La jupe twist

J’ai seize ans, je passe quelques dimanches chez ma copine Michèle à la caravane, la résidence de campagne de ses darons.
On se balade jusque chez le broc où j’achète des têtes de christ en laiton.
Je porte une jupe twist rouge et des soutifs rembourrés.
La Foire du Trône est juste devant mon lycée Porte de Vincennes.
Je me fais draguer par un joli militaire qui s’appelle Aldo mais passe ton chemin, j’aime pas les troufions.
Mon père ne veut pas qu’on s’achète un hula-hoop alors j’en fais chez les copines.
Il ne veut pas non plus que l’on ait des patins à roulettes, ni des vélos.
Ma petite sœur en a un car son lycée est à Saint-Maur.
Un dimanche je le lui emprunte pour aller chez ma copine à la caravane.
De Joinville à Ozoir, ça fait une bonne trentaine de kilomètres avec de sacrées côtes, le long de nationales super fréquentées.
C’est tout mon père de m’y autoriser.
J’arrive trois heures plus tard, trempée de sueur, fesses en charpie, aucun entraînement bien sûr, mais je ne pourrai pas rentrer en vélo car il fera nuit.
Mon père vient me chercher en voiture.
Il rate son Sport-Dimanche.
Belle réussite.
Avant de me coucher, j’écoute vingt fois Love me do que m’a envoyé ma correspondante anglaise.
Je comprends toutes les paroles.


Texte et image © dominique cozette

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter