Parlons masque…

Paraît que ça va être obligatoire. Le masque. A défaut de pouvoir m’en procurer,  je vais porter ce masque, un authentique masque de Dali qu’il a offert à ma sœur en 1966. Parfaitement ! Cette année-là, mon père m’avait filé son énorme Beaulieu, six places, moteur V8, phare au plancher et changement de vitesses au volant, rutilante, un paquebot des routes et nous partîmes à quatre blondes, cap sud, à Cadaquès exactement, avec un chèque en blanc pour la location, un petit appartement avec vue sur la plage. A peine garée, sur qui tombé-je ? Sur Simon le philosophe rencontré  au bal de la Contrescarpe du 14 juillet ! Et que me m’annonce-t-il ? Qu’il se rend illico chez le Maïtrrrre Dali himself, alors que si ça m’amuse… Et comment donc !
Me voilà partie avec un vieux jeans coupé aux genoux et un T-shirt quelconque, le truc pour conduire à l’aise quoi. Nous arrivons à Port LLigat où l’ours géant nous accueille avant que le Maîtrrre nous prie d’entrer. Il est dans le patio avec Jean-Christophe Averty auquel il est fier de montrer son dernier chef d’œuvre géniââââl : un flacon de Vim cabossé sur lequel il a collé quelques mouches en plastoc. Magnifique ! dit l’homme aux bébés passés  à la moulinette.
Introduite dans le saint des seins et des godes (la chambre des gouines en offre une affriolante collection), je suis régulièrement invitée à ses soirées où ma jeune sœur et moi-même avons l’honneur de chanter deux trois chansons à la guitare et mon harmonica en do en haut d’un petit escalier blanc.
Un soir, tard, ma sœur, pas encore habituée au champagne, attrape ce masque sur un banc, qui sert à un film en tournage, et se met à déclamer le Roi des Aulnes en allemand. Vous savez : Wer reitet so spät durch Nacht and Wind… qu’on apprenait par cœur en allemand deuxième langue. Tout s’arrête, même Wagner, tout le monde regarde cette adolescente qui déclame sans vergogne du Goethe dans le texte… le Maîtrrrre, un peu amorti dans son fauteuil Emmanuelle, s’ébroue, il est ravi, il applaudit et pour la peine,  fait cadeau du masque à sa sister.
Non seulement on n’en fait pas un plat, mais surtout on en fait une lampe : facile, deux bouts de fil de fer, deux clous et l’ampoule nue de notre chambre prend la forme d’une créature inquiétante illuminée de l’intérieur. Et l’ampoule est chaude, ça crame le masque. Bon, tant pis. Et puis on va vivre notre vie, ma sœur met le masque avec d’autres vieilleries.  Puis, quand nos parents sont morts et qu’il nous faut vider la maison, nous tombons sur le masque de Dali, tout chiffonné, patiné. Ma sœur le jette comme tout le reste. Oh mais non, le masque de Dali quand même ! Et je le récupère. Et voilà des siècles que je le trimballe de maisons en maisons dans une jolie boîte, enveloppé de papier de soie.
Aujourd’hui où il est question de masques obligatoires, je veux le lui rendre mais refuse : Encore un fouilles en plus, merci bien ! Alors bon, je vais finir par le porter, je ne dis pas qu’il est très confortable, ni très seyant, si très approprié, mais c’est le masque de Dali, quand même !
(Si vous voulez me braquer pour en tirer une fortune, il ne vaut rien, il n’est même pas signé, je me suis déjà renseignée, vous pensez !)

PS : Jamais retrouvé Simon le Philosophe par la suite à Paris, un garçon charmant. Ce premier jour, il m’a raccompagnée à l’appart et pour le remercier, je l’ai fait monter, lui ai présenté mes sœurs et la copine et nous lui avons proposé un bon café. Car les trois blondes avaient vidé la voiture et fait les courses pendant ce temps-là. Un bon café, certes, à en juger par le sourire de connaisseur de Simon. Puis l’une de nous en avale une gorgée et recrache tout, dégoûtée : on ne savait pas que l’eau du robinet était saumâtre !

