« L’absurdité se porte bien. Un fonctionnaire zélé a menacé de censure un essai jugé « misandre ». Et pourquoi pas interdire Houellebecq pour sa misogynie tant qu’on y est. » (L’Obs).
Ce mince ouvrage est devenu best-seller grâce à la connerie masculine d’un élu qui estime qu’il entache le principe de l’égalité-homme femme. Quelle égalité, au fait ? L’égalité de salaire, l’égalité d’éducation, l’égalité de circuler dans la rue le soir, l’égalité de se vêtir comme on veut, l’égalité de faire le métier qu’on souhaite, l’égalité d’être un objet sexuel, l’égalité que ses idées soient prises au sérieux, l’égalité d’être élue aux plus hautes fonctions, l’égalité de pouvoir l’ouvrir sans être menacée, l’égalité de se faire harceler ou violer ou tuer par un proche, l’égalité de participer aux affaires de l’état, de la finance, de l’économie, de décider, de partager le pouvoir, et j’en passe. Ce n’est pas l’autrice du texte qui parle ainsi. C’est ce qu’elle sous-entend.
« Moi les hommes, je les déteste ». Un titre génial qui a semé la zizanie dans les glandes de certains et a mené Pauline Harmange vers la reconnaissance et le succès. Elle a 25 ans, elle est mariée avec un amour de mec. Mais elle dérange. Qui ? C’est drôle parce que le portrait de ceux qui ne supportent pas les féministes de son acabit est celui d’un pauvre boomer blanc cisgenre qui l’ouvre actuellement de façon imbécile sur les plateaux cons-plaisants. Je parle de Brückner. Coïncidence de date. On pourrait citer aussi celui qui commence par Z, pas Zorro, non.
Cette jeune femme veut permettre aux autres, dans un élan de sororité, de s’allier contre la misogynie ambiante et ancestrale qui nous intime, à nous les meufs, de rester douces, discrètes, obéissantes, aux petits soins sinon bang ! les hommes ne nous aimeront plus. Et alors ? Mais rends-toi compte, Ginette, tu resteras seule toute ta vie ! Et alors ? Mais c’est pas sain, et puis c’est mal vu (j’allais écrire : c’est mâle vu), même par les autres femmes, il faut vivre avec un homme. Sinon. Sinon, quoi ?
Le monde est ainsi fait, et si les hommes se mettent en colère, notamment contre les femmes, c’est parce qu’ils y ont été encouragés petits (sinon tu n’es pas un homme, mon fils). Mais les femmes, non. Pas le droit. Elles ont leur défenseur, celui qui les protège alors camembert, besoin de rien d’autre. La confiance en elle ? Mais pourquoi faire ? (C’est vrai qu’elle font tout le reste, les choses sans valeur, t’ois quoi, oui, la charge mentale, encore une invention récente des féministes !).
Ce petit opus nous montre que la misandrie (ah oui, j’avais oublié, c’est le mot principal de l’ouvrage) n’est pas le revers de la misogynie car contrairement à cette dernière, la misandrie ne tue pas, ne harcèle pas, ne fait aucun mal (sauf aux pauvres petits Brückner et consorts), mais juste montre toutes les raisons pour lesquelles les femmes sont en droit de ne pas se prosterner devant le testostéroné.
Ah oui, un autre truc rigolo qu’elle conseille aux femmes qui manquent de confiance en elles-mêmes, c’est de s’équiper de l’autoconfiance de l’homme médiocre. Elle a raison. L’homme médiocre (et dieu sait que j’en ai côtoyé dans ma vie) ne doute pas un instant de lui, il se croit tout permis, se la pète même, tandis que la femme se demande toujours si elle est taillée pour le job. Donc, chères amies les femmes, se demander toujours : comment ferait un homme médiocre ?
NB : Bien sûr, tous les hommes ne sont pas détestables ni toutes les femmes des victimes. Ha ha ha…
Moi les hommes, je les déteste par Pauline Harmange, 2020 aux éditions du Seuil (qui ont pris le relai de Coline Pierré et Martin Page débordés par les commandes). 90 pages, 12 €
Texte © dominique cozette