L'attente infinie de Julia W

Julia Wertz est une drôle de petite nana. D’abord oui, elle est petite et elle ne fait pas son âge, ce qui l’emmerde souvent, car on la traite comme une gamine. De plus, elle ne s’est jamais sentie à sa place dans le monde, elle n’aime pas les gens, c’est une sorte de handicapée sociale qui n’est jamais aussi bien que peinarde chez elle à picoler. Seulement il faut gagner sa croûte, il faut se plier à certaines injonctions, il faut parfois faire avec. C’est ce que raconte ce roman graphique, le deuxième paru en France. C’est hilarant, plutôt grinçant, drôle. Singulier.
Julia a d’abord quitté son bled vers Napa Valley pour être dans une grande ville. Le choix se porte alors sur San Francisco, où vit déjà son grand frère avec qui elle est très complice. Mais elle ne va pas habiter chez lui, surtout pas. Elle se trouve une coloc dans une sorte de baraque où sont déjà deux mecs, un commercial pénible et un geek sympa. Elle cherche alors un job et prend le premier qu’elle trouve, dans un resto. C’est toujours dans des restos ou des bars qu’elle va bosser. Julia a besoin de trois choses : la solitude, des tonnes de livres à avaler, de l’alcool. Et puis un jour, badaboum, elle apprend qu’elle a une maladie auto-immune qui peut être très grave : un lupus.

Cette BD raconte les premières années de sa vie « d’adulte » bien qu’elle ne le soit pas vraiment, c’est plutôt une ado attardée qui laisse tout traîner, ne fait aucun effort, aucun projet, se fout de tout. Même de l’amour…
Le dessin est naïf, elle est autodidacte, mais les textes sont cash, saugrenus, drôles.
Bizarrement, le premier tome paru en France est la suite de celui-ci : son départ pour la grosse pomme où elle ne connaît personne. Ça vaut le coup pour voir la vie bohème qu’on y mène quand on ne gagne un cacahuète : Whiskey and New-York.
Elle a d’abord compilé des BD qu’elle a postées sur son  site ici, et qui s’appellent fart party !…Je ne sais pas si on trouve ces parties de prout en France.

L’attente infinie de Julia Wertz aux éditions de l’Agrume 2015, traduit par Aude Pasquier. 2012 pour la VO.  234 pages, 20 €. C’est donné !

Texte © dominique cozette

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