Manuel de chasse et pêche à l’usage des filles est un livre facile, idéal train, plage, voiture, piscine… et en format poche. Il est léger et rigolo et ça fait du bien aux zygomatiques des boyaux de la tête. Melissa Bank nous raconte l’histoire de Jane, une typique New-Yorkaise pas très décidée sur sa vie future, qui bosse dans l’édition. Comme beaucoup, elle aimerait tellement rencontrer celui qui fera son grand bonheur mais toujours elle se plante, oh comme c’est bizarre. Le livre est construit en chapitres assez longs styles nouvelles, qui se bouclent à chaque fin de romance. Ce n’est pas forcément dans l’ordre chronologique mais on s’en fiche. Les passages les plus humoristiques sont tout le début avec des répliques tranchantes et inattendues, puis une drôle d’histoire avec un hommes de plus de soixante-dix ans, ex-amant de sa vieille tante excentrique, qui a pour obsession de lui apprendre la vie et les bonnes manières, la féminité, le bon goût. Il est riche, ça aide. Et comme elle se plante et se replante, elle se décide enfin à acheter ce genre de livre à succès intitulé Comment rencontrer l’homme idéal et l’épouser. Car elle le sait, elle le sent, elle n’a pas la technique pour pécho. Là, il faut tout lui réapprendre, et la voix off des deux autrices de ce manuel n’arrêteront pas de l’empêcher de faire des conneries qui risquent d’éloigner définitivement le merveilleux homme avec qui elle a eu une touche au mariage de sa meilleure amie. Donc qui l’empêchent d’être drôle (ça fait peur aux hommes) d’être intelligente (idem), d’être spontanée, trop enthousiaste, à disposition quand il le demande etc… Ça lui fait bien du mal à cette pauvre Jane ce carcan d’interdits et rien ne dit que ça peut marcher. Ça marche ? Je ne le vous dirai pas…
Manuel de chasse et pêche à l’usage des filles de Melissa Bank (décédée en 2022), 1999 et ressorti en poche chez Rivages poche. Traduit par Françoise Cartano. 254 pages, 8,70€
C’est sûr qu’on ne peut pas rire de tout avec n’importe qui, c’est pourquoi le thème principal de ces Fessebouqueries est la turlute. Petit rappel : Turlute était le nom du chien d’Anémone qui ne se privait pas de l’appeler à forte voix dans la rue. Mais aujourd’hui, nous sommes confrontés au douloureux problème de la turlute exécutée brièvement par une dame d’âge mûr sur cet artiste raffiné qu’est Patrick Sébastien, le roi de la verve et du bon goû( (faudrait demander à la dame) dans un camping de nudistes au Cap d’Agde. Comment tomber plus bas ? C’est ça qui a fait le buzz devant tant d’actu douloureuse, maudite, effrayante, énervante, inquiétante, récurrente. C’est le mois d’août, on est là pour se détendre et penser au sexe (de Pas Trique Sébastien, beurk). Consolons-nous en tchin-tchinant joyeusement, dear friends…
BLR : Interdit de fumer sur les plages, interdit de mettre des paniers à cornichons dans les boîtes de cornichons, interdit de se faire sucer sur scène pendant le 3ème refrain des sardines, qu’est-ce qu’on peut encore faire dans cette France wokiste ?
NMB : Je vous trouve bien sévères avec Patrick Sébastien qui se fait sucer en plein spectacle alors que nos politiques nous enculent à sec depuis des années dans l’indifférence générale.
NP : LA question n’est pas tellement « Pourquoi est-ce qu’une femme a mimé une fellation sur Patrick Sébastien en plein concert ? » mais « Pourquoi est-ce que des gens vont à un concert de Patrick Sébastien ? »
HE : Le niveau de folie furieuse qu’il faut pour que l’idée « je vais monter sur scène et sucer Patrick Sébastien par surprise devant tout le monde » germe dans ton esprit.
