"Pascale Ogier ma sœur" naissance d'un livre.

Emeraude (ma fille) a adoré sa grande sœur Pascale Ogier, et c’était réciproque. Quand celle-ci a disparu, le chagrin a été immense, et le manque toujours cruel. Plus tard, lorsqu’elle a pensé faire un livre, elle a longtemps hésité à en parler à Bulle, craignant de la choquer avec ce projet en réactivant sa blessure. Et puis, en août 2011, elle a envoyé une lettre touchante à Bulle, la lettre qui ouvre le livre.

Bulle travaille beaucoup, théâtre, cinéma, déplacements divers. Bulle est une bulle de gentillesse, d’attentions aux autres, d’ouverture. Ce projet l’a emballée. Que  la « renaissance » de Pascale soit faite par quelqu’un de proche, en qui elle a confiance et avec qui elle peut échanger, lui a paru comme idéal. Et à partir de là, elles ont échangé sur ce projet, Bulle a ouvert les cartons de l’enfance et de l’adolescence de sa fille, a re(découvert) toutes sortes d’objets qu’on lui avait remis, ses collections, ses écrits, ses photos…

Et le 13 janvier 2013, elle en a emporté une bonne partie chez Emeraude, des centaines de petits trésors qui constituent une vie et qu’elles ont découverts ensemble. J’étais là aussi par amitié pour Bulle et en souvenir de Pascale que j’avais tellement aimée. J’y ai découvert ses talents littéraires, ses notes de tournages, ses listes… J’ai fait quelques photos. L’émotion était palpable, comme disent les journalistes, l’étonnement surgissait parfois, les sourires jaillissaient quand des petites choses touchantes, naïves, enfantines sortaient des boîtes.

Ensuite, la conception-même a pu commencer. Emeraude, graphiste et DA, pouvait avancer seule dans la fabrication. Elle a interviewé ceux qu’elle connaissait déjà, ami.e.s, cousins et cousines, et avec le soutien permanent de Bulle, a pu contacter les personnes qui avaient compté pour Pascale, artistes, photographes, gens de théâtre et de cinéma, journalistes. Les trouver, via Linkedin, via FaceBook, via Bulle, réussir à les contacter, réussir à obtenir un rendez-vous quand on n’est pas connu, les interviewer etc, puis organiser le fil du livre, tenter un ordre anti-chronologique, puis non, puis si, s’apercevoir que Pascale a vécu énormément de vies, que les documents sont d’une richesse incroyable pour une jeune femme disparue si jeune, accommoder l’image sage qu’on a souvent d’une grande sœur à celle d’une guerrière très souvent citée –  les photos en témoignent – sélectionner les lettres, fragments d’écrits ou de carnets, cartes postales, bouts de listes – Pascale faisait énormément de listes – tout cela l’a habitée pendant des mois et des mois.

Sans parler de la recherche d’un éditeur, mince affaire, et de quelques mécènes, bienfaiteurs ou soutiens de ce projet ambitieux.  Des larmes d’impuissance parfois face aux refus justifiés par le manque d’audace des éditeurs, du découragement, mais toujours ce besoin d’y arriver. Pour Bulle, pour Pascale, pour elle-même. Et la joie lorsqu’une étape était franchie, ou qu’une personne importante avait donné son accord, ouvrant la voie à d’autres.
Puis enfin, la rencontre avec un éditeur audacieux, Patrick le Bescont, créateur de Filigranes Editions, spécialisé dans l’édition photographique et l’édition d’artistes, soignant la fabrication, l’impression, beau papier, tranche tamponnée, pour un superbe résultat de 352 pages, trois cent quarante et une images, et contributions précieuses de nombreuses personnalités, de figures incontournables des années Palace. Un trésor pour ceux qui voulaient en savoir plus sur une jeune actrice devenue une icône.


Pascale Ogier ma sœur
par Emeraude Nicolas, novembre 2018 aux éditions Filigranes. 352 pages. 1,7 kg. 40 €.

Deux superbes article dans Vanity Fair du mois dernier
: clic ici et Libé du 16 novembre : clic ici.

Texte © dominique cozette. Photo 1 DR. Autres photos © dominique cozette

La symphonie du hasard 1, 2 et 3.

J’ai pris le tome 2 de la Symphonie du hasard de Douglas Kennedy à la médiathèque sans savoir qu’il y avait un tome 1 mais il se laisse parfaitement lire même quand on ne connaît pas les tenants et aboutissants du premier livre. Le thème de la trilogie : suivre le parcours d’une jeune Américaine , de 16 ans,  jusqu’à la trentaine, de sa famille, ses névroses, ses dissensions, ses trahisons, ses bons moments aussi. Passionnant.

Le tome un commence par la fin : Alice est devenue éditrice à New-York. Tout n’est pas rose, notamment concernant sa famille : elle doit rendre visite à son frère Adam, au parloir de la prison à où il purge une peine de 8 ans. Elle revoit sa jeunesse des années 70. Le livre commence par « toutes les familles sont des sociétés secrètes » et va le démontrer car chez elle, comme chez tout le monde, il y a des non-dits, des règles implicites, des intrigues, des secrets. Elle est née des amours jamais manifestes d’une mère juive, autoritaire et dépressive et d’un père catho irlandais, tous deux peu tolérants, étroits d’esprit. L’histoire commence quand elle est en fin de secondaire, les petites guéguerres entre clans des terminales, humiliations, lois du plus fort. Son amie principale se fait maltraiter, vraiment violemment, probablement jusqu’au viol et on ne la revoit plus. On retrouve juste son vélo et plus rien. Le petit copain d’Alice décide d’agir et révèle cette violence à la presse. Scandale ! Il y a des exclus, des condamnés. Plus tard, Alice rejoint l’université, un campus plutôt artistique et elle y est heureuse, il y a tant de personnalités intéressantes ! Elle devient fan d’un super prof, elle se fait des amis, elle pense même y rencontrer l’amour solide en la personne d’un footballeur … très fin et cultivé.  Mais, là, ça continue : les violences contre les homos, les Noirs, les faibles ne désarment pas, des vies se jouent à ce moment de jeunesse. Pour ceux qui, comme moi, ne connaissent pas le mode d’emploi des campus, c’est très instructif. Très descriptif avec des scènes de vie ordinaires et beaucoup de théories de l’époque bien visualisées. On y retrouve la presque insouciance de la période post-hippy, les excès nouveaux, les soûleries, la dope, la musique aussi, le besoin d’expression.
Mais les secrets de famille continuent à fissurer l’édifice. Alice apprend ce qu’il s’est passé exactement lorsque son frère Adam a eu son accident où son ami noir est mort. Ce qu’elle trouve horrible, c’est qu’elle devient, par le fait, complice d’une sale histoire qu’elle ne peut dénoncer. Parallèlement, elle soupçonne son père, toujours parti au Chili où il gère « sa » mine, d’avoir largement participé au coup d’état de Pinochet et d’y avoir mêlé son frère Adam. Quant à Peter, son frère pro-Allende, il estaussi  au Chili, mais dans l’autre camp, là où on risque dorénavant sa vie. Un grand froid s’est glissé entre elle et lui lorsqu’elle l’a surpris au lit avec une pétasse du campus alors qu’elle l’attendait.
L’année scolaire n’en est qu’à son premier tiers lorsque des événements gravissimes se produisent au campus, réduisant à zéro tous les plans qu’elle tirait déjà. c’est pourquoi, elle prend la décision de finir son année scolaire en Irlande.

Le tome 2 respecte l’unité de lieu : il ne se situe qu’en Irlande, par l’arrivée de l’héroïne, Alice, à Dublin où elle ne connaît personne et où elle doit passer son master. Venue des Etats-Unis, elle a voulu mettre un océan entre sa famille et elle. On saura pourquoi au long du livre, trahisons, haines, divergences politiques profondes… On assiste à son installation dans ce lieu où les « Amerloques » sont mal vus et où l’IRA est omniprésente. Ce sont les années 70, encore vaguement idéalistes, elle n’a pas beaucoup d’argent, son père avec qui elle est fâchée lui en donne peu, sa mère ne l’aime pas, ses frères sont au Chili, l’un suit son père pro-Pinochet, l’autre fait la guerilla. Puis une revenante frappe à sa porte et là, les très gros ennuis commencent.
En même temps, grâce à quelques amitiés, quelques coups d’un soir et un coup de foudre, elle commence à apprécier ce petit pays sans confort, ses bières et autres breuvages dont elle s’enivre, ses magnifiques paysages. Et elle bosse, c’est une amoureuse des lettres, de la culture, des grandes idées de gauche de ces années d’après guerre. Un moment, elle doit filer à Paris où se planque son frère qui aurait tué quelqu’un, pour le revoir, savoir…
Puis l’amour. Puis un attentat. Fin du tome deux.

Le tome 3 la retrouve aux Etats-Unis, broyée, blessée. Après une rééducation face à une mère redevenue sympa, puis non, de nouveau agressive, elle va s’enterrer dans un bled où elle donne des cours. Elle ne se lie à personne, évite les réunions, bref, se replie sur le boulot, les livres la littérature. Et, miracle, rencontre un homme qui la fait vibrer sexuellement, mais déjà avec quelqu’un. Comme lui, elle ne veut pas se fixer, ils ne se voient donc que pour ça, clandestinement. Puis quelqu’un la convainc de venir à New-York où elle va travailler dans l’édition. Elle va se donner à fond dans cette activité passionnante, y rencontrer des personnes qui lui veulent du bien et se remettre doucement à vivre. L’alcool réunit tous ces gens. Son amant, qui vit là avec sa juliette voit son installation si proche de chez lui d’un mauvais oeil. Coup de théâtre : il tombe amoureux de la nana de Peter, le frère d’Alice, son frère qui écrit un livre très personnel où il démolit père, mère et société américaine. Ce succès le rend méprisant pour l’autre frère, Adam. Par réaction, celui-ci va se démener et deviendra un trader richissime et brillant qui lui donne même de l’argent pour le dépanner. Alice grimpe dans la société, elle est seule, mais a un super ami du temps de la fac qui ne réussit jamais à garder ses conquêtes, un loser de l’amour quoi. Elle sort aussi avec ses amis homos mais hélas, ils commencent à mourir de ce mal terrible qu’est le sida. Peter ne réussit pas à écrire son deuxième livre, il se fait jeter de son édition. Mais plus tard,  trouve l’idée qui va scandaleusement faire reparler de lui  avec, à la clé, l’explosion de sa famille. En même temps, l’ami homo très proche d’Alice la convainc de se mettre en couple avec son ami « loser »,  ce type formidable avec qui elle s’entend si bien en dehors de toute relation sexuelle, qui a tout pour plaire et sera un compagnon solide. Cette bonne idée arrive juste le soir où il doit partir barouder dans le vaste monde pendant des mois… Ce suspense « insoutenable » nous emmènera à la fin de la trilogie.

Ces trois livres ont chacun leur saveur. On s’attache aux personnages, ils sont bien construits et très ancrés dans des années que nous avons aimées ou détestées, qu’il nous est très plaisant de revivre. C’est une épopée forte et diversifiée, une belle lecture.

la Symphonie du hasard par Douglas Kennedy, trois tomes de 2017 et 2018, traduits par Chloé Royer. Aux Editions Belfond. Et pocket pour les premiers.

