Les Fessebouqueries #612

On n’en a pas fini avec la retraite des vaches. Et Borne par ci, et Borne par là, franchement, je préfèrerais voir Sharon Stone décroiser ses jambes, au moins, il y a de la profondeur, du glamour, je ne dis pas que ça ne serait pas lassant au bout du bout de voir qu’un clou chasse l’autre. A propos de chasse, tirons la chasse (oh, qu’elle est bien bonne !) sur des dimanches sans fusil, désalcoolisons juste les tireurs, mais comme faisait dire un dessin d’humour à des bêtes : flûte, ils vont viser plus juste … Impunité, de toute façon pour ces lobbistes. Et le foot ? Bah, ça m’en touche même pas une car je n’en ai pas, de boule, et ce genre d’étoupe pour remplir l’actualité, ça me gave. Mais ce soir, j’ai des rondelles d’andouille à l’apéro, c’est la plus importante nouvelle de la journée… Tchin, amigas/gos, et bon ouiquande.

– DC : De Quatennens au Prince Harry, on peut dire qu’aujourd’hui les roux pètent chaud !
– NMB : Il paraît que si tu dis cinq fois de suite « grève générale », y’a Elisabeth Borne qui apparaît en doudoune de ski pour déclencher un 49.3
– PE : La mesure principale maintient le droit de chasser le dimanche, mais interdit aux animaux sauvages de sortir de chez eux. Les récalcitrants seront abattus sans sommation.
– OM : Chasse: le gouvernement interdit la pratique sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue. La surprise des mecs quand ils vont se rendre compte que les sangliers ne font pas de VTT…
– GL : Je préférerais qu’on mette d’office à la retraite la plupart des éditorialistes de ce pays, et sans condition d’âge.
– OR : “Si tu ne veux pas bosser jusqu’à 64 ans, t’as qu’à crever.” C’était un message du Ministère de la réforme des retraites.
– DC : Question de Paul McC. à Elisabeth Borne :  Auras-tu encore besoin de moi, me feras-tu encore à manger Quand j’aurai 64 ans ?
– HD : Je viens de téléphoner à une amie heureuse de récupérer son mari volage. Elle m’a dit que les hommes sont comme les girouettes, ils se fixent dès qu’ils se rouillent !!!!
– OM : Rapide petit comparatif de palmarès : Zinédine Zidane : 31 buts en Équipe de France. Noël Le Graet : 3 putes à l’Ibis de Porte d’Orléans
– CEMT : Bon, j’ai un peu décroché de l’actualité quelques heures mais apparemment Zidane est devenu le nouveau président Brésilien, bravo à lui.
– NMB : On voit bien ce que ça donne de travailler trop longtemps, on devient tout gâteux et après on se met à insulter Zidane, c’est pas acceptable cette réforme des retraites.
– JD : On est pas bien là, tous et toutes, à se demander si c’est notre boulot ou l’effondrement climatique qui nous tuera avant 67 ans ?
– EL : Vous allez faire quoi quand vous serez au chômage entre 60 et 67 ans ? Ah non pardon y aura pas de chômage non plus.
– MM : Le vrai scandale de ce livre, Prince  Harry, c’est que la personne en charge de la traduction française a vu cette couverture et a jugé bon de traduire « Spare » par « Le Suppléant » quand la seule traduction acceptable était « Le roux de secours ».
– OM : N’empêche, avec cette réforme des retraites, le taux d’absentéisme pour cause de décès va vachement augmenter…
– SF : En anglais, « Great » veut dire « Génial ». Ne pas confondre avec « Graët » qui veut dire « Gros con ».
– GD : Je rêve d’un monde où le système de retraites et les droits des chômeurs seraient défendus comme les vedettes de football.
– CEMT : Bruno Le Maire : « Et comment vous voulez que les actionnaires continuent à se gaver si vous ne bossez pas jusqu’à la mort, hein ? »
– CEMT : Elisabeth Borne : « L’avantage de cette réforme des retraites, c’est qu’on aura plein de gens qui travailleront dans les EHPAD tout en y résidant, gain de temps sur les transports. »
– PI : Si ça se trouve, avec l’interdiction de la picole à la chasse, on va voir émerger une nouvelle fédération où les mecs n’ont pas de fusils, ils se saoulent juste dans les bois et font des grimaces aux animaux. On sait pas.
– YG : Dans ce pays, si vous voulez tuer quelqu’un en toute impunité, prenez un permis de chasse.
– CF : Brigitte macron, en Vuitton ou Dior à chaque apparition, veut lutter contre la dictature des marques et des logos en imposant l’uniforme à l’école. Savoureux.
– BR : Si on taxe les superprofits (7 milliards), qu’on rétablit l’ISF (3 milliards), qu’on récupère la fraude fiscale (100 milliards) et qu’on utilise les recettes pour les retraites, à mon avis on peut tous partir à la retraite à 45 ans. Qui est pour ?
– CR : Depuis le temps qu’il marche seul, Jean Jacques Goldman, c’est quand même étonnant qu’il n’ait jamais croisé Gérald de Palmas qui est sur la route toute la sainte journée….
– EL : Ça file chaque année 157 milliards d’aide à des entreprises qui en reversent 80 à leurs actionnaires spéculateurs. Mais c’est pas foutu de trouver 10 milliards pour qu’on puisse arrêter de bosser avant de mourir.
– PA : Après les jeux d’hiver en Arabie Saoudite, les Pays-Bas accueilleront les championnats du monde d’alpinisme.
– TV : J’ai un ami anglais dont la mère appelle la nourriture au micro-onde la « PING FOOD », juste parce qu’à la fin de la cuisson, on entend « PING » and I think it’s beautiful.
– CEMT. Quatennens de retour à l’assemblée. Faut le comprendre, il lui reste 127 trimestres de baffes à distribuer avant de prendre sa retraite.
– RP : Passionnante interview de Brigitte Macron dans le magazine de Sophie Davant où l’on apprend que chaque matin, la première dame presse un citron dans le thé du président de la République. On peut parler de quatrième pouvoir sans sourciller.
– EM : « Franchement ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal de départ en retraite. Quand on est soi-même en difficulté, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ! Et alors on va dire : « non, non, faut maintenant aller à 64 ans… » » (Emmanuel Macron, avril 2019)

