Sarah Gysler nous emmène

(Rentrée littéraire). J’ai loupé Petite, le premier livre de Sarah Gysler qui a fait un tabac. Mais ce deuxième, Emmenez-moi, est bien placé pour connaître le même sort. C’est un bouquin formidable, l’histoire de sa courte vie, elle est jeune, elle enchaîne les conneries que la pousse à faire le « pou », sale bestiole qui vit dans on cerveau, et la convainc d’acheter un rafiot, une vraie affaire pourrie. Sarah (c’est son histoire) vit en Suisse, plus ou mois chez son père, ça dépend de ses pérégrinations, un père férocement adorable, ouvert à tout notamment aux fêtes, aux amis de ses gosses à qui il offre toujours ses énormes raclettes et chez qui hurle toujours la musique, principalement les variétés que tout le monde peut entonner avec lui et particulièrement Renaud, son idole. Un mec formidable avec qui elle partage un amour inconditionnel. Donc elle fait des haltes chez lui mais cette fois, elle est partie pour Port St Louis dans le delta du Rhône pour naviguer jusqu’en Espagne avec trois potes sur cette ruine même pas aux normes. Elle passe sont temps à vomir puis est elle réellement malade. Halte à tout. Son rafiot sera sa ruine.
Retour au bercail mais ce qui l’attend n’est vraiment pas drôle : son père, la petite cinquantaine, est malade depuis des années et il a fini par se décider pour le suicide assisté, il n’en pleut plus. Pas de pathos du tout dans les semaines qui précèdent le grand départ, tout le monde participe, « la vieillerie » organise la fiesta et ça se passera comme il a dit.
C’est débridé, c’est joyeux, c’est triste aussi, c’est surtout que Sarah n’arrive pas à digérer cette mort. Elle va encore errer de conneries en absurdités, par exemple elle va se faire engager dans une boîte de funérailles pour maquiller les morts, ça n’aura qu’un temps, et tout à l’avenant. Elle vacille, elle va tomber puis se rattrape à un très vieux chat aveugle qui la colle, ça grince de partout, c’est vivifiant, c’est poignant et ça va s’arrêter au premier anniversaire du départ du père, fêté de ouf, encore une sacrée partie où tout est permis… (Emmenez-moi fait bien entendu référence à la chanson de Charles)
J’ai adoré et je cours acheter Petite pour ressentir les mêmes joies de lecture.

Emmenez-moi de Sarah Gysler, 2025 aux 2ditions Equateurs Roman, 190 pages, 19 €.

texte © dominique cozette

La Dame aux oiseaux

(Rentrée littéraire) La Dame aux oiseaux de François Garde nous mène dans un petit port perdu de Bretagne. Tom s’en est éloigné mais quand il apprend que sa mère est malade et y vit seule, il revient au pays et décide d’y rouvrir un bistrot car tous les bars ont fermé alentour et qu’il n’y a plus de vie sociale. Sa mère l’aidera parfois. Les journées sont longues et chargées, Tom n’a que le temps de bosser et de boire des coups avec ses vieux copains d’enfance. Un bonhomme taiseux s’y installe, c’est un passeur dit-il.

Et puis il y a la Dame aux oiseaux, une sexa qui vit à la pointe, seule, et ne vient jamais au village. Sa maison est une vieille bâtisse superbe, bien cachée et difficile d’accès. Et, alors qu’il lui répare quelques dommages, elle commence à lui raconter le grand amour qu’elle a connu avec son père, père qui s’est tué à moto quand il était bébé. La mère de Tom, qui en a souffert, voit cette nouvelle relation d’un très mauvais œil mais ne peut empêcher l’attraction de cette femme charmeuse, élégante sur son fils. Elle lui apprendra enfin tout ce que sa mère a dissimulé.
On l’appelle la Dame aux oiseaux car depuis des années, elle ramasse les oiseaux morts sur la plage et en fait des petits articles qu’elle poste. Ils ont intéressé des ornithologues dont un savant qui est venu travailler chez Tom.
Le mystère qui entoure la vie du père de Tom s’éclaircit peu à peu mais de sales événements vont en découler. Un petit polar sans prétention, parfois naïf, mais assez distrayant. Beaucoup de choses à apprendre sur les plantes et les oiseaux…

