La réalité dépasse la fiction dans l’histoire et la généalogie de Maria Larrea dans son récit Les gens de Bilbao naissent où ils veulent. Au début, on a du mal à y croire, mais pourtant si, tout est vrai. Ça se passe à Bilbao, comme le dit le titre. Sa grand-mère paternelle est une prostituée obèse qui, enceinte d’un client et très pieuse, garde le bébé, un garçon, et confie son éducation aux Jésuites. Il est le père de la narratrice. Mais plus tard, ado, quand il va voir sa mère sur le trottoir, son monde s’écroule.
De l’autre côté, sa grand-mère maternelle ne veut surtout pas de cette petite fille qui s’est nichée en douce dans son ventre, elle accouche vite fait et va déposer la môme dans un couvent. La fillette est sage, travaille bien et surtout, elle est ravissante, bien que petite. Mais un jour, quand elle a dix ans, sa mère la reprend pour qu’elle s’occupe des petits qui sont nés entre temps, et puis qu’elle soulage les excès sexuels de son père, violent.
Chacun des deux vit sa vie de façon assez improbable vu leur passif mais lorsqu’ils se rencontrent, très jeunes, ils sont submergés par un coup de foudre réciproque. Ils fuiront le régime franquiste et s’installeront à Paris. Elle devient femme de ménage et lui, gardien du théâtre de la Michodière. Mais lui aussi est violent et il boit. Leur fille, la narratrice, quant à elle, se rend bien compte qu’il y a décalage entre sa vie et celle de ses amis de classes, des bourgeois en fait. Il lui faut se montrer à la hauteur, être soignée, polie. Elle est admise à la Fémis. Et là, elle rencontre Jodorowski, le réalisateur barré, fondu de tarot. Subjuguée, elle s’y met, rencontre une tireuse de cartes qui lui fait une double annonce qui va bouleverser sa vie. Dès lors, elle se met en quête du passé de ses ascendants, fait tout ce qui est possible pour connaître le secret de sa naissance.
C’est passionnant, cette histoire qui a existé et enflammé les faits divers ibériques. Bilbao devient l’endroit où elle sent qu’il s’est passé quelque chose de déterminant dans sa vie et celle d’autres personnes. Une histoire qui nous tient en haleine !
Les gens de Bilbao naissent où ils veulent de Maria Larrea. 2022 aux éditions Grasset. 224 pages, 20 €
Texte © dominique cozette