La femme de ménage

La femme de ménage est un thriller habilement agencé par Freida McFadden. Un sacré thriller. Dès le prologue, on est au courant : il y a du pas beau à voir à l’étage et le narrateur ou la narratrice a du souci à se faire.
Puis le roman démarre, trois mois avant cette fâcheuse découverte. Millie réussit un entretien d’embauche pour être femme de ménage chez une femme adorable, Nina, mariée à un riche homme superbe, sympathique et ils ont une fillette, exécrable… très mal élevée, qui fait tourner Millie en bourrique avec des caprices insupportables, sous les yeux indifférents de sa mère. Sa mère qui a aussi des comportements glauques avec « la bonne » alors qu’elle peut être si gentille la plupart du temps.
Millie ne peut pas se rebeller. Avant d’être entrée dans cette superbe maison, elle dormait dans sa voiture. Elle était sortie de prison, une peine de dix ans mais on ne sait pas pourquoi, et était sous contrôle judiciaire. Au moindre problème, hop, de nouveau au mitard. Elle n’en mène donc pas large mais est forcée de s’en accommoder même si sa chambre est une sorte de placard au grenier, qui ferme à clé de l’extérieur uniquement et dont la fenêtre ne peut s’ouvrir…
A la ville, des rumeurs courent sur cette mère qui serait folle (facile à croire vu son comportement) et aurait tenté de tuer sa fillette qu’elle adore. Une fillette toujours habillée de superbes robes blanches à fanfreluches sans aucun rapport avec la vie que mènent les autres fillettes.
Il y a aussi un jardiner, très bel homme qui ne parle pas anglais et n’a pas le droit d’entrer dans la maison. Encore une fois, bien que séduite, Millie se tient à carreau, malgré l’envie d’un petit câlin après un désert sexuel de dix ans.
Quant au mari, il est adorable, même avec elle, même quand sa femme est méchante. Il tente d’arrondir les angles, il la regarde de façon appuyée car oui, elle est jeune et belle même si elle fait attention à ne pas en jouer, à rester transparente.
Enfin, il y a cet immense problème : il rêve d’enfants, la petite fille n’étant pas sa fille, mais hélas, sa femme ne peut plus en avoir…
La tournure que prend cette histoire, cruelle, est absolument pétrifiante et inattendue. Malgré quelques passages un peu faciles au niveau crédibilité, l’autrice nous emmène dans une aventure implaccable dont il est difficile de s’échapper tant qu’on ne sait pas comment ça va se résoudre. Brrrr…

La femme de ménage de Freida McFadden, 2022. Traduit par Karine Forestier. Aux éditions J’ai Lu. 416 pages, 8,60 €

Texte © dominique cozette

Un thriller si cruel

Robe de mariée de Pierre Lemaître m’a été prêté par une amie qui pensait que ce livre me plairait. Me plairait ? Mais j’en tremble encore tellement il m’a secouée, baladée, fourvoyée, trompée, énervée, abasourdie, apitoyée, stupéfiée, déconcertée, estomaquée, médusée. Vous l’aurez compris, je n’en suis pas revenue. D’ailleurs, c’est le premier livre de Lamaître que j’ai lu, honte à moi, mais pas le dernier, je vous rassure.
Sur la couverture du poche, il est écrit thriller. Pour sûr, j’en frissonne encore. Qu’en est-il du motif ? Il s’agit d’une jeune femme, pleine d’allant au départ mais qui se dit folle. Elle ne sait pas comment ni pourquoi c’est arrivé, mais force lui est de constater qu’elle est vraiment folle. Ses affaires disparaissent, reviennent plus tard, ses rendez-vous sont décalés malgré elle, elle fait des fautes lourdes dans la boîte où elle était si professionnelle. Et cela jusqu’à assassiner Léo, le petit garçon qu’elle gardait, mais sans en avoir aucun souvenir. Le choc, forcément écrasant, douloureusement  effrayant lorsqu’elle découvre le petit corps sous les draps, l’enjoint à fuir. Sinon, comment expliquer aux parents ou à la police ce qui est arrivé alors qu’elle ne le sait pas elle-même.
Et la voilà parant au plus pressé, quittant la ville, raflant ses économies, sans aucun plan en tête, mais en fuite. Une cavale qu’elle a su finalement organiser puisqu’elle a résisté à toutes les recherches.
Enfin non, pas à toutes. Elle a eu beau se refaire une vie, un nom, une « honnêteté », quelqu’un continue à savoir où elle est, ce qu’elle fait. Elle ne s’en doute pas une seconde et, pour les lecteurs que nous sommes, c’est un vrai cauchemar. L’homme est cruel, efficace, invisible, imaginatif. Pourquoi fait-il tout cela ? Il tient un journal, au milieu du livre, où il nous expose la traque de Sophie et on comprend qu’il y est question de vengeance. Mais se venger de quoi ? On ne peut le savoir qu’à la fin. Malgré tout, Sophie est futée, elle a de la ressource, très peu mais suffisamment pour glisser un grain de sable dans la belle mécanique du pervers. De ces deux ennemis à la vie à la mort, qui va s’en sortir au mieux, qui va sombrer et surtout : comment ? C’est diabolique.
Ce livre est génial. Il nous retourne comme une crêpe, nous fait souffrir aussi, nous inquiète terriblement. On thrille à mort, une vraie tuerie !
Ne vous privez pas de ces frissons de terreur pour mieux vous évader de ce climat de peur organisée qui nous tombe dessus chaque fois qu’une info nous débusque.

Robe de mariée de Pierre Lemaître, 2009. Edititons Calmann Lévy? Le Livre de Poche. 316 pages, 6,60 €

Texte © dominique cozette

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