JM : Les Français se scandalisent plus quand une naturiste suce Patrick Sébastien que quand Bayrou suce leurs économies.
EL : Finalement Patrick Sébastien est le mec qui ressemble le plus à Trump. Riche, vulgaire, populaire, des idées primaires sur tout, showman, bronzé. Il lui reste à apprendre le golf et trouver un slogan genre « petit bonhomme en mousse Again ». Il peut gagner ! Nous sommes américains.
BR : Franchement, qu’est-ce qui incarne mieux la France que Patrick Sébastien en chemise à fleurs qui se fait pomper sur scène pendant les sardines au Cap d’Agde ? Rien !
RP : Patrick Sébastien au Cap d’Age, c’est quand même d’un autre niveau que les Ricains qui s’emballent pour un vague câlin au concert de Coldplay.
OB : Parfois j’ai de l’espoir dans l’humanité, et puis je pense à tous ces gens qui économisent toute l’année pour se balader à poil et boire des bières tièdes devant le zgueg de Patrick Sébastien au Cap d’Agde.
SJR : Ça se fait sucer sur scène et après ça vient chouiner en demandant pourquoi on se moque de la mentalité ferias barbecue option gros rouge sauciflard.
BM : Imagine tu vas en camping avec ta famille et ta mamie monte sur scène pour sucer Patrick Sébastien, mdr.
BT : C’est quand même con que TPMP n’existe plus car ce soir on aurait eu l’interview de la nana qui a sucé Patrick Sébastien.
– CM : Lisbonne : le président va piquer une tête tranquille au milieu des badauds, sans garde, sur une plage ouverte à tous.
MA : C’est reparti pour les vacances des Macron à Brégançon où son dispositif de sécurité démesuré nous coûte 60000€ par baignade. Souriez c’est vous qui payez.
NMB : Liste des grands disparus de ce mois de juillet 2025 : – deux jours fériés – le soleil – le panier à cornichons. Merci à eux, nous ne les oublierons pas.
GD : La pétition a déjà obtenu 600 000 signatures de plus que LR au second tour des législatives 2024. On comprend que ça vexe ce tout petit parti ridicule.
DB : La Chine interdit l’abattage de ses chênes, achète les nôtres, les transforme, puis nous revend les produits finis… à bas prix ! Pendant ce temps, nos scieries manquent de bois et licencient ! On marche sur la tête…
CL : À l’atterrissage le pilote nous a fait tout un calcul pour conclure par « Pour ce trajet vous avez consommé 2,5L aux 100 par personne, ce qui est bien moins que mon scooter qui, lui, ne traverse pas les océans. Bonne journée »
ZO : « Bertrand Cantat isolé : son entourage inquiet . » Oh le pauvre … et vous pensez que ses ex sont isolées? Ah bah non je suis conne, elles sont toutes mortes.
US : Attendez depuis quand l’Ordre National des médecins serait plus qualifié pour parler de danger sanitaire que la FNSEA, l’agro-business, le lobby agrochimique et ses relais presse ? Restons un minimum lucides svp.
CD : J’apprends que Wauquiez est maintenant obligé de rendre publiques ses notes de frais. Je ne sais pas si on va rire ou pleurer.
L’invention de Tristan d’Adrien Bosc tente de retracer la courte de vie de Tristan Egolf dont certains parmi vous connaissent l’histoire qui commence comme un conte de fée. Quoiqu’une enfance un peu pénible gâche la sauce. Enfin, ce fou d’écriture, américain, débarque à Paris sans le sou fin du siècle dernier et pour vivre, fait la manche sur le pont des Arts. Il est aussi musicien. Une jeune fille de seize ans, touchée par ce grand jeune homme atypique, lui parle et ce n’est autre que la fille de Patrick Modiano, Marie. Ils finiront par vivre ensemble, à Paris, à Londres. L’écrivain l’aime beaucoup et un jour, il voit le manuscrit de son livre sur la table, et bien que ne parlant pas couramment anglais, a la profonde intuition que c’est un chef d’œuvre. A partir de là, il va tout faire pour l’éditer en français. Il faut savoir que tous les éditeurs et agents américains contactés par Egolf n’ont pas donné suite. Cela prend un certain temps. Puis le livre sort d’abord en France puis aux Etats Unis puis partout. Il s’appelle Le Seigneur des porcheries, livre plutôt trash, dur, épais, dense, un coup de massue. A ce moment-là, Egolf est reparti au pays, dans son bled. Il vit très mal ce succès d’autant plus que ses deux livres suivants passent inaperçus. Cet auteur est un écorché vif, doublé d’un junkie devenu alcoolique, il se détruit, il pense que sa carrière est foutue. Il souffre terriblement. Ce qui ne l’empêche pas de faire un enfant, une fillette dont il est fou. Mais hélas, la dépression prend le dessus et il se suicide à 30 ans. Des années plus tard, Adrien Bosc va tenter, sous le pseudonyme d’un journaliste américain (mauvaise idée, ça brouille la lecture) va enquêter en France comme aux Etats Unis sur la courte vie du jeune homme. Il ne rencontrera cependant pas les principales personnes de son entourage proche. C’est intéressant mais pas très bien mené (je trouve), il y a des redites et quelques longueurs et finalement on n’est pas très avancé à la fin de l’ouvrage. Néanmoins c’est agréable de se plonger dans cette histoire qui conte les affres de l’écriture pour certains auteurs perfectionnistes.
L’invention de Tristan d’Adrian Bosc, 2025 aux éditions Stock. 250 Pages, 20,50 €
Alors qu’on devrait être en train de se rouler des patins sur un tube de l’été, on se fait emmerder par les Avida Dollars qui mentent effrontément (comme si RachDa pouvait mentir autrement) et nous mettent la honte, on doit prendre un stylo pour signer une pétition contre un empoisonneur qui nie avoir du plomb dans l’aile mais qu’on lui collerait bien entre les deux reins (de rien !) pour lui inculquer la con passion pour les gens. Les gens ! Y a aussi ceux qui croivent que Carrouf près de chez eux va leur amener la gale et la pourriture, nan mais j’te jure, heureusement que Retaïaut – taïaut – taïaut est là avec sa clique d’honnêtes gens et leurs bonnes têtes à claques. Allez, tchin, ne nous laissons pas embringuer, dear friends !
PE : FLASH : Selon une étude, 1 ministre sur 3 serait aussi corrompu que les 2 autres.
PAM : Rachida Dati renvoyée devant la justice pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Renault-Nissan. Ça sent la légion d’honneur pour Rachida Dati !
NP : En fait Rachida Dati elle n’a que deux modes : soit elle invente ce qu’elle dit, soit elle ment.
CD : Des artistes soi disant de gauche (Alain Souchon, Catherine Frot) s’opposent à l’ouverture d’un Carrefour City dans leur quartier sous prétexte que ça va amener de la racaille…….vous êtes des gros nuls les gars.
MZ : Je viens de garer ma Twingo au pied de l’immeuble de Catherine Frot, vous croyez que ça craint ?
MN : Dimanche, ce jour incroyable où tu te lèves, tu prends ton café puis une petite douche et hop on est lundi.
LR : Arrêtez d’emmerder les agro-industriels qui veulent se faire du pognon sur votre santé bordel !!! Bande de gauchistes, même pas capables d’accepter de choper le cancer pour le bien de leurs comptes en banque !
SG : Après être allés chercher un million (de signatures) contre la loi Duplomb, ça vous dirait d’aller chercher des dizaines de milliards grâce à la taxe Zucman ?
KO : Si un singe accumulait plus de bananes qu’il ne peut en manger pendant que la plupart des autres singes meurent de faim, les scientifiques étudieraient ce singe pour savoir ce qui ne va pas chez lui. Quand des humains en font autant, on les met à la Une de Forbes.
BF : On nous Carrefour City / on nous Monop et Franprix / A 30000 le mètre carré / faut pas déconner / On n’est pas à Aubervilliers / Bourge sentimental / on a soif d’idéal / Carrouf attire la racaille les voiles / on a peur alors on chiale.
OR : Ça sent vraiment le régime de l’été ! Les pauvres qui ne veulent pas être nourris pétitionnent contre la loi Duplomb et les riches contre l’installation d’un Carrefour Market.
CC : Retailleau ne croit pas au En Même Temps… Pourtant il est à la tête du parti qui doit avoir le plus de corrompus et condamnés dans ses rangs et En Même Temps il appelle ça la France des Honnêtes Gens.
MN : J’ai appris que le coût des accidents du travail et des maladies professionnelles était d’environ 8 milliards d’euros. Il faut IMPÉRATIVEMENT interdire cette activité dont les conséquences coûtent si cher aux contribuables.
SLR : J’aimerais juste dire au moustique qui m’a piqué cette nuit de ne pas conduire.
GL : Ce serait bien que Macron reconnaisse aussi l’Etat de France.
RR : Il fait un temps à organiser une cérémonie d’ouverture des JO.
Et je pèse mes mots : ce livre est une merveille. Au début j’ai pensé, bon une histoire d’enfance etc… mais je serais passée à côté de cette merveille. Le palmier de Valentine Goby nous emmène dans la nature, un très grand parc planté de mille espèces où adore se promener Vive, la fillette, avec Jujube son chien. Son père collecte les essence de parfums dans le monde entier et à chaque retour de voyage, en offre un échantillon à sa gamine qui développe un nez extraordinaire et une connaissance profonde des plantes, arbres ou autres éléments qui produisent ces odeurs. Rien que la façon dont le père raconte à la fillette les parfums et à celle qu’elle a de deviner et de lui répondre, c’est d’une grande délicatesse. La poésie est partout, j’avoue aussi que j’ai souvent regardé sur min Iphone les images correspondant à ce qu’il évoquait, c’est très enrichissant. Mais un jour, sale jour, on fait venir un élagueur pour ététer le majestueux palmier trônant au milieu de toute la verdure. Parce qu’il est mourant, infesté de charençons, des centaines de sales larves qui l’ont détruit. Il ne va rester que le tronc appelé le stipe (j’apprends que les palmiers ne sont pas des arbres mais des herbes géantes, donc pas de tronc), dressé insolemment devant les fenêtre. A partir de ce jour, la fillette ne peut plus dormir dans sa chambre, soit elle rejoint sa mère quand le père est parti, ou son frère ado, ou elle fait monter son chien, ce qui est interdit. Et son nouveau talisman est un tee shirt « d’artifice » avec son nom cloqué en brillant dessus, qu’elle récupère où qu’il soit, sinon elle ne peut pas affronter la journée. Il se passe beaucoup de choses familiales autour d’elle et puis des amitiés, des vacances, mais depuis qu’elle va mal, tout est sali. Jusqu’à ce que son père, excédé par ses « caprices » lui fasse rencontrer une psychologue-enquêtrice qui va l’aider, à force de ruse, de patience, d’aide avec les parfums, à défroisser les plis de sa mémoire pour y retrouver l’origine du traumatisme. NB : la fillette s’appelle Vive en référence à la chanson de Béart, l’Eau Vive créée pour le film éponyme de Jean Giono, une chanson menaçante et non une berceuse comme on peut le croire. Ce livre est une source d’apprentissage, on y apprend tout ce qu’il faut savoir sur le parfum, l’extraction des odeurs ou l’impossibilité de l’extraire et c’est tout le talent, la finesse d’écriture et la fraîcheur de la fillette qui fait qu’on est subjugué par ce monde particulier. Une fois n’est pas coutume, je vous livre un extrait : « Il dévisse le bouchon, sent le premier. C’est le moment qu’elle préfère. Il (…) approche directement le flacon de ses narines. L’ylang dégomme l’odeur d’usine. C’est l’odeur toute crue. Vive recule. Attends, dit le père. Il tâte ses poches, en sort une mouillette cornée, la trempe dans le flacon. Il agite la mouillette, laisse se disperser le parfum, tend la mouillette à Vive. Elle inspire et expire par à-coups, elle a appris à faire, vide ses narines et respire à nouveau, si tu ne modères pas tes inspirations l’odeur attaque et tu ne perçois rien que du fort et du plat. Une odeur se déplie, il faut du temps pour entrer à l’intérieur. On la fait d’abord voyager vers les poumons, vers le cerveau, Vive visualise le trajet à travers les tuyaux et les poches du corps. Elle te remplit et ensuite seulement elle t’enveloppe, tu entres dans l’odeur, tu découvres sa forme, ses strates. Vive éloigne, rapproche la mouillette molle, se concentre. En dessous, ça ressemble au chèvrefeuille ou au jasmin, elle pense, le chèvrefeuille et le jasmin elle connaît, il en pousse dans le jardin. Et puis le bonbon, décodent ses muqueuses olfactives. Ou plutôt, le sirop blanc qu’on boit chez Oscar, elle ose à voix haute, comment il s’appelle, déjà… Orgeat, dit le père. Le vernis à ongles de sa mère, aussi, elle dit. Ça y est, elle le tient : le mou du macaron elle annonce, triomphale, l’image est nette maintenant, au milieu du biscuit, où ça colle aux dents tu sais, le pas très cuit. Elle attend le verdict, en apnée. Il hoche la tête pas mal… » Ne passez pas à côté de ce livre de la rentrée, il est impressionnant et je reste encore tout étourdie par la beauté qu’il s’en dégage.
Le palmier de Valentine Goby, août 25, aux éditions Actes Sud. 330 pages, 22 €
Ne croyez pas que je suis un suppôt des maisons d’édition. Non, c’est une personne qui m’a permis de lire quelques livres de la rentrée pas encore dans le commerce. Et le nouveau de Fab Caro, pardon, Fabrice Caro, son nom de plume (l’autre est son nom de plomb ha ha ha) qui s’appelle Les deniers jours de l’apesanteur. C’est une aimable pochade, une sorte de teen book comme on dit teen movie, sur les mecs en terminales en section scientique dans les années 80. Le trio vedette rassemble trois bêtas pas très affranchis sur les choses du sexe, à mon avis ils sont encore puceaux, ça fantasme grave nichons, c’est à peu près à ça que servent leurs trois neurones et aussi à trouver des plans de drague soit pour récupérer leur flirt partie se faire peloter par un autre lycéen, soit pour entamer une nouvelle relation. La meilleure n’est-elle pas d’offrir à une jolie petite une mini K7 sur laquelle on a enregistré tout l’album de Supertramp ? Ben non puisqu’elle vous le rend peu après en disant « c’est pas trop mon style » car vous lui avez filé le best off de Sardou de votre maman. Et que des petites histoires de ce style. La drogue, c’est juste des pétards (ou des pétales de fleur, hum). Dessiner en cours la partie du vagin où se trouve le point G et devoir en rendre compte à la prof … bref plein de petites situations idiotes, gênantes, humiliantes et drôles, avec les noms bien choisis de ses collègues de classe : Cathy Mourier, Sandrine Moynot, Nicolas Morin, Béatrice Rigaux etc… pas très United Colors of B. Roman à l’humour saugrenu à embarquer sur la plage pour savoir à la fin si nos trois lascars ont obtenu leur bac.
Les deniers jours de l’apesanteur par Fabrice Caro, rentrée 2025 aux éditions Gallimard Sygne, 220 pages, 20 €
(Rentrée Littéraire) Son premier livre, La petite fille sur la banquise récit d’un viol subi enfant, était impressionnant d’enseignements dont on n’avait pas encore clairement parlé, et le livre n’a pas fait autant de bruit qu’il aurait dû car ce n’était pas qu’un récit mais une sorte de mode d’emploi des effets du viol sur un enfant que personne alors ne voulait voir. Celui-ci, Puisque l’eau monte, est son premier roman et il est d’une facture exceptionnelle. Il nous conte comment une femme bien dans sa peau, dans son job, avec son amant, se sent partir à la dérive lorsqu’elle se retrouve enceinte. Il faut lire comment se passe la scène abortive, ce qu’il advient de l’embryon, ce qui lui arrive alors, l’invasion de l’eau par l’intérieur. Et la colère de son amant, au courant de rien, et puis son refuge dans ses souvenirs d’amour avec Pépé qui l’emmenait dans le marais poitevin. Faire connaissance avec le père, taiseux bien sûr, et la mère qui a sombré dans la mélancolie. Il faut s’armer de patience pour savoir pourquoi les photos de sa naissance ont disparu, pourquoi on lui cache la mort de sa grand-mère, femme de Pépé disparue mystérieusement depuis longtemps.. Avec elle, on entre dans les mythes des marais, le rites et rituels, les histoires scabreuses qui déchirent les souvenirs, les secrets de famille et puis on découvre cette magnifique faune, notamment les oiseaux qui les peuplent. Le vocabulaire est magnifique, la poésie des lieux est là, la plume nous entraîne dans un voyage admirable… Je n’ai pas pu quitter ce livre avant de l’avoir fini tant il vous attire dans ses filets d’intérêt, d’interdits, de non-dits. Vous pensez parfois vous noyer avec elle mais on reprend pied à chaque chapitre. C’est superbe ! NB : Ce qui m’a fait rire dans la bio d’Adélaïde Bon, c’est qu’elle joue de la trompette dans la fanfare des Josette Noires (une fanfare à but militant).
Puisque l’eau monte d’Adélaïde Bon aux éditions Le Soir Venu, sortie août 2025. 192 p. , 16,95 €.
Ci-joint la fiche que j’ai écrite dans ce blog sur La Petite Fille sur la banquise. Vous pouvez aussi aller la voir dans l’émission La Grande Librairie, du temps de Busnel.
Mourir, c’est partir un peu, mais non Thierry, tu n’es pas parti du tout, tu nous as juste fait réviser ce qu’est une télé inventive à l’heure où une ministre de la cult, bref… Les Gavés (je parle des gens au pouvoir) continuent à nous serrer le kiki, avec les compliments du chef des merdailles, avouez qu’on est drôlement gentils d’accepter tout ça sans moufter. Ah oui, on ne peut pas moufter quand on est en vacances ou qu’on attend le grand feu d’artifesses payés par nous. Un jour ou l’autre, il faudra que les académiciens changent la définition du mot démocratie, là ça rentre mal dans le trou du puzzle… faut pousser à coup de matraque. En tout cas, pas besoin de forcer pour faire entrer un glaçon dans un ballon de rosé ! Tchin dear friends et bon WE !
OR : “Saucer c’est tremper.” Les émissions culinaires sont en deuil.
NP : J’ai écrit au comité Nobel pour proposer que Trump et Netanyahou reçoivent, ex æquo, le prix Nobel des Pépères Ubu.
BR : Bonjour les amis, Ceux qui veulent vous faire bosser une heure de plus sont en vacances pendant trois mois.
CH : C’est tellement exigeant d’être de gauche, faut se renseigner, se questionner, se confronter, débattre, etc. À droite, il suffit juste d’être un gros con.
EDF : Elisabeth Borne « on ne doit pas donner le bac à tout le monde ». Pourquoi donc ? Ils donnent bien la Légion d’honneur à n’importe qui.
UQ : Moins de lits d’hôpital, plus de fusils. Moins de soignants, plus de troufions. Moins d’enseignants, plus d’impôts. Dormez bonnes gens, l’ennemi est là qui veille depuis l’Elysée, il vous prépare sa petite guerre, enverra vos gosses se faire trucider pour tout sauf la France.
BB : Faire l’amour après 50 ans, c’est plus excitant. Vous ne savez jamais si vous allez avoir un orgasme, une crise cardiaque ou une crampe.
DC : Ardisson. Un royaliste qui passe l’arme à gauche.
LP : À Macron qui a dit hier soir : « Pour être libre dans ce monde, il faut être craint. Pour être craint, il faut être puissant », je préfère Albert Camus qui pensait pour sa part que « Rien n’est plus méprisable que le respect fondé sur la crainte. »
CA : On n’a pas un canadair en état de marche pour lutter contre les incendies mais on a des blindés suréquipés pour assurer le dialogue social. On ne peut pas tout avoir.
NMB : – Pour résorber le déficit, j’ai donc décidé de taxer les ultra-riches et les entreprises du CAC40… Non ah ah j’déconne, vous devriez voir vos têtes ah ah. On va donc faire comme d’habitude : saigner le petit peuple, merci bonsoir.
DP : Question jugement dernier. Thierry, pour un royaliste mourir un 14 juillet c’est pas un peu rater sa mort ?
SA : J’ai un peu de mal avec les humoristes qui se vantent de faire « complet » à Avignon alors que c’est la clim qui remplit la salle.
PE : Selon un sondage, 100% des français souhaitent SUPPRIMER François Bayrou pour rembourser la dette du pays.
GZ : Le budget présenté par le gouvernement a le mérite de la clarté : nous sommes prêts à tout (dérembourser des médicaments, supprimer des jours fériés, réduire l’Etat social…) avant de demander ne serait ce qu’un centime à Bernard Arnault et aux milliardaires français.
SP : « Nous devons responsabiliser les patients », annonce le Premier ministre, François Bayrou. Le retour du slogan. « Je baisse mon cancer, j’éteins mes tumeurs, je décale ma chimio ».
DP : Moscovici salue « l’ampleur de l’effort » demandé mais note qu’il repose beaucoup sur l’État. Moscovici. 23 200€ par mois, voiture / chauffeur.
UQ : Après avoir demandé efforts et économies aux Français , notamment aux malades, Bayrou est reparti en weekend à Pau pour un coup de trajet de 20 000€ aux frais de l’Etat.
MN : Je ne veux pas me vanter mais un jour j’ai trouvé mon mot de passe en une seule tentative.
GA : Peut-être qu’une manière de se rendre compte à quel point ce pays est malade, c’est de réaliser qu’on compte le nombre de stylos bic qu’utilisent les fonctionnaires (0,15€ le stylo) mais pas le nombre de voitures avec chauffeurs qu’empruntent leur hiérarchie.
SLP : Donc là en 24h les Français viennent de perdre 1 semaine de congés payés, 2 jours fériés, 2% sur leur livret A et les médicaments pour les cancers ou le diabète plus remboursés intégralement. Bonnes vacances.
IB : Ceux qui ont ruiné la France expliquent comment ils vont rétablir les comptes. Ceux qui ont perdu les élections dirigent le pays. Ceux qui s’en sont mis plein les poches réclament des pauvres qu’ils se serrent la ceinture. Bienvenue en absurdie.
