Extraordinaire Adelaïde Bon

(Rentrée Littéraire) Son premier livre, La petite fille sur la banquise récit d’un viol subi enfant, était impressionnant d’enseignements dont on n’avait pas encore clairement parlé, et le livre n’a pas fait autant de bruit qu’il aurait dû car ce n’était pas qu’un récit mais une sorte de mode d’emploi des effets du viol sur un enfant que personne alors ne voulait voir.
Celui-ci, Puisque l’eau monte, est son premier roman et il est d’une facture exceptionnelle. Il nous conte comment une femme bien dans sa peau, dans son job, avec son amant, se sent partir à la dérive lorsqu’elle se retrouve enceinte. Il faut lire comment se passe la scène abortive, ce qu’il advient de l’embryon, ce qui lui arrive alors, l’invasion de l’eau par l’intérieur. Et la colère de son amant, au courant de rien, et puis son refuge dans ses souvenirs d’amour avec Pépé qui l’emmenait dans le marais poitevin. Faire connaissance avec le père, taiseux bien sûr, et la mère qui a sombré dans la mélancolie. Il faut s’armer de patience pour savoir pourquoi les photos de sa naissance ont disparu, pourquoi on lui cache la mort de sa grand-mère, femme de Pépé disparue mystérieusement depuis longtemps..
Avec elle, on entre dans les mythes des marais, le rites et rituels, les histoires scabreuses qui déchirent les souvenirs, les secrets de famille et puis on découvre cette magnifique faune, notamment les oiseaux qui les peuplent. Le vocabulaire est magnifique, la poésie des lieux est là, la plume nous entraîne dans un voyage admirable… Je n’ai pas pu quitter ce livre avant de l’avoir fini tant il vous attire dans ses filets d’intérêt, d’interdits, de non-dits. Vous pensez parfois vous noyer avec elle mais on reprend pied à chaque chapitre. C’est superbe !
NB : Ce qui m’a fait rire dans la bio d’Adélaïde Bon, c’est qu’elle joue de la trompette dans la fanfare des Josette Noires (une fanfare à but militant).

Puisque l’eau monte d’Adélaïde Bon aux éditions Le Soir Venu, sortie août 2025.
192 p. , 16,95 €.

Ci-joint la fiche que j’ai écrite dans ce blog sur La Petite Fille sur la banquise. Vous pouvez aussi aller la voir dans l’émission La Grande Librairie, du temps de Busnel.

Texte © dominique cozette

Une bipolaire raconte

Et c’est moi qu’on enferme est le deuxième livre de Philippa Motte. C’est le récit glaçant de son internement sous contrainte, son troisième, suite à ses épisodes délirants de bipolarité. On a l’impression de lire d’horribles emprisonnements de personnes coupables des pires méfaitsau Moyen-Age tellement c’est dur, tellement les malades sont maltraités.
Et inutile de se rebeller car plus tu te rebelles, plus tu es mise en salle d’isolement, bouclée nuit et jour dans une pièce aveugle, lumière permanente, avec juste un matelas par terre et basta. Ne parlons pas de la contrainte physique pratiquée par les infirmiers mahousses costauds.
Les psychiatres, tu ne les rencontres jamais, ce sont eux qui viennent te visiter un beau jour avec leur cohorte d’internes et autres visiteurs de ces endroits de « soin », pas le droit non plus de révéler à ce beau monde quoi que ce soit sur les châtiments — oui ça peut être vu ainsi— que l’on t’inflige. Personne ne te considère comme quelqu’un, tu n’es jamais écoutée, on te demande juste d’être docile si tu veux être enfin autorisée à voir tes proches. Soumise, voilà ce que tu dois être, bouffant du médicament sans poser de question, sans les connaître, sans en savoir les effet. On t’annule, tout simplement.
C’est extrêmement troublant de savoir que ces comportements cruels, dignes d’un goulag, sont infligés à de pauvres internés qu’il faudrait écouter, dont il faudrait adoucir la douleur, car ils souffrent terriblement tous ces malades mentaux, avoir un peu de compassion pour eux. Mais non, ça ne vaut rien d’être humain avec eux, ce sont … quoi, des déchets de la société, des criminels, des vauriens ? Non, juste des malades soi-disant soignés dans un hôpital en 2010. De nos jours.
Terriblement bien écrit même si l’autrice s’excuse de ne pas toujours avoir les mots, effrayant…

