Je ne connaissais pas Bill Bryson, cet auteur d’une drôlerie totale que l’on range, du moins chez Joseph Gibert, au rayon des écrivains voyageurs. Car il nous raconte les us des coutumes des pays qu’il visite. En tout cas, c’est ce qu’il se passe dans American rigolos Chroniques d’un grand pays, commandées par un grand journal britannique à la fin du siècle dernier. L’auteur vient de passer vingt ans en Grande Bretagne, il est marié à une Anglaise et ils ont quatre enfants. Et puis ils sont revenus s’installer dans son pays, les Etats-Unis, en Nouvelle Angleterre, au nord-est du pays, région très froide l’hiver, sauvage et belle.
Ce livre réunit 75 chroniques irrésistibles sur la vie, les mœurs de ses compatriotes qui, après cette longue absence, le déroutent totalement.
Tout y est abordé, les chroniques font cinq pages, ça se lit, se laisse, se reprend. Mais non, je n’ai pas pu le laisser tellement c’est drôle, étouffant mes fous rires dans le lit pour ne pas réveiller mon homme. Il a un tel talent pour scanner et commenter tout ce qu’il trouve, de la bouffe merdique américaine que son atavisme réclame à la peine de mort qui coûte plus qu’une blinde à la société. L’administration idiote, les supermarchés et leurs millions de produits, son abominable coiffeur, sa propre femme qui réclame des choses insensées … pour un Américain. La censure et le politiquement correct en prennent pour leur grade (définition du puritanisme par M. L. Mencken : « la crainte perpétuelle que quelqu’un, quelque part, puisse être heureux »). Sur le PNB, mode de calcul idiot fondé sur les dépenses des états, « le héros national de la nation américaine est un cancéreux en phase terminale empêtré dans un coûteux divorce ».
Puis sur la manie de vouloir tout ce qui rend la vie la plus confortable possible, Bryson attire notre attention sur « un tourniquet automatique à cravates avec éclairage » pour 39,95 dollars, évitant la tâche exténuante de la choisir manuellement. Et tout à l’avenant : le mode d’emploi des ordinateurs, les pubs mensongères, les suppressions de service ou de personnel dans notre propre intérêt, la gentillesse conne des élans (il y en a beaucoup vers chez lui), la difficulté de connaître toutes les lois et règlements quand on passe d’un état à un autre. Et beaucoup de chiffres et statistiques nous apprenant des tas de choses. Avec un humour déconcertant.
Le fait qu’il ait écrit beaucoup de livres de ce genre me console d’avoir fini celui-ci grâce auquel je me réjouissait de me mettre au lit ou me réveillais plus tôt me donner la pêche.
American rigolos Chroniques d’un grand pays par Bill Bryson (Notes from a Big Country, 1998). Petite Bibliothèque Payot, 2003, traduit par Christiane et David Ellis. 380 Pages. 9,20€…
Texte © dominique cozette