Sarah Gysler nous emmène

(Rentrée littéraire). J’ai loupé Petite, le premier livre de Sarah Gysler qui a fait un tabac. Mais ce deuxième, Emmenez-moi, est bien placé pour connaître le même sort. C’est un bouquin formidable, l’histoire de sa courte vie, elle est jeune, elle enchaîne les conneries que la pousse à faire le « pou », sale bestiole qui vit dans on cerveau, et la convainc d’acheter un rafiot, une vraie affaire pourrie. Sarah (c’est son histoire) vit en Suisse, plus ou mois chez son père, ça dépend de ses pérégrinations, un père férocement adorable, ouvert à tout notamment aux fêtes, aux amis de ses gosses à qui il offre toujours ses énormes raclettes et chez qui hurle toujours la musique, principalement les variétés que tout le monde peut entonner avec lui et particulièrement Renaud, son idole. Un mec formidable avec qui elle partage un amour inconditionnel. Donc elle fait des haltes chez lui mais cette fois, elle est partie pour Port St Louis dans le delta du Rhône pour naviguer jusqu’en Espagne avec trois potes sur cette ruine même pas aux normes. Elle passe sont temps à vomir puis est elle réellement malade. Halte à tout. Son rafiot sera sa ruine.
Retour au bercail mais ce qui l’attend n’est vraiment pas drôle : son père, la petite cinquantaine, est malade depuis des années et il a fini par se décider pour le suicide assisté, il n’en pleut plus. Pas de pathos du tout dans les semaines qui précèdent le grand départ, tout le monde participe, « la vieillerie » organise la fiesta et ça se passera comme il a dit.
C’est débridé, c’est joyeux, c’est triste aussi, c’est surtout que Sarah n’arrive pas à digérer cette mort. Elle va encore errer de conneries en absurdités, par exemple elle va se faire engager dans une boîte de funérailles pour maquiller les morts, ça n’aura qu’un temps, et tout à l’avenant. Elle vacille, elle va tomber puis se rattrape à un très vieux chat aveugle qui la colle, ça grince de partout, c’est vivifiant, c’est poignant et ça va s’arrêter au premier anniversaire du départ du père, fêté de ouf, encore une sacrée partie où tout est permis… (Emmenez-moi fait bien entendu référence à la chanson de Charles)
J’ai adoré et je cours acheter Petite pour ressentir les mêmes joies de lecture.

Emmenez-moi de Sarah Gysler, 2025 aux 2ditions Equateurs Roman, 190 pages, 19 €.

texte © dominique cozette

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter