Au secours ! Le maillot au crochet revient !!!

Ah, le retour des vieilleries de notre jeunesse ! Ces superbes maillots triangulaires tricotés main – tricotés cœur qui ont fait les belles émotions des années 70, dites années hippies, où le poil avait encore droit de cité. Oui, car il faut savoir qu’à cette belle époque où on se baladait volontiers à poil sur les plages, on avait des poils, du petit minou blondinet au tablier de sapeur noir et dru en passant par les mauvaises herbes qui s’échappaient du maillot.

Parfois, on l’enfouissait sous un triangle crocheté selon un patron du magazine 100 idées. Qu’a t-on crocheté comme bidules, du boléro à franges (photo) au jeté de lit fait de petits carreaux… et des gilets pour bébés style paillassons doux  (photo) dont ils attrapaient de leurs petits doigts gluants les brins de laines pour les mettre à la bouche — je ne parle pas du tapitouf qui, lui, relevait d’une autre technique.

Ces bikinis donc, tellement ajourés, alourdis par l’eau salée, qu’ils laissaient passer les tétons durcis par la brise atlantique et les poils pubiens du plus bel effet lorsque vus à contre-soleil. Magnifique !
Mais aujourd’hui, les poils sont morts et les chattes sont glabres. Rien ne sera plus pareil !

Texte et photos © dominique cozette sauf les photos maillots trouvés sur internet.

Les photos insoutenables

Quand j’étais petite ou jeune, ou les deux, ont commencé à paraître, dans Paris-Match que mon père rapportait à la maison, d’insoutenables photos de petits enfants d’Afrique maigres avec un gros ventre. Des yeux immenses parfois bordés de quelques mouches. Des restes de bave ou de terre séchée aux commissures des lèvres. Et des femmes, tout aussi maigres, essayant d’allaiter de leurs seins secs, des petits corps déjà partis sur l’autre rive.
C’était extrêmement choquant. Nous étions fascinés par ces images tellement elles étaient incroyables.
Nous ne savions pas pourquoi les enfants qui meurent de faim ont un gros ventre. Nous ne comprenions pas pourquoi le photographe ne leur avait pas apporté quelque chose à manger. Nous avions peine à imaginer comment un pays nanti comme la France n’envoyait pas plus de vivres à tous ces pauvres êtres. Oui, bien sûr, on en envoyait. Est-ce qu’ils arrivaient, est-ce qu’ils étaient distribués, est-ce que des vies étaient sauvées ?
Et alors est née une antienne lorsque nous faisions les difficiles, à table. C’était : tu vas me faire le plaisir de finir ton assiette ! Tu as vu tous ces petits enfants qui meurent de faim ? Tu ne crois pas qu’ils aimeraient manger ça ?  On voulait nous faire honte. Comme si le fait de ne pas finir nos épinards ou notre côte de porc avait un quelconque rapport avec le gros ventre de ces pauvres victimes d’un monde déjà bien déréglé. En même temps, je me demandais comment on pouvait envoyer des restes de haricot de mouton ou de blanquette à des petits Africains.
Aujourd’hui où on gaspille autant qu’on achète, ça c’est une vraie honte, d’autres photos insoutenables paraissent aux infos, sur les réseaux sociaux. Dont une, icônique, celle du petit Eylan mort noyé sur une plage avec d’autres réfugiés syriens. Cette photo insoutenable dont on peut se demander pourquoi on en est arrivés là, à laisser chavirer de pauvres embarcations, à laisser se noyer des victimes de guerre qui n’ont plus de maison pour y vivre. Dont la ville est devenue un tas de pierres et de pans de murs parfois traversés par un tir de combattant.
Il y a eu le petit Eylan, il y en a eu tant et plus, et ça continue, c’est l’hiver, la mer est mauvaise et l’eau est froide, mais les réfugiés continuent à risquer leur vie pour ne pas se faire tuer dans leur pays devenu invivable. Et les petits Eylan continuent à accoster, sans vie, sans souffle, sans passé, sans rien.
Oui, c’est insoutenable. Ai Weiwei, artiste chinois a pris la même pose dans son rôle d’artiste engagé —  je ne sais quoi en penser — toujours est-il que  les photos insoutenables, quelles qu’elles soient, deviennent très vite de simples images ordinaires charriées par l’actu insensible et l’inexorable flots des misères du monde.
Quant aux petits enfants à gros ventre et aux mouches autour des yeux, ils n’ont pas disparu. Ils se sont juste banalisés.

Texte et peinture © dominique cozette

Et les blessés ? Bof, les blessés…

La gueule arrachée, Philippe Lançon fait partie des rescapé de la tuerie de Charlie Hebdo. Chaque semaine, il continue à écrire dans Charlie, oh pas pour se faire plaindre. N’empêche, en suivant la lente reconstruction de son visage et de sa mâchoire en charpie, il nous donne à voir ce que les rescapés d’attentats endurent pendant de longs moi et souvent de longues années. Un sacré chemin de croix. Et vous savez quoi ? Rien n’a été prévu pour eux dans la « joyeuse » foire aux commémorations diverses. Il le dit dans son dernier article, il dit ça pour montrer comment lui et les autres, ces gens-là, les blessés, les rescapés, les survivants, ni morts ni vivants donc coupables de quelque chose, ont disparu de la mémoire collective, des listings, des gens intéressants, broyés une deuxième fois, méprisés, humiliés car, pour ceux qui l’auraient désiré, ils auraient été obligés de réclamer une petite part de survivance, une modeste présence. Ah, merde, revoilà les pleureurs, les quémandeurs !
Lançon est sobre, il n’a pas mis de colère dans son article, c’est moi qui le fais. Hier, dans C à vous, le seul blessé du stade de France (où il y a eu un mort), gravement blessé, regrette amèrement cet oubli « on est traités comme des chiens », dit-il les larmes aux yeux, comme si on n’existait plus. On ne lui a rien proposé à lui non plus. On les oublie, on les traite avec désinvolture, c’est d’une violence inouïe.
Lui, Philippe Lançon, qui passe le plus clair de son temps à l’hosto pour des greffes, des transplantations, des opérations de ravalement et de restauration, n’aurait pas eu envie d’aller commémorer le 7 janvier.
Mais on ne lui a rien demandé, on ne l’a invité nulle part, il n’a donc rien refusé. Il n’a pas envie d’en parler encore et encore, il a besoin de calme, de tranquillité et de jolies choses. Alors, avec son frangin et deux potes, il est allé à Trouville manger des moules, boire du vin et du champagne, sentir le vent ensoleillé de la plage, à côté d’une affiche de Savignac  pour un festival de l’humour où il était écrit « ils sont tous venus. On ne les oubliera pas ». Ça l’a beaucoup fait rire, affirme t-il, entre deux bouchées de tarte aux pommes qu’il peut enfin manger.
Ce très bel article n’est pas en ligne, alors lisez-le dans le Charlie de cette semaine.

Deux personnes dont les filles sont mortes le 13 novembre, ont créé une association, 13 novembre: fraternité et vérité (lien article du Monde ici) pour toutes les victimes des attentats, qu’elles soient blessées, proches, oubliées…

texte © dominique cozette. Affiche © Savignac

 

 

Le jour où j’ai trouvé un diams

On se disait qu’on se paierait un voyage en Californie, ou qu’on changerait la voiture, ou qu’on referait la salle de bain. Oui, je sais, c’est assez petit-bras comme envie mais je n’ai aucune notion du prix d’un gros diamant.  Un gros diamant éclatant trouvé dans les cailloux par mon époux qui adore passer le râteau dans le jardin.
Dimanche à l’apéro du village, le vieux bijoutier retraité l’a examiné à l’œil presque nu puisque chaussé de lunettes. Cherchant à savoir si la monture était en or blanc ou en argent. Il trouvait que le sertissage n’était pas tout à fait assez top pour un gros diamant comme ça, mais trop top pour un faux.
On ne sait jamais, ce n’est pas impossible, mais ne rêvez pas, nous a-t-il conseillé. Venez me voir chez moi, cette semaine !
Alors je l’ai rangé en attendant de savoir.
Donc une nouvelle voiture plus le voyage plus les travaux, peut-être. Ou encore plus. Et les enfants avec leur toit à refaire ! On verra bien.
Lundi, c’était branle-bas de combat à la maison, les amis qui repartent à Paris, les enfants et leurs kids aussi, à tout boucler, ne rien oublier et à conduire à la gare. Et divers autres tâches.
Hier à Avignon, les bijoutiers étaient fermés à l’heure où nous sommes passés.
Alors aujourd’hui, nous sommes allés chez ce modeste bijoutier qui, avec un appareil tout bête, peut diagnostiquer la chose.
C’est un vrai, a-t-il lancé, après avoir piqué mon diamant de sa petite électrode. Il parlait de celui que j’avais au doigt, un petit, bague de ma GM puis de ma mère. Vous voyez, ça marche bien, cet appareil. Regardez, ça marche aussi avec cette aigue-marine. Et puis aussi cette petite pierre.
Bref, l’appareil était en état de marche. J’avais ma grosse pierre dans la main et pas trop envie de savoir si c’en était ou pas. J’aime bien espérer. Je n’aime pas être déçue.
Alors il l’a prise dans ses vieux doigts noueux, a planté la petite aiguille sur la pierre. Un mouvement de faible amplitude s’est produit sur le vu-mètre. Trop petite amplitude. Il a répété l’examen trois fois pour être sûr : c’était juste un très beau zircon, très finement ouvragé, très lumineux. Mais un diamant, point.
Samedi, mon mec amène la vieille caisse chez Leclerc Centre Auto pour changer les amortisseurs.
Mais en tout cas, c’est de l’or, a-t-il précisé à l’aide d’un autre bidule.
On n’aura pas tout perdu.
Il a ajouté le petit embout en or pour que la boucle d’oreille tienne.
Mon époux, qui est un bon bricoleur, s’apprête à me percer le lobe avec une mèche de deux. Mais je me tâte : le lobe gauche ou le lobe droit ?

Texte et illustration © dominique cozette

Je te promets, je rentrerai tôt, le soir …

Comment lui en vouloir ? Quand on voit le nombre de types qui pratiquent le présentéisme dans leurs boîtes !
Présentéisme, oui.
Il y a quelques temps, je les voyais très souvent jouer aux fléchettes le soir quand il n’y avait aucune réunion. Pas question de rentrer tôt, d’aider sa femme à torcher les mômes ou faire la bouffe. Et puis, ils auraient eu l’air de quoi, dans la pub, de préférer rejoindre bobonne plutôt que de rester là, entre amis, décontractés du gland de leurs mocassins…
Aujourd’hui, je suppose qu’ils sont sur Internet, à faire je ne sais quoi, prétextant réunions tardives, max de boulot, clients stressants, fournisseurs nases.
J’ai eu un patron de pub chez FCA, prénommé Jean, pour les initiés, qui décourageait cette attitude. Il nous poussait dehors, nous incitant à rejoindre femmes, maris, amoureux et enfants, jugeant que nous étions mal organisés si nous faisions des heures sup. Beaucoup d’entreprises étrangères raisonnent d’ailleurs de cette façon, voyant d’un mauvais oeil les traînards de bureaux.

Un récent article de Libé montre que la participation des hommes aux tâches ménagères  s’est accrue de 7 minutes (sept, oui) en 20 ans (vingt ans, oui). Si les choses évoluent au même rythme, l’égalité domestique sera atteinte … en 2460.
Vaut-ce le coup d’attendre ?

Je vous raconte ça pour illustrer mon dessin. Je ne travaille plus en boîte. D’ailleurs, à l’époque, je n’avais pas de mari qui pratiquait ce genre d’imposture. Ça n’aurait pas marché, dit-elle en secouant la tête de gauche à droite.

 

Texte et dessin © dominique cozette
d’après l’article de François Fatoux, membre du laboratoire de l’égalité.

Grouillons, grouillons !

Les tenants de l’hyper économie, du tout partout, du toujours ouvert, du boulot 24/24 7/7, de la croissance à tout prix, de l’aide  totale à la reprise avec suppression de toutes taxes, impôts et contributions, sont probablement des jésusophiles dont la parole s’appliquerait bien à leur desiderata : croissez et multipliez. A l’époque, il devait y avoir 5 millions d’habitants sur la planète, enfin j’en sais rien, c’est une hypothèse. Il y avait des places pour garer ses boeufs, le chômage n’existait pas puisque le sale boulot était assuré par les esclaves, la démocrate battait son plein avec le tirage au sort des édiles, la terre était cultivée selon une tradition ancestrale, les animaux paissaient et broutaient dans de grands espaces avant que d’être abattus proprement.
Le commerce marchait tranquillement, le marketing c’était juste de savoir si la mère machin et le père truc achèteraient une oie ou une pintade, et, quand le temps le permettait, on allait tous ensemble voir les jeux du cirque.
Aujourd’hui, ce que les politiques de tout poil, les responsables des grands groupes internationaux, les boursicoteurs et nous-mêmes qui mettons nos économies sur des produits financiers dont on espère qu’ils amélioreront notre pouvoir d’achat, demandent/exigent/souhaitent, c’est la croissance. La croissance, la croissance, la croissance !!! On n’entend que ça. Allez hop !  Croissons… Que ça grouille de voitures partout tout le temps, que ça grouille de monde dans les zones de chalandise sans interruption, que rien ne s’oppose à l’achat de n’importe quel produit de n’importe quelle façon, que la concurrence soit la plus âpre possible entre toutes les productions pour être sûr d’avoir le moins cher, que le produit juste lancé soit aussi sec dans mon caddy car je dois être le premier à l’avoir même si je sais que demain il sera complètement ringard, que l’aménagement du scolaire permette à tous de profiter de la mer, de la neige, des voyages, que d’ailleurs les avions soient de plus en plus fréquents, de plus en plus gros, de plus en plus nombreux pour permettre à TOUS d’aller partout, que les bateaux de croisière soient de plus en plus énormes pour offrir tout ce dont on rêve sur la mer mais de moins en moins cher donc de plus en plus concurrentiels, que tous les pays du monde puissent construire vite les installations olympiques et footballistiques avec infrastructures d’accueil concommitantes même si ça ne sert qu’une fois… etc, vous savez tout ça.
Vous avez appris qu’Amazon venait d’annoncer que bientôt vous serez livré par drone. En voilà une idée, qu’elle est chouette ! Donc nous serons bientôt envahis de milliers d’engins volants qui viendront obscurcir notre ciel, troubler le silence de nos nuits, voire se percuter au-dessus de nos têtes. Car on ne voit pas pourquoi une seule entreprise aurait le monopole du ciel, de l’urgence, de la course à l’échalote.
Alors, grouillons, grouillons, y a pas une minute à perdre, pas un espace à garder. Tout sera dans tout et réciproquement. Et, c’est promis, il n’y aura plus de frustrés, de malheureux et d’aigris. De nouveau, la vie sera belle. Chouette, chouette et rechouette !

Texte © dominique cozette. Photo faite à la FIAC 2013.

Laisse-moi te taper et on après on ira chez les flics, salope !

– Laisse-toi faire, chienne, et après on ira chez les flics, allez, retire tes bras !
– Oui mais tu dis toujours ça ! Aïe ! Et quand tu m’as défoncé la tronche, aïe ! tu te défiles à chaque fois, aïe !
– Tu me traites de menteur, salope, tiens prends-ça !!!
– Aïe ! Mais après tu m’accompagnes chez les aïe ! flics, pour que je puisse porter aïe ! plainte ! Tu promets ? aïe !
– Puisque je te le dis, chienne ! Tiens, paf, pour t’apprendre à douter de moi !
– Aïe !aïe !aïe !aïe !aïe !aïe !aïe !aïe !aïe !aïe ! Allez, on y va, j’en peux plus !
– Moi non plus, j’en peux plus, connasse ! Tu crois ça m’amuse de te frapper ? Ça me crève, ça m’épuise, sale conne, tiens, encore celle-la !
– Aïe ! Allez, s’il te plaît, allez…
– Oh ! Arrête avec ça ! Tiens !  Tu crois que j’ai que ça à foutre d’aller chez les flics ?
– Tu avais promis ! Ouille !
– Je fais ce que je veux quand je veux, saloperie. Tiens, attrape celle-là !
– Tu m’as encore fracturé le nez …Aïe !aïe !aïe !aïe !aïe !aïe !

Bref, une scène de ménage comme il y en aura beaucoup en Arabie Saoudite. Car depuis quelques jours, cela ne vous a pas échappé, la violence sur les femmes et les enfants sort du cadre privé. Oui, dorénavant, elles peuvent porter plainte pour violences conjugales. C’est énorme !
Sauf qu’il faut que leur mari (ou leur tuteur) soit d’accord pour les accompagner dans cette démarche. Comme ce sont des braves types, si, si, ils ne vont pas se faire prier. Ainsi, la vie de milliers de femmes va réellement être transformée ! Heureux pays !

C’est mieux dit ici.

Texte et image © dominique cozette

Quand je pense à Fernande, je pense à Lafarge…

Fernande est à droite. Je n’ai pas demandé le prénom de son amie. Ces deux femmes vivent ici, ont toujours vécu ici, dans la cité Lafarge ou cité Blanche — du nom de Blanche Lafarge, épouse de l’industriel —, au bord du Rhône, qui fut construite pour loger ouvriers et contremaîtres des célèbres ciments qui, il n’y a pas si longtemps, blanchissaient de leur fine poussière blanche, justement, tous les environs.

Une première partie des bâtiments fut construire au XIXème siècle. Celle où n’habitent plus que cinq personnes (et peut-être moins), en 2013. Le centenaire, donc.

Jadis, c’était la vie, les gosses, les écoles, les jeux, la chapelle, les petits potagers pour chacun, avec poules et lapins, les cris des enfants, la bouffarde dans le café (sans alcool) où les ouvriers se retrouvaient pour taper le carton. Les hommes. Les femmes, celles qui voulaient rajouter le beurre dans les rutabagas, travaillaient à la sacherie, raccommodant les sacs de ciment déchirés.

Puis dans les années 50, on put s’acheter une voiture, un logement en ville grâce à l’intérêt 0 offert par le patron, alors beaucoup quittèrent cet univers clos. Sans parler de l’automatisation qui réduisit le nombre de postes.
Aujourd’hui, la cité Blanche est une ville morte. A part nos deux petites vieilles fort sympathiques qui prenaient le frais, nous n’avons pas croisé un chat. au propre comme au figuré. Les petites dames nous confient qu’il y a pas de mal de visiteurs l’été, ça les distrait, et qu’il y a un monde fou lors des journées du patrimoine. Quand même, je n’aimerais pas être la dernière à vivre ici, l’hiver… Brrrr

On peut rêver et imaginer ces superbes bâtiments repris par un mécène pour en faire une cité d’art, avec lofts, cantines, expos, scènes, etc… mais bien que le monument soit dorénavant protégé, rien n’est prévu pour une éventuelle restauration.
Ici, le site pour en savoir plus et écouter le bel accent ardéchois de Fernande

Texte et photos © dominique cozette

C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule. Aujourd’hui, le diapason.

Ramant sur mon rameur alors que j’écoutais en podcast le grand entretien,  j’entendis Djian faire allusion à cet étrange objet qu’est le diapason. Mon imagination s’enflamma.
Tiens, me dis-je, mais qui a inventé le diapason ? Surtout :  comment lui est venue l’idée ?
Je veux dire exactement : qui, un jour, a pensé inventer un truc à deux branches capable de produire une note d’une hauteur constante et régulière, le la par exemple, pour accorder les instruments et mettre tous les musiciens d’accord ?
La genèse de cette invention est complètement absurde, non ? Une fois créé, bien sûr, le diapason semble couler de source, mais pas du tout !
Déjà, penser à quelque chose qui règle de façon UNIVERSELLE  l’accord de TOUS les instruments du monde, de façon que George Harrison puisse jouer en Inde dans la même tonalité que Shankar ! Ou que Chantal Goyave puisse interpréter Bécassine accompagnée sans fausses notes par l’orchestre national de Tokyo, il faut être assez mégalo et posséder une bonne dose de prétention.
Mais que, paradoxalement, cette harmonie universelle soit le fait d’un tout petit truc métallique  sans envergure, à glisser dans sa poche, sans y penser, là, ça relève d’une abnégation encore plus grandiose.

 

 

Alors que, s’il avait fallu le reconstituer d’après les recherches en physique et acoustique ci après, on aurait abouti à une sorte d’usine à gaz, un peu comme Cloaca, la machine à fabriquer des excréments, qui elle ne sert à rien et se montre très encombrante.

 

Jugez plutôt de la technologie du diapason (cf Wiki. Et ce ne sont que des extraits) :

La principale raison de la forme du diapason est qu’il produit une note pratiquement pure. La majeure partie de l’énergie de vibration se retrouve dans la fréquence fondamentale, et très peu dans les harmoniques, contrairement aux autres résonateurs. La raison de cela est que la fréquence de la première harmonique est d’environ 52/22 = 25/4 = 6 1/4 fois la fondamentale (environ 2 1/2 octaves au-dessus de la fondamentale)1. Par comparaison, la première harmonique d’une corde vibrante est d’une octave au-dessus de la fondamentale. Ainsi lorsque le diapason est excité, peu d’énergie se répartit dans les harmoniques; celles-ci s’amortissent en conséquence plus rapidement, laissant vibrer la fondamentale. Il est plus facile d’accorder d’autres instruments avec cette note pure.

La fréquence du diapason dépend de ses dimensions et du matériau dont il est fait :

f  = \frac{1}{l^2} \sqrt{\frac{AE}{\rho}} et, si les branches sont cylindriques, f  = \frac{R}{l^2} \sqrt{\frac{\pi E}{\rho}},

où:

  • f est la fréquence fondamentale avec laquelle le diapason vibre, exprimé en hertz.
  • A est l’aire de la section des branches, exprimée en m2.
  • l est la longueur des branches, exprimée en mètres.
  • E est le module d’Young du matériau dont est fait le diapason, exprimé en pascals.
  • ρ est la masse volumique du matériau dont est fait le diapason, exprimé en kg/m3.
  • R est le rayon des branches, exprimé en mètres

Je vous laisse imaginer l’entourage du mec qui, après avoir été bassiné par des calculs sans fins, des équations sans fond et des doutes sans fun, voit ressortir notre inventeur, en 1711 et en culottes rayées,  avec ce petit bout de fer en hurlant : Eurêka !  J’ai trouvé la « pitch fork » !!!

Franchement, ça manque grave de panache, cette petite chose qui rouille, qu’on oublie dans un coin, qui abime le vernis du quart de queue quand on le plante dessus pour le faire résonner. Déception de l’entourage. Les inventeurs sont toujours des lonesome poor misunderstood fellows.
Réparons :  ce personnage génial s’appelle John Shore,  il était trompettiste et luthiste, il a oeuvré avec Purcell et Händel, il a joué de la trompette lors du couronnement de George 1er, et il est mort à 90 ans, soit 39 ans après son invention extraordinaire.

Texte (hors wikipedia) et dessin © dominique cozette

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