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Quelle histoire biscornue !

La réalité dépasse la fiction dans l’histoire et la généalogie de Maria Larrea dans son récit Les gens de Bilbao naissent où ils veulent. Au début, on a du mal à y croire, mais pourtant si, tout est vrai. Ça se passe à Bilbao, comme le dit le titre. Sa grand-mère paternelle est une prostituée obèse qui, enceinte d’un client et très pieuse, garde le bébé, un garçon, et confie son éducation aux Jésuites. Il est le père de la narratrice. Mais plus tard, ado, quand il va voir sa mère sur le trottoir, son monde s’écroule.
De l’autre côté, sa grand-mère maternelle ne veut surtout pas de cette petite fille qui s’est nichée en douce dans son ventre, elle accouche vite fait et va déposer la môme dans un couvent. La fillette est sage, travaille bien et surtout, elle est ravissante, bien que petite. Mais un jour, quand elle a dix ans, sa mère la reprend pour qu’elle s’occupe des petits qui sont nés entre temps, et puis qu’elle soulage les excès sexuels de son père, violent.
Chacun des deux vit sa vie de façon assez improbable vu leur passif mais lorsqu’ils se rencontrent, très jeunes, ils sont submergés par un coup de foudre réciproque. Ils fuiront le régime franquiste et s’installeront à Paris. Elle devient femme de ménage et lui, gardien du théâtre de la Michodière. Mais lui aussi est violent et il boit. Leur fille, la narratrice, quant à elle, se rend bien compte qu’il y a décalage entre sa vie et celle de ses amis de classes, des bourgeois en fait. Il lui faut se montrer à la hauteur, être soignée, polie. Elle est admise à la Fémis. Et là, elle rencontre Jodorowski, le réalisateur barré, fondu de tarot. Subjuguée, elle s’y met, rencontre une tireuse de cartes qui lui fait une double annonce qui va bouleverser sa vie. Dès lors, elle se met en quête du passé de ses ascendants, fait tout ce qui est possible pour connaître le secret de sa naissance.
C’est passionnant, cette histoire qui a existé et enflammé les faits divers ibériques. Bilbao devient l’endroit où elle sent qu’il s’est passé quelque chose de déterminant dans sa vie et celle d’autres personnes. Une histoire qui nous tient en haleine !

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent de Maria Larrea. 2022 aux éditions Grasset. 224 pages, 20 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #611

Je ne sais pas trop de quelle côté la saisir, cette nouvelle année encore toute gluante des humeurs de sa mère, la 22, les tests n’ont pas été faits par manque de soignants, comme c’est bizarre, mais elle s’avère déjà grosse gloutonne et ses premiers mots ont été : par ici la galette ! Force est de constater qu’il y a à boire et à bâfrer à sa table avec ses commensaux, les chasseurs, des papes même pas appelés araignée, des Pelé, des footeux, quel beau monde… Mais arrêtons de chlordéconer, de polluer Mickey avec Omar ci, Omar ça, les pro-Pantine, les ciao Poutin, les voyous en col blanc décorés de la légion d’horreur et arrêtons-nous sur la décision complètement timbrée de la Poste ou sur le coup de gueule grotiscognesque de Macron sur des numéros verts qu’il avait pourtant appelés de ses vœux. Les vœux, justement, faites-en tant et plus, on verra ce qui se passera. Rien que du beau, du bon, du bonnet blanc et blanc bonnet. En attendant, tchin tchin, dearest friends et à pluche.