Et c’est moi qu’on enferme de Philippa Motte, 2025 aux éditions Stock. 252 pages, 20,50 €

Texte © dominique cozette

Quand on aime la Duras…

Yann dans la nuit, c’est Yann Andréa, le jeune homme épris de Marguerite Duras depuis toujours, qui se présente à elle à l’été 80, aux Roches Noires où elle demeure souvent, sur la plage de Trouville, après lui avoir écrit des dizaines et des dizaines de lettres restées sans réponses. Cette fois elle lui ouvre la porte et il restera avec elle jusqu’à sa mort dix-huit ans plus tard. C’est un amant, un secrétaire, un amuseur, un infirmier, un homme à tout faire, un compagnon de tous les instants. Mais ce qui intéresse l’autrice de Yann dans la nuit, Julie Brafman, c’est le Yann d’après, le Yann sans la Marguerite, qui se fond avec tous les décors, bars de St Germain ou des grands hôtels, bas fonds où il rencontre des hommes, jardins et ponts de Paris. Et le Trou. Le trou, c’est le 26 rue St Benoît, à vingt mètres du Flore, où vivait Duras, et lui aussi, et où il s’est abstrait de la vie durant des mois, voire des années, couché sans se laver, ne mangeant que ce qu’on lui montait, crasseux, ne descendant jamais les ordures… Et aussi les rencontres, ceux qui voulaient l’arracher à la peine, à la solitude et l’incitaient à écrire à nouveau, après le succès de Cet amour-là.
C’est une enquête extrêmement poussée et poétique à souhait qu’a menée Julie Brafman, par ailleurs chroniqueuse judiciaire à Libé, habitué à fouiller les archives. Cette fois elle a rencontré tout le monde, elle a visité tous les lieux, elle a bien sûr tout réexaminé à l’aune de son romantisme pour écrire ce livre passionnant, impressionniste, tendre, émouvant, magnifique.
Il faut aimer Duras bien sûr, pour apprécier pleinement l’exercice, il faut revoir les flashes, les images, les nuées de souvenirs qui nous reviennent, il faut s’insinuer dans la tête de cet homme toujours ado, singulier, qui ne fait rien, comme il dit, mais le fait si bien. Ce livre est une merveille.

Yann dans la nuit par Julie Brafman. 2025 aux Editions Flammarion. 330 pages. 21 €. (Rentrée littéraire)

Texte © dominique cozette

Aimer (mais pas que)

J’ai horreur de cette expression pourtant elle veut bien dire que ce livre n’a pas que pour sujet l’amour. Aimer, de Sarah Chiche, est riche d’énormément de considérations sur le monde actuel, comment il se délite, comment les prédateurs sont de plus en plus violents, comment le désenchantement nous grignote insidieusement, comment la confiance en tout disparaît, comment l’appât du gain pourrit tout, comment la politique aggrave encore l’ambiance générale… et j’en passe.

