Les Fessebouqueries #709

L’actu tourne en rond, l’humour a la pelade, il se fait rare, entre ce premier sinistre qui n’arrête pas de gâtifier et les guerres, il faut s’armer de patience pour trouver matière à rire. Concentrons-nous alors sur les boomers que Bayrou veut mettre au régime, et parlons des boomeuses, les authentiques yéyé girls dont je fus. Ça passe pas crème, moi je vous le dis, les femmes libres c’est pas la tasse de thé de tout le monde, on n’a pas le clito sorti des ronces cher.es ami.es. (J’ai laissé exprès les fautes) Alors buvons une tasse de tisane si ça peut calmer le jeu… avec quelques gouttes de gnôle eud’dans bien sûr dear friends.

  • LZ : J’ai très hâte de savoir si ce sont des élus de gauche, du centre ou de droite qui seront dans l’incapacité de gouverner.
  • DSC : Le funiculaire… n’a plus rien de funny… Parfois les mots et les maux se confondent…….
  • PA : — Ça te sert à quoi de rentrer le ventre quand tu montes sur la balance ? — À voir le cadran.
  • DE : Je viens de voir passer sur twitter « la rentrer c’est dur ». On n’insistera jamais assez sur l’importance de l’orthographe.
  • RR : Depuis l’ouverture de la baignade dans la Seine cet été, aucune infection n’a été recensée. Aucun dermato dispo avant 2032 pour confirmer cette info.
  • DSG : François Bayrou sur le vote de confiance : « Je me battrai comme un chien ». C’est tellement dingue ce genre de déclaration et surtout imprécis. Quelle race : labrador, fox terrier, pitbull ? Urinera-t-il sur les plateaux télé ? Quel type de croquettes préférera-t-il ? On veut de la clarté.
  • SG : Vous imaginez dans les livres d’histoire plus tard : « Le Premier ministre François fut alors chassé du pouvoir. En effet, il n’avait pas pu inviter les chefs de parti à négocier pendant l’été parce qu’ils étaient tous partis en vacances sans leur téléphone portable ».
  • PV : Non, en août Bayrou n’était pas en vacances. Il parcourait les catalogues de parquet et mobilier pour facturer la rénovation de son bureau de maire de Pau. 40 000 euros d’argent public.
  • OVH : Bayrou est la parfaite illustration du vieil adage : jeter l’éponge avant de s’être lavé.
  • TP : Tous ceux qui critiquent Shein ne connaissent pas le plaisir d’enfiler une tenue complète toute neuve le matin avant de la jeter à la poubelle le soir venu.
  • PA ; Le cubisme : au 20ème siècle, c’est un mouvement artistique révolutionnant la peinture. Au 21ème siècle, c’est boire du rosé à une soirée barbecue/saucisse.
  • PN : Vos grand-mères portaient des mini-jupes, des bottes hautes et pas de soutien-gorge. Elles ont écouté Led Zeppelin, les Beatles, Janis Joplin et les Rolling Stones. Elles ont parcouru les rues en motos et en voitures rapides. Elles fumaient du tabac. Elles ont bu des gin tonic, du whisky, du cuba libre…. Elles sont rentrées à la maison à 4 h du matin et se sont quand même présentées au travail le matin. Admettez-le, vos grand-mères étaient plus calmes et détendues que vous ne le serez jamais.
  • HP : Ma grand mère était vieille ça m’étonnerait qu’elle faisait ca
  • FDM : Pour ma grand-mère et mes grandes tantes, ce que tu décris était vu comme des filles de joies à l’époque.
  • JF : Frérot, ça se voit que tu connais pas ma grand-mère. Elle était plutôt du genre foulard strict et à m’obliger à finir ma soupe de poireaux.
  • BM : elles ont voté Macron car il prouvait qu’un gamin pouvait baisé une quinquagénaire.
  • FA : On voit l’état du pays laissé vs le pays laissé par leur grands mères. Et c’est encore plus valable pour les hommes, baby boomers est une génération de donneur de leçon doublé d’incompétents.
  • TI : Aujourd’hui leurs petits enfants sont trans et twerkent à l’africaine ! MERCI les mamies
  • TQP : Tout ça pour finir par se goinfrer au buffet d’une croisière Costa la main gauche sur le déambulateur.
  • MI : Oui elles ont tellement fait les connes qu’elles ont laisser rentrer l’ennemi, il serait bien maintenant qu’elles ferment leur gueule..les jeunes femmes st agressés, violées etc à cause de ces grand mère pas cool du tt..bye.

