Fermer l’oeil de la nuit ? Jamais, avec Pauline Klein !

Une petite merveille de petit livre. Le titre, déjà. La forme ensuite : un petit objet de 128 pages, satiné du dehors et du dedans, couleur crème, avec un visuel de couverture qui montre une scène inquiétante, du moins étrange, sans grand rapport avec l’histoire.
Il s’agit d’une femme poreuse, vide, qui semble très peu exister. Elle emménage dans un immeuble. En sortant du métro, elle suit un homme involontairement. Il habite juste au-dessus de chez elle. Elle découvre qu’il vit avec une femme, enceinte. Elle les entend, elle les guette à son oeilleton (l’oeil de la nuit ?), elle épie l’homme au café qui finit par lui parler. C’est un artiste. Son propos tourne autour de l’art contemporain, il lui décrit des concepts intéressants ou extravagants, dont il ne parle pas à sa femme. Sa femme, il la trouve un peu en-dessous, un peu vulgaire avec ses jupes courtes. Elle est écrivain. Un jour, il emmène notre héroïne dans son atelier. Ça pue grave. Normal, il travaille sur de la viande avariée, des têtes de poulets dressés etc.
Parallèlement, elle a appris sans en être sûre qu’elle a un demi-frère de son père. Son père est mort, sa mère aussi. Elle tente d’en savoir plus par une tante qui ne veut rien lui dire mais elle finit par trouver Denis. Denis est en prison. Elle attend d’être prête pour l’aborder. Puis entame une correspondance assez intello voire philosophique avec lui. Il est boucher…Mais ça marche, ils se comprennent, il va lui apprendre à ne pas vivre au travers des autres, à sortir d’elle-même comme lui s’extrait de son univers carcéral.
C’est un livre bourré de phrases inventives, d’idées suspectes, d’anecdote étranges. Une sorte de petit bijou qui donne envie de connaître l’auteure. L’auteure a écrit un livre avant celui-ci : Alice Kahn.  Avec le même éditeur.

Pauline Klein. Fermer l’oeil de la nuit, chez Allia. 128 pages, août 2012.

Texte © dominique cozette

Lard, content, porc, hein ? C’est au MAM dès aujourd’hui.

Visite privilégiée ce lundi au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, grâce à  Anne de L., amie FB, de l’expo de deux jeunes stars montantes de la scène contemporaine, Ryan Trecartin et Lizzie Fitch, tous deux nés aux Etats-Unis en 81, 30 ans donc. Très peu de monde à cette visite de presse contrairement à la foule qui s’était pressée pour Basquia que j’avais vu dans les mêmes (super) conditions. Les artistes étaient présents, en vieux jeans informels, souriants et peut-être déçus de voir si peu d’amateurs.
Leur expo s’appelle « Any ever », jeu de mot qui annonce les jeux de langage de toutes leurs vidéos,  choses foutraques assez déconcertantes, très animées, colorées, outrancières, au langage composé majoritairement  de mots inventés (in english, of course). Des tablets sont à disposition pour un essai de traduction, ce qui donne une sorte d’écriture automatique poético-graphique avec changement de casse, de typo, ruptures de phrases…La curatrice, pour nous rassurer, nous dit que c’est normal de ne rien comprendre car il n’y a rien à comprendre, ah ouf, qu’à se laisser porter, entrer dans les images, recomposer ce qu’on voit/entend, « à ma guise », quoi comme dit l’agaçante pub…
Je n’ai pas eu le courage de regarder cinq heures de film foutraque et sans sens. Alors je me suis penchée sur les installations, appelées sculptures. Bon. Y a de tout. Si on prend la peine de lire la notice, c’est long et  encore moins compréhensible car « il faut accepter de réexaminer les codes du monde réel et les règles du langage », ce que je n’ai pas su faire, apparemment
Pour faire leurs sculptures, « ils prélèvent la matières première lors d’excursion analytiques dans les grands magasins et les boutiques de décoration et de bricolage. L’acte d’achat devient l’occasion d’examiner la valeur protéiforme des biens de consommation, obéissant à un code extrêmement précis lié à l’emplacement dans les rayons, à la façon dont ils sont proposés, à leur appellation ou encore, tout simplement à leur nature » etc…
Nan mais bon. Moi, ça me fait plutôt penser à des ados qui feraient leurs premières installations avec tout ce qui leur tombe sous la main, perruques, collants,  du bois, du sable, des tas de trucs. Ils ont quand même mâché du papier pour en faire des personnages drolatiques. Voilà. C’est énorme, un travail de titan, peut-être que dans 20 ans je pourrai dire j’y étais. Enfin, dans 20 ans, en même temps, j’aurai largement perdu l’esprit.
Et ces deux jeunes artistes — passés au Moma l’an dernier — étaient à notre dispo pour répondre aux questions. Ils n’ont pas trouvé beaucoup d’écho face aux  béotiens de ce vieux continent que nous sommes, légèrement artproof à leur travail certainement passionnant vu d’un certain angle. Mais lequel ? Hé bien,  de l’art contemporain, ma vieille !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Cette mise en page est totalement foireuse !).
Pour en lire plus sur l’expo, le site du MAM ici. C’est du 18 octobre au 8 janvier 2012.
Et aussi des extraits des vidéos ici

Je n’ai pas vu l’expo des sculptures de Baselitz (c’était fermé le lundi), mais ça, je ne vais pas le rater ! C’est aussi au MAM jusqu’au 29 janvier.