– NMB : Gérard Larcher : « mon astuce pour tomber sur la fève à chaque fois, c’est de manger toute la galette »
– MPG : Cette année, comme les années précédentes, Emmanuel Macron partagera la galette avec les représentants du Medef.
– PI : Nouvelle année ou pas je souhaite à tout le monde d’aller bien parce que j’ai remarqué que les gens qui vont bien foutent la paix aux autres.
– CEMT : Alors le nouveau timbre rouge de la Poste, c’est très simple, vous allez à la Poste, vous faites scanner votre lettre, ils l’envoient à une autre Poste à l’autre bout de la France par mail, là-bas ils l’impriment et ils l’envoient comme un courrier normal, logique !
– OM : BREAKING : le Qatar se serait officiellement positionné pour racheter les cendres de Pelé.
– LE : J’ai autant envie d’aller bosser demain que de sauter du 20ème étage en string léopard avec une coupe mulet, dans une piscine de fumier à 40°, après avoir ingéré pour dernier repas une quiche aux tripes accompagnée de haricots verts plein de fils noyés de sauce au cheddar vegan.
– RV : Nouveau drame de la chasse. Un chasseur qui visait un collègue a abattu par erreur un sanglier.
– IP : Si des fonctionnaires peuvent conduire des cars scolaires, je ne vois pas ce qui empêche un ministre d’aller faire la plonge dans un restaurant qui ne trouve pas de personnel.
– RV : Christano Ronaldo, lors de son discours d’arrivée en Arabie Saoudite, s’est bien emmêlé les crayons: « pour moi ce n’est pas une fin de carrière de venir jouer en Afrique du Sud ! » J’imagine qu’il a aussi demandé à être présenté à Nelson Mandela
– MK : Vu son aversion du préservatif, le corps de Benoit XVI sera transporté en décapotable.
– FC : PARDON D’ÊTRE DESOLER MAIS LES BOULANGERS SAVA AU BOUDIN MOMENT ILS PEUVENT BOSSER AUX URGENCES ET CONDUIRE DES BUS SCOLAIRES EN PLUSSE IL EST OÙ LE PROBLÈME ON VEUX PAS TRAVAILLEZ DANS CE PAYS.
– GM : Omar Sy est injuste. Bolloré, par exemple, s’est beaucoup intéressé à l’Afrique. Ok, pas aux conflits qui la déchirent, mais à ses forêts et à quelques autres richesses locales qui lui ont permis de bâtir sa fortune sur le dos des Africains. Même Hanouna le sait, c’est dire…
– CJ : Incompétence + servilité + déshonneur = légion d’honneur. « La légion d’honneur ce n’est pas la recevoir qui importe, c’est de ne surtout pas la mériter ».
– MVR : La bêtise conjuguée au snobisme et à la lâcheté face aux idées woke en vogue, ça donne un maire qui se ridiculise et ridiculise le féminisme. Pantin devient Pantine – pour la “cause des femmes”, dit-il. Continuons dans le débile: Juan les pines, Issy les Moulinettes. Et Mâcon?
– LE : A Pantin, il n’y a que des maris honnêtes !
– JD : On me dit que le maire de Mâcon est plus réservé que celui de Pantin quant à l’ajout du e en finale.
– AP : Et Bourg-la-Reine, chaud ou pas pour devenir Bourg-le-Roi ? La Queue-en-Brie, changez rien.
– ES : Si ça se trouve, Poutine s’appelait au départ Vladimir Poutin et il a changé de nom par souci d’égalité entre hommes et femmes.
– PV : Dans le même esprit, l’hôpital Bichat se nommera désormais « Bite-chatte », et se spécialisera sur les maladies vénériennes.
– LA : On va faire court : QU’EST-CE QUI FONCTIONNE EN FRANCE ?
– OM : Et à Pantine, on mange des « chocolatins » ou des « pines au chocolat » ?
– CO : Deux anciens ministres de la Justice viennent d’être élevés au grade d’officier de la Légion d’honneur : Michelle Alliot-Marie & François Bayrou. La première est mise en examen pour prise illégale d’intérêts et le second pour complicité de détournement de fonds publics…
– CC : Vacherie de Gala qui rappelle opportunément que Brigitte Macron a pris sa retraite à 62 ans en ayant commencé à bosser seulement à 30.
– CEMT : Si Benoît XVI est mort, ça veut dire qu’on a plus de sous-pape de sécurité ?
– DC : Les zobs secs d’un Pelé et d’un tondu.  Les foules à Rome pour voir celles d’un pape. Et au Brésil pour voir celles d’un roi.
– PA : Dis que la terre tourne à 29,8 km/s, et on te croit. Dis que la peinture n’est pas sèche et y’a toujours un con pour toucher…
– DF : Je viens d’endormir le bébé en lui lisant mes mails de boulot, écoutez ça fonctionne.
– RDB : Je sais pas si on a encore vraiment réalisé que, dans la même journée, Macron avait affirmé que les numéros verts c’était nul et que les profits c’était injuste.
– GD : Le monsieur qui a érigé les numéros verts en véritable système politique nous explique qu’il en a un peu marre des numéros verts.
– CEMT : Christophe Béchu : « Pour ne pas se faire tirer dessus par les chasseurs, les promeneurs devront émettre un son spécifique, par exemple le cri du pigeon ramier. »
– SA : Une question très conne : si payer un salaire décent à une caissière fait monter les prix, alors pourquoi son remplacement par une caisse automatique ne fait pas baisser les prix ?
– MFE : Je ne sais pas si les jeunes se rendent bien compte que nous sommes peut-être en train de dire adieu à notre dernier Pape ayant été membre des Jeunesses Hitlériennes.
– BL : Chlordécone. On apprend que la justice a prononcé un non lieu inique, vous me direz, on s’en fout, c’est pas « chez nous ». Heureusement, en compensation on apprend que le ministre du désenvironnement a ré-autorisé les insecticides qui tuent les abeilles, ça compense.
– DP : Le seul truc qui pourrait faire descendre les gens dans la rue, ce serait de couper Netflix et de bloquer les livreurs de bouffe.
– CEMT : Emmanuel Macron : « Qui aurait pu prévoir qu’en supprimant des lits d’hôpitaux on aurait eu moins de lits d’hôpitaux ? »
– MK : Trois cercueils pour le pape défunt. Le premier en cyprès, lui qui était si loin. Le second en plomb comme la chape qui cachait les crimes pédophiles de ses prêtres et évêques. Le troisième en chêne : pour les glands, je suppose.
– SA : J’attends les obsèques avec tout le peuple brésilien si pauvre. Il y aura un Pelé et des millions de tondus.

Bonus : « J’en ai, comme vous, assez qu’on ait des gens qui, sur la base de la crise, fassent des profits excessifs. Il n’est pas normal qu’il y ait des gens qui fassent des très gros profits […] » lance Emmanuel Macron à l’occasion de la galette de l’Elysée.

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RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Un très grand amour

“Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais”. Ainsi commence ce petit livre, Lettre à D. Histoire d’un amour, écrit par un homme qui a aimé et aime encore sa femme qui souffre d’une maladie douloureuse. Il raconte leur histoire et surtout tout ce qu’elle lui a donné, voire sacrifié de façon totalement généreuse, pour qu’il poursuive sa carrière alors qu’elle en avait une plus belle devant elle.
Malgré ses échecs, elle l’a toujours soutenu, et tellement qu’il est parvenu au sommet de ses ambitions.
Mais il regrette. Il regrette énormément. Il regrette de l’avoir, dans un de ses livres, celui qui l’a lancé, de l’avoir plus ou moins humiliée en minimisant son importance, son amour et son rôle, en bon macho qu’il a été.  Il regrette parce qu’elle n’a pas été aimée de lui comme elle l’aurait mérité. Dans cette lettre, il analyse son comportement haïssable, essaie de se souvenir comment il a pu agir ainsi, à cette époque. Pour finir par sa déclaration incandescente. Très beau témoignage.
(J’apprends en faisant quelques recherches qu’ils se sont donné la mort ensemble un an plus tard.)

Lettre à D. Histoire d’un amour, par André Gorz. 2006. 80 pages, est en poche chez Folio,

Texte © dominique cozette

 

Un livre pour rire en ramant

Roman Fleuve est l’excellent titre du livre de Philibert Humm car l’épopée se passe sur un fleuve nommé la Seine. Effectivement, trois copains tendance bras cassés décident de la descendre jusqu’à la mer. C’est l’histoire vraie d’une aventure farfelue contée avec un style quelque peu erroné, je veux dire plein de rodomontades, d’expressions surannées, de passés simples et d’imparfaits de subjconctif servis parfois mal-t-à propos pour ajouter au côté saugrenu de l’affaire.
Acheté sur le Bon Coin (coin) par manque de moyens, voici un canot vieillot, peu avenant, qui aurait appartenu à Véronique Sanson selon le revendeur,  Slim Batteux, musicien que j’ai personnellement approché lors de séances de pub (et dont la femme était à l’agence et la fille portait un nom indien, ce n’est pas dans le livre). Il ne peut transporter que deux personnes mais ils sont trois, il faut dire que le troisième, sorte de grosse feignasse qui prétend souffrir du dos pour éviter toutes les corvées, est assez pénible comme ami et compagnon. Ils ont ajouté à l’embarcation une tringle à rideau comme mât et un rideau de douche comme voile. Ce n’est pas avec ça qu’ils vont battre des records. Sinon, ils sont deux à ramer à tour de rôle.
La descente, en rien comparable à Délivrance, quoique…, ne se passe pas sans heurts. Nos trois jeunes hommes vont devoir faire face à un naufrage avec perte de denrées, d’objets inutiles ou précieux, à des bivouacs dans des conditions pourries, vont faire des rencontres plutôt sympathique mais parfois proches de la garde à vue et surtout, vers la fin et malgré l’interdiction de naviguer sur leur coque de noix qu’ils ont appelée Bateau, cohabiter avec d’effroyables et énormes tankers.
Ce livre est très drôle mais aussi instructif car l’auteur nous y apprend des tas de choses historiques, géographiques, artistiques et autres, nous raconte des anecdotes à se plier, nous parle de Jerome K. Jerome forcément, du mascaret, cette fameuse vague tueuse qui déferlait sur la Seine, des vendeurs du Vieux Campeur, de son aversion pour les cygnes, d’Orphée, d’Icare… En bref, et bien au sec dans notre lit ou notre fauteuil, on ne s’ennuie jamais en lisant cette poilade que je vous recommande chaleureusement. Et ça ne rame pas, je vous assure.

Roman Fleuve de Philibert Humm, 2022 aux éditions Equateurs. 288 pages, 19 €

Texte © dominique cozette

Monsieur Romain Gary passionnant

Monsieur Romain Gary, sous-titré Ecrivain réalisateur, 108 rue du Bac, Paris VIIe Babylone 32-93* est le deuxième tome de la trilogie de Kerwin Spire, spécialiste de l’écrivain qu’il suit à la trace pour nous donner une œuvre extraordinairement vivante. Je n’ai pas lu le premier mais vais me précipiter dessus car l’écriture et la relation des faits sont formidables, comme si on était une petite souris (le rêve de tout le monde) dans le bureau du général de Gaulle ou sur le plateau où il tourne son premier film d’après un de ses textes, avec Jean Seberg dans une scène érotique qui sera en partie censurée. Jean Seberg qu’il est en train de perdre…
Mais d’abord, il y a leur rencontre et le début de leur amour, secret, car ils sont tous deux mariés. La femme de Gary ne lâchera pas facilement le morceau mais avec beaucoup d’argent à la clé, elle finira par accepter que son mari devienne celui d’une autre.
Nous sommes en 1960, Gary revient de L.A où il était consul, situation à laquelle il va renoncer pour se consacrer à l’écriture, sa passion. Sans toutefois quitter les coulisses du pouvoir, passionné qu’il est par de Gaulle, dont il fut Compagnon de la Résistance, et Malraux. Seberg tourne beaucoup et beaucoup à l’étranger. Il voyage énormément pour la rejoindre, il est scotché par sa beauté.
On s’installe dans son bureau où il écrit, il écrit. Sa pièce de théâtre en laquelle il avait mis tous ses espoirs sera descendue en flèche par tous les critiques importants de Paris. Mais il continue à produire, des essais, des romans, c’est une figure de St Germain des Prés, il est admiré, il a eu le prix Goncourt quelques années avant avec Les Racines du ciel. On partagera aussi sa déception cinématographique et assistera à la prise de position de Jean pour la cause des Noirs qui fera d’elle une indésirable surveillée par le FBI et démolie par l’opinion publique.
« Kerwin Spire, pour rendre plus authentique son récit , s’est rendu à L.A pour mettre ses pas dans ceux de Gary, retrouver des témoins de cette époque (notamment son ancienne secrétaire Odette de Bénédétis qu’il courtisa mais celle-ci refusa de lui donner l’enfant qu’il sollicitait ), les lieux où il vécut : il a également consulté les Archives diplomatiques. Il en résulte une narration réaliste, originale, attachante, empreinte d’humour qui met en scène un homme généreux, un fin diplomate, un homme simple, disponible, mais brillant et plein d’aisance, qui révèle aussi un peu plus les tourments de cet homme facétieux, mystificateur, polymorphe dans ses identités . » (note piquée à Babelio).
Chaque chapitre nous réserve des surprises, un peu comme si on partageait son intimité, de Gaulle est drôle, les petits bouts de dialogues sont irrésistibles.Un livre extrêmement plaisant à déguster.
*Babylone 32-93 était son numéro de téléphone, pour les jeunes qui ne savent pas ce que signifie cette expression.

Monsieur Romain Gary, Ecrivain réalisateur, par Kerwin Spire, 2022 aux éditions Gallimard. 230 pages. 20,50 €

Texte © dominique cozette

Les Beatles et moi

Oui, vous avez bien vu, sur cette photo réalisée par votre serviteuse durant l’hiver 64, deux des Beatles — et bizarrement les survivants — rue Bayard ou François 1er je ne sais plus, la rue de RTL où se déroulait l’oubliée émission Balzac 10 10 ou Balzac dix deux fois, de Jacques Garnier, Philippe Adler avec souvent la collaboration de Francis Weber. C’était pour concurrencer Salut les Copains, elle avait lieu à la même heure mais elle a fait pschitt assez rapidement. Sur Google, il n’y a presque rien. C’est en faisant un peu de ménage dans mes vieilles affaires que je suis retombée dessus. Je l’avais idéalisée, je l’imaginais plus… plus réussie.
Donc moi qui traînais à SLC très souvent, je n’ai pas résisté à l’appel de Bal 10 10, je m’y suis conviée avec culot et y ai été reçue avec gentillesse. Et un jour, ils m’ont prévenue de la venue des Beatles qui faisaient l’Olympia en vedette américaine de La Plus Belle pour Aller Danser et Trini Si j’avais un marteau Lopez (j’y était, forcément !). Les quatre garçons dans le vent ne suscitaient pas encore la folie des quelques mois plus tard, mais quand même, ils créaient l’événement. Tous leurs 45 tours se vendaient comme des petits pains, moi-même je les avais connus avant tout le monde puisque ma correspondante anglaise m’avait envoyé Love me do, leur premier 45 t. simple.
J’ai ainsi passé toute l’émission sur les grands banquettes en velours entourée de ces quatre phénomènes aux cheveux longs (!) que je ne comprenais pas vraiment. J’avais pour pratique de ne jamais demander d’autographe (j’ai fait exception pour Gene Vincent), je suis restée coite, mais j’avais apporté mon petit appareil. Et ce n’est que dehors, parmi les fans qui se pressaient dans le froid, que j’ai pu capter cette superbe photo où l’on devine Paul et Ringo. Sir Richard Starkey et sir Paul Mc Cartney. Une belle gifle à Jean-Marie Périer, non ?
En cherchant un peu plus d’infos, je découvre que les Fab Four ont donné leur tout premier concert juste avant l’Olympia, à Versailles, sorte de test qui se faisait régulièrement. (Voir lien ici)
Et une photo de cette chouette époque où on descendait direct de l’avion parmi les gens qui venaient nous accueillir. Notez que parmi cette petite foule de personnes d’âge indéterminé parfois tonsurées, ça manque de jeunes filles hystériques en larmes. Ça viendra vite.

 

La force des femmes et celle de Denis Mukwege

La force des femmes de Denis Mukwege (prononcer moukouégué) est le livre formidable d’un homme formidable. D’avance, je vous demande d’excuser la médiocrité de mon article qui tient au fait qu’il y a tellement de sujets, tellement de densité qu’il est très difficile d’en rendre compte. Mais je vous assure que ce livre est absolument essentiel si vous voulez en savoir plus sur l’état de la lutte contre les violences faites au femmes dans le monde entier, que ce grand  homme aborde en tentant de faire évoluer les lois et les mentalités.
Il consacre sa vie à la défense des femmes, à leur protection, à leur réparation, à leur réinsertion, c’est un profond féministe qui ne comprend pas comment des hommes peuvent infliger autant de cruauté aux femmes et aux fillettes, voire aussi aux toutes petites filles. Car la République Démocratique du Congo — qui porte très mal son nom — est l’état où le viol, comme arme de guerre, mais aussi civil, est championne, avec l’Inde.
Médecin, Mukwege s’est spécialisé dans la chirurgie gynécologique, après cinq ans d’études et de pratique en France et, malgré un poste enviable qu’on lui proposait, il a préféré retourner dans l’inconfort de son pays pour aider celles qui sont torturées sans aucune compassion. Les femmes, là-bas, ne sont pas considérées, elles peuvent mourir d’un accouchement difficile, qui s’en soucie. Même pas le mari. C’est pourquoi il a décidé de construire avec de pauvres moyens un hôpital dans un village où toutes celles qui sont blessées sont accueillies avec humanité et soignées.
Ce livre ne se limite pas aux soins et à son hôpital, il s’intéresse au sort des femmes du monde entier — un long chapitre décrit le peu de cas qu’on fait dans nos pays occidentaux des plaintes pour viol  — propose des solutions, est souvent convié à l’ONU, il y donne des conférences pour sensibiliser le monde entier au problème. Il a été couronné du prix Nobel de la Paix en 2018, ce qui a rendu sa parole plus audible.
Mais ce n’est pas tout. Mukwege veut comprendre aussi ce qu’il se passe dans la tête des tortionnaires et des hommes violents. Il consacre une bonne partie de son livre à l’étude du masculinisme, la part de l’éducation et des religions.
Il ne faut pas s’étonner que cet homme dérange. En premier dans son pays qui non seulement ne l’a jamais soutenu mais lui met des bâtons dans les roues. Par ailleurs,Trump et quelques autres dirigeants de pays totalitaires ne lui ont jamais donné leur voix pour faire avancer ses projets.
Il évoque largement aussi la non-reconnaissance des millions de femmes maltraitées, violées et tuées durant les guerres, alors qu’on s’apitoie facilement sur les grands blessés de guerre. Encore une profonde injustice.
Pour finir, ce médecin que certains pays s’arrachent, revient toujours dans son pays inconfortable car les femmes le réclament et qu’il ne peut les abandonner à leur sort. Il n’en tire rien, il ne peut pas sortit sans escorte vu qu’il a été menacé et agressé plusieurs fois. Ce livre a été achevé avant le recul du droit à l’IVG aux Etats-Unis et aussi aux crimes de guerre (viols…) perpétrés par les soldats de Poutine. On peut imaginer son découragement face au recul du respect que les hommes portent aux femmes.

La force des femmes par Denis Mukwege, 2021, traduit de l’anglais par Marie Chuvin et Laetitia Davaux. Aux éditions Gallimard. 400 pages, 20 €.

Texte © dominique cozette

Des Fessebouqueries de …mars 2011

Comme disait Godard, suite à des problèmes de type grec, je ne pourrai être votre obligée à cette séance de Fessebouqueries. Pour la peine et sans vergogne, je vous rejoue celles de mars 2011, un mois pas très rigolo  avec séisme et tsunami au Japon, intervention en Lybie, envol de la Girardot, de la Liz Taylor, et de maître Capello … Ils ont dû recevoir un bel accueil ! Et sur terre, érections cantonales et montée de la Marine, à coupler avec les relents nazis de Galliano, maître ès Dior, la journée de la meuf avec l’élection de la plus heu…UMPiste qui veut remettre les immigrés à la baille.Quant à Sarkozy, ça commence, les casseroles. C’est bien le mois des giboulées ! Que les participants me pardonnent, mais je n’inscrivais pas leurs initiales en ce temps-là.

– La pire phrase qu’un ministre puisse entendre de Sarkozy : « Vous avez toute ma confiance ! »
– Emu aux larmes par la lettre d’Alliot-Marie, Sarkozy envisagerait d’en faire la successeur de Guy Môquet dès la prochaine rentrée scolaire.
– Sarkozy ? Des réponses à tout et des solutions à rien.
– Si une démocratie, c’est là où on a le droit de dire qu’on est en dictature et une dictature, là où on est obligé de dire qu’on est en démocratie, où qu’on est nous exactement?????
– Moubarak porte bien son nom : c’est pas un gringalet ! C’est un peu le Mohamed Ali de la politique arabe. Si ce gars là te colle une baffe, tu te retrouves au Liban…
– A 15 ans, les Windsor sont mignons. A 25, ils commencent à ressembler à leur cheval. A 40, ils l’épousent en secondes noces.
– Au Salon du livre, j’irai cracher sur Nothomb !
– Il parait que Kadha fuit ?
– Brice Hortefeux s’est reconduit à la frontière de son ministère, sans violence.
– Annie Girardot a oublié qu’elle était morte, c’est l’avantage avec Alzheimer
– Au moins si l’armée allemande se pique de revenir à Paris, ils auront Galliano pour refaire leur uniforme.
– MAM a de la chance : dans une démocratie, elle aurait déjà été obligée de démissionner.
– Galliano, encore une facho victim…
– Demain c’est la journée de la femme, je sens que ça va me fendre le clito.
– Personnellement je suis favorable à l’égalité des sexes si le modèle standard demeure Rocco Sifreddi.
– Demain, journée de la femme, anniversaire de mon mari. Je lui offre un aspirateur.
– Profitant de la journée de la femme, Chantal Brunel, députée UMP de Seine et Marne, prouve qu’une femme peut faire jeu égal avec les hommes en matière de connerie. Remarquez, on s’en doutait déjà un peu, non ?
– La journée de la femme, la nuit de la glisse
– Et aujourd’hui sondage IFOP : Strauss Kahn 29%, —  Sarkozy 23%, —  Le Pen 21% . On a 14 mois devant nous, ça va être sympa un sondage par jour…
– Le fils de Kadhafi est sur le plateau du grand journal ! Ah non merde c’est juste Harlem désir.
– Qu’un petit Président tombe à cause d’un grand dictateur, ce serait une jolie chute.
– Entendu Bernard Accoyer à la Matinale de Canal au sujet des reports droite-gauche aux cantonales face au FN : accablant ! Non seulement les gens de l’UMP font le lit de Marine Le Pen, mais ils lui changent les draps tous les jours !
– Khadafi balance Nicolas ! Les nouvelles vont défiler ! C’est la Facherie Week !
– Le tsunami c’est peut-être un petit peu la revanche des baleines et des thons rouges.
– Je tomber sur  « les enfoirés ». Mimi Mathy en maillot de foot (short, maillot et crampons), chantant  « Ce soir on vous met ». Il serait peut-être temps d’appeler Ben Ali et Khadafi pour mettre un peu d’ordre, non?
– Le Japon est sens tsu tsou.
– C’est une aubaine que ce tsunami ait eu lieu au pays d’Hitachi, de Sony et de Toshiba : on reçoit plein d’images. Loin de moi l’intention de critiquer Haïti, mais j’étais resté un peu sur ma faim…
– Il n’y a que des crapules pour dire « j’ai confiance en la justice de mon pays »
– Je suis fasciné par l’intensité de la philosophie extrême-orientale. Regardez les Japonais : ces gens ont connu il y a trois jours une catastrophe sans précédent, et pourtant déjà ils irradient !
– Et si des Japonais venaient à chercher refuge chez nous, est ce que la brune Brunel les remettrait dans les bateaux ?
– La bonne nouvelle, si Kadhafi reprend le contrôle, c’est qu’on pourra lui livrer la centrale nucléaire promise en 2007.
– Maman, comment ça s’écrit « onvatouscrever »?
- Je ne sais pas, mon petit, regarde dans ton Becquerel.
– Youssef me regarde nouer la cravate. « Vous vous habillez toujours comme ça pour aller travailler ? »
 —  « Oui, quand j’ai des réunions » — « J’avais jamais vu en vrai, juste à la télé, dans caméra café ».
– Est ce qu’il vaut mieux un vrai dictateur qu’un faux démocrate?
– Où es-tu Manu Manu Areva ?
– Je propose de fonder un comite de soutien pour l’élection de Sarkozy à la présidence de la Jamahiriya Libyenne…tout le monde y gagne comme ca
– Premiers tirs français en Libye. Une publicité offerte par Dassault Industrie.
– Tu crois que Sarko veut rayer les Kadhafi de la carte avant qu’ils révèlent qu’il porte des talonnettes?
– Envoyer nos avions en Libye c’est bien mais je me dis qu’on devrait aussi y envoyer notre Marine nationale!
– Je suis pas lepéniste, mais c’est flippant de soutenir des révolutionnaires qui n’arrêtent pas de gueuler allah akbar… Imagine une révolution où on gueulerait Jésus est le fils du Seigneur… Putain…
– Demain les électeurs vont pouvoir saké les candidats UMP ! oups saquer.. çà y est mon mur est irradié.
– L’électricité pourrait être rétablie prochainement dans le cerveau du Président de la République.
– Sarkozy, Guéant, Hortefeux, Besson, Morano, Estrosi, Lefebvre, Ciotti, Brunel et consorts : le FN vous dit merci.
– Cranach censuré à Abou Dabi. On devrait envoyer les Rafales pour libérer l’art.
– Conversation avec ma fille : «  vous parlez du Japon à l’école ? » Elle : non, on parle de Carré V.I.P. »… (misère)
– Radioactivité : pour votre santé, jetez 5 fruits et légumes par jour.

 

L’enfance de Neal Cassady

C’est pas tout récent, bien sûr, mais je continue à m’intéresser à toute la mouvance de la Beat Generation comme d’une famille dans laquelle je me suis invitée. Parce qu’ils se connaissent tous, ils écrivent les uns et les unes, sur les autres, même leurs femmes et leurs amoureuses s’y sont mises, je m’y sens un peu comme chez moi. Enfin, dans l’écrit s’entend. Neal Cassasy a écrit Première Jeunesse peu après sa rencontre avec Kerouac et Ginsberg, qui est le premier tiers de sa biographie et sera publié en 1971, trois ans après sa mort misérable.
Une partie du livre trace sa généalogie, ses parents, grands-parents, avec précision, je me demande comment ils ont fait. Ensuite, c’est Neal qui prend sa plume et commence à se raconter à l’âge de trois ans, quand sa mère, surchargée d’enfants relous, se sépare de son deuxième mari alcoolo, père de Neal (il s’appelle Neal d’ailleurs) et lui file le gamin. Ça ne va pas être rose, il vit dans un univers de moins que rien, de cassos, d’alcoolos et de brutes mais il s’y fait, même quand il doit ramasser son père ivre mort pour le ramener dans l’espèce de foyer si l’on peut dire, où ils vivent. Son père a fait une formation de coiffure mais est incapable de bosser, sauf parfois le samedi, quand le salon pouilleux d’à côté est plein. Ce jour-là, il ne boit pas mais on imagine qu’il tremble donc je suppose qu’il ne tient pas les ciseaux.
Le gamin vit parmi ces abrutis des bas-fonds de Denver, néanmoins, il ira à l’école, et en sortant, passera son temps dans le cinoche puant et pourri du quartier. Il est sidéré par le film « le Comte de Monte Cristo  » à tel point qu’il empruntera le livre à la bibliothèque et deviendra un lecteur invétéré. Ce qui explique qu’il écrive avec un tel brio.
Il fait des phrases très longues et plutôt alambiquées et, à la fin de texte, sa veuve explique qu’il était dingue de Proust et qu’il s’entraîner à écrire comme lui. Etonnant.
Et puis un jour, le père sera déchu de la garde et c’est un des grands frères (premiers enfants de sa mère) qui prendra la relève, un type violent et cruel. Mais ils sont toujours à la marge.
Après ce texte ont été publiés des fragments de ses écritures qui confirment son talent d’observateur mais aussi son goût très prononcé pour les digressions, c’est assez drôle car il s’en aperçoit et tente d’y mettre un frein. Il écrit sans vergogne ses conquêtes féminines, ses abus de toutes sortes, ses innombrables vols de voiture. Un vraie curiosité pour qui aime ce personnage et ses amis. C’est mi-cocasse et mi-tragique mais très instructif sur cette période de la nouvelle conquête de l’ouest.

Première Jeunesse de Neal Cassady (The First Third), traduit par Gérard Guégan, après une préface du très important libraire-éditeur qu’était Lawrence Ferlinghetti. Edition 10/18. 310 pages. (Photo de la couv : Allen Ginsberg).

Texte © dominique cozette

 

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