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES …
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

La chair des autres

La chair des autres, le dernier livre de Claire Berest, n’est pas le énième compte-rendu du procès de Mazan où Dominique Pélicot était jugé pour le viol sous sédation de sa femme, Gisèle Pélicot, ainsi que 51 accusés complices de viol . C’est plutôt un réflexion en profondeur avec de multiples exemples sur la violence, le consentement, la normalité, l’inculture du viol. Sur les coulisses du mal.
Ce qu’elle essaie de comprendre, c’est ce qu’il se passe dans la tête de ces hommes et qui n’est pas réductible à une généralité ou à une statistique. Tous sont uniques dans leur approche, leurs « motivations » sont personnelles ou occasionnelles, mais ce qui est sûr c’est qu’aucun n’a considéré Gisèle comme une personne, un sujet, d’ailleurs ils n’ont pas regardé son visage et aucun d’entre eux ne faisait partie d’un CSP au-dessus de la moyenne.
J’ai vu aussi que Pélicot ne demandait pas d’argent.
On ne cessera pas de louer le courage de Gisèle P. qui a refusé le huis-clos. Même pour les vidéos des viols sur son corps. Comme il a été dit, par elle, je crois « il faut que la honte change de camp ». Il y cette citation « le viol est le seul crime dont l’auteur se sent innocent et la victime coupable » (Antoine Garapon).
L’autrice a compulsé beaucoup de rapports sur le sujet, c’est parfois un peu trop mais ça fait avancer sa pensée et la nôtre.
Extrait : « On pourrait dire qu’il y a deux Gisèle. Celle qu’elle était jusqu’à ce que le malheur la déracine, et qui est aujourd’hui un « champ de ruines ». Et celle qui, après avoir été rendue muette par la tragédie, est née du malheur et s’est tournée vers les autres. Elle a réalisé la prouesse de s’être délestée du mal du criminel. Elle ne pouvait pas l’obliger, lui, à l’endosser, car « le mal habite dans l’âme du criminel sans y être senti », pour reprendre encore les mots de Weil. Mais Gisèle Pelicot a reussi à ne plus le porter en elle. « La honte a changé de camp » son mot d’ordre, devenu emblème de ce procès, magistral cri de réveil sociétal. »
Passionnant.

La chair des autres de Claire Berest, 2025 aux éditions Albin Michel. 216 pages, 18,90 €

Texte © dominique cozette

Même le froid tremble, roman sauvage

Rentrée littéraire. L’autrice de ce livre, Nicole M. Ortega, a piqué son titre, Même le froid tremble, à une poétesse car elle est elle-même poète. C’est un livre échevelé, sauvage, qui met en scène trois très jeunes filles d’un des plus grands bidonvilles du Chili, à Santiago. La narratrice a un peu plus de chance que ses deux amies car elle est blonde, issue d’un père français de passage près de sa mère. Mais qui ne s’est pas du tout occupé d’elle. Elle est en revanche pleine d’amour pour son papa noir, son beau-père, qui l’a élevée tendrement. Chance car les prédateurs — et il n’y a que ça dans ce pays ultra-machiste qui fait peut cas des femmes, on viole, on tue, on jette — car on la prend pour une touriste et on n’ose moins s’attaquer à elle. Enfin, c’est relatif.
Ces trois jeunes filles ont décidé pour leurs vacances d’aller à la fête de la Vierge noire, un des événements les plus festifs du pays. Pour cela, il leur faudra parcourir 1600 km sans moyens, le peu de pièces qu’elles ont fond vite, et ne peuvent compter que sur la bienveillance de certaines personnes pour y arriver. Les rencontres en stop, les nuits glaciales à la belle étoile, la Dame blanche qui les guette, un serial killer qui rôde, il va falloir faire face à toutes ces difficultés pour y arriver. Ne parlons pas non plus des petits antagonismes qui manquent de les séparer.
C’est un langue forte, trash, cash qui habite ce texte punk ultra-violent. Comme la menace est partout, les mots durs les accompagnent sans ambages. C’est aussi poétique, politique, révolté et tendre souvent.
L’autrice est née au Chili et a choisi d’écrire ce texte en français. Un road trip impressionnant.

Même le froid tremble de Nicole M. Ortega, 2025, aux éditions Anne Carrière. 170 pages, 18 €.

Texte © dominique cozette

Un Duroy gouleyant

Rentrée littéraire. Gouleyant, vu le sujet, n’est pas vraiment la qualificatif adapté au thème de ce nouveau livre d’un de mes écrivains favoris, à savoir la déportation méconnue d’opposants aux communistes roumains dans les années 40 et 50.
La chair du récit, Un mal irréparable, est donnée par le vieil écrivain, Frédéric Riegerl, qui se prend à s’interroger sur sa petite enfance dont il n’a aucun souvenir, aucune photo, dont ses parents ne lui ont jamais parlé. Il se souvient juste, après avoir vécu « dans un maison de campagne » en Roumanie parfois évoquée, de leur vie à Paris avec avant de partir faire sa vie aux Etats-Unis où il devenu écrivain à succès.
Ses parents sont morts, bien sûr, et il n’a jamais ouvert le coffret qui contenait leurs souvenirs, papiers, documents. Il le fera plus tard, sur place, dans ce périple en Europe centrale où il réalise que la fameuse maison de campagne était un goulag sans aucune commodité, que sa petite sœur de dix-huit mois n’était pas morte des suites d’une maladie infantile mais de faim car cet endroit désertique et hostile où ses parents ont été déportés sans aucune raison les a obligés à vivre dans des conditions épouvantables et cruelles, pire que ce que vivent les bêtes. Une horreur qu’il a fini par découvrir dans le cahier écrit pas sa mère.
Dévasté, il n’aura alors de cesse de tenter de retrouver les quelques personnes encore vivantes, les enfants du moins, ou des documents lui ouvrant les yeux, de revoir le goulag (disparu car rasé par Ceaucescu), les maisons où ont vécu ses parents. Et il en ressentira une forme de honte d’arriver trop tard, de ne pas s’être plus intéressé à leur vie, leur passé et de ne pas avoir compati à l’horreur qu’ils ont subie. Il réussira à retrouver la jeune voisine du goulag dont il était amoureux quand il était petit, une très vieille dame.
L’histoire écrite par sa mère, dans le coffret qu’il finit par ouvrir, est comme un roman dans le roman. Construction assez bizarre mais ça n’enlève rien au récit des horribles années de tous ces déportés dans des conditions de vie inhumaines.
Encore un livre qui m’a passionnée, mais je n’ai rien trouvé sur sa sortie qui m’indiquerait sa proximité avec le passé de Duroy.

Un mal irréparable de Lionel Duroy, 2025, aux éditions Mialet Barrault, 380 pages.

Texte © dominique cozette


Un pont sur la Seine

Rentrée littéraire. Mis à part le fait que je n’aime pas les nouvelles sur-couvertures de Grasset, voici Un pont sur la Seine, un livre qui sort totalement de l’ordinaire de cette rentrée focalisée principalement sur les violences faites aux femmes ou l’histoire du père ou celle de la mère.
Ici, Pauline Dreyfus nous raconte comment un pont jeté entre deux petites communes de chaque côté de la Seine a retricoté drastiquement la vie des gens. Car au lieu de les relier, il les a séparés.
Donc d’un côté, à Saint-Amand, on cultive le chasselas, cépage de luxe dont sont friands les Russes et qui permet aux Vernet de vivre confortablement de leurs récoltes. Et de l’autre, Champagne (rien à voir avec l’appellation) où va se construire une usine, on est au début du XXème siècle, symbole du progrès et du développement du pays. L’un des Vernet, plutôt que de rester du côté des viticulteurs qui deviendront bientôt les ploucs, passe le pont et pourra donner libre cours à ses ambitions. Et pendant que ses frères et cousins partent se faire massacrer au front de la grande guerre, lui reste à l’usine pour y fabriquer des armes. Ce qui est aussi une façon de pariciper à la guerre.
L’écart entre ce que les deux populations vivent va se creuser de plus en plus au fil des années. Les alliances familiales deviennent impossibles, le mépris s’installe envers les paysans dont le cépage n’attire plus, mais la roue tourne, il y a une autre guerre, les Vernet croissent, et bien plus tard, ces ploucs remettrons St Amand au goût du jour avec force bals, guinguettes, baignades dans la Seine qui vont attirer tous les Parisiens branchés, ce qui rendra cette fois l’autre village totalement ringard. On va suivre le parcours des descendants de ces pionniers, les trahisons, les haines, les tromperies, les accidents créés par le pont. Très intéressant.

