Marine Jacquemin est une grande reporter de guerre. Une femme dans un milieu essentiellement masculin et très souvent hostile. Elle a écrit Mes guerres non pour se tresser des lauriers mais pour tenter de donner des pistes à des jeunes en quête de sens, leur montrer qu’avec de la détermination, on peut arriver à des résultats tangibles. Le plus grand résultat, pour elle, fut l’idée de la construction d’un hôpital pour la mère et l’enfant à Kaboul, l’Afghanistan étant un des pays champions du monde des décès infantiles. C’est la fin du livre.
Avant tout ça, Marine raconte (en résumé forcément) ses reportages au sein des guerres délétères, Rwanda, Gaza, Liban, Irak, Tchétchénie, et beaucoup d’autres. Elle y a vu mourir non seulement des très proches parmi ses équipes, mais aussi beaucoup de civils et d’enfants, images insoutenables dont il faut savoir s’extraire. D’où sa passion pour la montagne, en particulier Chamonix, et la mer où elle pratique la plongée.
Un autre domaine où elle a dû se battre : la santé. D’abord son impossibilité à être mère, une énorme frustration amoindrie par le fait que « son » hôpital existe et que des milliers d’enfants y sont sauvés chaque année. Ensuite, durant de longs mois, un cancer du colon qui aurait pu être fatal.
L’hôpital, c’est beaucoup Muriel Robin qui a dit banco tout de suite, puis toutes les aides qu’elles ont pu récolter pour un établissement ultra-moderne, avec des médecins formés, du matériel sophistiqué et une promesse de durabilité malgré le retour des talibans. Hélas, depuis, des personnalités lui ont volé l’initiative à tel point qu’elle et Muriel ne sont même plus invitées aux événements. Cruauté de ce monde de pouvoir. Même chose de la part de Philippe le Lay qui l’a injustement mise sur la touche sans aucune reconnaissance pour tout le travail qu’elle avait réalisé au péril de sa vie pour TF1. Bref, une vie de femme exceptionnelle confrontée au monde de certains machos, éternels obstacles à la réussite des femmes.
Un livre passionnant, et malgré tout, sans réelle amertume, et une vie extraordinaire.
Mes guerres de Marine Jacquemin, 2024 aux éditions de l’Obeservatoire. 330 pages, 23 €
Texte © dominique cozette