Texte et photo © dominique cozette

Les Fessebouqueries #366

Une semaine agitée du képi si c’est comme ça qu’on appelle le couvre-chef d’un chef d’armée, lui même sous-chef du chef de la France. Donc, ça se dégrade, la testostérone fait des ravages dans les hautes sphères du pouvoir et cette pauvre grande Muette qui n’a rien de tchekhovien fait pleurer dans les chaudières de l’été. Dans l’opposition, les kapos râlent, c’est partout l’arme à l’œil pour le monsieur kaki. Sinon le Pen peine, Mélenchon chon, Macron cron et on guette le commentaire de JP Pernaut quand la première pub viendra ternir son beau journal douce France qui jusque ici sentait bon la marjolaine.

– NP : Avant je partais en vacances au bout du monde avec un sac à dos. Maintenant je pars dans la Creuse avec 7 valises… Bref j’ai des enfants.
– ALD : Qui a dit que les députés LREM étaient des godillots ? Quand les intérêts de la Nation sont en cause, il savent résister ! « Contre l’avis de Macron, les députés En Marche s’accrochent à leur réserve parlementaire »
– DC : Un chef des armées viré Manu militari, rien que de très normal…
– DP : En France désormais on s’émeut du départ d’un général. Normalement c’est quand ils s’incrustent qu’on doit s’inquiéter.
– RR : Coucou les députés ! Perso j’ai le droit à 15,25 € par repas et 70 € pour dormir à Paris. MacDo et hôtels crasseux. Alors vos gueules.
– JS :  Les insoumis prenant Polony pour Louise Michel, je serais pas étonné qu’ils considèrent le général de Villiers comme le nouveau Che Guevara.
– DC : Dans Libé sur la mort des centres villes : « Au Mans, 145 coiffeurs et pas un seul poissonnier ». Ça nous fait quand même 145 merlans !
– JPT : Mélenchon et Corbière couvrent d’éloges le général de Villiers : voir des Insoumis lécher le cul d’un chef d’état-major, j’aurai vécu assez vieux pour voir ça !
JOD‏ : Donc la gauche pleure un militaire proche des milieux cathos tradis qui va aller pantoufler chez les armuriers dans moins de 6 mois. Voilà.
– François Ruffin‏ : Qu’on vienne regarder mes notes de frais, ça ne me gêne pas. Pendant ce temps-là, il y a 80Md € d’évasion fiscale.
– AB : Mélenchon : pour tout ce qui est contre. Marine LePen : contre tout ce qui est pour. Macron : envers et contre tout et tout à l’envers.
– YP : Merci à tous ceux qui nous disent : « Le Président aurait dû céder au général ! » C’est très exactement la définition d’une dictature militaire.
– CV : trouve rigolote cette histoire de portrait officiel d’Emmanuel Macron qui n’a pas le même format que ceux de ses prédécesseurs.
 Ça fait quand même beaucoup de gens qui ne peuvent pas l’encadrer.
 Ça commence mal.
– RR : Mon mec a décidé de faire de la méditation. Apparemment la 1ère séance portait sur le ronflement.
– YB : de la pub sur TF1 ?! ohhh noooonnn, ça va tout gâcher
JOD‏ : Donc les gens qui ont reprochés à Hollande d’être trop mou pendant 5 ans vont reprocher à Macron d’être trop dur pendant 5 ans ?
– OM : N’empêche, avec Macron elle marche la loi travail : à 10h, il licencie mais à 12h, il recrute.
– MTC : Un homme a été retrouvé vivant à Marseille en pleine forme à une terrasse de café.
– NE : Ma mere elle mfait la gueule psk on s’est croiser en voiture et jlui ai pas fais de signe mdr on est pas des chauffeur de bus
– FL : Tour de France. 
Lundi c’était Repos.
 Mardi c’était re-EPO.
– DC : Mélenchon a gagné la bataille de la cravate. Une belle avancée démocratique !
– MK : Exhumation de Salvador Dali : sa moustache bande encore
– GD : J’espère que nous allons réussir à nous remettre collectivement de ce traumatisme de la démission du chef d’état major des armées.
– JS : Il suffit que Macron vire un général pour que la gauche devienne militariste. On est peu de chose.
– RL : Le CSA autorise TF1 à diffuser des pub pendant ses JT. On attend maintenant qu’il autorise Pernaut à faire de l’information pendant ses JT.
– SP : [Petit rappel utile] Mesdames, mesdemoiselles : si les fesses dépassent du short, c’est que c’est une culotte.

Petit Bonus sur le général vendéen qui réunit toutes les pleureuses de France. Par JPT :
Oh, comme elle est émouvante, cette unanimité éplorée envers le général de Villiers, d’un bord à l’autre de l’échiquier politique, tous médias confondus ! Comme ils l’aimaient, tous, comme ils l’appréciaient, surtout ceux qui ne le connaissaient pas il y a un mois ! Comme Macron l’a humilié, le pauvre génaroulounet ! Comme il lui a donné sa mère ! Vilain, Macron ! De toute façon, c’est clair, il est fichu, Macron, c’était l’erreur impardonnable, pas un Français ne lui pardonnera d’avoir traité ainsi le patron du Puy du Fou ! Jamais ! Quoi ? Hein ? Pardon ?

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Illustration © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Ma vie est un chef d’œuvre… jusqu’à mercredi soir

38ème épisode de « ma vie est un chef d’oeuvre ». Celui-ci concerne un certain artiste iconique à moustaches..
Pour les épisodes les plus intimes de ma vie, non destinés au blog, il reste encore deux jours, jusqu’à mercredi soir.
En attendant,  Le 59ème Salon de Montrouge est ouvert TOUS LES JOURS jusqu’au 28 mai, de midi à 19 heures plus la nocturne de finissage qui sera riche en surprises artistiques.
Non seulement c’est gratuit mais en plus le métro vous dépose au pied du Beffroi, station Mairie de Montrouge, sortie n°3.  J’y serai mercredi et me lamente déjà de devoir décrocher.

Plus d’infos sur le site ici. Et sur mon site ici.

Texte © dominique cozette. Oeuvre © Yue Minjun

L’année 66 racontée à mes blecteurs *

Le monde bouge en 66 avec l’avènement d’Indira Gandhi en Inde, le retrait de la France de l’Otan voulue par de Gaulle qui demande au président des Etats-Unis le retrait des troupes du Viêt Nahm.
Par ailleurs, ce même de Gaulle inaugure la longue série d’explosions atomiques dans le Pacifique ainsi que la première usine marée-motrice, sur la Rance. Il lance diverses mesures allouées aux PME pour résister à la concurrence européenne et faire la nique au déficit : réussite totale puisque la dette aura disparu en 1970 ! (pas pour longtemps…)
66, c’est le début de l’affaire Ben Barka, et l’apparition hallucinante du shadow cabinet, gouvernement fantôme d’opposition créé par Mitterrand.
Aux Etats Unis, les émeutes raciales battent leur plein favorisant  la naissance de deux mouvements de la cause noire, le Black Power et les Black Panthers. Parallèlement, les B52 US  bombardent allègrement le Viêt Nahm et l’administration US  livre des armes tactiques à l’état d’Israël.
Le World Trade Center commence à gratter le ciel tandis que les premières communautés hippies s’installent en Californie.
De l’autre côté de la terre, Mao entame sa révolution entourés de Gardes Rouges, très remontés contre les Tibetains.
Chez nous, Malraux ouvre la première Maison de la Culture et ça se passe à … Amiens *(tiens, tiens, voilà où ça mène !). Les salaires des femmes plafonnent :  36% moins élevés que ceux des hommes. Est-ce pour cela qu’Yves Saint-Laurent les vêt (les femmes, mais certainement pas les salariées ci-dessus mentionnées)  d’un superbe smoking ? Paco Rabanne lui, les fait défiler dans des tenues drôles et  importables, fabriquées dans du rhodoïd et autres matériaux industriels.
Cette année-là, on assiste aux adieux scéniques de deux entités monstres : Brel et les Beatles, l’un à l’Olympia, où va se produire Bob Dylan pour  sa première en France, et les quatre chevelus à San Francisco. Lennon annonce qu’ils sont plus célèbres que Jésus Christ, ce qui provoque des tollés d’intolérance. George, plus matérialiste, épouse Patti Boyd. Et  la Reine, reconnaissante des devises qu’ils rapportent au royaume, les décore de l’ordre de l’Empire. Ainsi que Mary Quant, l’inventrice de la mini-jupe, que ne prise pas la très scandaleuse Sophia Loren pour  épouser son Carlo Ponti.
Cette année est à marquer d’une pierre blanche avec une invention extraordinaire pour les musiciens en herbe : le mini K7 Philips, petit enregistreur portable au piètre son mais générateur de maquettes infinies et, ne l’oublions pas, des premiers piratages de disques.
Au ciné, on a droit à deux formidables Godard : Made in USA et Masculin-Féminin avec Léaud et la très prometteuse Chantal Goya qui était une adorable petite brunette avant sa période Bécassine. On découvre le chabadatesque Lelouch, on se marre à la Grande Vadrouille avec de Funès et Bourvil, on vibre avec le Bon, la brute et le truand, on se signe avec Rivette et sa Religieuse, on braie avec Bresson, son âne Balthazar et son autre Anne, Wiazemski.
Les séries télé, c’est la folie : citons les Globe-Trotters avec les jeunes débuts d’Yves Rénier pas encore calamiteux, Thierry la Fronde qui deviendra culte pour un président aux goûts de …  bref, Au nom de la loi avec le génial Steve Mc Queen, ma sorcière bien aimée, Flipper le Dauphin…
Pierre Sabbagh fera un carton avec au Théâtre ce soir  et son générique : « les décors sont sont de Roger Hart et les costumes de Donald Cardwell »
Qu’est-ce qu’on écoute en 66 ? des 45 tours deux titres qui ont supplanté les quatre titres en récession. Antoine élucubre avec ses chemises à fleurs, ses pilules et ses attaques contre Johnny qui va rétorquer avec « cheveux longs et idées courtes ». Faire l’amour va pouvoir enfin se dire, merci Polnareff, Dutronc poursuit sa glamoureuse carrière avec les Play-boys, Bernard « Tapy » se gaufre avec l’oubliable Un dernier verre, Mireille Mathieu sévit grave tandis que deux Salvador, Adamo et Henri, sont au hit. On danse sur Gainsbourg et son Qui est in, qui est out. N’oublions pas Michelle des Beatles, Sheila et autres yéyéteries.
En 66 vont disparaître l’homme qui n’aura jamais ri, Buster Keaton, le beau Monty Clift, le surréaliste André Breton et l’homme aux rats, Walt Disney.
Naîtront Laurent Garnier, le couple David Hallyday et Estelle, la belle Sophie Marceau, le séduisant Vincent Cassel et l’oreilleux Dany Boon. Deux poids lourds aussi : Tyson et Cantonna.
Quant à moi, je me tire en Beaulieu avec mes soeurs et une copine à Cadaquès où on s’éclate tout l’été au club des Naufragés et aux fêtes cosmogoniques du Maîtrrrre de Porrrrrt Lllllllligattttt !

* Rectificatif de Bob A : Petit Bémol pour l’inauguration de la première maison de la culture. Ce ne fut pas en 1966 à Amiens, mais en 1961 au havre appelée également le Musée Malraux)…Et entre temps en 1963 fut inaugurée celle de Bourges dirigée par mon ami Henri…

Texte © dominque cozette (sources Internet diverses) et photo © c’est écrit dessus

L’année 65 ici.
(Vous pouvez voir les années précédentes à partir de l’année 55 dans la catégorie « du vrai »)

* Blecteurs = lecteurs de mon blog

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