Un pont sur la Seine de Pauline Dreyfus, 2035 aux Editions Grasset, 208 pages.

Texte © dominique cozette

Lanceuse d’alerte

Rentrée littéraire. L’incendiaire est un roman implacable sur les lanceurs/euses d’alerte écrit et remarquablement documenté par Constance Rivière. La première grande partie du livre est romancée : Alexandra revient dans sa petite ville pour travailler dans l’usine de produits chimiques, à un poste important, responsable administrative. Le nouveau patron, Paul, un jeune requin des affaires, ambitieux, mâle alpha, arrogant n’a qu’une idée en tête : le développement du site en dépit de toute prudence par rapport aux risques que font courir ces produits hautement inflammables et dangereux. Mais elle s’y intéresse de plus en plus, enquête, interroge et, telle Cassandre, voit venir une prochaine catastrophe vu la façon dont est négligé le traitement des déchets laissés à l’abandon. Il suffit d’une étincelle.
Leur entente est bonne au début, d’autant plus qu’elle est très belle, libre, c’est une fêtarde et c’est connu, et le patron ne doute pas une seconde qu’elle lui tombera dans les bras. Mais lorsqu’elle se refuse à lui, il va l’humilier de façon irréversible. Ce sera sa croix. Elle a été mise au placard et plus personne ne lui parle à l’usine, sauf un homme qui partage ses craintes, seul soutien mais impuissant. Alors, elle disparaîtra, elle coupera le cordon avec cette vie. Ce qui n’empêchera la catastrophe redoutée de survenir, un incendie redoutable chargé de vapeurs toxiques, rendant l’air irrespirable.
La deuxième partie plus courte traite des lanceurs/euses d’alerte (plutôt des femmes, d’ailleurs) qui ont vu leur vie saccagée par tous ceux qui ne voulaient pas les croire, ou donner du crédit à leurs démarches ou simplement qui les ignoraient car ça allait contre leurs intérêts (ce qu’on vit en ce moment un peu partout dans le monde avec le problème du climat).
Dans la troisième partie, on la retrouvera dans sa nouvelle vie.

L’incendiaire de Constance Rivière, 2025 aux éditions Stock. 256 pages.

Texte © dominique cozette

Que s’est-il passé dans le lotissement ?

Rentrée Littéraire. Ça commence fort, Le lotissement de Claire Vésin : une ado en colère est en train de mettre le feu au garage de leur pavillon. C’est évident qu’elle est en rébellion et en veut au monde entier (ses parents) mais il y a eu d’autres événements tragiques dans ce petit coin tranquille de Seine et Marne.
La narratrice, trente ans après les faits qui se sont produits dans les années 80, va remonter le temps pour essayer de comprendre.
C’est un roman choral, chaque chapitre ouvre sur un des protagonistes de cette histoire sordide. Il y a bien sûr l’adolescente, petite nana provocante et agaçante, aînée de quatre enfants. Sa mère, débordée, jamais aidée par le père. Il y a la reine du lotissement, Béatrice, femme parfaite, superbe, tirée à quatre épingles, amoureuse de son mari, quatre enfants aussi toujours impeccables, un modèle quoi. Il y a François, le garagiste, marié et père, beau mec dont tombent amoureuses notre ado et plus tard, la nouvelle institutrice. Cette institutrice remplaçante venue de Guadeloupe, très jeune, très belle, très court vêtue, qui, manquant d’expérience, enseigne principalement la poésie à ses élèves de CM1 et 2. Et la mère d’un garçon différent qui va dénouer les liens à la fin du livre.
Ce roman se compose donc de petites vignettes sur la vie de ces voisins, avec leurs manies, leurs qualités et leurs défauts, leur complicité ou non et leur regard sur les années en question. La construction de petits immeubles de logements sociaux, pose problème car ils vont forcément attirer des gens non désirés, pas de leur milieu, le racisme larvé, etc. Et comme dans beaucoup de romans de cette rentrée, les chansons d’époque seront abondamment évoquées.
C’est une lecture agréable, fluide, pleine de personnages attachants.

Le lotissement de Claire Vésin, 2025, à la Manufacture de livres. 264 pages, 19,90 €

texte © dominique cozette

Devenir écrivain

Rentrée littéraire. Ce livre, Devenir écrivain d’Alexandre Lacroix, n’est pas un tuto pour ceux que la plume gratouille, c’est son histoire et comment il y est parvenu. C’est en l’entendant à France Inter dans l’émission de Charles Pépin, Sous le soleil de Platon, que j’ai eu envie de le lire. Chance, la personne par qui j’ai tous ces livres de la rentrée en avant première, l’avait reçu.
Notre héros, Alexandre puisque c’est lui, a toujours en envie de faire ce métier, il se serait damné pour ça. Il n’a pas de très grandes ambitions à part ça et pourtant, il est très doué pour les études. Néanmoins, il est très souvent seul, jamais sans ses lectures du genre costaudes et intello, ne fraye pas beaucoup avec les dames, ce n’est pas non plus son sport favori.
En fait il trimballe depuis ses onze ans, un paquet toxique, la mort de son père. Ou plutôt la pendaison de son père qu’il a découverte en rentrant de l’école. Vous parlez d’un souvenir. Mais avant de se décider à écrire sur ce douloureux problème, il procrastine, intelligemment, en absorbant le maximum de bouquins. On le trouve au quartier latin, dans quelques bistrots, parfois mal accompagné, mais aussi flanqué d’une maîtresse régulière avec qui ils ne font que l’amour, rien d’autre.
Quand il se décide à raconter et à montrer la première mouture de son texte qui commence par la pendaison, il se prend un gros vent. Puis il intéresse un jeune éditeur chez Grasset. Puis il aura son contrat mais le bouquin ne peut sortir que dans un an et demi. Il continuera ses études mollement, sa relation avec sa nouvelle fiancée, ses beuveries avec des potes de rencontre dans le bar d’en bas. Son bouquin va être de nouveau refusé malgré un travail de trois ans puis… surprise.
En fait c’est une histoire vraie, son livre qui s’appelle Premières volontés existe comme son tout premier livre et les anecdotes qui y sont narrées sont assez croustillantes. Moi qui ai été chez Calmann et Grasset, je peux confirmer que les personnages cités par leur vrai nom, existent bel et bien.
Et puis, bien d’autres ouvrages ont suivi, romans, essais, réflexions. Celui-ci sort le 21 août.

Devenir écrivain par Alexandre Lacroix, 2025 aux éditions Allary. 370 pages.

Texte © dominique cozette

Un gay chez les cathos

Rentrée littéraire. Formidable ce livre dont il est (encore) peu question dans le fatras de la fin d’été et qui sort le 3 septembre. Clandestin familial de Jean Desportes nous fait pénétrer dans le monde très fermé des grands bourgeois, capitaines d’industrie et autres top managers, grandes écoles,ultra-cathos, qui vivent en communauté, marient leurs filles avec leurs fils à la suite de rallyes, se rendent à la messe tous les dimanches, ont leurs bonnes œuvres, leurs Cercles, leurs country clubs, vivent dans les beaux quartier et sinon, Gstaag, Megève et autres destinations de choix. Personnel domestique of course et surtout, bien pensance et nobles valeurs.
Hubert Dubreuil dirige une grosse entreprise de parfums haut de gamme transmise par sa riche épouse qui lui laisse quartier libre. Elle a dû sacrifier un beau métier artistique pour élever ses quatre enfants dans la foi et la tradition.
Nous allons suivre l’aîné, Antoine, charmant garçonnet, gracieux, pas très meneur, qui n’aime pas les jeux violents. Dès son enfance, on pourra deviner qu’il n’est pas l’héritier que son père attendait pour lui succéder. Il se sent étranger un peu partout où il se trouve, école, famille. C’est un bon garçon, tranquille, conscient de l’importance de la famille dans la vie. Il ne veut pas déplaire, mais plus il grandit, plus son orientation sexuelle, qu’il étouffe, le fait se sentir honteux. Oh, bien sûr, il y a quelques tontons scandaleux dont on a tu les frasques. Lui est constamment en proie aux questionnements de cette nombreuse famille qui ne le voit jamais joliment accompagné, ce n’est pas ce qui manque, les beaux partis, et en plus il est séduisant.
Chacun de son côté, famille et lui, ménage les susceptibilités. Cependant, il faut bien s’arranger quand on veut l’embarquer à la manif pour tous derrière Boutin et Frigide Barjot.
Et quand il se sera libéré des chaînes familiales, il en fera des bringues de rattrapage dans son petit studio, il n’a que trop perdu de temps. Et puis un jour, le grand amour. Mais encore hélas, du point de vue de ses proches quand ils l’apprendront, il s’agit d’un transfuge de classe, fils d’immigré espagnol, parents pauvres etc…
C’est un roman très détaillé sur tout ce qu’il s’est passé ces dernières quarante années (Sida etc) au sujet des homosexuels. Le milieu que l’auteur décrit comporte certes pas mal de clichés mais c’est passionnant d’aller au cœur de leurs états d’âme et de leur bondieuserie. Il n’y a pas prétexte à ironie, c’est ainsi que ces gens vivent sans souhaiter de mal au pauvre pêcheur qui fait aussi ce qu’il peut pour ne pas choquer. Très instructif et même palpitant.

Clandestin familial de Jean Desportes, 2025, aux Editions du Rocher. 464 pages.

Texte © dominique cozette

Justine cherche sa mère désespérément

(Rentrée littéraire). Justine, vingt ans après la mort de sa mère, continue à souffrir de son absence. Dans Une drôle de peine, elle décortique ce qui lui reste de souvenirs (glauques) de sa petite enfance avec sa junkie de maman qui n’a pas su s’occuper de la fillette qui a fini chez son père. Oui, une enfance pourrie où sa maman, superbe mannequin, vivait sur un grand pied grâce au fric de son ex-mari, alcool, amants et amantes, vie à poil, sans morale mais avec des éclairs d’amour dont était dingue la fillette. Jusqu’à ce qu’on la retrouve toute petite endormie sur un palier. La mère volait beaucoup, elle est restée quelques mois À Fleury Merogis et a perdu la garde.
Révision : Justine est la fille de BHL, apparemment un bon père. Il est tombé raide dingue de la mère, une superbe mannequine mais l’a quittée à la naissance du bébé, tellement instable, tellement border line. Pour arranger le tout, Justine a vécu une tendre relation avec Raphaël Einthoven tandis que Carla B. qui roucoulait avec le père de Raph, a fait main basse sur le fils, a fait un gosse avec lui et une chanson sur lui tandis que Justine ne s’en remettait pas… C’est très endogamique tout ça. Aujourd’hui, elle est depuis vingt ans avec un acteur réal, ils ont deux enfants. Mais ça n’empêche : elle est restée bloquée à cette enfance tronquée, avale des tas de cachets, fait ch… tout le monde et décide de partir à la chasse aux souvenirs.
C’est comme du Closer, j’exagère à peine, mais ça m’a accrochée, ses rapports avec son père connu sont intéressants, les détails qu’elle déballe sur sa famille notamment les grands-parents maternels peuvent être gênants et l’évolution du cancer de sa mère sont parfois très crus. N’empêche, le chagrin semble énorme, poignant, inexorable et elle assume tout ce qu’elle même a de gênant pour son entourage.
La quatrième de couv annonce la couleur :  » Est-ce que tu me vois, maman ? J’ai deux crédits à la banque, deux enfants que j’étouffe, quatre chats dont deux débiles et une estropiée, des rides en pattes d’araignée autour des yeux et des oignons aux pieds, le même amoureux qui me supporte et tient bon depuis vingt ans, quelle dinguerie, je ne suis ni parfaitement féministe, ni tout à fait écologiste, ni vraiment révoltée, pas encore alcoolique, plus du tout droguée : je mets beaucoup d’énergie à essayer de ne pas te ressembler, maman, je n’ai pas pu être une enfant et je ne sais pas être adulte. « 
Il se dévore comme une assiette de tapas…

Une drôle de peine de Justine Lévy, 2025, aux éditions Stock. 190 pages

texte © dominique cozette

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