Texte © dominique cozette

 

 

Les Fessebouqueries #419

– YB : mort de Georges Bush, père de Bob l’éponge
– PE : La même semaine, le reggae est inscrit au patrimoine de l’humanité et la France sanctionne l’usage du joint par une amende forfaitaire de 200 euros.
– NP : Il y a 2 sortes de personnes dans la vie : ceux qui escaladent l’Everest et en parlent comme s’ils étaient allés en haut de Montmartre, et ceux qui vont en haut de Montmartre et en parlent comme s’ils avaient conquis l’Everest.
– PR : Le pays était amorphe. On croyait que le peuple était épuisé, déprimé, atone et aphone. Fini. Et là, l’effet Macron. Paf. Un miracle.
– OVH : « Majesté, les gilets jaunes sont à nos portes », « Moui, que veulent-ils ? », « Ils disent qu’ils ne peuvent plus se trouver de diesel », « Qu’on leur donne de l’E98 ».
– DR : En haut des couilles en or, en bas des nouilles encore
 (morale jaune)
– DC : Dernier tangage à Paris : Bertolucci a sombré…
– SA : Pour l’instant, rien ne prouve la culpabilité de Carlos Ghosn. Il n’est pas défendu par Dupond-Moretti.
– CC : Ça fait des années que je ne mange plus de foie gras à noël et pourtant à chaque repas on me propose le petit toast, à chaque repas je le refuse et dans le regard de mon interlocuteur je lis cette stupeur horrifiée bien connue, comme si j’annonçais que j’étais enceinte d’un étudiant en deuxième année arts du spectacle, que je venais de me convertir à l’islam ou que je décidais d’aller m’installer dans un camp naturiste en plein coeur du cantal.
– JB : Moi je veux bien laisser une planète propre à mes enfants s’ils font le premier pas en rangeant leur chambre. C’est donnant-donnant.
– DT : On annonce en même temps le remboursement des préservatifs et l’interdiction de la fessée.
 La vie sexuelle c’est comme pour les taxes, on reprend d’une main ce qu’on t’a offert de l’autre…
– DC : Bon, alors, vlà-t-y pas que la Bank of America démissionne du trust à Johnny !!! Laetitia, mets ton gilet jauni !
– RR : Un peu normal que les gilets jaunes qui campent sur leurs position aient trouvé Dubosc comme soutien.
– GD  : Poule devant un couteau < députés et ministres macronistes qui découvrent les habitants de ce pays.
– NP : Donc pour montrer qu’on a bien compris l’urgence écologique on va couper des millions d’arbres pour y accrocher des millions de guirlandes électriques et s’échanger des cadeaux moches venus de Chine en bateau dont nous n’avons ni besoin ni envie… OK…
– BP : Le cas social le plus triste du monde est celui du prince Charles qui attend depuis 70 ans d’exercer son métier de roi et qui mange bio pour ne pas mourir avant la vieille reine.
– GB :  » J’annonce la création d’un Haut Conseil pour le Climat  » C’est pas comme si on disposait déjà : – D’un ministère de la transition écologique – Un Conseil social économique et pour l’environnement ( 233 membres) – Un Conseil National de la transition énergétique (50 membres)
– CC : La garde à vue de Carlos Ghosn vient d’être prolongée jusqu’au 10 décembre prochain. Y rigolent pas les Japonais ! On est bien en France, hein les Patrons ?
– PC : « Brigitte Macron veut dépoussiérer les 365 pièces de l’Elysée »  On dirait que la nouvelle Marie-Antoinette fait tout son possible pour énerver encore plus les gilets jaunes.
– LC : Les préservatifs remboursés, faudrait pas que le projet capote.
– MS : J ai dit à ma fille que le Père Noël ne passerait pas cette année à cause des gilets jaunes. Je suis convoqué par la directrice : elle a jeté des cailloux à la dame qui fait traverser les enfants devant l’école…..
– AB : Isabelle Balkany, reine-mémère de Levallois qui sera jugée en mai 2019, notamment pour fraude fiscale, soutient les Gilets Jaunes. Le culot des escrocs n’a pas de limite.
– OK : Le 1 : les carreaux Le 2 : les plinthes Le 3 : la voiture Le 4 : la baignoire Le 5 : le four Le 6 : le frigo Le 7 : les tapis Le 8 : les draps Le 9 : les coussins Le 10 : mon vélo Le 11 : les toilettes Le 12 : Les placards Le 13 : le carrelage … C’est mon calendrier de lavant.
– OM : François Hollande soutient les gilets jaunes. Donc son « ennemi » c’est le gouvernement. Donc le gouvernement peut dormir tranquille.
– RR : J’ai bu tellement de limoncello que tout le monde croit que je porte un gilet jaune…

BONUS à l’usage de ceux qui écrivent :
– SR : A la question qui revient à chaque rencontre scolaire – pourquoi avez-vous choisi d’écrire? – je réponds que c’est pour l’argent bien sûr, accessoirement pour la gloire, et surtout, parce que c’est le seul métier à ma connaissance qu’on peut exercer en pyjama la plupart du temps.
 En vrai, comme la majorité de gens qui écrivent, je n’ai pas l’impression d’avoir choisi grand-chose, même si parfois, on te propose d’encadrer un atelier, genre en Martinique, genre en décembre, et la gloire en paréo, c’est quand-même très très cool comme projet de vie.