La Dame aux oiseaux de François Garde, 2025 aux Editions Grasset. 288 pages

Texte © dominique cozette

Les promesses orphelines

Les Promesses orphelines de Gilles Marchand, c’est l’histoire de Gino, fils d’immigré italien arrivé en France. Un baby boomer qui rêve, c’est l’époque : marcher sur la lune, les voitures qui volent etc.. Il rêve tellement qu’il en oublie de bien travailler à l’école et ça va lui jouer des tours car plus tard, il projette de participer aux nouvelles conquêtes du progrès, notamment l’Aérotrain, ce train suspendu, prouesse technique qu’il finit par aavoir dans la peau. Il veut lui aussi changer le monde. Hélas, ses niveaux d’études sont trop faibles, il participera, certes, mais comme simple ouvrier.
Il vit dans un bled près d’Orléans avec son frère et sa mère depuis que leur père est mort quand il avait huit ans. A l’école, Gino rencontre non seulement un garçon différent que tout le monde méprise mais surtout le grand amour de sa vie qui le restera jusqu’à sa mort. Cette magnifique personne a d’autres ambitions que de croupir ici et rien ne sera vraiment engagé entre eux.
Cette histoire nous ramène dans ces années conquérantes, les immenses idées pour reconstruire le pays. Mais on se situe aussi au ras de sa petite vie, les bals où il se rend régulièrement, puis les juke box, la mob etc…
Notre anti-héros est bien modeste, me direz-vous, c’est ce que j’ai pensé au début du livre et puis je m’y suis attachée, comme à l’écriture simpliste parfois un peu neuneu qui correspond bien au personnage. Et puis on se laisse entraîner par ses rêves, puis l’assomption de la réalité médiocre, sans acrimonie ni haine, c’est comme ça.
La fin nous accorde sa dose de romantisme dans l’univers implacable de la vie ordinaire et la difficulté de s’y réaliser pleinement.

Les Promesses orphelines de Gilles Marchand, livre de la rentrée 2025, Aux Forges de Vulcain. 288 pages, 20 €

Texte © dominique cozette

Perpétuité

(Rentrée Littéraire) Perpétuité de Guillaume Poix se joue à l’intérieur d’une prison du sud de la France. Tout s’y déroule en une seule nuit : unité de temps et de lieu, pour les surveillants, gardiens, et supérieurs d’astreinte. C’est étouffant, chacun d’eux a ses problèmes personnels très délicats à gérer de loin mais tous espèrent, vainement que la garde sera relativement tranquille. Oui, vainement quand on sait qu’ici comme partout dans notre beau pays, les incarcérés sont beaucoup plus nombreux que le nombre de places (matelas par terre…) et que beaucoup devraient être en hôpital psychiatrique.
Ce soir, pourtant, un grand événement est attendu : le transfert d’un monstre, célèbre et cruel serial killer, sous très grosse garde car son procès se fera dans le coin. Surveillance accrue, tension au max. Hélas, il y aura d’autres « incidents » graves, pétage de plomb avec agression, et suicide.
Il y a évidemment les rivalités, jalousies ou parfois épisodes sexuels, racisme, et sexisme car le personnel pénitentiaire est tenu de respecter la parité.Ça court dans tous les sens, les pompiers interviennent, les rapports doivent être faits dans l’instant et le dîner qu’ils se font la nuit à tour de rôle reste souvent en rade. Les dialogues sont excellents, les actions et manœuvres diverses (les portes, les œilletons, les fouilles…) y sont décrites avec une immense précision (longue liste de remerciements), on s’y voit, on les plaint, c’est des boulots de merde épuisants, stressants au maximum et ultra-dangereux car ils ne sont pas armés.
Chaque personnage est décortiqué, les épithètes et autres appositions font florès, c’est très riche et ça contribue à donner de la touffeur à ce récit sans concession, d’une noirceur, d’une violence et d’une brutalité impressionnantes. Je ne ‘ai pas lâché de la journée et d’une partie de la nuit.
Quelle écriture !

