
Je n’avais encore rien lu de Jean-Christophe Grangé mais son histoire, bien réelle, et aussi celle de ses parents évoquée à la Grande Librairie m’a scotchée et j’ai voulu en savoir plus.
Je suis né du diable porte bien son titre car on apprend dès le début de l’émission que lorsqu’il avait deux ans, son père avec deux complices ont tenté d’enterrer sa femme vivante. Elle s’est tellement débattu et a tellement crié qu’elle a évité cette terrible mort.
Cette cruauté n’est pas apparue tout de suite. Au contraire Robert Grangé, séduisant, de bonne famille, classe, a su faire la cour à la jeune Michèle, jolie femme, et l’entourlouper. Mais elle tombe enceinte et bien que Robert s’en déclare heureux, il commence à la maltraiter, la forcer à faire la tournée des bars de nuit, à boire de l’alcool puis à se droguer de médicaments. Les violences physiques suivent mais Michèle, naïve, espère que tout s’arrangera quand naîtra l’enfant.
Au contraire. L’enfant est un petit avorton prématuré abîmé par les forceps et une plaie infectée au visage. Le cauchemar ne s’arrêtera plus même si les grands parents maternels décident de prendre en charge ce jeune enfant si mal en point. Grâce à ce flot d’amour, Jean-Christophe va s’épanouir après d’une grand-mère formidable. Michèle, elle, reste fragile car son mari continue à la harceler n’importe où, n’importe quand. Elle ne se sent en sécurité nulle part, Il continue à lui pourrir la vie. Il réussit à la faire interner pour folie, la privant de son fils et de sa mère.
Ce Robert est en fait un raté, raté de la médecine qu’il ne réussit pas à faire. Mais il est gâté par son père, pourri par son fric, il n’a pas besoin de travailler et passe sa courte vie à festoyer, se bourrer la tronche et séduire les jeunes filles.
Michèle trouvera quand même, bien plus tard, une forme de bonheur après une longue période passée dans des banlieues hideuses où l’enfant se meurt d’ennui pour cause de pauvreté.
Grangé ne veut garder aucun souvenir de ce père si violent, aucun stigmate mais étrangement, dans ses romans policiers qui connurent tous le succès, il y met toujours un horrible père responsable du malheur des autres.
La deuxième partie de l’ouvrage nous livre la vie difficile de Grangé qui, devenu un homme, souffre de ne pouvoir établir de lien avec les femmes et faire l’amour. Il en crève à petit feu. Parallèlement, il fait des boulots d’écriture sans intérêt. Puis un jour, grâce à une jeune femme, sa vie prend une bonne tournure. Il se marie, fait des enfants puis trouve enfin la voie vers la littérature via les reportages lointains avec des photographes casse-cou, grands sujets vendus dans les meilleurs revues.
Je suis né du diable de Jean-Christophe Grangé, 2025 aux éditions Albin Michel. 336 pages, 21,90 €
Texte © dominique cozette