FESSEBOUQUERIES  RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Avec toutes mes sympathies

Le titre du livre d’Olivia de Lamberterie Avec toutes mes sympathies ne révèle en rien le sujet de son livre si ce n’est que, traduit de l’anglais, il signifie avec toutes mes condoléances.  Elle l’a écrit pour pallier le vide qu’a laissé son frère, suicidé à 46 ans, il y a trois ans, jetant sa famille abasourdie dans un abîme de chagrin. Sa famille qui s’attendait au pire car cet adorable garçon, jeune-homme puis homme souffrait de dépression chronique, appelé dysthymie. Il n’y arrivait pas. Sa vie était un boulet. Elle ne lui servait à rien. Il se forçait pour toutes choses bien que de commerce très agréable, trop poli pour être pénible, élevé dans une « vieille » famille conservatrice style never complain et, comme beaucoup d’hommes, mutique sur son ressenti. Mais parfois, il faisait le clown, dépassait même les bornes de la rigolade. Un des plaisirs du récit est de pénétrer dans le monde chic et bien pensant de l’autrice, dont elle ne se sent pas solidaire.
Alexandre avait déjà fait des tentatives, dont une à l’hôpital où justement il était soigné pour une TS. Il avait laissé une lettre d’adieu à sa femme avant de disparaître dans la nuit canadienne, où il fut retrouvé hagard. Il fut interné. A Montréal étaient nés ses deux enfants. Sa sœur Olivia avait déploré cet éloignement tout en se félicitant qu’il parte pour la bonne cause : l’amour. Mais c’était plus compliqué que ça. Chez lui, c’était compliqué. Et s’il faisait des adieux un peu appuyés avant de s’éclipser quelque part, ses proches s’inquiétaient. Et puis, cette maladie, ce mal être le rendait fragile. Il avait des problèmes avec son travail. Alors il se consola dans l’alcool, ce qui faisait dire aux toubibs que le problème était là. Alors que c’était juste un symptôme.
C’est ainsi que sa sœur, journaliste, s’est décidée à prendre sa plume. Pour lui rendre sa vie, son humour, son originalité, son innocence. Pour faire rejaillir tous leurs bons moments, raconter les autres sœurs, les parents, les ex, toute cette famille recomposée pleine de joie de vivre dans des beaux endroits au bord de la mer, souvenirs de vacances dans les maisons joyeuses.
Je ne dis pas que le livre est gai, je l’ai même trouvé morne au départ. Mais après,  fort du portrait taillé par son adoratrice de sœur, Alexandre est devenu un personnage tellement attachant qu’on en demande encore, qu’on n’a pas envie de le voir s’envoler. Ce livre a reçu le prix Renaudot essai 2018.

Avec toutes mes sympathies d’Olivia de Lamberterie, 2018 chez Stock. 254 pages, 18,50 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #418

L’idole des jaunes cette semaine fut Lassalle qui s’exhiba avec à l’Assemblée Nationale (Veuillez évacuer la salle, ou Lassalle ? tonitrua Ferrand), et ce gilet a visiblement rhabillé toute l’actu n’en déplaise à Carlos-carton-jaune-Ghosn qui lui, emprisonné par des Nippons – qu’on ne pourra plus décrire comme des personnes jaunes sous peine de racisme – contribua, de par sa fonction, à fabriquer les contenants de ce précieux vêtement obligatoire, largement détaxé lors d’un vendredi pas vraiment noir à cause des gilets jaunes justement, au grand dam des distributeurs qui n’ont même pas ri jaune devant la débâcle de leur CA.
– JB : En France les gilets jaunes arrêtent les voitures, au Japon ils arrêtent directement les constructeurs de voiture.
– OM : On aura quand même l’air con dans 200 ans quand les livres d’histoire raconteront qu’en 2018 on a frôlé la guerre civile entre « les Français qui trouvent que l’essence est trop chère » et « les Français qui veulent aller d’un point A à un point B »…
– NP : C’est quoi la prochaine étape ? Des gilets jaunes qui viennent bloquer les routiers qui bloquent les gilets jaunes ? Et puis des routiers qui viennent bloquer les gilets jaunes qui bloquent les routiers qui bloquent les gilets jaunes ?
– PB : Kevin 37 ans a rejoint le mouvement des Gilets Jaunes : « L’augmentation de l’essence, c’est la mort à petit feu des cracheurs de feu et des jongleurs avec des batons du diable enflammés, on veut pas mourir, on a des chiens à nourrir ! » clame-t-il.
– YT : Tout de même, il faut bien voir que chez les Gilets Jaunes il n’ y a que le gilet qui réfléchisse vraiment, et encore, seulement la nuit.
– JB : À tous ces gens qui bloquent nos voitures, j’ai envie de dire : STOP. Tournez votre rage et votre haine vers d’autres horizons. Je sais pas moi : les arabes, les femmes, les homos… mais laissez nos voitures en paix, elles sont innocentes.
– JFR : Chers Gilets Jaunes, plutôt que de picoler sur les ronds-points, ce qui est pathétique , veuillez plutôt bloquer les préfectures, les centres des impôts, les URSSAF, les RSI, les parkings, les péages
. Et arrêtez de faire suer vos semblables
. Et de nous insulter.
 Sinon, vous perdrez
– DC : Nouvelle définition de l’avidité : polyGhosn de suce-tentation.
– PC : Quand le gouvernement commence à réaliser qu’avec 3,5 millions de chômeurs à temps plein et 2,5 autres millions de chômeurs à temps partiel, il y a plein de gens disponibles pour enfiler un gilet jaune et manifester dehors…
– DT : Ce mouvement des gilets Jaunes, ça part dans tout l’essence.
– EF : – y a un gilet jaune dans ma rue avec un lance flamme – Au temps pour moi, c est l’employé municipal qui souffle les feuilles mortes
– BA : GHOSNOCOQUE (en pâte) : Bactérie industriellement transmissible côté « Bourses »
– OM : “L’État se gave sur notre dos !” gueule celui qui veut prendre une route bien entretenue pour aller se faire soigner à l’hôpital public.
– ST : Je propose des vacances au Japon pour tous les patrons du CAC40.
– SD : Films qui se terminent mal… –  Gone with the Wind (1939) – Gone Baby Gone (2007) – Gone Girl (2014) – Carlos Gone (2018)
– GB : Les dures conditions de détention de Carlos Ghosn : Je suis à 2 doigts de lancer une pétition et de saisir Amnesty International
– SA : Merci infiniment au Japon!
 (Clarté de l’enquête, des faits reprochés, et des moyens de détention!…) Je sais, c’est pas beau de se réjouir du malheur d’autrui!
– CC : ceux qui disent qu’il n’y a rien de meilleur que l’orgasme n’ont visiblement jamais mangé un morceau de saint-nectaire accompagné d’un verre de vin rouge après deux heures de marche en plein hiver
– AR : c’est ironique non, ce nouveau nom de code pour célébrer, encourager la consommation : vendredi NOIR ??? comme la marée quoi !
– NS :  En fait les gilets jaunes c’est des gens en galère, qui se mettent encore plus en galère, pour mettre d’autres gens en galère, c’est bien ça?
– JB : La température va passer en dessous de zéro demain, ça va gilet.
– DC : Ghosn, comment ça, pas de bol ? Trois bols de riz par jour !
– ACD : Le moins qu’on puisse dire, c’est que la mère de Vincent Lambert a sacrément la main verte !
– OL : Les experts confirment l’ « état végétatif chronique irréversible » de Vincent Lambert. Et alors ? Ça empêche pas Bouteflika d’être Président…
– EN : Black friday, qu’on en finisse :
-100% sur les gilet jaunes.
– ZB : Le violeur de La lycéenne acquitté parce qu’il ne maîtrisait pas les codes culturels, ça veut dire que dans son pays d’origine le viol fait partie des codes culturels ? C’est moi où j’interprète mal une justification qui m’a abasourdi !
– JFR : Le gouvernement annonce que les gueux qui ont du mal à boucler les fins de mois seront désormais payés à la semaine.
– JT : Je n’ai rien contre les gilets jaunes, j’ai moi-même un tonton alcoolique et raciste.
– MK : La hausse du prix des carburants ? M’en fous, j’en prends toujours pour 25 euros
– OM : Putain, incroyable ce Black Friday, j’ai économisé près de 300€ en achetant rien du tout !
– CP : Si le gouvernement n’avait pas imposé les Gilets Jaunes dans les voitures en 2008, aujourd’hui on aurait des manifestants avec des sapins désodorisants autour du cou. Ça aurait été plus marrant c’est con.
– JT : Quand je pense qu’en 3 mois on est passé du maillot bleu au gilet jaune, je suis vert.
– PR : Quand le MEDEF parle d’écologie, ça me fait penser aux entreprises de tabac qui parlent de santé.
– NP : Vache qui rit à moitié dans ton lit. (Blague Friday)

FESSEBOUQUERIES  RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Sexe & rage, pas trop finalement

Eva Babitz fut une égérie californienne issue d’un milieu bohème et artie. Filleule de Stravinsky, elle connut sa prime notoriété grâce à une photo d’elle à poil jouant aux échecs avec Marcel Duchamp. Comme je suis sympa, je vous offre la photo à la fin de l’article, ça vaut le coup d’œil ! En France, un premier livre d’elle est sorti il y a peu, très chouette, une compil de chroniques très vivantes, très people et très classe au niveau de l’écriture, cinglante et drôle – comme pour ce livre – intitulé Jours tranquilles, brèves rencontres, écrit dans les années 70. Sexe & Rage publié en 79 conte la vie dévergondée d’une jeune fille surfeuse, qui n’a peur de rien et pense qu’on n’est sur terre que pour s’amuser. Le sous-titre intérieur est d’ailleurs Conseils aux jeunes demoiselles avides de prendre du bon temps. Elle tombe amoureuse de charmants bellâtres, ou richissimes dandies ou gays lurons et fait la fête sans arrêt. Parfois, elle envoie un texte à un magazine, c’est comme ça qu’elle est repérée par THE agent littéraire de New-York qui la harcèle pour qu’elle écrive enfin son livre et surtout qu’elle vienne à New-York. Mais elle traîne, elle boit, le temps passe, elle s’envoie en l’air, se drogue et perd sa fraîcheur physique à 28 ans. Néanmoins, elle envoie ses bouts d’écrits à l’agent qui lui dégotte un éditeur qui raffole d’elle. Sans la connaître. Elle va finalement à New-York, stoppe net l’alcool et le reste. Mais Los Angeles lui manque terriblement.
Ce n’est pas tant l’histoire qui passionne que sa façon de l’exprimer. Outre une écriture habile et souvent hilarante, elle pratique le name-dropping et étale la culture qu’il fait bon d’étaler ses années-là : littérature marginale ou française, Paris, musiciens de jazz etc. C’est assez chic et snob mais elle est tellement désabusée que ça n’a pas d’importance. Quant au sexe, il est plutôt discret et la rage fugace. Si vous aimez ce que représente la mythologie défonce, bitures et bringues à L.A dans les seventies, ce livre est pour vous. Une petite citation en bonus : « Elle avait entendu dire qu’un artiste, c’était n’importe quel blanc de plus de 25 ans, sans mutuelle »

Sexe & rage de Eve Babitz, 1979 pour la version originelle. Traduit pas Jakuta Alikavazovic, 2018 aux Editions du Seuil. 240 pages, 20 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #417

Cachou Lajaunie, lajaunie, han han ! Je ne sais pas pourquoi j’ai ce jingle en tête. Ah, oui, les Gilets Jaunis, oh mais quel bololo, cette affaire ! Le péril jaune, comme on dit ! Qui arrive juste derrière le beau joli nouveau couleur banane, juste après Darmanin, maillot jaune de la niaiserie avec sa très bonne idée d’espionnage de votre train de vie d’enfer sur les réseaux, juste après l’homme aux cheveux jaunes qui dirige le monde à coups de twitts grossiers, juste après la flamme jaune ranimée sous l’arc mais hélas, pendant celles, toujours assassines, de la Californie qui ont passé la ligne jaune des 1000 disparus ! Une bonne nouvelle dans tout ça ? Oui, une bonne nouvelle toute bleue : un footeux paye ses impôts ! Un petit jaune pour fêter ça ?

– EF : 14-18 : Quand on se réconcilie avec des allemands on se rabiboche…
– NP : C’est marrant mais tout le monde commémore la fin de la 1e Guerre Mondiale mais personne ne rappelle pourquoi on s’est battu. Parce qu’on s’est battu pour rien. Absolument rien. Si ce n’est l’envie des états majors militaires de se battre.
– JC : Pour les générations futures de présidents américains, il faudra penser à faire la 3ème guerre mondiale à Tahiti.
– NP : Le Beaujolais Nouveau c’est le seul vin au monde qui soit moins mauvais à vomir qu’à boire.
– YP : J’ai compris le message des pauvres comme des riches : l’écologie, oui, mais pas ici, pas maintenant, pas si ça me gêne.
– OM : Grosse fête en ville, j’ai l’impression que le prix du Beaujolais à la pompe a baissé…
– DV : Je tombe par hasard sur TF1 qui explique que l’évasion fiscale c’est 60 milliards d’euros et qu’en surveillant les réseaux sociaux ça ira mieux.  
TF1 a un niveau de journalisme entre zéro et le caniveau ..
– AB : Cette année, la dégustation du Beaujolais Nouveau sera effectuée sous contrôle médical par les sommeliers de Bayer Monsanto à la salle des fêtes commerciales.
– JB : Pour riposter aux feux en Californie, je pense qu’il faudrait doter chaque californien de lance-flammes, afin que chacun puisse se défendre en toute liberté.
– RR : Je tiens à signaler au FISC qui va nous espionner sur Instagram, que mes photos du brunch au Meurice sont celles de la formule « sans champagne »….
– NP : Donc Trump a traversé l’Atlantique en avion avec ses limousines, son hélicoptère et toute sa sécurité juste pour aller sous l’Arc de Triomphe… Soit en un week-end l’équivalent du bilan carbone de la Creuse en une année. Ça se voit qu’il ne croit pas au réchauffement climatique.
-LI : Mais qu’est-ce qu’ils sont cons ces journalistes ayant menés des investigations sur les Panama Papers, les Lux Leaks ou CumEx files, alors qu’ils suffisait de regarder les comptes Facebook et Twitter des grandes fortunes. Darmanin, ce génie
– DC : Cahuzac nommé trésorier de la Fédération Française de golf ! Il va y avoir des trous dans la compta !
– GD : « Et puis il y eut aussi cette grande révolte du 17 novembre 2018. Ils bloquèrent des ronds-points en gilets jaunes et firent pouêt-pouêt. »
– OK : Contre la hausse des prix du logement, je propose qu’on manifeste tous avec un détecteur de fumée sur la tête.
– BD : Est-ce qu’un hacker russe pourrait éteindre le smartphone de l’imbécile de Washington, histoire de nous faire des vacances ?
– OK : Il parait que Trump balance une grosse partie de ses tweets pendant qu’il prend son petit déjeuner. Il faut vraiment qu’il arrête les All-bran.
– RP : Si un bonnet rouge se met en couple avec une gilet jaune, ils peuvent avoir un slip orange ?
– JC : Darmanin qui veut nous surveiller sur Facebook alors que c’est Facebook qui ne paie pas ses impôts.
– PI : Année 5428, un accord est trouvé pour le Brexit mais en raison d’un mouvement géologique, la Grande Bretagne se rattache au continent, le Brexit remis en question.
– GD : Si cette époque était saine, il n’y aurait pas d’article sur un footballeur qui paie bien ses impôts.
– RR : On vit dans un monde où il faut circuler en trottinettes à Paris pour ne pas polluer et où des mecs tournent en rond en voiture toute la nuit pour les récupérer…
– ACD : Je n’ose pas poster une photo de moi faisant le plein de ma voiture, j’ai trop peur de me faire contrôler par les impôts.
– OL : « Marre de se faire racketter par l’État à chaque fois que je vais à la pompe !» dit-il en désignant fièrement le gilet jaune placé sur le tableau de bord de son Land Rover qui consomme du 16L au 100.
– DT : — Papa je voudrais te présenter mon fiancé.
— Il gagne bien sa vie au moins ?
— Oui, il fume deux paquets par jour, et fait trois pleins par semaine.
— À coup sûr, ça c’est un bon parti…
– BP : Le problème, c’est le covoiturage. Comment faire monter dans le même véhicule le marché, l’écologie, le pouvoir d’achat et Darmanin ?
– PR : Les anglais n’ont jamais été complètement dans l’Europe et ne seront jamais totalement dehors. Il faut s’y faire.
– MK/JCC : Gilets jaunes, gilets jaunes… Jaune devant, brun derrière ?
– DT : Bizarrement, tous ces gens qui voient rouge et rentrent dans une colère noire ont choisi de porter des gilets Jaunes.
– OK : Il va falloir faire appel aux casques bleus.
– GD : Et Jupiter sublimé vit un matin la réalité du pays lui revenir au visage sous forme de relents de saucisses grillées dans les ronds-points.
– PE : Sur Facebook, avec la censure, je pouvais pas vous montrer ma bite. Maintenant, avec le Fisc, je peux plus non plus exhiber mon couteau suisse…
– OK : Macron t’es foutu, la France des ronds-points est dans la rue.
– OM : Petit rappel pour ceux qui ne savent pas comment se positionner sur le mouvement des gilets jaunes : si vous n’êtes pas pour, vous êtes “un connard de bobo à trottinette”.
– JT : Depuis un an je mets chaque jour 8€ dans une boîte, grande joie aujourd’hui en allant m’acheter 365 paquets de cigarettes.