Perpétuité de Guillaume Poix, 2025 aux éditions Verticales. 334 pages, 22 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #708

C’est la bouche en cul de poule que je vous rapporte l’actu la plus commentée de la semaine. Il eût été dommage que le sot l’y laisse et qu’elle nous reste en travers du croupion. Je parle du nouveau privilège de la présidente de l’Assemblée qui fait garder ses cocottes chéries par les CRS — lisez ce florilège — pendant qu’elle se fait rôtir l’aile et la cuisse loin de nos petits problèmes de méduses qui bloquent les centrales nucléaires, de deux fous furieux qui veulent redécouper le monde mais ont oublié les couteaux, de premier ministre logorrhéique qui fait rien qu’à nous embêter et à nous distiller des astuces grotesques pour lutter contre la canicule tandis que notre ancien président, quel sot, oublie son bracelet électronique pour sortir au match en Italie et que l’actuel glisse sur son windsurf tranquillou à nos frais. C’est quand qu’on révolutionne et qu’on pique les têtes (au bout d’une lance) ? Vaut mieux trinquer, dear friends, le bonheur est dans le verre, tchin.

  • RR : « Rapport ! Les gars ont bien bossé cette nuit. Pondeuse s’était échappée mais on l’a coincée sur le perchoir. Blanchette et Roussette ont pondu deux œufs. Le CRS Dubois les a gobés et été mis aux arrêts. Nougatine et Paulette manquent à l’appel du matin. J’attends vos ordres. »
  • JLB : Canicule: « le décret que nous avons mis en place demande 3 litres d’eau par jour par personne de façon à ce que les salariés puissent s’hydrater autant que de besoin ». Eau plate ou pétillante? c’est un vide juridique.
  • EP : Ce décret ne va pas assez loin, et ouvre la porte à plusieurs questions. Combien doit-on boire d’un coup? Combien de bouteilles ai-je le droit de porter et de quelle taille? Sous l’aisselle gauche ou l’aisselle droite? * (longue suite en bas).
  • CM : La Chine en 2025 : Un tracteur roule seul, laboure, sème, récolte… et analyse le sol en temps réel. L’Occident, lui, en est encore à émettre des décrets pour « boire 3 litres d’eau par jour ».
  • CC : Je pensais qu’il fallait plutôt manger des piments, aller au sauna en doudoune et faire un semi-marathon avec des santiags.
  • PA : S’il vous plaît, priez pour mon fils qui a dû vider le lave-vaisselle, alors qu’il l’avait déjà vidé hier et qu’il est fatigué.
  • GS : Allez les chômeurs, bougez vous le cul à aller ramasser du raisin aux pesticides sous 50 degrés pour huit euros de l’heure, y’a l’abruti qui veut boire son rosé piscine de fdp.
  • JDL : Ce décret sur les bouteilles d’eau me fait penser à l’épisode de South Park où l’état oblige à avoir une ceinture de sécurité aux toilettes, sinon la police des toilettes vient vous mettre des amendes.
  • LG : Selon une enquête, les aspirateurs à salive des dentistes seraient reliés aux usines Contrex.
  • NW : Dati qui annonce la suspension du président de l’INA Laurent Vallet pour « la sérénité de l’institution » après sa mise en cause dans une affaire de stupéfiant, c’est vraiment le munster qui dit au maroilles qu’il sent mauvais…
  • JDL : Yaël Braun Pivet : « Je ne vis pas aux crochets de l’État et de la collectivité. Je fais ma vaisselle comme tout le monde ». Dans le monde réel : Réquisitionne des CRS pour nourrir ses poules.
  • SE : Les poulets devront nourrir les poules pendant que la dinde prend ses vacances…
  • GL : Quelle est la priorité de l’Etat ? La lutte contre l’insécurité, les narcotrafiquants ? Visiblement, c’est de garder la maison de la Présidente de l’Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet et de nourrir ses poules.
  • SSS : Ainsi donc du haut de son perchoir, Yael Braun-Pic Vert a demandé à des poulets de nourrir ses poules. Une vraie buse qui prend les français pour des gros pigeons !
  • PDJ : Une histoire de poules nourries par des poulets racontée dans le canard, j’en connais qui vont y laisser des plumes.
