Fillon qui devrait mettre un vent à Copé. Où va se nicher le mépris ….
– YH : Je viens de compter le nombre de femmes que je n’ai pas eu dans ma vie. Je suis terrifié !
– AE : Quel goût ça peut avoir la chair de bigote?

Bonus Darty
– EO : Le mec de Darty est enfin venu, avec une conjonctivite ou alors une maladie de lapin, quoiqu’il en soit il avait les yeux rouges vifs et il toussait partout sans mettre la main devant la bouche, il m’a dit « oh non dis moi pas que j’ai envie de pisser, jsais pas si c’est l’hiver mais j’ai tt le temps envie de pisser, je peux utiliser vos toilettes? » j’ai répondu oui en priant qu’il vise juste. Avec ses yeux de lapin drogué il en a foutu partout mais absolument partout, je qualifierais son activité d’uriner comme étant schizophrénique à tendance éparpillée. Il m’a redécoré les chiottes. Deux fois. Le mec c’était Rahan, il coupait tout avec sa bouche contagieuse, hopla je dénude le fil avec les dents hopla je mets ma main sur la poignée hopla jme vautre sur le lit avec la télécommande pour vérifier qu’elle marche. A un moment il avait le choix entre tousser vers la fenêtre, tousser dans ma gueule ou tousser vers mon tiroir à sous vêtements, je vous laisse deviner, mais quoiqu’il en soit ce soir je fais une lessive à 90 degré à l’eau de javel. Darty je te maudis!

Dessin © dominique cozette

Fessebouqueries #120

J’étais chez un pote toute la semaine — voir photo jointe — il m’a emmené manger des tielles et des zézettes à la halle,  boire des coups au café de la marine, se marrer avec Moustique au Miam (ouais, c’est un potalui), alors vous comprenez, Gallois, Obama , Rachida,  CIA et tout ça, il s’en soucie comme d’un colin-tampon. Quant à mes Fessebouqueries, oh pôvres !
– JPCM : Je dédie cette gastroentérite à Jean-Francois Copé et au mec qui fait les couvs dégueulasses du Point.
– MM : Si je persiste à écrire des SMS sans lunettes, je vais avoir de sérieux problèmes… Une fois sur deux, je tape « cocu » au lieu de « coucou » …
– AP : Rachida Dati devrait s’appeler Rachida DATA, parce qu’elle a pas mal DONNÉ.
– PM : Il faut arrêter avec les blagues sexistes sur Rachida Dati. Si ça se trouve, le père, c’est Isabelle Balkany.
– FE  : Prochain film de François Ozon : « Huit hommes » avec Rachida Dati
– DC : Une femme, un bébé, 8 possibilités
– SG : J’aimerais connaître un jour, au moins une fois dans ma vie, la Rançon du Succès.
– PT : Tu as compris que Laurence Ferrari a obtenu le Goncourt de littérature ? Pas de panique, tu as juste mal lu.
– RC : Barack Obama vient de recevoir les félicitations de ses frères, Cast et Brick.
– FT : Je suis surprise par le nombre d’amis de droite qui sont follement heureux de la victoire de Barack Obama, et qui l’étaient également il y a quatre ans. Personne ne leur a dit qu’il était de gauche? Ah oui mais c’est pas pareil, il est américain.
– MM : C’est fou les actes cruels que je regrette comme.. régler son compte en moins de 5 mn à une pauvre tablette de chocolat qui n’avait rien demandé à personne…
– PG : « Maman vient d’engager un jeune ouvrier pour qu’il lui sonde le sous-bassement » Qui a dit que les jeunes ne savait plus s’exprimer avec du « style » ?
C’est vrai !!!! ce jeune homme aurait pu dire « Ma mère est une Cougar qui vient de se trouver un keum pour lui secouer la viandâsse, cool !!!, ça va me faire des vacances »
– JPT : Selon la charia, la loi musulmane, il faut le témoignage de deux femmes pour compenser celui d’un homme. C’est consternant ! Moi, j’aurais plutôt dit trois, non ?
– EN : Il est loin le temps où sur FB on rejoignait des groupes aussi fondamentaux que « Contre les cons qui restent immobiles à gauche sur l’escalator » ou « Tes jantes alu font combien de pouces? ».

