Réveil des dents de Nicolas Baker

« J’ai le nez très bouché maintenant, et quand je dors mes dents se dessèchent parce que je respire par la bouche, alors mes lèvres se collent à mes dents comme à des ardoises restées au soleil, et ce rictus figé me réveille, et puis vient ce moment délicieux où l’on tend les lèvres pour les décoller de sorte que les dents se ré-humidifient. Elles commencent par résister, et puis leur glissant revient d’un seul coup, et on peut alors s’arroser les dents comme un rôti et remettre la langue, qui a elle aussi souffert d’une heure de privations asséchantes, en action. »

Nicolas Baker* (Une boîte d’allumettes)
photo © dominiquecozette

* Auteur qui se situerait (le conditionnel car de quoi me mêlè-je ?) entre Delerm (en mieux, bien sûr) et Perec (en moins bien, idem) pour sa description des choses de tous les jours qui n’intéressent en fait que les gens qui sont intéressés par l’écriture (cette phrase est d’une finesse). Disons, comme Queneau, qu’il s’agit là,  d’un exercice de style, genre la plume qui fait les pointes aux quatre coins de la page. Là, c’est pire que tout, veuillez m’excuser…

De la mode by Chi Li

« Elle portait un fuseau noir, Dieu sait qui a inventé ce genre de pantalon. A la taille, il y a une ganse élastique ; en bas des jambes est fixée une bande qui passe sous le pied. La matière est de la fibre synthétique qui, dès qu’on bouge, se couvre de poussière attirée par l’électricité statique. Même si la matière est de qualité, le style est surprenant : à quoi cela rime-t-il de faire passer une bande sous pied ? »

(Chi Li. Pour qui te prends-tu. 1995)*
photo © dominiquecozette
* Très chouette bouquin chinois, très drôle.

Aïe aïe aïe Ballard !

Chez Leroy Merlin
Chez Leroy Merlin

« Nous vivons dans une dictature soft. Notre liberté est une illusion. Dieu est  mort. Nous n’avons plus de grande guerre européenne. La démocratie est devenue une plaisanterie. Les politiciens sont des techniciens corrompus qui gouvernent nos pays comme s’ils manageaient une grande entreprise. La seule chose qui nous reste : le consumérisme. Le danger serait de nous en lasser, car au-delà du consumérisme, il ne nous reste plus rien ! »

J.G. BALLARD. Millenium people

Photo © dominiquecozette

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