  • GL : Braun-Pivet a atteint la cot cot d’alerte.
  • HD : Mais je suis inquiet car je me dis qu’on doit être dans une sacré merde pour que la présidente de l’AN en soit arrivée à devoir élever des poules pour ficeler ses fins de mois.
  • PDJ : Pas surprenant, les méduses et la radioactivité, c’est une longue histoire. Tout le monde connaît le radon de la méduse.
  • SG : — Sarkozy devrait être en prison ? « Aménageons sa peine avec un bracelet électronique ». — Il devrait donc porter son bracelet ? « Retirons-lui, il a plus de 70 ans ». — Il est donc assigné à résidence le soir ? « Laissons-le aller voir du foot en Italie ». L’immunité des puissants.
  • RR : « Chef, on frappe, cogne, éborgne, torture, disloque, éparpille façon puzzle ? » « T’es pas fou, non ? C’est des poules de luxe »
  • FL : — Ok mission terminée, on rentre à la base, il faut aller arroser les géraniums de Yaël Braun-pivet…
  • JR : « Cela fait 40 ans que j’entends parler de réchauffement climatique, je suis surpris que les dirigeants n’aient pas eu l’info ! » Albert Dupontel.
  • SG : Pour 23,90 € à 46,90€ par mois selon l’option choisie, le facteur peut passer rendre visite à l’un de vos proches. Mais pour venir voir si vos poules vont bien, il existe une formule gratuite en passant par les CRS. Il faut juste être présidente de l’Assemblée nationale.
  • MN : Dites les amis pompiers, vous avez pensé à aller arroser le jardin de madame Yael Braun-Pivet ? Ça va pas se faire tout seul hein ?
  • PA : Ils sont bien sympas dans les pubs pour les lessives, ils vous disent comment se débarrasser des taches de sang, mais pas du corps !
  • CI : Un militant du Collectif Ibiza interpelle Darmanin : « Je voulais vraiment vous remercier pour votre action sur les violences faites aux femmes. Moi je fais comme vous, une pipe contre un service. » Darmanin : « je vous attaquerai en justice Monsieur. »
  • PO : Poutine/Trump : Qui aura le prix Nobel de la plaie ?
  • JDL : En quelques jours, on retiendra que les poules de Yaël Braun Pivet sont mieux protégées que les églises, l’arbre en mémoire d’Ilan Halimi et la flamme du soldat inconnu.
  • PA : — 19h00 : OK, mais juste un verre ! — 02h00 : C’est la chenille qui redémaaaaaaare
  • AS : 42° aujourd’hui en France. C’est dix fois moins que dans le slip de Patrick Sébastien.
  • SG : Bayrou c’est quand même le chauffard à contre-sens sur l’autoroute qui fait des appels de phares à tout le monde persuadé que tous les autres se trompent.
  • EM : En 1983 quand il faisait chaud en France c’était l’anticyclone des Açores, en 2025 c’est l’anticyclone du business du dérèglement climatique…
  • Bonus : Ce décret ne va pas assez loin, et ouvre la porte à plusieurs questions. Combien doit-on boire d’un coup? Combien de bouteilles ai-je le droit de porter et de quelle taille? Sous l’aisselle gauche ou l’aisselle droite? Avec quel outil et avec quel produits faut-il nettoyer une bouteille portée sous l’aisselle par 33 degrés? Est-ce différent s’il fait 32 degrés? Faut-il créer un délit de non assistance à porteur d’eau? Dans ce cas, quel sera le montant de l’amende? Et en cas de récidive ? Quel Tribunal faut-il saisir si un employé de 1m50 et 40 kg boit ses 3 litres d’eau et fait une crise rénale? Doit-on partager la bouteille? Même avec le collègue qui est malade et pue de la bouche? Ai-je le droit d’aller au WC après ? Combien de fois? Y a t-il une quantité minimale d’urine à respecter par voyage? Quel est la distance maximale à parcourir avant d’être autorisé à arroser la nature? Doit-on prévoir une fiole pour analyse immédiate de glycémie ? Avec quelle fréquence ? Combien de compteurs de bouteilles d’eau et de contrôleurs de volume d’urine doit-on embaucher ? …

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Une enfance adoptive pourrie