Mais les sentiments existent toujours même si parfois on n’a plus envie de s’y soumettre pour vivre détaché de tout, sans affect ni émotions.
C’est donc, entre autres histoires, celle de Margaux et d’Alexis. Un jour, la petite fille de neuf ans se jette dans un lac glacé, en Suisse où ils vivent, sous le regard du garçon. C’est le père de celui-ci qui la sauvera. Ils vont nouer une relation forte mais très brève puisque la fillette et sa famille disparaissent brusquement sans prévenir, sans laisser d’adresse. Le garçon sera marqué à jamais par cette absence.
Chacun des deux, excellents en tout, vont mener des carrières brillantes et des vies de gens qui ont réussi. Cela ne les rendra pas heureux. Alexis, qui s’enrichit en développant, outre Atlantique, une molécule qui rend addict et tue finira par démissionner. Et Margaux renoncera aussi à une voie royale pour écrire ses livres. Ils ont tous deux des enfants qu’ils n’élèvent pas ou si peu et finissent par se replier sur une vie sans attrait, sans gloire et sans éclat. Jusqu’à ce qu’ils se croisent à la cinquantaine, dans un supermarché du quatorzième arrondissement. Et que leur cœur d’enfant se mette à faire des bonds.
Mais est-ce vraiment ce qu’ils veulent ? Recommencer une vie amoureuse qui va forcément virer à la routine puis à la mort du couple ? Réussiront-ils à sauvegarder ce pur diamant qu’ils ont hébergé depuis l’enfance ? Suspense, suspense…
Un livre haletant, parfois désespérant, pas franchement optimiste mais pas non plus à se flinguer, une superbe écriture. J’ai drôlement kiffé.
(Ce livre sort en librairie le 21 août)

Aimer de Sarah Chiche, 2025 aux éditions Julliard. 380 pages.

Texte © dominique Cozette

Un beau drame de Line Papin

J’avais beaucoup aimé Les os des filles, un de ses premiers livres. Les suivants un peu moins. mais celui-ci, Une vague, m’a captivée irrémédiablement. C’est un drame de l’amour, du deuil impossible, de la survie coûte que coûte, du respect de la mort, de la construction d’une vie sur mensonge…C’est fouillé, c’est passionnant.
Ana, fille de boucher, et son mari, riche héritier d’une grosse boîte de luxe, sont en voyage de noce à Bali. L’amour est à son comble, d’autant plus qu’une petite Rita pousse dans le ventre. Le bonheur est total. Quand soudain, drame. Un tsunami se prépare. Tous deux sont sur la plage mais Auguste veut absolument remonter à l’hôtel chercher sa dernière toile, une superbe vague. Il demande à Ana de na pas bouger, mais la mer se retire tellement loin que c’est impossible. Elle va revenir et tout détruire. Lui, au dixième étage, peut être sauvé.
Tous deux, loin l’un de l’autre, sont rescapés. Ana se retrouve dans un hôpital, elle a perdu le bébé. Auguste, lui, décide de changer de vie, de disparaître totalement, de recommencer à zéro et profite de la panique générale pour embarquer dans un avion qui va l’emmener à San Francisco. Il va effacer ses traces tandis qu’Ana, et la mère d’Auguste, remuent ciel et terre pour le retrouver mort ou vif. Deuil impossible pour l’une, redépart opiniâtre pour l’autre…
Mais un jour, la toile réapparaît lors d’une vente de charité.
La deuxième partie est passionnante où mille questions se posent de part et d’autre… C’est très intelligent, très bien senti, on est sans arrêt sur les braises, en attente d’un choc.

Une vague de Line Papin, 2025 aux éditions Stock. 380 pages, 21,90 €

Texte © dominique cozette.

Irrésistible braqueur

Sulak, le livre pas très nouveau de Philippe Jaenada, est passionnant. Il retrace l’itinéraire d’un homme irrésistible, bourré de charme, gentil, serviable, cultivé et beau, en plus, recherché par toutes les polices de France dans les années 80. C’est pas qu’il voulait entrer dans la carrière des braqueurs, c’est juste qu’un jour, alors qu’il s’était engagé dans la Légion par amour de l’action, du sport et des poussées d’adrénaline, il a carrément oublié de rentrer à l’heure mais hélas, c’est le jour où tous ses collègues étaient en opération à Kolwezi, en 78. La seule solution qu’il a trouvée pour expier sa honte fut de déserter.
A partir de là, plus de vie « normale » envisageable, il lui fallait trouver de l’argent pour vivre. Et comme ses premiers braquages de supermarchés se sont super bien passés (sa philo : pas de violence, pas de tuerie mais beaucoup de galanterie, un vrai gentleman cambrioleur) il s’associe à son beau-frère et à deux, ils dévalisent sans problème tout ce qu’ils veulent.
Un jour, il rencontre une jeune femme qui prend la décision de le suivre : c’est un amour à vie. De même, il fait évader tous les amis qui se sont fait prendre. Lui-même est connu pour être le roi de l’évasion, rien ne lui résiste, c’est hallucinant de le voir « quitter » ses cellules puis, malgré sa notoriété, mener grande vie dans les endroits les plus in de Paris ou d’ailleurs, boîtes, grands restos… Il a tellement de culot qu’il fait ce qu’il veut, il part même à l’étranger pour passer du bon temps.
Et de fil en aiguille, pour mettre plus de piment dans sa vie, il cambriole les plus grands joailleries de Paris, Monaco, Cannes, toujours sans violence. Extraordinaire.
Jaenada a reconstruit toute son histoire, ses amours, ses amitiés, ses liens familiaux, et même le lien qu’il a créé avec un grand ponte de la police. C’est un livre très détaillé, très dense et toujours plein d’humour et de digressions jamais malvenues. Palpitant jusqu’au bout. Du pur Jaenada.

