
(Rentrée Littéraire) Son premier livre, La petite fille sur la banquise récit d’un viol subi enfant, était impressionnant d’enseignements dont on n’avait pas encore clairement parlé, et le livre n’a pas fait autant de bruit qu’il aurait dû car ce n’était pas qu’un récit mais une sorte de mode d’emploi des effets du viol sur un enfant que personne alors ne voulait voir.
Celui-ci, Puisque l’eau monte, est son premier roman et il est d’une facture exceptionnelle. Il nous conte comment une femme bien dans sa peau, dans son job, avec son amant, se sent partir à la dérive lorsqu’elle se retrouve enceinte. Il faut lire comment se passe la scène abortive, ce qu’il advient de l’embryon, ce qui lui arrive alors, l’invasion de l’eau par l’intérieur. Et la colère de son amant, au courant de rien, et puis son refuge dans ses souvenirs d’amour avec Pépé qui l’emmenait dans le marais poitevin. Faire connaissance avec le père, taiseux bien sûr, et la mère qui a sombré dans la mélancolie. Il faut s’armer de patience pour savoir pourquoi les photos de sa naissance ont disparu, pourquoi on lui cache la mort de sa grand-mère, femme de Pépé disparue mystérieusement depuis longtemps..
Avec elle, on entre dans les mythes des marais, le rites et rituels, les histoires scabreuses qui déchirent les souvenirs, les secrets de famille et puis on découvre cette magnifique faune, notamment les oiseaux qui les peuplent. Le vocabulaire est magnifique, la poésie des lieux est là, la plume nous entraîne dans un voyage admirable… Je n’ai pas pu quitter ce livre avant de l’avoir fini tant il vous attire dans ses filets d’intérêt, d’interdits, de non-dits. Vous pensez parfois vous noyer avec elle mais on reprend pied à chaque chapitre. C’est superbe !
NB : Ce qui m’a fait rire dans la bio d’Adélaïde Bon, c’est qu’elle joue de la trompette dans la fanfare des Josette Noires (une fanfare à but militant).
Puisque l’eau monte d’Adélaïde Bon aux éditions Le Soir Venu, sortie août 2025.
192 p. , 16,95 €.
Ci-joint la fiche que j’ai écrite dans ce blog sur La Petite Fille sur la banquise. Vous pouvez aussi aller la voir dans l’émission La Grande Librairie, du temps de Busnel.
Texte © dominique cozette