Un polar en vrai

C’est une vraie flic story, cette immersion de l’autrice, Pauline Guéna, dans la police judiciaire de Versailles. 18.3. c’est le numéro de l’arrêté qui définit les compétences de la PJ. Donc 18.3 Une année à la P.J c’est un documentaire extrêmement utile pour savoir ce qu’il se passe exactement à la police, comment ça se passe, qui fait quoi et décide de quoi.
Les flics en questions sont des mecs ordinaires avec leurs tics, leurs phobies, leurs défauts et aussi leur patience et leur courage, des flics qu’on voit à l’œuvre quand il faut planquer dans le froid ou sous la canicule, quand il faut affronter l’horreur des faits divers auxquels ils sont confrontés journellement. On y voit leur dénuement dans ce service public sans moyens, avec des voitures pourries à se partager entre collègues plus ou moins arrangeants, leur surcharge de travail par manque d’effectifs, les tâches administratives ultra-répétitives, leur démotivation souvent, l’émiettement de leur vie de famille etc…
C’est un univers désespérant, désolant dans lequel ces mecs et quelques nanas évoluent, réussissant parfois à résoudre certaines affaires mais parfois non, les bavures, les décisions incompréhensibles de la hiérarchie, bref rien de très joyeux et pourtant ! Ils sont tellement attachants tous ces protagonistes qui s’efforcent de faire au mieux, qui gardent en mémoire une sale histoire qui les a marqués en plein cœur et puis tous les plantages familiaux qu’ils infligent à leurs familles pour cause d’urgence : anniversaire d’un enfant, accouchement de la femme, fête importante etc.
Un livre passionnant, dense, fourmillant d’anecdotes, qui nous entraîne dans les catacombes des mauvais penchants des hommes dont il faut réparer les horreurs.

18.3 Une année à la P.J de Pauline Guéna, 2019. Folio, 492 pages, 9,50€

Texte © dominique cozette

La Reine du roman noir

Après le succès de « 18.3: Une année à la PJ« ,adapté brillamment par Dominik Moll dans « La Nuit du 12« , Pauline Guéna nous offre un nouveau roman noir intitulé sobrement Reine, qui est le prénom d’une très jeune femme dont on n’apprend que peu de chose, émigrée « ramenée » d’Amérique latine par un petit mec de la pègre qui tient un bistro glauque à Champigny, qui l’esclavagise, la brutalise, la brise, lui fait tout faire, même le sexe bien sûr.
Le personnage très important du roman est un tueur à gage, Marco, dont on apprend toute l’histoire, enfance difficile en Corse où il soupçonné d’un meurtre qu’il n’a pas commis et qui l’oblige à se planquer. Pour les autres, il assume totalement, c’est son boulot, il ne rate jamais sa cible. Follement épris de Reine qui le lui rend bien mais très discrètement, il tuera le tenancier, mais blessé lui-même, il part en cavale et atterrit à un endroit que je vous tairai.
Enfin, le personnage qui relie ce petit monde est Léan, un jeune journaliste sous employé par un patron pleutre et un rien sadique. Il fera l’enquête de ce fait divers sanglant en douce du journal et sera forcément bien récompensé.
Tout ceci est d’un noir soulagesque, je parle du peintre et des centaines de nuances de cette non-couleur, ses vagues, ses pleins et ses déliés, tout ça pour dire qu’il y a aussi de grand sentiments dans ce livre qui tient éveillé et que je ne regrette pas d’avoir acheté (car l’image de couverture ne me plaisait pas. A quoi cela tient !)
C’est très fort, c’est royalement écrit, intelligemment et avec sensibilité. Que voulez-vous que je vous dise de plus ? Rien.

Reine de Pauline Guéna, 2024, aux éditions Denoël. 244 pages, 20€.

Texte © dominique cozette

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