
Il m’arrive aussi de lire des classiques éprouvés. Celui-ci, Un homme de Philip Roth m’a interpellée du fond d’une librairie et il a bien fait. Je ne connaissais de cet immense écrivain que Portnoy et son complexe qui m’avait scotchée lors de sa sortie.
Celui-ci commence bien puisqu’ on assiste à l’enterrement du héros de l’histoire, ce fameux homme qui n’a pas réussi à être ce qu’il voulait devenir. Il s’est marié trois fois avec trois femmes très différentes. La première est la mère de ses deux fils, deux mecs qui méprisent leur père depuis qu’il s’est éclipsé de la maison. La deuxième, sa préférée, la seule venue le saluer, est la mère de sa fille adorée, tellement aimée qu’il envisage, sur le tard, quand rien ne va plus très fort, de s’installer avec elle et ses deux jumeaux. Très mauvaise idée qu’il ne réalisera pas puisque c’est la mère très malade de cette épouse qui viendra prendre la chambre vacante. La troisième est juste une jeune pétasse incompétente en tout, qui ne lui est d’aucun secours quand il doit aller à l’hôpital.
Il y a aussi son infirmière, une femme gironde qui, on le devine, a rendu des services plus que thérapeutiques à ses patients, avec beaucoup de plaisir.
On y rencontre aussi son frère, le formidable frère qui a toujours répondu présent sans rien demander en échange, et qui jouit d’une santé hors normes, ce qui finit âr exaspérer bêtement le héros.
Il eut une carrière intéressante, moins que son frère, mais fut un publicitaire reconnu et admiré qui en profita pour tromper allègrement sa femme avec toutes ces jeunes stagiaires et autres jeunes employées à portée de sa main.
Ce livre finalement assez simple raconte le parcours d’un homme comme un autre, ses épreuves, ses ratages, son amertume devant la vieillesse qu’il doit affronter avec son lot de problèmes de santé, d’hospitalisations, de déchéance. C’est fort, c’est passionnant.
Un homme par Philip Roth, 2006, chez Folio, traduit pas Josée Kamoun. 184 pages.
Texte © dominique cozette