Je ne connaissais pas cette autrice anglaise célèbre, Jeanette Winterson, avant de lire Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? J’apprends qu’elle a déjà raconté une partie de sa vie calamiteuse dans Les oranges ne sont pas les seuls fruits, et ici, elle reparle beaucoup de ce qu’elle a déjà écrit.
C’est une petite fille adoptée à quelques mois par une marâtre qui ne pouvait pas avoir d’enfants (elle se refusait aux rapports avec son mari à elle soumis). Elle n’appelle jamais cette femme maman mais Mrs Winterson. Aucun amour ou sentiment maternel ou même humanité ne s’en dégage. Elle suit les préceptes d’un carcan religieux sévère, elle punit sa fille en l’enfermant la nuit dehors quel que soit le temps. Ils vivent dans un maison jamais chauffée, au diable un peu de confort, sans aucune culture sauf les préceptes pentecôtistes, c’est une enfance misérable, horrible qui font de la fillette quelqu’un d’ingérable à l’école comme ailleurs. Elle est violente, asociale, endurcie sous une carapace inattaquable. Ce qui la sauve : la lecture mais il faut ruser pour aller à la bibliothèque.
Outre la description détaillée de cette pauvre vie dans une petite cité minable, Winterson nous décrit avec une précision d’entomologiste tout tout tout ce qu’il s’y passe, dans ces années 50 et 60, les mœurs, la société, l’environnement etc… on s’y croit, c’est très intéressant tellement c’est dépeint et analysé.
Vers 15 ans, elle se fait une copine avec qui elle se révèlera lesbienne et quand sa mère le découvrira, elle aura droit à une séance très organisée d’exorcisme.
Elle se barrera très tôt, vivra dehors puis fera tout pour entrer à l’université, son désir absolu étant d’écrire.
Enfin viendra la quête de ses origines qui lui apportera enfin la réponse poignante à son profond questionnement. Superbe.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? par Jeanette Winterson, 2011. Traduit par Céline Leroy. Aux éditions Points. 260 pages, prix poche.

Texte © dominique cozette

Toutes les vies de Rebeka Warrior

(Rentrée littéraire) Toutes les vies de Rebeka Warrior m’a proprement scotchée, je l’ai lu d’une traite. Rebeka est chanteuse, autrice, compositrice, et DJ. Et n’ peur de rien. Elle mixe un peu partout dans le monde et produit aussi. C’est son premier livre, c’est son histoire. Romancée dit-elle mais ça sent le vécu. D’ailleurs les intervenants ont ici leurs vrais noms.
Tout commence par un coup de foudre avec Pauline dans un boîte. Comme elles sont en couple toutes les deux (Pauline vit avec un mec), la fusion prend quelques temps se concrétiser. Puis ensuite, l’explosion, amour total, irrésistible, énorme, les voyages partout pour la musique, Rebeka est une baroudeuse, elle adore les endroits border-lines et mal famés. Mais un jour, boule dans le sein de Pau. Elles préfèrent continuer leur trip que de rentrer, elles sont jeunes, même pas peur. Mais c’est un cancer du sein plutô étendu. Alors, d’amante incandescente, Rebeka va devenir aidante infatigable, puis fatigable à mesure que la maladie s’étend, que son amoureuse se dégrade. Ça va être très long, très très long, avec le faux espoir d’une courte rémission. On sait qu’elle mourra. L’aidante elle-mêmene peut plus assurer, elle va même jusqu’à s’exploser ailleurs.
La suite c’est comment elle a réagi. Evidemment très mal, auto-destruction, démotivation, dépression et toutes sortes de substances. C’est la littérature qui l’a sauvée, philosophie beaucoup, et le bouddhisme et beaucoup de pratiques spirituelles et d’expériences limites voire très dangereuses. Après quelques années, elle a fini par reprendre goût à la vie, à la création, et à l’amour, même si Pau sera toujours en elle.
Un récit scotchant, tranchant, sec parfois mais aussi bourré de poésie, inégal collage de listes, un rythme particulier d’une écriture très personnelle, très saccadée.
Bouleversant.

Toutes les vies de Rebeka Warrior, 2025 aux éditions Stock. 280 pages. (Sortie le 20 août)

Texte © dominique cozette

Un perdant magnifique

Je ne connaissais pas Florence Seyvos, j’hésitais à acheter ce livre plutôt mince, j’en voulais pour mon argent… mais je n’ai pas regretté. Ce livre, Le perdant magnifique, est lui aussi magnifique.
C’est un portrait. Mais il y a portrait et portrait, celui-ci est fascinant, comme un Bacon, variable, mouvant, inclassable, impressionnant.
Il s’appelle Jacques, c’est le beau-père d’Anna, la narratrice, il n’arrête pas de monter des affaires qui se cassent la gueule, de promettre des monts et merveilles, de se ruiner, mais de vivre plus haut que son cul sans se soucier des ennuis qu’il procure à sa femme qui éponge tout derrière lui. Il est extravagant, fantasque, tyrannique, maniaque, ingérable. Il y a donc Anna, sa soeur très complice Irène et leur mère qui ne touche pas terre et l’excuse de tout sans amour excessif.
Ils vivent entre Abidjan où il fait ses affaires et au Havre où la mère a acheté une maison pour que ses filles puissent étudier en France. Parfois, les adultes sont à Abidjan ensemble, laissant les deux ados se débrouiller (faire des bêtises), parfois il ne donne plus signe de vie, ni d’argent (il emprunte des sommes folles) durant des semaines. Malgré tout, on l’aime d’une certaine façon, on ne lui souhaite pas de mal. (Lisez la toute première page en librairie pour avoir une idée)
Puis un jour, il revint amaigri, malade, à bout de forces. Il faut s’occuper de lui, il n’aime pas… Il mourra de tous ses excès.
Extrait qui donne le ton que ressentent ceux qui vivent avec lui : « Mais si jusqu’ici bien des catastrophes avaient été évitées, il n’y avait pas eu de coup de théâtre, seulement le sentiment épuisant de nager la tête à ras de l’eau, à la merci d’une série de vagues plus fortes que les précédentes. »
Quand je lis un tel portrait, je ne peux qu’admirer la force de création de l’autrice pour imaginer aussi riche personnage, débordant de folie et de savoir-vivre, de culot et d’attention aux autres, d’ambivalence et de gentillesse… C’est hallucinant, oui, je suis fascinée par cette inventivité et la façon de peindre… Elle est aussi scénariste.

Le perdant magnifique de Florence Seyvos, 2025. Editions de l’Olivier. 144 pages, 19,50 €

Texte © dominique cozette

Ecoutons causer la Duras

Superbe initiative de Points d’avoir sorti Le dernier des métiers, un ensemble d’interviews de Marguerite Duras écrits, passés à la télé et à la radio, présentés chronologiquement entre 62 et 92 où elle revient sur ses écrits, ses films et son théâtre.
Ce sont des paroles cash, elle parle sans filtre et c’est un ravissement, lol, elle te balance des étincelles d’intelligence, de bon sens, d’humour et des petites rages aussi contre plein de choses, nous parle de ce qu’elle adore, les films de télé ringards qu’elle regarde la nuit car c’est le reflet de la vie. Ses saillies décoiffent, surprennent, posent question, sa pensée est fluide et tortueuse mais n’y passe aucune ironie. Elle semble toujours sincère car je crois qu’elle se fiche de ce qu’on pense de ce qu’elle dit, mais pas de ses écrits qu’il faut absolument aimer pour ne pas lui faire de peine.
L’analyse, non, le ressenti de ses œuvres d’une interview à l’autre n’est jamais fixe, ça bouge, ça se reforme sans arrêt, son cerveau continue à tricoter, parfois elle lâche une maille et c’esr déstabilisant pour la pauvre béotienne que je suis. J’avoue que j’ai un peu molli sur son théâtre que je ne connais pas mais pas sur ses films.
Elle y évoque aussi Yann Andrea, son alcoolisme… forcément. Ses prises de positions sur le colonialisme, son enfance très pauvre…
Le chapitre qui m’a le plus amusée ou séduite est la transcription de la spéciale Pivot à elle consacrée. Pleine de charme, de tendresse, de piques, quelle intimité entre ces deux-là !
Ce livre permet aussi de se remémorer des détails de tout ce qu’elle a produit, c’est énorme, de saisir la vision de cette grande bonne femme pleine de réparties, et son regard affuté sur l’époque qu’elle vit. Irrésistible !

Le dernier des métiers Marguerite Duras, aux Points. 500 pages, 10,80 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #707

Cette semaine, queue de comète pour la pipapatrique, le(s) scandales Dati et consorts. Sont tous en train de se faire cuire le cul sauf… notre bon premier Sinistre qui a décidé de nous endormir bien profond avec son bourre-mou qui peine à contenir toutes ses folles idées, hum. Ce ne sont pas les plus folichonnes des Fessebouqueries, je confesse, elles auraient comme Duplomb dans la tête comme tout ce fatras de vilenies, de coupes sèches dans les budgets utiles, suppressions des commandes de Canadair au profit de nouveaux chars d’assaut anti-émeutes. On voit ce que ça a donné, mais quelle importance ces soldats du feu puisque les gens importants se pavanent dans des lieux bien protégés. Oui, bon, d’accord,je suis ouin-ouin et ça me défrise, alors tchin avec vos friends et les miens !