FESSEBOUQUERIES  RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Les salutations révolutionnaires de Carlos

Bien sûr, pas le chanteur, le terroriste officiellement nommé Ilitch Ramirez Sanchez, qui sema la terreur dans les années 70/80 avec de très nombreux attentats qui firent énormément de victimes dont celles du Drugstore Publicis et de la gare Saint Charles, et lui valurent le surnom d’ennemi public numéro un. Salutations révolutionnaires est écrit par la journaliste Sophie Bonnet qui, un beau jour, eut la curiosité de voir ce qu’il pouvait bien y avoir dans la tête d’un terroriste. Condamné à perpétuité sans aucune chance de sortir – lui est persuadé du contraire, il sera un jour président du Venezuela, son pays – il croupit à la centrale de Poissy.
Sophie est d’abord étonnée de voir que cet homme, devenu un vieillard mais toujours élégamment vêtu, croit encore à son influence et à son aura. Il n’a pas intégré sa chute. Beaucoup de femmes lui rendent visite, il en a « baisé » de nombreuses, car dans cette centrale, les parloirs possèdent des boxes individuels où l’on peut s’isoler. Il a d’ailleurs épousé une de ses avocates. Lors de chaque visite, chaque mois durant quatre ans, Carlos tentera sa chance avec Sophie qui ne lui laissera jamais d’espoir mais il la manipulera sans relâche pour créer une sorte d’empathie. Elle, ce qu’elle voudrait, c’est qu’il se confie, qu’il avoue, qu’il brise sa carapace. Peine perdue, cet homme a une parfaite maîtrise de lui-même. Il parle beaucoup, il possède une vaste culture, adore vanter ses relations avec les dictateurs, présidents, services secrets du monde entier, les fabuleuses sommes d’argent qu’il a reçues pour exécuter certaines mission. Jusqu’alors, il n’a avoué officiellement que peu d’attentats et se voit uniquement comme un révolutionnaire. Il confiera cependant à Sophie que c’est lui qui a envoyé la grenade au Drugstore, en sachant que cet aveu ne vaut rien, c’est juste une des nombreuses façons de se vanter. Et il égrenera d’autres actions.
Dans cette centrale, il est admiré des jeunes des cités, souvent radicalisés, entre autre pour sa haine des Juifs sionistes et pour ses crimes, bien entendu. Il est soutenu par Dieudonné, des groupuscules lointains, des militants turcs d’extrême-gauche, des groupes Facebook  et d’anciens nazis bien que la plupart de ses « collègues » ou riches bienfaiteurs l’aient oublié. Carlos, alias Ilitch (ses frères s’appellent Lénine et Vladimir) est sobre, pas de tabac ni de H qui circule librement. Il ne se sert pas de mobile mais pique une crise quand il n’a plus d’imprimante. Il souffre de diabète mais consomme énormément de saletés sucrées des distributeurs, il est gros.
Pour la journaliste, ces visites deviennent vite pénibles car Carlos joue toujours son numéro de claquettes du mec important, tombeur et au pouvoir démesuré. Il est simplement pathétique. Elle assistera au procès du Drugstore où il se comporte avec elle de façon tellement familière que cela lui interdit tout rapprochement avec les victimes. Enfin, elle doit remettre son manuscrit et le documentaire sur lesquels elle travaille. Elle ne sait pas trop comment annoncer son départ à Carlos mais il n’en est pas plus affecté que ça. Elle sait qu’il la balaiera de sa mémoire immédiatement alors qu’elle gardera de lui un poids de souvenirs tenaces. Et qu’elle n’aura rien appris sur ce qui fait d’un homme un monstrueux terroriste.
Livre passionnant bourré d’anecdotes intimes, familiales, géopolitiques, très instructif sur les conditions carcérales effroyables eu égard à la simple hygiène, au laisser aller de l’administration par rapport aux drogues et aux substances médicamenteuses mais aussi aux simples relations humaines.

Salutations révolutionnaires de Sophie Bonnet, 2018 aux Editions Grasset. 314 pages, 19 €.

Texte © dominique Cozette

Au grand lavoir…brrrr

Sophie Daull a connu deux drames épouvantables. Le premier qu’elle ait mis en mots fut la mort de sa fille de seize ans, d’une maladie foudroyante, appelé Camille, mon envolée. Que je n’ai pas lu. Le second fut bien antérieur puisqu’il s’agit du meurtre abominable et du viol instrumentalisé de sa mère alors qu’elle avait 19 ans. Elle n’a pas raconté le meurtre, même si c’est elle qui a découvert le corps au petit matin, mais narré son enquête pour retrouver des traces de sa mère dont elle ne savait pas grand chose parce qu’elle ne s’épanchait pas, et de son père qu’elle ignorait. C’était dans La suture dont j’ai écrit un article.
Cette fois, pour ce troisième livre, elle revient sur le meurtre de sa mère par le biais de son assassin qui serait sorti de prison au bout de 18 ans pour bonne conduite. Il a fallu que je regarde ce qu’elle en disait dans La Grande Librairie (lien ici) pour comprendre ce qui était vrai. En fait, elle invente l’assassin, il devient sa marionnette. Elle le fait s’exprimer : il est suivi dans sa réinsertion, accepté par une institution qui lui fait confiance à savoir la mairie de Nogent-le-Rotrou où il est jardinier. Il est sobre, travaille correctement, ne fait pas grand chose, hébété qu’il est par la mort de son compagnon de cellule avec qui il était en couple et qui lui a appris les raffinements de la vie. Il était très riche. Il le protégeait, le gâtait, ils se sont éclatés en prison.
L’assassin est un beau garçon, c’est comme ça qu’il a joué de son charme jadis. Mais brusquement, il est confronté à son passé : une femme écrivaine va venir à Nogent signer le livre sur sa fille morte et il reconnaît la fille de sa victime. Alors il est déstabilisé. Tout lui revient, sa tête s’emplit de sons, ça devient invivable.
Dans le même temps, dans une police de caractère autre, s’exprime l’écrivaine. Elle ne sait rien de la rencontre qui va avoir lieu, elle ne pense pas à cet assassin, elle se prépare pour sa tournée des librairies.
C’est un livre extrêmement dense, court, avec un style très sophistiqué et métaphorique lorsque c’est elle qui parle, plutôt cru et terre à terre lorsque c’est lui qui s’exprime. C’est très très fort.

Au grand lavoir de Sophie Daull, 2018 aux éditions Philippe Rey. 160 pages, 16 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #416

Pétain coup et décompresse, Maréchal nous revoilà pas, reste dans ton indignité nationale mais tout de même ! Macron a besoin d’un médecin du cerveau, je crois, il est entré en iti-n’errance et n’en ressort (à bousin) pas tout blanc. Des armes, des armes, des armes, citoyens ! N’en voici encore avec les chasseurs qui continuent à semer la terreur, les tueurs en masse qui font rien qu’à amortir leurs armes achetées en vente libre dans un grand pays, et même, même ! les pistolets, vous savez les trucs qu’on enfile dans son réservoir des sens unique. Que du pas drôle que même Francis Lai ne mettra jamais en musique, badabadabada…

– JH : On va donc commémorer des maréchaux français responsables globalement, avec leurs homologues européennes, d’une des plus grandes boucheries du siècle. Si l’expertise militaire c’est d’envoyer au casse pipe le plus grand nombre d’hommes possible, alors oui, ils méritent un hommage
– DH : Pour la hausse des carburants. Pour l’interdiction des voitures en ville. surtout pour la sauvegarde de la planète. Votre journée du 17 récupérée par les politiques vous pouvez vous la carrer dans l’oignon. J’ai le droit de dire ça ? En tout cas je me l’octroie !
– YP : Dans notre société médiatique, quiconque n’est pas EN COLERE contre quelque chose, quelqu’un ou le gouvernement, n’existe pas.
– AB : Dans une semaine, centième anniversaire de la fin de la guerre de 14-18. Je propose qu’à cette occasion son ridicule surnom de « Grande guerre » soit remplacé par « Grande boucherie ».
– RV : 2 chèvres arrêtées sur l’A46 bloquent la circulation pendant 1h. Castaner et Collomb ?
– CA : Quand soudain tu réalises que « littérature » c’est aussi « lis tes ratures ».
– JB : Manif du 17/11 : la préfecture redoute des mouvements de fuel.
– DC : « Pétain a été un grand soldat, c’est une réalité. » (Macron). Hitler a été un chouette copain. Mussolini a été un bon père de famille. Bachar el Hassad a été un super amant. Etc.
– PE : « Emile Louis, c’est aussi 700 000 kilomètres au compteur et pas un seul point retiré du permis »
– EN : Un homme et une femme, Love Story… On l’écoutera en RipLai
– ET : Je me demande dans quelle mesure Macron n’a pas fait un pari avec quelqu’un du style « Viens, on dit que j’essaye de sortir une connerie par jour ! »
– OK : On ne dit pas « le président fait un burn-out », on dit « Macron Pétain câble ».
– CC : Toi aussi porte un gilet jaune si tu trouves qu’il y a beaucoup trop de Perrier dans les mojitos à huit euros.
– OM : Ce qu’il y a de magnifique avec cette manif en gilets jaunes fluo, c’est que pour la première fois la connerie française sera visible depuis l’espace.
– RR : Mon boulanger arabe vient de me remercier de lui avoir recommandé ma dentiste juive. Si vous cherchez quelqu’un pour régler le conflit israélo-palestinien, je suis dispo.
– LC : Hey les gens qui s’énervent dans les embouteillages pour aller au boulot, je comprends pas, vous avez hâte d’y être ou quoi?
– RR : Je ne voudrais pas être médisante, mais la grande itinérance semble tourner à la grande vadrouille.
– OB : Sartre: « L’existence précède l’essence. » Gouvernement : « Au temps pour moi, taxons l’existence. »
– NP : Donc 60% des gens qui vivent à moins de 3 kilomètres de leur boulot y vont en voiture… Si vous trouvez que l’essence est trop chère mettez un gilet jaune… Et montez sur un vélo. Vous ferez des économies et vous serez en meilleure santé.
– RR : L’ironie de la vie de Macron, c’est de partir en itinérance en quête de sens et de ne s’entendre parler que d’essence.
– DA : « Je peux pas démarrer ma journée sans un vrai bon café » lança-t-elle en sortant du Starbucks avec son café latte rallongé saveur chocolat chantilly vanille nappage caramel billes de riz soufflé croustillant paillettes multicolores supplément brisures de cookies coulis mangue.
– AB : Thousand Oaks. 30 000 victimes par armes à feu chaque année aux USA : à ce train-là, dans environ 27 ans, il ne restera plus que bébés et enfants en bas âge.
– JT : Je viens de faire un plein d’essence et je ne vois pas de quoi vous vous plaignez, je n’ai même pas payé de frais de notaire.
– RR : J’ai entendu Montebourg ce matin….Calme, posé, peace and love, ambiance l’amour est dans le pré….Franchement pour la santé du petit coeur de JL Melenchon je lui recommande de faire du miel…
– FR : -Tu sais combien il a récupéré, Nanard Arnault, avec la réforme de l’ISF? – 50 millions ? – 50 ? 552 !  552 putains de millions. Et c’est la 4eme fortune mondiale ! – Oh les cons! Ça va finir par se voir. – Mais non: on leur a expliqué que le problème, c’est les cheminots! – J’suis mort!
– RG : Bonjour Emmanuel Macron, Un arrêté de la Préfecture de l’Oise indique, pour des raisons de sécurité, pas de chasse ce samedi en forêt de Compiègne. Le hasard fait que vous y serez avec des invités. Merci de ramener des champignons, nous on ne peut plus.

FESSEBOUQUERIES  RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

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