Texte © dominique cozette

L’exception française, drôle d’exception…par Pierre Lamalattie

Pierre Lamalattie me plaît parce qu’il peint des gens et que ses gens me touchent. Et qu’il écrit des choses concernant ces gens, pour mieux les cerner. Et en peu de mots, il exprime une personnalité. Lui aussi écrit. Sur l’art et ce mois-ci, c’est dans Artension n°107, page 70.
Son article s’intitule « L’exception française est pavée de bonnes intentions » et en voici un un extrait, qui décrit avec talent et ironie la place de l’art contemporain (AC) dans notre beau pays légèrement … sclérosé.
 » L’art contemporain, en France, c’est d’abord un réseau d’institutions artistiques, désertes et repeintes en blanc tous les deux mois. Ce sont des catalogues de 500 pages, écrits en style néoscolastique pour un public de doctorants. C’est un académisme qui, pour l’essentiel, s’est perdu dans un exercice de style, sans objet et sans public.
Quelques tentatives ont lieu, ça et là, pour trouver des visiteurs, par exemple, en exposant l’AC dans un lieu touristique et en privilégiant des productions distrayantes, ayant valeur d‘animations. Les farces géantes organisées à Versailles, en sont un exemple. Cependant, quand on sort de l’hexagone, on est surpris de voir des expositions beaucoup plus éclectiques, ouvertes et intéressantes. »
Le suite dans cet excellent magazine dont le thème principal est justement… l’exception culturelle.

Pour moi, l’exception culturelle, c’est ce grand benêt qu’est devenu Mitterrand Frédéric, qu’on voit ici et là, lèvres ballantes, à rigoler en sortant de l’Elysée, à bayer aux corneilles durant la cérémonie des César, à parader devant le Palais des Festivals cette semaine. Et à inscrire une pratique barbare au Patrimoine Immatériel de l’Humanité. Qu’a t-il dit ou fait de remarquable depuis que Sarkozy s’est emparé de lui ? Si vous en savez plus, faites-le moi savoir…

Peinture © Pierre Lamalattie. (désolée pour cette mauvaise déf). Son site ici

Brèves d’expos (de Catrin)

Tableau de François Catrin

Ayant apprécié ses oeuvres, je suis allée sur le site de François Catrin (lien ci-dessous) dans lequel il note les commentaires du public à ses expos. Extraits :
– Ils prennent bien la lumière
– C’est du contemporain ? Ben oui, l’artiste, il est là
– Faut regarder de près et de loin; au plus on regarde de loin, au plus c’est joli
– Faut qu’ça plaise ! Les goûts de chacun y sont pas les mêmes
– Chacun peut s’y retrouver, c’est doux, c’est poétique; chacun peut se faire son histoire
– Très, très bizarre
– C’est du journal qu’est peint
– C’est du tissu ?
– Ça laisse pas sans réaction !!
– On se demande ce que c’est comme matière
– J’mettrais pas ça dans mes chiottes
– Ça veut dire quoi ?
– C’est collé ?
– Vous rangez ça dans quelle école ? Cubiste ? Abstrait ?
– C’est pas mal fait
– Qu’est ce que c’est que ça ?
– Vous devriez donner des cours, notre prof y nous apprends pas à faire des truc originaux
– C’est spécial !
– Ça irait pas chez nous comme couleur
– Maman, regarde ! Il est tout déchiré celui-la !
– C’est quoi, votre source d’inspiration ? !
– Nice ! very nice !
– L’Art, c’est subjectif !
– J’aime bien ce que vous faites
– On n’a aucune idée de la technique
– C’est beau !
– Ça ressemble à rien
– C’est spécial, quand même.
– Ah ! c’est très intéressant !
– J’aime bien votre travail
– Oh ! c’est merveilleux !
– On a déjà vu, maman ! Avance !
– Qu’est ce que ça veux dire ?
– Très beau, ça nous plaît, on repassera
– Moi, j’ai un copain qui peint sur des photos.
– Ça change de ce qu’on a l’habitude de voir
– Ça c’est original !!
– Marrant, ça !
– Ça fait comme du marbre
– C’est comme quelqu’un qui sort à travers du parchemin
– Oh la la ! qu’c’est oppressant !
– C’est la plus belle expo depuis que cette galerie est ouverte
– Ah j’adore ! c’est du collage ?
– C’est particulier, c’est le moins qu’on puisse dire !
– C’est plein de sensibilité
– C’est une recherche très personnelle
– C’est bien; je vais essayer d’amener mon mari
– Je trouve ça très, très joli
– Pourquoi vous en faites pas avec de la couleur ?
– Ça a de l’allure !
– Il y a toujours une ouverture par laquelle on peut s’évader
– C’est rare de trouver des artistes qui font… moderne, quoi !
– c’est bien de près, et aussi de loin
– C’est un boulot qui demande de la contemplation
– Qu’est-ce qu’il doit être triste, le mec qui fait ça !
– C’est très surprenant
– Pour du contemporain, c’est bien parce qu’on comprend
– Ça s’ouvre toujours sur quelque chose de merveilleux
– C’est original, ça ! J’aime bien
– c’est curieux, c’est géométrique et plein de fantaisie
– Ça, ça sort de l’ordinaire !
– c’est beau, ça crée un monde, un univers très personnel et plein de charme
– On aime ou on aime pas … moi, j’aime pas
– Y’a des trucs artistiques
– Quand je vois ça j’aimerais avoir des sous
– Ça c’est… contemporain !… Oui, c’est cela, contemporain
– Ça irait pas du tout avec la couleur de notre canapé
– Les autres tableaux, c’est du travail d’artiste… mais celui-là c’est une oeuvre!!

Texte : les visiteurs des expos de François Catrin. Peinture © François Catrin. Expo superbe actuellement à Valaurie (près de Grignan) en Drôme Provençale, à la Maison de la Tour. Si vous passez par là, faites-moi signe ! Le village aussi est sublime !
Voir le site de François Catrin ici.

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