Sulak de Philippe Jaenada, chez Julliard en 2015. Chez Points. 500 pages, 7,70 €

Texte © dominique cozette

Un polar en vrai

C’est une vraie flic story, cette immersion de l’autrice, Pauline Guéna, dans la police judiciaire de Versailles. 18.3. c’est le numéro de l’arrêté qui définit les compétences de la PJ. Donc 18.3 Une année à la P.J c’est un documentaire extrêmement utile pour savoir ce qu’il se passe exactement à la police, comment ça se passe, qui fait quoi et décide de quoi.
Les flics en questions sont des mecs ordinaires avec leurs tics, leurs phobies, leurs défauts et aussi leur patience et leur courage, des flics qu’on voit à l’œuvre quand il faut planquer dans le froid ou sous la canicule, quand il faut affronter l’horreur des faits divers auxquels ils sont confrontés journellement. On y voit leur dénuement dans ce service public sans moyens, avec des voitures pourries à se partager entre collègues plus ou moins arrangeants, leur surcharge de travail par manque d’effectifs, les tâches administratives ultra-répétitives, leur démotivation souvent, l’émiettement de leur vie de famille etc…
C’est un univers désespérant, désolant dans lequel ces mecs et quelques nanas évoluent, réussissant parfois à résoudre certaines affaires mais parfois non, les bavures, les décisions incompréhensibles de la hiérarchie, bref rien de très joyeux et pourtant ! Ils sont tellement attachants tous ces protagonistes qui s’efforcent de faire au mieux, qui gardent en mémoire une sale histoire qui les a marqués en plein cœur et puis tous les plantages familiaux qu’ils infligent à leurs familles pour cause d’urgence : anniversaire d’un enfant, accouchement de la femme, fête importante etc.
Un livre passionnant, dense, fourmillant d’anecdotes, qui nous entraîne dans les catacombes des mauvais penchants des hommes dont il faut réparer les horreurs.

18.3 Une année à la P.J de Pauline Guéna, 2019. Folio, 492 pages, 9,50€

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #697

Si vous avez bien suivi, la semaine dernière on avait trois nanas en vedettes dans notre actu, et cette semaine ce sont des hommes, et pas les plus valeureux. On a les prédateurs sexuels, protégés qui par le Vatican qui par le simple patriarcat dont un premier ministre actuel. Ce sont aussi les mecs au pouvoir (c’est un peu pareil) dont toujours un premier ministre à la ramasse qui fustige encore et toujours les petits, les sans grades, les gens de peu que nous sommes et qui va bientôt sortir sa cravache — un décret, un 49,3, un projet de loi, une suppression d’aides, que sais-je ? On a aussi un mec qui se croit (et qui est) le roi du monde et qui continue sa destruction massive de tout et même des océans, il n’est pas à ça près. Et puis un petit bonhomme, fils d’un ex-président condamné, qui va prendre la relève de son petit papa lui aussi à la ramasse. Heureusement qu’on a une super nana qui n’hésite pas à faire un tour dans l’espace moyennant une charge hallucinante de CO2 qu’on économise gramme par gramme en pissant dans notre douche. Bref, tout va pour le mieux, les œufs ont été pondus pour le bonheur de nos tout-petits. Alors tchin-tchin dear friends…

