Nous allions parfois chez mon oncle et ma tante, institutrice rigide, et leurs deux enfants : une fille de trois ans de plus que moi, opérée très jeune du cœur, ce qui avait entravé sa croissance (adulte, elle était devenue un petit tonneau arrogant avec des ongles qu’elle taillait en pointe pour nous piquer les fesses) et un garçon de mon âge, au physique tout aussi ingrat, totalement inhibé voire castré par sa mère et de plus, sourdingue. Comme son père. Y en a qui ont des cousins géniaux avec lesquels ils apprennent à jouer au docteur. Raté pour nous, il fut notre unique cousin.
Sur la plage de Rivabella qu’on appelle aujourd’hui Ouistreham, ce n’était pas la grande déconnade. Sur l’image, ma grande sœur est à droite, ma petite au milieu en jaune et moi à gauche. N’empêche que bien plus tard, ma tante et mon oncle accueillirent ma fille plusieurs étés à Saint-Michel-Chef-Chef et elle, ça lui plaisait bien car ma tante faisait tout au ralenti : éplucher les légumes, essuyer la vaisselle, faire le jardin, parler… Ça la changeait de moi, la pressant de folie comme font tous les parents qui bossent et n’ont jamais une minute à eux. Avec elle, elle apprenait les plantes, les animaux, allait à la plage. Et m’envoyait des cartes postales « corrigées ».
Sinon, je n’ai aucun souvenir de cette scène banale et fade. Ces personnes sont toutes mortes en nous ayant épargné les regrets de rigueur. Un peu tristes, parfois, les souvenirs de famille.
Texte et image © dominique cozette