Bref, on l’a élu et on le voit dans son château. Hollande est donc à l’Elysée, un président sympa, normal, accorte, et il autorise Mathieu Sapin à y passer un an pour croquer les coulisses de ce que les usagers appellent le château. On ne peut pas dire que ça soit tellement palpitant et c’est normal : le dessinateur se dépeint comme un tout petit bonhomme un peu chauve et qui ne veut pas déranger — qui insiste juste un peu pour pouvoir monter dans l’avion présidentiel. Et il observe un autre petit bonhomme un peu chauve qui ne se la pète pas, le président, qui n’a aucun sens de la dramaturgie. Le troisième personnage étant l’ensemble des coulisses qui se laissent visiter, enfin pas tout, afin de montrer au petit peuple ce qu’on fait de son argent.
L’auteur n’est ni cruel ni indiscret, on sent bien que, devenu transparent aux yeux des autres et des journalistes attitrés, il a dû en voir et en entendre plus que ce qu’il nous montre. Aquilino Morelle, Valerie T. et bien d’autres dégagent pendant cette période, un nouveau gouvernement est formé, quelques voyages qui auraient pu être des curiosités se déroulent mais dans une routine assez déroutante. Le président normal montre bien qu’il l’est, d’humeur égale, poli, sans rien dévoiler de ses affects même auprès des proches.
Des pages ont été ajoutées après la fin programmée : celles des attentats de Charlie et de la marche du 11 janvier.
C’est assez sympa malgré tout de visiter le Château, ça nous évite de faire sept heures de queue lors des journées du patrimoine et nous permet de savoir ce qu’a mangé la reine d’Angleterre quand elle a été reçue… après six mois de préparation d’un côté comme de l’autre de la Manche. Tout ça pour ça ? Eh oui…
Le Château, une année dans les coulisses de l’Elysée, par Mathieu Sapin chez Dargaud 2015. 144 pages, 19,99 €.
Texte © dominique cozette