  • OR : On peut penser ce qu’on veut du comportement d’Harvey Weinstein mais je constate qu’aucune des femmes agressées par l’Abbé Pierre n’a eu de rôle dans un film.
  • NMB : Le mec ment depuis des mois sur Bétharram mais s’affiche avec le slogan « la vérité permet d’agir », et après on s’étonne que je sois de mauvaise humeur.
  • EF : Des matières fécales dans votre Perrier ? Vous savez maintenant d’où vient l’expression « Perrier Rondelle ».
  • SG : Ce Bayrou qui trouve qu’on ne travaille pas assez, c’est bien le type qui n’en foutait pas une quand il était Haut-commissaire au Plan ? Le chef d’un parti qui passera bientôt au tribunal en appel pour les emplois fictifs dans son parti ? Ah, ok. Faut oser !
  • OR : Okay, l’Église savait depuis les années 1950 pour l’Abbé Pierre, mais il faut aimer son prochain et vous n’aviez qu’à ne pas être le prochain.
  • US : L’homme qui a occupé un poste quasi-fictif de Haut-Commissaire au Plan pendant trois ans et n’a plus occupé d’emploi dans le monde réel depuis 1982 vient nous demander si on ne serait pas un peu des feignasses. Fais-toi vite censurer stp !
  • LG : Et sinon au Mont Saint-Michel, l’omelette au lard de la mère Poulard coûte 43 euros. Avec des champignons et du foie gras, c’est 75 euros. A ce prix, il paraît que c’est la Mère Poulard elle-même qui pond les œufs.
  • NMB : Donc là on a Katy Perry qui vient de prendre conscience qu’il faut protéger notre planète du haut de sa capsule de fusée qui vient d’émettre 75 tonnes de CO2 pour 10 minutes de vol et vous, votre journée ?
  • DI : Avec 15 tonnes de CO2, le vol spatial de onze minutes de Katy Perry équivaut à huit ans d’émission de CO2 d’un citoyen moyen. Mais après, ça vient vous cassez les couilles parce que vous mettez le chauffage à 22 en hiver ou que vous roulez en Clio 2 dans Paris.
  • MN : Louis Sarkozy, le fils de Nicolas Sarkozy, vise la mairie de Menton pour les élections de 2026. Avec pour slogan « Nous Menton de père en fils ».
  • DA : Aujourd’hui, on apprend donc que l’Abbé Pierre, figure préférée des Français durant des décennies, était un obsédé sexuel, pétainiste, antisémite, opaque sur la gestion des fonds d’Emmaüs, que le Vatican savait depuis 1955 et que l’Église de France n’a rien fait. Eh ben…
  • DP : Ce matin notre ministre des transports considère qu’un cheminot qui gagne 2000 ou 2500€ par mois n’a pas à se plaindre. Quand on sait qu’il était assistant de sa sœur à 100 000 euros par an d’argent public, ça peut énerver certains.
  • NP : Trump est passé de « Je vais arrêter la guerre en Ukraine » avant même d’être en poste à « Si c’est trop compliqué, j’arrête et vous réglez ça entre vous. »
  • RR : Tout plaquer et écrire dix saisons de la série « La fille qui voulait annuler son abonnement Netflix et qui mourut avant d’y arriver  »…

MERCI À VOUS QUI ME SUIVEZ ET PARTAGEZ MES FESSEBOUQUERIES…
RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les initiales sont celles des auteurs, ou les premières lettres de leur pseudo. Illustration ou montage d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site, mon blog, mon Insta. Merci d’avance.

