L’année 66 racontée à mes blecteurs *

Le monde bouge en 66 avec l’avènement d’Indira Gandhi en Inde, le retrait de la France de l’Otan voulue par de Gaulle qui demande au président des Etats-Unis le retrait des troupes du Viêt Nahm.
Par ailleurs, ce même de Gaulle inaugure la longue série d’explosions atomiques dans le Pacifique ainsi que la première usine marée-motrice, sur la Rance. Il lance diverses mesures allouées aux PME pour résister à la concurrence européenne et faire la nique au déficit : réussite totale puisque la dette aura disparu en 1970 ! (pas pour longtemps…)
66, c’est le début de l’affaire Ben Barka, et l’apparition hallucinante du shadow cabinet, gouvernement fantôme d’opposition créé par Mitterrand.
Aux Etats Unis, les émeutes raciales battent leur plein favorisant  la naissance de deux mouvements de la cause noire, le Black Power et les Black Panthers. Parallèlement, les B52 US  bombardent allègrement le Viêt Nahm et l’administration US  livre des armes tactiques à l’état d’Israël.
Le World Trade Center commence à gratter le ciel tandis que les premières communautés hippies s’installent en Californie.
De l’autre côté de la terre, Mao entame sa révolution entourés de Gardes Rouges, très remontés contre les Tibetains.
Chez nous, Malraux ouvre la première Maison de la Culture et ça se passe à … Amiens *(tiens, tiens, voilà où ça mène !). Les salaires des femmes plafonnent :  36% moins élevés que ceux des hommes. Est-ce pour cela qu’Yves Saint-Laurent les vêt (les femmes, mais certainement pas les salariées ci-dessus mentionnées)  d’un superbe smoking ? Paco Rabanne lui, les fait défiler dans des tenues drôles et  importables, fabriquées dans du rhodoïd et autres matériaux industriels.
Cette année-là, on assiste aux adieux scéniques de deux entités monstres : Brel et les Beatles, l’un à l’Olympia, où va se produire Bob Dylan pour  sa première en France, et les quatre chevelus à San Francisco. Lennon annonce qu’ils sont plus célèbres que Jésus Christ, ce qui provoque des tollés d’intolérance. George, plus matérialiste, épouse Patti Boyd. Et  la Reine, reconnaissante des devises qu’ils rapportent au royaume, les décore de l’ordre de l’Empire. Ainsi que Mary Quant, l’inventrice de la mini-jupe, que ne prise pas la très scandaleuse Sophia Loren pour  épouser son Carlo Ponti.
Cette année est à marquer d’une pierre blanche avec une invention extraordinaire pour les musiciens en herbe : le mini K7 Philips, petit enregistreur portable au piètre son mais générateur de maquettes infinies et, ne l’oublions pas, des premiers piratages de disques.
Au ciné, on a droit à deux formidables Godard : Made in USA et Masculin-Féminin avec Léaud et la très prometteuse Chantal Goya qui était une adorable petite brunette avant sa période Bécassine. On découvre le chabadatesque Lelouch, on se marre à la Grande Vadrouille avec de Funès et Bourvil, on vibre avec le Bon, la brute et le truand, on se signe avec Rivette et sa Religieuse, on braie avec Bresson, son âne Balthazar et son autre Anne, Wiazemski.
Les séries télé, c’est la folie : citons les Globe-Trotters avec les jeunes débuts d’Yves Rénier pas encore calamiteux, Thierry la Fronde qui deviendra culte pour un président aux goûts de …  bref, Au nom de la loi avec le génial Steve Mc Queen, ma sorcière bien aimée, Flipper le Dauphin…
Pierre Sabbagh fera un carton avec au Théâtre ce soir  et son générique : « les décors sont sont de Roger Hart et les costumes de Donald Cardwell »
Qu’est-ce qu’on écoute en 66 ? des 45 tours deux titres qui ont supplanté les quatre titres en récession. Antoine élucubre avec ses chemises à fleurs, ses pilules et ses attaques contre Johnny qui va rétorquer avec « cheveux longs et idées courtes ». Faire l’amour va pouvoir enfin se dire, merci Polnareff, Dutronc poursuit sa glamoureuse carrière avec les Play-boys, Bernard « Tapy » se gaufre avec l’oubliable Un dernier verre, Mireille Mathieu sévit grave tandis que deux Salvador, Adamo et Henri, sont au hit. On danse sur Gainsbourg et son Qui est in, qui est out. N’oublions pas Michelle des Beatles, Sheila et autres yéyéteries.
En 66 vont disparaître l’homme qui n’aura jamais ri, Buster Keaton, le beau Monty Clift, le surréaliste André Breton et l’homme aux rats, Walt Disney.
Naîtront Laurent Garnier, le couple David Hallyday et Estelle, la belle Sophie Marceau, le séduisant Vincent Cassel et l’oreilleux Dany Boon. Deux poids lourds aussi : Tyson et Cantonna.
Quant à moi, je me tire en Beaulieu avec mes soeurs et une copine à Cadaquès où on s’éclate tout l’été au club des Naufragés et aux fêtes cosmogoniques du Maîtrrrre de Porrrrrt Lllllllligattttt !

* Rectificatif de Bob A : Petit Bémol pour l’inauguration de la première maison de la culture. Ce ne fut pas en 1966 à Amiens, mais en 1961 au havre appelée également le Musée Malraux)…Et entre temps en 1963 fut inaugurée celle de Bourges dirigée par mon ami Henri…

Texte © dominque cozette (sources Internet diverses) et photo © c’est écrit dessus

L’année 65 ici.
(Vous pouvez voir les années précédentes à partir de l’année 55 dans la catégorie « du vrai »)

* Blecteurs = lecteurs de mon blog

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