Roman de gare

Roman de gare, c’est son titre, est le seul roman actuel que je connaisse avec une couverture dure.
Valait-ce le coup d’être dit ? Philibert Humm avait commis il y a peu un roman irrésistible qui s’intitulait Roman fleuve (voir mon article ici) ce qui explique que je me sois ruée sur ce dernier.
Le talent premier de Humm, outre ce nom farfelu, est de manier la langue avec beaucoup d’esprit comme je l’expliquai précédemment. Il ne varie pas, c’est extrêmement plaisant à lire, l’humour l’habite (sans jeu de mot) et notre cerveau se déride quelque peu, ce qui n’est pas courant dans les circonstances actuelle.
Mais l’aventure contée ici manque un peu de ressort. Un aventurier de comptoir est poussé à y aller, à l’aventure, et il choisit de devenir hobo, comme certains laissés pour compte aux Etats-Unis dans les 50’s, qui bossaient parfois dangereusement sur les trains et s’embarquaient clandestinement pour un ailleurs plus prometteur.
Ici, il débauche un de ses pote, sorte de Bérurier, volumineux, goinfre, truculent, pour aller de gare de triage en gare de triage. Départ : Villeneuve-le-Roi. ça ne père pas très haut, dommage. Le livre aurait dû faire la moitié pour ne pas devenir lassant. Mais enfin, il y a de bons passages… Je ne sais pas si je vous l’ai bien vendu.

Roman de gare de Philibert Humm. 2024 chez Equateurs. 236 pages, 22 €

Texte © dominique cozette

Un livre pour rire en ramant

Roman Fleuve est l’excellent titre du livre de Philibert Humm car l’épopée se passe sur un fleuve nommé la Seine. Effectivement, trois copains tendance bras cassés décident de la descendre jusqu’à la mer. C’est l’histoire vraie d’une aventure farfelue contée avec un style quelque peu erroné, je veux dire plein de rodomontades, d’expressions surannées, de passés simples et d’imparfaits de subjconctif servis parfois mal-t-à propos pour ajouter au côté saugrenu de l’affaire.
Acheté sur le Bon Coin (coin) par manque de moyens, voici un canot vieillot, peu avenant, qui aurait appartenu à Véronique Sanson selon le revendeur,  Slim Batteux, musicien que j’ai personnellement approché lors de séances de pub (et dont la femme était à l’agence et la fille portait un nom indien, ce n’est pas dans le livre). Il ne peut transporter que deux personnes mais ils sont trois, il faut dire que le troisième, sorte de grosse feignasse qui prétend souffrir du dos pour éviter toutes les corvées, est assez pénible comme ami et compagnon. Ils ont ajouté à l’embarcation une tringle à rideau comme mât et un rideau de douche comme voile. Ce n’est pas avec ça qu’ils vont battre des records. Sinon, ils sont deux à ramer à tour de rôle.
La descente, en rien comparable à Délivrance, quoique…, ne se passe pas sans heurts. Nos trois jeunes hommes vont devoir faire face à un naufrage avec perte de denrées, d’objets inutiles ou précieux, à des bivouacs dans des conditions pourries, vont faire des rencontres plutôt sympathique mais parfois proches de la garde à vue et surtout, vers la fin et malgré l’interdiction de naviguer sur leur coque de noix qu’ils ont appelée Bateau, cohabiter avec d’effroyables et énormes tankers.
Ce livre est très drôle mais aussi instructif car l’auteur nous y apprend des tas de choses historiques, géographiques, artistiques et autres, nous raconte des anecdotes à se plier, nous parle de Jerome K. Jerome forcément, du mascaret, cette fameuse vague tueuse qui déferlait sur la Seine, des vendeurs du Vieux Campeur, de son aversion pour les cygnes, d’Orphée, d’Icare… En bref, et bien au sec dans notre lit ou notre fauteuil, on ne s’ennuie jamais en lisant cette poilade que je vous recommande chaleureusement. Et ça ne rame pas, je vous assure.

Roman Fleuve de Philibert Humm, 2022 aux éditions Equateurs. 288 pages, 19 €

Texte © dominique cozette

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