Respect

Respect n’est pas le énième récit anecdotique de violences et agressions machistes qu’Anouk Grimberg aura subies dès l’enfance. C’est ça aussi, comme illustration de sa réflexion, mais c’est d’abord une tentative (tellement réussie) d’expliquer la façon dont elle aura été fornatée pour devenir soumise, aimante, indifférente, et l’évocation des émotions qui auront fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui, lui faisant comprendre tout ce que les mots ne peuvent nous apporter spontanément pour faire exister ces horreurs. Et elle en a subi, de l’inceste à la culpabilité, du silence des témoins aux humiliations pardonnées aux grands artistes parce que ce sont de grands artistes, du chemin à gravir pour avoir le courage de démonter le mécanisme mis en marche depuis ses sept ans et qui l’ont cassée, jusqu’à la décision de le briser, quitte à rompre avec sa famille malgré l’amour qui demeure…
Un récit puissant, une analyse très personnelle, une forme très étonnante de par sa poésie mêlée de franchise très cash, une cascade de pensées d’une force inouïe et d’un retentissement extraordinaire tels qu’ils restent longtemps dans la tête après avoir refermé ce livre. Sur la quatrième de couverture, elle a juste écrit : « ça dure quelques minutes pour l’homme et une vie entière pour la femme ». Tout est dit.
Un livre étonnamment lumineux puisque le bonheur de vivre y a trouvé place grâce à la rencontre de son actuel compagnon, un homme qui a la générosité de comprendre pourquoi elle est parfois si fermée, qui accepte les traces qui continuent de suinter de ses plaies mais qui ne lâche rien, lui faisant faire d’autres rencontres, trouver d’autres plaisirs, artistiques ou intellectuels, bien plus forts que ses horribles blessures. Ce livre est revigorant, exceptionnel, d’une densité et d’un travail littéraire somptueux.
NB : si vous en avez le loisir, regardez les peintures d’Anouk, c’est magnifique. En voici une, pour l’exemple :

Respect par Anouk Grimberg, 2025 aux Editions Julliard. 140 pages, 18,50 €

Texre © dominique cozette

L’inventaire des rêves

Le nom de cette autrice est d’un compliqué ! Elle s’appelle Chimanda Ngozie Adichie et c’est elle qui a écrit le formidable Americanah il y a dix ans. Dans ce nouveau livre, L’inventaire des rêves, elle nous conte donc les rêves, réalistes ou pas, de quatre femmes issues d’Afrique, toutes d’un milieu aisé sauf une qui est domestique mais dont l’amitié avec l’une des autres, et son histoire connue du monde entier, font d’elle une héroïne.
Chiamaka est une rebelle qui n’obéit pas à sa famille qui la voyait mariée richement avec des enfants et qui préfère tailler sa route, faire des études et choisir le chemin de l’écriture. Zikora rêve du beau mariage avec enfant et après quelques déconvenues sentimentales, rencontre le prince charmant qui hélas, ne comprend rien à ce qui fait une femme puis une mère, quel bêta ! Omelogor est la cousine de Chia, je ne la trouve pas vraiment sympathique, c’est une femme d’affaires brillante qui plaque tout pour aller vivre aux Etats-Unis, en principe pour défendre les femmes. Quant à Kadiatou, partie elle aussi aux Etats-Unis pour travailler dans un très grand hôtel, c’est un décalque de Nafissatou Diallo et son sort raconte pratiquement à l’identique le viol qu’elle subit pas Strauss Kahn, mais de son côté à elle, les doutes puis accusations dont elle est victime, maltraitances diverses, bref tout ce à quoi beaucoup de victimes de violences sexistes doivent faire face, comme une double peine.
Un peu difficile de suivre l’histoire d’Omelogor qui voyage énormément, comme ses consoeurs d’ailleurs, c’est parfois d’un snobisme achevé, les endroits à voir, les choses à ne pas faire etc… d’autant plus qu’on y parle des petites peuplades dont elle sont issues, les bien et les pas bien. Mais les trois autres sont passionnantes dans ce milieu que nous, les Blanches, on ne connaît pas vraiment. Et tellement bien écrit (traduit) ! Et tellement documenté sur les recettes qui donnent bien envie d’y goûter. C’est très très dense en fait.

L’inventaire des rêves de Chimanda Ngozie Adichie, 2025 traduit par Blandine Longre, chez Gallimard. 654 pages, 26 €

Texte © dominique cozette


Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter