David Foenkinos, qui devient tellement populaire que c’en est gênant de dire qu’on l’aime bien quand on est snob, a écrit en 2010 Lennon, une biographie extrêmement documentée sur cet artiste qu’il idolâtre depuis son assassinat, alors qu’il n’avait pas 7 ans. Comme il le dit, Lennon était très prolixe, il adorait les interviews, se lâchait facilement. Il a tout lu, relu, entendu, réentendu. En boucle. C’est vous dire s’il était bien placé pour se mettre dans la peau de John, s’allonger sur la canapé d’un psy imaginaire et raconter en 18 séances toniques ce que fut sa vie, de très malheureuse à complètement dingue.
Parfois on y croit tellement qu’on se dit quand, même, il a la grosse tête, Lennon ! Se prendre pour un tel génie ! Et puis non, flûte, c’est un autre qui parle à sa place. Mais ça doit être vrai quelque part, tout ça. Les faits le sont. L’abandon de sa mère, de son père, le retour de son père bien plus tard, auprès des médias, pour lui pourrir la vie, le mariage calamiteux pour réparer la grossesse de Cynthia, toujours à la traîne, témoin de ses frasques les plus cruelles, la rencontre avec les autres Beatles, le rejet de certains (un batteur, un bassiste) sans égard, la rencontre lumineuse avec Paul, puis, plus tard, leur séparation, la dope, la re-dope, les souleries, les filles, toutes les filles possibles, tout y passe avec une aisance bien rythmée. Puis vient la rencontre avec Yoko, « l’homme » de sa vie, leurs déchirures, puis le bébé, Sean, pour lequel il se met en retrait de la vie publique durant 5 ans. Alors que son premier fils, Julian, c’est à peine s’il le voyait. Et la folie que l’hyper-célébrité a engendrée, les dangers auxquels il s’expose en prenant parti, leur lutte pour la paix.
C’est vif, enlevé, découpé comme il faut. All we need is that, mayby.
Lennon, par David Foenkinos, J’ai lu 2010. 5,70 €. Achevé d’imprimer en Espagne en 2012, comme quoi on aide les pays dans la mouise.
Dessin (j’ai oublié le bras droit) © dominique cozette