Le bonus de la semaine, spécial dame esseulée :
– OVH : Stage d’acquisition de la Testostérone, 3e leçon : mise en pratique de plusieurs tâches à la fois 1) Sortir les chiens en les attirant par le vocable « Titour » et rassurer par l’expression « Pissou-fermer-tail » 2) Fermer les volets de l’extérieur 3) Rentrer dans la maison et fermer les volets de l’intérieur, rabattre les rideaux 4) Terminer par un appel ferme « Foxxxxxxiiiiiie bordel de merde lâche ce hérisson! » et « Gloumy (surnom de Sunshine), sac de patate, toujours à faire des conneries, rentre ou je t’enferme dehors ». 5) Fermer les volets de la cuisine en s’assurant que le cheptel canin a regagné le canapé avec des pattes boueuses. Un remontant est autorisé, vin rouge, blanc, rosé, champagne mais un verre à la fois. 7 et 7bis : Si on est le détenteur des phéromones mâles dominantes dire « Bon ben je monte » mais comme il n’est pas là car il se tord sur son lit de douleur dans le service cardiologique de la Clinique de Parly2, dire « Je vais mettre mon jogging pour dormir de préférence à la nuisette, me coucher dans le lit pas fait, me coller les chiens dans les jambes et lire, même tard car la lampe de chevet ne dérange personne, voire terminer ‘La Ronde des Mensonges’ le passionnant polar d’Elizabeth George » 8) oublier ses antidépresseurs et se bourrer de Lexomil à la place parce qu’on a la flemme de redescendre chercher son Stilnox sachant que l’on va pouvoir ronfler sans se faire pincer le nez. 9) S’endormir en laissant la télé et la lumière allumées sans souci du développement durable.

Visuel © je ne sais pas qui

La belle Hélène de Lionel Duroy

Le cahier de Turin, paru en 2003, tente de raconter  l’histoire de la petite famille de Lionel Duroy  avec sa seconde femme adorée, Hélène,  après dix ans de vie commune.
Il a connue Hélène par voisinage : sa fenêtre donnait sur le petit jardin de Duroy, au coeur de Belleville. Il avait d’abord remarqué le bel homme avec qui elle vivait et n’osait pas penser une seconde qu’elle pourrait s’intéresser à lui. Pourtant, elle le fit. Il était en convalescence de la rupture d’avec sa première épouse partie avec un métèque en emportant leurs deux enfants — Duroy est un homme qui adore ses enfants et s’en occupe comme une maman.
Au début du livre, il enjolive. Il dit à son ami qu’il est tombé amoureux très vite. Pourtant, il n’était pas curieux d’Hélène. C’est dix ans après, d’un seul coup, que ça le taraude car lui revient en mémoire que lors de leur première escapade, dans un hôtel de Turin, Hélène lui avait donné un cahier écrit tout fin où elle se racontait afin qu’il sache à qui il aurait affaire. Mais il négligea le cahier et s’en veut terriblement.
Dix ans après, il confesse à Hélène que pour écrire son roman sur elle, il faudrait qu’il retrouve le cahier, qu’elle l’avait sûrement rangé quelque part. Et là, il provoque deux vexations qui l’accablent : non seulement il a oublié le cahier à l’hôtel, mais en plus, elle le lui a déjà dit. Il est pétrifié.
En même temps, il conte ce qui se passe au quotidien, Hélène qui travaille pour une députée, rentre tard, circule pas mal, s’habille flashy, ne l’écoute pas quand il parle, mais possède une grâce qu’il n’arrive pas à définir et qui la rend craquante. Leurs deux fillettes qui ne s’entendent pas, la petite étant trop cool et joyeuse pour son aînée qui ne supporte pas qu’on ne se plie pas à tous les usages. Le grand fils du premier mariage apparaît parfois pour foutre son bordel de jeune homme mal réveillé.
Et puis la voisine, petite nana ronde pas très futée, qui a « succédé » à Hélène à son ancienne fenêtre, dont Duroy fait la connaissance et que la jalousie d’Hélène pousse à considérer comme un irrésistible objet de désir. Classique.
Mais il faut démarrer le roman et sans le cahier de Turin, rien n’est possible. Duroy va téléphoner à l’hôtel. Il a changé de propriétaire,  on lui donne le numéro de l’ancien. Cet homme est hospitalisé mais, comme lui dit sa fille, il ne jette rien donc il y a de fortes chances qu’il ait gardé le cahier. Il donne rendez-vous à cette femme à Turin le lundi suivant, on est jeudi. Et précisément ce jeudi, Hélène convainc son mari d’aller le week-end dans les environs de Pontarlier revoir la maison de son père. Qu’après, il peut les déposer au train pour continuer sur Turin.
Ce n’est pas une maison abandonnée ni en ruines, c’est là où vit sommairement un des frères d’Hélène. C’est là que Duroy va comprendre l’infime chose qu’il possède et qui a séduit sa femme, et c’est là aussi que le mystère du cahier va se dénouer.
Formidable livre qui montre qu’avec un talent exceptionnel, n’importe quelle histoire quotidienne peut devenir une merveille. (Ah que j’aurais aimé qu’un écrivain sensible comme lui fasse mon portrait ! Vanité !)

Colères, que j’avais lu en mars, résumé et vidéo ici vous donnera la suite de cette histoire, la douloureuse séparation d’avec Hélène, l’explosion de la famille et la triste rupture avec son fils devenu toxicomane.

Le cahier de Turin de Lionel Duroy, édition J’ai lu 2012, 247 pages, 7,10 €. La photo de couverture ne reflète absolument pas la légèreté du récit.

Texte © dominique cozette

 

 

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