  • PO : Insolite : Patrick Sébastien séduit la gauche radicale avec son nouveau tube « C’est la turlutte finale »
  • MK : Wauquiez, LePen, Bayrou, Duplomb, Fnsea, allez-vous faire acétamiprider puisque c’est bon pour la santé !
  • PML : Laurent Duplombdanstoncul.
  • BR : La politique Française, c’est un mec qui porte un bracelet électronique qui explique au micro d’une radio possédée par un milliardaire condamné pour corruption qu’une femme qui détourne 7 millions d’euros d’argent public se situe dans l’arc Républicain.
  • PO : – Il faudrait aussi interdire le vinaigre islamique…- Non Jordan, c’est balsamique, vinaigre balsamique…
  • BO : Dati c’est l’incarnation de ce qui est détestable dans la politique : corruption, orgueil, grossièreté, mensonge, mépris, manque de culture… c’est normal qu’elle fasse partie de ce gouvernement, elle en possède toutes les qualités requises.
  • SO : Le Parisien révèle que les Macron paient leurs frais personnels. Quelles frais personnels ? Ils sont nourris, logés, chauffés, coiffés, maquillés, véhiculés. Elle est habillée par Vuitton. Que leur reste t-il comme dépenses personnelles ?
  • PO : « François Bayrou lance un podcast pour parler du budget « en direct avec les Français ». « Comme il va faire chaud à nouveau j’ai pensé que c’était une bonne idée de brasser de l’air »
  • CC : Le titre du podcast c’est Père Castor raconte nous une histoire.
  • BL : Merci à Bayrou qui réussit avec son podcast l’exploit d’endormir mon fils en moins de 5 minutes ! Ronflement démocrate.
  • NMB : ATTENTION ! Un monsieur en cravate et chemise blanche s’exprime sur Youtube en dépensant de l’argent public pour nous dire d’arrêter de dépenser de l’argent public. Soyez vigilants
  • JFC : Sachant qu’un YOP coûte 1,85€ et entraîne 2 mois de prison ferme à l’auteur du vol à Carrefour, combien de mois de prison ferme risque Rachida Dati pour 900 000 € d’argent public si elle était condamnée ? Moi je trouve 972 972 mois de prison soit plus de 81 000 ans de prison…
  • LD : Marlène Schiappa mariée en secret. La réaction de Roselyne Bachelot a de quoi surprendre ! Son “ Félicitations morue ” est un peu gênant.
  • MA : Dans la première vidéo de sa chaîne YouTube qui va révolutionner l’étude du sommeil tant il est soporifique, Bayrou explique qu’il ne prend pas de vacances. Hé oui, c’est impossible, il faut travailler pour ça.
  • MA : Comme c’est la saison des incendies, on va réécouter bien attentivement le Macron d’octobre 2022 nous promettre qu’il allait remplacer la flotte de Canadair et porter leur nombre de 12 à 16. Merci patron.
  • PM : On veut des Canadairs, pas des cadeaux aux milliardaires …
  • NMB : Bayrou : Le feu est incontrôlable comme la dette de la France, c’est pourquoi je ferai demain une vidéo sur ma nouvelle chaîne YouTube pour vous donner toutes mes astuces pour lutter contre les incendies.
  • CM : « Contre la canicule, idée Bayrou : des sachets de glaçons mis devant les congélos ». La cocaïne est livrée en tonneau au conseil des ministres?
  • PA : Je ne dis pas que les hommes ont bien changé, je dis juste que nous sommes passés de Lino Ventura à des hommes sojas de 60kg en bermuda de lin bio, se déplaçant en trottinette et faisant des crises d’éco-anxiété entre deux stages de poterie inclusive.
  • MA : Ça donne du contexte de dire que Retailleau et Bayrou qui s’inquiètent du réchauffement climatique ont pris deux avions différents pour aller à Nîmes faire des photos devant les flammes ?
  • PA : Selon une étude sérieuse, un Français sur Sète a plus chaud qu’un Français sur Troyes.
  • MA : 7500 vues pour la dernière vidéo de Bayrou. C’est ce qu’on appelle parler dans le vent.

Illustration evija laivinia

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