Et c’est moi qu’on enferme est le deuxième livre de Philippa Motte. C’est le récit glaçant de son internement sous contrainte, son troisième, suite à ses épisodes délirants de bipolarité. On a l’impression de lire d’horribles emprisonnements de personnes coupables des pires méfaitsau Moyen-Age tellement c’est dur, tellement les malades sont maltraités. Et inutile de se rebeller car plus tu te rebelles, plus tu es mise en salle d’isolement, bouclée nuit et jour dans une pièce aveugle, lumière permanente, avec juste un matelas par terre et basta. Ne parlons pas de la contrainte physique pratiquée par les infirmiers mahousses costauds. Les psychiatres, tu ne les rencontres jamais, ce sont eux qui viennent te visiter un beau jour avec leur cohorte d’internes et autres visiteurs de ces endroits de « soin », pas le droit non plus de révéler à ce beau monde quoi que ce soit sur les châtiments — oui ça peut être vu ainsi— que l’on t’inflige. Personne ne te considère comme quelqu’un, tu n’es jamais écoutée, on te demande juste d’être docile si tu veux être enfin autorisée à voir tes proches. Soumise, voilà ce que tu dois être, bouffant du médicament sans poser de question, sans les connaître, sans en savoir les effet. On t’annule, tout simplement. C’est extrêmement troublant de savoir que ces comportements cruels, dignes d’un goulag, sont infligés à de pauvres internés qu’il faudrait écouter, dont il faudrait adoucir la douleur, car ils souffrent terriblement tous ces malades mentaux, avoir un peu de compassion pour eux. Mais non, ça ne vaut rien d’être humain avec eux, ce sont … quoi, des déchets de la société, des criminels, des vauriens ? Non, juste des malades soi-disant soignés dans un hôpital en 2010. De nos jours. Terriblement bien écrit même si l’autrice s’excuse de ne pas toujours avoir les mots, effrayant…
Et c’est moi qu’on enferme de Philippa Motte, 2025 aux éditions Stock. 252 pages, 20,50 €
Yann dans la nuit, c’est Yann Andréa, le jeune homme épris de Marguerite Duras depuis toujours, qui se présente à elle à l’été 80, aux Roches Noires où elle demeure souvent, sur la plage de Trouville, après lui avoir écrit des dizaines et des dizaines de lettres restées sans réponses. Cette fois elle lui ouvre la porte et il restera avec elle jusqu’à sa mort dix-huit ans plus tard. C’est un amant, un secrétaire, un amuseur, un infirmier, un homme à tout faire, un compagnon de tous les instants. Mais ce qui intéresse l’autrice de Yann dans la nuit, Julie Brafman, c’est le Yann d’après, le Yann sans la Marguerite, qui se fond avec tous les décors, bars de St Germain ou des grands hôtels, bas fonds où il rencontre des hommes, jardins et ponts de Paris. Et le Trou. Le trou, c’est le 26 rue St Benoît, à vingt mètres du Flore, où vivait Duras, et lui aussi, et où il s’est abstrait de la vie durant des mois, voire des années, couché sans se laver, ne mangeant que ce qu’on lui montait, crasseux, ne descendant jamais les ordures… Et aussi les rencontres, ceux qui voulaient l’arracher à la peine, à la solitude et l’incitaient à écrire à nouveau, après le succès de Cet amour-là. C’est une enquête extrêmement poussée et poétique à souhait qu’a menée Julie Brafman, par ailleurs chroniqueuse judiciaire à Libé, habitué à fouiller les archives. Cette fois elle a rencontré tout le monde, elle a visité tous les lieux, elle a bien sûr tout réexaminé à l’aune de son romantisme pour écrire ce livre passionnant, impressionniste, tendre, émouvant, magnifique. Il faut aimer Duras bien sûr, pour apprécier pleinement l’exercice, il faut revoir les flashes, les images, les nuées de souvenirs qui nous reviennent, il faut s’insinuer dans la tête de cet homme toujours ado, singulier, qui ne fait rien, comme il dit, mais le fait si bien. Ce livre est une merveille.
Yann dans la nuit par Julie Brafman. 2025 aux Editions Flammarion. 330 pages. 21 €. (Rentrée littéraire)